Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Voyage et Intimité
- Pages : 227 à 230
- Collection : Carrefour des lettres modernes, n° 6
Résumés
Frédéric Calas, « Imaginaire du voyage et chroniques du moi dans la correspondance de Mme de Sévigné »
Cet article ne porte pas sur la dimension référentielle des voyages dans la correspondance de Mme de Sévigné. Il s’intéresse aux façons intimes de voyager de la Marquise. Nous en retenons trois, les voyages par provision, par procuration, par hallucination, toutes trois singulières, toutes trois récurrentes, toutes trois mettant en scène une extraordinaire manipulation : manipulation de soi, de son désir, manipulation de l’absence, manipulation de l’autre et du manque de l’autre.
Josiane Guitard-Morel, « La quête de l’ailleurs pour l’édification de soi dans les Mémoires de Valentin Jamerey-Duval »
La présente étude analyse comment les Mémoires de Valentin Jamerey-Duval composés de 1733 à 1747, restituent l’itinéraire d’un vagabondage initiatique en quête de soi. Débuté en 1708, le voyage à pied ressemble d’abord à une fugue puis se poursuit en pèlerinage libre, selon une temporalité subjective qui favorise la construction identitaire. La découverte de l’ailleurs ouvre l’accès à l’intériorité.
Nathalie Vuillemin, « Un “Je” peut en cacher un autre. Statut et construction de l’intimité dans la correspondance de Joseph de Jussieu »
En mai 1735, Joseph de Jussieu quitte la France à destination du Pérou. Ce qui ne devait être qu’un voyage savant se transforma en véritable établissement au Pérou. Joseph construit à proprement parler une intimité dans la correspondance qu’il adresse à ses frères, vouée à remplacer l’argument scientifique qu’on attend de lui. Il invente un personnage-écran en usant habilement de la confidence et en évoquant des souffrances physiques et morales bien réelles mais proprement mises en scène.
228Philippe Antoine, « “Le reste est trop intime”. Indicible et silences dans le Voyage en Orient de Lamartine »
Le Voyage en Orient d’Alphonse de Lamartine s’affronte à la difficile question de la formulation de l’indicible dans le texte viatique. Le poète est à maintes reprises tenté de se taire mais on entend dans cette œuvre, malgré le trop plein d’une émotion inexprimable, malgré le caractère imparfait de la langue, malgré les approximations de la traduction… une sorte de murmure qui nous indique la direction à suivre pour approcher le « trop intime ».
Thierry Poyet, « L’hybridité d’un genre face à l’obsession du moi. Les Pays lumineux de Louise Colet »
Au xixe siècle, Louise Colet connaît le succès avec ses œuvres poétiques mais aussi les récits impudiques de ses amours. Ainsi cite-t-on son récit de voyage Les Pays lumineux, consacré à l’inauguration du Canal de Suez, pour son évocation de Flaubert… Pourtant, Louise Colet a posé la question de l’hybridité du récit de voyage : qu’est-il lorsque le moi y apparaît obsessionnel ? Entre théâtralisation et œuvre vengeresse, le récit de voyage au féminin interroge la porosité d’un genre encore à définir.
Sarga Moussa, « L’intimité en partage ou le “moment” Kuchuk-Hanem chez Flaubert »
En examinant les façons dont Gustave Flaubert relate sa rencontre avec Kuchuk-Hanem dans ses notes et dans sa correspondance et en les comparant avec le récit et les notes de Maxime Du Camp, on s’aperçoit que cette prostituée est une figure labile. Son corps est d’abord décrit de manière réaliste, il fait aussi l’objet d’une exposition contrôlée, différenciée chez les deux voyageurs. Une volonté d’individuation, puis d’esthétisation, prépare, pour Flaubert en particulier, une carrière d’écrivain en gestation.
Dolores Toma, « Jane Dieulafoy, la voyageuse indiscrète »
La relation de Jane Dieulafoy est emblématique pour la double morale d’une voyageuse européenne en ce qui concerne la pudeur et la privacy. Alors que les siennes sont explicitement valorisées, celles des indigènes sont violées avec désinvolture. Les meilleurs exemples en ce sens sont donnés par 229les représentations du corps et les pratiques corporelles mises en regard, en opposition.
Alexandru Matei, « Subversions de l’intimité chez Roland Barthes. Voyages à la recherche du neutre »
Roland Barthes n’est pas un voyageur en tant que tel. Néanmoins, comme tout intellectuel et écrivain, il a séjourné dans de nombreux pays. Le Maroc et le Japon, notamment, ont marqué son œuvre de manière décisive. Le Maroc est le lieu où s’expriment l’érotisme et la sexualité. Le Japon est un lieu culturel que Barthes comprend et ressent en opposition avec l’Occident : le lieu du neutre et d’une utopie affective dont les images constitueront le sujet majeur de ses derniers écrits.
Gaëlle Loisel, « Fuir l’intime. Le voyage selon Grillparzer »
En 1836, Franz Grillparzer entreprend un voyage qui, de Vienne, le conduit à Paris puis à Londres. Le Tagebuch auf der Reise nach Frankreich und England (1836) est le fruit des impressions consignées par l’écrivain autrichien. Se distraire, tel est le but affirmé de ce voyage. Cependant, la lecture du journal révèle qu’il s’agit avant tout de se distraire de soi : l’intime s’y dérobe, l’auteur cherche avant à fuir les « pensées secrètes » qui le hantent et qu’il n’évoque que par allusions.
Tatiana Antolini-Dumas, « Paradoxes de l’intime et singularité de l’intimité dans Mes Vacances en Espagne d’Edgar Quinet »
Les carnets de voyage et la correspondance d’Edgar Quinet permettent de cerner les diverses stratégies qui informent l’écriture de l’intimité dans Mes Vacances en Espagne. La topographie se révèle tributaire d’enjeux idéologiques mais également de l’image que le voyageur souhaite offrir de lui-même. Au processus d’intimisation s’ajoutent des distorsions, des dénaturations qui changent le lieu d’intimité en instrument de connaissance de soi, en espace romanesque initiatique, en labyrinthe…
230Vanezia Pârlea, « Errance(s) et intimité(s) chez Isabelle Eberhardt »
Le parcours oriental d’Isabelle Eberhardt témoigne d’une oscillation permanente entre un désir d’intimité et d’attachement – aux pays, espaces, cultures, êtres rencontrés – et une pulsion contraire d’errance, d’arrachement. À travers une analyse des rapports entre intimité et voyage, cet article en vient à esquisser une typologie des formes d’intimité chez cette nomade de profession, telles qu’elles se déploient à travers des textes comme Sud Oranais ou Écrits intimes.
Diana Samarineanu, « Un “errant par le monde” “entortillé dans le paysage”. De deux hypostases majeures de l’humain dans l’œuvre de Julien Gracq »
Si le thème du voyage semble pertinent pour approcher l’œuvre de Julien Gracq, celui de l’intimité nécessite une redéfinition, étant donné la résistance que l’écrivain éprouve vis-à-vis du roman psychologique français. C’est sur le terrain d’une ontologie phénoménologique que l’intimité se laisse interpréter comme présence au monde. Sa spécificité peut être dégagée par l’examen d’hypostases fondamentales de l’humain : l’« errant par le monde » et l’homme « entortillé dans le paysage ».
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-07198-3
- EAN : 9782406071983
- ISSN : 2494-7520
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07198-3.p.0227
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 21/06/2018
- Langue : Français