Établissement du texte
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Œuvres complètes. Tome V. Œuvres politiques et pédagogiques : Vœux d’un solitaire et textes périphériques
- Pages : 375 à 379
- Collection : Bibliothèque du xviiie siècle, n° 59
Établissement du texte
Comme dans le cas des Vœux d’un solitaire, et puisqu’il s’agit également d’un texte d’intervention dans l’actualité politique, on a choisi de retenir le texte dans sa version initiale (de 1792). Cela dit, on sait que la Suite des Vœux fut publiée d’abord, non pas comme une brochure indépendante, mais comme partie intégrante d’une nouvelle édition (la quatrième) des Études de la Nature1 : SUITE DES VŒUX D’UN SOLITAIRE, pour servir de complément au cinquième volume des Études de la Nature.
Le problème est alors de choisir, pour texte de base, entre plusieurs versions disponibles dès 1792, qui correspondent à une diversification de l’offre éditoriale d’époque, suivant les œuvres de Bernardin que les lecteurs possédaient déjà ou non :
–soit la version la plus restreinte possible, pour les lecteurs qui auraient déjà, à la fois, les Études de la Nature (si possible dans la version de 1788, avec Paul et Virginie et l’Arcadie -livre premier), les Vœux d’un solitaire (1789) et la Chaumière indienne (parue en édition séparée début 1791) ; une version, donc, ne comprenant que les seules nouveautés subséquentes : la Suite des Vœux et le Café de Surate (qui fait corps, initialement, avec la Suite des vœux)2 :
SUITE/ DES VŒUX/ D’UN SOLITAIRE, / Pour servir de complément au cinquième / volume des Études de la Nature, / PAR JACQUES-BERNARDIN-HENRI / DE SAINT-PIERRE./ …… 376Miseris succurrere disco. / VIRG., Æneid. Lib. I. / À PARIS, / DE L’IMPRIMERIE DE DIDOT JEUNE./ Chez P. Fr. DIDOT le jeune, quai des Augustins, no 22 / NÉE DE LA ROCHELLE, rue du Hurepoix, no 13 / DE SENNE, au Palais-Royal, arcades no 1. Et 2./ 1792, 132 p. [pagination de p. 6 à p. 132], in-123.
–soit, à l’inverse, un volume rassemblant toutes les publications postérieures à la 3e édition des Études de la Nature (1788) : les Vœux d’un solitaire (1789), la Chaumière indienne (1791), la Suite des Vœux avec LeCafé de Surate (1792) :
ÉTUDES / DE / LA NATURE, / par JACQUES-BERNARDIN-HENRI/ DE SAINT-PIERRE. / …Miseris succurrere disco, Æneid. lib. 1. / TOME CINQUIÈME, / Contenant LES VŒUX D’UN SOLITAIRE/ Avec un Suplément [sic], et la CHAUMIÈRE/ INDIENNE./ Prix de ce vol. broché, 3 liv. 10 s. / À PARIS, / DE L’IMPRIMERIE DE DIDOT JEUNE / À Paris, de l’Imprimerie de Didot jeune / Chez P.F. DIDOT le jeune, quai des Augustins, no 22. / NÉE DE LA ROCHELLE, rue du Hurepoix, no 13. / DESENNE, au Palais-royal, arcades nos. 1 et 2. 1792, xxi-332-xlvii-60 p., in-124.
–soit une version intermédiaire, pour les lecteurs possédant déjà et les Études de la Nature (3e édition, 1788, de préférence), et les Vœux d’un solitaire : c’est-à-dire un volume 5, deuxième partie5, de la 4e édition des Études de la Nature, puisqu’on commence directement à la p. 249, avec la Suite des Vœux d’un solitaire – venant ainsi compléter la première partie (virtuelle) de ce tome 5, soit, implicitement, l’édition initiale des Vœux d’un solitaire (de 1789, 377–in-12, dont on se souvient qu’elle comptait xxxiv-248 p.), en y ajoutant par ailleurs le Café de Surate, et la Chaumière indienne. D’où son sous-titre de « complément au cinquième volume des Études de la Nature » :
SUITE / DES VŒUX/ D’UN SOLITAIRE, Pour servir de complément au cinquième / volume des Études de la Nature ; / AVEC/ LA CHAUMIÈRE INDIENNE. / PAR JACQUES-BERNARDIN-HENRI / DE SAINT-PIERRE. / …… Miseris succurrere disco. Æneid. Lib. I. / Prix broché, 40 sous À PARIS, / DE L’IMPRIMERIE DE DIDOT JEUNE, 1792, p. 251 à 411-LVI-72 p., in-126.
C’est cette dernière version7 que l’on a retenue ici. D’une part, elle correspond à ce qui avait été annoncé par Bernardin dans l’« Avis sur cette quatrième édition » (des Études de la Nature), en tête du tome Ier de ladite édition (1791) :
Cette quatrième édition des Études de la Nature ne diffère presque en rien de la précédente, à l’exception d’un cinquième volume que j’y ai ajouté, lequel est composé, d’une part, des Vœux d’un Solitaire, qui est paru en 1789 ; de l’autre, de la Chaumière Indienne précédée d’un nouveau préambule qui renfermera quelques observations que je crois utiles à notre Constitution et à l’éducation nationale8. Cette deuxième partie est actuellement sous presse, et il en sera 378tiré un certain nombre d’exemplaires pour les personnes qui ont acquis les Vœux d’un Solitaire en particulier.
D’autre part, cette version correspond aussi à la première annonce de la parution de la Suite des Vœux, telle qu’elle a été repérée par O. Jaffré-Cook, dans la Gazette universelle (rubrique « Livres nouveaux »), no du 1er janvier 1792 :
Suite des Vœux d’un Solitaire, et la Chaumière indienne, format in-12, pour servir de complément au 5e volume des Études de la Nature ; prix 2 liv. broché. À Paris, chez MM. Didot jeune, imprimeur, quai des Augustins ; Née-Delarochelle, libraire, rue du Horpoix [sic], no 13 ; Desenne, libraire, au Palais-Royal9.
Pour autant, de même que pour les Vœux d’un solitaire, et en l’identique absence apparente de manuscrits subsistants, on a aussi consulté, bien sûr :
–l’édition de 1804, la dernière édition revue par l’auteur de son vivant, au tome V de la cinquième édition des Études de la Nature (« Nouvelle édition, revue et corrigée », Paris, de l’Imprimerie de Crapelet, chez Deterville, an XII-1804, 418 p., in-8o), aux p. 203-307 (où la Suite des Vœux est encore suivie du Café de Surate, p. 308-318) ;
–la première édition posthume des Œuvres complètes deJacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre (en 12 volumes), par L. Aimé-Martin, au tome XI, Paris, Méquignon-Marvis, 1818, 508 p., in-8o, p. 217-323, sans le texte du Café de Surate (inclus dans le tome VI), le paragraphe (final) de transition ayant, corollairement, disparu ;
–et l’édition de 1830-1831 des OC (12 vol. in-8o)10 : Œuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, augmentées de divers morceaux inédits[…] par L. Aimé-Martin, au tome onzième, Paris, 379–Lequien fils, libraire, J. Pinard, Imprimeur-libraire, 1831, 443 p., in-8o, p. 169-258.
Comme dans le cas des Vœux d’un solitaire, les variantes de ces éditions ne concernant pour l’essentiel que de très nombreuses modifications de la ponctuation, on n’a retenu que celles de nature à infléchir quelques interprétations de détail11.
Suivant les principes de cette édition on a conservé la ponctuation d’origine, mais l’orthographe a été modernisée12. Par ailleurs, comme pour les Vœux, on a indiqué entre crochets la pagination d’origine de l’exemplaire utilisé.
1 4e édition, en 5 vol. in-12o : bien que la page de titre du tome 1er (Paris, de l’Imprimerie de Monsieur, 1791) porte l’indication « 4 vol. », l’« Avis sur cette quatrième édition », placé en tête, annonce « un cinquième volume que j’y ai ajouté », 5e volume qui paraît dans les premiers jours de 1792, « à Paris, de l’Imprimerie de Didot jeune ».
2 Ultérieurement, LeCafé de Surate sera séparé de la Suite des Vœux, pour figurer dans un volume l’associant à La Chaumière indienne et au Voyage en Silésie (Paris, P. Didot l’aîné, 1807), et l’édition L. Aimé-Martin des OC de 1818 entérinera cette dissociation. Voir la présentation du Café de Surate par Chantale Meure, dans la partie « Contes indiens et aventures philosophiques » du t. I des OC de Bernardin de Saint-Pierre, éd. J.-M. Racault, Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 884 sq.
3 Exemplaire de la Biblioteca de Catalunya (Barcelone), disponible en ligne sur « Google-Livres ».
4 Exemplaire disponible en ligne sur « IRIS (Bibliothèque numérique en histoire des sciences – Lille 1) / Lilliad (Université de Lille) ». La Suite des Vœux est aux p. 205 à 320, Le Café de Surate aux p. 321 à 332. Le tome cinquième se trouve aussi dans la version suivante : Vœux d’un solitaire ; Suite des vœux d’un solitaire ; Le Café de Surate ; La Chaumière indienne, à Paris, de l’Imprimerie de Didot jeune, Chez P. F. Didot le jeune […], Née de la Rochelle […], De Senne […], 1792, [4]-xxxiv-[2]-411-[1 bl.]-lvi-72 [2] p., in-12o (Bibliothèque de l’ENS Ulm, cote LF Pol 36 (5) 12o).
5 Le système des « signatures » le signale explicitement dans l’exemplaire retenu, puisqu’on y trouve la mention « Tome V. Part II », en italiques, p. 273 devant la lettre N ; p. 321 devant P ; p. 345, devant Q ; p. 393, devant S, etc. – exceptions pour les lettres O (p. 321), R (p. 369), notées seules.
6 BNF, cote RES P-Z-1981(2) ; disponible en ligne sur « Gallica ». La pagination « 249 » y est rajoutée au crayon sur la page de faux-titre ; après une page verso vierge, la première page du texte proprement dit de la Suite des Vœux, non paginée, est marquée « 251 », toujours au crayon ; puis vient une page paginée « 522 » (en imprimé), avec rétablissement de « 252 » au crayon ; puis le reste de la pagination imprimée prend la suite, jusqu’à la p. 396. Le Café de Surate est aux p. 397 à 411.
7 La page de titre y est précédée du faux-titre : « SUITE / DES VŒUX / D’UN SOLITAIRE, / ET / LA CHAUMIÈRE / INDIENNE », et de l’« AVIS » suivant : « On a mis le nom de l’auteur en lettres transparentes dans chaque feuillet de ces exemplaires, ainsi que dans les titres des trois premiers volumes de la quatrième édition des Études de la Nature, afin de faire distinguer au premier coup d’œil l’édition originale des contrefaçons ; et pour les prévenir, on a tiré un certain nombre des présents exemplaires sur du papier commun, afin de pouvoir les donner à 1 liv. 4 sous le volume. »
8 Cette annonce recouvre un projet qui sera modifié : en fait, les « observations » « utiles à notre Constitution » feront la matière de la Suite des Vœux, et non du nouveau « Préambule » de la Chaumière indienne, ajouté à l’« Avant-propos » du conte et à ses « notes ». Ledit « Préambule », en effet, sera consacré à des considérations morales et religieuses ; après être revenu sur la réception critique réservée au texte, à sa parution, en 1791, Bernardin s’y défendra d’avoir voulu attaquer les prêtres catholiques sous l’apparence des « brames », et revendiquera d’avoir fait agir le Paria « comme un disciple de Jésus » – dans la mesure où « l’évangile n’est que l’expression des lois sublimes de la nature ». Théorisant ensuite, contre les théologiens, « l’innocence naturelle de l’homme », et contre les « écoles dites de philosophie », tenantes d’un déterminisme matérialiste, la liberté morale de chaque individu, le nouveau « Préambule » prônera, in fine, une éducation délivrée de la « superstition ».
9 Cité par O. Jaffré-Cook, Bernardin de Saint-Pierre après Paul et Virginie : une étude des journaux et de la correspondance sur ses publications au début de la Révolution (1789-1792), Thèse soutenue à l’Université d’Exeter, 2009, p. 80. Une livre valant vingt sous, les « 2 liv. » de l’annonce équivalent bien aux « 40 sous » de la page de titre.
10 Celle qui « paraît la plus sûre », « parmi les multiples déclinaisons des œuvres complètes » (OC, éd. J.-M. Racault, Classiques Garnier, 2014, t. I, p. 483, et à retenir « pour le rôle qu’elle a joué dans la constitution du “canon bernardinien” », id., p. 485.
11 Ces modifications ne se font pas selon une logique clairement perceptible, sauf dans le t. XI de 1831, qui présente – comme dans le cas des Vœux – une tendance sensible à l’atténuation : points transformés en points-virgules, points-virgules en virgules, suppressions de virgules. Seule une variante de 1818 est d’une importance notable : voir infra, p. 387-388, notes « g » et « h ».
12 On a cependant conservé les discordances de graphies dans un nombre limité de cas : pour « assemblée » comme désignant de « l’assemblée nationale », ou de l’« assemblée constituante » (24 occurrences avec un « a » minuscule, 17 avec un « A » majuscule) ; « nation » (23 occurrences avec la minuscule à l’initiale, 3 avec la majuscule) ; « colonies » : (11 occurrences avec la minuscule, 2 avec la majuscule) ; « nature » : (24 occurrences avec la minuscule, 2 avec la majuscule, le titre Études de la Nature à part, toujours avec la majuscule à l’initiale) ; « patrie » (14 occurrences avec la minuscule à l’initiale, 1 avec la majuscule). En revanche, on a modernisé dans le cas des oppositions signifiantes « Église »/ « église », « État »/ « état », et on a rétabli la majuscule à « Inquisition », pour désigner l’institution. Enfin, comme pour le texte des Vœux, on a mis les titres d’œuvres en italiques, et des guillemets à toutes les phrases au discours direct.
- Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
- ISBN : 978-2-406-14098-6
- EAN : 9782406140986
- ISSN : 2258-3556
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14098-6.p.0375
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 18/01/2023
- Langue : Français