Le crabe tourteau a eu raison de Joël en ce glacial mois de janvier. Nous n’aurons plus l’occasion de partager une bière en parlant des Chants de Maldodor avec lui, l’âme du bar ZAB (Zone à Boire) Maldoror de la rue Saint-Ambroise à Paris.
Au détour du recensement des éditions originales de 1874, nous avions fait connaissance avec Joël et Françoise dans leur établissement. Et la conversation semblait ne plus pouvoir s’arrêter tant Joël était intarissable sur son livre de prédilection dont il possédait la plupart des éditions françaises et étrangères. En 2018 il avait engrangé plus de 250 éditions et pouvait discourir sur chacune d’elle ! Lacroix, Genonceaux, Ipuche, Stärcke, Ishii…d’autres dans des langues improbables, impossible de toutes les citer, seul Joël en connaissait les arcanes. En plus de toutes ces éditions, il possédait encore toutes sortes de produits dérivés, tampons encreurs du dessin de Félix Valloton, sous-verres, friandises… La première fois qu’il nous reçut, il portait un tee-shirt noir imprimé par ses soins des Chants de Maldoror. Bien sûr Joël et Françoise avaient fait le pèlerinage à Montevideo, en 2005. Joël n’était pas seulement un collectionneur, mais aussi un érudit ducassien.
Joël, c’était aussi un engagement politique, l’anarchisme, qu’il jugeait compatible avec sa passion. « Maldoror est un anarchiste, nous confiait-il, surtout dans son rapport à Dieu. Je ne crois pas que Ducasse, lui, fut un anarchiste ». Il était en revanche plus réservé sur les Poésies.
Pour se rendre au colloque de Tarbes, Joël avait pris son billet de train au nom d’Isidore Ducasse. Que rajouter à cela ?
Il y avait du monde au Père Lachaise en ce glacial mois de janvier. La famille, beaucoup de gens vêtus de noir, bien sûr, et d’autres encore, tous venus soutenir une femme aux yeux rougis et faire leurs adieux à celui qui aimait tant Lautréamont.
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Nous adressons à Françoise nos plus ducassiennes condoléances et lui assurons de notre soutien le plus affectueux.
