Saveur du savoir Invitations à la Gourmandise

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Invitations à la Gourmandise

L’auteur des Essais sur poutres1, l’éditeur infiniment soigneux du chapitre « Des Prières2 », le connaisseur sans rival de la main de Montaigne3, le contributeur fidèle au formidable outil qu’est le site Monloe4, est un infatigable explorateur de la tour de Montaigne et un arpenteur des Essais devenus pour lui un « texte promenoir5 ». Les hommages rassemblés ici montrent toute la générosité de celui qui ne garde pas pour lui seul le plaisir de ses escapades. Il a tellement mis au jour d’éléments nouveaux pour les lecteurs et lectrices de Montaigne qu’il n’est pas si incongru de l’envisager comme un autre auteur des Essais, hypothèse soutenue de façon provocatrice et convaincante par Thomas Mollier et Bernard Sève. En tout cas, il est certain qu’Alain Legros nous a appris à lire les Essais, comme l’affirme Laurent Gerbier qui montre à quel point il fut un enseignant enthousiasmant tant pour les élèves de collège que pour les universitaires. À savourer les lignes aussi érudites que spirituelles d’Alain Legros ou encore à lire le témoignage enjoué et reconnaissant de l’historienne Anne-Marie Cocula6, on arrive à considérer sans peine qu’Alain Legros a largement fait sien l’art de conférer de Montaigne. Et beaucoup d’entre nous ont pu vérifier que pour parler de Montaigne avec Alain Legros, « il n’est que de siffler en paume » pour qu’il fournisse aussitôt des lectures « en chair et en os » des Essais.

Paroles d’élèves reconnaissant·e·s, de collègues et d’ami·e·s tout à la fois, les textes rassemblés ici nous enjoignent à ne cesser de lire Montaigne en compagnie d’Alain Legros. Les premiers hommages et témoignages montrent qu’Alain Legros est tout à la fois un incontestable et incontournable savant pour les montaignistes (Thomas Mollier et Bernard Sève), un enseignant au grand cœur (Laurent Gerbier) et un excellent collègue et ami (Anne-Marie Cocula). La deuxième partie propose de cheminer sur les pas d’Alain Legros. Elle est composée de promenades dans ses œuvres (François Roussel propose un parcours gourmand dans Fricassée ; Blandine Perona relit les livres et articles qui analysent le désir de retrait de Montaigne) et d’explorations qui prolongent les siennes : analyse du sens d’épékhô dans les Essais (Dominique Brancher) ; lecture du chapitre « Des prières » (Thierry Gontier) ; recherches sur les bibliothèques de Montaigne et Rabelais (Olivier Pédeflous ; Romain Menini). Le dernier temps de ce numéro très particulier du Bulletin offre à Alain Legros la suite de conversations commencées lors d’un séminaire (Joan LLuis Linas) ou l’invite à de nouvelles enquêtes ou interrogations (Jean Balsamo, Violaine Giacomotto-Charra, Philippe Desan, Marie-Luce Demonet).

Il ne me reste à présent qu’à me faire l’écho de l’invitation écrite au seuil d’un de ses livres : « Promenez-vous avec Alain Legros et apprenez avec lui, si vous ne le savez déjà, que “savoir”, “sagesse” et “saveur” ont la même origine7 ».

Blandine Perona