Le capitalisme peut-il survivre ? Non, je ne crois pas qu’il le puisse.
Schumpeter, 1942, Prologue, p. 71.
Si la nature humaine […] n’éprouvait aucune satisfaction à construire une usine ou un chemin de fer […], les seuls investissements suscités par un calcul froidement établi ne prendraient sans doute pas une grande extension.
Keynes, 1936, p. 166.
Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres.
Tocqueville, 1840, p. 386.
Un jour du mois d’avril en 1879, en faisant ma tournée de facteur rural, à un quart de lieue avant d’arriver à Tersanne, je marchais très vite lorsque mon pied accrocha quelque chose qui m’envoya rouler quelques mètres plus loin, je voulus en connaitre la cause. J’avais bâti dans un rêve un palais, un château ou des grottes, je ne peux pas bien vous l’exprimer… Je ne le disais à personne par crainte d’être tourné en ridicule et je me trouvais ridicule moi-même. Voilà qu’au bout de quinze ans, au moment où j’avais à peu près oublié mon rêve, que je n’y pensais le moins du monde, c’est mon pied qui me le fait rappeler. Mon pied avait accroché une pierre qui faillit me faire tomber. J’ai voulu savoir ce que c’était… C’était une pierre de forme si bizarre que je l’ai mise dans ma poche pour l’admirer à mon aise. Le lendemain, je suis repassé au même endroit. J’en ai encore trouvé de plus 10belles, je les ai rassemblées sur place et j’en suis resté ravi… C’est une pierre molasse travaillée par les eaux et endurcie par la force des temps. Elle devient aussi dure que les cailloux. Elle représente une sculpture aussi bizarre qu’il est impossible à l’homme de l’imiter, elle représente toute espèce d’animaux, toute espèce de caricatures.
Je me suis dit : puisque la Nature veut faire la sculpture, moi je ferai la maçonnerie et l’architecture.
Ferdinand Cheval, plus connu sous le nom de Facteur Cheval, 1879.