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Classiques Garnier

Établissement du texte

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Établissement du texte

Comme dans le cas des Vœux dun solitaire, et puisquil sagit également dun texte dintervention dans lactualité politique, on a choisi de retenir le texte dans sa version initiale (de 1792). Cela dit, on sait que la Suite des Vœux fut publiée dabord, non pas comme une brochure indépendante, mais comme partie intégrante dune nouvelle édition (la quatrième) des Études de la Nature1 : SUITE DES VŒUX DUN SOLITAIRE, pour servir de complément au cinquième volume des Études de la Nature.

Le problème est alors de choisir, pour texte de base, entre plusieurs versions disponibles dès 1792, qui correspondent à une diversification de loffre éditoriale dépoque, suivant les œuvres de Bernardin que les lecteurs possédaient déjà ou non :

soit la version la plus restreinte possible, pour les lecteurs qui auraient déjà, à la fois, les Études de la Nature (si possible dans la version de 1788, avec Paul et Virginie et lArcadie -livre premier), les Vœux dun solitaire (1789) et la Chaumière indienne (parue en édition séparée début 1791) ; une version, donc, ne comprenant que les seules nouveautés subséquentes : la Suite des Vœux et le Café de Surate (qui fait corps, initialement, avec la Suite des vœux)2 :

SUITE/ DES VŒUX/ DUN SOLITAIRE, / Pour servir de complément au cinquième / volume des Études de la Nature, / PAR JACQUES-BERNARDIN-HENRI / DE SAINT-PIERRE./ …… 376Miseris succurrere disco. / VIRG., Æneid. Lib. I. / À PARIS, / DE LIMPRIMERIE DE DIDOT JEUNE./ Chez P. Fr. DIDOT le jeune, quai des Augustins, no 22 / NÉE DE LA ROCHELLE, rue du Hurepoix, no 13 / DE SENNE, au Palais-Royal, arcades no 1. Et 2./ 1792, 132 p. [pagination de p. 6 à p. 132], in-123.

soit, à linverse, un volume rassemblant toutes les publications postérieures à la 3e édition des Études de la Nature (1788) : les Vœux dun solitaire (1789), la Chaumière indienne (1791), la Suite des Vœux avec LeCafé de Surate (1792) :

ÉTUDES / DE / LA NATURE, / par JACQUES-BERNARDIN-HENRI/ DE SAINT-PIERRE. / …Miseris succurrere disco, Æneid. lib. 1. / TOME CINQUIÈME, / Contenant LES VŒUX DUN SOLITAIRE/ Avec un Suplément [sic], et la CHAUMIÈRE/ INDIENNE./ Prix de ce vol. broché, 3 liv. 10 s. / À PARIS, / DE LIMPRIMERIE DE DIDOT JEUNE / À Paris, de lImprimerie de Didot jeune / Chez P.F. DIDOT le jeune, quai des Augustins, no 22. / NÉE DE LA ROCHELLE, rue du Hurepoix, no 13. / DESENNE, au Palais-royal, arcades nos. 1 et 2. 1792, xxi-332-xlvii-60 p., in-124.

soit une version intermédiaire, pour les lecteurs possédant déjà et les Études de la Nature (3e édition, 1788, de préférence), et les Vœux dun solitaire : cest-à-dire un volume 5, deuxième partie5, de la 4e édition des Études de la Nature, puisquon commence directement à la p. 249, avec la Suite des Vœux dun solitaire – venant ainsi compléter la première partie (virtuelle) de ce tome 5, soit, implicitement, lédition initiale des Vœux dun solitaire (de 1789, 377in-12, dont on se souvient quelle comptait xxxiv-248 p.), en y ajoutant par ailleurs le Café de Surate, et la Chaumière indienne. Doù son sous-titre de « complément au cinquième volume des Études de la Nature » :

SUITE / DES VŒUX/ DUN SOLITAIRE, Pour servir de complément au cinquième / volume des Études de la Nature ; / AVEC/ LA CHAUMIÈRE INDIENNE. / PAR JACQUES-BERNARDIN-HENRI / DE SAINT-PIERRE. / …… Miseris succurrere disco. Æneid. Lib. I. / Prix broché, 40 sous À PARIS, / DE LIMPRIMERIE DE DIDOT JEUNE, 1792, p. 251 à 411-LVI-72 p., in-126.

Cest cette dernière version7 que lon a retenue ici. Dune part, elle correspond à ce qui avait été annoncé par Bernardin dans l« Avis sur cette quatrième édition » (des Études de la Nature), en tête du tome Ier de ladite édition (1791) :

Cette quatrième édition des Études de la Nature ne diffère presque en rien de la précédente, à lexception dun cinquième volume que jy ai ajouté, lequel est composé, dune part, des Vœux dun Solitaire, qui est paru en 1789 ; de lautre, de la Chaumière Indienne précédée dun nouveau préambule qui renfermera quelques observations que je crois utiles à notre Constitution et à léducation nationale8. Cette deuxième partie est actuellement sous presse, et il en sera 378tiré un certain nombre dexemplaires pour les personnes qui ont acquis les Vœux dun Solitaire en particulier.

Dautre part, cette version correspond aussi à la première annonce de la parution de la Suite des Vœux, telle quelle a été repérée par O. Jaffré-Cook, dans la Gazette universelle (rubrique « Livres nouveaux »), no du 1er janvier 1792 :

Suite des Vœux dun Solitaire, et la Chaumière indienne, format in-12, pour servir de complément au 5e volume des Études de la Nature ; prix 2 liv. broché. À Paris, chez MM. Didot jeune, imprimeur, quai des Augustins ; Née-Delarochelle, libraire, rue du Horpoix [sic], no 13 ; Desenne, libraire, au Palais-Royal9.

Pour autant, de même que pour les Vœux dun solitaire, et en lidentique absence apparente de manuscrits subsistants, on a aussi consulté, bien sûr :

lédition de 1804, la dernière édition revue par lauteur de son vivant, au tome V de la cinquième édition des Études de la Nature (« Nouvelle édition, revue et corrigée », Paris, de lImprimerie de Crapelet, chez Deterville, an XII-1804, 418 p., in-8o), aux p. 203-307 (où la Suite des Vœux est encore suivie du Café de Surate, p. 308-318) ;

la première édition posthume des Œuvres complètes deJacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre (en 12 volumes), par L. Aimé-Martin, au tome XI, Paris, Méquignon-Marvis, 1818, 508 p., in-8o, p. 217-323, sans le texte du Café de Surate (inclus dans le tome VI), le paragraphe (final) de transition ayant, corollairement, disparu ;

et lédition de 1830-1831 des OC (12 vol. in-8o)10 : Œuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, augmentées de divers morceaux inédits[] par L. Aimé-Martin, au tome onzième, Paris, 379Lequien fils, libraire, J. Pinard, Imprimeur-libraire, 1831, 443 p., in-8o, p. 169-258.

Comme dans le cas des Vœux dun solitaire, les variantes de ces éditions ne concernant pour lessentiel que de très nombreuses modifications de la ponctuation, on na retenu que celles de nature à infléchir quelques interprétations de détail11.

Suivant les principes de cette édition on a conservé la ponctuation dorigine, mais lorthographe a été modernisée12. Par ailleurs, comme pour les Vœux, on a indiqué entre crochets la pagination dorigine de lexemplaire utilisé.

1 4e édition, en 5 vol. in-12o : bien que la page de titre du tome 1er (Paris, de lImprimerie de Monsieur, 1791) porte lindication « 4 vol. », l« Avis sur cette quatrième édition », placé en tête, annonce « un cinquième volume que jy ai ajouté », 5e volume qui paraît dans les premiers jours de 1792, « à Paris, de lImprimerie de Didot jeune ».

2 Ultérieurement, LeCafé de Surate sera séparé de la Suite des Vœux, pour figurer dans un volume lassociant à La Chaumière indienne et au Voyage en Silésie (Paris, P. Didot laîné, 1807), et lédition L. Aimé-Martin des OC de 1818 entérinera cette dissociation. Voir la présentation du Café de Surate par Chantale Meure, dans la partie « Contes indiens et aventures philosophiques » du t. I des OC de Bernardin de Saint-Pierre, éd. J.-M. Racault, Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 884 sq.

3 Exemplaire de la Biblioteca de Catalunya (Barcelone), disponible en ligne sur « Google-Livres ».

4 Exemplaire disponible en ligne sur « IRIS (Bibliothèque numérique en histoire des sciences – Lille 1) / Lilliad (Université de Lille) ». La Suite des Vœux est aux p. 205 à 320, Le Café de Surate aux p. 321 à 332. Le tome cinquième se trouve aussi dans la version suivante : Vœux dun solitaire ; Suite des vœux dun solitaire ; Le Café de Surate ; La Chaumière indienne, à Paris, de lImprimerie de Didot jeune, Chez P. F. Didot le jeune [], Née de la Rochelle [], De Senne [], 1792, [4]-xxxiv-[2]-411-[1 bl.]-lvi-72 [2] p., in-12o (Bibliothèque de lENS Ulm, cote LF Pol 36 (5) 12o).

5 Le système des « signatures » le signale explicitement dans lexemplaire retenu, puisquon y trouve la mention « Tome V. Part II », en italiques, p. 273 devant la lettre N ; p. 321 devant P ; p. 345, devant Q ; p. 393, devant S, etc. – exceptions pour les lettres O (p. 321), R (p. 369), notées seules.

6 BNF, cote RES P-Z-1981(2) ; disponible en ligne sur « Gallica ». La pagination « 249 » y est rajoutée au crayon sur la page de faux-titre ; après une page verso vierge, la première page du texte proprement dit de la Suite des Vœux, non paginée, est marquée « 251 », toujours au crayon ; puis vient une page paginée « 522 » (en imprimé), avec rétablissement de « 252 » au crayon ; puis le reste de la pagination imprimée prend la suite, jusquà la p. 396. Le Café de Surate est aux p. 397 à 411.

7 La page de titre y est précédée du faux-titre : « SUITE / DES VŒUX / DUN SOLITAIRE, / ET / LA CHAUMIÈRE / INDIENNE », et de l« AVIS » suivant : « On a mis le nom de lauteur en lettres transparentes dans chaque feuillet de ces exemplaires, ainsi que dans les titres des trois premiers volumes de la quatrième édition des Études de la Nature, afin de faire distinguer au premier coup dœil lédition originale des contrefaçons ; et pour les prévenir, on a tiré un certain nombre des présents exemplaires sur du papier commun, afin de pouvoir les donner à 1 liv. 4 sous le volume. »

8 Cette annonce recouvre un projet qui sera modifié : en fait, les « observations » « utiles à notre Constitution » feront la matière de la Suite des Vœux, et non du nouveau « Préambule » de la Chaumière indienne, ajouté à l« Avant-propos » du conte et à ses « notes ». Ledit « Préambule », en effet, sera consacré à des considérations morales et religieuses ; après être revenu sur la réception critique réservée au texte, à sa parution, en 1791, Bernardin sy défendra davoir voulu attaquer les prêtres catholiques sous lapparence des « brames », et revendiquera davoir fait agir le Paria « comme un disciple de Jésus » – dans la mesure où « lévangile nest que lexpression des lois sublimes de la nature ». Théorisant ensuite, contre les théologiens, « linnocence naturelle de lhomme », et contre les « écoles dites de philosophie », tenantes dun déterminisme matérialiste, la liberté morale de chaque individu, le nouveau « Préambule » prônera, in fine, une éducation délivrée de la « superstition ».

9 Cité par O. Jaffré-Cook, Bernardin de Saint-Pierre après Paul et Virginie : une étude des journaux et de la correspondance sur ses publications au début de la Révolution (1789-1792), Thèse soutenue à lUniversité dExeter, 2009, p. 80. Une livre valant vingt sous, les « 2 liv. » de lannonce équivalent bien aux « 40 sous » de la page de titre.

10 Celle qui « paraît la plus sûre », « parmi les multiples déclinaisons des œuvres complètes » (OC, éd. J.-M. Racault, Classiques Garnier, 2014, t. I, p. 483, et à retenir « pour le rôle quelle a joué dans la constitution du “canon bernardinien” », id., p. 485.

11 Ces modifications ne se font pas selon une logique clairement perceptible, sauf dans le t. XI de 1831, qui présente – comme dans le cas des Vœux – une tendance sensible à latténuation : points transformés en points-virgules, points-virgules en virgules, suppressions de virgules. Seule une variante de 1818 est dune importance notable : voir infra, p. 387-388, notes « g » et « h ».

12 On a cependant conservé les discordances de graphies dans un nombre limité de cas : pour « assemblée » comme désignant de « lassemblée nationale », ou de l« assemblée constituante » (24 occurrences avec un « a » minuscule, 17 avec un « A » majuscule) ; « nation » (23 occurrences avec la minuscule à linitiale, 3 avec la majuscule) ; « colonies » : (11 occurrences avec la minuscule, 2 avec la majuscule) ; « nature » : (24 occurrences avec la minuscule, 2 avec la majuscule, le titre Études de la Nature à part, toujours avec la majuscule à linitiale) ; « patrie » (14 occurrences avec la minuscule à linitiale, 1 avec la majuscule). En revanche, on a modernisé dans le cas des oppositions signifiantes « Église »/ « église », « État »/ « état », et on a rétabli la majuscule à « Inquisition », pour désigner linstitution. Enfin, comme pour le texte des Vœux, on a mis les titres dœuvres en italiques, et des guillemets à toutes les phrases au discours direct.