Ici commence le neuvième livre [Partie I]
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Un commentaire médiéval aux Métamorphoses. Le Vaticanus Latinus 1479, Livres VI à X
- Pages : 470 à 545
- Collection : Textes littéraires du Moyen Âge, n° 67
- Série : Ovidiana textes, n° 3
Hic incipit nonus liber
[ 1] Que gemitus tronco : Hic incipit nonus liber huius voluminis, in cuius principio continetur qualiter orta est lis inter Acheloum et Herculem propter Deianiram, filiam regis Calidonis. Mutatio Acheloi in serpentem ; iterum, in taurum. Victoria Herculis ; mors Nessi ; mors Herculis et eius deificatio. Lamentatio Almene et Yoles. Mutatio Galantis in mustelam ; Driope ‹in lothon› ; Yole in iuvenem. Discessio deorum de domo Iuventutis. Amor Biblidis et Cauni ; mutatio Biblidis in fontem sui nominis. Mutatio Yphidis de femina in virum, et in nuptiis Yphidis et Yantes determinabitur liber iste, unde versus : « Bellum nonus habet hic Herculis Acheloique ; / huius causa fuit Calidonia Deianira. / Alcides illum vicit Nessusque necatur. / Alcides moritur ; pennas Almene retractat / huic Yole ; contra semper eam dixerat Ylus. / In longum murem Iuno Galantida mutat. / Arbore mutatur Driope ; fatis Yolaus / fit iuvenis, de quo multum superi doluere. / Biblis amat Caunum fratrem ; mutatur in undam. / Que, quamvis perdat corpus, non nomina perdit. / Coniunx Yphis amat, quamvis desperet, Yantem. / Vir factus letus post hec disponsat amatam ; / coniugio quorum finem capit iste libellus ».
[2]Integumenta sunt ista. Primo de Hercule et Iunone et omnibus factis suis. Hercules est virtute virens activaque vita / Iuno ; Stigis mundum signat acerba lues. / Seva Megera datur operis constantia pravi / vis set Eritheus est grata fonsque boni. [3]De Idris. Ydre cunarum vicium puerile refutant / pura pure puer quod superare studet. De Busiride Antheo. Busirum domuit dominus Pharaonis in oris ; / Antheus Libie rex dominusque fuit. / In Grecos pugnat ; victus Libieque requirens / auxilium, rediens, inde peremptus obit. [4]De Gerione. Triplex Gerionis caput est in triplice regno, / cuius divicie preda fuere viro.
1 Driope ‹in lothon›] Driope # ms. Yole in iuvenem] tate in iuventutem ms. Yphidis1ex Biblidis Yphidis ms. Bellum […] libellus] versus add. m.s. eadem manus Acheloique] Acheoique ms. eam] nam ms. Iuno] prius(?) iuno ms. Galantida] Galanthe ms. disponsat] dispensat ms. amatam] amatum ms. | 2 factis suis] suis actibus Ghisalberti Stigis] Stigii Ghisalberti signat Ghisalberti] signa ms. Seva] Sena Ghisalberti fonsque] statusque Ghisalberti | 3 refutant] figurant Ghisalberti pura] puro Ghisalberti oris Ghisalberti] horis ms. victus Ghisalberti] rictus ms.
471ICI COMMENCE LE NEUVIÈME LIVRE
[1]Que gemitus tronco (« quelle est (la cause) de ses gémissements et de la mutilation (de son front) ») : ici commence le neuvième livre de ce volume, dont le début contient la naissance de la querelle entre Achéloüs et Hercule à cause de Déjanire, la fille du roi de Calydon. La métamorphose d’Achéloüs en serpent ; puis en taureau. La victoire d’Hercule ; la mort de Nessus ; la mort d’Hercule et sa déification. La plainte d’Alcmène et d’Iole. La métamorphose de Galanthis en belette ; celle de Dryope en lotus ; celle du rajeunissement d’Iolaüs. Le départ des dieux de la maison de Jeunesse. L’amour de Byblis pour Caunus ; la métamorphose de Byblis en fontaine qui porte son nom. La métamorphose d’Iphis de femme en homme ; sur le récit des noces d’Iphis et Ianthé se termine ce livre, d’où les vers : « Ce neuvième livre traite de la lutte entre Hercule et Achéloüs ; / la cause en était Déjanire la Calydonienne. / L’Alcide le vainquit. Il tue Nessus. / L’Alcide meurt ; Alcmène retrace ses peines à cette Iole, qu’Hyllus avait aimée. / Junon change Galanthis en une longue souris. / Dryope est changée en arbre ; le destin fait rajeunir Iolaüs : les dieux en conçurent un grand ressentiment. / Byblis aime son frère Caunus ; elle est métamorphosée en fontaine. / En perdant son corps, elle ne perd pourtant pas son nom. / Iphis aime Ianthé comme un époux, malgré son désespoir. / Devenue un homme par la suite elle épouse avec joie celle qu’elle aime. / Sur leur union se termine ce livre. [2] Les Integumenta sont les suivants. D’abord Hercule, Junon, et tous leurs actes : Hercule a la vigueur de la vertu et Junon est la vie active ; l’amer fléau du Styx désigne le monde. / La cruelle Mégare traduit l’opiniâtreté d’une action dépravée ; mais Eurysthée est la force accueillante et la fontaine du bien. [3]Les hydres. Les Hydres du berceau repoussent le vice de l’enfance, que l’enfant s’applique purement à surpasser par la pureté. Busiris et Antee. Il vainquit le seigneur Busiris aux rivages de Pharaon ; / Antée était roi et seigneur de Lybie. / Il combat contre les Grecs ; vaincu il demande l’aide de la Lybie, / à son retour il est finalement anéanti et meurt. [4]Géryon. Géryon a trois têtes dans un triple royaume, / dont les richesses furent du butin pour le héros.
472De Cacho. Cachus latro fuit et predo tutus in umbra, / zelans Dittinam, sed perdit ille tamen. De Cerbero. Cerberus est mondus ; partes illius habentur / tres tria colla canis ; vir premit acer eas. / Contemplativa Theseus activaque vita / Pirithous tulerant sepe pericula due. / Vir virtute virens vitam sullimat utrumque, / |f. 122r| mundi latratus hunc metuisse pudet. [5]De Amazonibus. Pugnantes superat vir Amazones absque mamilla, / effrontes calcat indomitasque domat. De aureis pomis Athlantis. Athlantis pomum signat sapientis honorem ; / Hercules et Perseus hunc habuisse student. [6]De apro. Fulmen mittit aper, ire notat ergo calorem. / Est leo luxuria que superata iacet. De Ydra. Lerneum stagnum crescens notat Ydra, sed Ydram / obruit Alcides, terra negatur aque. De Laphitis. Centauros vincunt Laphite quos Herculis ardor / prevenit et victor leta throphea refert. [7]De Diomede. Bacchatur Dyomedes, sed Dyomedem / Alcides torquet in feritate ferum. / Tandem vipereum mulieris virus in illum / sevit et invictum vincit amara Venus. / ‹Sed› rursus virus vincit ; sublatus in astra / reddita lux anime dittat honore virum. [8]De Galanthide. Iuverat ore suo parientem fida Galantis : / sic est mustella que parit ore suo. De Lotho et Priapo. Arbor amena viget, fugiens obscena Priapi ; / in laudem floret fructificatque suam. Item De Priapo. Fertilitas orti dicetur iure Priapi, / fertile com membrum sit generare probum. [9] De thebana historia. Discutiens Thebas titulos legis historiales / arcanumque tibi fabula nulla tegit. De Cauno et Biblide. « Biblis in exemplo est ut ament concessa puelle » (Met. IX 453), / que fons est lacrimis humida versa suis. [10]De Osiri et Tipone. Dilacerat Tipo fratrem quem dicitur Isis. / quesivisse diu postque salutat eum. / Est Tipo corpus, animam dicemus Osirim. / Corpore que toto ceu lacerata viget. De Bacco et de vanno in festo eius.
4 zelans Dittinam] ignem dic iram Ghisalberti vir premit Ghisalberti] impremit ms. tulerant] tolerant Ghisalberti utrumque] utramque Ghisalberti | 6 obruit] obstruit Ghisalberti | 7 Bacchatur Ghisalberti] baccura ms. vipereum Ghisalberti] viperium ms. virus ex virus in illum ms. ‹Sed› rursus Ghisalberti] # rursus ms. dittat] ditat Ghisalberti | 8 Priapi2] Priapus Ghisalberti probum Ghisalberti] probrum ms. | 9 thebana]thebaicaGhisalberti Discutiens] dicuciens Ghisalberti versa] facta Ghisalberti | 10 quem Ghisalberti] qui ms. de vanno]vannoGhisalberti
473Cacus. Cacus était un larron et un voleur ; bien tranquille à l’ombre / il est dévoué à Diane, mais il meurt malgré tout. Cerbère. Cerbère est le monde, dont les trois parties sont figurées / par les trois têtes du chien ; le héros fougueux les écrase. / Thésée est la vie contemplative et Pirithoüs / la vie active, toutes deux souvent affrontent des dangers. Le héros plein de vertus exalte l’une et l’autre, |f. 122r| il a honte d’avoir redouté les aboiements du monde. [5]Les Amazones. Le héros triomphe des Amazones privées de sein qui le combattent, / il foule aux pieds les effrontées et dompte les indomptées. Les pommes d’or d’Atlas. La pomme d’Atlas désigne l’honneur du sage ; / Hercule et Persée se sont appliqués à le posséder. [6]Le Sanglier. Le sanglier qui crache le feu note l’échauffement de la colère. / Le lion est la luxure qui, une fois vaincue, git à terre. L’hydre. L’Hydre qui s’enfle note le marais de Lerne, mais l’Alcide / terrasse l’Hydre, la terre est refusée à l’eau. Les Lapithes. Les Lapithes triomphent des Centaures que l’ardeur d’Hercule / a surpassés, et le vainqueur remporte les joyeux trophées. [7]Diomede. Diomède est la proie du délire, mais l’Alcide / torture avec férocité le féroce Diomède. / Finalement le poison de vipère d’une femme sévit / contre lui et l’amour amer vainc l’invaincu. / Mais il vainc à nouveau le poison ; emporté dans les astres, / la lumière retrouvée de son esprit augmente la gloire du héros. [8]Galanthis. La fidèle Galanthis avait porté secours par sa bouche à celle qui enfantait : / c’est ainsi qu’elle est une belette qui enfante par la bouche. Lotus et Priape. L’arbre amène verdit, fuyant les obscénités de Priape ; il fleurit et fructifie pour sa gloire. Encore Priape. C’est à bon droit que la fertilité du jardin est attribuée à Priape, parce que son membre valeureux est propice à la reproduction. [9]Histoire thébaine. En analysant la matière de Thèbes tu recueilles les inscriptions historiques et aucune fable ne te cache son secret. Caunus et Byblis. “Byblis par son exemple enseigne aux jeunes filles à n’avoir que des amours légitimes1”, / elle qui est changée en une fontaine dont l’eau vient de ses larmes. [10]Osiris et Typhon. Typhon avait mis en pièces son frère qu’Isis, dit-on, rechercha longtemps, avant de le sauver. / Typhon est le corps, et nous interprétons Osiris comme l’âme qui reste vivante dans le corps tout entier, même mise en pièces. Bacchus et le van utilisé pendant sa fête.
474Te vero, Liber, legimus vicisse Gigantes, / per quod vis anime corpore fusa patet. / In Bachi festis est vannus femina, vanno / et sacris anima mondificata nitet. [11]De Athreo et Thieste. Est Atteus corpus, animam dic esse Thiestem ; / prole volumptatem significare potes. / Ambitus est uxor. Coquit exta nepharius Atreus / dum cupidi labes intima velle notat. [12]De Yphide et Iante. Femina dicetur mollis, tamen inde virizat, / deque viro fieri femina sepe solent.
IX 1
Partem istam continuabimus supradicte particule sic dicentes : ‘Ita dixerat Achelous qualiter mutabat se ipsum in diversas figuras, et quando mutabat se in taurum, carebat dextro cornu, et, com hoc dixisset, gemuit’. Et tunc Neptunius heros, scilicet Theseus, interrogavit que erat causa gemitus sui et quare cornu suum troncabatur, et tunc incepit Achelous respondere ; in littera continetur.
1-7*
1 Que : causa sit ; gemitus : sui ; tronce : troncate ; deo : Acheo ; Neptunius : Theseus. 2 rogat : interrogat ; sic : ut sequitur ; Calidonius amnis : Achelous. Calidonius dicitur a Calidonia regione in qua regnabat Achelous. 3 cepit : incepit ; redimitus : coronatus ; arundine : canna. 4 petis : interrogas ; munus : donum ; enim : certe. 5 tam : tantum. 6 vinci : superari ; quam : quantum ; contendisse : certasse. Quia magna laus erat certare aliquem com Hercule. 7 victor : quantus fuit Hercules qui me superavit.
IX 8-9
Nomine : incipit narrare de amissione cornu sui. Si qua : puella dicta, supple. Deianira suo nomine. Illa fuit quondam virgo pulcherrima.
8-9*
8 qua : aliqua ; tandem : perfecte. 9 Deianira : proprium ; condam : aliquo tempore.
vicisse] laniasse Ghisalberti femina Ghisalberti] semina ms. nitet Ghisalberti] nitent ms. | 11 Athreo Ghisalberti]Atheoms. Atteus] Atreus Ghisalberti notat] necat Ghisalberti | 12 virizat Ghisalberti] virr ms. solent] solet Ghisalberti | 2* Achelous2] Acheus ms. | 6* laus] lanx ms.
475Mais toi, Liber, nous lisons que tu as vaincu les Géants, ce par quoi est démontrée la force de l’esprit qui se diffuse dans le corps. Lors des fêtes de Bacchus le van est la femme ; les âmes purifiées par le van et par les sacrifices sont étincelantes. [11]Atrée et Thieste. Disons qu’Atrée est le corps et Thieste l’âme ; par leur lignée tu peux comprendre la volonté. La femme représente les intrigues. Atrée fait cuire ses entrailles, tandis que la destruction totale de l’homme cupide note le désir. [12]Iphis et Ianthé. La femme, dira-t-on, est délicate, mais elle se met à agir comme un homme, et souvent les hommes deviennent des femmes. »
IX 1
Nous continuerons cette partie du petit chapitre ci-dessus de la façon suivante : « Ainsi Achéloüs avait dit qu’il s’était métamorphosé en prenant différentes figures, et quand il se changeait en taureau, il lui manquait la corne droite, et ces mots lui arrachèrent des gémissements. » Et ainsi Neptunius heros (« le héros fils de Neptune »), c’est-à-dire Thésée, lui demanda la cause de ses gémissements et pourquoi sa corne était coupée. Achéloüs commença alors à lui répondre. C’est ce que contient le texte.
2 Calidonius amnis (« le fleuve de Calydon ») Achéloüs. Il est appelé Calydonien du nom de la région de Calydon sur laquelle régnait Achéloüs. 6 Parce que c’était une grande gloire pour quiconque de combattre contre Hercule. 7 victor (« vainqueur ») : aussi grand qu’était Hercule qui me vainquit.
IX 8-9
Nomine (« par le nom ») : il commence le récit de la perte de sa corne. Si qua (« Si de quelque manière ») : compléter « la jeune fille en question ». Dejanira suo nomine (« Déjanire par son nom ») : elle était quondam virgo pulcherrima (« jadis une vierge d’une très grande beauté »).
476IX 10
Invidiosa : de qua habetur invidia et odium inter procos.
10-15*
10 spes : volumptas ; prochorum : petitorum. 11 quibus : procis ; ut : postquam ; intrata : a me. 12 me : Acheloum ; Parthaone :‘o’ ; nate : Parthonous fuit pater Oenei et filius Martis. 13 et : talia ; Alcides : Hercules ; alii : proci ; duobus :‘michi et Herculi, tamquam maioribus’. 14 Ille : Hercules referebat se ; famam : referebat ; laborum : suorum ; quia iactitabat se de genere suo, postea de virtutibus laborum suorum. 15 superata : vita ferebat ; iussa : precepta ; noverce : Iunonis.
IX 16
Narratio Acheloy Theseo de bello habito inter ipsum et Herculem
Contra. Dicit Achelous : ‘Com ita iactitaret se Hercules ut Deianiram haberet, ego contra loqutus sum’.
16* Contra : verba sua ; ego : respondi ; turpe : erat ; mortali : illi ; cedere : me deum.
IX 17-18
‘Ego sum deus qui in tua regna distillo, quia sum fluvius et me bene cognoscis’.
17-18*
17 nondum : non adhuc ; ille : Hercules ; deus : ‘o tu’ ; cernis : vides. 18 cursibus : flexuositatibus ; fluentem : venientem.
IX 19-20
Petitio Deianire ab Acheloo
19 externis : alienis ; hospes : alienus ; oris : regionibus. 20 popularis : cognitus ; una : magna.
IX 21
Me non regia : ‘Adhuc est alia causa quare debeo melius habere, quia a iuventute Iuno habet istum in odio et illa me diligit’. Fictum (25) :‘Si fictus est, Iupiter non est pater tuus. Si filius es, natus es per adulterium’.
477IX 10
Invidiosa (« jalouse ») : elle provoque la jalousie et la haine entre ses prétendants.
12 nate (« fils ») : Parthaon était le père d’Œnée et le fils de Mars. 13 duobus (« nous deux ») : Hercule et moi, les deux plus grands. Laborum (« des travaux ») : les siens. Parce qu’il se vantait de sa lignée, puis des qualités déployées pendant ses travaux.
IX 16
Achéloüs raconte à Thésée sa lutte contre Hercule
Contra (« Contre »). Achéloüs dit : « Comme Hercule se vantait ainsi d’avoir Déjanire, je pris la parole contre lui. »
IX 17-18
« Je suis le dieu qui coule dans ton royaume, car je suis fleuve et tu me connais bien. »
IX 19-20
Achéloüs demande Déjanire
IX 21
Me non regia (« la royale (Junon) ne me… ») : « Il y a encore une autre raison pour laquelle je dois l’avoir plutôt que lui, c’est que Junon le hait depuis son enfance, alors qu’elle me chérit. » Fictum (« supposé ») : « S’il est “supposé”, Jupiter n’est pas ton père. Si tu es son fils, tu es né d’un adultère. »
47821-22*
21 nec : non ; noceat : michi ; nec : non ; regia : uxor regis Iovis. 22 abest : deficit ; iussorum : preceptorum.
IX 23
Nam quod te : ‘Ad omnia de quibus iactas te, ego possum respondere ; ad hoc quod dicis te esse filium Iovis, respondeo : « Aut istud est falsum, aut, si istud est verum, tu es natus in adulterio, et adulter ». Elige (25) quam melius vis : aut te esse adulterum aut patrem esse falsum’.
23-26*
23 Nam : quia respondet ; iactas : dicis ; Almena : proprium ; creatum : natum. 24 falsus : pravus. crimine : adulterio. 25 adulterio : vicio ; petis : tu ; fictum : non verum. 26 mavis : melius vis ; an : vel : dedecus : stuprum ; ortum : natum.
IX 27-30
Lis orta inter Herculem et Acheloum pro Deianira
Talia dicentem. Dicit Achelous : ‘Com ita loquer, ille Hercules crudeliter incepit me respicere’. Non imperat : ille imperat ire qui non facit quod exigit ira. Construe : Non imperat ire fortiter accense, vel sic : Imperat ire non fortiter accense.
27-29*
27 dicentem : me ; iamdudum : penitus ; lumine : oculo ; torvo : crudeli. 28 spectat : cernet ; accense : crudeli ; ire : sue. 29 reddit : respondet ; melior : fortior ; dextera : manus.
IX 30
Dummodo. Verba sunt Herculis ad Acheloum dicentis : ‘Verum est te posse vincere me loquendo, sed ego te vincam pugnando’.
30* Dummodo : tantummodo ; vince : supera.
IX 31
[1] Fabula talis est : Achelous amavit Deianiram, filiam Oenei et Althee, sororem Meleagri, et impetravit erga patrem quod illam duceret in uxorem.
479IX 23
Nam quod te (« Car parce que tu te… ») : « Je peux répondre à toutes tes vantardises. À ta prétention d’être le fils de Jupiter, je réponds : “Ou c’est un mensonge ou, si c’est la vérité, tu es né par un adultère, et tu es un enfant adultérin.” » Elige (« choisis ») ce que tu préfères : ou tu es un enfant adultérin ou il est faux qu’il soit ton père.
IX 27-30
Début de la dispute entre Hercule et Achéloüs pour Déjanire
Talia dicentem (« Tandis que je parlais »). Achéloüs dit : « Comme je parlais ainsi, Hercule commença à me regarder avec cruauté ». Non imperat (« il ne maîtrise plus ») : il maîtrise sa colère celui qui ne fait pas ce qu’elle exige de lui. Construire : Non imperat ire fortiter accense (« Il ne maîtrise plus la colère qui brûle fortement (en lui) » ou ainsi : « Imperat ire non fortiter accense » (« Il maîtrise la colère qui ne brûle pas fortement »).
IX 30
Dummodo (« Pourvu que »). Ce sont les paroles d’Hercule qui dit à Achéloüs : « Il est vrai que tu peux me vaincre en paroles, mais je te vaincrai en combattant. ».
IX 31
[1] La fable est la suivante : Achéloüs aimait Déjanire, fille d’Œnée et d’Althée, sœur de Méléagre, et obtint de son père qu’il la prendrait pour épouse.
480[2] Hercules, huc veniens, voluit illam habere, et, com peteret illam, lis orta fuit inter illos, et de lite venerunt ad pugnam. [3] Com Achelous esset inferior virtute, mutavit se in diversas formas, et tandem mutavit se in taurum. [4] Hercules fregit illi cornu, quod Naiades accipientes, impleverunt vino et odore et Copie hoc sacrarunt ; hoc est quod dicitur.
31* congreditur : invadit ; ferox : crudelis ; magna : verba.
IX 32
Reieci : exequitur quomodo fit luta et quomodo membra lute parantur.
IX 32-34*
32 cedere : dare locum ; reieci : removi ; corpore : meo. 33 brachiaque : mea et ; -que : et ; versas : curvas. 34 in statione : deffensione ; manus : meas ; pugne : lute ; membra : mea.
IX 35
Sparsit : antiquitus solebat esse quod lutantes oleo vel alio liquore ungebantur, et, ne eis noceret, spargebant sese cinere vel pulvere vel sabulo.
35-41*
35 Ille : Hercules ; cavis : cavatis vel curvis ; sparsit : aspersit. 36 inque : aliquando ; flave : candide ; harene : sabuli. 37 modo : aliquando ; cervicem : captat ; modo : aliquando ; captat : sepe capit. 38 putes : si esses ; -que : et ; lacessit : fatigat. 39 gravitas : ponderositas ; frustra : invanum. 40 aut secus : non aliter ; moles : petra ; quam : cautem. 41 oppugnant : plangit ; illa : moles ; pondere : ponderositate ; tuta : non mota.
IX 42-45
Lucta Acheloi et Herculis
Disgredimur : ‘ Nos, lassati pre nimia virtute pugnandi, separavimus nos invicem, ut hanelitum forcioremque spiritum haberemus, et post reincepimus luctare’.
42-45*
42 Disgrediemur : separamur ; paulum : aliquantulum ; rursusque : iterum et ; bella : lucta. 43 gradu : statu ; certi : nos dico ; cedere : discedere.
481[2] Hercule, arrivant sur les lieux, voulut l’avoir et la demanda : alors une dispute s’éleva entre eux, et de la dispute ils en vinrent à se battre. [3] Comme Achéloüs était moins fort, il se métamorphosa en diverses figures, et finalement se changea en taureau. [4] Hercule lui brisa une corne, que les Naïades recueillirent et remplirent de vin et de parfum, pour la consacrer à Abondance : voilà ce qui est raconté.
IX 32
Reieci (« Je rejetai ») : s’ensuit le récit de la lutte et de la façon dont ils se préparent pour cette lutte.
IX 35
Sparsit (« il répandit ») : autrefois c’était l’habitude que les lutteurs s’enduisent d’huile ou d’un autre liquide et, pour ne pas se blesser, se jetaient de la cendre, de la poussière ou du sable.
IX 42-45
Lutte d ’ Achéloüs et Hercule
Disgredimur (« Nous nous écartons ») : « Lassés par l’excès de violence du combat, nous nous séparâmes, pour reprendre haleine et souffle ; puis nous recommençâmes à combattre. »
48244 pede : suo ; pes : meus ; iunctus : con(iunctus) ; -que : et ; pronus : inclinans. 45 digitos : premens suos ; digitis : meis ; frontem : suam ; fronte : mea.
|f. 122v|
IX 46-49
Non aliter : Achelous comparat se et Herculem luctantes duobus tauris dum pro vaca inter se decertant, et dicit quod sicut tauri decertant pro Deianira habenda.
46-49*
46 vidi : ego ; concurrere : preliari. 47 com : quando ; pugne : lute ; nitidissima : splendens. 48 expetitur : extra alias ; alias petitur ; coniunx : vaca ; spectant : vident ; armenta : alia ; pavent : timent. 49 nescia : taurorum.
IX 50
Sine profectu : ‘ Quamvis multociens me voluisset Hercules, regnare non potuit. Ad ultimum vertit se super dorsum meum, et ita me comprimebat, ac si esset quidam mons’.
50-54*
50 Ter : multociens ; sine profectu : invanum ; contra : illum. 51 reicere : removere ; Alcides : Hercules. 52 excutit : regnat ; -que : et ; brachia : sua ; solvit : dis(solvit). 53 impulsum : me ; fateri : dicere. 54 tergoque : meo et ; onerosus : ponderosus.
IX 55-56
‘Ego nollem − dicit Achelous Theseo − mentiri, qui non curo de gloria ficta’, et in hoc tangitur sanctitas dei.
55-56*
55 qua : aliqua ; nec : et non ; enim : quia. 56 imposito : supposito ; videbar : putabam.
483|f. 122v|
IX 46-49
Non aliter (« Non autrement ») : Achéloüs compare Hercule et lui qui luttent l’un contre l’autre à deux taureaux qui se battent pour une vache ; il dit qu’ils se battent comme des taureaux pour la possession de Déjanire.
IX 50
Sine profectu (« Sans succès ») : « Quoiqu’Hercule ait tenté plusieurs fois de m’avoir, il ne put me maîtriser. À la fin il se retourne et se place sur mon dos : ainsi il m’écrasait, comme s’il était une montagne. »
IX 55-56
« Je ne voudrais pas, dit Achéloüs à Thésée, mentir, parce que je ne cherche pas à me glorifier par des mensonges. », et ainsi il touche à la probité du dieu.
484IX 57-58
Nexus, quasi dicat : ‘Tantum me strinxit quod undique sudor incepit sudore stillare ; tamen vix ad ultimum nexus eius evasi’, et in hoc tangitur virtus Herculi.
57-61*
57 inserui : removi. 58 brachia : mea ; diros : crudeles ; pectore : meo. 59 hanelanti : michi sufflanti ; prohibet : vetat ; resumere : me. 60 cervice : capite meo ; denique : ad ultimum. 61 pressa : (com)pressa.
IX 62-63
Mutatio Acheloi in serpentem
Inferior : ‘Quamvis nos tantum certavissemus ‹inter› nos, ego eram debilior corpore, unde incepi me mutare in diversas formas’, et respicit ad illud quod prius dicebatur : ‘Est etiam michi sepe novandi corporis’ (IV 879-880), et cetera.
62-64*
62 Inferior : debilior ; ad artes : ingenium mutationum. 63 elaborque : evado et ; viro : Herculi ; formatus : ego dico ; anguem : serpentem. 64 Qui : Hercules ; sinuavi : curvam ; corpus : meum ; orbes : circuitum.
IX 65
Fissas dicuntur serpentes propter mobilitatem lingue.
65-66*
65 fero : crudeli ; bisulcam : sulcatam. 66 risit : irrisit ; illudens : irridens ; Thyrincius : Hercules.
IX 67
Cunarum. Dicit Hercules : ‘A cunis meis cepi domare serpentes’. Iuno, volens scire quis esset filius Iovis de duobus quos peperit Almena, misit duos serpentes illis. Yphius, visis serpentibus, cepit clamare ; Hercules, qui filius Iovis erat, accepit serpentes et interfecit.
57-58 tamen] ramen ms. eius] est ms. | 62-63 ‹inter› nos] nos ms. | 65* bisulcam]bifulcamms. sulcatam] fulcatam ms. | 67 illis] illius ms.
485IX 57-58
Nexus (« les étreintes »), en d’autres termes : « Il me serrait si fort que je commençai à suer par tous mes pores ; cependant je m’échappai finalement, quoiqu’avec peine, de ses étreintes. », et ici il traite de la force d’Hercule.
IX 62-63
Métamorphose d ’ Achéloüs en serpent
Inferior (« Inférieur ») : « Malgré la violence du combat qui nous opposait, j’étais plus faible physiquement, aussi commençai-je à me métamorphoser en diverses figures. », et il revient à ce qui était dit plus haut : Est etiam mihi sepe novandi corporis (« J’ai le pouvoir de renouveler souvent ma forme corporelle »), et cetera.
IX 65
Les serpents sontdits fissas (« fendus ») à cause des mouvements rapides de leur langue.
IX 67
Cunarum (« du berceau »). « J’ai commencé, dit Hercule, à dompter les serpents dès mon berceau. » Junon, voulant savoir lequel des deux fils enfantés par Alcmène était le fils de Jupiter, leur envoya deux serpents. Iphius2, à la vue des serpents, se mit à crier ; Hercule, qui était le fils de Jupiter, attrapa les serpents et les tua.
486IX 67-69
Loqutio Herculis com Acheloo
‘Quamvis superes alios serpentes, eris quota pars, idest minima pars, Echine Lernee, illius serpentis, quod quasi nulla proporcio erit ad Echinam serpentem quam interfeci’.
67-70*
67 cunarum : iuventutis ; angues : serpentes ; superare : vincere. 68 ut : quamvis ; Acheloe : ‘o’ ; drachones : serpentes. 69 quota : magna ; Lernee : a loco ; serpens : tu existens ; unus : solus ; Echine : proprium. 70 Vulneribus : plagis ; feconda : fertilis ; illa : Echina ; nec : et non ; unum : solum.
IX 71
Recisum, quia, uno capite absciso, subcrescebant alia duo vel tria, et hoc erat ad penam vel ad malum.
71-76*
71 de centumnumero : proprium ; caput : testa ; impune : sine pena ; recisum : remotum. 72 quin : quod non ; gemino : duplici ; cervix : caput ; valentior : utilior. 73 Hanc : ydram ; ramosam : multiplicabilem ; cede : morte ; colubris : serpentibus. 74 crescentem : multiplicatam ; malo : propter malum ; domui : vici ; domitam : victam. 75 fore : esse ; falsum : non verum ; versus : mutatus ; anguem : serpentem. 76 aliena : non propria ; quem : te inquam ; precaria : aliena ; celat : tegit.
IX 77
‘Ita loqutus fuit Hercules − dicit Achelous − et, com ita loqutus esset, ille me accepit, et michi videbatur quod quasi forcipibus capiebar’.
77-100*
77 Dixerat : ita ; summo : alto. 78 inicit : stringit ; angebar : constringebar ; ceu : sicut ; forcipe :tenagle gallice. 79 pollicibus : digitis ; pugnabam : ego ; evellere : removere ; fauces : genas. 80 Sic : Acheloio ; restabat : remanebat. 81 trucis : crudelis ; tauro : in ; mutatus : ego ; membra : sinodoche est, mea. 82 Induit : supponit ; thoris : replicationibus ; leva : sinistra ; lacertos : brachia, idest induit thoros meos com brachiis suis, et est ibi ipallagica construtio. 487IX 67-69
Discours d ’ Hercule à Achéloüs
« Même si tu surpasses les autres serpents, eris quota pars (« quelle partie seras-tu »), c’est-à-dire une infime partie, Echine lernee (« de l’Hydre de Lerne »), ce serpent, parce que la proportion sera nulle par rapport au serpent Echidna que j’ai tué. »
IX 71
Recisum (« coupée ») parce que, quand une tête était coupée, il en poussait deux ou trois autres, et c’était en punition ou pour mon malheur.
IX 77
« Telles furent les paroles d’Hercule, dit Achéloüs, et après ces paroles il m’attrapa, et j’avais l’impression d’être saisi comme par des tenailles. »
81 membra (« les membres ») : les miens, c’est une synecdoque. 82 lacertos (« les bras »), les bras, c’est-à-dire qu’il couvrit mes fanons de ses bras, et il y a là une construction en hypallage.
48883 admissum : me receptum ; depressa : capta. 84 cornua : mea ; figit : in(figit) ; humo : terra ; -que : et ; alta : profunda ; sternit : iactat. 85 nec : et non ; fuerat : suffecerat ; rigidum : forte ; fera : crudelis ; cornu : meum. 86 dum tenet : quando tenuit ; troncaque : (tronca)ta et ; fronte revellit : me removit. 87 Naiades : nimphe ; hoc : cornu ; odoro : odorabili ; repletum : commotum. 88 sacrarunt : sacraverunt ; -que : et. 89 Dixerat : ita Achelous ; nimphe : una ; ritu : more. 90 una : sola ; ministrarum : famularum ; fusis […] capillis : et hoc dico. 91 incessit : venit ; -que tulit : et apportavit ; cornu : copie sacratum. 92 aptunum : fercula aptumpni ; et mensas : tulit ; secundas : scilicet secunda fercula. 93 Lux : dies ; subit : venit ; primo […] sole : et hoc dico ; cacumina : culmina. 94 discedunt : Theseus et Achelous ; nec : pro donec ; pacem : habeant. 95 placidos : bonos ; lapsus : meatus ; residant : pacificentur. 96 operiuntur : expectantur ; Achelous : proprium ; agrestes : humanos. 97 lacerum : laceratum ; cornu : suum ; abdidit : abscondit. 98 Hunc : Acheloum ; ablati : remoti ; iactura : dampnum ; decoris : pulcritudinis. 99 cetera : preter cornu ; sospes : sanus ; saliva : de salice. 100 aut : vel ; celatur : tegitur.
|f. 123r|
IX 101
De Nesso
At te, Nesse : ita, iactura habita de cornu, domuit Acheloum. At pro‘sed’et cetera, vel, si cornu dictum amisit Achelous amore Deianire, At Nessus corpus et vitam pro illa amisit.
101-104*
101 at : sed ; ferox : crudelis ; ardor : amor. 102 perdiderat : occiderat ; volucri : cita ; terga : sinodoche. 103 namque : quia ; nova : com ; coniuge : Deianira. 104 Habeni : proprium ; rapidas : citas ; Iove natus : Hercules.
IX 105
Hiemalibus dicit, quia in hyeme sunt maxime aque propter pluvias, et hoc quia sol, aut a parte ante aut a parte post, est signo Aquario copulatus.
489[f. 123 r]
IX 101
Nessus
At te, Nesse (« Mais toi, Nessus ») : ainsi, en lui enlevant une corne, il dompta Achéloüs. At pour sed (« mais ») et cetera, ou, si Achéloüs perdit cette corne par amour pour Déjanire, at Nessus (« Nessus quant à lui ») perdit le corps et la vie pour elle.
102 terga (« le dos ») : synecdoque.
IX 105
Il dit hiemalibus (« hivernales ») parce qu’en hiver les eaux sont très hautes à cause des pluies, et parce que le soleil est rejoint par le signe du Verseau, soit dans sa partie antérieure, soit dans sa partie postérieure.
490105* nimbis : pluviis ; actus : augmentatus.
IX 106-107
[1] Fabula talis est : com Hercules divicisset Acheloum propter amorem Deianire, voluit remeare ad patres, sed, com ad quendam fluvium venisset, ille non potuit preterire nisi natando, unde reliquit uxorem suam Nesso, ut illam ultra fluvium portaret, quia erat partim equs, partim homo. [2] Nessus voluit per violentiam habere rem com illa, unde exclamavit, et Hercules illum com sagita sagitavit usque ad mortem. [3] Tamen camisiam suam tonxicatam dedit Deianire, dicens : ‘Quando volueris maritum tuum ad amorem tuum revocare, da illi istam camisiam et tancito non aliam adamabit’. [4] Illa credidit et accepit, et mortuus est Nessus. De camisia habebimus infra.
106-107*
106 frequens : habundans ; impervius : non apertus ; amnis : fluvius. 107 intrepidum : Herculem ; coniuge : Deianira.
IX 108
Valens : fortis, quia membra magna habebat. Scitusque, quia vada optime cognoscebat, et est ibi actus quasi in modum habitus.
108-111*
108 Nessus : proprium ; adit : petit ; membris : corporibus ; valens : fortis ; scitusque vadorum : cognitor vel cognoscens vada illa. 109 officio : auxilio ; rippa : trans rippam ; sistetur : per me feretur ; illa : altera. 110 Alcide :‘o Hercules’ ; viribus : tuis ; nando : per navigium tuum. 111 Pallentem : illam Dianiram ; metu : timore ; -que : et ; ipsum : Nessum.
IX 112-113
Aonius : Hercules dicitur Aonius, idest Thebanus, ex parte matris Almene, que erat Thebana. Bene dico gravispharetra, in qua pharetra ‹erant› sagite intonsicate ; virus Egine vel Ydre serpentis.
106-107.1 patres] partes ms. | 108 quia] que ms. | 112-113 in qua pharetra ex bene dico in qua pharetra ms. ‹erant› sagite] # sagite ms. intonsicate] intonsicare ms.
491IX 106-107
[1] La fable est la suivante : comme Hercule avait vaincu Achéloüs par amour pour Déjanire, il voulut revenir dans sa patrie mais, arrivé au bord d’un fleuve, il ne put le traverser qu’à la nage : aussi laissa-t-il son épouse à Nessus, pour qu’il la porte de l’autre côté du fleuve, lui qui était moitié cheval moitié homme. [2] Nessus voulut la violer, elle cria, et Hercule le transperça d’une flèche et le tua. [3] Mais Nessus donna à Déjanire sa tunique empoisonnée en lui disant : « Quand tu voudras ramener ton mari à ton amour, donne-lui cette tunique et aussitôt il cessera d’en aimer une autre. » [4] Elle le crut et l’accepta, puis Nessus mourut. Nous aurons plus bas l’histoire de la tunique.
IX 108
Valens (« robuste ») : fort, parce qu’il avait de longs bras et de longues jambes. Scitusque (« qui connaissait »), parce qu’il connaissait parfaitement les gués, et il agit là comme si c’était sa façon d’être habituelle.
IX 112-113
Aonius (« le héros d’Aonie ») : Hercule est appelé héros d’Aonie, c’est-à-dire de Thèbes, du côté de sa mère Alcmène, qui était thébaine. Je dis bien gravis pharetra (« chargé de son carquois »), carquois dans lequel se trouvaient des flèches grossièrement taillées ; le poison d’Égine ou de l’Hydre de Lerne.
492112-118*
112 Aonius : Hercules ; Calidonia : (Calidoni)da ; Deianiram, que erat de Calidonia regione. 113 mox : consequenter ; gravis : ponderatus ; spolioque leonis : pelle et unius. 114 nam : quia ; trans : ultra. 115 quandoquidem : ex quando certe ; cepi : nare in(cepi) ; superentur : vincantur. 116 nec : et non ; dubitat : Hercules ; qua : parte ; clementissimus : minor. 117 querit : investigat ; obsequio : amicicia ; defferri : portari ; spernit : despicit. 118 tenens : ille ; tolleret : caperet.
IX 119-120
coniugis agnovit vocem ] coniugis clamantis eo quod Nessus illam opprimeret per violentiam. Fallere : ille fallit depositum, quia bene non custodit.
119-120*
119 coniugis : Deianire ; vocem : clamorem ; paranti : volenti. 120 fallere : decipere ; depositum : traditum ; quo : loco ; te : Nesse ; clamat : ex(clamat).
IX 120-125
Exclamatio Herculis ad Nessum
IX 121
biformis ] quia partim erat equs et partim homo, et propter hoc dicit biformis.
121-122*
121 vana : parva ; violente :‘o crudelis’ ; rapit : ducit ; Nesse :‘o’ ; biformis : duplicis forme. 122 exaudi : audi nos ; nec : et non ; intercipe : occupa.
IX 123-124
Paterni orbes, idest ‘Ysion, pater tuus, qui volvitur apud Inferos in rota orbiculata, ideo quod Iunonem provocavit de stupro, debet prohibere ne Deianiram violes’, sed dicont alii quod Ysion voluit concombere com Iunone, et illa interposuit nubem et super illam cecidit semen illius, et inde nati fuerunt Centauri partim equi, partim homines.
493112 Calidonia : Calydonienne ; Déjanire, qui était originaire de la région de Calydon.
IX 119-120
coniugis agnovit vocem (« il reconnut la voix de son épouse »)] de son épouse qui criait parce que Nessus la pressait violemment. Fallere (« faire défaut ») : il fait défaut à ce qui lui a été confié, parce qu’il ne le garde pas correctement.
IX 120-125
Paroles d ’ Hercule criées à Nessus
IX 121
biformis (« à la double forme »)] parce qu’il était moitié cheval et moitié homme, c’est pour cela qu’il dit biformis (« à la double forme »).
IX 123-124
Paterni orbes (« la roue de ton père »), c’est-à-dire « Ton père Ixion qui est tourné aux enfers sur une roue circulaire, parce qu’il invita Junon à la débauche, devrait t’empêcher de violer Déjanire » ; mais d’autres disent qu’Ixion voulut coucher avec Junon, qu’elle plaça entre eux une nuée et que la semence d’Ixion tomba sur elle, c’est pourquoi les Centaures qui en naquirent sont moitié chevaux, moitié hommes.
494123-125*
123 si te nulla : non aliqua ; reverentia : dubium vel amor ; orbes : rote. 124 concubitus : tactus illicitos ; inhibere : refrenare ; paterni : patris. 125 Aut : non ; effugies : vittabis me ; ope : auxilio.
IX 126
Vulnere, non pedibus, quasi dicat : ‘Quia ita est quod non possum te consequi per viam ego ; velocior es ; sagitando te percutiam, quia mee sagite sunt tam certe quod nonquam alique plus certe’.
126-127*
126 vulnere : plaga ; pedibus : currendo ; Ultima : suprema. 127 res : effectus ; probat : laudat ; fugientia : fugitiva.
IX 128-130
Vulneratio Nessi ab Hercule
128-131*
128 traicit : perforat ; extabat : patebat ; pectore : suo ; aduncum : curvum. 129 Quod : ferrum ; simul : postquam ; emissum : extractum. 130 emicuit : saliit ; Lernei : serpentine ; tabe : putredine. 131 excipit : capit ; hunc : sanguinem ; Nessus : proprium ; nec : non ; enim : certe ; inulti : non vindicati.
IX 132-133
‘Quia iste sanguis dabit mihi vindictam’. Calido. Construe : Dat rapte munus, scilicet velamina tincta cruore calido dat ; inquam munus pro munere, scilicet irritamen amoris, idest recognitionem, quia dixit amorem mariti revocari per illa velamina.
132-133*
132 velamina : scilicet camisiam. 133 munus : donum ; rapte : Dianire ; velud : sicut ; irritamen : commotionem.
495IX 126
Vulnere, non pedibus (« en te blessant, et non en courant »), en d’autres termes : « Puisqu’il s’avère que je ne peux te poursuivre par voie de terre, car tu es plus rapide, je te frapperai de mes flèches, qui sont si sûres que jamais aucune autre ne pourrait l’être plus. »
IX 128-130
Nessus est blessé par Hercule
X 132-133
« Parce que ce sang me vengera ». Calido (« chaud »). Construire : Dat rapte munus (« il donne un présent à celle qu’il a enlevée »), c’est-à-dire il donne velamina tincta cruore calido (« sa tunique teintée de son sang encore chaud ») ; munus (« un présent »), disais-je, pour « en présent », à savoir irritamen amoris (« un excitant amoureux »), c’est-à-dire un retour de l’amour, parce que, dit-il, l’amour de son mari pouvait être ramené par cette tunique.
496IX 134
Longua : ita mortuus fuit Nessus et camisiam tonxicatam dedit Deianire. Modo accedit actor ad mortem Herculis, et dicit quod mora fuit longua, post quam moram conservata fuit camisia.
IX 134-135
[ 1] Actaque. Construe sic : Acta magni Herculis implerunt, quia ubicomque terrarum erant nota facta illius. [2] Et odiumimplerunt, quia ubicomque notum erat quod Iunonis odium sit accensum, et construes sic : acta Herculis implerunt odium noverce, quia superaverat omnia iussa noverce.
134-135*
134 Longua : magna ; medii : mediantis ; acta : opera. 135 Herculis : proprium ; implerunt : (imple)ve(runt) ; noverce : Iunonis.
|f. 123v|
IX 136-138
Victor : Hercules vicerat Eristeum, regem Oetalis, et filiam eius Yolem secom adduxerat. Heriteus enim filiam suam Herculi promiserat, et post hoc illam sibi denegaverat consilio filii sui, et hac de causa certavit Hercules com illo et devicit. Indulxit primo (142) : primitus flevit ; natura enim mulierum est, ut cito fleant, unde illud : « Ut flerent, oculos erudiere suos » (Rem. 690).
136-140*
136 Etholia : civitas ; Ceneo : a loco ; sacra : (sacra)ta ; parabat : facere. 137 loquax : garrula ; processit : pervenit. 138 Deianira :‘o’ ; proprium ; que : fama. 139 minimo : parvo ; mendatia : falsitates. 140 Amphitrionadem : Herculem, de genere Amphitrionis ; Yoles : proprium ; ardore : amore.
IX 141-143
Zelotipatio Deianire
134 Nessus] Nessis ms. moram] mora ms. | 134-135.2 Iunonis] Iuno ms. accensum] act. casus ms.
497IX 134
Longua (« long ») : ainsi Nessus en mourant donna à Déjanire sa chemise empoisonnée. L’auteur en vient alors à la mort d’Hercule, et dit que mora fuit longua (« il y eut un long intervalle de temps »), pendant lequel Déjanire conserva cette chemise.
IX 134-135
[1]Actaque (« les exploits »). Construire ainsi : Acta magni herculis implerunt (« Les exploits du grand Hercule emplirent »), parce que partout sur la terre ses actions étaient connues. [2]Et odium implerunt (« et alimentèrent la haine »), parce que partout on savait qu’il avait provoqué la haine de Junon ; construire ainsi : acta Herculis implerunt odium noverce (« les exploits d’Hercule alimentèrent la haine de sa belle-mère »), parce qu’il était venu à bout de tout ce que sa belle-mère avait ordonné.
|f. 123v|
IX 138
Victor (« vainqueur ») : Hercule avait vaincu Eurysthée, roi d’Œchalie, et avait ramené avec lui sa fille Iole. Eurysthée avait en effet promis sa fille à Hercule, puis la lui avait refusée sur le conseil de son fils, et pour cette raison Hercule le combattit et le vainquit. Indulxit primo (« Elle s’abandonna d’abord ») : elle commença par pleurer ; c’est en effet la nature des femmes de pleurer rapidement, d’où le vers : « Elles instruisirent leurs yeux à pleurer. »
IX 141-143
Déjanire souffre de jalousie
498141-148*
141 amans : Deianira ; -que : et. 142 indulxit : vacavit ; lacrimis : flendo ; flendo : plorando. 143 effudit : minuit ; miseranda : tristis ; mox : postea ; quid : cur. 144 flemus : ploramus ; pelex : meretrix ; letabitur : gaudebit. 145 Que : pelex ; properandum : aliquid est ; -que : et. 146 dum : aliquamdium ; nundum : non adhuc ; advena : pelex, aliena. 147 an : vel ; Repetam : vel. 148 Excedam : abibo ; tectis : domibus ; ut : tamquam ; amplius : magis ; obstem : ut non amplius possim nocere eis.
IX 149-151
‘Ego ero memor Meleagri, qui interfectus fuit a matre. Paro tantum scelusquantum iniuria possit parari ab illo cui sit iniuria’.
149-152*
149 Quod : sed ; Meleagre :‘o’ ; memorem : recorder ; sororem : Meleagre pro Meleagri, per methathesim. 150 forte : grave ; facinus : factum ; possit : vel ‘possit parare’. 151 femineus : possit parare ; iugulata : occissa ; pelice : Yole ; testor : idest Yolem adduco in testimonium, pelicem meam. 152 cursus : motus ; animus : mens ; varios : diversos ; abit : vadit ; illis : supradictis, narratis.
IX 153
Vestem : com supradicta loquta fuisset, Deianira accepit vestem et illi transmisit.
153-156*
153 protulit : proposuit Deianiram ; imbutam : tinctam. 154 mittere : trans(mittere) ; vires : vestis ; deffecto : languenti ; amori : suo, Herculis. 155 Ignaro : nescio ; Liche : proprium ; luctus : doloris. 156 -que : etiam.
IX 157
Incipit mors Herculis
[1] Fabula talis est : com Hercules rapuisset Yolem, Fama nunciavit Deianire. [2] Ipsa voluit revocare amorem mariti sui, unde camisiam leneo veneno tonxicatam misit, sed nesciebat ipsum mori pro talibus, unde, com Lichas sibi tradidisset, induit Hercules, et veneno calescente percepit mortem,
499IX 149-151
« Je me souviendrai de Méléagre, qui fut tué par ma mère. Paro tamen scelus quantum injuria possit (« je prépare un crime aussi grand que peut l’être l’injure »), (aussi grand qu’un crime peut) être préparé par celui qui subit l’injure. »
149 « Meleagre » pour « Meleagri », par métathèse. 151 testor (« je prends à témoin »), c’est-à-dire je fais d’Iole, ma rivale, un témoin.
IX 153
Vestem (« le vêtement ») : après avoir prononcé ces paroles, Déjanire prit le vêtement et le lui envoya.
IX 157
Début du récit de la mort d ’ Hercule
[1] La fable est la suivante : Hercule avait enlevé Iole, et la Renommée le fit savoir à Déjanire. [2] Elle voulut ramener à elle l’amour de son mari, et lui envoya la chemise empoisonnée du venin de l’Hydre de Lerne, sans savoir qu’il mourrait pour cela : comme Lichas la lui avait remise, Hercule la revêtit, et, brûlé par le poison, il sentit qu’il mourait.
500unde multum tristis incepit gemere et ad ultimum, ut Iunoni invidiam ferret, incepit narrare probitates suas, de quibus super textum videbimus. [3] Et tunc Licham accepit et rotavit per ethera, et tunc mutatus fuit in scopulum marinum. [4] Post Hercules concubuit in igne quem fecit, sed dei commoti fuerunt, et tunc sequitur de concilio deorum, et post deificatus fuit Hercules deis concedentibus, et hoc est quod dicitur de illo usque huc : Argolis Almene (313).
157* heros : Hercules.
IX 158
Induit Hercules camisiam tonxicatam
Echina est genus serpentis, idest camisiam tali veneno tonxicatam.
158* induitur : vestit ; Lernee : a loco ; virus : venenum ; Echine : serpentis.
IX 159
Thura dabat : exequitur quomodo incepit primo sacrificare quando venenum receptum fuit pro calore in ossa illius.
159-162*
159 Thura : sacrificia ; precantia : precabilia. 160 -que : et ; marmoreas : de marmore factas ; patera : in vase sacrificii. 161 vis : virtus ; resolutaque commota et. 162 Herculeos : Herculis ; dilapsa : diffusa ; artus : membra.
IX 163-165
Quia indignum videbatur illi gemere pro talibus. Postquam dolorem pati non potuit, flamma virus convalescente.
163-167*
163 Dum : quamdiu ; gemitum : suum ; solita : consueta ; gravitate : fortitudine ; repressit : tacuit. 164 victa : superata ; paciencia : sua ; aras : sacrificiorum. 165 -que : et ; nemorosam : plenam nemore ; vocibus : suis ; Oetham : silvam vel montem. 166 Nec : non ; mora : fuit ; letiferam : mortale ; conatur : vult ; scindere : removere. 167 qua : parte ; cutem : suam ; fedumque : turpe ; relatu : dictu.
501Alors il se mit à pousser de lugubres gémissements et finalement, attribuant le piège à Junon, il commença à raconter ses prouesses, que nous verrons racontées tout au long du texte. [3] Il se saisit de Lichas et le fit tournoyer dans les airs ; alors Lichas fut changé en rocher marin. [4] Ensuite Hercule se coucha dans le bûcher qu’il avait dressé, mais les dieux le prirent en pitié. S’ensuit un conseil des dieux, et ensuite Hercule fut déifié avec l’accord des dieux : c’est ce qui est raconté d’ici jusqu’aux mots : Argolis Almene (« Alcmène d’Argos »).
IX 158
Hercule revêt la chemise empoisonnée
L’Hydre est une sorte de serpent, et c’est de son venin que la chemise était empoisonnée.
IX 159
Thura dabat (« il donnait de l’encens ») : suit le récit de la façon dont il avait commencé à faire des sacrifices quand le poison pénétra jusqu’à ses os à cause de la chaleur.
IX 163-165
Parce qu’il trouvait indigne de gémir pour de telles souffrances. Postquam(« après que ») il ne put supporter la douleur, car la flamme renforçait le poison.
502IX 168
Et ita cruciabatur propter venenum.
168-169*
168 aut : vel ; membris : suis ; frustra : invanum ; revelli : removeri. 169 aut : vel ; artus : abiles ; grandia : magna ; ossa : Herculis.
IX 170
Lamina potest vocari frustum cuiuslibet metalli. Candens quia, quanto magis ferrum calescit, tanto magis candet.
170-172*
170 gelido : frigido ; ceu : sicut ; quondam : aliquando ; lamina : frustrum ferri ; candens : alba propter ignem. 171 lacu : aqua ; stridet : strepit ; stridente : resonante. 172 Nec : et non ; modus : finis ; sorbent : rapiunt ; precordia : viscera ; flamme : ignis.
IX 173
Ceruleus dicit propter venenum, quod est cerulei coloris.
173-177*
173 ceruleus : albet ; toto : suo. 174 ambusti : usti ; sonant : re(sonant) ; nervi : vene ; ceca : ignota. 175 liquefactis : adnichilatis ; tollens : levans. 176 cladibus : penis ; Saturnia :‘o Iuno’ ; pascere : pascaris. 177 pascere : pascaris ; pestem : meam ; crudelis :‘o’ ; alto : celo.
IX 178
Vel si : ‘Si hostis est miserabilis hosti suo, tu miserere mei’, supple ; vel si miserandus :‘Si ego sum talis de quo tu debeas misereri et quilibet alius hostis, hostis ego sum’, et interpositio est.
178-181*
178 corque : tuum et ; ferum : crudele ; miserandus : sum ; et : etiam ; hosti : meo. 179 enim : certe ; cruciatibus : penis. 180 invisam : odiosam ; animam : vitam ; auffer : remove. 181 munus : donum ; hec : talia ; novercam : te.
503IX 168
C’est ainsi qu’il était torturé par le poison.
IX 170
Lamina (« la lame ») est un nom qu’on peut donner à un fragment de métal, quel qu’il soit. Candens (« incandescent ») parce que, plus le fer est chauffé, plus il blanchit.
IX 173
Il dit ceruleus (« d’un bleu sombre ») à cause du poison, qui est de cette couleur bleue sombre.
IX 178
Vel si (« Ou bien, si ») : « Si hostis (« l’ennemi ») a pitié de son hosti (« ennemi »), prends pitié de moi », compléter ; ou si miserandus (« si je suis digne de pitié ») : « Si je suis tel que tu doives avoir pitié de moi comme de tout autre ennemi, je suis un ennemi » ; c’est une parenthèse.
504IX 182
Loqutio Herculis com Iunone
[ 1]‘Ergo ego, et quia mors eminet, ante quam moriar, ego facta mirabilia que feci enarrabo, ut Iunoni invidiam faciam’. Modo incipit narrare. Busirin (183) : Bisuris fuit rex Egipti, et hospites suos Iovi sacrificabat. [2] Hercules enim hospitatus fuit in domo eius, et, dum dormiret, Busiris voluit ipsum interficere et Iovi sacrificare, sed Hercules eum interfecit. [3] Hec habent evidentiam veritatis.
182* Ergo : vel ‘ego’ ; ubi : postquam ; peregrino : alieno.
IX 183-185
Enarratio probitatum Herculis a se ipso
Pastoris : Gerion pastor fuit et mul |f. 124r| titudinem ovium et multitudinem illam conservabat, et dicitur habere triplicem formam Gerion et tria capita, quia preerat tribus insulis, scilicet Balerice minori et Balerice maiori et Ebuso, et eum interfecit Hercules ; et dicitur Yberus ab Ybero, puero Hispanie. Hercules propter seviciam suam illum occidit.
183* Busirim : proprium ; domui : vici ; -que : et ; alimenta : nutrimenta ; parentis : matris.
IX 184
[ 1] Ancteo. Construe : Eripui Ancteo, illi giganti, alimenta parentis (183). Ancteus dictus est filius terre quia, quotiens terram tangebat, vires recuperabat. Hercules ipsum levavit in ethere et dixit huc : ‘Anctee, cades’, et eum in brachia coegit expirare. [2] Quod nichil est nisi quod terra illa fertilis fuit per illum, que humoribus nimiis sterilis dicebatur.
184* Ancteo : proprium ; eripui : removi.
IX 185
[ 1] O Cerbere : Hercules descendit apud Inferos ut inde traheret Theseum amicum suum. Cerberus ei obstitit, qui habet tria ora canina, et Hercules eum inde traxit ad lucem et coegit eum despumare, unde illud succumbit ianitor Orchi. [2] Quod nichil est aliud nisi quod vita contemplativa temptatorem devicit, qui tria devorat propter tria capita, scilicet corpus, censum et animam.
185* forma : movit ; Cerbere : ‘o’.
182.1 Busirin]Busirumms. | 182.3 evidentiam] rei evidentiam ms. | 183-185 et dicitur2] et dicitur et dicitur ms.
505IX 182
Paroles d ’ Hercule à Junon
[1] « Ergo ego (« donc moi »), et parce que ma mort est imminente, avant de mourir, je raconterai les actes admirables que j’ai accomplis, pour provoquer la haine de Junon. » Alors il commence à raconter. Busirin(« Busiris ») : Busiris était un roi d’Egypte qui sacrifiait ses hôtes à Jupiter. [2] Hercule fut reçu dans sa maison et, pendant qu’il dormait, Busiris voulut le tuer et le sacrifier à Jupiter, mais Hercule le tua. [3] Ces faits ont l’évidence de la réalité.
IX 183-185
Hercule énumère lui-même ses prouesses
Pastoris (« du berger ») : Géryon était un berger qui |f. 124r| (possédait) une multitude de brebis, qu’il gardait lui-même ; on dit qu’il avait trois corps et trois têtes, parce qu’il était le chef de trois îles, à savoir les petites Baléares, les grandes Baléares, et Ibiza. Hercule le tua ; il est dit Ibérien du fleuve Ibère, qui naît en Hispanie. Hercule le tua à cause de sa cruauté.
IX 184
[ 1] Ancteo (« à Antée »). Construire : Eripui Ancteo (« j’ai arraché à Antée ») – à ce géant – alimenta parentis (« les forces nourries par sa mère »). Antée est appelé fils de la terre parce que, chaque fois qu’il touchait la terre, il retrouvait des forces. Hercule le souleva dans les airs et lui dit : « Antée, tu vas mourir », et il le fit mourir dans ses bras. [2] Cela revient à dire que cette terre, qui était disait-on stérile par excès d’humidité, fut fertilisée par lui.
IX 185
[1]O Cerbere (« Ô Cerbère ») : Hercule descend aux Enfers d’où il arrache Thésée son ami. Cerbère lui fait obstacle, avec ses trois têtes canines, et Hercule le traîne vers la lumière et l’oblige à cracher son écume, et le portier d’Orcus succombe à ce traitement. [2] Cela revient à dire que la vie contemplative triomphe du tentateur, qui grâce à ses trois têtes dévore trois choses : le corps, les biens et l’âme.
506IX 186
[ 1] Tauri : de illo tauro dicit quem peciit Minos a Iove vel Nep‹tuno›. Secundum alios quod, com Minos vellet sacrificare, motus est pulcritudine, et ita dimisit. Iupiter, motus in iram, illum furibundum fecit qui totam terram devastabat. [2] Hercules eum interfecit, et est verum, vel potest intelligi de Acheloo, de quo prius sermo processit.
186* Vosne : nonquid ; manus : ‘o’ ; validi : fortis.
IX 187
Vestrum opus : apud Elidem civitatem Hercules aprum interfecit, qui totam terram devastabat.
[ 1] Stiphalides. Stiphalus est fluvius iuxta quem erat multitudo avium qui terram adiacentem reddebant sterilem ; has Hercules fugavit, vel, secundum alios, ibi erat quedam serpens que totam regionem ‹devastabat›, quam Hercules interfecit. [2] Vel hoc dicit propter Arpias, quas fugavit Hercules et Zetus et Cultris, dum irent in Colchon insulam. [3]Cachus : Hercule redeunte de Hispania com armento Gerionis et morante in hospicio Evandri in Ytalia, Cachus, qui erat filius Evandri vel Vulcani, furatus fuit duas vaccas de armento illo et abstraxit in foveam suam. [4] Hoc comperto, Hercules eum interfecit, et hoc est verum, ut dicont historie. [5]Hiis elisa (197) : pestem nemeam vocat maximum leonem, quem interfecit Hercules in nemea silva, ut partim superius declaratur.
187* opus : operationem ; Helis : mons.
IX 188
Parthonium. Hercules tres leones interfecit : quendam apud Parthenium opidum, alium apud Nemeum, alterum apud Aeonam silvam, quod est quia triplicem motum carnis superavit : cogitatum, loquelam et opus consensitivum.
188 (189T)* Termodunciaco : a loco ; celatus : sculptus.
IX 189
Termodontiaco : Termodus est fluvius Amazonum. Ibi habebant baltheum, in quo pendebat fiducia regni ; illum abstulit Hercules. Vel quidam
186.1 Nep‹tuno›] Nep # ms. illum furibundum] illum furibundum illum ms. | 186.2 verum ex illum verum ms. | 187.1 regionem ‹devastabat›] regionem ms. | 187.3 Cachus1exBiscachusms. vaccas] nactas ms.
507IX 186
[1]Tauri (« du taureau ») : il parle du taureau que Minos demanda à Jupiter ou à Neptune. Selon certains, comme Minos voulait le sacrifier, il fut ému par sa beauté et le libéra. Jupiter, plein de colère, le rendit fou furieux et il dévasta la terre entière. [2] Hercule le tua, et c’est la vérité ; ou on peut comprendre qu’il s’agit d’Achéloüs, dont il a d’abord été question.
IX 187
Vestrum opus (« votre ouvrage ») : à Elide, Hercule tua un sanglier qui dévastait toute la terre.
[1]Stiphalides (« du Stymphale »). Le Stymphale est un fleuve près duquel vivait une multitude d’oiseaux qui rendaient stérile la terre voisine ; Hercule les mit en fuite ou, selon d’autres, il y avait là un serpent qui ravageait toute la région et qu’Hercule tua. [2] Ou il dit cela à cause des Harpies, qu’Hercule, accompagné de Zétès et Calaïs, mit en fuite alors qu’ils se rendaient sur l’île de Colchide. [3]Cachus (« Cacus »). Hercule revenant d’Hispanie avec le troupeau de Géryon s’attarda chez Évandre qui lui donna l’hospitalité en Italie. Cacus, qui était le fils d’Évandre ou de Vulcain, déroba deux vaches du troupeau et les entraîna dans sa caverne. [4] L’ayant découvert, Hercule le tua, et c’est un fait vrai, d’après les histoires. Hiis elisa (« étranglée par ces (bras) ») : il appelle « fléau de Némée » un énorme lion qu’Hercule tua dans la forêt de Némée, comme le texte le déclare plus haut.
IX 188
Parthonium (« du Parthénius ») : Hercule tua trois lions, l’un près de la place forte de Parthénius, l’autre près de Némée, le troisième près de la forêt d’Aonie, ce qui s’explique parce qu’il triompha des trois désirs de la chair : le désir en pensée, le désir en parole, et le désir de l’acte consenti.
IX 189
Termodontiaco (« du Thermodon »). Le Thermodon est le fleuve des Amazones. Elles y avaient là un baudrier dont dépendait la sûreté du royaume ; Hercule s’en empara. Ou bien d’après certains,
508dicunt quod Termodus fuit rex qui, balteo suo spoliatus, rogavit Herculem ut per ipsum recuperaret baltheum suum, quod fecit Hercules, et est verum.
189 (188T)* Parthoniumque nemus : est relatum ; a loco.
IX 190
Poma non custodita : hoc dicit de drachone qui servabat pomaria filiarum Athlantis ; quem interfecit Hercules et poma aurea rapuit, quod nichil est nisi quod custodes decepit et thesauros rapuit.
190* pomaque : sunt relata ; insompni : non dormienti.
IX 191
Nec michi Centauri : Hercules interfuit nuptiis Pirithoi et Ypocophie, et interfecit multos de Centauris, com ipsi vellent capere novam nuptam, et hoc similiter est verum, ut inferius continetur plenius.
191* Centauri : semihomines ; resistere : contradicere ; mi : michi.
IX 192
[ 1] Archadie : in Archadia erat quidam aper iuxta Elicem montem qui omnia devastabat, et hunc Hercules interfecit, et est verum, vel potest intelligi de maligno spiritu et vita contemplativa. [2]Ydre : Hercules ydram serpentem interfecit et, uno capite sciso, duo vel tria subcrescebant, quod nichil est nisi quod paludem aquis et rivulis copiosam ad culturam redegit.
192-193*
192 vastator : devastator ; ydre : serpenticule. 193 crescere : multiplicari ; geminas : duplices.
IX 194
Quid, com Tracis, idest Diomedis, regis Tracie, qui hospites suos interficiebat, et equis feris ad comedendum aponebat ; hunc Hercules interfecit et eum equis suis ad comedendum apposuit, quod possibile est.
194-197*
194 Quid : est ; Tracis : Tracensibus. 195 laceris : laceratis. 196 deieci : dissipavi ; dominum : regem ; ipsas : equas ; peremi : Cacus, horrendum tiberno litore monstrum. 197 elisa : lacerata ; Nemea : a loco.
191 de Centauris] decem tauros ms. | 194 interficiebat] interfaciebat ms. | 196* dissipavi] dissibavi ms. Cacus] hiis Cacus ms.
509Thermodon était un roi qui, s’étant fait dérober son baudrier, demanda à Hercule de le récupérer, ce que fit Hercule, et c’est la vérité.
IX 190
Poma non custodita (« les fruits non gardés ») : il dit cela à propos du dragon qui surveillait les vergers des filles d’Atlas ; Hercule le tua et vola les pommes d’or, ce qui revient à dire qu’il trompa les gardiens et vola les trésors.
IX 191
Nec mihi Centauri (« Et les Centaures ne me… ») : Hercule était présent aux noces de Pirithoüs et Hippocophie3, et tua de nombreux centaures, parce qu’ils voulaient s’emparer de la nouvelle mariée ; cela aussi est la vérité, comme il apparaît très clairement plus bas.
IX 192
[ 1] Archadie (« d’Arcadie »). Il y avait en Arcadie un sanglier qui, près de la montagne de l’Hélicon, dévastait tout. Hercule le tua, et c’est la vérité. Ou l’on peut comprendre qu’il s’agit de l’esprit malin et de la vie contemplative. [2] Ydre (« à l’hydre ») : Hercule tua l’hydre ; quand on lui coupait une tête, deux ou trois poussaient à sa place, ce qui revient à dire qu’il rendit à la culture un marais qui abondait en eaux et en ruisseaux.
IX 194
Quid, com Tracis (« Et quoi, quand du roi de Thrace »), c’est-à-dire de Diomède, roi de Thrace, qui tuait ses hôtes et les offrait à manger à ses chevaux sauvages ; Hercule le tua et le donna à manger à ses chevaux, ce qui est possible.
196 peremi (« j’ai détruit ») : Cacus, monstre du rivage du Tibre, qui les terrorisait.
510IX 198
[ 1] Hac celum : com Alas interesset bello Gigantomachie et ibi diu moraretur, Hercules pro illo celum sustinuit, quod nichil aliud est nisi quod optimus fuit philosophus et peritissimus in astrologia et cognitione celestium et contemplatione et Athlanti successit in peritia astrorum. [2] Hoc totum supradictum de virtutibus Herculis et monstris interfectis potest allegorice legi de vita activa et contemplativa et viciis aliter diversis consideratis subtiliter perstudenti.
198-202*
198 cervice : testa ; tuli : portavi. 199 sola : vel ‘seva’ ; coniunx : Iuno est ; ego : sed ; agendo : faciendo. 200 adest : ‘venit’ vel ‘est’ ; nec : non : virtuteresisti : potest contradici. 201 nec : resisti potest ; -que : et. 202 ymis : pavidis ; artus : membra.
IX 203
At valet Eritheus : ‘Ego qui tot et tanta tuli, crucior modo’. Et valet, idest validus est. Iste Eritheus erat arbiter Iunonis in Herculem, qui ad tot monstra devincenda mittebat Herculem iussu Iunonis.
203* valet : in opere ; Eritheus : monitor Iunonis ; qui : aliqui ; credere : ‘Sunt qui credant deos esse, sed non credo’, quia sic non moreretur, si dei essent aliqui.
IX 204
Perque altam : modo comparat actor Herculem ad taurum vulneratum qui com violentia fugit.
204-210*
204 -que : et ; Oetam : silvam. 205 aut : non ; graditur : vadit : venabula : espiem gallice. 206 gerat : portet ; factique : fixionis. 207 Sepe : videres ; illum : Herculem ; edentem : dantem ; trementem : videres. 208 retemptantem : iter cupientem ; infringere : removere. 209 serventemque : confundentem ; trabes : arbores ; videres : si esses. 210 patrio : dicit pro Iove.
198.1 Gigantomachie] Gigomachie ms. | 200* ‘venit’ vel ‘est’] venis vel esti ms. | 203 qui2] que ms. | 203* credant ex quod credant ms. | 209* confundentem] confundente ms.
511IX 198
[1]Hac celum (« le ciel par ma (nuque) ») : comme Atlas prenait part à la guerre contre les Géants et qu’il s’y attardait longtemps, Hercule soutint le ciel à sa place, ce qui revient à dire qu’il y eut un philosophe excellent et très savant en astrologie et dans la connaissance et l’observation des phénomènes célestes qui succéda à Atlas dans le domaine de la science des astres. [2] Tout ce qui a été raconté ci-dessus sur les prouesses d’Hercule et les monstres qu’il a tués peut être compris de manière allégorique comme la vie active et la vie contemplative, ou autrement comme les divers vices qui sont étudiés avec subtilité par celui qui s’y applique.
IX 203
At valet Eritheus (« Mais Eurysthée est plein de vie ») : « Moi qui ai traversé tant de si grands tourments, je suis maintenant torturé ». Et valet (« et il est en vie »), c’est-à-dire il est en bonne santé. Cet Eurysthée était l’intermédiaire de Junon contre Hercule, c’est lui qui envoyait Hercule vaincre tant de monstres sur l’ordre de Junon.
203 credere (« croire ») : « Il y en a qui peuvent croire que les dieux existent, mais moi je n’y crois pas », parce qu’il ne mourrait pas dans de telles souffrances s’il y avait des dieux.
IX 204
Perque altam (« à travers le sommet ») : ici l’auteur compare Hercule à un taureau blessé qui s’enfuit en exprimant sa rage.
512IX 211
Ecce Licham. Com ita Hercules cru‹ciatus esset, vi›dit Licham, qui crucia‹mentum ap›portaverat, unde contra il‹lum excl›amavit, et sequitur d‹e iactu› et mutatione Liche.
211-219*
211 Licham : proprium ; trepidum : trementem ; latitantem : absconsum. 212 aspicit : cernit ; ut : sicut ; collegerat : ceperat. 213 Licha : ‘o’ ; feralia : mortalia. 214 Tune : nonquid ; necis : mortis ; ille : Lichas. 215 excusantia : excusabilia ; quia excusabat se a parte ignorantie, quia nesciebat camisiam esse tonxicatam. 216 genibus : Herculis ; manus : suas ; adhibere : addere. 217 corripit : rapit ; Alcides : Hercules ; quaterque : multociens ; rotatum : tortum. 218 misit : iecit ; Euboicas : a loco ; tormento : perrierre gallice ; tormentum, idest machina, et est tormentum instrumentum com quo turres lacerantur, et in hoc monstratur virtus Herculis, et erat magna. 219 Ille : Lichas ; induruit : in lapidem.
IX 220-228
Mutatio Liche in lapidem
[ 1] Utque ferunt : ibi tangitur quomodo grando habet fieri. Philosophi dicunt quod primo pluvia frigiditate aeris conglutinatur et fit nix, postea impulsu ventorum rotunda fit, et videtur, et sic fit grando, et, sicut ista habent fieri, sic Lichas mutatus fuit in lapidem. [2]Exanguem dicit quia, qui perfecte timet, sanguinem amittit. [3]Quasi sensurum, quia tante infamie est locus ille in mari quod nullus nauta audet huc accedere. [4] Et est rei veritas quod iste Lichas stupuit in morte Herculis, quasi esset quidam lapis, vel Hercules illum a quodam scopulo precipitavit, qui scopulus nautis contrarius iudicatur.
220-228*
220 utque : sicut et ; ferunt : philosophi ; imbres : pluvias ; gelidis : frigidis ; concrescere : congregari. 221 inde : postea dicont ; novibus […] rotatis : et hoc dico ; mole : ponderositate ; rotatis : volutis.
211 cru‹ciatus esset, vi›] cru ms. crucia‹mentum ap›] crucia ms. il‹lum excl›] il ms. d‹e iactu›]ms. | 212* ceperat] ceparat ms. | 217* Hercules ex Herculis ms. | 220-228.1 videtur] videret ms. | 221* ponderositate] ponderosita ms. rotatis]ratatisms.
513IX 211
Ecce Licham (« Voici Lichas »). Comme Hercule était dans une telle torture, il vit Lichas, qui lui avait apporté l’instrument de la torture : il lui lança des imprécations, puis le jeta en l’air, et Lichas fut métamorphosé.
215 Excusantia (« des paroles d’excuse ») ; parce qu’il s’excusait en alléguant son ignorance : il ne savait pas que la chemise était empoisonnée. 217 tormento (« une baliste ») ; la baliste, la machine, est un instrument de jet avec lequel les tours sont détruites : cela montre la force d’Hercule, qui était grande.
IX 220-228
Métamorphose de Lichas en rocher
[ 1] Utque ferunt (« comme on dit ») : il est ici question de la façon dont se forme la grêle. Les savants disent que d’abord la pluie se condense quand l’air est glacé et devient de la neige, puis s’arrondit quand le vent souffle, et on la voit ainsi devenir de la grêle : c’est en suivant les mêmes étapes que Lichas fut métamorphosé en rocher. [2] Il dit exanguem (« exsangue ») parce que celui qui atteint les limites de la peur se vide de son sang. [3]Quasi sensurum (« comme s’il allait sentir »), parce que le lieu de la mer est si mal réputé qu’aucun marin n’ose s’en approcher. [4] La vérité est que Lichas fut frappé de stupeur en voyant Hercule mourir, comme s’il était une pierre ; ou bien Hercule le jeta du haut d’un rocher, rocher que les marins jugent dangereux.
514222 spissa : dura ; glomerari : condurari. 223 validis : fortibus ; iactum : iactatum ; inane : aera. 224 exsanguem : sine sanguine ; metu : timore ; quicquam : nichil ; humoris : sanguinis. 225 rigidos : duros ; versum : mutatum ; silices : lapides ; edidit : dixit ; etas : antiqua gens. 226 quoque : similiter ; Euboico : a loco ; brevis : parvus ; imminet : apparet. 227 humane : gentes ; vestigia : similitudinem. 228 sensurum : perceptorum ; calcare : tangere ; verentur : dubitant.
|f. 124v|
IX 229-233
Mors Herculis
[ 1] At tu, Iovis : exequitur perfecte de morte Herculis, et dicit : ‘ligna combustionis sue coadunavit’. [2]Arcum iterum visuras : com Greci obsedissent Troiam, datum est eis in responsis quod non caperent illam nisi haberent sagitas Herculis, unde Ulixes ivit ad Lempnon insulam, ubi erant quas servabat Philotetes, et illum com sagitis ad bellum troianum adduxit.
229-239*
229 appellantque : dicunt et ; Licham : proprium ; At : et ; tu :‘o’ ; inclita : nobilis. 230 arboribus : multis ; quas : arbores ; ardua : celsa ; Oete : mons vel silva. 231 pyram : igneam ; structis : paratis ; arcom : tuum ; pharetram : tuam. 233 iubes : dicis ; Peante satum : Philotetem ; quo : Philotete ; ministro : famulante. 234 subdita : supposita ; comprenditur : corripitur ; agger : congregatio lignorum. 235 congeriem : multitudinem ; Nemeo : monte ; vellere : pelle ; summam : magnam, quasi dicat : ‘Hercules proiecit pellem Nemei leonis super flammam, ut ibi se reclinaret’. 236 sternis :‘o Hercule’ ; imposita : superposita ; clave : tue ; cervice : capite. 237 aut : non ; vultu : molestia ; conviva : comedens. 238 meri : vini ; redimitus : ornatus. 239 valens : valorem habens ; diffusa : posita.
IX 240
[1] Allegoria spiritualis talis est : Hercules interpretatur vita contemplativa vel vir vitam contemplativam ducens, et dicitur ab her, quod est lis, et cleos, quod est gloria, quasi ‘gloriosus in lite vel labore vite, tamen
222* condurari] condureri ms. | 231* igneam] ignam ms. | 233* dicis] dicibis ms. | 235* summamexsummoamms.
515|f. 124v|
IX 229-233
Mort d ’ Hercule
[1] At tu, Iovis (« Mais toi, (fils) de Jupiter ») : suit le récit complet de la mort d’Hercule, « il assembla, dit l’auteur, les bois de son propre bûcher ». [2]Arcus iterum visuras (« l’arc (et les flèches) destinées à revoir une seconde fois ») : comme les Grecs avaient assiégé Troie, un oracle leur donna la réponse qu’ils ne prendraient pas la ville s’ils n’avaient pas les flèches d’Hercule ; c’est pourquoi Ulysse se rendit à l’île de Lemnos, où elles étaient gardées par Philoctète, et il ramena Philoctète jusqu’à Troie avec ces flèches.
235 summam (« très haute »), en d’autres termes : « Hercule jeta la peau du lion de Némée dans la flamme, lorsqu’il se coucha sur le bûcher ».
IX 240
[1] L’allégorie spirituelle est la suivante : Hercule s’interprète comme la vie contemplative ou comme l’homme qui règle la vie contemplative. Son nom vient de her, qui signifie litige, et cleos qui veut dire la gloire, en d’autres termes « glorieux dans les litiges ou dans les tourments de la vie, cependant
516aperte prelii corporis et anime’. [2] Multa monstra interfecit, quia multas temptationes carnis superavit secundum quod multis modis caro temptatur ; flumina, monstra, feras, reges, terras superavit, idest inundationes, vicia, motum carnis, copiam terrenorum superavit. [3] Ad ultimum Deianira illum intonxicavit, quia ad ultimum amore mulierum illicito caro noxia laqueatur. [4] Dicitur quod in igne se combuxit, idest in fornace penitentie et igne caritatis motus suos illicitos decoxit. Deificatus fuit, quia erat in divina contemplatione, et ad ultimum vir talem vitam eligens, super ethera exaltatur. [5] Iuno invidit, idest mondus et princeps mondi, scilicet dyabolus, indoluit. [6] Lichas, iactatus in ethera, in lapidem mutatus fuit, quia mundani, videntes hominem in mundanis virtuosum, stupent, com dicuntur laici a ‹laos›, quod est lapis.
240* securosque : tutos et ; artus : membra ; contemptorem : despectorem.
IX 241-254
Timor deorum pro Hercule
[1] Hercules dictus fuit vindex terre, quia omnia monstra placavit et patriam securam reddidit. [2]Volumptas, quasi dicat : ‘Magna delectatio est michi, o superi, quoniam timetis de morte filii mei’, vel potest esse littera : Volumptas, quia Iupiter ita deos moveri volebat. [3]‘Nam, quamquam datis, idest dare debetis ; quamvis bene faciendo favorem nostrum meruit, tamen obligor, idest vobis obnoxius sum, quia filius meus est vobis cure’. [4]Paveant, quasi dicat : ‘Hunc timorem deponite, quem habetis de Hercule, et spernite Oetas flammas’, ignem quo corporaliter hic crematur, quia spiritualiter non tangetur. [5]Terra, idest a terrena origine, scilicet materna ; a terra enim habemus originem corporalem ; a Deo autem habemus animam.
241-243*
241 suum : Herculem. 242 Quos : deos ; ita : ut sequitur ; sensit : percepit ; enim : quia ; leto : gaude ; Saturnius : filius Saturni. 243 alloquitur : affatur ; voluptas : desiderium.
240.3 intonxicavit ex intronxicavit ms. | 240.4 quia] quia # ms. | 240.6 laici a ‹laos›] laici a # | 241-254.4 et sperniteex si et spernitems. | 241-254.5 autem] aute ms.
517d’une vie clairement faite de combat du corps et de l’âme. » [2] Il tua de nombreux monstres, parce qu’il triompha de nombreuses tentations de la chair en fonction des multiples façons dont la chair est tentée ; il triompha de fleuves, de monstres, de bêtes sauvages, de rois, de terres, c’est-à-dire d’inondations, de vices, de passions charnelles, de la richesse des biens terrestres. [3] Finalement Déjanire l’empoisonna, parce qu’à la fin la chair criminelle est enchaînée par le désir coupable des femmes. [4] On dit qu’il se fit brûler dans un bûcher, c’est-à-dire qu’il fit réduire ses sentiments coupables dans le four de la pénitence et le feu de la charité. Il fut déifié, parce qu’il passait sa vie dans la contemplation des choses divines, et qu’à la fin l’homme qui choisit une telle vie est élevé au-dessus de l’éther. [5] Junon le haïssait, c’est qu’il fit souffrir le monde et le prince du monde, le diable. [6] Lichas, jeté dans les airs, fut changé en rocher, parce que les mondains, quand ils voient dans le monde un homme vertueux, sont frappés de stupeur, c’est pourquoi on les appelle « laïques », de laos, qui désigne la pierre.
IX 241-254
Les dieux ont peur pour Hercule
[1] Hercule est appelé « vengeur de la terre » parce qu’il apaisa tous les monstres et donna la sécurité à sa patrie. [2]Volumptas (« volonté »), en d’autres termes : « C’est un grand plaisir pour moi, ô dieux, de vous voir craindre la mort de mon fils » ; ou peut-être le sens littéral est : Volumptas (« volonté »), parce que Jupiter voulait que les dieux fussent émus. [3] « Nam, quamquam datis (« Car, bien que vous donniez »), c’est-à-dire vous devez donner ; bien qu’il ait mérité notre faveur par ses bonnes actions, tamen obligor (« cependant je vous suis obligé »), c’est-à-dire je vous suis redevable, parce que vous vous souciez de mon fils. » [4]Paveant (« aient peur »), pour ainsi dire : « Quittez la peur que vous éprouvez pour Hercule, et spernite Oetas flammas (« dédaignez les flammes de l’Œta »), le feu par lequel il est brûlé corporellement, parce qu’il ne sera pas touché spirituellement. » [5]Terra (« en terre »), c’est-à-dire d’origine terrestre, à savoir maternel ; car c’est de la terre que nous tirons notre origine corporelle ; et de Dieu nous tenons l’âme.
518IX 244-255
Loqutio Iovis com superis de Hercule
244-255*
244 superi : dei ; libens : ego volens ; grator : letor. 245 memoris : laudabilis ; dicor : ego. 246 mea progenies : meus filius Hercules ; tuta : secura ; favore : beneplacito. 247 quamquam : quamvis ; datis : conceditis ; imanibus : magnis ; actis : operibus. 248 obligoripse : ego Iupiter ; neu : quod non. 249 fida : fidelia ; paveant : timeant ; spernite : vos. 250 Omnia : mundana ; cernitis : videtis. 251 materna : matris ; Vulcanum : ignem ; potentem : in illum. 252 sentiet : quia ; traxit : habuit ; expers : sine parte. 253 immune : sine munere ; necis : mortis ; domabile : vastabile. 254 id : corpus ; defunctum : usum ; oris : regionibus. 255 cunctis : omnibus ; lectabile : bonum.
IX 256-261
[ 1] Si quis : hoc dicit propter Iunonem, que non letificabatur de deificatione Herculis, et loquitur iurgiose. [2]Visa est doluisse, idest valde doluisse, se existente vocata ; vel sic : Visa est indoluisse se fuisse vocatam dum Iupiter dixerat : ‘Velit, nollit quis deus, deificabitur Hercules’.
256-261*
256 fore : esse ; confido : dico ; quis : deorum ; Hercule :‘o’. 257 deo : pro te ; premia : dona ; nollet : non vellet. 258 meruisse : te ; dari : illa dona ; sciet : tibi ; invitus : contra votum ; probabit : laudabit te. 259 Assensere : Iovi ; quoque : similiter ; regia : Iuno. 260 cetera : omnia ; duro : tristi. 261 tulisse : passa fuisse ; notata : monstrata est vel vocata.
IX 262-265
Combustio Herculis a parte corporis
Interea : dum ita Iu‹no dicta ferret› et Iupiter loqueretur, ‹Mulciber abstuler›at : terrenum et notum populo devastatum fuit.
256-261.1 loquitur] loqui ms. iurgiose ex iurgioise ms. | 256-261.2 doluisse1] duluisse ms. | 262-265 Iu‹no dicta ferret›] Iu ms. ‹Mulciber abstuler›at] atms.
519IX 244-255
Conversation de Jupiter avec les dieux au sujet d ’ Hercule
IX 256-261
[1]Si quis (« si quelqu’un ») : il dit cela à cause de Junon, qui n’était pas heureuse de la déification d’Hercule, et il parle avec un esprit querelleur. [2]Visa est (« parut ») souffrir, c’est-à-dire conçut une vive souffrance, car elle avait été désignée de façon manifeste ; ou ainsi : Visa est indoluisse (« elle parut ne pas souffrir ») d’avoir été désignée quand Jupiter avait dit : « Que quelque dieu le veuille ou non, Hercule sera déifié. »
IX 262-265
Hercule est consumé dans sa part corporelle
Interea (« Pendant ce temps ») : tandis que Junon supportait dicta (« ces paroles ») et tandis que Jupiter parlait, Mulciber abstulerat (« Mulciber avait emporté ») : ce qui était terrestre et connu des gens fut détruit.
520262-265*
262 Interea : ex quo ita fuit ; populabile : vastabile. 263 Mulciber : ignis ; abstulerat : removerat ; remansit : in illo. 264 effigies : forma ; nec quicquam : aliquid ; ymagine : forma ; ductum : factum. 265 matris : sue ; -que : sed ; vestigia : formam.
IX 266-267
Utque novus : facit actor comparationem de Hercule mutato ad serpentem que noviter mutat scamas et corium.
266-267*
266 Utque : sicut et ; posita : de(posita) ; senecta : antiquitate. 267 luxuriare : iuvenescere ; scama […] recenti : et hoc dico ; nitere : splendere.
IX 268-272
Deificatio Herculis
268-272*
268 sic : taliter ; Tirincius : Hercul ; exuit : removit ; artus : membra. 269 meliore : bona ; viget : vales ; -que : quam. 270 cepit : in(cepit) ; augusta : nobili ; gravitate : actoritate. 271 Quem : Herculem ; omnipotens : Iupiter ; nubila : cavata. 272 quadriiugo curru : ubi erant quatuor equi ; radiantibus : nitidis ; intulit : portavit.
IX 273
Nec Stelleneius : ita deificatus fuit Hercules, sed Stellenius, idest Eristeus, filius Stellenes qui non dicitur deposuisse iras suas erga Herculem, sed adhuc fervebat ira in prolem Herculis et Deianire, quasi dicat : ‘Eodem modo habebat odio prolen, quasi prolem’.
273-274*
273 Sensit : percepit ; Athlas : proprium numinis ; nec : et ; Stelleneius : filius Stellenes. 274 solverat : removerat ; Euristheus : proprium ; -que : sed ; prole : progenie.
IX 275-278
De Almena et Yole
273 deposuisse] deposuerat ms.
521IX 266-267
Utque novus (« Comme un nouveau ») : l’auteur compare Hercule métamorphosé à un serpent qui vient de changer d’écailles et de peau.
IX 268-272
Déification d ’ Hercule
IX 273
Nec Stelleneius (« et le fils de Sthénélée ») : ainsi Hercule fut déifié, mais Stellenius (« le fils de Sthénélée »), c’est-à-dire Eurysthée, fils de Sthénélée qui, dit-on, n’avait pas renoncé à sa colère contre Hercule, mais adhuc (« encore ») brûlait de colère contre la descendance d’Hercule et Déjanire, en d’autres termes : « Il avait la même haine pour sa descendance » (« prolen » est l’équivalent de « prolem »).
IX 275-278
Alcmène et Iole
522275-280*
275 exercebat : perficiebat ; atrox : crudelis ; At : et ; longis : magnis. 276 Argolis : greca ; Almene : proprium ; questus : lamentationes ; ponat : de(ponat) ; aniles : antiquas. 277 referat : dicat ; nati : Herculis ; testatos : cognitos ; orbe : mondo. 278 -ve : vel. 279 imperio : iussu ; thalamo : connubio ; animo : amore ; receperat : sumpserat ; Ylus : proprium. 280 uterum : ventrem ; generoso : nobili ; germine : fetu.
|f. 125r|
IX 281
Confabulatio Almene
Saltem, idest : ‘si melius non fecerint tibi’ ; usitatum est proprio modo loquendi, sicut dicitur in Gallia : « Dex vos ait se il mieuz ne vos velt faire ».
281* incipit : loqui ; Almene : proprium ; faveant : concedant ; numina : dei ; saltem : etiam.
IX 282
[1] Fabula talis est : com Hercules deficatus esset, mater sua, scilicet Almena, et Yole insimul remanserunt, et, com remansissent, Almene incepit narrare Yole de doloribus suis et partu, quod, com pareret, Lucina voluit detinere partus suos, membra sua coniungendo, sed Galantis vidit illam et dixit : ‘Gaude, quia domina mea peperit’, et, com hec dixisset, Lucina exurrexit, et tunc Almena peperit, membris lassatis, et sic percipiens facta, mutavit illam in mustellam. Hoc narrat Almena Yole.
282* corripiant : abreviant ; matura : pregnans.
IX 283-285
Elichiam, idest Lucinam, deam partus, et dicitur ab elicio-cis, quia elicit partus vel fetus a ventribus. Namque, quasi dicat : ‘Com esset mihi tempus pariendi, Lucina vetuit me parere gratia Iunonis’.
283-285*
283 prepositam : datam ; timidis : timorosis ; Lucinam : deam partus vel Elichiam. 284 quam : Lucinam ; difficilem : fortem. 285 Namque : quia ; laboriferi : fortis ; natalis : dies nativitatis.
523|f. 125r|
IX 281
Récit d ’ Alcmène
Saltem (« du moins »), c’est-à-dire, « s’ils ne font pas mieux pour toi » ; les paroles sont rapportées au style direct. Comme on dit en Gaule, « Dieu vous aide s’il ne veut pas faire mieux pour vous ».
IX 282
[1] La fable est la suivante : comme Hercule avait été déifié, sa mère, Alcmène resta avec Iole et, tandis qu’elles étaient ensemble, Alcmène commença à raconter à Iole les douleurs de son accouchement : au moment où elle devait accoucher, Lucine voulut retenir cet accouchement, en resserrant ses membres. Galanthis la vit et lui dit : « Réjouis-toi, car ma maîtresse vient d’accoucher ». À ces mots, Lucine se releva, et Alcmène put accoucher, ses membres étant relâchés. Mais quand elle s’en rendit compte, Lucine changea Galanthis en belette. C’est ce qu’Alcmène raconte à Iole.
IX 283
Elichiam (« Ilithye »), c’est-à-dire Lucine, déesse de l’accouchement, tient son nom de elicio-cis (« faire sortir »), parce qu’elle fait sortir l’enfant ou le fœtus du ventre de la mère. Namque (« Et en effet »), en d’autres termes : « Alors qu’il était pour moi temps d’accoucher, Lucine m’empêcha d’accoucher à cause de Junon. »
524IX 286
Sidere ponit pro ‘sole’ anthonomasice, quia sol lucet super omnia sidera celi.
286* premeretur : mirasset ; sidere : luna ; signum : mensem.
IX 287-291
Quomodo Hercules fuit natus
meminisse doloris ] quasi dicat : ‘Dum reduco ad memoriam dolores meos, valde doleo et timeo’.
287-293*
287 gravitas : pregnantia ; uterum : ventrem ; quod : illud ; ferebam : portabam. 288 ut : quod ; posses : tu. 289 ponderis : nati ; tolerare : pati. 290 ulterius : plus ; quin : certe ; nunc : modo ; artus : membra. 291 dum : quamdiu ; horror : timor ; doloris : mei. 292 ego : cruciata ; totidem : per septem ; cruciata : tormentata. 293 fessa : lassata ; -que : et ; celum : ethera.
IX 294
[1] Impeditos nexus vel moratos vel nexus pares, idest tres Gratias. Lucina, posito genu super genu et digitis utriusque manus intricatis ad invicem, sedebat ; quod nexus desolvit, parit mulier. [2] Vel Nixus pares, secundum quosdam : ‘qui solent parientibus preesse’, vel Nixus Pares, idest Castorem et Pollucem.
294-299*
294 Lucinam : deam partus ; nixos : clausos. 295 Illa : Lucina ; quidem : certe ; corrupta : viciata ; meum : venit talis. 297 Utque : quando ; subsedit : flexit. 298 ara : altari ; -que : et ; levum : sinistrum. 299 digitis […] iunctis : et hoc dico ; pectine : ad modum pectinis.
IX 300-301
[1] Quod dicitur Lucinam esse deam partus nichil est nisi quod quedam pellicula est que, dum corrumpitur, primo partus aperitur, vel dea partus dicebatur Lucina, quasi lucens, quia, dum mulieres parerent, antiquitus fiebant luminaria magna. [2] Quod dicitur partus detineri nichil est nisi quod per firmitudinem substantie cito puer non educitur ad partum.
525IX 286
Il utilise sidere (« signe ») pour « Soleil » par antonomase, parce que le soleil brille au-dessus de tous les signes du ciel.
IX 287-291
Façon dont Hercule naquit
meminisse doloris (« me souvenir de la douleur »)] pour ainsi dire : « Quand je me remémore mes douleurs, je suis emplie de douleur et de peur ».
IX 294
[1] Nœuds qui entravent ou qui retardent, ou nœuds semblables, c’est-à-dire les trois Grâces. Lucine était assise, les genoux croisés et les doigts des deux mains serrés les uns contre les autres ; c’est parce que le nœud se desserre que la femme accouche. [2] Ou bien nixus pares (« accouchements semblables »), selon certains : « ceux qui d’habitude président à l’accouchement » ; ou bien Accouchements Semblables, c’est-à-dire Castor et Pollux.
IX 300-301
[1] Dire que Lucine est la déesse de l’enfantement revient à dire qu’il y a une pellicule qui, lorsqu’elle est brisée, commence à ouvrir la voie de l’accouchement ; ou bien Lucine était appelée déesse de l’enfantement, de « lucens », luire, parce que, quand les femmes accouchaient, on allumait autrefois de grandes lampes. [2] Dire que l’accouchement était retenu revient à dire que la solidité de la substance empêchait l’enfant d’être conduit rapidement vers l’accouchement.
526300-305*
300 substinuit : detinuit ; partus : meos. 301 carmina : sua. 302 ingrato : non ; facio : dico ; demens : ego deorsum a mente. 303 vana : non bona ; motura : com(motura). 304 queror : dico querendo ; silices : lapides ; Cadmeides : de genere Cadmi ; assunt : veniunt. 305 vota : mea ; exortantur : pacificant ; dolentem : me.
IX 306
[1]Una ministrarum : hic accedit ad narrandum quomodo Galantis mutata fuit a Lucina in mustelam. Quod nichil est dictu nisi obtetrix fuit et carminibus atque consilio videbatur parientibus subsidium ministrare. [2] Vel Galantis a ge, quod est terra, dicitur mulier terrenis dedita, que ore parit, idest tantum gule intendit quod luxurie et crapule tota dedicatur.
306-308*
306 ministrarum : famularum ; media de plebe : paupere ; Galantis : proprium. 307 comas : capillos ; strenua : competentia ; iussis : preceptis. 308 officiis : serviciis ; dilecta : amata ; Ea : Galantis ; sensit : percepit ; inique : crudeli.
IX 309-313
Quomodo Lucina decepta fuit
309-313*
309 geri : feri ; dumque : quando ; exit : domo ; intrat : domum. 310 fores : portas ; divam : Lucinam. 311 -que : et ; genibus : com, suis ; connexa : coniuncta. 312 domine : mee ; gratare : letare ; levata : alleviata. 313 Argolis : a loco ; Almene : proprium ; -que : pariens.
IX 314
Exiliit : com ita Galantis dixisset, Lucina exiliit et in saltu suo membra coniuncta separavit.
314-316*
314 exiliit : extra ; pavefacta : timens ; remisit : laxavit. 315 diva : Lucina ; potens : potentiam ; uteri : ventris habens ; levor : allevor ; remissis : lassatis. 316 Numine : diva.
527IX 306
[1]Una ministratum (« l’une de mes servantes ») : on arrive ici au récit de la façon dont Galanthis fut métamorphosée en belette par Lucine. Ce qui revient à dire qu’elle était une sage-femme qui, par ses formules et ses conseils, paraissait apporter de l’aide aux parturientes. [2] Ou bien Galanthis tire son nom de ge, qui est la terre : on dit que la femme est dédiée aux biens terrestres, elle qui enfante par la bouche, c’est-à-dire qu’elle a tant d’attention pour la bouche qu’elle est totalement dédiée à la luxure et l’ivresse.
IX 309-313
Comme Lucine fut trompée
IX 314
Exiliit (« Elle bondit ») : comme Galanthis lui avait dit cela, Lucine bondit et dans son saut elle desserra les doigts.
528IX 317
ridentem ] Quia, dum elusit divam, risit.
IX 317-319
Mutatio Galantidis in mustellam
Modus mutationis Galantidis.
317-319*
317 ridentem : illam ; prensamque : captam et ; seva : crudelis. 318 e : de ; volentem : Galantida. 319 arguit : vetuit.
IX 320
Gracilis et nobilis erat, et adhuc est.
320-321*
320 Strenuitas : nobilitas ; antiqua : prima ; manet : re(manet) ; nec : et. 321 amisere : perdidere ; priori : forme.
IX 322
Mendaci, idest mentiendo, dicendo dive : ‘Domine mee gratare, quia levata est − suple − pariendo filium’, et ita mentita est. Aliena (326) dicit, quia non erat de sua progenie et |f. 125v| tantummodo famula ; tamen dolebat, unde dicit : ‘Te tamen, genitrix’ (326) ; dicit non quia esset mater sua, sed quia mater mariti iam defuncti Herculis.
322-324*
322 Que : Galantis ; mendaci : falso ; parientem : me ; iuverat : ad(iuverat). 323 ore : loqutione ; frequentat : frequentavit. 324 Dixit : ita dixit Almena ; ministre : famule.
IX 325
Fabulatio Yoles de Driope
[1] Loquta fuit hactenus Almena de mutatione Galantidis, et doluit. Nunc respondet Yole : ‘Te tamen (326), quamvis doleas, o Almena, tamen hec facit dolor alienus, scilicet Galantidis, que non est de consanguinitate tua, unde non est mirum si me facit dolere dolor sororis mee, unde minus consolabilis est dolor meus’.
529IX 317
ridentem (« riant »)] Parce qu’elle se mit à rire d’avoir trompé la déesse.
IX 317-319
Métamorphose de Galanthis en belette
Description de la façon dont Galanthis est métamorphosée.
IX 320
Elle était mince et gracieuse, et l’est encore.
IX 322
Mendaci (« à un mensonge »), c’est-à-dire en mentant, en disant à la déesse : « Réjouis-toi pour ma maîtresse, car elle est soulagée », compléter « par l’enfantement d’un fils », et en disant cela elle mentait. Elle dit aliena (« étrangère »), parce qu’elle n’était pas de sa famille, |f. 125v| mais seulement de sa maison, et pourtant elle s’attristait ; c’est pourquoi elle ajoute « Te tamen, genitrix » (« toi pourtant, ma mère ») : elle dit cela non parce qu’elle était sa mère, mais parce qu’elle était la mère de son mari Hercule, qui désormais était mort.
IX 325
Iole raconte l ’ histoire de Dryope
[1] Alcmène raconta jusqu’au moment de la métamorphose de Galanthis, et s’attrista. Maintenant Iole lui répond « Te tamen (« toi pourtant »), quelle que soit ta souffrance, ô Alcmène, c’est une douleur étrangère qui en est la cause, car Galanthis n’est pas de ton sang : il n’y a donc rien d’étonnant que la peine causée par le sort de ma sœur me fasse souffrir, d’une souffrance plus inconsolable. »
530[2] Construe : ‘O genitrix, tamen, quamvis facies aliena com sanguine (326-327), idest a genere vestrorapta et mutata movet (327)’.
325-326*
325 quam : Almenam ; nurus : Yole. 326 tamen : quamvis ; aliena : non propria ; sanguine : genere.
IX 327-328
‘ Quid, idest mirum quid sireferam ?’. ‘Unica matri (329), quia pater noster duas uxores habuit’. Driope notissima per famam vel formam Oetalidum, inter matres Oetalias.
327-330*
327 rapta : remota famula ; Quid : erit ; mira : mirabilia. 328 fata : eventus ; referam : dicam ; Quamquam : quamvis ; -que : et. 329 impediunt : me ; prohibent : vetant ; unica : sola ; matri : sue. 330 me pater : quia meus ; alia : matre ; notissima : cognita valde ; fama : vel ‘forma’.
IX 331-337
[1] Phebus Driopem violavit, quam postea Andremon duxit in uxorem. Et habetur : diversimode potest suponere, scilicet, sic Andremon habetur felix pro illa coniuge vel illa pro Andromone e converso. [2]Est locus : facit actor descriptionem loci ad quem venit Driope, dum mutata fuit. [3]Nimphis latura : et hec erat bona causa veniendi, et ideo magis indignandum est quod ea mutata fuit ; illa enim volebat offerre sacrificia nimphis.
331-340*
331 Oetalidum : ninpharum ; Driope : proprium ; quam : Driopem. 332 unum : cohitum ; dei : Phebi ; Delphon : insule ; Delon : insulam. 333 excipit : coniugia ; Andremon : proprium ; habetur : dicitur ; coniuge : sponsa ; felix : beatus. 334 lacus : quidam ; aclivis : pendens ; devexo : curvo. 335 summum : summitatem ; mirreta : arbores mirre ; coronant : lustrant. 336 hic : in loco ; Driope : proprium ; fatorum : eventuum ; quoque : ut.
327-328 per famam vel formam] per fama vel forma ms. | 331-337.1 duxit ex dixit ms. | 331-337.3 latura]lacturams. 335* lustrant] lustravit ms. | 336* quoqueexquodquems.
531[2] Construire : « O genitrix, tamen », (« Ô mère, pourtant »), quoique (tu sois émue par) facies aliena (« un visage étranger »), cum (« comme ») sanguinevestro (« (une femme) de votre sang »), c’est-à-dire de votre parenté, rapta (« enlevée ») et métamorphosée, movet (« provoque le trouble ») !
IX 327-328
« Quid (« Quoi »), c’est-à-dire d’étonnant : quid si referam (« Quoi si je racontais » ?). Unica matri (« fille unique de sa mère »), parce que notre père eut deux femmes ». Dryope était très célèbre pour sa bonne réputation ou pour sa beauté parmi les Œchaliennes, parmi les femmes d’Œchalie.
IX 331-333
[1] Phébus avait violé Dryope, qu’ensuite Andrémon prit pour épouse. Et habetur (« et il passait pour ») : on peut faire diverses suppositions, c’est-à-dire que, de cette façon, Andrémon passait pour heureux d’avoir épousé Dryope, ou inversement que celle-ci l’était d’avoir épousé Andrémon. [2]Est locus (« Il y a un endroit ») : l’auteur décrit le lieu où se rendit Dryope, quand elle fut métamorphosée. [3]Ninphis lactura (« pour porter aux nymphes ») : elle avait une bonne raison de venir, et c’est d’autant plus révoltant qu’elle ait été métamorphosée : elle voulait en effet offrir aux nymphes des couronnes consacrées.
532337 indignere : maiorem indignantiam ; magis : habeas ; latura : portatura. 338 -que : et ; sinu : suo ; qui : puer ; nondum : non adhuc ; annum : unum. 339 dulce : scilicet ; ferebat : portabat ; ope : auxilio ; alebat : nutriebat. 340 Aut : non ; procul : longe ; stagno : illo ; Tirios : purpureos.
IX 341
In spem bacarum : de flore habetur spes fructus, vel potest esse littera : in specie bache florebat, quasi dicat : ‘Florebat ad modum bache illius arboris’.
aquatica Lothos ] Quia Lothos habet rubeos flores ad modum purpure que tingitur apud Tyrum oppidum. Aquatica : iuxta aquam crescens.
341-343*
341 aquatica : ad aquas proxima arbor ; lothos :peeschier gallice. 342 Carpserat : acceperat ; Driope : proprium ; quos : flores scilicet ; obletamina : consolamina. 343 porrigeret : daret ; idem : tale ; videbar : ego.
IX 344-348
Mutatio Lothos in arborem sui nominis
Tardi dicit quia, si prius dixissent, Driopes sibi cavisset nec flores illos collegisset, vel tardi, idest antiqui et diu viventes preteritaque scientes.
344-346*
344 nam : quia ; aderam : presens eram ; e : de ; cruentas : sanguinolentas. 345 decidere : cadere ; horrere : dubio ; moveri : com(moveri). 346 ut : sicut ; referunt : dicunt ; tardi : antiqui ; denique : ad ultimum ; agrestes : laici.
IX 347
[1] Fabula quam narrat Yole Almene talis est : Driope, soror Yoles, concubuit com Phebo vel e converso. [2] Ut puerum peperit, com ante quandam dierum iret sacrificatum nimphis, voluit dare flores filio suo et ita lotom legit et tancito incepit mutari, et ecce quia Lothos, fugiens concubitus Priapi, ibi mutata fuerat. [3] De modo mutationis habetur in littera.
337* latura]iaturams. | 340* purpureos] puripereos ms. | 341 oppidum] operidum ms.
533IX 341
In spem bacarum (« dans l’espoir de baies ») : la fleur permet l’espoir d’un fruit, ou peut-être littéralement : in specie bache florebat (« ses fleurs ressemblaient à celles de l’olivier »), en d’autres termes, « il fleurissait à la façon des baies de cet arbre ».
aquatica Lothos (« un lotus aquatique ») : parce que le lotus a des fleurs rouges comme la teinture pourpre qu’on produit sur la place de Tyr. Aquatica (« aquatique ») : qui pousse au bord de l’eau.
IX 344-348
Métamorphose de Lotus en l ’ arbre qui porte son nom
Il dit tardi (« tardifs ») parce que, s’ils l’avaient dit plus tôt, Dryope aurait fait attention et n’aurait pas ramassé ces fleurs ; ou bien tardi (« tardifs »), c’est-à-dire anciens, âgés, et connaissant les faits passés.
IX 347
[1] La fable qu’Iole raconte à Alcmène est la suivante : Dryope, sœur d’Iole, coucha avec Phébus ou fut violée par lui4. [2] Ayant accouché d’un garçon, et comme elle allait un jour sacrifier aux nymphes, elle voulut donner des fleurs à son fils et se mit à cueillir du lotus ; aussitôt elle commença à se métamorphoser, et c’est parce que Lotus, fuyant Priape qui voulait s’unir à elle, avait été métamorphosée à cet endroit. [3] Le texte contient le récit de la façon dont eut lieu cette métamorphose.
534347* Lothos : nimpha ; obcena : turpia ; Priapi : illius dei.
IX 348-350
[ 1] Nomine servato, quia nimpha dicta fuit Lothos, et arbor similiter dicitur, quam Priapus vellet corrumpere, deus orthorum. Ipsa, fugiens, mutata est in arborem sui nominis. [2]Nescierat soror, quod nimpha ibi esset mutata. [3]Oratis, ut indulgerent quod ita carpsisset flores, vel oratis, quia ibi venerat ut nimphis offerret serta et preces.
348-355*
348 contulerat : mutaverat ; servato nomine : et hoc dico. 349 Nescierat : tale ; soror : mea ; Que : soror. 350 iret : pergeret ; discedere : abire ; oratis […]nimphis : et hoc dico. 351 heserunt : remanserunt ; pedes : sui ; convellere : removere ; pugnat : cupit. 352 nec quicquam : invanum ; summa : capudsuum ; imo : profundo. 353 pallatim : successive ; lentus : flexibilis ; inguina : interiora. 354 Ut : quando ; vidit : hoc ; capillos : suos. 355 manum : suam ; caput : suum.
IX 356
Amphisos fuit nomen pueri ; Driope mater eius ; Euritheus avus, et addiderat hoc nomen (357), quia Euritheus fuit pater Driopes, nec sequitur, quia iam mutata erant ubera.
356-357*
356 At : etiam ; Amphrisos : scilicet proprium ; namque : quia, interpositio est ; Eritheus : proprium. 357 addiderat : dederat ; sentit : percipit.
IX 358
[1] Allegoria spiritualis talis est : Driope interpretatur castitas ; com Phebo habuit cohitum, idest com sapientia, quia sapientes casti sunt. [2] Habuit puerum, idest florem virginitatis ; voluit nimphis sacrificare, idest se ipsa super celestibus cepit flores lothos arboris, quia florem fame bone collegit. [3] Mutata fuit in arborem, quia per urorem virginitatis exaltata, et sic universi admirati fuerunt. Cortex texit membra vero pudoris circomdata, tactus illicitos hominum fugiebat.
348-350.3 indulgerent] indulgeret ms. | 358.2 se ipsa ex se pipsa ms. | 358.3 admirati] admirat ms.
535IX 348-350
[1] Nomine servato (« en conservant son nom »), car la nymphe s’appelait Lotus, et l’arbre porte le même nom. Priape, le dieu des jardins, avait voulu déflorer cette nymphe. Elle, s’enfuyant, fut métamorphosée en un arbre qui porte son nom. [2]Nesciebat soror (« ma sœur ne savait pas ») que la nymphe avait été transformée à cet endroit. [3]Oratis (« priées ») de lui pardonner d’avoir cueilli ces fleurs ; ou oratis (« priées »), parce qu’elle était venue là pour offrir aux nymphes des couronnes et des prières.
IX 356
Amphisos (« Amphissos ») était le nom de l’enfant ; Dryope celui de la mère ; Eurytus était son grand-père, et Addiderat (« il avait donné ») ce nomen (« nom »), parce qu’Eurytus était le père de Dryope. (Le lait) ne venait pas, parce que le sein de sa mère était déjà métamorphosé.
IX 358
[1] L’allégorie spirituelle est la suivante : Dryope s’interprète comme la chasteté ; elle s’unit à Phébus, c’est-à-dire à la sagesse, parce que les sages sont chastes. [2] Elle eut un fils, c’est-à-dire la fleur de la virginité ; elle voulut sacrifier aux nymphes, c’est-à-dire qu’elle recueillit elle-même les fleurs du lotus, parce qu’elle gagna la fleur de la bonne renommée. [3] Elle fut changée en arbre, parce qu’elle fut exaltée par la brûlure de la virginité, et qu’ainsi elle fut admirée de tous. Elle couvrit ses membres en les entourant d’une véritable écorce de pudeur : elle échappait ainsi aux attouchements illicites des hommes.
536358-362*
358 ducentem : illum ingentem. 359 Spectatrix : cernens ; crudelis : mutationis. 360 ferre : dare ; soror :‘o mea’ ; valebam : poteram. 361 troncum : tuum ; morabar : detinebam. 362 eodem : tali ; condi : abscondi.
IX 363-366
Ecce vir Andremon : ‘ Com ita dicit Yole ‹quod› mutata esset Driope, venerunt ibi pater et coniunx, et, com interrogarent Driopem, monstravi illis arborem’. Sue arboris, idest − inquam − mutata fuerat filia sua dilecta, que unius, scilicet Andromonis, erat sponsa, et alterius erat filia, scilicet Eurithei.
363-370*
363 vir : maritus ; Andremon : proprium ; genitorque : pater et ; assunt : veniunt. 364 querunt : interrogant ; Driopem : proprium ; Driopem : proprium ; querentibus : interrogantibus ; illis : patri et Andromoni. 365 ostendi : monstravi ; lothon : arborem ; oscula : basio. 366 affusi : inclinati ; herent : remanent. 367 faciem : caput ; foret : esset. 368 soror : mea, Driope. 369 dum : quamdiu ; prestant : prevalent vel perstant, idest summunt. 370 effudit : ut sequitur dicit.
IX 371
Lamentatio Driopes
Si qua fides : ecce ultima verba Driopes excusantis se quod non meruerat mutari.
371* qua : aliqua ; fides : credentia ; hoc : tale ; numina : deos.
|f. 126r|
IX 372
Ecce quomodo petebat Driope parentes suos.
372* nephas : factum ; patior : fero.
IX 373
Quasi diceret : ‘Sic ego virens demolliar et confundar, si ego mentiar’.
373* Viximus : nos ; innocue : non nocentes ; mentiar : ego ; arida : sicca ; perdam : ego.
363-366 ‹quod› mutata] mutata ms. | 371* tale] tabe ms.
537IX 363-366
Ecce vir Andremon (« Voilà son mari Andrémon ») : « Iole raconte ainsi la métamorphose de Dryope, et l’arrivée sur les lieux de son père et de son époux ; comme ils me demandaient (où était) Dryope, je leur montrai l’arbre. » Sue arboris (« de son arbre »), c’est-à-dire, dis-je, que sa fille chérie avait été métamorphosée : elle était l’épouse de l’un, à savoir Andrémon, et la fille de l’autre, à savoir Eurytus.
IX 371
Lamentation de Dryope
Si qua fides (« si quelque foi ») : ce sont les derniers mots de Dryope qui argue qu’elle n’a pas mérité cette métamorphose.
|f. 126 r|
IX 372
Voici comment Dryope suppliait ses parents.
IX 373
En d’autres termes : « Que je sois ainsi abattue et confondue si je mens. »
538IX 374
[1] Rei veritas est quod Lothos est arbor habens succum rubeum, quam, com carpsisset, Driope vidit et stupefacta fuit, vel forte ex succo illius arboris que oblivia confert gustavit, et ita memoriam perdidit, et ideo fingitur esse mutata in arborem sui nominis. [2] Lothos potest dici a Lothe, palude infernali, propter similitudinem, quia eius succus oblivionem confert ex superfluis potatibus, sicut palus infernalis que Lethes, idest oblivio, vocitatur.
374-379*
374 habeo : servo ; cesa : abscisa ; urar : cremar. 375 infantem : puerum ; demite : removete. 376 nutrici : alicui ; -que : et. 377 facitote : concedite ; -que : et. 378 com : quando ; matrem : me suam. 379 tristis : ille existens ; latet : mutatur ; stipite : arbore ; mater : mea.
IX 380
Ecce quomodo ad ultimum tota mutatur.
380* Signa : intersignia ; timeat : dubitet ; carpat : sumat ; arbore : aliquibus.
IX 381
‘Quia ego non credebam quod aliquis deus esset hic, et tamen erat qui me mutavit’.
381* Frutices : dumos ; putet : credat.
IX 382-388
Oratio Driopes ad suos
382-388*
382 coniunx : ‘o marite’ ; tu : vale ; germana : soror. 383 qua : aliqua ; vulnere : ‹oc›cisione ; falcis : quia antiquitus solebant com falcibus arbores amputare. 384 peccoris : animalium ; frondes : ramos ; deffendite : servate. 385 fas : licet ; incombere : clinare. 386 erigite : levate ; artus : membra ; oscula : basia. 387 dum : quamdiu ; attollite : removete ; natum : filium. 388 Plura : maiora ; nequeo : non possum ; nam : quia ; candida : alba.
539IX 374
[1] L’histoire vraie est que Lotus est un arbre à la sève rouge, ce que Dryope vit lorsqu’elle le cueillit, et qui la stupéfia ; ou peut-être goûta-t-elle du suc de cet arbre qui procure l’oubli, et elle perdit ainsi la mémoire : c’est pourquoi l’on imagine qu’elle fut changée en un arbre qui porte son nom. [2] Le nom Lotus vient peut-être du Léthé, le marais infernal, à cause de la ressemblance, parce que la sève de l’arbre procure l’oubli si l’on en boit trop, comme le marais infernal qu’on appelle Léthé, c’est-à-dire oubli.
IX 380
Voici comment à la fin elle fut complètement métamorphosée.
IX 381
« Parce que je ne croyais pas qu’il y eût une divinité dans cet arbre, et pourtant c’est cela qui m’a métamorphosée. »
IX 382-388
Prière de Dryope à ses proches
383 falcis (« de la faux »), parce qu’autrefois on élaguait les arbres avec des faux.
540IX 389
condor ] quia maximum munus et caritativum erat abscondere oculos morientum et interesse sepulture.
389* liber : cortex ; serpit : scandit ; summoque : alto et ; cacumine : culmine ; condor : abscondor.
IX 390
Removete manus, ne pudeat vos mutationis mee, quia hec non accidit per culpam ; vel removete, quia volebant claudere per manus oculos, ut mos est, quia amici claudunt oculos morientum.
390-391*
390 oculis : meis ; manus : vestras ; munere : dono. 391 contegat : lustret ; lumina : mea.
IX 392-393
Mutatio perfecta Driopes
392 Desierant : finierant ; simul : pariter ; simul esse : pariter desierant. 393 corpore : suo ; rami caluere : calorem duxere ; recentes : novi.
IX 394
Dumque : ita loquta fuit Yole de mutatione Driopes sororis sue ; nunc accedit ad aliam materiam, ad vaticinationem Temis poetisse.
394-396*
394 Dumque : quando et ; refert : dicit ; Yole : proprium ; mirabile : mirum ; dum : quando. 395 Eurithidos : Yoles, filie Eurithi ; admoto : adiuncto ; pollice : digito. 396 Almene : proprium ; flet : ploret ; ipsa : Almena ; compescuit : restrinxit.
IX 397
Nova res, scilicet de mutatione Yli de sene in iuvenem.
397* tristiciam : dolorem ; limine : hostio.
IX 398-399
De mutatione Yolai
[1] Hebe, que est dea iuventutis, dederat Yolao hoc muneris, scilicet iuvenescere. Sciendum est quod, Hercule deificato, facta est pax inter Herculem et Iunonem, et accepit Hebem in uxorem, filiam Iunonis. 541IX 389
condor (« je suis enfouie »)] parce que le présent le plus grand et le plus charitable était de fermer les yeux des mourants et d’assister à leurs funérailles.
IX 390
Removete manus (« écartez vos mains »), n’ayez pas honte de ma métamorphose, car elle n’arrive pas par ma faute ; ou removete (« écartez ») parce qu’ils voulaient fermer ses yeux de leurs mains, comme c’est l’usage, parce que les amis ferment les yeux des mourants.
IX 392-393
Métamorphose complète de Dryope
IX 394
Dumque (« Et pendant que ») : ainsi Iole racontait la métamorphose de sa sœur Dryope ; maintenant il en vient à un autre sujet, la prophétie de la poétesse Thémis.
IX 397
Nova res (« Un nouvel événement »), à savoir la métamorphose d’Iolaüs de vieillard en jeune homme.
IX 398-399
Métamorphose d ’ Iolaüs
[1] Hébé, la déesse de la jeunesse, avait fait à Iolaüs ce présent de le rajeunir. Il faut savoir qu’après la déification d’Hercule, celui-ci fit la paix avec Junon, et reçut en mariage la fille de Junon, Hébé.
542[2] Hercules vero postulavit Hebem quod Yolaum filium suum, iam factum senem, faceret iuvenem, et ita fecit.
398-399*
398 Puer : infans ; -que : et ; lanugine : barba ; malas : genas. 399 reformatus : factus ; primos : iuvenes ; Yolaus : proprium.
IX 400
Iunonia dicunt poete, quod Iuno concepit Hebem, quod percussit vulvam suam.
400-403*
400 Hoc : tantum ; Iunonia : filia Iunonis ; muneris : donis ; Hebe : proprium. 401 viri : mariti ; precibus : Herculis ; que : Hebe ; pararet : vellet. 402 tributuram : daturam ; nulli : non ulli. 403 Themis : proprium ; discordia : prava ; Thebe : civitas.
IX 404
Vaticinatio Themis super Amphiorao
Capaneus fuit quidam rex qui multociens ad pugnam deos provocavit. Iupiter autem eum fulminavit.
404* bella : prelia ; Capaneus : rex.
IX 405-406
[ 1] Defflent. ‘Ita vaticinor − dicit Themis − esse futurum’. Defflent, idest defflebant ; fratres pares in vulnere, Pollux et Etheocle, quia mutuis vulneribus se interficient. [2]Subducta : notandum est quod Amphioraus audivit in responsis quod, si iret ad bellum Thebanum, mortuus absorbetur, unde sub quadam fovea latuit, sed Euriphile, uxor sua pro monili aureo data sibi ab Argia, revelavit, et ita ivit et absortus est, in cuius ultionem Almeon, filius eius, matrem suam interfecit.
405-407*
405 aut : non ; deflent : plorabunt ; pares : equales ; vulnere : morte. 406 subducta : redacta ; manes : animas ; tellure : terra. 407 vates : Amphioraus ; ultus : vindicatus ; parente : matre ; parentem : patrem.
543[2] Mais Hercule demanda à Hébé de rendre sa jeunesse à son fils Iolaüs, qui avait déjà atteint la vieillesse, et elle le fit.
IX 400
Les poètes l’appellent Iunonia (« Junonienne »), parce que Junon conçut Hébé en frappant sa vulve.
IX 404
Prophétie de Thémis au sujet d ’ Amphiaraös
Capaneus (« Capanée ») était un roi qui provoqua souvent les dieux au combat. Jupiter le foudroya.
IX 405-406
[1]Defflent (« ils pleurent »). « Voilà ce qui lui arrivera, dit Thémis, je le prédis ». Defflent (« ils pleurent »), c’est-à-dire ils pleuraient. Frates pares in vulnere (« les frères égaux quand ils seront frappés ») : Polynice et Etéocle, parce qu’ils se tueront en s’infligeant des blessures réciproques. [2]Subducta (« entr’ouverte ») : il faut noter qu’Amphiaraös comprit par les réponses que, s’il participait à la guerre contre Thèbes, il mourrait en étant englouti ; c’est pourquoi il se cacha dans une fosse. Mais Ériphyle, sa femme, révéla sa cachette pour qu’Argie lui donne le collier en or. Ainsi Amphiaraös participa à la guerre et fut englouti. Pour le venger Alcméon, son fils, tua sa mère.
544IX 408
Pius, vindicando patrem. Sceleratus, occidendo matrem.
408-409*
408 natus : filius Almeon ; sceleratus : pravus. 409 attonitus : stupefactus ; mentis : animi.
IX 410-411
[ 1] Donec : dico quod Almeon agitabitur umbris. Donec coniunx sua poposcerit eum, scilicet Almeona, aurum, idest monille aureum. [2]Fatale dicit, quia fatatum erat quod, quicomque haberet illud monille, periculum et infortunium ei occurreret, et hoc monille Almeon matri sue abstulerat. Phegeus vero, frater Euriphiles, Almeona, nepotem suum, interfecit in ultionem sororis sue. [3] Tunc Caliroe, filia Acheloi, uxor Almeonis, com duos filios iam senes haberet, oravit Iovem ut eos reiuvenesceret, ut patrem suum vindicarent ; qui, iuvenes facti ab Hebe, ulciscendo patrem suum, Plegeum advunculum suum interfecerunt.
410-416*
410 vultibus : Furiabus ; Eumenidum : Furiarum Inferni ; agitabitur : ducetur. 411 donec : usque quo ; coniunx : sponsa ; aurum : momille. 412 cognatum : proximum ; latus Plegeius : a loco ; hauserit : sumpserit. 413 demum : ad ultimum ; magno : superno ; Acheloa : filia Acheloi. 414 Calliroe : proprium ; infantibus : suis. 415 addat : donet ; neve : et non ; necem : mortem ; sinat : desinat ; genitoris : patris. 416 Iupiter : proprium ; privine : filiastre ; nurus : Hebes.
IX 417
Adhuc sunt verba Themis vaticinantis quod omnia ista accident, quia, mortuo Almeone, petiit a Iove ut filios quos ab Almeone marito suo susceperat, com essent pueri, mutaret in iuvenes, ut cito possent interficere Fegeum, qui patrem suum occidit.
417* precipiet : capiet ; -que : et ; viros : suos ; impubibus annis : filiis et iuvenibus.
410-411.1 Almeona] Almena ms. | 410* Furiabus] Furiebus ms. | 417 Fegeum ex s Fegeum ms.
545IX 408
Pius (« pieux »), en vengeant son père. Sceleratus (« criminel »), en tuant sa mère.
IX 410-411
[1]Donec (« jusqu’à ce que ») : je dis qu’Alcméon agitabitur umbris (« sera ému par les ombres »). Donec conjunx sua poposcerit eum (« Jusqu’à ce que sa femme le lui ait réclamé »), à savoir l’or, c’est-à-dire le collier en or, à Alcméon. [2] Il dit fatale (« fatal »), parce qu’il avait été fixé par le destin que, quiconque possèderait ce collier, subirait danger et infortune, et Alcméon avait dérobé ce collier à sa mère. Mais Phégée, le frère d’Ériphyle, tua Alcméon, son neveu, pour venger sa mère. [3] Alors Callirhoé, la fille d’Acheloüs, femme d’Alcméon, qui avait deux fils déjà vieux, demanda à Jupiter de les rajeunir, pour qu’ils vengent leur père. Rajeunis par Hébé, ils tuèrent leur oncle Phégée pour venger leur père.
IX 417
Les paroles de Thémis se poursuivent : elle prophétise la réalisation de tous ces événements, parce que, après la mort d’Alcméon, Callirhoé demanda à Jupiter de faire des fils qu’elle avait eus d’Alcméon son mari, qui étaient de petits enfants, des jeunes gens, pour qu’ils pussent tuer plus vite Phégée, qui avait tué leur père5.
- Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN : 978-2-406-12885-4
- EAN : 9782406128854
- ISSN : 2261-0804
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12885-4.p.0470
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 13/07/2022
- Langue : Français