Vie des associations
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Constellation Cendrars
2021, n° 5. varia - Auteurs : Denogent (Jehanne), Bonord (Aude)
- Pages : 151 à 151
- Revue : Constellation Cendrars
Fig. 1.
Blaise Cendrars, et ce nom seul ne se contente pas d’évoquer l’univers – un mot bien triste, au singulier. Pour le jeune littérateur que j’étais, Cendrars a rapidement évoqué le monde entier, la poudre, l’explosion, la malice, l’intelligence, la culture, le véritable. Il m’a appris à oser, sur bien des plans. Mais il a aussi nourri jusqu’à la déraison mon amour pour le Brésil et sa musique. Il m’a fait rencontrer le grand Pixinguinha qui, dit-il, s’est plaint auprès de lui des emprunts systématiques que Darius Milhaud a opérés sur ses mélodies, créant ainsi le Bœuf sur le toit. Grâce à Cendrars, j’ai voyagé jusqu’au Brésil. Et ce n’est pas qu’une image. J’ai tenu le Brésil entre mes mains, je l’ai serré contre moi. Des bidonvilles de Rio de Janeiro jusqu’aux tripes pourrissantes de la jungle amazonienne, je n’ai pas fait un pas sans entendre, en mélodies éclatantes, les lignes de Cendrars.
« De la musique avant toute chose… » Certes. Mais, pour cela, « l’impair » ne suffit pas. Si Verlaine avait connu le Suisse vagabond, le bourlingueur, il aurait sans nul doute modifié les deux derniers vers de son poème. « De la musique avant toute chose / Et pour cela préfère Cendrars ». Voilà qui aurait de la gueule, non ?
Alors, merci Monsieur Cendrars. Je ne me reconnais aucun Maître en littérature. En revanche, j’ai la chance d’être guidé par des phares. Et votre lumière éclaire loin, éclaire fort, bien après la fin des chemins.
Aix en Provence, le 2 avril 2021 Jean-Paul Delfino.
Jean-Paul Delfino est un romancier et scénariste français dont la passion pour Cendrars traverse toute l’œuvre, que ce soit grâce à ses personnages, à la musique ou au Brésil. En 2005, il publie le premier volet de sa « Suite brésilienne », saga historique déployée sur trois siècles et, depuis, en huit tomes ; en 2016 paraît son roman Les Pêcheurs d’étoiles (éd. Le Passage) savoureuse déambulation imaginaire dans le Paris de 1920, en compagnie de Satie et Cendrars, et récemment, L’Homme qui marche (éd. H. d’Ormesson, 2021), nous entraîne dans les pas de Théophraste Sentiero dont la vie est bouleversée quand ses jambes et ses pieds se mettent à bouger tout seuls : « Quand tu aimes il faut partir… »