Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Animal et animalité. Stratégies de représentation dans les littératures d’expression française
- Pages : 321 à 325
- Collection : Rencontres, n° 541
Résumés
Sara Buekens et Julien Defraeye, « Introduction. Comme chien et chat : la littérature, entre l’humain et l’animal »
L’introduction retrace l’histoire des disciplines académiques qui accordent une place (toujours plus importante) à la représentation littéraire de l’animal. Des renvois ponctuels à des exemples contemporains et plus anciens permettent d’explorer les différents rôles et formes que l’animal adopte dans la production littéraire d’expression française et d’explorer les enjeux éthiques et esthétiques liés à la mise en récit de la réalité zoo-logique.
Anne-Sophie Donnarieix, « “Tout ce qu’on voudra mais pas homme”. Discrédits humanistes et zoopoét(h)iques romanesques »
À la fin d’un siècle encore hanté par ses stigmates post-génocidaires, la présence de l’animal sur la scène littéraire contemporaine se singularise par une réflexion critique sur les devenirs de l’être humain et du discours humaniste. Cet article revient sur la zoopoétique à l’œuvre dans les univers fictionnels de Sylvie Germain, Marie Darrieussecq, Antoine Volodine et Éric Chevillard, en examinant tour à tour les enjeux poétiques et politiques auxquels ils répondent.
Sara Buekens, « Des éléphants humanistes. Le pouvoir de l’imagination dans Les Racines du ciel de Romain Gary »
Dans Les Racines du ciel (1956) de Romain Gary, les animaux sont à la fois des entités symboliques, des organismes réels en voie d’extinction et des indices du pouvoir de l’imagination. Le présent article analysera comment les animaux s’inscrivent dans le projet romanesque de Gary, qui prend souvent une dimension ouvertement métalittéraire et qui se révèle également un projet éthique, la fiction étant pour cet auteur la voie par excellence pour fonder un nouvel humanisme.
322Marie Vigy, « “Trois itinéraires de liesse et de libération”. Remèdes à la perte de l’Éden dans les récits de Pierre Bergounioux »
S’enracinant dans le dualisme cartésien, l’œuvre de Pierre Bergounioux est marquée par une anthropologie pessimiste qui scinde le vécu entre un âge d’or édénique, situé dans l’enfance, et son après. C’est ainsi par l’inscription de la chute adamique au cœur de l’expérience individuelle que l’auteur sonde la rupture entre l’humain et l’animal ; cet article explore les méthodes par lesquelles il remédie à la nostalgie d’une présence immédiate au monde grâce au côtoiement des vies animales.
Ninon Chavoz, Alice Desquilbet et Xavier Garnier, « Une piqûre contre l’exotisme. La présence des moustiques dans la littérature africaine »
Les moustiques dans les textes littéraires africains sont rarement des marqueurs d’exotisme. Ces insectes piqueurs caractéristiques des milieux tropicaux et équatoriaux de la planète ne se contentent pas d’y représenter ces zones chaudes et humides : ils en incarnent la piqûre. Avec eux, l’environnement colle à la peau, devient invasif et dangereux pour les plus démunis. En nous plongeant dans la concrétude des milieux de vie, les moustiques ouvrent aux enjeux de justice environnementale.
Éric Le Calvez, « Salammbô : genèse des éléphants. Entre victoires et supplices »
Dans Salammbô, c’est lors de la bataille du Macar et dans le défilé de la Hache que les éléphants passent au premier plan. Un dernier tableau les montre vaincus : « [L]es grosses bêtes, effrayées, coururent se précipiter dans le golfe, où elles se tuaient les unes les autres[.] » (Flaubert, 2013a, p. 820) Il s’agit d’étudier la genèse de l’animal, sans oublier les intertextes qui ont aidé Flaubert à le reconstruire.
Ninon Vessier, « Un barbare en Asie (1933) d’Henri Michaux au zoo. Une pensée du détour et de la traversée animale »
Dans Un barbare en Asie, qui retrace le voyage d’Henri Michaux en 1931, la forme animale traverse le texte et va même jusqu’à surgir dans les corps humains. On décèle chez Michaux, amateur des jardins et zoos, une tentation de la fixation des espaces d’exposition. Pourtant, moins à la réduction du 323vivant, c’est à son mouvement que tend Michaux, faisant ainsi de l’animal un détour qui offre une possibilité d’échappée à un soi en fuite et à une altérité dont l’essence reste inatteignable.
Riccardo Barontini, « De quelques usages littéraires récents de l’éthologie. Christine Van Acker, Tristan Garcia et Claudie Hunzinger »
Cet article explore un corpus francophone récent (Christine Van Acker, Tristan Garcia et Claudie Hunzinger) en enquêtant sur la manière dont ces auteurs utilisent l’éthologie pour favoriser un décentrement de la perspective anthropocentrique. L’article analyse trois motifs fondamentaux : la déconstruction de la prétendue exceptionnalité de l’homme, l’exploration des possibilités et des limites du langage dans l’expression de la subjectivité non humaine, le désir d’identification avec l’animal.
Julien Defraeye, « “À cheval entre deux mondes”. Le sujet écologique ou la bête des Laurentides »
Cet article se penche sur le sujet écologique du récit environnemental. À l’aune d’une prise de conscience du destin commun entre espèces humaine et non humaines face à la crise environnementale, cet actant narratif force une redéfinition du bios, dont témoignent le roman québécois, à l’instar de Sept lacs plus au nord (1993) et Champagne (2008). Malgré l’inertie de notre rapport passé à l’animal, ce nouveau héros témoigne d’un élargissement de la sphère du vivant dans nos systèmes de pensée.
Nathan Germain, « Taqawan. Remonter à la source et renouveler la relation entre humains et animaux »
Le roman Taqawan d’Éric Plamondon formule une réflexion profonde sur les relations entre humains et animaux non humains. Tout comme le saumon, l’auteur crée une vision circulaire du temps, où l’histoire, le présent, et l’avenir se rejoignent. Cette étude s’intéressera aux stratégies littéraires analeptiques et fragmentaires et à une focalisation narrative variable qui permettent à Plamondon de montrer que le passé continue d’habiter le présent et de proposer un monde plus respectueux du vivant.
324Hannah Cornelus, « “C’est tout un pan de réalité qui s’affaisse”. L’interconnectivité et la disparition des espèces dans Sans l’orang-outan (2007) d’Éric Chevillard »
Prenant appui sur le concept écologique de l’interconnectivité, qui pense le monde comme un réseau dense d’interdépendances, le présent article analyse comment Éric Chevillard remet en cause la logique anthropocentriste nuisible dans Sans l’orang-outan (2007). Avec son ironie caractéristique et sa virtuosité linguistique, Chevillard s’intéresse à la disparition des espèces et son impact désastreux, tout en évoquant un monde romanesque qui matérialise le contexte alarmant de l’Anthropocène.
Jasmine Martin-Marcotte, « Regard et empathie. Analyse zoopoétique de quelques nouvelles du recueil Zoo (2006) de Marie Darrieussecq »
L’étude suivante analysera les nouvelles « Connaissance des singes », « My mother told me monsters do not exist » et « La Randonneuse » de Marie Darrieussecq. L’article se penche d’abord sur la façon dont le regard des narratrices humaines surmonte l’incompréhension d’un corps animal aux allures fantastiques. Il s’agira ensuite de voir comment le motif de l’empathie éclaire trois aspects des relations humains-animaux : l’oppression, la cohabitation et la continuité entre les espèces.
Scott Powers, « L’écoféminisme d’Audrée Wilhelmy. Le “devenir-animal” de la femme dans Le Corps des bêtes (2017) »
En empruntant aux théories en études animales et en écoféminisme une lecture attentive au rôle des animaux dans le développement des personnages féminins du Corps des bêtes d’Audrée Wilhelmy, cette analyse s’attache à mettre en lumière une réflexion approfondie sur l’agentivité des femmes. Cet essai analyse plusieurs stratégies narratives qui, en s’ouvrant sur le monde animal, envisagent d’autres mobiles et destins pour les personnages féminins en dehors des contraintes du système patriarcal.
325Alain Romestaing, « Représentations du carnisme dans la littérature française contemporaine »
L’élevage et l’abattage industriels sont remis en question dans de nombreux récits contemporains qui en viennent à s’interroger sur l’alimentation carnée, approfondissant la distance prise aujourd’hui vis-à-vis de la viande. À l’encontre d’un travail séculaire de neutralisation, ils la relient avec force aux animaux vivants et surtout mourants. Mais la remise en cause du carnisme n’implique pas forcément le triomphe du végétarisme.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-12865-6
- EAN : 9782406128656
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12865-6.p.0321
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 23/03/2022
- Langue : Français