Glosses and gleanings
- Publication type: Journal article
- Journal: Cahiers Lautréamont
2019 – Nouvelle série, n° 1. varia - Pages: 287 to 305
- Journal: Lautréamont Studies
Gloses et glanes
Rappel historique
Présente depuis les débuts des Cahiers Lautréamont, la rubrique « Gloses et glanes » collecte et présente toutes sortes de trouvailles liées, de près ou de loin, à l’actualité autour d’Isidore Ducasse. Collaborative, elle est un appel à contribution ouvert de façon permanente. Les lecteurs sont donc invités à nous faire parvenir leurs rencontres fortuites à l’adresse suivante : aappfid@isidorelautreamont.fr.
Et vous les amis de Rimbaud et de Ducasse
Nous pleurons Jean-Jacques Lefrère
Le compagnon d’errance à Montevideo
Et Caradec pour l’asado
Montréal Tokyo Paris Tarbes et Pau […]
Tant d’arbres givrés par le grand froid du temps
Papier glacé des amis morts.
Jean-Pierre Lassalle, « Hanko Miastik », Le Grand Patagon et autres poèmes, Caen, Le Grand Tamanoir, 2019, p. 159.
***
Dans le catalogue de la librairie Farfouille de février 2019, on peut lire cette notice :
« 388. DU CAUSE DE NAZELLE, Jean-Charles – Mémoires du temps de Louis XIV, publiés avec une introduction et des notes par Ernest Daudet, Paris, Plon, Nourrit, 1899, In-12, XXVIII, 269 p. […] Officier gascon, né vers 1644, Ducausé sieur de Nazelle sert dans la campagne de Crète, en 1699, puis dans les gardes du corps. Personnage peu recommandable, 288“escroc, faussaire, aventurier”, il dénonça Lautréamont et ses complices dans la conspiration du chevalier de Rohan en 1674. »
***
Si l’on se fie aux arts savants des mathématiques sévères, on peut désormais dater l’écriture du Chant VI : Isidore dut mettre son point final aux Chants de Maldoror en mai ou juin 1869. Louis d’Hurcourt avait alors, en effet, exactement seize ans et quatre mois.
***
Lautréamont, toujours, fer de lance des révolutionnaires. Le 24 novembre à Paris, en marge des gilets jaunes, on pouvait lire, écrit sur un mur : « Beau comme une insurrection impure ». La photo a largement été reprise par les médias en couverture d’articles où l’on voyait, au premier plan, un bataillon de CRS.
***
Le peintre surréaliste espagnol Joan Miró a fait, en 2018, l’objet d’une exposition rétrospective au Grand Palais. À cette occasion, son petit fils Johan Punyet Miró déclarait dans Point de vue le 19 octobre 2018 : « Il lisait beaucoup la poésie de Rimbaud, Baudelaire, Lautréamont. Dans l’escalier menant à son atelier de Majorque, on trouvait sur chaque marche des livres de poésie. Il s’asseyait et ouvrait au hasard un livre, lisait un poème en français pour exercer son esprit. »
***
Dans Le Gil Blas du 9 février 1909, p. 2, on peut lire un article sur le désormais fameux Louis d’Hurcourt, qui livre au lecteur ses souvenirs des duels de Catulle Mendès, qui venait de mourir.
***
Citation en exergue du roman Carnaval de Mireille Havet, paru en 1922 : « Tu dois être puissant, car tu as une figure plus qu’humaine, triste comme l’univers, belle comme le suicide. » C’est signé Comte de Lautréamont. 289Toxicomane, ouvertement lesbienne, Mireille Havet avait connu et fréquenté les surréalistes et avait été amie avec Colette, Cocteau et Apollinaire.
***
En mai 2018, Caroline Gutman, arrière-petite-fille de Gustave Hinstin, a fait paraître un roman biographique intitulé Les Papillons noirs.
***
Marcelin Pleynet, lecteur des Cahiers Lautréamont. Le chantre de la disparition de l’auteur, dans un paradoxal Lautréamont par lui-même, écrit dans Le Plus Court Chemin. De Tel Quel à l’Infini, p. 46, ses impressions à la lecture des Cahiers Lautréamont de l’année 1996, en particulier la découverte faite par Jean-Pierre Lassalle au lycée de Pau de l’exemplaire en espagnol de L’Iliade. Il revient également sur Gustave Hinstin. Voici ses commentaires : « On ne peut pas ne pas constater que progressivement l’œuvre se noie dans les détails biographiques. Curieuse situation pour un écrivain qui, il n’y a pas si longtemps, n’avait pas de biographie. Curieux que tous ces “spécialistes” ne comprennent pas qu’une œuvre sans biographie de l’auteur peut exister et ne manque pas de s’imposer dans son existence, alors qu’une biographie sans œuvre, ce n’est jamais que la mort à l’œuvre. » Mais, à la page suivante, Marcelin Pleynet cède à la tentation et rejoint à son tour la bande des « spécialistes » qui glosent et noient l’œuvre dans les détails biographiques. Exploitant les récentes découvertes faites sur Hinstin et sur les condisciples, Pleynet en tire quelques déductions instinctives. Quoi qu’il en soit, on est frappé de voir à quel point, dans les années 1990, l’écrivain continue à méditer quasi-quotidiennement sur la figure de Ducasse.
***
Le 23 avril 1825, à Bordeaux, un certain Charles Fleury Isidore Ducasse vit le jour. Il était le fils légitime de Jean Aîné Ducasse, propriétaire âgé de 32 ans, et d’Anne Marie Rose Bayle, âgée de 37 ans. Il avait un frère, François Florian Ducasse, né en 1822. Dans l’acte notarié, cet Isidore est désigné sous le nom de François Isidore Fleury Ducasse. Il n’a cependant aucun lien de parenté avec le poète. (Bertrand Combaldieu)
290***
Le lecteur qui serait intéressé par les photographies du vieux Montevideo pourra se procurer trois très beaux ouvrages publiés par le Centro de Fotografia de la ville, dont voici les références :
–Ciudad vieja. Lo perdido, lo conservado y lo transformado, Montevideo, CdF Ediciones, colección Gelatina y Plata, 2017. On y trouvera des vues de la vieille ville telle qu’Isidore l’a connue, datées des années 1860.
–La Construcción de la Rambla Sur (1923-1935), Montevideo, CdF Ediciones, colección Gelatina y Plata, 2016. Ce volume retrace les grands travaux qui ont, entre autres, occasionné la destruction de la maison natale d’Isidore Ducasse et permet de voir la transformation du quartier.
–Cementerio Central. Historia, memoria y recuerdo, Montevideo, CdF Ediciones, 2017. Ce volume retrace, en images, l’histoire du cimetière historique de la ville où est aujourd’hui enterré François Ducasse.
***
La maison de vente Pierre Bergé a proposé un exemplaire curieux de l’édition de La Sirène. En voici la description, signalée par Éric Walbecq :
Les Chants de Maldoror avec cinq lettres de l’auteur et le fac-similé de l’une d’elles. Paris, Au Sans Pareil, 1925.
In-12 [189 x 136 mm] de (2) ff., 1 fac-similé, 297 p. la dernière non chiffrée, (2) ff. : demi-veau vert bronze, plats de veau naturel brun avec, incrustées, les deux parties d’une peau de grenouille, bordures intérieures de veau vert bronze avec large filet au palladium, non rogné, tête dorée, couverture et dos conservés (L. Thalheimer).
Dirigé par René Hilsum, le Sans Pareil fut le premier éditeur des surréalistes qui firent des Chants de Maldoror leur Bible. L’édition renferme le texte de cinq des sept lettres de Lautréamont connues aujourd’hui.
Exemplaire numéroté sur vélin Lafuma de Voiron. Remarquable reliure de l’époque de Lucienne Thalheimer décorée d’une peau de grenouille incrustée sur les plats.
Relieur de métier, Lucienne Thalheimer (1904-1988) fut active entre 1925 et 1960. Au sortir de l’Art déco, sa rencontre avec le surréalisme fut décisive au point de l’engager à une création propre à se détourner de la surenchère décorative. Son talent enchantait André Breton qui lui confia notamment le manuscrit d’Arcane 17, orné d’une peau de morue. La reliure a été achetée par la Réserve des livres rares et précieux de la BnF.
291La reconnaissance accordée à ces « reliures de femmes » aura été tardive, sans doute par « réaction androcentrique » selon le mot de Jean Toulet. Et ce dernier de surenchérir cum grano salis : « Mis à part quelques amateurs assez puissants pour se permettre quelques foucades et passer outre à la réprobation des « vrais » relieurs, il est évident qu’elles ne pouvaient travailler pour les collectionneurs « sérieux » peu disposés à risquer leurs livres dans des mains aussi gracieusement « légères » (Jean-Claude Vrain, Reliures de femmes de 1900 à nos jours, 1995, p. 6. – Yves Peyré, Histoire de la reliure de création 2015, p. 51 : « Lucienne Thalheimer est le relieur surréaliste par excellence. Elle marque une grande date dans l’histoire de la reliure, elle est de ces talents qui orientent un art. »)
Cet exemplaire atypique avait été commandé par Georges Bataille. Il s’agit peut-être d’une allusion à l’incipit du Chant IV : « Quand le pied humain glisse sur une grenouille, l’on sent une sensation de dégoût ; mais quand on effleure, à peine, le corps humain, avec la main, la peau des doigts se fend, comme les écailles d’un bloc de mica qu’on brise à coups de marteau… »
***
Passé en vente également en mars 2019 à la librairie Benjamin Pitchal, une édition 1930 du Comte de Lautréamont et Dieu, l’étude de Léon-Pierre Quint, avec envoi autographe signé : « À Robert Desnos, LE COMTE DE LAUTREAMONT, DIEU, et son bar, son ami L.-P. Quint ». Il s’agissait d’une référence à l’ouverture du club Le Maldoror, qui allait subir les foudres des surréalistes dans la nuit du 14 février 1930.
***
La revue brésilienne ALEA publie dans son volume de janvier-avril 2019, un article de Pablo Rocca sur le dossier de succession de François Ducasse retrouvé jadis par Jacques Duprey.
Pablo Rocca, « Enigmas para resolver : los últimos días de François Ducasse », ALEA, Rio de Janeiro, vol. 21/1, jan.-abr. 2019, p. 305-342.
***
Carmine Mangone, admirateur de l’anarchisme punk, propose une version remaniée d’un essai écrit en 2005 et qui place Maldoror dans la lignée des grands ouvrages destinés à ébranler l’esprit humain. Carmine Mangone, Maldoror e la verita pratica, s.l., Ab imis Press, 2017, s.p.m.
292***
Le célèbre ethnologue Marcel Griaule a parfois puisé son inspiration en Maldoror, comme en témoigne un article d’Éric Joly paru dans la revue L’Homme no 200, en 2011 : « Pour ce livre [Le Bréviaire du Captain B’Hôol] comme pour une partie des publications ultérieures de Griaule, l’influence la plus déterminante est, de toute évidence, Lautréamont. Il faut d’ailleurs noter que Le Bréviaire du Captain B’Hôol est écrit au moment où les Chants de Maldoror et les Poésies d’Isidore Ducasse, alias Comte de Lautréamont, viennent d’être redécouverts, republiés et encensés, en particulier par Breton et les autres surréalistes. Les points communs sont multiples entre les œuvres de jeunesse de Lautréamont et de Griaule : ironie provocante vis-à-vis de leurs pairs, ton anticlérical, détournement parodique de fragments connus de textes bibliques ou homériques, “catéchisme” immoral enseigné par Maldoror et par B’Hôol, juxtaposition inattendue d’images a priori indépendantes, et, enfin, collection de pensées ou d’aphorismes notés à la suite. »
***
En septembre 2018 est passé, à la librairie Vrain, l’un des rarissimes exemplaires de l’édition de 1868. En parfaite condition, l’ouvrage porte une reliure signée de Paul Bonet dont voici la description telle qu’elle figure dans le catalogue 30 perles de la librairie Vrain : « (Desmules, rel. Et Collet, dor., 1954). Plein box noir, plats traversés de filets à froid formant une grille dans les mailles de laquelle figurent de petites mosaïques rectangulaires de serpent ou de lézard noir ; au centre du premier plat, composition traversée par les filets et les mosaïques circulaires de box brun, rouge, orange et vert jade, avec au centre un point d’or. Dos lisse, titre doré, encadrement intérieur de box vert jade, doublures et gardes de velours noir ; tranches dorées sur témoins. Couvertures vert d’eau imprimées en noir conservées. Chemise de demi-box noir à rabats, titre à l’identique et étui bordé. » Le dernier propriétaire en date, Louis de Sadeleer, avait ajouté une note manuscrite volante à l’encre signalant les trois fautes d’imprimerie que Ducasse avait relevées dans sa lettre à Victor Hugo. Signalé par Jean-Paul Goujon.
293***
En 1962, le chorégraphe Roland Petit a donné un ballet inspiré des Chants de Maldoror. Les costumes étaient réalisés par Yves Saint-Laurent. Si une photo, reproduite en avril 2018 sur le blog de Michel Pierssens maldoror.org, nous est désormais connue, peu d’archives de cet événement ont à ce jour fait surface.
***
Le vendredi 16 mars 2018 s’est tenue, à l’Université de Bretagne occidentale de Brest, la soutenance de la thèse de Kevin Saliou, La Réception de Lautréamont de 1870 à 1917, dirigée par Michel Pierssens et Yann Mortelette. Le jury était composé, en outre, d’Anthony Glinoer, Véronique Léonard, Arnaud Sales et Jean-Luc Steinmetz. Le fruit de cette thèse devrait être publié prochainement.
***
Le 23 février 2017 est décédé, à Bâle où il résidait, Hans Rudolf Linder, auteur en 1946 d’une thèse, Lautréamont : sein Werk und sein Weltbild. Il avait 96 ans.
***
En 2017, Michel Raskine a donné, lors du festival Off d’Avignon, la première de son spectacle Maldoror / Chant 6, adaptation théâtrale qui met l’accent sur la dimension homosexuelle de ce dernier Chant. La même année, la Compagnie Le Rideau d’argent a proposé un spectacle plus modeste, Lautréamont. L’Aurore d’un nouveau siècle, rêverie fantasmée sur les derniers jours parisiens d’Isidore Ducasse.
***
En avril 1987, grâce à l’action de François Caradec, l’OULIPO prenait acte de la création de l’AAPPFID et du lancement des Cahiers Lautréamont. Le document figure dans les Dossiers mensuels de réunion numérisés sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France. (Signalé par Mathilde Ollivier).
294***
En novembre 2016, la librairie Giraud-Badin offrait à la vente, via la Maison Alde, un très curieux exemplaire des Chants de Maldoror. Éric Walbecq, qui a pu examiner le livre, donne cette description : « L’exemplaire est relié par Leroux, en 1978 selon le catalogue, avec un étui. Reliure sobre sur exemplaire broché. Les couvertures de 1874 (1re et 4e) sont sales et abimées. Le morceau de la couverture de 1869 est monté sur onglet juste après la couverture de 1874 et le faux titre. L’onglet fait environ 4 mm ; il ne permet pas de voir si ce morceau était compris dans le brochage mais, sur le faux titre, on peut voir la trace de ce morceau de couverture et cette trace est plus petite que sur l’onglet. On peut donc supposer que ce bout de couverture était déjà présent lorsque l’exemplaire était broché, donc depuis l’origine ? Ce bout de couverture présente une coupure nette, même si elle n’est pas régulière (pas droite). Ce bout n’a donc pas été déchiré, mais découpé (lors du brochage en 1874 ?). Cela voulait-il dire que les exemplaires de 1869 étaient tous avec la couverture jaune lors du rachat par Rozez ? Sans doute. C’est peut-être alors une erreur lors du rebrochage en 1874 ? La couverture jaune est très légèrement plus petite que celle de 1874 (environ 3 ou 4 mm de moins en hauteur). Aucune marque de provenance ou de lecture dans l’ouvrage, pas de trace du dos qui devait être explosé et non récupérable.
Sur la dernière page il y a en bas à gauche au crayon cette mention : Z 5061. On pouvait penser à une cote BnF mais cela ne correspond pas du tout. »
***
Le Monde du 6 janvier 2016 donnait à lire un article de Raphaëlle Leyris consacrée au livre de Laurent Sagalovitsch, La Métaphysique du hors-jeu, paru cette année-là chez Actes Sud. « Rare exception à cette « lenteur » et à la « souffrance » de l’écrivain, les passages jubilatoires où il s’inspire de « la phrase la plus insolente de la littérature française », tirée des Chants de Maldoror (« J’établirai dans quelques lignes comment Maldoror fut bon pendant ses premières années, où il vécut heureux ; c’est fait »), pour pratiquer l’avance rapide romanesque. Il aligne les faits à toute vitesse, gonfle sa phrase, et réduit à une quinzaine de lignes 295bravaches et désopilantes ce qui aurait pu « constituer un chapitre de quatre pages ». « Cette phrase de Lautréamont me travaillait depuis longtemps. Du coup, ces passages sont venus naturellement. Et je me suis bien amusé à imaginer la tête de mon éditeur quand il lirait ça… »
***
Ultime hommage à Jean-Jacques Lefrère par ses amis ducassiens, le numéro 63 d’Histoires littéraires, paru en juillet 2015, contenait plusieurs contributions relatives à Isidore Ducasse, parmi lesquelles un article de Sylvain-Christian David, cofondateur des Cahiers Lautréamont. On peut se procurer ce volume auprès des éditions Du Lérot. On y trouve notamment, publiée par Philippe Didion, une émouvante lettre de Jean-Jacques Lefrère qui affirmait, en 1976 : « Lautréamont, pour moi, désormais, c’est terminé. »
***
Dans ce même numéro, un article d’Éric Nicolas, « Ce serait stupéfiant que ce soit notre Ducasse ! » mérite d’être cité. Il y est question d’un mystérieux passeport d’Isidore Ducasse provenant de la commune de Méharin, dans le Pays basque, que l’état lacunaire des archives n’a pas permis de retrouver. Alors, s’agit-il bien de notre Ducasse ? Éric Nicolas rappelle que François Ducasse avait légué dix mille francs à un garçon de ferme de la région de Bayonne, comme le rapporte Alvaro Guillot-Muñoz, qui le tenait du secrétaire à la légation de France à Montevideo.
***
Paru en 2015, l’un des derniers essais consacrés à l’œuvre d’Isidore Ducasse est signé Andrea S. Thomas. Lautréamont, Subject to Interpretation, Amsterdam-New York, Rodopi, 2015.
***
Relisant Balzac, Bertrand Combaldieu nous signale ces passages tirés de La Cousine Bette, qui parleront aux ducassiens (nous soulignons, en italique) :
296« Est-ce que l’amour existe à Paris ? dit Léon de Lora. Personne n’y a le temps de faire sa fortune, comment se livrerait-on à l’amour vrai qui s’empare d’un homme comme l’eau s’empare du sucre ? Il faut être excessivement riche pour aimer, car l’amour annule un homme. »
« Cette maladie est une maladie propre aux nègres et aux peuplades américaines, dont le système cutané diffère de celui des races blanches. Or, je ne peux établir aucune communication entre les noirs, les cuivrés, les métis et M. ou Mme Crevel. Si c’est d’ailleurs une maladie fort belle pour nous, elle est affreuse pour tout le monde. La pauvre créature, qui, dit-on, était jolie, est bien punie par où elle a péché, car elle est aujourd’hui d’une ignoble laideur, si toutefois elle est quelque chose ! … ses dents et ses cheveux tombent, elle a l’aspect des lépreux, elle se fait horreur à elle-même ; ses mains, épouvantables à voir, sont enflées et couvertes de pustules verdâtres ; les ongles déchaussés restent dans les plaies qu’elle gratte ; enfin toutes les extrémités se détruisent dans la sanie qui les ronge. »
***
Dans L’Action française du 28 décembre 1937, à la page mode, est présenté un mystérieux modèle de blouse Maldoror, taille 42-44. La revue royaliste était par ailleurs habituée à citer Lautréamont, le plus souvent comme contre-modèle et preuve absolue de la dégénérescence de la poésie française.
***
Dans Les Nouvelles littéraires du 8 avril 1933, Léon Kochnitsky, auteur de l’article intitulé « Le Strapontin volant », dédié aux cafés littéraires montévidéens, évoque les frères Guillot-Muñoz, qui possèdent, d’après lui, « la seule image connue d’Isidore Ducasse ». Celle-ci est décrite comme « un daguerréotype froissé, taché, pali. On dirait que le farouche visage se voile, s’efface pour ne pas se livrer. Et pourtant ces sourcils, ces lèvres, je crois les reconnaître. Je ne les oublierai plus jamais. » Il faudra se contenter de cette vague description : le daguerréotype fut confisqué aux frères biographes à l’occasion d’une perquisition, ce qui rend la photographie, loin d’être authentifiée pour autant, encore plus rare et recherchée. L’auteur de l’article poursuit en expliquant que la photo fut détachée d’un album de famille d’une dame âgée, qui vivait 297à Montevideo, et qui était la grand-mère de la femme du maçon qui travaillait dans leur maison. Cette dame avait pour nom de famille Ducasse, elle était d’origine française, et précisa qu’il s’agissait de « la photo d’Isidore, le neveu de son pauvre mari… » On apprend que le jeune homme de la photo était grand, et que « son corps d’enfant poussé trop vite est plus apparent que son visage ».
***
Jean-Paul Goujon signale l’existence d’une revue uruguayenne, Los Huevos del Plata, qui fit paraître en 1968 tout un dossier intitulé « Le Centenaire de Maldoror ». Le lecteur français n’y trouvera cependant aucune révélation, car il s’agit, pour la plus grande partie d’articles traduits du français et signés de Breton, Bachelard, etc.
***
Dans son Éloge des écrivains maudits (2017), Patrick Poivre d’Arvor signe une notice consacrée à Lautréamont, remarquable condensé d’approximations et de bévues.
***
« Je me suis endormi. Or je ne tiens pas à dormir. […] Vivre non plus. Ça ne fait rien. J’ai essayé. Pendant qu’en moi allait et venait le grand fauve du sérieux, rageant, rugissant, me lacérant. » Beckett, lecteur de Lautréamont ? (Suggestion de Siméon Lerouge)
***
En cherchant le Joseph Durand des Poésies, Éric Nicolas a trouvé, dans l’état civil, un Isidore Durand né en 1894, fils d’un Joseph Durand né vers 1862. Curieuse coïncidence !
***
Lorsqu’André Breton, frappé d’un malaise, fut conduit en ambulance de Saint-Cirq-Lapopie à Paris, où il allait décéder peu après, ses tout derniers mots prononcés furent : « Quelles sont les véritables dimensions 298de Lautréamont ? » L’anecdote est rapportée par Radovan Ivsic, qui était avec lui dans l’ambulance. Radovan Ivsic, Rappelez-vous cela, rappelez-vous bien tout, Paris, Gallimard, 2015, p. 96.
***
On sait désormais que Genonceaux était encore en vie, et à Paris, jusqu’en 1942. S’il s’était fait discret, au point que jamais les surréalistes n’ont eu vent de sa présence rue de Jussieu, il envoyait, de temps à autre, des documents inédits à quelques revues. Dans le Comoedia du 23 juin 1923, p. 6, on trouve ainsi des « Pages oubliées » communiquées par l’ancien éditeur. Il s’agit, en l’occurrence du « Plan de mon Opéra », par Florian.
***
Enrique Pichon-Rivière, biographe affabulateur d’Isidore Ducasse en Argentine, écrit dans la Revista de Psicoanalisis no 4 de 1947 qu’une reproduction de la gravure des Guillot-Munoz, bien que moyennement ressemblante, se trouve dans la revue Ciclo no 2, parue à Buenos Aires en 1949 [sic]. Outre la confusion dans les dates, qu’il faudrait tirer au clair, Pichon-Rivière ajoute qu’il s’est rendu à Cordoba et a rencontré « le dernier parent de Lautréamont ». Dans l’album photo de la famille, le portrait d’Isidore était manquant. Il ajoute qu’« il n’y avait non plus aucune référence à Isidore Ducasse dans la correspondance de son père et dans les documents familiaux ». On ignore quels documents exactement le psychanalyste avait consultés, mais c’est Rafael Lozada Llanes, veuf d’Amelia Suarez-Ducasse, qu’il avait interrogé. Celui-ci, héritier tardif du moulin de Cordoba, n’avait pas connu Isidore et ne devait pas savoir grand-chose à son sujet. Dans un article pour La Nacion du 14 avril 1946, Pichon-Rivière affirme par ailleurs sans preuve avoir acquis la certitude que Céleste Davezac s’était suicidée.
***
Le Journal des débats du 8 décembre 1920 propose un article de Jean Dorsenne qui est un plagiat, tardif, de la préface de Genonceaux. Tout y est : Polytechnique, les strophes composées au piano… Le cinquantenaire de la mort d’Isidore Ducasse, et l’action des surréalistes, faisaient de lui un sujet à nouveau digne d’être discuté.
299***
Dans Le Gaulois du 20 avril 1919, p. 2, un article de Félicien Pascal signale que la revue « Littérature, cénacle de jeunes, exhume, et donc paraît le faire sien, un manifeste contre le romantisme d’Isidore Ducasse, où ce poète, en même temps que des vues fort sages, exprime une virulente condamnation du culte de la douleur et du mal, qui est la matière de presque toute la littérature antérieure ». Dans la même revue, le 20 novembre 1920, Legrand-Chabrier donne un bel éloge du poète et de son œuvre, en s’appuyant essentiellement sur l’édition que vient de faire paraître Philippe Soupault. Mais l’article contient une coquille des plus courantes : il est intitulé « Le Comte de Latréaumont ». Pour être complet, on signalera également un article de Raymond Lécuyer dans le supplément littéraire du Gaulois du dimanche du 31 janvier 1925, p. 4.
***
Toujours Le Gaulois, dont les Quarante-cinq rapportent, le 25 février 1924, ce propos de Paul Dermée dans L’Esprit nouveau : « À part les quelques pages de Remy de Gourmont, je ne connais aucune étude de l’œuvre de Lautréamont ». Ils lui répondent en lui signalant quelques articles : l’un d’Aragon dans la revue anglaise Broom en 1923, et ceux, plus connus, de Léon Bloy, d’André Breton, de Jean Paulhan (Jacob Cow le pirate), de Philippe Soupault, de Tristan Tzara et de Valery Larbaud. Or, l’article d’Aragon dans le no 4 de novembre 1923 de Broom, « The Extra », ne contient rien sur Ducasse. On trouve en revanche, dans le no 1 d’août 1922, un « Exordium to Ducasse » signé Will Bray, suivi de la traduction du Chant premier (p. 4 à 13). Quant à l’article de Paul Dermée, il était effectivement paru dans le no 20 de L’Esprit nouveau en 1924.
***
Dans la revue montévidéenne La Cruz del Sur no 8, de novembre 1925, on peut lire un article d’Édouard G. Dubreuil consacré à « L’Origine possible de la formation intellectuelle d’Isidore Ducasse ». L’auteur s’intéresse à la possible relation d’Isidore Ducasse avec le Professeur Gibert, botaniste français né en 1818, mort en 1886 et exilé à Montevideo pour échapper à la police impériale. « On sait que Gibert fréquenta la 300maison de François Ducasse, écrit Dubreuil, et il paraît que le chancelier lui donna de l’argent pour faire, à Tacuarembó, des études de géologie. Il est possible qu’à cette occasion Lautréamont l’ait accompagné, car il fit ce voyage avec quelques uns de ses élèves. D’autre part, Gibert a parlé des entretiens qu’il eut avec un élève tourmenté par le besoin d’aventures et qui devint plus tard un poète. » Nous aurions aimé pouvoir accorder du crédit à ces récits locaux, surtout lorsque nous lûmes, peu de temps avant de nous rendre en Uruguay, la phrase suivante : « Dans la bibliothèque de Gibert, on a trouvé deux exemplaires des Fleurs du Mal dédicacés par I. Ducasse, ce qui fait supposer très fermement que Lautréamont était en rapports directs avec le botaniste et prouve en quelque sorte, qu’il passa son adolescence à Montevideo ». Malheureusement, la bibliothèque de Gibert a été dispersée aux quatre vents, et rien ne permet de corroborer ces dires, qui continuent de nous laisser rêveur. Si l’on a appris à se méfier des mythes uruguayens autour du Comte de Lautréamont, l’histoire est cependant plausible : Ducasse avait demandé à Poulet-Malassis quelques exemplaires des Compléments aux Fleurs du Mal. Il aurait ainsi pu en envoyer à ses amis et mentors.
***
Dans la revue dada Secession, dont le no 1 est paru à Vienne en octobre 1922, on trouve à la dernière page une citation de Ducasse : « Je ne permets à personne, pas même à Elohim, de douter de ma sincérité. » L’auteur donné est Isidore Ducasse, « comte de Lautrémont » [sic].
***
Le catalogue Éditions originales rares, beaux livres illustrés, reliures de maître no 148 de 1964, édité par la librairie Édouard Loewy, donne la description d’un très rare exemplaire de l’édition 1869. La particularité de celui-ci tient dans ces lignes : « Il a sans doute été offert ou cédé par A. Lacroix lui-même. En effet, son nom figurant en petits caractères au verso du faux titre (en tant qu’imprimeur) a été effacé. Cela permet de supposer que Lacroix n’a pu se résoudre à se défaire d’un ex. qu’après avoir pris la précaution de ne pas y laisser subsister son nom. » (p. 49-50, signalé par Jean-Paul Goujon).
301***
Il reste encore beaucoup de recherches à faire sur la réception de Lautréamont à l’étranger. En Hollande, les travaux de Bastiaan David van der Velden, auteur d’un Lautréamont in Nederland (1891-1917), sont disponibles en ligne mais en néerlandais. En Allemagne, une célèbre revue, Die Horen. Monatshefte für Kunst und Dichtung, publiée à Berlin, donna, en 1927, la traduction de la strophe du Vieil Océan par Walther Petry (p. 537-539). Ces quelques pages traduites, méconnues, précèdent donc la première traduction intégrale que l’on doit à Ré Soupault.
***
De Dali, on connaît un exemplaire de l’édition José Corti des Œuvres complètes, avec cette dédicace : « Para Paul, qui est un saint ! »
***
Dans L’Intransigeant du 5 février 1927, p. 2 : « La vie du comte de Lautréamont : cette existence fut assez mystérieuse. Les éditions du Sans-Pareil, qui se proposent de publier une édition complète des œuvres d’Isidore Ducasse, auteur des Chants de Maldoror, seraient reconnaissantes à toute personne qui pourrait leur apporter quelque éclaircissement sur la vie de Ducasse, ainsi que sur ses amis : Georges Dozet [sic], Henri Mue, Pedro Zurmaran, Louis Durcour, Joseph Bleumstein, Joseph Durand, Lespès, Georges Minvielle, Auguste Delmas, Alfred Sircos, Frédéric Damé, ces deux derniers ayant dirigé des revues, sur M. Hinstin, qui fut professeur de rhétorique, et enfin sur M. Jules François Dupuis, hôtelier à Paris, et Antoine Milleret. » Et dans le Comoedia du 7 février 1927, p. 2, une annonce sensiblement similaire. La recherche ducassienne a décidément bien progressé en quatre-vingt-dix ans !
***
Dans Les Célibataires, Henri de Montherlant décrit le vol des oies sauvages : « Mais au fond du ciel clair, au-dessus des immobilités tapies, les oies sauvages passaient toujours, les pattes collées au ventre, soutenues par le vent, parmi les myriades d’insectes des hauteurs, le long de la 302grande roue migratrice, semblable aux routes invisibles qu’il y a sur la mer pour les vaisseaux, ou à celles que suivent les astres. Ces bandes-ci volaient en V, chacune des passagères touchant presque l’autre, sauf trois d’entre elles qui volaient isolées, sans qu’on comprît pourquoi. La force incroyable de leur vol faisait là-haut le bruit de trombe que fait un peloton cycliste sur la piste d’un vélodrome. Quelquefois le V se fragmentait, et les tronçons en continuaient dans le même sens. Puis ils se ressoudaient, attirés les uns vers les autres par une sorte d’attraction magnétique, tandis qu’un autre courant d’attraction entraînait tout le volier vers le sud, comme l’aiguille de la boussole ou la baguette du sourcier. Mais toujours les trois dissidentes volaient à l’écart, singulières et rebelles, pareilles à des pensées profondes. » (Signalé par Siméon Lerouge)
***
Dans la Correspondance André Breton – Benjamin Péret (1920-1959), parue en 2017 chez Gallimard, on peut lire p. 177 une lettre datée du 22 juin 1943 et envoyée de Mexico, dans laquelle Benjamin Péret écrit : « Mabille vient de connaître une personne ici qui a longtemps vécu en Argentine et qui vient d’hériter des papiers de Lautréamont que détenaient ses descendants. Ces papiers sont encore en Argentine. Il semble aux dires de Mabille qu’il n’y aura aucune difficulté à les éditer car l’héritière est une admiratrice de Lautréamont. » S’agissait-il de Ducasse de Cordoba ? Pierre Mabille ne semble pas avoir donné suite, ni André Breton lui-même. Peut-être les papiers de Mabille contiennent-ils des détails supplémentaires qui permettraient d’identifier cette mexicaine ? (Signalé par Jean-Pierre Lassalle).
***
Jean-Paul Goujon nous communique, pour mémoire, cette lettre :
Paris, le 28 novembre 1996
Monsieur,
Votre lettre du 7 novembre 1996 dernier, par laquelle vous sollicitiez des renseignements sur Gustave Hinstin, professeur surnuméraire au lycée Henri IV a retenu toute mon attention.
Les recherches entreprises dans le fond [sic] du lycée Henri IV et tout particulièrement dans le registre des traitements du personnel enseignant 303entre 1890 et 1895 n’ont pas permis de retrouver mention de Gustave Hinstin.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Le conservateur en chef du patrimoine,
Directeur des archives de Paris,
François Gasnault.
***
L’Ahasvérus de Quinet contient plusieurs passages dédiés à l’Océan dont le ton rappelle très fortement l’hymne du Chant premier. On peut lire, entre autres choses : « Dis-nous, vieil Océan » et « Si je me souille, j’ai de quoi laver ma tache ! » Nous rappelons ces analogies car il est très probable que Ducasse ait eu le livre sous les yeux. Elles avaient déjà été étudiées par Jean-Pierre Lassalle dans « Lautréamont, lecteur d’Edgar Quinet », Chemins ouverts (Mélanges Claude Sicard), Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1998, p. 149-155.
***
Dans Mes années Tel Quel, Jean Thibaudeau, ancien membre de la revue de Philippe Sollers, raconte ce souvenir de jeunesse. En 1954, il écrit à André Breton : « Je lui racontais ceci qui venait de m’arriver : je me trouvais, une nuit, avec une amie, rue Colbert. Nous venions de la rue de Richelieu, et nous trouvions, sur le trottoir, côté Bibliothèque nationale, tout près de la rue Vivienne, quand je vois venir, par cette rue Vivienne, un jeune homme du xixe siècle, en habit noir. Il est apparu sur notre droite. Il entre rue Vivienne, mais ne vient pas à notre rencontre. Il traverse de biais, jusqu’au trottoir opposé au nôtre, et là, il se pend, à quelque barre de fer, qui est plantée dans le mur, peut-être à deux mètres au-dessus du sol. Au fur et à mesure j’ai décrit cette hallucination à mon amie. Le lendemain, ou peu de jours après, en fin de journée, je remonte la rue Monge, sur le trottoir de gauche. Je m’arrête chez un marchand de livres d’occasion, ou soldés. J’achète une édition des Chants de Maldoror, illustrée par Magritte, qui traînait, alors, chez tous les bouquinistes. Ensuite, dans ma chambre, place Monge, je me mets à lire Maldoror. » Thibaudeau tombe alors avec stupéfaction sur le 304passage du début du Chant VI. Il conclut : « Breton, sans doute, aura trouvé l’histoire trop belle pour être vraie […]. Dans tous les cas il ne m’aura pas répondu. » (p. 183-184)
***
Le très psychédélique critique rock Lester Bangs, dans « Lecteurs et lectrices en plein sado-maso », évoque les huitième et neuvième cercles de l’enfer, « à propos duquel si vous voulez y aller lisez les Chants de Maldoror du comte de Lautréamont parce que c’est Satan et personne d’autre qui les a écrits et qu’ils prouvent pour l’éternité que Satan n’est absolument pas un punk rocker ». Chronique-logorrhée parfaitement digressive (c’est là tout le génie de Lester Bangs) publiée dans Back Door Man en juillet-août 1977, traduit et réédité par les éditions Souple dans Fêtes sanglantes & mauvais goût. Du même : « Qui est écrivain ? Je ne crois pas à Maldoror. Burroughs a écrit Le Festin nu à près de cinquante ans. Sors ça de ta peau. Tu es jeune. Oui, toi. Tu es mort. Mais tu l’as choisi. » (Psychotic reactions et autres carburateurs flingués, p. 469).
***
« Les Poésies d’Isidore Ducasse, vous ne les connaissez sans doute pas, – nous non plus – mais vous connaissez Les Chants de Maldoror du comte Guy de Lautréamont. » (« La Boîte aux lettres », L’Intransigeant, 3 avril 1914, p. 2).
***
Dans le no 1 de L’Aventure, en novembre 1921, Max Jacob répondit à une enquête sur l’humour : « Quarante ans d’humour ! d’Aurélien Scholl à Cami est-ce qu’on n’en a pas assez de rire ? Amour ! que votre règne arrive dans les œuvres et partout ! Mais cette antiquité de Rimbaud ! ! ! Une question à mon tour. Ne croyez-vous pas, si l’humour quadragénaire n’abdique pas avec les rois, qu’on le doive plus à Charlot qu’à Lautréamont, ce Chateaubriand malade ? »
***
305Dans le catalogue no 4 de mai 2018 de la librairie Girard-Talec En ligne, on peut trouver un exemplaire de Quelques visages de ce temps-ci de Tabarant, paru chez Léon Vanier en 1909, avec un envoi de l’auteur : « à Georges Dazet, bien amicalement ».
***
Dans la correspondance entre François Caradec et Pascal Pia, on peut lire cette réflexion de Pia, datée du 23 janvier 1968 : « Pour Le Tutu, je pense que l’auteur en est Genonceaux, l’éditeur. J’ai pour cela des raisons dont l’exposé demanderait des pages. En tout cas, il y a dans Le Tutu des clins d’œil à Charles de Sivry, grâce à qui Genonceaux avait eu communication de manuscrits de Rimbaud, alors inédits, qu’il a publiés dans son édition du Reliquaire. Tout cela n’exclut évidemment pas que Genonceaux ait eu Paul Masson pour ami et pour conseiller. » (p. 72)
***
Encore une intuition très juste de François Caradec, qui écrivait à Pascal Pia, le 18 mai 1969 : « Mais à ce propos (et hors de propos), il me semble que l’on n’a pas beaucoup cherché du côté de la “garde nationale”. Connaissez-vous une source de ce côté, savez-vous si l’on connaît les modes de recrutement, si l’on a des listes par arrondissement de la Garde nationale ? A-t-on des listes des tués et blessés au cours du Siège ? Naturellement tout cela devrait se trouver aux Archives Nat[ionales], mais peut-être avez-vous songé à cet aspect de la vie de Ducasse, ou si quelqu’un y a songé ? » La piste serait reprise, en 2016, par Daniele Bertacchi pour un article des Cahiers Lautréamont numériques.
https://cahierslautreamont.wordpress.com/2016/03/16/isidore-ducasse-garde-national-mobile-2/
***
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-09812-6
- EAN: 9782406098126
- ISSN: 2607-754X
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-09812-6.p.0287
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 11-05-2019
- Periodicity: Annual
- Language: French
- Keyword: Lautréamont, Isidore Ducasse, Maldoror, glosses and gleanings