Et, en effet, je crois qu’il restera quelque chose tout de même de ce rafraîchissement du sentiment national que tous aurons senti : une préférence infinie de sa partie à tout le reste, le goût […] de vivre chez soi, le voyage considéré comme un passe-temps et pas autre chose ; […] la volonté d’être utile d’abord aux siens, de les faire passer avant tous les autres, de s’occuper des affaires de son pays et de contribuer à les diriger le moins mal possible.
Jacques Rivière, Carnets, avril-mai 1917.
Je veux seulement rappeler que les hommes, et plus que tous les autres les hommes de génie, ne sont pas ce que l’on dit : des individus qui se développent avec pureté et indépendance, et que leurs œuvres, considérées comme le produit de ce que l’on analyse abstraitement sous le nom de leur « nature » ou de leur « génie », sont inintelligibles. Il faut les remettre là où ils sont, au milieu d’innombrables présences, saisir les problèmes que laisse tomber sur eux une époque, un milieu naturel, ethnique, social, en un mot une destinée qu’ils n’ont pas choisie
Georges-Philippe Friedmann, « Ils ont perdu la partie éternelle d’eux-mêmes », L’Esprit, mai 1926.
L’universaliste est, trop souvent, un ethnocentriste qui s’ignore.