Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Contre toute attente, autour de Gérard Bensussan. Suivi de Ostalgérie
- Pages: 251 to 255
- Collection: Encounters, n° 489
- Series: Philosophical studies, n° 14
Résumés
Andrea Potestà, « Avertissement »
L’avertissement fait brièvement référence à la provenance des texte ici réunis et se détient sur le point commun des analyses : la question de l’espérance et de l’attente dans l’action.
François-David Sebbah, « G. B. Un Bio-philosophème éthico-politique »
Dans ce texte, on tente d’éclairer les uns par les autres quelques « philosophèmes » et quelques « biographèmes » liés à Gérard Bensussan. On aimerait ainsi désigner quelques « pensées-situations » qui font écho à des moments de la vie personnelle traversant les dits événements historiques (la guerre d’Algérie, mai 68, etc.) ; des « pensées-situations » où sont en jeu le philosophique, l’éthique, le et la politique : l’impossible, le messianisme, l’amour.
Andrea Potestà, « Nostalgie saturnienne »
L’article cherche à montrer les traits assez exceptionnels de la notion de « nostalgie » telle qu’elle a été élaborée par Gérard Benssussan dans Le Temps messianique, en montrant en particulier ses relations avec la « spectrologie » de Jacques Derrida. Assumée comme « saturnienne », c’est-à-dire comme capable de produire une dislocation dans l’unité de la présence, la nostalgie fait de la temporalité le lieu d’une dépossession et d’un glissement qui montrent le retardement constitutif du temps.
Orietta Ombrosi, « L’impatiente patience du temps. Une adresse à Gérard Bensussan »
Ce texte explore la tension maximale du travail de Gérard Bensussan autour du temps, voire son intention la plus intime : celle de réinventer une pensée de 252l’événement fondée/bâtie sur un temps interrompu et interrompant. En passant par la pensée de Benjamin et de Rosenzweig, l’article analyse le surgissement de l’inattendu, de l’insaisissable ou de l’événement selon l’intimité entre l’impatience du temps et la patience constitutive de la temporalité du temps lui-même.
Catherine Chalier, « Penser selon le grec, penser selon l’hébreu »
La philosophie juive se nourrit de la conceptualité grecque et des possibilités significatives de la lettre hébraïque. Les écrits de pensée juive gardent des traces de la philosophie néoplatonicienne. On ne peut donc les opposer strictement. La langue hébraïque nourrit la liturgie et désormais la vie concrète, les mêmes mots reçoivent des sens différents selon les deux domaines. Peuvent-ils se prendre d’amitié ? Dieu est inconnaissable mais Philon évoque son amour comme éros et Levinas comme agapè.
Alain David, « Gérard Bensussan, l’introduction du judaïsme dans la philosophie »
L’intitulé indique qu’il ne s’est pas simplement agi pour Gérard Bensussan de faire droit à un domaine particulier de l’histoire des cultures ou des religions, mais de reconnaître avec le judaïsme, chez des penseurs juifs ou non-juifs, l’incidence d’une accentuation affectant « l’écriture grecque des philosophes » (Levinas). L’œuvre de Bensussan confère ainsi à la philosophie un supplément de gravité et la confronte à une responsabilité jusqu’à présent inaperçue.
Aïcha Liviana Messina, « La vérité de l’amour »
Cet article propose de lire la pensée de Gérard Bensussan à partir de trois axes majeurs : l’éthique, la politique et l’amour. Il montre en particulier que ces trois axes ne forment pas un système mais des ruptures détotalisantes. Par ailleurs, il montre que pour Gérard Bensussan la philosophie n’est pas seulement « amour de la vérité », mais exposée à la vérité de l’amour, qui est précisément sans vérité.
Luc Fraisse, « Levinas interprète de Proust »
Emmanuel Levinas apprit le français en mémorisant par cœur des textes de Corneille et de Proust, et de fait, le philosophe consacre au romancier de 253lumineuses pages faisant suite aux notes éparses de ses Carnets de captivité. De ces écrits, trois sujets de confrontation se dégagent : quel art du roman met au jour Levinas chez Proust ; plus particulièrement la question de l’ambiguïté romanesque ; et pour finir le point essentiel : l’expérience de l’autre.
Jimmy Sudário Cabral, « Dostoïevski, philosophie du nihilisme et messianisme »
L’article analyse la généalogie dostoïevskienne du nihilisme à la lumière du messianisme de son œuvre romanesque. À partir d’une lecture de la réception du concept inaugurée par le roman de Tourgueniev, il étudie la traduction littéraire du scénario philosophico-religieux et esthétique de la modernité russe comme une expérience d’approfondissement du nihilisme. Dans ce contexte, il s’interroge sur le statut du concept chez Dostoïevski et de sa place dans la configuration messianique de son œuvre littéraire.
Masato Goda, « “La tâche du traducteur”. Qu’en est-il du “langage éthique” »
La traduction n’est pas simplement une question essentielle de la philosophie, c’est la philosophie comme question. Levinas définit la « tâche de la philosophie » en tant que « traduction/trahison de l’indicible ». L’article cherche à prendre au sérieux la définition de Levinas, en réalisant une lecture de sa philosophie au prisme de la réflexion sur le langage de Adorno, Benjamin, Wittgenstein et Blanchot.
Jean-Luc Nancy, « Savoir nocturne »
L’article analyse les implications de l’expérience dont Gérard Bensussan discute en tant qu’expérience de savoir ne pas savoir.
Gérard Bensussan, « Ne pas savoir qu’on sait. “Le secret du philosophe” »
La maxime de Socrate emporte un primat du savoir sur le non-savoir, une ruse perverse de la philosophie. Ce texte s’efforce de faire valoir une autre tradition dans la tradition, un « contre-socratisme », qui ouvre un filon plus souterrain : on ne sait pas qu’on sait, voire ce que l’on sait. Le sujet sachant serait alors dépossédé de son savoir, débordé par l’énigme de quelque chose qu’il « sait » malgré lui, à l’insu de sa conscience réflexive et du programme auquel elle l’assigne.
254Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Ostalgérie. La défaite de la mémoire »
« Ostalgérie » est un nom inexistant, une altération du mot « nostalgie » qui l’associe à deux lieux qui n’ont rien en commun sauf le fait de ne plus exister : l’Algérie coloniale et l’Allemagne de l’Est (Ost) avant la réunification. « Ostalgérie » nomme ainsi l’utopie d’un passé sans lieu qui projette une lumière étrange sur le présent.
Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Oubli et politique »
La discussion porte ici sur le poids de la mémoire dans la politique, à partir d’éléments de la biographie de Gérard Bensussan, successivement exilé d’Algérie puis expulsé d’Allemagne de l’Est. Elle convoque les pensées de Nietzsche et de Benjamin.
Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Justice et utopie »
Le retour sur des lieux disparus place devant un sur-lieu qui produit une impatience, une exigence immédiate de justice. Le militantisme est indissociable d’un certain refus de temporiser, de tempérer l’histoire. De Marx à Levinas, on retrouve la même exigence du temps.
Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Histoire et nostalgie »
Cette partie de la discussion s’efforce de considérer la spécificité de la nostalgie évoquée par « Ostalgérie » : elle est productive, active, mais, comme chez Benjamin et Pasolini, elle contrevient à tous les progressismes et aux optimismes politiques.
Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Capitalisme, crise et révolution »
« Ostalgérie » est aussi une disposition, face à l’impuissance politique provenant d’une vision globale du capitalisme, et à la recherche de formes d’action qui rejouent les instances révolutionnaires de manière oblique.
255Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Politique et traduction »
L’écart entre le désir et la politique, entre la justice et le droit, expose au risque de déserter la politique au nom de la pureté de l’inconditionnel. La mémoire doit alors se penser moins comme le lieu de la purification des souvenirs que comme l’injonction d’une traduction sans fin.
Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Le passé comme enfance »
La discussion s’engage ici vers la considération de ce qui peut être de l’ordre de la joie dans « Ostalgérie » : l’enfance enfouie mais qui ne s’oublie pas et qui est appel à un retour propulsif.
- CLIL theme: 3916 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Histoire de la philosophie
- ISBN: 978-2-406-10796-5
- EAN: 9782406107965
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10796-5.p.0251
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-12-2021
- Language: French