Protocole éditorial
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Œuvres. Tome IX. Le Printemps
- Pages : 177 à 180
- Collection : Textes de la Renaissance, n° 248
Protocole éditorial
Selon les principes qui régissent les Œuvres d’Agrippa d’Aubigné publiées chez Classiques Garnier, il s’est agi pour nous, sans appliquer un protocole qui serait exactement le même pour chacun de volumes concernés, de demeurer le plus fidèle possible à l’état du texte de référence, ce qui n’est pas sans poser un certain nombre de difficultés, comme souvent avec Aubigné. Les deux cent trente-cinq poèmes publiés ici proviennent en effet pour l’essentiel de sources manuscrites (les volumes T153, T157 et T159 des archives Tronchin et l’album de poésies de Marguerite de Valois) et seuls six d’entre eux sont publiés à partir d’une source imprimée. Les principaux copistes sont des secrétaires professionnels intervenant pour les premiers d’entre eux entre 1602 et 1605 à Maillezais (T159) et ensuite vers 1623-1624 à Genève (T157). D’autres mains, dont celle d’Aubigné lui-même, sont par ailleurs intervenues ponctuellement, sur une période de près de trente ans, sans même tenir compte des copies manuscrites plus anciennes encore qui ont pu servir de modèles. Autant dire que les normes (graphie, orthographe, ponctuation, usage des majuscules, etc.) varient fortement au sein du corpus de référence. Il est par ailleurs très difficile de savoir qui est le garant de l’état du texte, au sens où l’entendrait un esprit contemporain. Si le secrétaire de T157 travaille par exemple à partir de la première version manuscrite de l’Hécatombe de T159, relue et corrigée par Aubigné, cela ne l’empêche pas d’ajouter ou de supprimer des virgules ou des majuscules, de changer les graphies, sans qu’on puisse directement imputer ces choix à Aubigné lui-même. Quant au principal secrétaire de T159, il se fonde pour sa part en grande partie sur des manuscrits beaucoup plus anciens, qu’il recopie fidèlement (avant qu’Aubigné intervienne). Ces manuscrits (aujourd’hui disparus), ne sont sûrement pas autographes, car beaucoup de poèmes semblent avoir été dictés au(x) copiste(s), comme en témoignent un certain nombre de graphies phonétiques, voire de confusions homonymiques. Or ni le principal secrétaire de T159, ni Aubigné lui-même par la suite, ne 178corrigent systématiquement ces incorrections parfois flagrantes, même si la tolérance orthographique qui continue de régner nous empêche souvent distinguer une erreur d’une idiosyncrasie propre au copiste, ou bien d’une variante en usage. D’où la très grande prudence dont nous avons fait preuve au cours de l’établissement du texte. Et si Aubigné s’est par ailleurs livré à des corrections très importantes au cours de ses relectures, celles-ci concernent très rarement l’orthographe, et pour ainsi dire jamais les graphies, la ponctuation (très souvent absente), le choix des majuscules (aléatoire), etc. Le texte que nous reproduisons, à quelques opérations de modernisation près listées ci-dessous, n’est donc pas toujours révélateur des choix de l’auteur, mais plutôt d’un état de langue et d’usages qui sont très largement ceux de secrétaires (pour les manuscrits) intervenant sur plusieurs décennies et/ou, dans une moindre mesure, d’ouvriers typographes eux-mêmes actifs à la charnière des xvie et xviie siècles (pour les quelques imprimés de référence). Cette disparité linguistique, que les modernisations ne suppriment pas, est constitutive d’un recueil dont Aubigné demeure le maître d’œuvre, mais qui est passé entre plusieurs mains sur une très longue période.
Modernisations
1. Réalisation de l’esperluette et du tilde.
2. Rétablissement des cédilles.
3. Dissimilation des u/v, i/j, a/à, la/là, ou/où, des/dès, apres/après.
4. Rétablissement des apostrophes utiles (l’a, d’une, l’or, c’est, etc.) et suppression des apostrophes inutiles (n’y pour ny, qu’elle pour quelle, etc.).
5. désambiguïsations de certains homophones (ces/ses, leurs/leur).
6. Accentuation.
–On a conservé les accents (très peu nombreux) figurant dans les manuscrits de référence.
–On a ajouté, en suivant l’usage moderne, des accents pour dissimiler certains mots (voir supra). On les a aussi ajoutés sur les participes passés masculins (passé, passés) et féminin (passée, passées) singuliers ou pluriels, ainsi que les impératifs quand le copiste utilise un -s plutôt qu’un -z qu’on n’a pas rétabli (passés !). On a également accentué les « ô » (majuscule et minuscule) des apostrophes.
1797. Certaines lettres sont très difficiles à distinguer dans les manuscrits, notamment, en finale de mot, en particulier le -s et le -z et, à l’intervocalique, les groupes -ff ou -sf. Le choix de la transcription est donc parfois conjectural. Il est également difficile de savoir si le secrétaire a séparé ou non certains termes (bon heur ou bonheur, pour quoy ou pourquoy, dequoy ou de quoy, lors que ou lorsque, madame ou ma dame, etc.). Les tirets sont eux aussi parfois conjecturaux, surtout dans des constructions comme « est-il », où il est difficile de distinguer la barre du -t et le tiret. Dans tous ces cas, nous avons cherché, dans la mesure du possible, à rester fidèle au choix du copiste et si nous avons opéré quelques corrections afin d’éviter des contresens, nous n’avons pas chercher à uniformiser.
8. L’usage des majuscules et des minuscules a été harmonisé à partir des normes contemporaines : d’une part, parce que la distinction est parfois impossible à faire dans les manuscrits entre minuscule et majuscule, et d’autre part parce que le recours aux majuscules, quand il est incontestable, n’est pas régularisé et ne possède donc pas une signification sûre, en dehors des noms propres. On a donc choisi de conserver (ou bien d’ajouter le cas échéant) la majuscule à tous les noms propres (Orion, Diane, Océan, Tauroscythie, etc.). « Amour » ne prend ou ne conserve la majuscule que lorsqu’il s’agit de la divinité. De la même façon, nous avons conservé ou ajouté la majuscule aux rares personnifications (Fortune, Inconstance) dont le statut rhétorique nous a semblé sans ambiguïté. En dépit d’une préférence marquée des copistes pour la majuscule de certains termes (Ciel, Cieux, Dieu, Déesse, etc.), on a préféré ne pas faire d’exception, surtout dans un recueil d’inspiration profane (d’où l’exception quand il s’agit du Dieu judéo-chrétien). On a en revanche conservé l’usage des majuscules pour certains adjectifs de localisation (Achérontide, Affricain, etc.).
9. Certains usages orthographiques, parfois difficilement dissociables de licences poétiques, par ailleurs signalées, n’ont pas été corrigés pour ne pas fausser le mètre (comme les deuxièmes personnes du singulier sans -s ou « même » souvent écrit avec un -s final).
10. Nous avons conservé toutes les lettres quiescentes (faict, sainct, traict, parfaict, etc.), la graphie latinisante du son /s/ intervocalique (malitieux, vitieux), les consonnes intervocaliques redoublées 180(parolle, souhaitte, etc.) sauf pour certains noms propres (Dianne). Certaines corrections ont été effectuées quand il s’agissait d’éviter au lecteur des confusions sémantiques et/ou phonétiques jugées dommageables à la lecture (rigeur pour rigueur, ceur pour cueur, oieil pour œil, milleure pour meilleure, A ! pour Ah !, etc.), ou pour corriger certaines variantes graphiques (serveau, sest, adnimer, etc.).
11. Dans certains cas, nous avons généralisé des corrections orthographiques apportées par Aubigné lui-même ponctuellement (tuhe/tue).
12. Dans de très rares cas, des mots oubliés ont été restitués. Ils sont alors ajoutés entre crochets droits.
13. Les variantes orthographiques repérées d’un manuscrit à l’autre (T157, T159, M) ou dans les imprimés ne sont pas relevées, sauf lorsqu’elles entraînent une modification de sens.
- Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
- ISBN : 978-2-406-14242-3
- EAN : 9782406142423
- ISSN : 2105-2360
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14242-3.p.0177
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 25/10/2023
- Langue : Français