Hommage à Philippe Boesmans
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Bulletin de la Société Paul Claudel
2022 – 2, n° 237. Claudel et l'Italie - Auteur : Lécroart (Pascal)
- Pages : 127 à 128
- Revue : Bulletin de la Société Paul Claudel
HOMMAGE
À PHILIPPE BOESMANS
Le compositeur belge Philippe Boesmans, né en 1936, nous a quittés le 10 avril dernier. Avec Reigen (1993) d’après Schnitzler, Wintermärchen (1899) d’après Shakespeare, Julie (2005) d’après Strindberg, Yvonne, princesse de Bourgogne (2009) d’après Gombrowicz ou encore Pinocchio (2017) réalisé avec Joël Pommerat, il a su redonner toute sa place à la création lyrique contemporaine, ses opéras étant représentés et repris sur des scènes désormais mondialisées. Pour les claudéliens, son nom restera lié à une création d’importance secondaire mais particulièrement attachante, réalisée avec la collaboration de Fabrizio Cassol1 : la partition conçue pour la pièce la plus intrinsèquement musicale de Claudel, L’Annonce faite à Marie, mise en scène par Matthew Jocelyn. Créé le 8 novembre 2001 au théâtre municipal de Colmar, le spectacle a ensuite tourné pendant trois mois dans différentes villes de France, passant notamment par le théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet : la pièce rendait ainsi hommage à la mise en scène de ce dernier de presque soixante ans antérieure. Tous ceux qui ont vu la réalisation de Matthew Jocelyn se souviennent de l’enchantement produit par la beauté plastique et sonore de l’ensemble2. Laissons le dernier mot au compositeur qui, dans un entretien, déclarait à propos de cette réalisation :
J’ai été frappé à la lecture par la fraîcheur de la pièce de Claudel. Ce fut ma première collaboration avec Matthew Jocelyn. Il a beaucoup insisté pour que j’écrive la musique de ce spectacle. Comme je manquais de temps, nous l’avons écrite à deux, avec Fabrizio Cassol. Il souhaitait que les interprètes soient présents sur la scène : c’étaient cinq chanteurs des « Jeunes Voix du Rhin ». Ils étaient en costume de scène, assis autour d’une table comme des madrigalistes et chantaient a cappella. Nous avons essayé d’introduire dans 128la musique toutes les demandes de fonds sonores qui émanent du texte de la pièce : l’« Angelus », les cloches. La musique n’a pas d’autres ambitions que d’intégrer le rythme du spectacle mais elle veut en tout cas échapper au lieu commun de la musique de scène3.
Pascal Lécroart
1 Saxophoniste de formation, Fabrizio Cassol, né en 1964, a collaboré avec des musiciens de tous horizons et compose régulièrement pour le spectacle vivant.
2 Voir l’entretien d’Alain Beretta avec Matthew Jocelyn, BSPC, no 168, 1er trimestre 2002, p. 46-51.
3 Entretien cité in Christian Renard et Robert Wangermée (éd.), Philippe Boesmans : entretiens et témoignages, Sprimont, Mardaga, 2005, p. 89. À ces cinq chanteurs s’ajoutait un cor joué en coulisses.