Présentation
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers d'études nodiéristes
2020, Hors-série n° 1. Marie Mennessier-Nodier, vers et proses - Pages : 17 à 23
- Revue : Cahiers d'études nodiéristes
PRÉSENTATION
On trouve trace des débuts poétiques de Marie Nodier dans la correspondance de son père, d’abord dans une lettre adressée à Charles Weiss et datée du 7 décembre 1830, ensuite dans une lettre à Alphonse de Lamartine, en date du 3 décembre 1831. Dans la première, Charles Nodier écrit : « Ma fille s’est trouvé un nouveau talent dont je ne me doutois guère. Elle fait des vers dont je n’ose juger, mais qu’on m’a fait lire pendant quelques jours pour des pièces inédites d’André Chénier, et qui m’ont paru admirables. » Dans la seconde, Nodier écrit à Lamartine : « Une muse que vous retrouverez à l’Arsenal quand vous y reviendrez, c’est une petite fille dont vous avez daigné aimer l’enfance et sur le front de laquelle vous avez probablement laissé tomber en l’embrassant quelque souffle inspirateur. Je ne saurois m’expliquer autrement comment ce talent lui est venu, car l’idée de faire entrer dans son esprit le goût dangereux de la poésie n’avoit jamais passé dans le mien. Cependant elle est poète, elle l’est décidément, ou je me trompe comme un bon homme de père, et cela ne seroit pas étonnant. C’est vous qui en jugerez ; mais vous me pardonnerez en attendant cette effusion de tendresse et d’orgueil. » En plaçant les débuts poétiques de sa fille sous l’égide d’André Chénier et de Lamartine, Nodier lui réserve les plus belles promesses de réussite. Les lectures de Chénier, de Lamartine et de beaucoup d’autres poètes ont sans doute contribué à son éveil poétique, mais l’exemple paternel n’est pas à négliger. Si la notoriété de Nodier ne repose pas sur ses poèmes, il a tout de même publié quelques vers de jeunesse comme les Essais d’un jeune barde en 1804 et des Poésies diverses en 1827. De plus, quand on fréquente dans les soirées de l’Arsenal Hugo, Vigny, Musset, Guttinguer, Fontaney, Arvers, Anaïs Ségalas, Saint-Valry, Paul Foucher, comment échapper à la tentation de versifier soi-même ? N’oublions pas non plus que Marie mettait en musique les vers de ses amis : Jules de Rességuier, Sainte-Beuve, Émile Deschamps, Marceline Desbordes-Valmore, Amable Tastu (Cf. Mélodies romantiques, 1831). Cette collaboration lui donnait donc 18une proximité, une familiarité, une véritable complicité avec la poésie de la jeune école romantique. Hugo, dans un poème daté de décembre 1830 « À Madame Marie M. » (Les Feuilles d’automne), ne manque pas de rendre hommage à son double talent de musicienne et de poète :
Deux vierges, Poésie et Musique, deux sœurs,
Vous font une pensée infinie en douceurs,
Votre génie a deux aurores,
Et votre esprit tantôt s’épanche en vers touchants,
Tantôt sur le clavier, qui frémit sous vos chants,
S’éparpille en notes sonores !
L’œuvre poétique de Marie Mennessier-Nodier est peu abondante et n’est pas le fait d’une écriture intensive ni régulière. Ce sont souvent des vers de circonstance offerts à des amis ou à la famille, écrits sans réel souci de publication. Cet ensemble qui couvre une cinquantaine d’années se partage en trois périodes : les premiers vers de jeunesse (1830-1835), ceux de la maturité (1836-1869), enfin, les derniers vers dont la plupart sont écrits au début des années 1870.
Des premiers poèmes de jeunesse qui nous sont parvenus, il ne reste qu’une vingtaine de pièces à peine. La forme brève y est privilégiée, les sonnets représentent un tiers de l’ensemble et les poésies les plus longues excèdent rarement cinquante vers. En dehors de quelques publications dans des revues ou des journaux, la grande majorité est restée jusque-là inédite. Ce sont en effet des poèmes adressés à des proches sous forme d’hommages ou des conseils qui ont avant tout un caractère privé : les destinataires sont des membres de la famille (« À mon père », « À Hippolyte »), des amies (Mélanie Gaume ou Émeline Marandon de Montyel) ou des poètes amis (Vigny ou Fontaney). La Muse de Marie, à ses débuts, reste parcimonieuse et ne recherche pas de publicité tapageuse.
La période suivante (1836-1869) s’ouvre tout d’abord sur un geste poétique fort : la publication de La Perce-Neige (1836), un recueil collectif dont Marie est le maître d’œuvre et qui a pour sous-titre « Choix de morceaux de poésie moderne ». Même si Marie n’y publie qu’un seul poème « Pour endormir ma fille », même si dans sa préface elle se présente modestement comme « le brin de paille qui noue la gerbe », « Madame Marie Nodier-Mennessier » y fait œuvre de poésie et la critique n’a pas manqué de saluer l’importance et la qualité de son travail. 19Cette deuxième période, pour laquelle nous avons pu rassembler une trentaine de poèmes, confirme les tendances de la première : le dialogue avec les proches ou avec les poètes (Amable Tastu, Musset, Deschamps) se poursuit et la publication n’est toujours pas un objectif prioritaire, puisque la moitié de ces textes demeure inédite. Quand ils sont publiés, les poèmes sont dispersés dans des journaux et revues tant à Paris qu’en province. On note toutefois que l’écriture de Marie gagne en ampleur et en puissance et fournit quelques longs poèmes : des poèmes narratifs, « Une légende aragonaise » ou « À Monsieur de B*** », un poème de déploration et de consolation, « À son Altesse Royale Madame la duchesse d’Orléans » ou un poème d’éloge et de célébration adressé à Molière et à son œuvre, « Le Monument de Molière ».
Marie Mennessier-Nodier retrouve un nouveau souffle poétique au moment des bouleversements politiques de 1870 : la guerre franco-prussienne, la chute de l’Empire, les débuts de la IIIe République. Son inspiration renouvelée prend un tour combatif et polémique pour plaindre les malheurs de la France, pleurer la fin de Napoléon et fustiger les nouveaux maîtres du pays, ambitieux et profiteurs. On songe à la déclaration de Victor Hugo dans son poème des Feuilles d’automne, « Amis, un dernier mot ! » :
Oh ! la muse se doit aux peuples sans défense !
J’oublie alors l’amour, la famille, l’enfance,
Et les molles chansons, et le loisir serein,
Et j’ajoute à ma lyre une corde d’airain !
Marie Mennessier-Nodier fait donc retentir sa « corde d’airain » en rédigeant onze textes partisans et violents, qui sont par ailleurs accompagnés dans le fonds d’archives familiales de textes en prose dans le même registre. On conçoit que ces textes hostiles à Thiers et à sa politique n’aient pas été publiés en leur temps. Mais dans les derniers vers de Marie, on trouve aussi d’autres textes où s’exprime une voix plus apaisée qui chante les charmes de quelques paysages ou accompagne les joies et les peines de sa famille proche.
Pour la quasi-totalité de ces poésies, il existe des versions manuscrites : des autographes ou des copies et bien souvent les deux. Ces manuscrits, dans les archives Mennessier-Nodier, se répartissent en sept sous-ensembles assez disparates.
201. Un cahier cousu de format A4 intitulé : Poësies de Mme Marie Mennessier et renfermant dix poèmes autographes :
« À Madame Adolphe Gaume. Vous êtes, mon amie… »
« À mon père »
« Bénédiction »
« À Hippolyte »
« À Mlle »
« À Clémentine S… »
« Solitude »
« À Mme Adolphe Gaume. Ô vous avez raison… »
« Sur une vignette anglaise »
« À une jeune fille ».
Nous désignerons ce manuscrit sous le nom de « Cahier Poësies ».
2. Un cahier cousu allongé (19 cm x 33 cm), sans couverture et contenant quinze poèmes allographes :
« Sonnet. À Mademoiselle Mélanie G. »
« Sonnet. C’était un soir d’hiver… »
Oh ! comme avec regret…
Sous cette forme ancienne…
« À Madame Adolphe G. Vous êtes, mon amie… »
« À mon père »
« Sonnet. Ô mon Dieu ! tant souffrir… »
« Sonnet. Près de rendre mon âme… »
« À mes petits neveux »
« À une jeune fille »
« Sonnet. À M. Alfred de Musset »
« Sonnet. Au même »
« Sur la mort d’une jeune fille »
Quand ces petits enfants
« Solitude »
Trois poèmes autographes, sur des feuillets libres, sont joints à ce Cahier :
« À son Altesse Royale Madame la duchesse d’Orléans »
« À mes petits neveux »
Près de rendre mon âme…
21Nous appellerons l’ensemble de ce manuscrit le « Cahier long ».
3. Un cahier cousu ayant pour titre : Pamphlet politique de Marie Nodier, 1872-1873, suivi de différents poèmes. Le pamphlet proprement dit est constitué de onze poèmes politiques. Seuls « Maison rustique » et La ville est radieuse… échappent à cette classification. Les poèmes se présentent dans l’ordre suivant :
Lorsque Monsieur Prudhomme…
« À une Auguste absente »
« Ave, César »
Il avait entendu dire…
Bon appétit Messieurs !
« Lux perpetua luceat ei »
Sur ce trône trop haut…
Allons ! venez-y tous…
Elle aimait l’Empereur…
« Maison rustique »
Paris a nommé Barodet…
« Le testament de César »
La ville est radieuse…
Nous nommerons ce manuscrit le « Cahier Pamphlet ».
4. Un cahier cousu de format A5 ayant pour titre, en page de couverture : Thècle. Les dix-huit poèmes qu’il contient sont déjà présents dans les cahiers précédents :
« À une Auguste absente »
« Ave, César »
Laissez venir à moi…
« Sur une valse de Chopin »
Allons ! venez-y tous…
« Lux perpetua luceat ei »
« Thiers-État »
« Thècle »
« Marie »
« Louis »
Paris a nommé Barodet…
22« Maison rustique »
Voilà que nous touchons…
Bon appétit, Messieurs !
« Le testament de César »
Sur ce trône trop haut…
C’est un fouillis charmant…
La ville est radieuse…
Ce cahier portera le nom de « Cahier Thècle ».
5. Un ensemble de sept feuillets de format A4, simplement pliés en deux. C’est une copie allographe de poèmes déjà rassemblés dans les divers cahiers :
« À une Auguste absente »
« Ave, César »
Quand il fait très chaud…
Elle aimait l’Empereur…
Les trois dernières strophes de Bon appétit Messieurs !
« Lux perpetua luceat ei »
« Per amica silentia lunæ »
6. Vingt-six poèmes ont été recopiés à la fin d’un volume de prose manuscrit qui recueille les deux nouvelles de Marie Mennessier-Nodier : Le Marquis de Chavannes et Laura Murillo. Ils sont regroupés aux pages 231 à 271 sous le titre de Poésica.
« Fragmenta. Oh ! comme avec regret… »
« Berceuse pour mes petits neveux, à la mémoire de leur bonne mère »
« Pour endormir ma fille »
« À Mme Adolphe de G… »
« À mon père »
« À une jeune fille »
« Solitude » (Stances)
« À Mlle Jenny B… de S… »
« À M. Fontaney »
« Vieille Chanson » (poèmes d’Alexandre Dumas mis en musique par Marie)
23« Sur la mort d’une jeune fille »
« Sonnet. Décembre 1835. Près de rendre son âme… »
Ô mon Dieu, tant souffrir…
« Sonnet. C’était un soir d’hiver… »
« Sonnet à A. de M… »
« Sonnet au même »
« Aux enfants d’une veuve »
« À M. de B*** »
« Une légende aragonaise »
« À M. le baron Taylor »
Ses jours dataient d’hier…
Voilà que nous touchons…
La lune me disait…
Il était une fois…
Seigneur, vous le voyez…
C’est un fouillis charmant…
Ce ensemble de poèmes sera nommé Poésica.
7. Enfin, un certain nombre de poèmes manuscrits ne se rattachent à aucun ensemble constitué et se présentent de manière éparse.
Tous les poèmes ne sont pas datés, mais nous avons choisi, autant que faire se pouvait, un classement chronologique, en prenant appui sur les dates des manuscrits quand elles sont mentionnées ou à défaut sur les dates de publication.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-10575-6
- EAN : 9782406105756
- ISSN : 2556-2371
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10575-6.p.0017
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 15/06/2020
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français