Mes souvenirs au monde
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Alkemie Revue semestrielle de littérature et philosophie
2023 – 2, n° 32. L’animal - Auteur : Marguerite (Bruno)
- Pages : 353 à 355
- Revue : Alkemie
MES SOUVENIRS AU MONDE
Mon chat prend le soleil à témoin
Devant la fenêtre il se tient droit
Assis son dos fait une courbe de chat
Il suit les mouvements de la rue
De mon bureau je lui fais un regard de chat
Il penche délicatement la tête en avant
Cligne deux fois ses yeux ensommeillés
De tendres vagues d’ombres s’installent
Nos silences sont comme des âmes
Émerveillées d’être seules ensemble
Mon chat ronronne blotti contre ce monde
Assis sur l’horizon j’écris nos sourires de chat
Car c’est un chat qui comprend ma bouche
Quand elle remue des mots compliqués
J’écoute nos chants mystérieux qui roulent
Quand ma plume reprend son chemin délicat
*
Et c’est toi qui es passée devant moi légère
J’ai rêvé que ta jupe s’était soulevée dans l’escalier
Tu sautais sur les marches et volais dans les coins
Il me semblait aussi que le vent chantait entre nos jambes
La lumière se brisait dans nos yeux en doux éclats
La pluie glissait sur ta peau pleine d’autres soleils endormis
Et la sueur que nous avions attrapée insidieusement
Entre nos membres désarticulés s’insinuait
354Je guettais alors ta culotte comme un enfant devant une glace
Tu as soulevé ta jupe dans un grand élan de bonheur avoué
Tu m’as dit Tes yeux Tes yeux Donne-les-moi
Nous étions arrivés à la porte de l’appartement
Ton corps plaqué contre le bois comme contre un arbre
Ta main retenait à peine ta jupe et ta culotte est descendue
Comme on descend un fleuve agité la bouche ouverte aux parfums
Dans ta main tu la tenais puis tu l’as jetée et je l’ai attrapée au vol
Je l’ai gardée contre moi tandis que la clef hésitait à s’introduire
Tu as couru sur le parquet lisse comme une feuille vers son arbre
Je t’ai suivie tu as pris mon doigt pour le glisser entre tes lèvres
La nuit commence à peine
*
Et puis vint la lune inondée
Et les pas de chaussons colorés
Le ciel étirait des Cendrillons bleus
L’heure semblait foncer sur nos poitrines.
On fonçait sur les dalles, libérés,
Tel des oiseaux désaltérés.
On prenait des tours de danses
Comme de vouloir vivre au loin.
Dans la maison de poupée
De nouveau nous glissions
Aller-retours rêvés de sourires
Bonbons acidulés dans nos yeux
La musique faufilait ses ailes
En miroirs surprises et
Gorgés d’eau de mer en falaise
Tu descendais l’escalier majestueuse
*
355la fenêtre est ouverte au vent
j’écris à la nuit pour tenter de vivre
un nuage gris pénètre la feuille noircie
je me dis d’oublier celle-ci
de laisser s’enfuir toute chose écrite
et de ne jamais me retourner
je me vois las de ma quête
faux idéal d’un produit relégué
quel est le vrai bonheur
le verbe ou l’amour infini
je veux parfois à ce monde être étranger
*
Quelques coquelicots aux vents mélangés
Bruinent la terre d’un parfum léger
Sauvage et eau d’un matinal soleil
Fragile route d’un extrême sommeil
Ah Blancheurs matinales et fées de rires rouges
Femmes tiges dans les champs qui bougent
O chants dorés aux troubles impressionnistes
Soufflez ce voyage vers le ciel de Myste
Et si tu regardes en secret la lune
Dépose un baiser sur le bord de ta plume
Bruno Marguerite
- Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
- ISBN : 978-2-406-16439-5
- EAN : 9782406164395
- ISSN : 2286-136X
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-16439-5.p.0353
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 31/01/2024
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français
- Mots-clés : histoires, amour, chat, nature, couleurs