Introduction
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers d'études nodiéristes
2020, Hors-série n° 1. Marie Mennessier-Nodier, vers et proses - Pages : 13 à 14
- Revue : Cahiers d'études nodiéristes
INTRODUCTION
Pour mieux approcher, cerner et investir dans sa globalité l’œuvre de Marie Mennessier-Nodier, usons d’une métaphore cosmique. Au sein de l’immense galaxie voguant dans l’infini de l’espace-temps que l’on nomme « Littérature du xixe siècle », il est une zone qui a particulièrement intéressé et mobilisé les scientifiques et vers laquelle ils ont braqué leurs télescopes, c’est la région du « Romantisme ». Ce secteur est peuplé de puissants soleils qui se nomment Lamartine, Hugo, Dumas, Musset, Vigny, qui ont un éclat et un rayonnement tels qu’ils masquent d’autres astres moins puissants, moins prestigieux mais bien réels que l’on regroupe sous le terme de « romantiques mineurs ». C’est dans cette nébuleuse un peu négligée des chercheurs et du public qu’il faut aller à la rencontre de Marie Mennessier-Nodier et de son œuvre qui s’organise comme un système planétaire assez simple.
Au cœur de cette œuvre se trouve en effet une planète centrale, la plus visible, parce qu’elle est la plus importante et la plus connue : il s’agit des mémoires que Marie Mennessier-Nodier a consacrés à son père, Charles Nodier. Épisodes et Souvenirs de sa vie, publiés à Paris, à la librairie Didier, en 1867. C’est tout à la fois un monument et une célébration, un témoignage indispensable pour qui veut connaître Charles Nodier, l’homme et l’écrivain, c’est une œuvre de référence.
Autour de cette planète centrale gravitent deux satellites de moindre importance. Il s’agit de deux œuvres de jeunesse : la première, Mélodies romantiques, signée Mme Jules Mennessier, née Charles Nodier, est publiée à Paris chez Troupenas en 1831, la seconde, La Perce-Neige, anthologie poétique signée Mme Marie Nodier-Mennessier, est publiée à Paris chez Heideloff et Campé en 1836. Ces œuvres, différentes par leur contenu, se rapprochent pourtant par leur conception. Ce sont en effet des œuvres collectives, donc pas des corps monolithiques, mais plutôt des agrégats. Toutes les musiques des Mélodies romantiques ont été composées par Marie Nodier, mais les textes appartiennent à une dizaine de poètes différents : 14Hugo, Amable Tastu, Casimir Delavigne, Marceline Desbordes-Valmore, Fontaney… Chaque mélodie étant illustrée, une demi-douzaine de dessinateurs ont également apporté leur contribution à ce livre d’artistes : Devéria, Régnier, Roqueplan, Tony Johannot…
Le recueil de La Perce-Neige ne reprend pas la pratique à la mode du livre illustré de vignettes, mais rassemble sobrement une cinquantaine de signatures, où se trouvent les fidèles du salon de l’Arsenal qui sont aussi, comme l’indique le sous-titre de l’anthologie, des représentants de la « poésie moderne ». On y lit des poèmes de Boulay-Paty, Émile Deschamps, Guttinguer, Musset, Rességuier, Sainte-Beuve, Mélanie Waldor…
Enfin, à la périphérie de ces trois astres évolue en orbite un premier anneau composé d’astéroïdes de tailles variables : ce sont les contes et les nouvelles, toutes les fictions en prose que Marie Mennessier-Nodier a publiées depuis Laura Murillo (1833) jusqu’à Une grâce d’en haut (1856), soit au total treize récits. Cet ensemble de corps célestes indépendants a été regroupé pour la première fois dans le Cahier d’études nodiéristes no 7, Classiques Garnier, 2019. Avaient été joints également à cette édition quelques fragments romanesques jusque-là inconnus.
Le présent numéro des Cahiers d’études nodiéristes va plus loin et poursuit ce travail d’exploration et de recensement aux frontières du système, au sein d’un second anneau censé renfermer les derniers écrits connus de Marie Mennessier-Nodier. Qu’y trouve-t-on ? On y découvre des textes déjà connus pour certains, mais surtout un assez grand nombre d’inédits. L’ensemble a été regroupé sous le titre de Vers et Proses. Les éléments déjà connus sont des poèmes qui furent publiés dans des journaux ou des recueils divers, mais sans jamais avoir été regroupés en œuvre constituée. Nous en restituons une présentation chronologique en fonction des dates disponibles sur les manuscrits ou dans les éditions. La part des inédits, elle, est relativement importante. Nous y trouvons une courte pièce de théâtre, l’unique pièce de Marie Mennessier-Nodier, semblerait-il. Il s’agit plus exactement d’un proverbe, qui est d’inspiration tout à fait mussetienne. Les autres manuscrits concernent des souvenirs liés aux soirées de l’Arsenal et à leurs hôtes. On y lit aussi quelques pages polémiques sur M. Thiers et sur les débuts de la Troisième République.
Au-delà, il n’y a plus rien… plus rien qui appartienne à Marie Mennessier-Nodier… à moins d’autres découvertes au bout de nos lorgnettes.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-10575-6
- EAN : 9782406105756
- ISSN : 2556-2371
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10575-6.p.0013
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 15/06/2020
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français