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Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Actualités huysmansiennes. Mélanges en hommage à Jean-Marie Seillan
- Pages: 445 to 450
- Collection: Encounters, n° 588
- Series: Nineteenth century studies, n° 62
RÉSUMÉS
Alice De Georges, « Introduction »
Les Actualités husmansiennes établissent un premier bilan des apports de l’œuvre critique de Jean-Marie Seillan sur l’œuvre de Joris-Karl Huysmans ainsi que de ses travaux d’édition. Cet ouvrage collectif en prolonge les avancées par des réseaux d’analyses montrant clairement que les disparates du style comme des positions de Huysmans suivent un cheminement logique. Il surplombe et assemble son œuvre comme sa vie, s’adonnant notamment à un usage des media avant-gardistes.
Daniel Grojnowski, « Huysmans, Baudelaire,la “modernité” et le “moderne” »
Après L’Art moderne de Théophile Gautier et « le peintre de la vie moderne », de Baudelaire, J-K Huysmans suivrales traces de Zola dans L’Art moderne (1883), en exaltant des représentations « vraies » de la vie ordinaire. En retrait sur les intuitions de Baudelaire, cette conception pérennise le critère de parfaite mimesis. Pour sortir de l’ornière vériste, Huysmans devra privilégier la vérité du langage aux dépens des tableaux représentant « la réalité telle qu’elle est ».
Odile Gannier, « Huysmans et le voyage à rebours »
Huysmans semble l’écrivain le plus casanier qui soit. Il souligne jusqu’à la provocation les désagréments et les réalités sordides du dérangement (Sac au dos, « Le sleeping-car », « Le buffet des gares »…). Le but du voyage mérite rarement le déplacement, même l’art dans les musées. Les livres ou l’imagination permettent de compenser avantageusement l’expérience. Huysmans démonte le mécanisme des voyages enrichissants : le simulacre de voyage s’avère donc largement suffisant dans À Rebours.
446Marc Smeets, « Une flânerie instructive dans un quartier authentique. J.-K. Huysmans et le Saint-Séverin »
Le Quartier Saint-Séverin s’inspire de la flânerie littéraire « instructive ». L’instruction passe par deux manières. D’une part, en combinant la méthode d’enquête et de documentation naturaliste, Huysmans présente un portrait historico-artistique à travers les curiosités et les lieux de mémoire de son quartier préféré. D’autre part, l’instruction se veut également plus personnelle et intime. Mais elle réside surtout dans la manière dont Huysmans reconstruit l’authenticité du quartier.
Pierre Glaudes, « Le “chant du nihilisme” dans En ménage »
En s’attaquant au mariage, En ménage constitue un âpre réquisitoire. On y perçoit un épuisement moral, dont le corollaire est une mélancolie tout en grisaille, mais aussi une sourde rage de tout détruire, par dégoût de la société marchande et du bourbier démocratique. Dans le duo formé par André et Cyprien, montre cet article, chacun incarne plus nettement que l’autre une des deux faces de ce nihilisme qui conjoint une philosophie du désespoir à une radicalité politique.
Samuel Lair, « Huysmans, de la rive droite »
Il semble que les lecteurs de la droite traditionnelle aient vu en Huysmans une sorte de faire-valoir de Bloy. Connue pourtant des grands lecteurs réactionnaires, de Drumont à Houellebecq en passant par l’Action française, l’œuvre a fait l’objet d’approches diverses ; tantôt elles privilégient le politique, en négligeant le religieux, tantôt la valeur proprement littéraire en désamorçant toute forme de sincérité du catholique ; rares sont les efforts de prise en compte de la conversion.
Jérôme Solal, « Politique et religion. Huysmans et la substitution mystique »
Héritée de Joseph de Maistre et de l’abbé Boullan, la notion de substitution mystique apparaît dès Là-haut et nourrit l’imaginaire politico-religieux de Huysmans en renouvelant l’idée qu’il se fait d’un espace de souveraineté : avec elle ce qui compte, ce n’est plus le lieu de vie mais le lien avec les vivants. Les saintes qui pratiquent la substitution mystique sont les figures par excellence de cette nouvelle configuration d’un habitat complètement délocalisé.
447Élise Sorel, « Le patriotisme en art selon Huysmans et Bloy. L’exemple de Jeanne d’Arc »
Huysmans et Bloy ont en dégoût les représentations collectives qui sont données de Jeanne d’Arc en leur temps. Repoussoir esthétique, cette figure semble aussi mener à une impasse littéraire, à une époque où la place de l’épopée en littérature devient problématique. Pour Huysmans, elle est en outre un épouvantail idéologique, représentant les tendances militaristes et nationalistes qu’il abhorre. Jeanne d’Arc, pourtant, est une source d’inspiration pour ces deux écrivains.
Gaël Prigent, « Huysmans et l’abbé Auber »
Une des œuvres qui lui aura été le plus utile est aussi l’une de celles dont Huysmans dit le plus grand mal : l’Histoire du symbolisme religieux de l’abbé Auber. Mais qui était l’abbé Auber ? Et quel usage Huysmans fait-il exactement de son travail ? Souvent, l’érudition huysmansienne n’est qu’un décalque de celle d’Auber qui lui sert parfois de tremplin bibliographique vers des œuvres plus ou moins anciennes. Dès lors, on peut s’interroger sur la sévérité des jugements réitérés sur ce prêtre.
Sylvie Duran, « À reculons »
Si l’on se penche sur l’année 1904, on peut saisir une image sombre et mouvante du tout dernier Huysmans, des dernières batailles qu’il mena et de l’ultime crise qu’il traversa. Un mouvement, à reculons, propose d’en donner la dynamique, perceptible à la fois dans la vie du chrétien qui doute et dans l’œuvre qui en distille prudemment les traces. Avant d’atteindre la via dolorosa, l’ultime étape terrestre d’un chemin mystique emprunté des années plus tôt, Huysmans vit ressurgir ses démons.
Émilie Sermadiras, « “Que c’est embêtant d’être toujours malade !” Les paradoxes du dolorisme huysmansien »
Le rapport de Huysmans à la douleur s’avère paradoxal si l’on met en regard son œuvre d’après la conversion, adhérant à la spiritualité doloriste, et son expérience personnelle de la souffrance. Sa relation à la maladie est plus complexe que ne le pense la critique catholique qui a construit un éthos de l’écrivain 448comme saint martyr, faisant siennes les théories réparatrices. C’est ce que révèle la lecture du cycle de Durtal et de la correspondance de Huysmans malade.
René-Pierre Colin, « Charles Buet, Chantelouve et l’autre front naturaliste »
Modèle de Chantelouve, Charles Buet se reconnut parfaitement dans le personnage créé par Huysmans dans Là-Bas. À l’origine des émeutes de 1868 à la Réunion, il fait oublier un passé sulfureux d’agitateur politique dans le salon qu’il tient au 18 de l’avenue de Breteuil. Sous l’influence du jeune éditeur Albert Savine, il promeut le concept de « naturalisme catholique ».
Alexandra Delattre, « Huysmans et la subversion. L’irrévérence comme style ? »
Que Huysmans soit un auteur subversif ne fait plus de doute. Les recherches sur sa poétique nous ont offert de précieuses études dont À rebours est le centre de gravité. Nous choisissons ici de décentrer la notion en appliquant un conseil de Jean-Marie Seillan dans la conclusion de Huysmans : politique et religion ; lire l’œuvre de l’auteur à la lumière de son « vaste péritexte ». Nous avons donc fait le choix de mettre la « subversion » à l’épreuve de la correspondance, publiée ou inédite.
Stéphanie Le Briz-Orgeur, « Retour sur les ekphraseis de Là-bas.L’écriture médiévalisante de Joris-Karl Huysmans en question »
On revient ici sur les ekphraseis de Là-bas. On interroge d’abord le fait que des ekphraseis attendues sont évitées ou du moins évidées. Sur le corpus redessiné, on cherche à comprendre deux récurrences visiblement liées, celle des métaphores culinaires et celle de la focalisation sur les pieds. Sont ainsi éclairés des choix scripturaux manifestant in fine la pleine conscience, chez Huysmans, des écueils de l’écriture allégorique si caractéristique de la période mise à l’honneur dans Là-bas.
Aude Jeannerod, « Huysmans et le japonisme »
Si Huysmans intègre à ses écrits le japonisme qui déferle sur l’Europe du xixe siècle, c’est d’abord pour déprécier le goût bourgeois et pour se moquer d’un effet de mode, mais également pour saluer l’apport de l’art japonais à la peinture occidentale. Alors qu’il déprécie de façon récurrente le japonisme thématique, ou le recours au bibelot japonisant, il approuve systématiquement le japonisme stylistique, c’est-à-dire l’appropriation des procédés de l’ukiyo-e par les peintres français.
449Alice De Georges, « La poétique du naturalisme spiritualiste à l’épreuve de la critique d’art chez Joris-Karl Huysmans »
Le naturalisme spiritualiste, théorisé par Huysmans, s’assigne pour tâche de représenter la transformation du matériel et du spirituel, fondus en un seul creuset. On se demandera si ce phénomène est à l’œuvre dans la critique d’art, notamment dans Croquis parisiens (1880), Certains (1889), De tout (1902) et Trois Primitifs (1905). Il s’agira de comprendre comment fonctionne cette poétique dans la critique et la transposition d’art, en la comparant avec les formes qu’elle revêt dans le roman.
Joël Thomas, « Huysmans et le latin. Une fascination pour la distance »
Huysmans déteste le latin classique qu’il juge ennuyeux mais il aime le latin chanté des Hymnes, où il trouve une musique et un élan mystique. Il aime leur aptitude à laisser une place au chaos, à l’excès, à la contradiction, à l’évasion. Nous verrons que ce ne sont pas toujours de bonnes raisons, mais ce sont les siennes. Donc, son rapport au latin est resté dans une contradiction non résolue, liée à son propre désir de passer d’un ancien monde à un monde spirituel nouveau.
Sylvie Ballestra-Puech, « “Cette tristesse qui succède aux transports éteints”. Bibliophilie et mélancolie chez Huysmans »
On étudie la manière dont Huysmans renouvelle les métaphores topiques de la lecture par l’attention accordée à la matérialité du livre. La lecture s’inscrit ainsi dans la problématique d’un désir toujours déçu par la consommation de son objet, illustrant l’adage omne animal post coïtum triste. Le paradoxe d’une bibliothèque qui révèle surtout la vanité du livre s’inscrit dans une riche tradition d’origine augustinienne pour laquelle la conversion apparaît comme la seule alternative à la mélancolie.
Sylvie Thorel, « La nouvelle et la loi »
Se consacrant depuis ses origines aux rapports entre la règle et l’exception, la nouvelle est apparue dans les années 1880 comme le genre le plus apte à mettre en évidence le pouvoir totalitaire de l’administration. L’objet nouveau auquel se consacre Huysmans dans les siennes est le triomphe du régime disciplinaire 450du droit sur l’ancien régime autoritaire. L’humour noir est l’instrument par lequel il met en évidence l’intériorisation de la norme, qui semble dès lors se confondre avec la nature.
Bertrand Bourgeois, « Jouer avec le code civil, de la contrainte juridique comme moteur d’écriture huysmansien. À vau-l’eau, Un dilemme et Bougran »
Par une lecture croisée des nouvelles de Huysmans, cet article explore comment la contrainte juridique constitue la matrice narrative – l’intrigue et la structure d’Un dilemme ou de La Retraite de M. Bougran reposent en effet sur l’exploitation méthodique d’un article du Code civil –, mais aussi le degré zéro du style huysmansien. Alors que le fonctionnaire manie au quotidien cette langue administrative figée, le novelliste en exploite la narrativité et les potentialités stylistiques.
Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « Les interviews de Huysmans éditées par Jean-Marie Seillan, questions théoriques et méthodologiques »
L’édition d’un recueil d’interviews pose des questions d’ordre théorique (mutation axiologique, transformation de la figure d’auteur, mutation générique) et méthodologique (approche chronologique, décontextualisation des textes) étudiées à l’occasion des interviews de Huysmans. La confrontation entre la fausse interview de Huysmans par A. Meunier en 1885 et les interviews ultérieures montre comment s’est constituée une figure d’auteur, organisée à partir de la matrice fournie par l’écrivain.
Gilles Bonnet, « En ligne, un roman inédit de J.-K. Huysmans sur Facebook »
La réception de l’œuvre de Huysmans fluctue, qui en remodèle à l’envi les contours, en déplace les centres névralgiques. La présence de l’auteur sur un compte Facebook pourrait demeurer anecdotique si elle ne s’inscrivait en réalité dans cette histoire de la réception de l’œuvre, en rejouant d’anciens airs bien connus (les liens avec la biographie de l’auteur) ou en en inventant de nouveaux (thématisation de l’œuvre, goût pour l’assertif).
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-14973-6
- EAN: 9782406149736
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-14973-6.p.0445
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 09-20-2023
- Language: French