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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Conte et Histoire (1690-1800)
  • Pages : 453 à 459
  • Collection : Rencontres, n° 305
  • Série : Le dix-huitième siècle, n° 21
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406060307
  • ISBN : 978-2-406-06030-7
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06030-7.p.0453
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 17/02/2018
  • Langue : Français
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Résumés

Jan Herman, « Le conte, la nouvelle et lhistoire dans la pensée sur le roman de Lenglet-Dufresnoy »

La découverte récente de deux manuscrits inédits de Lenglet-Dufresnoy constitue ici la base dune reconstitution de lévolution de la pensée sur le roman de lauteur de De lusage des romans et sur la place quy occupent les genres brefs – contes et nouvelles – dune part et le genre de lhistoire dautre part. La pensée de Lenglet-Dufresnoy autour du roman se décline dans un effort de typologiser la masse énorme de textes auxquels la tradition avait attaché létiquette de roman.

Philippe Hourcade, « La première parution des contes de fées sous Louis XIV. Contexte éditorial, actualité historique et politique »

La production historiographique fut abondante au temps des premiers contes de fées. Elle noffrit guère de traits ressemblants avec la féérie littéraire, si ce nest la narration, lunivers princier et aristocratique, parfois le merveilleux. La féérie littéraire nutilise le cadre dhistoire que très évasivement ou très rarement et sinspire trop peu de lactualité historique. On y cherchera en vain une représentation des décors et des mœurs contemporains. Seules de rares applications émergent çà et là.

Michèle Bokobza Kahan, « La réflexion historique de Bayle »

Larticle propose daborder la réflexion de Bayle sur lécriture de lhistoire et son rapport avec la réalité empirique depuis les Pensées diverses sur la comète (1682), jusquà Réponse aux questions dun provincial (1704-1706) en passant par la Critique générale de lHistoire du calvinisme du père Maimbourg. Lobjectif est de montrer comment lopposition que Bayle fait entre histoire et fiction relève à la fois dun ordre épistémologique et dun ordre éthique.

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Myrtille Méricam-Bourdet, « Des rapports desprit entre conte et Histoire chez Montesquieu »

À partir des notations de Montesquieu dans ses Pensées et de lexamen de quelques-uns de ses contes ou dhistoires, il sagit de sinterroger sur les rapports de contiguïté, ou au contraire sur leur absence, entre la fiction et lHistoire.

Marc Hersant, « Conte et histoire chez Voltaire. Un dialogue des genres narratifs »

Le récit ne semble pas avoir été un objet de réflexion théorique à lépoque classique, qui sintéresse régulièrement à tel ou tel genre narratif en termes de poétique, mais nenvisage le récit ni dans son unité ni dans son universalité. Cependant, Voltaire, qui a pratiqué lensemble des genres narratifs disponibles en son temps – sauf peut-être le roman – les pense de manière dialogique, et implicitement dans une logique de système des genres narratifs.

Adrien Paschoud, « Conter, raconter, expérimenter. Le Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot »

Sinspirant notamment de la Vie des hommes illustres de Plutarque, Fénelon élabore dans Les Aventures de Télémaque, une galerie de portraits (physiques et moraux) dont la portée pédagogique est évidente. Le genre épidictique construit par inclusion et exclusion une image idéalisée du monarque ; conduit par lhypotypose, lart du portrait joue ainsi un rôle essentiel dans léconomie dun récit dapprentissage baroquisant dans lequel se lit lémergence dun sujet touché par le voile antique de la grâce.

Jean-Paul Sermain, « Quand les contes font lhistoire »

Nest pas envisagée ici linscription dun type de texte (le conte) dans un autre (lhistoire), mais comment Perrault a fondé le nouveau genre du conte de fées en en proposant une généalogie imaginaire : il prétend que les histoires ou contes du temps passé viennent des familles populaires où elles servent à linstruction morale des enfants. Lhistoire dont procède le conte annonce celle du xviiie siècle, faisant intervenir non des événements mais des conduites inhérentes à une civilisation.

455

Anne Defrance, « Conte, Histoire, et stratégies préfacielles. Lacte de naissance dun genre littéraire »

Les textes préfaciels introduisant les premiers recueils de contes de fées de la fin du xviie siècle et du début du xviiie sadonnent, suivant un usage répandu, à léloge dun prestigieux dédicataire. Loin de considérer que le propos encomiastique y est de pure forme et den dénigrer linsignifiance, larticle, au contraire, considère ici la lettre pour en dégager les effets, qui structurent le rapport paradoxal du conte merveilleux et de lhistoire.

Aurélia Gaillard, « Conter la guerre dans un choix de contes philosophiques des Lumières. Saint-Hyacinthe, Beauchamps, Voltaire »

Létude examine la tension entre conte et guerre, sujet historique sil en est. Le conte entretient ainsi un rapport ambigu avec lhistoire guerrière : remettant en question la notion dévénement ou de grandeur, il nie la guerre et en même temps sautoproclame « nouvelle histoire » pour la dire.

Françoise Gevrey, « Le conte à lépreuve de la Révolution française »

Bien quil semble en déclin à la fin du xviiie siècle, le conte merveilleux se renouvelle pendant la période révolutionnaire. En sappuyant sur deux contes, Le Dernier cri du monstre de Bodard de Tezay (1789) et Le Règne du prince Trop-Bon dans le royaume des fols (anonyme, 1792), cet article étudie le rapport entre lactualité politique et le genre.

Marina Guister, « Présence de lhistoire dans les Contes Russes de V. Levchine
et dans lopéra russe des années 1790-1800 »

Le conte littéraire russe naît lorsque paraissent, à partir de 1760, Le Persifleur de M. Tchoulkov et les Contes Russes de V. Levchine (dès 1780). Le premier vise à divertir, le second revendique le rôle de témoignage historique pour ses contes. Alliant le conte et le roman, Levchine est le premier à puiser dans le folklore russe, afin de conserver les « antiquités russes ». Même dans ses traductions des contes orientaux de Pétis de la Croix, il introduit des détails historiques issus du patrimoine national.

456

Jean-François Perrin, « Le conte oriental et lHistoire au xviiie siècle en France.

Des Mille et Une Nuits à Zadig »

Les rapports intrinsèques du conte merveilleux de lâge classique avec lhistoire (au-delà des lieux communs de lépoque sur le peu de certitude de cette dernière) restent à ce jour un domaine de recherche à peu près vierge ; cette étude montre notamment le travail de documentation historique quimpose la pratique de lhistoire orientale à ses auteurs et souligne que le conte oriental, depuis Galland jusquà Zadig, reflète les noces fabuleuses de lhistoire et du temps.

Jean Mainil, « Récupérations poétiques et idéologiques de lhistoire dans les Œuvres meslées de Marie-Jeanne Lhéritier (1695) »

Cet article analyse les récupérations théoriques et poétiques de lhistoire dans un des tout premiers recueils de contes de fées, les Œuvres meslées de Marie-Jeanne Lhéritier (1695), et dans un conte en particulier, Les Enchantements de léloquence.

Ute Heidmann, « Histoire ou conte du temps passé et critique du temps présent. La Belle au bois dormant dédiée à la nièce de Louis XIV »

Le titre du recueil que Perrault publie en 1697 invite à lire ces récits devenus célèbres de deux façons : en tant qu« histoires du temps passé » et en tant que « contes du temps passé ». Cette étude montre par lexemple de La Belle au bois dormant que ces deux régimes de lecture sont ingénieusement imbriqués.

Raymonde Robert, « Histoire économique, querelles politiques, merveilleux eschatologique dans lHistoire de Jean de Calais de Madame de Gomez (Les Journées amusantes, 1722) »

LHistoire de Jean de Calais reprend un schéma populaire bien connu : « Le mort reconnaissant » en la replaçant dans le contexte très concret de lhistoire du Portugal, sous ses aspects économiques (une économie orientée vers le commerce maritime et créant des comptoirs à létranger) et politiques (les luttes pour le pouvoir qui déstabilisèrent la monarchie portugaise au xive siècle).

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Régine Jomand-Baudry, « La réécriture de la généalogie dans les contes de Claude Crébillon »

Si pour Crébillon, conte et histoire appartiennent à deux registres antagonistes, le divertissant et lennuyeux, il ne cesse de les mettre en débat, en se saisissant de la forme la plus dépouillée de lhistoire, lécriture de la généalogie. Sa visée est satirique lorsquil la déconstruit de lintérieur par la parodie et le burlesque, mais aussi méta-littéraire et méta-critique lorsquil établit une lignée entre les personnages de différents contes, ou énonce un discours loufoque sur lorigine de son conte.

Violaine Géraud, « LÉcumoire et la Bulle, dans le Tanzaï de Claude Crébillon »

Dans le conte de Crébillon-fils qui a pour sous-titre lÉcumoire, et pour titre le nom de ses héros masculin et féminin Tanzaï et Néadarné, la fameuse bulle du pape Unigenitus condamnant le jansénisme, promulguée en septembre 1713, et arrachée par le roi de France à Clément XI, se trouve allégorisée en une écumoire. Le conte merveilleux favorise une allégorie libertine et folâtre et devient un instrument démancipation aussi bien politique que philosophique, en posant une question historique.

Catherine Ramond, « Sade, le roman, entre conte et histoire »

Lœuvre narrative de Sade, attirée par les deux pôles extrêmes de lhistoire et de lhyperfiction du conte, nentre quimparfaitement, et de façon souvent désinvolte, dans le cadre romanesque privilégié au xviiie siècle, celui de la « feintise » ou de lécriture à la première personne, épistolaire ou mémorielle. La similitude du matériau des fictions sadiennes et des récits historiques témoigne de lunité de lœuvre, située à lécart de la vraisemblance et du terrain psychologique qui est celui des romans.

Karine Abiven, « Lanecdote, conte et Histoire à la fois. Sur les traces textuelles dune frontière du dire-vrai »

Dans cet article, il sagit denvisager une forme de narration brève, lanecdote, qui relève à la marge de lhistoriographie, notamment par son inscription fréquente dans les Mémoires. Plus précisément, cest la construction ambigüe de la crédibilité dans ce type de récit qui concentre lattention : malgré 458la prétention à la véracité chez les narrateurs danecdotes, ceux-ci sont indéniablement attirés par les formes de linvention (fiction, mensonge, satire).

Riccardo Campi, « Voltaire et le bon usage de lanecdote »

Malgré le jugement dépréciatif que Voltaire affichait vis-à-vis lanecdote, larticle souligne limportance de la tradition classique de lexemplum en ce qui concerne sa manière den faire un usage polémique dans ses œuvres historiques et, davantage encore, dans ses pamphlets, où il fait figure de conte philosophique en miniature.

Damien Fortin, « Vita in fabula. La Fontaine devant ses biographes »

Les Vies consacrées à Jean de La Fontaine au cours du xviiie siècle offrent un terrain dinvestigation privilégié pour étudier les relations entretenues par le conte et lhistoire — aussi bien leur accointance (relation dinterpénétration et de symbiose) que leur concurrence (relation de rivalité et dhostilité).

Damien Crelier, « “Mauvaises fées” et causalité merveilleuse de la disgrâce dans les Mémoires de Saint-Simon »

Parmi les éléments empruntés à lunivers du conte qui émaillent régulièrement les récits et portraits des Mémoires de Saint-Simon, la figure de la fée est sans doute la plus récurrente. Il sagit dans cette étude de montrer quels sont les enjeux dune métaphore décisive pour comprendre le travail acharné de décryptage auquel se livre Saint-Simon quand il évoque les arcanes de la cour.

Claire Quaglia, « Labbé de Choisy, historien et conteur »

Derrière les heurts et la folle hybridation des Mémoires de labbé Choisy, se lit la tentation dune histoire sans histoire, où lévènementiel et le roi en tant que Roi ne font plus uniquement récit, laissant place au conte de vies brillantes ou dérisoires qui sont aussi la matière irremplaçable de lhistoire.

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François Raviez, « Les Contes immoraux du prince de Ligne. Une histoire à la fin de lHistoire »

Le prince de Ligne conte ses amours à travers une fiction : les Contes immoraux, mais sous lesprit, sous le brillant, cest lhistoire qui apparaît. Les galanteries révèlent en filigrane la Révolution française, et le plaisir semble le seul antidote à la Terreur.