Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Conte et Histoire (1690-1800)
- Pages : 453 à 459
- Collection : Rencontres, n° 305
- Série : Le dix-huitième siècle, n° 21
Résumés
Jan Herman, « Le conte, la nouvelle et l’histoire dans la pensée sur le roman de Lenglet-Dufresnoy »
La découverte récente de deux manuscrits inédits de Lenglet-Dufresnoy constitue ici la base d’une reconstitution de l’évolution de la pensée sur le roman de l’auteur de De l’usage des romans et sur la place qu’y occupent les genres brefs – contes et nouvelles – d’une part et le genre de l’histoire d’autre part. La pensée de Lenglet-Dufresnoy autour du roman se décline dans un effort de typologiser la masse énorme de textes auxquels la tradition avait attaché l’étiquette de roman.
Philippe Hourcade, « La première parution des contes de fées sous Louis XIV. Contexte éditorial, actualité historique et politique »
La production historiographique fut abondante au temps des premiers contes de fées. Elle n’offrit guère de traits ressemblants avec la féérie littéraire, si ce n’est la narration, l’univers princier et aristocratique, parfois le merveilleux. La féérie littéraire n’utilise le cadre d’histoire que très évasivement ou très rarement et s’inspire trop peu de l’actualité historique. On y cherchera en vain une représentation des décors et des mœurs contemporains. Seules de rares applications émergent çà et là.
Michèle Bokobza Kahan, « La réflexion historique de Bayle »
L’article propose d’aborder la réflexion de Bayle sur l’écriture de l’histoire et son rapport avec la réalité empirique depuis les Pensées diverses sur la comète (1682), jusqu’à Réponse aux questions d’un provincial (1704-1706) en passant par la Critique générale de l’Histoire du calvinisme du père Maimbourg. L’objectif est de montrer comment l’opposition que Bayle fait entre histoire et fiction relève à la fois d’un ordre épistémologique et d’un ordre éthique.
454Myrtille Méricam-Bourdet, « Des rapports d’esprit entre conte et Histoire chez Montesquieu »
À partir des notations de Montesquieu dans ses Pensées et de l’examen de quelques-uns de ses contes ou d’histoires, il s’agit de s’interroger sur les rapports de contiguïté, ou au contraire sur leur absence, entre la fiction et l’Histoire.
Marc Hersant, « Conte et histoire chez Voltaire. Un dialogue des genres narratifs »
Le récit ne semble pas avoir été un objet de réflexion théorique à l’époque classique, qui s’intéresse régulièrement à tel ou tel genre narratif en termes de poétique, mais n’envisage le récit ni dans son unité ni dans son universalité. Cependant, Voltaire, qui a pratiqué l’ensemble des genres narratifs disponibles en son temps – sauf peut-être le roman – les pense de manière dialogique, et implicitement dans une logique de système des genres narratifs.
Adrien Paschoud, « Conter, raconter, expérimenter. Le Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot »
S’inspirant notamment de la Vie des hommes illustres de Plutarque, Fénelon élabore dans Les Aventures de Télémaque, une galerie de portraits (physiques et moraux) dont la portée pédagogique est évidente. Le genre épidictique construit par inclusion et exclusion une image idéalisée du monarque ; conduit par l’hypotypose, l’art du portrait joue ainsi un rôle essentiel dans l’économie d’un récit d’apprentissage baroquisant dans lequel se lit l’émergence d’un sujet touché par le voile antique de la grâce.
Jean-Paul Sermain, « Quand les contes font l’histoire »
N’est pas envisagée ici l’inscription d’un type de texte (le conte) dans un autre (l’histoire), mais comment Perrault a fondé le nouveau genre du conte de fées en en proposant une généalogie imaginaire : il prétend que les histoires ou contes du temps passé viennent des familles populaires où elles servent à l’instruction morale des enfants. L’histoire dont procède le conte annonce celle du xviiie siècle, faisant intervenir non des événements mais des conduites inhérentes à une civilisation.
455Anne Defrance, « Conte, Histoire, et stratégies préfacielles. L’acte de naissance d’un genre littéraire »
Les textes préfaciels introduisant les premiers recueils de contes de fées de la fin du xviie siècle et du début du xviiie s’adonnent, suivant un usage répandu, à l’éloge d’un prestigieux dédicataire. Loin de considérer que le propos encomiastique y est de pure forme et d’en dénigrer l’insignifiance, l’article, au contraire, considère ici la lettre pour en dégager les effets, qui structurent le rapport paradoxal du conte merveilleux et de l’histoire.
Aurélia Gaillard, « Conter la guerre dans un choix de contes philosophiques des Lumières. Saint-Hyacinthe, Beauchamps, Voltaire »
L’étude examine la tension entre conte et guerre, sujet historique s’il en est. Le conte entretient ainsi un rapport ambigu avec l’histoire guerrière : remettant en question la notion d’événement ou de grandeur, il nie la guerre et en même temps s’autoproclame « nouvelle histoire » pour la dire.
Françoise Gevrey, « Le conte à l’épreuve de la Révolution française »
Bien qu’il semble en déclin à la fin du xviiie siècle, le conte merveilleux se renouvelle pendant la période révolutionnaire. En s’appuyant sur deux contes, Le Dernier cri du monstre de Bodard de Tezay (1789) et Le Règne du prince Trop-Bon dans le royaume des fols (anonyme, 1792), cet article étudie le rapport entre l’actualité politique et le genre.
Marina Guister, « Présence de l’histoire dans les Contes Russes de V. Levchine
et dans l’opéra russe des années 1790-1800 »
Le conte littéraire russe naît lorsque paraissent, à partir de 1760, Le Persifleur de M. Tchoulkov et les Contes Russes de V. Levchine (dès 1780). Le premier vise à divertir, le second revendique le rôle de témoignage historique pour ses contes. Alliant le conte et le roman, Levchine est le premier à puiser dans le folklore russe, afin de conserver les « antiquités russes ». Même dans ses traductions des contes orientaux de Pétis de la Croix, il introduit des détails historiques issus du patrimoine national.
456Jean-François Perrin, « Le conte oriental et l’Histoire au xviiie siècle en France.
Des Mille et Une Nuits à Zadig »
Les rapports intrinsèques du conte merveilleux de l’âge classique avec l’histoire (au-delà des lieux communs de l’époque sur le peu de certitude de cette dernière) restent à ce jour un domaine de recherche à peu près vierge ; cette étude montre notamment le travail de documentation historique qu’impose la pratique de l’histoire orientale à ses auteurs et souligne que le conte oriental, depuis Galland jusqu’à Zadig, reflète les noces fabuleuses de l’histoire et du temps.
Jean Mainil, « Récupérations poétiques et idéologiques de l’histoire dans les Œuvres meslées de Marie-Jeanne Lhéritier (1695) »
Cet article analyse les récupérations théoriques et poétiques de l’histoire dans un des tout premiers recueils de contes de fées, les Œuvres meslées de Marie-Jeanne Lhéritier (1695), et dans un conte en particulier, Les Enchantements de l’éloquence.
Ute Heidmann, « Histoire ou conte du temps passé et critique du temps présent. La Belle au bois dormant dédiée à la nièce de Louis XIV »
Le titre du recueil que Perrault publie en 1697 invite à lire ces récits devenus célèbres de deux façons : en tant qu’« histoires du temps passé » et en tant que « contes du temps passé ». Cette étude montre par l’exemple de La Belle au bois dormant que ces deux régimes de lecture sont ingénieusement imbriqués.
Raymonde Robert, « Histoire économique, querelles politiques, merveilleux eschatologique dans l’Histoire de Jean de Calais de Madame de Gomez (Les Journées amusantes, 1722) »
L’Histoire de Jean de Calais reprend un schéma populaire bien connu : « Le mort reconnaissant » en la replaçant dans le contexte très concret de l’histoire du Portugal, sous ses aspects économiques (une économie orientée vers le commerce maritime et créant des comptoirs à l’étranger) et politiques (les luttes pour le pouvoir qui déstabilisèrent la monarchie portugaise au xive siècle).
457Régine Jomand-Baudry, « La réécriture de la généalogie dans les contes de Claude Crébillon »
Si pour Crébillon, conte et histoire appartiennent à deux registres antagonistes, le divertissant et l’ennuyeux, il ne cesse de les mettre en débat, en se saisissant de la forme la plus dépouillée de l’histoire, l’écriture de la généalogie. Sa visée est satirique lorsqu’il la déconstruit de l’intérieur par la parodie et le burlesque, mais aussi méta-littéraire et méta-critique lorsqu’il établit une lignée entre les personnages de différents contes, ou énonce un discours loufoque sur l’origine de son conte.
Violaine Géraud, « L’Écumoire et la Bulle, dans le Tanzaï de Claude Crébillon »
Dans le conte de Crébillon-fils qui a pour sous-titre l’Écumoire, et pour titre le nom de ses héros masculin et féminin Tanzaï et Néadarné, la fameuse bulle du pape Unigenitus condamnant le jansénisme, promulguée en septembre 1713, et arrachée par le roi de France à Clément XI, se trouve allégorisée en une écumoire. Le conte merveilleux favorise une allégorie libertine et folâtre et devient un instrument d’émancipation aussi bien politique que philosophique, en posant une question historique.
Catherine Ramond, « Sade, le roman, entre conte et histoire »
L’œuvre narrative de Sade, attirée par les deux pôles extrêmes de l’histoire et de l’hyperfiction du conte, n’entre qu’imparfaitement, et de façon souvent désinvolte, dans le cadre romanesque privilégié au xviiie siècle, celui de la « feintise » ou de l’écriture à la première personne, épistolaire ou mémorielle. La similitude du matériau des fictions sadiennes et des récits historiques témoigne de l’unité de l’œuvre, située à l’écart de la vraisemblance et du terrain psychologique qui est celui des romans.
Karine Abiven, « L’anecdote, conte et Histoire à la fois. Sur les traces textuelles d’une frontière du dire-vrai »
Dans cet article, il s’agit d’envisager une forme de narration brève, l’anecdote, qui relève à la marge de l’historiographie, notamment par son inscription fréquente dans les Mémoires. Plus précisément, c’est la construction ambigüe de la crédibilité dans ce type de récit qui concentre l’attention : malgré 458la prétention à la véracité chez les narrateurs d’anecdotes, ceux-ci sont indéniablement attirés par les formes de l’invention (fiction, mensonge, satire).
Riccardo Campi, « Voltaire et le bon usage de l’anecdote »
Malgré le jugement dépréciatif que Voltaire affichait vis-à-vis l’anecdote, l’article souligne l’importance de la tradition classique de l’exemplum en ce qui concerne sa manière d’en faire un usage polémique dans ses œuvres historiques et, davantage encore, dans ses pamphlets, où il fait figure de conte philosophique en miniature.
Damien Fortin, « Vita in fabula. La Fontaine devant ses biographes »
Les Vies consacrées à Jean de La Fontaine au cours du xviiie siècle offrent un terrain d’investigation privilégié pour étudier les relations entretenues par le conte et l’histoire — aussi bien leur accointance (relation d’interpénétration et de symbiose) que leur concurrence (relation de rivalité et d’hostilité).
Damien Crelier, « “Mauvaises fées” et causalité merveilleuse de la disgrâce dans les Mémoires de Saint-Simon »
Parmi les éléments empruntés à l’univers du conte qui émaillent régulièrement les récits et portraits des Mémoires de Saint-Simon, la figure de la fée est sans doute la plus récurrente. Il s’agit dans cette étude de montrer quels sont les enjeux d’une métaphore décisive pour comprendre le travail acharné de décryptage auquel se livre Saint-Simon quand il évoque les arcanes de la cour.
Claire Quaglia, « L’abbé de Choisy, historien et conteur »
Derrière les heurts et la folle hybridation des Mémoires de l’abbé Choisy, se lit la tentation d’une histoire sans histoire, où l’évènementiel et le roi en tant que Roi ne font plus uniquement récit, laissant place au conte de vies brillantes ou dérisoires qui sont aussi la matière irremplaçable de l’histoire.
459François Raviez, « Les Contes immoraux du prince de Ligne. Une histoire à la fin de l’Histoire »
Le prince de Ligne conte ses amours à travers une fiction : les Contes immoraux, mais sous l’esprit, sous le brillant, c’est l’histoire qui apparaît. Les galanteries révèlent en filigrane la Révolution française, et le plaisir semble le seul antidote à la Terreur.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-06030-7
- EAN : 9782406060307
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06030-7.p.0453
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 17/02/2018
- Langue : Français