Hic incipit sextus liber
- Publication type: Book chapter
- Book: Un commentaire médiéval aux Métamorphoses. Le Vaticanus Latinus 1479, Livres VI à X
- Pages: 10 to 139
- Collection: Literary Texts of the Middle Ages, n° 67
- Series: Ovidiana texts, n° 3
Hic incipit sextus liber
|f. 95r|
[1] Hic incipit sextus, cuius Integumenta talia sunt. Primo Integumentum De Aragne. Ne quis maiori certet persuadet Aragne, / que sub pauperie viscera viva trahit. De nomine imposito Athenis. Athanatos grecum sonat ‘immortalis’ ; Athenas / nominat hinc Pallas famaque vivit adhuc. De Niobe. Proprietas saxi Niobe datur hec, quia durum, / et quia dura riget firma tenore mali. [2]De sathyro. Certans com Phebo, Sathirus notat insipientes : / impar certamen a sapiente trahi. De ranis. Rusticus infelix est rana loquax lue plena, / ventris amica, timens, livida, mersa, minax. De Pelope. Per Pelopem lacerum signantur tempora quorum / fertilitas rapitur, huic reparata tamen. De Thereo. Hystoriam tangit, describens Therea de quo / Musa sophocleo carmine grande sonat. [3] Commentatur aves doctrina poetica quippe : / devia poscit avis, devia poscit amor. De Zeto et Calay. Sunt acies ale Zeti Calaysque paterne / quarum subsidio Iasonis arma valent. De Arpiis. Tres sunt Arpie, cupidi tria genera : gliscit, / diripit, abscundit ; plenior eget inops. [4]Pallada sextus habet Musas et facta probantem ; / Pallada contempnens fit aranea tristis Aragne. / Latonam spernit Niobe multumque superbit ; / prole quarterdena luget Niobe viduata ; / vertitur in saxum. Mutatur cetus agrestis. / Marsia fit limpha proprio de nomine dicta. / Flet pro morte Pelops Niobes et progenitricis. / Desponsat Prognem Tereus, Philomenam deflorat ; fit epops Thereus, Progne fit irondo. / Pandion moritur, regno succedit Eritheus. / Desponsat Procrim Cephalus, Boreas Orichiam ; / post Zetus, Cal‹ays› fratres nascuntur ab illis. / Esonidem sociavit. Sic sexti finis habetur.
1 certet Ghisalberti] cercet ms. Athenis]Hactenisms. Athenas Ghisalberti] hactenas ms. Pallas Ghisalberti] Paulas ms. hec] hoc Ghisalberti et] hec Ghisalberti | 2 insipientes] insipientis Ghisalberti a] cum Ghisalberti rana Ghisalberti] vana ms. timens] tumens Ghisalberti mersa Ghisalberti] mensa ms. Hystoriam Ghisalberti] hystoria ms. sonat] canit Ghisalberti | 3 quarum Ghisalberti] quare ms. genera] crimina Ghisalberti 4 Pelops] pelox ms. epops] epos ms. Cal‹ays›] cal # ms.
11ICI COMMENCE LE SIXIÈME LIVRE
|f. 95r|
[1] Ici commence le sixième, dont les Integumenta sont les suivants. D’abord l’integumentum De Aragné (« Arachné »). Qu’Arachné nous persuade de ne pas rivaliser avec un plus grand que nous, elle qui traîne pauvrement ses viscères vivants. De nomine imposito Hactenis (« Dénomination des Athéniens »). Athanatos signifie en grec ‘immortels’ ; c’est de là que Pallas nomme Athènes et sa renommée est toujours vivante. De Niobe (« Niobé »). La qualité de la roche est donnée à Niobé, parce que la roche est dure, et que Niobé, déjà dure, se raidit encore en s’obstinant à mal agir. [2]De Sathyro (« Le Satyre »). En lutte contre Phébus, le Satyre note les sots : le combat qu’il livre contre le sage est inégal. De ranis (« Les grenouilles ») : Le paysan malheureux est la grenouille loquace pleine de bave, amie du ventre, peureuse, livide, engloutie, menaçante. De Pelope (« Pélops ») : Par Pélops mis en pièces sont notées les saisons, dont la fertilité est ôtée ; mais elle lui est rendue. De Thereo (« Térée ») : (L’auteur) touche à l’histoire, décrivant Térée dont la Muse résonne du grand chant sophocléen. [3] La science poétique a commenté les oiseaux, naturellement : l’oiseau recherche les endroits reculés, l’amour recherche les endroits reculés. De Zeto et Calay (« Zétès et Calaïs »). Les ailes paternelles de Zétès et Calaïs sont les pointes dont les armes de Jason tirent leur force secourable. De Arpiis (« Les Harpies »). Les Harpies sont au nombre de trois, les trois manières du désir : il gonfle, il déchire, il dissimule ; rassasié il est pauvre et dans le besoin.
[4] Le sixième livre raconte que Pallas approuve les Muses et leurs actes. Arachné qui méprise Pallas devient la triste araignée. Niobé rabaisse Latone et fait preuve d’un grand orgueil ; Niobé privée de ses quatorze enfants se lamente ; elle est transformée en rocher. Le paysan est transformé en baleine. Marsias devient une rivière qui porte son nom. Pélops pleure pour la mort de Niobé et de la mère. Térée épouse Procné, déflore Philomène ; Térée devient une huppe, Procné une hirondelle. Pandion meurt, Erithée lui succède sur le trône. Céphale épouse Procris, Borée Orythie ; puis les frères Zétès et Calaïs naissent de leur union. Ils s’associèrent au fils d’Éson. Telle est la fin du livre six.
12[ 5] Prebuerat dictis (1). Hic incipit sextus liber, cuius mutationes sunt hee : primo Pallas in anum. Aragnes in araneam. Rodope com Hemo in montes. Pigmea in gruem. Antigone, filia Priami, in ciconiam. Filie Cinare in gradus templi. Iupiter in taurum ; idem in aquilam et in sathirum et in Amphitrionem et in aurum et in ignem et in pastorem et in serpentem. Neptunus in iuvenem et in Enipheum et in arietem et in equum et in delphinem. Phebus in agrestem, in ancipitrem, in leonem, in pastorem. Bachus in uvam. Saturnus in equum. Niobe in saxum. Agrestes in ranas. Marsias in fluvium. Carneus humerus in eburneum. Philomena in rucivolam. Thereus in hupupam. Progne in hirondinem. Raptus Orichie a Borea ; filii Boree in homines pennatos ; et in hoc terminabitur liber iste.
VI 1-2
Partem istam continuabimus parti predicte dicentes ita : quedam Musarum, scilicet Uranie, Palladi narraverat litem que fuerat inter ipsas et Pyerides et Tritonia, id est Pallas, a Tritone palude, ubi colitur, prebuerat, id est accommodaverat, aures suas talibus dictis, supradictis, -que pro ‘et’probaverat, id est laudaverat, et cetera.
|f. 95v|
VI 1-12
[1] Fabula talis est : com Pallas a consorcio Musarum recessisset et carmina illarum laudavisset, voluit occidere vel mutare Aragnem, unde mutavit se in vetulam et venit ad domum Aragnes et dixit illi quod a Pallade veniam peteret. [2] Quare irata, Aragne multa verba superbia dixit et tunc quelibet illarum incepit facere telam suam : Aragne multas historias de mutatione deorum in sua tela texuit, ut in littera apparet, ad dedecus deorum ; Pallas vero multa miracula a deis facta posuit ad laudem eorum, et, cum Pallas telam Aragnes pulcriorem sua videret, conversa est in iram et illam laniavit, et Aragnem verberavit. [3] Aragne, irata, laqueo se suspendit et, com penderet, Pallas, illi miserta, allevavit, in aragneam mutavit. Tota narratio telarum et tote fabule illic picte in telis ab utraque parte et tota mutatio Aragnes patet in littera, usque ad illum locum : Lidia tota fremit Frigie (146), et cetera.
1-2 Pyerides ex Pyeridas ms. palude ex pallude ms. | 1-12.2 sua2] suam ms. | 1-12.3 illi] illis ms. narratio] mutatio ms.
13[5]Prebuerat dictis (« Elle avait prêté (l’oreille) aux récits »). Ici commence le sixième livre, dont les métamorphoses sont les suivantes : d’abord Pallas en vieille femme. Arachné en araignée. Rhodope et Hémus en montagnes. Pygmée en grue. Antigone, la fille de Priam, en cigogne. La fille de Cinyras en marches du temple. Jupiter en taureau, le même en aigle, en satyre, en Amphitryon, en or, en feu, en dauphin. Phébus en paysan, en épervier, en lion, en berger. Bacchus en vigne. Saturne en cheval. Niobé en rocher. Les paysans en grenouilles. Marsyas en rivière. L’épaule charnelle en épaule d’ivoire. Philomène en rossignol. Térée en huppe. Procné en hirondelle. Orythie enlevée par Borée ; les fils de Borée en hommes ailés ; et là-dessus se termine ce livre.
VI 1-2
Nous joindrons cette partie à celle qui précède en disant : « l’une des Muses, Uranie, avait raconté à Pallas le concours qui avait eu lieu entre elles et les Piérides, et Tritonia (“La Tritonienne”), c’est-à-dire Pallas – du nom du lac Triton, où elle est honorée –, prebuerat (“avait tendu”), c’est-à-dire avait prêté aures (“l’oreille”) talibus dictis (“à ces récits”), ceux qu’on a rapportés plus haut, -que (pour ‘et’) probaverat (“avait approuvé”), c’est-à-dire avait loué etc. »
|f. 95v|
[1] La fable est la suivante : comme Pallas avait quitté la troupe des Muses après avoir loué leurs chants, elle voulut tuer, ou métamorphoser Arachné : aussi prit-elle l’apparence d’une vieille femme pour venir chez Arachné, et elle lui dit de demander pardon à Pallas. [2] Irritée, Arachné lui répondit des flots de paroles orgueilleuses et alors chacune d’elle commença à tisser sa toile : Arachné tissa sur la sienne de nombreuses histoires de métamorphoses des dieux, comme cela est dit dans le texte, pour leur faire honte. Pallas au contraire plaça sur la sienne les nombreux miracles accomplis par les dieux, pour leur rendre hommage. Voyant que la toile d’Arachné était plus belle que la sienne, Pallas se mit en colère et la déchira, tout en frappant Arachné. Arachné, pleine de ressentiment, se pendit à un nœud coulant. Pallas alors la prit en pitié et allégea son corps en la transformant en araignée. Chaque métamorphose, chaque fable peinte sur les toiles de l’un et de l’autre côté, est racontée dans le texte, ainsi que toute la métamorphose d’Arachné, jusqu’aux mots : Lidia tota fremit Frigie (« Toute la Lydie frémit, et de la Phrygie… »), et cetera.
141-12*
1 Prebuerat : accomodaverat ; Tritonia : Pallas ; talibus : supradictis ; aures : suas. 2 carmina : cantilenas ; Aonidum : Thebanarum ; -queprobaverat : et laudaverat. 3 Tunc secum : ait ; laudare : alias ; parum : michi ; et : etiam. 4 numina : deitates ; nec : non ; sperni : despici ; pena : punitione ; sinamus, quasi dicat : ‘Quicomque spreverit nostra numina, pugniatur’. 5 Meonie : a loco Meonia ; animum : dictum ; fatis : mor(ti) ; intendit : vertit ; Aragnes : proprium. 6 quam : Arangnem ; lanifice : lane. 7 audierat : ab aliquibus ; illa : Aragne ; loco : patria ; origine : patribus. 8 clara : famosa ; arte : famose ; huic : Aragne ; Colophonius : a Colopho opido ; Ismon : proprium. 9 Phocaico : a Phoco vel loco ; murice : purpura. 10 occiderat : mortua erat ; ethec : etiam mater ; de plebe : parva gente ; -que : et. 11 equa : equalis ; viro : marito ; illa : Aragne ; urbes : civitates. 12 nomen : famam.
VI 13
ypepis ] Ypepe-ypeparum sunt parve ville a civitatibus separate et dicuntur gallice hamiaus.
13* habitabat : morabatur.
VI 14-18
Non solum sufficiebat Nimphis videre vestes Aragnes factas, ymo loca sua deseruerunt ut viderent telas et fila per se posita et quomodo illa ita egregie operabatur.
14-18*
14 Huius : Ara(gnes) ; ut : quod ; aspicerent : viderent ; sepe : multociens. 15 deseruere : dereliquerunt ; Timoli : montis. 16 deseruere : dereliquerunt ; Pathalides : a loco ; undas : aquas. 17 solum : modo ; spectare : videre ; iuvabat : licebat. 18 quoque : certe ; tantus : tanta ; decor : pulcritudo ; arti : illius.
4* punitione] priunitione ms. Quicomque] quicom ms. | 14-18 telas] alas ms. | 15* dereliquerunt] derelinquerunt ms. montis] mentis ms. | 16* dereliquerunt] derelinquerunt ms.
151-12
4. sinamus, (« laissons »), en d’autres termes, « Quiconque aura méprisé nos divinités, qu’il soit puni1 ».
VI 13
Ypepis 2 : Ypepe-ypeparum (« bourgs ») ; ce sont de petites fermes séparées des cités, qu’on appelle en roman hamiaus, « hameaux ».
VI 14-18
Les Nymphes ne se contentaient pas de regarder les vêtements confectionnés par Arachné, elles désertaient leurs lieux de vie pour voir les toiles et les fils qu’elle avait disposés, et la façon exceptionnelle dont elle travaillait.
16VI 19-25
Quasi diceret : ‘Quocomque modo operabatur, tu diceres, si tu esses presens, quod Pallas eam docuisset’. Quod tamen denegabat, et sic Pallada habebat in derisum.
19-25*
19 glomerabat : coadunavit. 20 digitis : suis ; subigebat : supponebat. 21 mollibat : carpebat. 22 tereti : rotondo ; pollice : suo ; fusum : filando. 23 scires : diceres ; Pallade : dea ; doctam : doctrinatam. 24 Quod : quod a Pallade doceatur ; negat : Aragne, proprium ; -que offensa : et irata. 25 ait : dixit Aragne ; victa : ego ; recusem : quasi dicat : ‘Nullam penam dubito si vincar’.
VI 26-27
Mutatio Palladis in vetulam
Com ita dixisset Aragne, Pallas fecit se vetulam, ut illam decipere posset.
26-27*
26 anum : vetulam ; simulat : fingit ; canos : canicie. 27 infirmos : trementes ; quoque : similiter ; artus : membra.
VI 28-29
Quasi diceret : ‘Non debemus despicere senes quia sunt sapientes, iuxta illud Cathonis : « Nam quocomque sene, sensus puerilis in illo est »’.
28-29*
28 sic orsa loqui est : incepit ; grandior etas : vetus. 29 seris : antiquis.
VI 30-33
Fabulatio Palladis com Aragne
Ecce quomodo Pallas informabat Aragnem ad sapientiam et humilitatem.
30-33*
30 sperne : despice ; tibi : a te. 32 Cede : da locum ; dee : Palladi ; veniam : indulgentiam ; temeraria : tu stulta. 33 supplice : supplicante ; illa : Pallas ; roganti : tibi petenti.
17VI 19-25
En d’autres termes : « Quelle que soit la façon dont elle travaillait, on pourrait dire, si on les avait sous les yeux, que Pallas l’avait instruite. » Quod tamen (mais cela) elle le refusait, et de cette façon tournait Pallas en dérision.
19-25
24 Quod (« Cela ») : le fait d’être formée par Pallas. 25 recusem (« je refuserais ») : en d’autres termes, « Je ne redoute aucun châtiment si je suis vaincue. »
VI 26-27
Métamorphose de Pallas en vieille femme
Comme Arachné avait prononcé ces paroles, Pallas prit l’apparence d’une vieille femme pour pouvoir la tromper.
VI 28-29
En d’autres termes « Nous ne devons pas mépriser les vieilles personnes qui sont sages, selon les mots de Caton : “Car tout vieil homme possède une perception d’enfant.” »
VI 30-33
Conversation de Pallas et d ’ Arachné
Voici comment Pallas disposait Arachné à la sagesse et à l’humilité.
18VI 34-36
Ira Aragnes
iram ] Quia bene apparebat in vultu quod irata erat, unde com Pallade incepit rixari.
34-36*
34 hanc : Pallada ; torvis : oculis crudelibus ; relinquit : desinit. 35-que : et ; manus retinens : suas, quin hanc percuteret ; confessaque : ostendens et. 36 obscuram : ut sequitur tectam.
VI 37-39
Com Pallas consuluisset Aragne quod Pallada veniam peteret, irata est Aragne et multa convicia Palladi in specie vetule dixit.
VI 37-42
Hic exequitur de lite et conviciis Aragnes contra Pallada dicentis : ‘O vehemens vetula’, et cetera. ‘Ego sum satis sapiens ; quare mihi consulis ? Quare non venit ipsa Pallas certatum mecum ?’.
37-42*
37 -que : et ; senecta : vetustate. 38 multum : nimium ; nocet : tibi ; audiat istas, quasi dicat : ‘Magnum dampnum est quod tu tandiu vixisti, et ego nolo, si tu habes nurus aut filias, quod audiant voces istas’. 39 qua : aliqua ; tibi : vetule ; qua : aliqua. 40 consiliisatis :‘Ego sum satis sapiens’ ; neve : quod non ; monendo : michi. 41 profecisse : valuisse ; putes : credas ; eadem :‘Semper quicquid dixi, dicam minuendo laudes Palladis’. 42 Cur : quare ; ipsa : Pallas ; Cur : quare ; hec : talia ; vittat : fugit.
VI 43-46
Exibitio Palladis ad se ipsam contra Aragnem
Com talia convicia Aragne de Pallade diceret, tunc Pallas ostendit se esse deam, unde omnes ibi astantes reverenciam sibi tribuerunt, excepta illa, que tamen, subita deitatis visione, parum erubuit.
34* relinquit]reliquitms. | 37-42 sum ex sun ms. | 38* nolo] volo ms. | 40* monendo]movendoms. | 43-46tit. Exibitio] Exupicio ms. ipsam] ipsa ms.
19VI 34-36
Colère d ’ Arachné
iram (« colère »)] Parce qu’on voyait bien sur son visage qu’elle était en colère, aussi commença-t-elle à se quereller avec Pallas.
VI 37-39
Comme Pallas avait conseillé à Arachné de demander pardon à Pallas, Arachné s’irrita et couvrit Pallas, sous son apparence de vieille femme, de nombreuses invectives.
VI 37-42
Ici il poursuit sur le conflit et les invectives d’Arachné contre Pallas, à qui elle dit « Vieille femme revêche… etc., je suis assez sage ; pourquoi me donnes-tu des conseils ? Pourquoi Pallas ne vient-elle pas en personne rivaliser avec moi ? »
37-42
37 Audiat istas (« Fais entendre ces (paroles) »), autrement dit : « C’est grand dommage que tu aies tant vécu ; je veux que, si tu as une fille ou une bru, ce soient elles qui entendent ces paroles. ». 41 eadem (« les mêmes choses ») : tout ce que j’ai toujours dit, je le redirai en minimisant les louanges de Pallas.
VI 43-46
Pallas se montre selon sa vraie nature en face d ’ Arachné
Comme Arachné couvrait Pallas de telles invectives, Pallas montra qu’elle était la déesse, et tous ceux qui étaient présents lui témoignèrent du respect, excepté Arachné qui, pourtant, à la vue soudaine de la divinité, rougit légèrement.
2043-46*
43 dea : Pallas ; ait : dixit ; formam : habitum ; anilem : vetule. 44 Pallada : se esse ; exibuit : monstravit ; Venerantur : honorant ; dive : vel nimphe. 45 Meonides : a Meonia regione ; interrita : non territa ; virgo : Aragne. 46 erubuit : aliquantulum rubuit ; invita : quia non vellet ; notavit : signavit.
VI 47-49
Actor facit comparationem de rubore Aragnes cito evanescente ad ruborem etheris matutinalem.
47-49*
47 ora : sua ; rursusque : iterum et ; evanuit : defecit ; ut : sicut. 48 purpureus : rubicondus ; primum : in principio. 49 breve : parum ; candescere : solet albescere ; ictu : repercussione.
VI 50
Quia tantum confidebat in sapientia sua, quod nullatenus putabat se superari a Pallade lane artificio.
50* Perstat : permanet ; incepto : quod inceperat ; stolide : stulte ; palme : victorie.
VI 51-52
[1] Moralitas talis est : Pallas ipsa est sapientia, que dea est lanificum, quia docet telam fieri de virtutibus. Aragne enim interpretatur insipientia telam suam faciens de viciis, unde dicitur Aragne, quasi ‘arida mens’, sine humore caritatis. [2] Pallas vero, se ani simulans in morem, Aragnem castigat. Et ideo fingitur vetula, quia vetule sunt sapientiores iuvenibus, et eas castigant. Aragne vero, id est iuvenilis etas, temeraria senectuti sapienti se preferens, com ea contendit. Texendo fit in utraque contencio : Pallas de virtutibus et potencia deorum disputat, Aragne de viciis et contemptu deorum telam texit iocondiorem. [3] Iocondior est via et pronior ad vicia ; ad virtutes vero durior et difficilior, sed quia tela eius arida est et sine succo sapientie, suspenditur a vento,
44* honorant] honorat ms. | 46* invita]invictams. | 47* oraexotriams. | 50 a] et ms. | 51-52.1 insipientia] insipientiam ms. mens] nens ms. | 51-52.2 contendit] totendit ms. contencio] contencione ms. texit ex dixit texit ms.
21VI 47-49
L’auteur compare la rougeur vite dissipée d’Arachné à la rougeur matinale de l’éther.
VI 50
Parce qu’elle avait tellement confiance dans sa sagesse qu’elle ne pensait pas pouvoir être surpassée par Pallas dans l’art de tisser la laine.
VI 51-52
[1] La moralité est la suivante : Pallas est la sagesse en personne, qui est déesse du tissage de la laine, parce qu’elle apprend à tisser la toile avec les vertus. Arachné s’interprète comme la sotte qui tisse sa toile avec les vices, d’où son nom d’Arachné, pour ainsi dire « à l’esprit aride », privée de l’eau de la charité. [2] Mais Pallas, imitant le comportement d’une vieille femme, cherche à corriger Arachné. C’est pourquoi elle est dépeinte comme une vieille femme, parce que les vieilles femmes sont plus sages que les jeunes, et cherchent à les corriger. Mais Arachné, c’est-à-dire la jeunesse, se plaçant témérairement au-dessus de la sage vieillesse, rivalise avec elle. Un concours de tissage s’organise entre elles : Pallas raisonne sur les vertus et les pouvoirs des dieux, Arachné tisse une toile plus agréable sur les vices méprisables des dieux. [3] Plus agréable est le chemin vers les vices, et plus facile ; plus dur et plus difficile est celui vers les vertus ; mais parce que sa toile est aride et privée du suc de la sagesse, elle est suspendue dans le vent,
22utpote res vana ventilatur, et in vermem mutatur, id est ad terrena viciosus magis quam ad celestia inclinatur, ubi vermes nutriuntur. Sed in aragneam potius quam in aliam, quia aragnea ex se ipsa fila eicit ; ita et insipiencia multis filis et laqueis se ipsam includit. [4] Hoc est de mutatione Aragne.
51-52*
51 fata : infortunia ; ruit : festinat ; necenim : et non certe. 52 monet : se ; ulterius : alibi ; nec : et non ; certamina : contenciones.
VI 53
Tam Pallas quam Aragne, quia queque in suo loco sedit ad hoc, telam facerent.
53-54*
53 Haud : non ; mora : fuit. 54 geminas : duplas.
VI 55
Inceptio telarum Palladis et Aragnes
Hic ostenditur modus tele in comparatione.
55* iugo :essouble gallice ; secernit : dividit ; harundo : virga.
56-60*
56 inseritur : iungitur ; radiis : naviculis ; subtegmen : trama. 57 quod : subtegmen ; ducunt : ponunt. 58 inserti : coniuncti ; pectine : lane. 59 Utraque festinat : tam Aragne tam Pallas properat ; pectora : sua ; vestes : ibi modus texentium demonstratur. 60 brachia : sua ; docta : in opere ; fallente : decipiente vel minuente ; laborem : quia per cupiditatem bene faciendi labor minuitur.
|f. 96r|
VI 61-64
Dicit actor quod in principio telarum suarum posuerunt divisiones multas yrim equiparantes.
58* coniuncti ex coniiuncti ms. | lane] lanie ms. | 61-64 multas] multe ms. equiparantes] equiperantes ms.
23comme la chose vaine est agitée par le vent, et transformée en ver, c’est-à-dire que le méchant s’incline vers les biens terrestres, vers l’endroit où se nourrissent les vers, plutôt que vers les biens célestes ; mais elle est changée en araignée plutôt qu’en un autre insecte, parce que l’araignée fait sortir des fils de son propre corps : de la même façon la sottise aussi s’enferme elle-même dans de nombreux fils et lacets. [4] C’est ce qui concerne la métamorphose d’Arachné.
VI 53
Aussi bien Pallas qu’Arachné devaient tisser une toile, assises chacune de son côté pour cela.
VI 55
Pallas et Arachné entreprennent leurs toiles
Ici est montrée par comparaison la facture des toiles.
59 vestes (« les vêtements ») : ici est montrée l’allure des tisserandes. 60 laborem (« la peine ») : parce que le désir de bien faire atténue la peine.
|f. 96r|
VI 61-64
L’auteur explique qu’en commençant leurs toiles elles posèrent de nombreuses séparations que l’œil ne pouvait distinguer.
2461-64*
61 et : etiam ; Tyrium : a Tyro. 62 texitur : ponitur ; discriminis : divisionis ; umbre : texuntur. 63 qualis : tales umbre ; imbre : pluvia ; arcus : celestis Iris. 64 inficere : tingere ; ingenti : magno ; longum : magnum.
VI 65-67
Quia pre confusione plurium colorum non possunt colores ab humano visu singulariter numerari.
65-68*
65 quo : arcu ; niteant : splendeant ; mille : multe. 66 transitus : de colore ad colorem ; spectantia : cernentes ; lumina : oculus ; fallit : decipit. 67 usque : in tantum ; quod : est iuncta filiorum ; ultima : tele. 68 insertum : coniunctum ; immittitur : ponitur.
VI 69
Tela Palladis
Differentia est inter argumentum et hystoriam, fabulam et comediam. Argumentum est quando nos loquimur de veritate sub specie falsitatis, ut apparet in denominatione Athenarum ; fabula quando nos loquimur de falsitate sub specie falsitatis, ut per totum hunc librum apparet ; hystoria de veritate sub specie veritatis, ut per Evangelia et Ecclesiasticum ; comedia de falsitate sub specie veritatis, ut de mutatione Nabugodonosor et Yo, et cetera.
69-73*
69 vetus : antiqum ; deducitur : declaratur. 70 Cicropia : arce, a Cicrope rege ; Mavortis : Martis ; arce : turri. 71 Terrenomine litem : impositione nominis Athenarum contentionem. 72 Bissex : duodecim ; celestes : dei ; medio : in ; Iove : existente ; altis : nobilibus. 73 augusta : nobili ; gravitate : auctoritate ; Suaque quemque deorum : ibi est relatio, impedimentum constructionis.
68* coniunctum] coniuctum ms.
25VI 65-67
Parce que la confusion d’un grand nombre de couleurs empêche le regard humain d’identifier ces couleurs une par une.
VI 69
La toile de Pallas
Il y a une différence entre le sujet et l’histoire, la fable et la comédie. Le sujet est lorsque nous parlons de la vérité en lui donnant l’apparence de la fausseté, comme cela apparaît dans la dénomination des Athéniens ; la fable quand nous parlons de la fausseté sans dissimuler la fausseté, comme cela apparaît tout au long de ce livre ; l’histoire quand il est question de la vérité sous l’apparence de la vérité, comme dans les Évangiles et l’Ecclésiaste ; la comédie, quand la fausseté prend l’apparence de la vérité, comme dans la métamorphose de Nabuchodonosor et d’Io, etc.
73 suaque quemque deorum (« leurs (traits décrivent) chaque dieu ») : il y a ici un retard (dans l’expression), une complication de la construction.
26VI 74
Picturatio deorum in tela
Pallas et Neptunus dixerunt quod qui mirabilius factum faceret, imponeret nomen urbi Atheniensi. Neptunus percussit petram com tridente suo et inde exivit equs, quod fuit signum belli, et Pallas percussit terram et exivit ramus olive, quod fuit signum pacis, et ita imposuit nomen civitati. Hoc totum pinxit Pallas in tela sua.
74* inscribit : declarat ; facies : forma ; ymago : forma.
VI 75-77
Tridente : Neptunus dicitur habere tridentem propter triplicem proprietatem aque, que est nabilis, labilis et potabilis.
75-77*
75 pelagi : maris ; longuoque : magno et ; ferire : percutere ; tridente : virga. 76 saxa : petras ; -que : et ; vulnere : plaga. 77 exiliisse : salire ; ferum : equm ; pignore : equo ; vendicet : aquirat ; urbem : nomen urbi.
VI 78-79
In sua tela Pallas pinxit suam similitudinem propriam.
78-79*
78 at : et ; ubi : ipse ; dat : Pallas ; clipeum : sibimet scutum. 79 dat : Pallas ; capiti : suo.
VI 80-82
Posuit in fine partis tele quomodo fuerunt stupefacti eo quod Pallas nomen civitati imposuit et terminavit illam partem in ymagine victorie.
80-86*
80 -que : et ; simulat : fingit ; cuspide : lancea. 81 edere : producere ; baccis : fructibus ; ramum : unum ; florentis : floride. 82 mirari : et facit ; deos : omnes. 83 exemplis : alienis ; emula : Aragne. 84 quod : quantum ; precium : premium ; furialibus : furiosis ; ausis : quod se pretulit Palladi operando. 85 quatuor : ad quatuor cornua tele ; certamina : lites ; addit : ponit. 86 clara : nobilia ; brevibus : parvis ; distincta : divisa.
27VI 74
Représentation des dieux sur la toile
Pallas et Neptune décidèrent que celui qui accomplirait la plus grande merveille donnerait son nom à la ville d’Athènes. Neptune frappa une roche avec son trident et en fit sortir un cheval, ce qui fut le signe de la guerre ; Pallas frappa la terre et en fit sortir un rameau d’olivier, ce qui fut le signe de la paix, et ainsi elle donna son nom à la ville. Pallas représenta tout cela sur sa toile.
VI 75-77
Tridente (« avec son trident ») : on dit que Neptune tient un trident à cause des trois propriétés de l’eau, qui est navigable, qui coule, et qui est potable.
VI 78-79
Sur sa toile Pallas représenta sa propre apparence.
VI 80-82
Sur la dernière partie de sa toile elle plaça la stupéfaction des spectateurs parce qu’elle donna son nom à la ville : elle termina cette partie sur l’image de sa victoire.
84 ausis (« à ses actes audacieux ») : parce qu’elle plaça son travail au-dessus de celui de Pallas.
28VI 87-89
De tela Palladis
Hemus et Rodope fuerunt reges Tracie et propter nimiam superbiam ab hominibus se deos vocari fecerunt, unde dicti sunt mutati in montes, id est ab altitudine, superbi, ad terram, id est ad nichilum, redacti fuerunt.
87-89*
87 Treiciam : a loco ; Rodopen : proprium ; habet : vel tenet ; Hemum : proprium. 88 nunc : existentes ; gelidos : frigidos ; quondam : tempore preterito. 89 summorum : magnorum ; tribuere : donavere.
VI 90-92
[1] Pigmea quedam mulier fuit que pulcritudine sua se Iunoni pretulit, unde mutata fuit in gruem avem. [2] Allegoria talis est : pigmea quedam regio est ubi nascontur homines minores gruibus, qui tamen preferunt se gruibus, et grues, eos vilipendentes, com eis pugnant et leviores a gruibus rapiuntur in aerem, unde inventus est locus fabule. [3] Quidem pigmea mater, id est terra illa que mater est pigmeorum, in gruem mutata fuerit a gruibus raptos propter populos.
90-92*
90 Altera : in tela ; Pigmee : proprium ; mirabile : propter mutationem. 91 pars : tele Palladis ; hanc : pigmeam ; certamine : contentione. 92 gruem : avem ; -que : et ; inducere : tradere ; bellum : prelium.
VI 93-97
[1] Antigone, filia Priami, pulcritudine sua se pretulit Iunoni, unde ab ipsa mutata est in ciconiam. [2] Allegoria : Antigone, quia filia Priami regis, adeo superbiebat quod etiam Iunoni, quod est aer inferior, id est non solum mortalibus, sed etiam omnibus deis, se pretulerat, unde facta est vilissima, quia adeo se laudavit quod ab communi criminabatur, unde pocius mutata est in ciconiam, que avis immunda est, et ceteris avibus immundior reputatur.
90-92.2 leviores] leviore ms. | 93-97.2 mutata est ex mutata fuit ms.
29VI 87-89
La toile de Pallas
Hémus et Rhodope étaient roi et reine de Thrace ; par excès d’orgueil ils se firent appeler dieux par leur peuple ; c’est pourquoi l’on dit qu’ils furent changés en montagnes, c’est-à-dire que de leur hauteur les orgueilleux furent ramenés à la terre, c’est-à-dire réduits à néant.
VI 90-92
[1] Pygmée était une femme qui plaça sa beauté au-dessus de celle de Junon, c’est pourquoi elle fut changée en grue. [2] L’allégorie est la suivante : la Pygmée est une région où naissent des hommes plus petits que des grues, et qui pourtant se placent au-dessus des grues ; les grues, qui les dénigrent, se battent contre eux et, comme ils sont plus légers, elles les enlèvent dans les airs, ce qui fournit l’occasion de la fable. [3] En fait, (on dit que) la mère pygméenne, c’est-à-dire la terre qui est la mère des pygmées, fut changée en grue, à cause des peuples enlevés par les grues.
VI 93-97
[1] Antigone, la fille de Priam, plaça sa beauté au-dessus de celle de Junon, aussi fut-elle changée en cigogne par la déesse. [2] Allégorie : Antigone, qui était la fille de Priam, s’enorgueillissait au point de se placer au-dessus même de Junon, qui est l’air inférieur, c’est-à-dire non seulement les mortels, mais même tous les dieux ; aussi fut-elle ramenée au plus bas étage, parce qu’elle chantait tellement ses louanges qu’elle était accusée par tout le monde ; aussi dit-on qu’elle fut plutôt changée en cigogne, qui est un oiseau immonde, et plus immonde que tous les autres oiseaux.
3093-97*
93 Pinxitque : Pallas ; et : etiam ; Antiguonem : proprium ; contendere : certare. 94 consorte : socia ; Iovis : Iunone ; quam : Antigonem. 95 volucrem : avem ; vertit : mutavit ; nec : et non ; profuit : voluit ; Ylion : turris troiana ; illi : Antigone. 96 Laomedonve : rex Troie vel ; sumptis : captis ; quin : quod non ; candida : alba. 97 ipsa : Antigone ; crepitante : sonante vel trepidante.
VI 98-100
[1] Filie Cinare, contentrices deorum neque in templa intrare nolentes, intrare permittebant, unde ex deorum ira ad nichilum retracte sunt. [2] Considerato ergo ab aliis exemplo ne deos contempnerent, alii ad culturam deorum devenerunt in templis, unde dictio est locus fabule quod in gradus templi fuerunt mutate, quia – ut dicitur – gentes eorum exemplis ad cultum dei devenerunt.
98-102*
98 Qui superest : angulus remanet ; Cinaram : proprium nomen ; tenet : aliter habet ; angulus : pars tele ; orbum : viduatum. 99 isque : Cinaras ; natarum : filiarum ; membra : scilicet. 100 saxoque : petra et ; lacrimare : flere. 101 Circuit : lustrat ; paccalibus : pacificis ; oras : margines. 102 ismodus : talis finis ; sua : Pallas ; arbore : oliva.
VI 103
Tela Aragnes.
Meonis : hic tractatur de tela Aragnes contra Pallada.
|f. 96v|
VI 103-108
[1] Iupiter in specie tauri Europam rapuit : rex quidem cretensis Iupiter appellatus, ut superius dicitur, filiam Agenoris, tirii regis, in nave in qua taurus erat depictus rapuit. Idem Iupiter ‹Asteriem› in specie aquile rapuit, idest aquilis preeuntibus et Ganimede. [2] Nam, ut Anacreon refert, dum Iupiter adversus Titanos – qui Titani sunt filii, Titan frater Saturni fuerat – bellum assumeret, et, com sacrificium in celo fecisset,
98-100.1 retracte] retacte ms. | 103-108.1 filiam ex a filiam ms. Idem Iupiter ‹Asteriem›] Idem Iupiter # ms. idest] id ms. | 103-108.2 Titan] Saturni ms. bellum] ut bellum ms.
31VI 98-100
[1] Les filles de Cinyras, qui dénigraient les dieux et ne voulaient pas fréquenter les temples, permettaient d’y entrer, aussi la colère des dieux les réduisit-elle à néant. [2] Leur exemple conduisit donc les autres à ne pas mépriser les dieux et à venir les honorer dans les temples, ce qui donne l’occasion à la fable de dire qu’elles furent changées en marches du temple, parce que – dit-on – c’est leur exemple qui conduisit les gens à honorer les dieux.
VI 103
La toile d ’ Arachné
Meonis (« La Méonienne ») : il est ici question de la toile qu’Arachné tissa pour rivaliser avec Pallas.
|f. 96v|
VI 103-108
[1] Jupiter enleva Europe en prenant l’apparence d’un taureau : un roi de Crète du nom de Jupiter, comme on l’a dit plus haut, enleva la fille d’Agénor, roi tyrien, sur un bateau sur lequel était peint un taureau. Le même Jupiter enleva Astérie, puis Ganymède, sous l’aspect d’un aigle, c’est-à-dire précédé par des aigles. [2] En effet, comme le raconte Anacréon, tandis que Jupiter était en guerre contre les Titans (les fils de Titan, le frère de Saturne), et comme il avait fait un sacrifice dans le ciel,
32in victorie signum sibi auspicium aquile prosperum sibi vidit adesse advolatum. [3] Pro quo tam felici omine et quia victoria consequta est, in signis bellicis sibi aquilam auream fecit tuteleque sue virtuti dedicavit, unde et apud Romanos hec signa tractata videntur.
103-108*
103 Meonis : Aragne ; elusam : deceptam ; designat : ponit ; ymagine : forma. 104 Europam : reginam illam ; freta : maria ; vera putares : si presens videres telam. 105 Ipsa : Europa ; videbatur : in pictura tele ; spectare : cernere. 106 comites : videbatur socias ; clamare : appellare ; vereri : timere. 107 timidasque : timorosas et ; recundere : abscondere vel retrahere. 108 Fecit : Aragne ; Asteriem : proprium ; aquila : ave.
VI 109
[ 1] Ledam : Iupiter, in cignum conversus, com Leda concubuit, que ovum peperit, de quo nati sunt tres : Castor, Polluces, Helena, quod totum misticom est. Iupiter in modum potencie ponitur ; Leda vero regina Libie, quod ‹nos› aut iniuriam aut convicium dicimus. [2] Ergo omnis potencia iniurie mixta speciem sue generositatis immutat ; ideo in cignum pocius mutatur, quia ferunt physiologi hanc avem adeo conviciis plenam quod, ipsa ave clamante, relique aves taceant que prope sint, unde et olor dictus est ab oligoria, quod iniuriam iam sonat. [3] Ergo, quocienscomque nobilitas iniuriam vergit ut conviciis misceatur, necesse est quod ex hac ovus concipitur, quia, sicut in ovo omnis sordicies que purgari potest, in gramine continetur intrinsecus, ita etiam in effectu iniurie omnis est immondicia, que tamen mittigari hic potest per successores, sed ex hoc ovo generantur tres : Castor, Pollex et Helena, femina scandali et discordie. [4] Castor vero et Pollex in modum perditionis dicuntur, quod ipsorum nominibus habentur. Nam Pollex grece a potay, id est a pollui, quod est perdere, dicitur, et Castor, quasi Caco‹n stueroi›, idest malum extremum, inde est quod perditionem significant et dicuntur esse signa quorum signorum est in ortu et in occasu designare pericula affactura.
109* olorinis : cigni ; Ledam : proprium ; recubare : reclinari.
103-108.3 omine] homine ms. | 109.1 ovum] avum ms. Polluces] Polluuces ms. quod ‹nos›] quod # ms. | 109.2 iniurie] in iniurie ms. | 109.3 quod] sed ms. ovus] anus ms. ovo] avo ms. | 109.4 a pollui] Apollini ms. Caco‹n stueroi›] caco # ms.
33il vit, en signe de victoire, l’auspice favorable pour lui d’un aigle qui volait vers lui. [3] Pour ce présage si heureux, et parce que la victoire s’ensuivit, il se fit faire un aigle d’or comme signe de guerre, et le dédia à sa vertu tutélaire : c’est pourquoi on voit aussi ces signes utilisés chez les Romains.
VI 109
[1]Ledam (« Léda ») : Jupiter, transformé en cygne, coucha avec Léda, qui accoucha d’un œuf, dont naquirent trois enfants : Castor, Pollux et Hélène, ce qui relève entièrement du mythe. Jupiter se place du côté de la puissance, Léda quant à elle était reine de Lybie – ce que nous appelons injure ou cri. [2] Toute puissance donc, mêlée à l’injure, modifie son apparence de générosité ; c’est pourquoi il se changea plutôt en cygne, parce que les naturalistes rapportent que cet oiseau a un cri si fort que, quand il crie, tous les oiseaux qui sont proches se taisent, d’où son nom de « olor » (« cygne »), qui vient de oligoria3(« mépris »), ce qui a déjà le sens d’« injure ». [3] Donc, chaque fois que la noblesse tourne à l’injure au point de se mélanger aux cris, elle est nécessairement conçue à partir de cet œuf parce que, comme dans l’œuf, toute ordure qui peut être nettoyée est contenue à l’intérieur de la plante ; de même aussi dans l’effet de l’injure se trouvent toutes les saletés, qui pourtant peuvent être atténuées par les successeurs, mais de cet œuf sont engendrés trois enfants : Castor, Pollux et Hélène, la femme du scandale et de la discorde. [4] Quant à Castor et Pollux, ils ont l’allure de la ruine, qu’on perçoit dans leurs noms mêmes. En effet le nom de Pollux vient du grec potay4(« regretter »), c’est-à-dire de pollui5(« perdre ») ; ce qui signifie « perdre », et Castor, pour ainsi dire cacon6 (« mauvais ») stueroi 7(« haïssable »), c’est-à-dire « mal extrême », c’est pourquoi ils signifient la ruine et sont, dit-on, les signes dont le propre est de désigner les dangers à venir, au lever et au coucher.
34VI 110-111
Iupiter, in specie sathiri, Anthiopam, filiam regis Nictei, corrupit, id est per Sathirum, proprium nomen cuiusdam nutricii qui fuit medius inter Iovem et illam.
110-111*
110 addidit : in tela ; celatus : formatus. 111 Iupiter : proprium ; gemino : duplicato ; Nicteida : a loco vel patre ; fetu : prole.
VI 112
Idem Iupiter in specie Amphitrionis Almenam corrupit, id est Amphitrionem maritum suum pro lenone et noncio habuit erga Almenam.
VI 113
Danem : Iupiter per aurum datum – ad modum pluvie hiis dantur – custodibus suis, ut superius continetur.
Iupiter habuit Eginam, filiam Ausopi ; nocte et quadam illuminatione rapuit, unde fingitur mutari in ignem.
113* aureus : in specie auri ; ut : qualiter ; Danem : proprium ; Ausopida : proprium ; ignis : in specie ignis.
VI 114
Iupiter habuit filiam Memnonis per pastorem suum sibi nuncium. Iupiter decipit Dorida in specie serpentis, id est per quandam vetulam que serpenti comparatur propter astuciam et fallacitatem suam.
114* pastor : Iupiter ; Chionida : deceperit.
VI 115
Neptunus Eoliam in specie iuvenci decepit : nichil aliud fuit nisi quod rapta fuit in nave in qua taurus pictus erat.
115* quoque : similiter ; torvo : crudeli ; Neptune : o tu ; iuvenco : tauro.
VI 116
Neptunus, veniens per mare, com uxore Aloy, de nocte, non agnitus, concubit in specie Eniphei, qui erat adulter eius et amasius.
116* tu : es ; Enipheus : proprium.
113 modum] mundum ms. hiis dantur] habundantur ms.
35VI 110-111
Jupiter, sous l’aspect d’un satyre, corrompit Antiope, la fille du roi Nyctée – c’est-à-dire par l’entremise de Satyre, nom propre d’une nourrice qui fut l’entremetteuse entre Jupiter et Antiope.
VI 112
Le même Jupiter corrompit Alcmène en prenant l’apparence d’Amphitryon, c’est-à-dire qu’il prit Amphitryon son mari comme entremetteur et messager auprès d’Alcmène.
VI 113
Danem (« Danaé ») : Jupiter (la posséda) en donnant de l’argent – qu’ils reçurent comme une pluie – à ses gardiens, comme cela est raconté plus haut.
Jupiter posséda Égine, fille d’Asope : il l’enleva de nuit à la faveur d’un éclairage, c’est pourquoi l’on imagine qu’il se changea en feu.
VI 114
Jupiter posséda la fille de Memnon grâce à son berger qui lui servit de messager. Jupiter trompa Doris en prenant l’aspect d’un serpent, c’est-à-dire grâce à une vieille femme, qu’on compare à un serpent à cause de son astuce et de sa ruse.
VI 115
Neptune trompa Éolie sous l’aspect d’un jeune taureau : cela revient à dire qu’elle fut enlevée sur un bateau sur lequel était peint un taureau.
VI 116
Neptune, arrivant par la mer, coucha avec la femme d’Aloïs de nuit, sans se faire reconnaître, en prenant l’apparence de l’Éniphée, qui était son amant adultère.
36VI 117
Neptunus Bisapida rapuit in nave in qua quidam aries pictus erat.
117* et : etiam ; aries : muto ; Bisapida : proprium ; fallis : decipis.
VI 118
Neptunus Cererem, id est quandam reginam copiam bladi habentem, rapuit in navi in qua quidam equus pictus erat in fronte.
118* flava ; candida ; comas : propter spicas ; mater : Ceres.
VI 119
Neptunus similiter Gorgonem rapuit vel legitur quod equm sibi tribuit dum in templo Minerve, ut superius dicitur, violavit.
119* sensit : percepit ; sensit : percepit.
VI 120
Neptunus Melantho in specie delphini decepit, id est in nave rapuit qua pictus erat vultus delphinis.
120-121*
120 mater : Medusa vel Gorgon ; sensit : percepit ; delphina : piscem ; Melantho : proprium. 121 hiis : deis et amasiabus ; locorum : quibus habitaverant.
VI 122-124
Phebus, id est sapientia, aliquando transit in agrestem, id est agriculture vacat ; aliquando in ancipitrem, id est tunc com rapine vacat ; aliquando in leonem, scilicet tunc com irascitur ; aliquando pastorem, ut Machareida deciperet, id est per pastorem quendam hanc decepit.
122-124*
122 addidit : vel reddidit ; agrestis : campestris. 123 utque : qualiter ; modo : nunc ; modo : nunc. 124 gesserit : portaverit ; ut : qualiter.
VI 125-126
Liber in uvam se mutavit ut Erigorem deciperet : nichil aliud fuit nisi quod eam ipse inebriavit et sic violavit. Saturnus in specie equi com Philleride concubuit,
118 quandam] in quandam ms. | 122-124 com rapine] rapine com ms. hanc] hunc ms.
37VI 117
Neptune enleva Bisaltis dans un bateau sur lequel était peint un bélier.
VI 118
Neptune enleva Cérès, une reine qui possédait une grande quantité de blé, dans un bateau sur la proue duquel était peint un cheval.
VI 119
Neptune enleva aussi la Gorgone – ou, lit-on, il eut avec elle un cheval en la violant dans le temple de Minerve, comme cela est dit plus haut.
VI 120
Neptune trompa Mélanthe sous l’aspect d’un dauphin, c’est-à-dire l’enleva dans un bateau sur lequel était peint la figure d’un dauphin.
VI 122-124
Phebus (« Phébus »), c’est-à-dire la sagesse, prit quelquefois l’apparence d’un paysan – c’est-à-dire se consacra à l’agriculture ; quelquefois celle d’un épervier – c’est lorsqu’il s’exerce à la rapine ; quelquefois l’aspect d’un lion – c’est bien sûr lorsqu’il est en colère ; quelquefois celui d’un berger – pour tromper la fille de Macarée, c’est-à-dire qu’il la trompa avec l’aide d’un berger.
VI 125-126
Liber se transforma en raisin pour séduire Érigone : cela revient à dire qu’il l’enivra et ainsi la viola. Saturne coucha avec Philyre sous l’aspect d’un cheval,
38id est rex fuit qui in equis pugnando eam rapuit et abstulit et Chirona genuit, qui erat partim equs et partim homo, id est intentus erat rebus humanis et terrenis partim. Hoc totum erat pictum in tela Aragnes.
125-138*
125 ut : qualiter ; Erigonem : proprium. 126 ut : qualiter ; Saturnus : proprium ; equo geminum : partim equus, partim homo ; Chirona : proprium. 127 tele : Aragnes ; tenui : parvo ; limbo : margine. 128 nexilibus : intrincabilibus ; intertextos : immixtos. 129 carpere : criminari ; Livor : invidia. 130 Doluit : tristis fuit ; successu : facto bono ; virago : Pallas. 131 ruppit : laceravit ; celestia : scilicet deorum. 132 utque : qualiter et ; Cithereico : a loco ; radium : naviculum. 133 terquater : multociens ; Hemonie : a regione ; frontem : caput ; Aragnes : proprium. 134 tulit : passa ; -que : et ; animosa : audax. 135 pendentem : Aragnem. 136 atque ita : hoc facto ; quidem : certe ; improba : mala. 137 -que : et ; eadem : talis ; pene : doloris ; futuri : rei venture. 138 tuogeneri : tue posteritatis ; serisque : antiquis ; nepotibus : tiris ; esto, quasi dicat : ‘Vivas vel expectes, aliter vel diu’.
VI 139
herbe ] herbe Hecatheidos, quia Ecathe est dea incantatorum.
139* discedens : abiens ; Echatheidos : ab Ecathe.
VI 140-141
Mutatio Aragnes in aragneam
Hic tangitur mutatio Aragnes in araneam.
140-141*
140 etextimplo : protinus vel extemplo ; medicamine : aspersione. 141 defluxere : cecidere ; come : capilli ; quis : quibus ; naris : cecidit ; aures : deffluserant.
VI 142-143
Mutatio Aragnes
136* improba]improbims. | 138 Vivas vel expectes] vivato vel erpecti ms. | 140* aspersione] spersione ms. | 141* deffluserant] deffluseram ms.
39c’est-à-dire qu’il y eut un roi qui, en combattant à cheval, l’enleva et l’emporta, et engendra Chiron, qui était moitié cheval moitié homme, c’est-à-dire était en partie porté vers les choses humaines et terrestres. Tout cela était peint sur la toile d’Arachné.
VI 139
herbe (« des herbes »] les herbes d’Hécate, parce qu’Hécate est la déesse des enchantements.
VI 140-141
Métamorphose d ’ Arachné en araignée
Ici le récit aborde la métamorphose d’Arachné en araignée.
VI 142-143
Métamorphose d ’ Arachné
40142-143*
142 minimum : parvum ; -que : et ; est : Aragne ; corpore : suo. 143 exiles : graciles ; herent : remanent.
VI 144-145
Quia veritas est quod aranea de visceribus suis emittit fila et, quia filatrix fuit, adhuc semper filat.
144-145*
144 cetera : membra sua ; dequo : ventre ; illa : Aragne ; remittit : eicit. 145 stamen : aranearum filum ; exercet aranea : consequitur exercens aranea.
VI 146-147
Incipit de Nyobe
Com mutata esset Aragne in araneam a Pallade propter suam superbiam, ‹tota› patria illa incepit fremere, et accedit actor ad materiam Nyobes.
146-149*
146 Lidia : patria illa ; fremit : timet ; Frigie : Troie ; opida : castra ; facti : mutationis Aragnes. 147 it : vadit ; occupat : implet ; orbem : mondum. 148 Niobe : proprium ; thalamos : maritagia ; illam : Aragnem. 149 tunc : in illo tempore ; Meoniam : patriam illam ; virgo : Aragne ; Siphilum : civitatem ; colebat : habitabat.
VI 150-151
Quamvis sciret a Pallade Aragnem mutatam, tamen semper contra deos operabatur.
150-151*
150 nec : et non ; pena : mutatione ; popularis : communis ; Aragnes : proprium. 151 cedere : favere ; celitibus : deis ; -que : et ; minoribus uti : quia semper loquebatur contra deos contumeliose et superbe.
146-147 ‹tota› patria] # patria ms. | 151* superbe] superbie ms.
41VI 144-145
Parce que la vérité est que l’araignée fait sortir des fils de ses entrailles et, parce qu’elle fut une fileuse, elle file toujours aujourd’hui.
VI 146-147
Début du récit sur Niobé
Comme Arachné avait été transformée par Pallas en araignée à cause de son orgueil, sa patrie toute entière commença à trembler, et l’auteur en vient à l’histoire de Niobé.
VI 150-151
Bien qu’elle sût qu’Arachné avait été métamorphosée par Pallas, Niobé œuvrait cependant contre les dieux.
42|f. 97r|
VI 152-156
[1] Fabula talis est : com mutata esset Aragne in araneam a Palla ‹de›, totus populus tremuit ; tamen Nyobe regina noluit tremere nec deis sacrificare. [2] Ista Nyobe habuerat septem filios et tot filias, unde tam superba erat quod volebat vocari dea, et, com secundum preceptum Mantho universus populus Lathone sacrificaret, illa venit ad templum et multa convicia de Lathona sibi sacrificantibus dixit, laudes sui ipsius Niobes exaltando. [3] De modo superbie sue in litera continetur ; ad ultimum tamen sacrificantes compulit a sacris Lathone abire. Lathona dea, hoc videns, alloquta fuit Phebum et Dyanam, quos genuerat, et super tali iniuria conquesta est com illis. [4] De querimonia continetur in littera, unde post hoc Phebus matri concessit et Dyana similiter. Post hoc describit actor locum in quo occisi fuerunt filii Nyobes et filie similiter. De morte filiorum et filiarum satis leviter patet in littera. [5] Preterea continetur lamentatio Nyobes ad Lathona et ulterius lamentatio de morte sue progeniei, et hoc in littera declaratur. Post hoc mutatio sua in lapidem usque ad illum locum, unde post : Tuncvero cuncti manifestam (313).
152-156*
152 dabant : illi ; animos : audaciam. 153 genus : progenies ; amborum : sui et Amphionis. 154 illi : Nyobe ; cuncta : omnia ; placerent : scilicet ingenium mariti sui cinctoris et genus amborum et regnum. 155 ut sua progenies : quantum placuit sua generatio ; matrum : omnium. 156 foret : esset ; visa : superba.
VI 157-162
Prophethia Mantho
157-160*
157 sata : nata ; venturi : rei future ; prescia : vaticinatrix ; Mantho : proprium est nomen vel sic : nata Tyresia prescia futuri ; mantho : vaticinatione, quia mantho grece, latine divinatio. 158 concita motu : commota intus. 159 vaticinata vias : ecce quomodo ; Hymenides : ‘o’ ; frequentes : in multitudine. 160 Lathone : dee ; Lathonigenis : filiis Lathone ; duobus : scilicet Phebo et Dyane.
152-156.1 Palla‹de›] Palla# ms. noluit] voluit ms. | 152-156.2 volebat] nolebat ms. Mantho] Nantho ms. | 152-156.4 Nyobes] Lathone ms.
43|f. 97r|
VI 152-156
[1] La fable est la suivante : comme Arachné avait été transformée par Pallas en araignée, tout le peuple trembla, mais la reine Niobé ne voulut pas trembler ni sacrifier aux dieux. [2] Cette Niobé avait sept fils et sept filles, ce qui la rendait si orgueilleuse qu’elle voulait être appelée déesse, et comme, selon les recommandations de Manto, le peuple tout entier sacrifiait à Latone, Niobé vint dans le temple lancer de nombreuses insultes sur Latone à ceux qui participaient aux sacrifices, tout en célébrant ses propres louanges. [3] Le texte décrit sa façon de s’enorgueillir ; finalement elle poussa ceux qui participaient aux sacrifices à quitter les lieux sacrés. La déesse Latone, voyant cela, s’adressa à Phébus et Diane, ses enfants, et se plaignit à eux d’une telle injure. [4] Sa plainte est contenue dans le texte. Phébus accorda sa demande à sa mère, et Diane aussi. Ensuite l’auteur décrit le lieu dans lequel furent tués les fils de Niobé et ses filles également. La mort des fils et des filles est décrite dans le texte avec une clarté limpide. [5] En outre est décrite la lamentation de Niobé à Latone et plus tard la lamentation sur la mort de sa progéniture, et cela se lit dans le texte. Après cela, sa métamorphose en roche, jusqu’aux mots que l’on trouve plus loin : Tunc vero cuncti manifestam (« Dès lors, tous (redoutent le courroux de la divinité) qui vient de faire éclater (sa puissance) ») (313).
154 placerent : c’est-à-dire le génie de son mari qui entoura la ville de murailles, la famille de l’un et de l’autre, leur règne.
VI 157-162
Prophétie de Manto
157 Mantho (« Manto ») : par la prédiction, parce que mantho8en grec, c’est divinatio (« divination ») en latin.
44VI 161
Innectite crines ] Hic demonstratur ritus Lathone sacrificancium. Lauro dicit propter virorem sapientie, que semper viret.
161-164*
161 thurapia : sacrificium thuris ; lauroque : arbore. 162 ore : prophetia ; Lathona : dea ; Paretur : impersonaliter. 163 Thebaydes : Thebane ; tempora : capita ; frondibus : ramis lauri. 164 thura : sacrificia.
VI 165
Sicut superius Mantho dixerat, et, com ita sacrificarent populi Lathone, ecce venit Nyobes, et cetera.
165-166*
165 comitum : sociarum ; Nyobe : proprium ; turba : agmine. 166 Frigiis : a loco ; spectabilis : nobilis ; auro : ornata aureis vestibus sicut regina.
VI 167-169
Superbia Nyobes
Hic tangitur optime modus superborum quia, elevatis superciliis et oculis, circomcirca respiciunt ; postea, voce guturosa dicunt quicquid dicunt et super opera aliorum.
167-169*
167 sinit : permittit ; formosa : pulcra ; decoros : pulchros. 168 immissos : laxatos. 169 constitit : stetit ; utque : postquam ; circumtulit : circum se tulit ; alta : superba.
VI 170-171
Quasi diceret : ‘Furiosi estis qui colitis deos quos non vidistis et me videtis aperte et non colitis’.
170-171*
170 furor : est ; inquit : dixit Nyobe ; visis : vel visis preceptis meis. 171 celestes : deos ; quid colitur : quare veneratur ; Lathona : dea ; auras : vel aras.
161 virorem] verorem ms. viret] virent ms. | 167* formosaexformosasms. | 170-171 aperte] a parte ms.
45VI 161
Innectite crines (« Attachez vos cheveux »)] Ici sont montrés les rites suivis par ceux qui sacrifiaient à Latone. Il dit lauro (« avec du laurier ») à cause de la force de la sagesse, qui est toujours vigoureuse.
VI 165
Comme Manto l’avait dit plus tôt, et tandis que le peuple sacrifiait à Latone, ecce venit Nyobes (« Voici que surgit Niobé ») etc.
166 auro (« d’or ») : parée de vêtements d’or comme une reine.
VI 167-169
Orgueil de Niobé
Ici on traite excellemment du comportement des orgueilleux car ils regardent autour d’eux en levant les sourcils et les yeux ; puis ils prononcent toutes leurs paroles d’une voix grave et méprisent les actions des autres.
VI 170-171
En d’autres termes : « Vous êtes fous d’honorer les dieux que vous n’avez pas vus, au lieu de m’honorer, moi que vous voyez clairement. »
46VI 172-174
Iactatio Nyobes
Modo se exaltat primo a parte generis.
172-174*
172 numen : deitas mea ; thure : honore thuris ; Tantalus : proprium ; actor : proprium. 173 superorum : deorum. 174 Pleyadum : nimpharum ; genitrix : mater ; Athlas : proprium.
VI 175-176
Iupiter genuit Athlantha, Athlas Tantalum, Tantalus Nyobem, et ita Iupiter erat athavus.
175-176*
175 fert : portat ; cervicibus : capite. 176 avus : athavus ; glorior : glorificor ; illo : Iove qui genuit Amphionem, qui est maritus meus.
VI 177-178
Modo se exaltat a parte potestatis et diviciarum suarum.
177-178*
177 metuunt : timent ; Phrigie : Troie ; regia : aula. 178 -que : et ; commissa : tradita.
VI 179
Amphion ita dulciter cithareabat quod lapis super lapidem veniebat et ita facta fuerunt menia.
179* meque viroque : Nyobe etiam, marito et.
VI 180-181
Quasi diceret : ‘Ubicomque in domo mea ullus potest aspicere, ibi divicie iam videntur’, quasi dicat : ‘Diviciarum et possessionis mee non est numerus’.
172* Tantalus] cantalus ms. | 175-176 Athlantha] Alantha ms. Athlas] Alas ms. | 176* Amphionem] Amphitrionem ms.| 179 Amphion] Amphitrion ms.
47VI 172-174
Vantardise de Niobé
Maintenant elle commence par se vanter du point de vue de sa famille.
VI 175-176
Jupiter engendra Atlas, Atlas engendra Tantale, Tantale engendra Niobé, et ainsi Jupiter était son aïeul.
176 illo (« de lui ») : de Jupiter, qui engendra Amphion, mon mari.
VI 177-178
Maintenant elle se vante du point de vue de son pouvoir et de ses richesses.
VI 179
Amphion jouait de la cithare avec tant d’harmonie que les pierres s’entassaient d’elles-mêmes : c’est ainsi que les remparts furent construits.
VI 180-181
En d’autres termes : « Où qu’on puisse jeter un regard dans ma demeure, on y voit désormais des richesses. », autrement dit : « Mes richesses et mes possessions sont innombrables ».
48180-181*
180 domus : mee ; lumina : oculos meos. 181 immense : magne ; spectantur : videntur ; opes : divicie ; eodem : adverbialiter ponitur.
VI 182-183
Se collaudat a parte speciositatis sue, postea a parte geniture sue, que est quatuordecima.
182-184*
182 addice : adde. 183 iuvenes : filios ; mox : consequenter ; genosquenurusque : adde VII et VII. Et sic erimus in hospicio XXVIII. 184 Querite : interrogatis ne ; nostra superbia causam : ‘Quando ita est quod de tanto genere glorior, quod in tanta potestate sublevor, quod tanta pulcritudine informor, quod tanta genitura vivificor, queritis quare sum superba’.
VI 185
Quia tanta sum, quomodo audetis, et cetera.
185* genitam : natam ; Ceo : gigante.
VI 186-190
Modo incipit Nyobe, laudibus suis exaltatis, Lathonam vituperari et deridere.
186-190*
186 cui : Lathone ; quondam : tempore preterito. 187 exiguam : parvam ; pariture : Phebum et Lathonam. 188 humo : terra ; dea : Lathona. 189 exul : quia mondus sibi vetabatur ; donec : quoadusque ; miserata : miserta ; vagantem : errantem. 190 hospita : o Lathona ; erras : vadis ; ego : erro.
VI 191
Instabilem ] Instabilem dicit propter agmentum maris et detrimentum.
184* sublevor]subleviorims. |188* Lathona] Lathonam ms.
49VI 182-183
Elle se couvre de louanges du point de vue de son éclat, puis du point de vue de sa progéniture – qui comptait quatorze enfants.
184 nostra superbia causam (« (Cherchez maintenant) la cause de mon orgueil ») : « quand il est vrai que je me glorifie d’être issue d’une si grande lignée, que je me flatte d’un si grand pouvoir, que je suis d’une si grande beauté, que je suis forte d’une si grande lignée, cherchez pourquoi je suis orgueilleuse. »
VI 185
Devant ma si grande valeur, quomodo audetis (« comment osez-vous… ») etc.
VI 186-190
Maintenant, après avoir célébré ses louanges, Niobé commence à critiquer Latone et à se moquer d’elle.
VI 191
Instabilem (« instable »)] Il dit « instable » à cause des flux et reflux de la mer.
50191-195*
191 Delos : pro insula ; duorum : scilicet Phebi et Dyane. 192 parens : mater ; uteri : generationis ; septima nostri :‘Quia ego habeo quattuordecim’. 193 felix : beata ; enim : certe ; neget : certe nullus ; Felix : beata ; manebo :‘Ero quamdiu vixero’.
VI 195-199
Quasi dicat : ‘Ego tanta bona habeo quod defectum non timeo’. Fingite :‘Ponatur quod aliqui filiorum meorum mihi eripiantur, tamen plures quam duos habebo, et ita felicior ero quam Lathona sic quam adoratis’.
196-199*
195 maior sum quam : illa ; nocere, quasi dicat : ‘Deus ipse, si vellet, mihi non noceret’. 196 multaque : et quamvis ; eripiat : removeat ; plura : maiore ; supersunt : remanent, quasi dicat : ‘Si mihi aliqua removerit adhuc, mihi maiora remanebunt’. 197 Excessere : preteriere ; metum : timorem ; Fingite demi : ponatur nichil veri. 198 populo : multitudini. 199 redigar : reducar ; spoliata duorum : scilicet unius filii et filie, sicut est Lathona, et quia ita est quod tanta sum, ite satis propere (201).
|f. 97v|
VI 200-202
Quia non audebant patenter Lathone numina adorare. Construe : dea indignata est tantum quantum distabat ab orba, idest a muliere orba, vel aborba, a turba orbanda, vel melius sic : quantum Lathona distabat a turba orba, tantum indignata est et, sicut verum est Lathonam non esse orbam, ita verum est quod ipsa tamen irata est.
VI 200-206
Turba quantum : istud potest legi de Nyobe : quantum distabat Nyobe – supple ab turba orba –, que habebat VII filios et VII filias. Tamen subintellige : orbata fuit ; certe multum distabat. En ego : hic continetur quomodo Lathona conqueritur com prole de Nyobes conviciis.
193* Ero] era ms. | 197* nichil] nemo ms. | 199* sum ex est ms. | 200-202 Lathonam ex Lathoniam ms.
51192 septima nostri (« un septième du nôtre ») : parce que j’ai quatorze enfants. 193 manebo (« je resterai ») : je serai tant que je vivrai.
VI 195-199
En d’autres termes : « j’ai tant de bonheurs que je ne crains pas qu’ils me fassent défaut ». fingite (« Supposez ») : « posons que quelques-uns de mes enfants me soient enlevés, cependant j’en aurai plus que deux, et ainsi je serai plus heureuse que Latone que vous adorez ainsi. »
195 nocere (« nuire ») : autrement dit : « Dieu même, s’il le voulait, ne pourrait me nuire ». 196 supersunt (« subsistent ») : restent, en d’autres termes : « S’il m’enlevait quelque bien, il m’en restera encore de plus grands ». 199 spoliata duorum (« (même) privée (je ne serais pas ramenée au nombre) de deux ») : c’est-à-dire à un fils et une fille, comme Latone, et parce qu’il est vrai que je suis si grande, ite satis propere (« allez, vite, hâtez-vous »).
|f. 97v|
VI 200-202
Parce qu’elles n’osaient pas adorer la divinité de Latone ouvertement. Construire : dea indignata est tantum quantum distabat ab orba (« La déesse était indignée autant qu’elle était loin d’être privée de ses enfants »), c’est-à-dire d’être une mère sans enfants, ou ab orba (« d’être privée de ses enfants »), d’être sur le point de perdre une troupe, ou mieux : quantum (« autant ») Latone distabat (« était loin ») d’être orba (« privée ») de troupe, autant elle est indignée et, comme il est vrai que Latone n’est pas privée d’enfants, il est vrai aussi qu’elle est pourtant en colère.
VI 200-206
turba quantum (« la troupe, autant que… ») : cela peut concerner Niobé : quantum distabat Nyobe(« autant Niobé était loin ») – suppléer ab turba orba (« d’être privée d’une troupe ») – elle qui avait sept fils et sept filles – cependant il faut sous-entendre « elle fut privée » – certes elle en était très loin. En ego (« Voici que moi ») : ici le récit raconte comment Latone se plaint à ses enfants des insultes de Niobé.
52202-206*
202 ponite : deponite ; Deponunt : removent ; infecta : imperfecta. 203 quodquelicet : quantum licitum ; (200 T) Lathone : dee illius ; distabat : differebat. 204 Indignata : super supradictis ; dea : Lathona ; summo : alto ; vertice : cacumine ; Cinthi : montis. 205 talibus : ut sequitur ; gemina : dupla, scilicet Phebo ; loquta : et Diana. 206 enego : ecce Lathona ; parens : mater ; animosa : audax ; creatis : natis.
VI 206-213
Oratio Lathone ad prolem
207-210*
207 nulli : non ulli ; cessura : datura locum ; dearum : per potestatem. 208 andea : utrum ; dubito : nescio. 209 arceor : vetor ; aris : altaribus. 210 Nec dolor […] convicia facto :‘Non doleo tantummodo si arceor a cultura, sed convicia plurima mihi dicta sunt, quare maxime doleo, quia preposuit suos natos vobis et me orbam convocavit quod sibi accidat’.
VI 211-213
Quia Tantalus erat dapifer deorum et quia convicia dixit de deis et consilium eorum revelavit, missus fuit in Infernum et patitur penam famis et sitis.
211-214*
211 Tantalis : filia Tantali ; adiecit : adhibuit ; -que : et ; natis : filiis suis. 212 quod : scilicet quod orba sit ; decidat : accidat ; orbam : sine prole. 213 dixit : vocavit ; scelerata : illa prava. 214 Adiectura : datura ; hiis : supradictis ; Lathona : dea ; relatis : narratis.
VI 215
Quasi dicat construendo : ‘Mora longua est pene dande’ sibi est – inquam – longua. Querela :‘per querelam tuam’.
204* montis] motis ms. | 211* Tantali ex Tantalis ms. | 211-213 eorum ex illorum ms.
53VI 206-213
Paroles de Latone à ses enfants
210 Je ne me plains pas seulement d’être dépossédée de mon culte, mais de nombreuses insultes ont été proférées à mon encontre, c’est pourquoi j’ai bien lieu de me plaindre, parce qu’elle a placé ses enfants au-dessus de vous, et m’a appelée « privée d’enfants », ce qui doit lui arriver.
VI 211-213
Parce que Tantale était le sénéchal des dieux et parce qu’il avait prononcé des insultes à leur encontre et révélé leurs secrets, il fut envoyé en enfer où il souffre de la faim et de la soif.
VI 215
En d’autres termes, en construisant mora longa est pene (« Nous avons trop tardé à punir ») : nous avons trop tardé à la punir, disais-je. querela (« par ta plainte »), à cause de ta plainte.
54215-216*
215 desine : precari ; ait : dixit ; pene : sibi dande. 216 Dixit idem : quod Phebus dixerat ; Phebe : Dyana ; celeri : cito. 217 tecti : illidico ; Cadmeida, p(roprie) d(icat) : ‘Cadmi’ ; arcem : turrim, scilicet Thebas.
VI 218-220
Descriptio loci in quo filii Nyobes occisi fuerunt
Planus erat : describit actor locum in quo equirria solebant esse.
218-220*
218 Planus erat : locus latus ; menia : civitatis. 219 assiduis : assidue astantibus ; ubi : in quo. 220 subiectas : subdit ; ungula : ralla.
VI 221
[1] Moralitas talis est : Nyobe regina Lathonam contempnebat pro duobus filiis eius. Com ipsa septem filios et septem filias haberet, a pueris Lathone pueri Nyobes occisi sunt, ipsa vero in lapidem mutata est. [2] Per Nyobem intelligimus quemlibet superbum vel superbiam, que septem filios habet, scilicet pedem, manum, pectus, linguam, nasum, supercilium et oculum, et septem filias, idest septem operationes illorum VII, scilicet superba pedis ambulatio, pectoris elata et vana cogitatio, manuum illicita et contumax palpatio, lingue contumeliosa et despectrix loqutio, nasi indignativa et irrisoria frontatio, superciliis indebita elatio, oculorum impaciens et indignans contorsio. [3] Per Lathonam habemus religionem, cuius filii sunt Apollo, id est sapientia, et Dyana, id est castitas. Nyobem ergo, id est superbiam, filii Lathone, id est religionis, scilicet sapientia et castitas, humiliaverunt, filios eius occidendo, id est sensus et gestus superbi ad religionem converterunt. [4] Postea mater eorum mutata fuit in lapidem quia omnino, deposita superbia, sapientie vacans fuit et castitati caro illa et firma et stabilis in religione ad modum labidis. [5] Dicitur quod in equis et ludo occisi fuerunt, quia in delectationibus seculi et fortitudine iuventutis primo vacabant dum ad religionem conversi fuerunt. Dicitur quod mater flevit quia caro naturaliter inclinatur ad malum et quasi invicta se corrigit iuvenis ab errore.
221* Pars : una ; genitis : natis ; Amphione : proprium.
221.2 quemlibet] quemlibeto ms. elata ex elacta ms. et4ex est ms. palpatio ex palatio ms. | 221.4 et2ex est ms. | 221.5 vacabant] vacabunt ms.
55VI 218-220
Description du lieu où furent tués les fils de Niobé
planus erat (« Il y avait une plaine ») : l’auteur décrit le lieu où se déroulaient ordinairement les courses de chevaux.
VI 221
[1] La moralité est la suivante : la reine Niobé méprisait Latone qui n’avait que deux enfants. Comme elle-même avait sept fils et sept filles, les enfants de Niobé furent tués par les enfants de Latone, et elle-même fut changée en pierre. [2] Par Niobé nous comprenons un orgueilleux, ou l’orgueil, qui a sept fils, à savoir le pied, la main, la poitrine, la langue, le nez, le sourcil et l’œil, et sept filles, c’est-à-dire les sept comportements de ces sept « fils » : la façon orgueilleuse de poser le pied, le fait de soulever la poitrine par vanité, la façon outrageuse de poser ses mains, l’utilisation méprisante de la langue et la parole arrogante, le froncement de nez indigné et moqueur, le soulèvement impoli des sourcils, le roulement d’yeux impatient et offusqué. [3] Par Latone nous avons la religion, dont les enfants sont Apollon, la sagesse, et Diane, la chasteté. Niobé donc, l’orgueil, est humiliée par les enfants de Latone, la religion, c’est-à-dire par la sagesse et la chasteté, qui tuent ses enfants, c’est-à-dire convertissent à la religion les sentiments et les gestes de l’orgueilleux. [4] Ensuite leur mère fut changée en pierre parce que, tout orgueil abandonné, elle se consacra entièrement à la sagesse et voua sa chair à la chasteté, se tenant ferme et stable dans la religion, à la manière d’une pierre. [5] On dit que ses fils furent tués alors qu’ils participaient à des jeux équestres, parce qu’ils consacraient d’abord leur temps aux plaisirs du siècle et aux démonstrations de vaillance des jeunes hommes, quand ils furent convertis à la religion. On dit que la mère pleura parce que la chair est naturellement encline au mal mais que, comme vaincue, la jeune chair revient de son erreur.
56VI 222
Rei veritas est quod Nyobe regina habuit certamen com Lathona, similiter regina. Exercitibus ab utraque congregatis, pars Lathone VII filios Nyobe occidit, et postea sorores rapuerunt et crudelitate nimia illas occiderunt ; pater sese interfecit. Quod audiens, Nyobe ita stupefacta fuit, ac sic esset ymago lapidea, et hoc est quod fingitur de mutatione sua.
222* conscendunt : ascendunt ; Tyrio : a Tyro verbum ; rubencia : purpura sit.
VI 223
Quia equi aureis et purpureis indumentis tegebantur.
223* terga : dorsa ; gravidas : ponderosas ; moderantur : tenent ; habenas : lora.
VI 224-229
Mors Hysmenos
Hic tangitur ordinate quomodo Phebus filios Nyobes occidit.
224-229*
224 Hismenos : proprium ; mater : Nyobe ; quondam : in tempore pariendi. 225 flectit : ducit ; in orbem : girum. 226 quadrupedis : equi ; spumantiaque : spumis plena et ; cohercet : refrenat. 228 gerit : portat ; remissis : relictis. 229 pallatim : successive ; armo : humere.
VI 230-238
Mors Siphili
Com mortuus esset Hysmenos, primogenitus filius Nyobe, Siphilus voluit fugere, sed nequivit, quia telum iam emisum erat quod hunc occidit, et facit actor comparationem de illo ad nautam videntem tonitrua, imbres et tempestates advenire.
230-238*
230 Proximus : consequenter vel proximus ; perinane : aere. 231 frenadabat : ire volebat ; Syphilus : proprium ; veluti : sicut fit ; prescius : cognoscens. 232 rector : nauta. 233 carbasa : vela ;
222 VII] VIItems. | 222* conscendunt]concenduntms. verbum] verbi ms. | 224* Nyobe] Nyone ms. | 231* volebat ex volebant ms.
57VI 222
La réalité est que la reine Niobé entra en conflit avec Latone, qui était reine aussi, et que chacune ayant assemblé leurs armées, le parti de Latone tua les sept fils de Niobé, puis enleva leurs sœurs qui furent tuées avec la plus grande cruauté. Le père se suicida. Lorsqu’elle apprit cela, Niobé fut frappée d’une telle stupeur qu’on aurait dit une statue de pierre, c’est ce qui provoqua l’invention de sa métamorphose.
VI 223
Parce que les chevaux étaient enveloppés de couvertures d’or et de pourpre.
VI 224-229
Mort d ’ Ismène
Ici le récit raconte comment Phébus tue l’un après l’autre les fils de Niobé.
VI 230-238
Mort de Sipyle
Comme Ismène, le fils premier né de Niobé, était mort, Sipyle voulut s’enfuir, mais en fut incapable, parce que le trait qui le tua avait déjà été emisum (« décoché ») ; l’auteur le compare à un marin qui voit venir le tonnerre, les pluies et la tempête.
58nec qua levis effluat : et non ducit ea parte qua ; aura : ventus. 234 dantem : ut fugeret. 235 tremens : telum vel sagitta. 236 hesit : remansit ; extabat : apparebat ; pectore : suo. 237 Illeut : Siphilus sicut ; pronus : curvus ; admissa : equi currentia. 238 volvitur : cecidit ; tellurem : terram ; fedat : maculat.
VI 239-247
Mors Phedimi et Tantali
Occisis Hismenos et Syphiro, Phedimus et Tantalus occisi fuerunt, quia, com in giro fuissent deducti equis, diu ad aliud opustransierant, scilicet ad luctam.
239-247*
239 Phedimus : proprium ; infelix : miser ; aviti : avi ; heres : filiolus. 240 Tantalus : proprium ; ut : sicut ; solito : consueto ; labori : giro. 241 transierant : perrexerant ; nitide : pulcre ; iuvenile : forte ; palestre :luite gallice. Palestra ludus erat qui fiebat in festo pallis. 242 contulerant : posuerant ; alto : stricto ; cursu : vel nisu. 243 pectora : sua ; com : quando ; concita : comota ; nervo : corda. 244 iuncti : pariter ; utrum : tam Phebum quam Tantalum. 245 Ingemuere : Phebus et Tantalus ; simul : pariter ; simul : pariter. 246 membra : sua ; solo : ad terram ; simul : pariter ; suprema : ultima. 247 lumina versarunt : oculos clauserunt ; simul : pariter ; exalarunt : eiecerunt.
|f. 98r|
VI 248-253
Mors Alphenoris
Com Alphenor fratres suos mortuos aspiceret, voluit illos relevare, et, com demissus esset, sagitatus fuit in pulmone et sic mortuus fuit quintus.
248-253*
248 Aspicit : cernit ; laniata : lacerata ; plangens : percutiens. 249 evolat : cito venit ; gelidos : frigidos ; complexibus : suis ; artus : membra. 250 cadit : moritur ; officio : exequiarum ; nam : quia ; delius : Phebus. 251 intima : interiora ; fatifero : mortali ; rupit : laceravit ;
251* fatifero]fatisferoms.
59VI 239-247
Mort de Phédime et de Tantale
Une fois tués Ismène et Sipyle, ce fut au tour de Phédime et de Tantale, qui, ayant terminé leur tour à cheval, étaient passés à d’autres jeux : ils s’exerçaient à la lutte.
241 La palestre était un jeu qui consistait en des luttes lors d’une fête.
|f. 98r|
VI 248-253
Mort d ’ Alphénor
Voyant ses frères qui expiraient, Alphénor voulut les relever ; comme il s’était penché, il fut transpercé au poumon et fut le cinquième à mourir.
60precordia : viscera ; ferro : telo. 252 Quod : ferrum ; simul : postquam ; eductum : tractum ; pars : una ; hamis : uncis. 253 eruta : remota ; -que : et ; cruor : sanguis ; Efusus : eiectus ; auras : ethera.
VI 254-256
Mors Damasithonis
Quasi diceret : ‘Prima plaga fuit in iunctura genuum, sed tamen non erat mortalis’.
254-256*
254 intonsum : propter longuam comam unicum ; Damasitona : proprium ; vulnus : plaga. 255 inficit : occidit ; Ictus : percussus ; qua : ea parte ; qua : per. 256 poples :gareth gallice.
VI 257-260
Mortuis quinque filiis Nyobes, Damasiton sextus a Phebo percussus fuit, et dicit actor quod uno vulnere non mortuus fuit, ymo vulnere duplicato.
257-260*
257 dumque : quando ; manu : sua ; tentat : vult ; exiciabile : mortale. 258 iugulum : gutur ; acta : posita. 259 expulit : removit ; hanc : sagitam. 260 emicat : salit ; terebrata : perforata ; prosilit : salit ; aura : ethere.
VI 261-266
Mors Ylioney
Occisis sex filiis Nyobe, ultimus, scilicet Hylioneus, septimus, voluit precari Phebum et omnes deos quatinus sui miserentur, et, quamvis motus esset pietate, tamen iamque sagitta erat et percussit eum in corde : et mortuus est septimus.
261-270*
261 Ultimus : supremus ; Ilioneus : proprium ; profectura : valorem habitura ; precando : Phebum et alios deos. 262 sustulerat : levaverat ; communiter : pariter ; omnes : ita quod omnes parcant.
261-266tit. Mors] mor ms.
61VI 254-256
Mort de Damasichthon
En d’autres termes : « il reçut une première blessure à l’articulation du genou, mais elle n’était pas mortelle ».
VI 257-260
Cinq fils de Niobé étaient morts. Le sixième, Damasichthon, fut frappé par Phébus, et l’auteur dit qu’il ne mourut pas d’une seule blessure, mais d’une double blessure.
VI 261-266
Mort d ’ Ilionée
Six fils de Niobé avaient été tués, quand Ilionée, le septième, voulut supplier Phébus et tous les dieux d’avoir pitié de lui ; bien qu’ébranlé par la pitié, Phébus avait déjà décoché sa flèche et le frappa en plein cœur : il fut le septième à mourir.
62263 dixerat : Hylioneus non stultus, ymo scius ; omnes : deos. 264 parcite : mihi ; erat : pietate ; revocabile : reducibile. 265 Architenenes : Phebus ; minimo : parvo ; occidit : mortuus fuit. 266 vulnere : plaga ; alte : profundo. 267 lacrime : fletus ; suorum : amicorum. 268 subite : cite ; matrem : Nyobem ; ruine : mortis suorum filiorum occisorum. 269 mirantem : matrem dico ; potuisse : fecisse ; irascentemque : tristem et ; ausi : audentes. 270 superi : dei ; iuris : potestatis.
VI 271-272
Mors Amphionis
Com omnes filii Nyobe occisi essent, devenit fama de morte illorum ad Nyobem et similiter lamentatio amicorum, unde stupefacta fuit quod dei tantam iniuriam sibi fecissent. Nam pater Amphion : com audisset rumores de morte illorum, sese propria manu interfecit.
271-272*
271 pater : puerorum ; Amphion : scilicet ; ferro : mucrone vel cutello ; adacto : posito ; finierat : vitam suam. 272 dolorem : quia, com mortuus fuit, et vita caruit et dolore pariter filiorum suorum occisorum.
VI 273-276
‘ Heu ’ , exclamat actor, dicens : ‘Heu, quantum differebat status Nyobes, que sic suplex erat, ab illo statu in quo erat dum populum a sacris Lathone removit’ ; quantum, certe multum.
VI 274-279*
274 Hoc autem dicit eo quod modo erat valde supplex, et, com populum ab aris amovit, erat valde superba. 275 tulerat : gesserat ; gressus : passus ; resupina : superba ; urbem : civitatem. 276 suis : amicis ; vel : etiam ; amici possent habere invidiam de illa tunc, modo etiam inimici deberent misereri illius. 277 gelidis : frigidis. 278 oscula : basia ; compensat : donat ordine ; natos : filios ; supprema : ultima. 279 quibus : filiis ; liventia : blanda ; tollens : levans. Ecce quomodo Nyobe loquitur conquerendo iniuriose de Lathona pro morte filiorum suorum.
274* arisexarems. | 279* iniuriose] iuriose ms.
63VI 271-272
Mort d ’ Amphion
Comme tous ses fils avaient été tués, la nouvelle de leur mort parvint à Niobé en même temps que les lamentations de leurs amis. Elle fut stupéfaite que les dieux lui aient infligé un tel outrage. Nam pater Amphion (« Car leur père, Amphion ») : ayant appris la nouvelle de leur mort, il s’était tué de sa propre main.
272 dolorem (« sa douleur ») : parce que la mort mit fin en même temps à sa vie et à sa douleur d’avoir perdu ses fils.
VI 273-276
« Heu » (« Hélas »), s’exclame l’auteur, qui ajoute : « heu, quantum (« Hélas, combien ») la situation de Niobé était différente, dans ses supplications, de celle qu’elle connaissait quand elle chassa le peuple des sacrifices de Latone » – quantum (« combien »), certes beaucoup.
VI 274-279
274 Il dit cela parce qu’elle se livrait à de profondes supplications, alors que, lorsqu’elle chassa populum (« le peuple ») des aris (« autels »), elle témoignait d’un profond orgueil. 276 Les amis pourraient alors la haïr, mais même les ennemis devraient la prendre en pitié. 279 Telles sont les paroles de Niobé qui se plaint injustement de Latone pour la mort de ses fils.
64VI 280-283
Lamentatio Nyobes pro morte filiorum
280 Pascere : pascaris ; Lathona : o tu ; cruore : sanguine. 281 pascere : iterum repetit ; luctu : dolore. 282 corque : tuum ; ferum : crudele. 282b dum : quamdiu ; finit : per. 283 feror : ducor ; exulta : gaude ; inimica : male ; triumpha : habeas victoriam.
VI 284-285
‘Quare vocavi te vitricem adhuc ? ‹Quamvis› sim misera, tamen plures pueros habeo quam tu, qui permanes in felicitate tua’.
284-286*
284 cur : quare ; autem : certe ; vitrix : es ; plura : maiora ; supersunt : remanent. 285 felici : beate ; quoque : similiter ; funere unico : ‘Te supero adhuc, quamvis mihi funera plurima contulis’. 286 Dixerat : ita loquta fuerat Nyobe ; contempto : relicto corda ; arcu : aliter contenta, fortiter tenta.
VI 287
Quia aliquis posset dicere : ‘Quare non fuit Nyobe territa ?’, dicit Ovidius : ‘Illa erat audax malo suo’.
287* qui : nervus ; unam : solam : omnes : astantes.
VI 288-289
Hic accedit actor ad tractatum de morte filiarum Nyobes dicens : ‘Com presentes essent ad funera fratrum, Dyana illas occidit’, ut in littera continetur.
288-289*
288 malo : dolore ; audax : secura. 289 thoros : funera ; fratrum : suorum ; demisso : laxato.
VI 290-296
Mors filiarum Nyobes
VI 290-291
Quia, com se morti fratrum incomberet, in suis fuit visceribus perforata.
284-285 ‹Quamvis› sim] sim ms. permanes] permanet ms.
65VI 280-283
Lamentations de Niobé pour la mort de ses fils
VI 284-285
« Pourquoi t’ai-je si vite accordé la victoire ? Malgré mon malheur, j’ai pourtant encore plus d’enfants que toi, qui demeures heureuse. »
258 Je l’emporte encore sur toi, malgré toutes les funérailles dont tu m’as frappée.
VI 287
Parce qu’on pourrait dire « Pourquoi Niobé ne fut-elle pas terrorisée ? », Ovide écrit : Illa (« Elle ») était audax (« audacieuse ») malo (« à cause du malheur ») qui la frappait.
VI 288-289
Ici l’auteur en vient à traiter de la mort des filles de Niobé, disant : « Comme elles assistaient aux funérailles de leurs frères, Diane les tua », comme le texte le raconte.
VI 290-296
Mort des filles de Niobé
VI 290-291
Parce que, comme elle se couchait au-dessus du corps d’un de ses frères, elle fut transpercée dans le ventre.
66290-296*
290 quibus : sororibus ; una : prima. 291 fratri : suo ; moribunda : moriente ; relanguit ore : quia, dum de fratre lamentaretur, occissa fuit primogenita filia. 292 solari : solari, confortare ; miseram : tristem ; parentem : matrem Nyobem. Com seconda vellet matrem consolari, occissa est. 293 subito : cito ; vulnere : plaga ; ceco : est. 294 ora : sua ; spiritus : anima. 295 Hec : tercia ; frustra : invanum ; collabitur : moritur ; illa : quarta. 296 hec : quinta ; illam : sextam ; trepidare videres : moriendo, et ita brevi tempore sex mortue fuerunt pariter.
|f. 98v|
VI 297-300
Com occise essent sex filie Nyobes, unica remansit, quam mater volens capere et deffendere, com Lathona conquesta est de morte filiarum, illi supplicans ut illam minimam relinqueret.
298-300*
297 Sex : filiabus ; leto : morti ; -quevulnera : et plagas. 298 ultima : postgenita ; restabat : remanebat ultimam ; mater : Nyobe. 299 veste : sua ; unam : unicam ; minimam : valde parvam ; -querelinque : et desine. 300 Multis : pluribus ; posco : interrogo ; clamavit : dixit.
VI 301-305
Mutatio Nyobes in lapidem
Diriguit : tangit actor mutationem Nyobes. Cum ita mortui essent pueri, Nyobes rigida fuit propter malum suum, et tangitur sigillatim mutatio sua per membra.
301-310*
301 -que : etiam ; -que : et ; cadit : moritur. 302 exanimes : semimortuos ; natos : filios ; natas : filias ; virumque : maritum Amphiona. 303 -que : et ; Nullos : non ullos ; capillos : suos. 304 vultu : suo ; sinesanguine : pallida est ; lumina : oculos ; mestis : tristibus. 305 nichil : non aliquid ; ymagine : sua. 307 congelat : rigescit ; vene : sue ;
291* primogenita] primogeniti ms. | 297-300 relinqueret] si reliqueret ms. | 307* vene] nene ms.
67291 relanguit ore (« elle s’affaisse en l’embrassant ») : parce que la première des filles fut tuée alors qu’elle se lamentait sur son frère. 292 Comme la seconde voulait consoler sa mère, elle fut tuée. 296 trepidare videres (« on pourrait la voir trembler ») : en mourant, et ainsi en peu de temps six d’entre elles moururent de la même façon.
|f. 98v|
VI 297-300
Comme six des filles de Niobé avaient été tuées, il n’en survivait qu’une, que sa mère voulut attraper et défendre : elle se plaignit à Latone de la mort de ses filles, la suppliant de lui laisser la plus jeune.
VI 301-305
Pétrification de Niobé
Diriguit (« Elle se raidit ») : l’auteur raconte la métamorphose de Niobé. Comme ses enfants étaient morts, Niobé se pétrifia de douleur, et sa métamorphose est décrite en détail, membre par membre.
68desistunt : desinunt. 308 flecti : potest ; cervix : caput ; necbrachia : et non sua ; reddere : possunt ; motus : aliquos. 309 ire : pergere ; quoque : similiter ; saxum est : lapis est. 310 validi : magni ; circumdata : lustrata.
VI 311
Raptus Nyobes in patria
311-312*
311 patriam : suam ; ubi : in qua patria ; montis : unius. 312 liquitur : stillat ; manant : quia, sicut flebat dum mutata fuit, sic flet marmor modo.
VI 313-314
Ita omnes audierunt quomodo Lathona accepit vindictam de Nyobe et de inimicis suis, et propter hoc omnes timebant deam.
VI 313-316
Tunc vero : com occisi essent filii Nyobes et mutata esset Nyobe in saxum, omnes festum Lathone inceperunt celebrare et miracula sua narrare, et, sicut memoria erat de maioribus, renarrabant, unde quidam de populo alios incepit consolari narrans miracula Lathone, cuius festum celebrabant, scilicet quomodo mutavit in ranas rusticos.
313-317*
313 vero : certe ; cuncti : populi ; manifestam : patefactam. 314 cultu : sacri ; impensius : curiosius ; omnes : homines. 315 gemelli : duplicem prolem ; pare : parientis ; venerantur : honorant. 316 Utque : sicut et ; propiore : proximo ; renarrant : dicunt. 317 quibus : populis ; ait : dixit ; quoque : similiter ; agris : campis.
VI 318
Incipit de rusticis mutatis in ranas
Propter vilitatem hominum non nota fuit fabula, tamen fuit magnum miraculum.
313-316 memoria erat] nemora erant ms. maioribus] nemoribus ms. ranas] rana ms.
69VI 311
Niobé est emportée dans sa patrie
manant (« demeurent ») : parce que, comme elle pleurait quand elle fut métamorphosée, de même le marbre pleure encore aujourd’hui.
VI 313-314
Ainsi tous entendirent comment Latone avait tiré vengeance de Niobé et de ses ennemis, et pour cela tous craignaient la déesse.
VI 313-316
Tunc vero (« Mais alors ») : comme les fils de Niobé avaient été tués et que Niobé avait été pétrifiée, tous commencèrent à célébrer le jour de fête de Latone et à raconter ses miracles et, de même qu’on rappelait le souvenir des anciens, on recommençait à les raconter : aussi un homme du peuple commença-t-il à réjouir les autres par le récit des miracles de Latone, dont on célébrait le jour de fête, et en particulier comment elle changea des paysans en grenouilles.
VI 318
Début du récit de la métamorphose des paysans en grenouilles
La fable n’était pas connue à cause de la basse condition de ces hommes, pourtant c’était un grand miracle.
70318-319*
318 impugne : sine pena ; deam : Lathonam ; sprevere : despicere ; coloni : cultores. 319 obscura : celata ; quidem : certe ; ignobilitate : vilitate.
VI 320-381
Confabulatio unius Liciorum
[1] Fabula talis est, quam dicit iste, quisquis sit, Lathone sacrificantibus : ‘Com ego – dicit ille – quadam die com uno homine boves servarem et ad hauriendam aquam illos deduxissem, in stagno erat ara quam dux meus adoravit, et ego similiter com illo, et interrogavi cui esset ara illa et ipse mihi dixit quod Lathone, quia, com, invicta Iunone, Lathona in Delos insula peperisset, a facie Iunonis fugiens, estu plurimo et labore sitim concepit, et, com vidisset rusticos iuxta stagnum, illos petiit quatinus sibi licitum hauriendi aquas concederent. [2] Ipsi vetuerunt istud ; tantum sibi non suffecit, immo aquam pedibus turbaverunt, et, hoc videns, Lathona rogavit quatinus semper in stagno viverent, et sic mutati fuerunt in ranas, ut in littera apperte declaratur usque ad illum : hec ubi nescio quis Licia (381).
320-324*
320 mira : mirabilis ; presens : dicit ille, quiconque sit ; stagnumque : non nominatur etiam ; -que : et. 321 prodigio : demonstratione ; notum : cognitum ; Nam : quia ; grandior : veterior. 322 -que : et ; genitor : pater meus ; lectos : pingues ab aliis viris electos ; electus. 323 -que : et ; eunti : pergenti. 324 ipse : pater ; ducem : socium ; quo : duce ; lustro : circondo.
VI 325-328
‘Quia illic erat ara antiqua, dux meus clam adoravit et ego similiter murmure clam adoravi, quamvis nescirem cuius esset’.
325-332*
325 lacu : aqua ; favilla : propter favillam. 326 vetus : antiqua ; circondata : lustrata ; cannis : rosellis. 327 Restitit : stetit retro ;
320-381.1 interrogavi cui] interrogatus ex interrogavitus ms. rusticos] stusticos ms. | 322* viris] viri(?)s ms. electos] electo ms.
71VI 320-381
Récit d ’ un Lycien
[1] La fable que l’homme, quel qu’il soit, raconte à ceux qui célèbrent les sacrifices de Latone est la suivante : « Un jour, dit-il, comme je gardais des bœufs avec un homme et que je les avais conduits au bord de l’eau pour les faire boire, je vis à côté de l’étang un autel que mon guide se mit à adorer, et je fis de même avec lui, avant de lui demander à qui était consacré cet autel. Il me répondit qu’il appartenait à Latone qui, alors que, poursuivie par la haine de Junon dont elle fuyait la présence, elle avait enfanté sur l’île de Délos, fut prise de soif à cause de l’excès de chaleur et de fatigue ; ayant trouvé des paysans au bord de l’étang, elle leur demanda de la laisser puiser de l’eau. [2] Ils le lui refusèrent ; et cela ne leur suffit pas, ils se mirent à troubler l’eau avec leurs pieds. Voyant cela, Latone demanda qu’ils vivent éternellement dans l’étang, c’est pourquoi ils furent métamorphosés en grenouilles, comme le texte le raconte expressément jusqu’aux mots : hec ubi nescio quis licia (“Lorsque je ne sais qui (eut raconté ces histoires) de Lycie”). »
VI 325-328
« Parce qu’il y avait là un antique autel, que mon guide adora secrètement, et comme lui je prononçai secrètement des murmures d’adoration, sans savoir à qui était consacré cet autel. »
72parvo : dea que ; faveas : hic tuleris ; michi : adiuva me. 329 Naiadum : nimpharum ; ve : vel ; foret : esset ; rogabam : interrogabam. 330 indigene : inde geniti ; ve : vel ; talia : que secontur ; reddidit : respondit ; hospes : dux meus. 331 iuvenis : puer ; montanum : motus. 332 ipsa : Lathona ; suam : aram ; vocat : dicit ; hanc : istam ; tui : Lathone.
VI 333
Erratica : non aliquem statum habens pacifice et quiete.
333-338*
333 orbem : mondum ; interdixit : vetuit ; Delos : insula. 334 errantem : vagantem ; tunc : in illo tempore. 335 illic : in Delo ; arbore palme : palma est arbor pacifica, id est pacem significans, quam olim sancti et reges in signum pacis et victorie defferebant. 336 edidit : peperit ; geminos : scilicet Phebum et Dyanam ; noverca : Iunone. 337 Hinc : ab illo loco ; puerpera : Lathona ; fertur : dicetur. 338 portare : vel portasse ; natos : scilicet.
VI 339
Chymerifere : in Licia dicitur quod est quidam mons in prima parte cuius habitant leones, in secunda capre, in tercia serpentes, et similiter fingitur quod Chimera est animal sic formatum, comparatur etiam meretrici, unde quidam : « Omnis re vera meretrix est dicta Chimera, / parte leo prima, medio capra, anguis ad yma ; / est leo per fastus, caper sordibus, anguis ad astus ».
339-340*
339 Chimerifere : Chimeram ferentis ; gravis : calidus. 340 finibus : regionibus ; inLibie :escoce gallice ; longuo : magno.
|f. 99r|
VI 341-344
Com ita sitiret, domina Lathona vidit forte…
335* est1] et ms. | 339 Licia] Libia ms. | 339* calidus] gallidus ms. 341-344 sitiret] scitiret ms.
73VI 333
Erratica (« errante ») : n’ayant pas une position stable et paisible.
[335]arbore palme (« le palmier ») : le palmier est un arbre de paix, qui symbolise la paix et qu’autrefois les saints et les rois présentaient en signe de paix et de victoire.
VI 339
Chymerifere (« qui a produit la Chimère ») : on dit qu’en Lycie se trouve un mont où vivent des lions sur un premier côté, des chèvres sur un deuxième, des serpents sur un troisième, et sur le même modèle on imagine que la Chimère est un animal formé ainsi, et on la compare aussi à une courtisane, d’où ces mots : « Toute courtisane est à bon droit appelée chimère, au début lionne, au milieu chèvre, au fond serpente : elle est lionne par sa morgue, chèvre par sa saleté, serpente du point de vue de ses ruses. »
|f. 99r|
VI 341-344
Alors qu’elle avait une telle soif, Dame Latone vit par hasard…
74341-344*
341 sidereo : etheris ; estu : calore. 342 ubera : mammas ; ebiberant : suxerant ; nati : Phebus et Dyana. 343 lacum : stagnum ; mediocris : parve ; prospexit : vidit ; immis : profundis. 344 agrestes : rustici ; illic : in lacu ; fruticosa : dumosa ; legebant : colligebant.
VI 345
Ulvam ] Ulva est herba que semper in paludibus, id est in humidis locis et cenosis, habundat, et dicitur a quibusdam gallice cheval coe.
345-348*
345 -que : -et ; ulvam : herbam illam. 346 Accessit : huc venit ; posito : submisso ; Tytania : Lathona de genere Titanorum. 347 uthauriret gelidos : ad hoc, ut caperet, potaret frigidos. 348 turba : concio ; vetat : ne bibat ; sic affata : ut sequitur appellavit.
VI 349-359
Petitio Lathone ad rusticos propter aquam
VI 349-352
Rustici vetuerunt Lathone ne aquas potaret, et dixit illa : ‘Quare prohibetis aquas ? Natura tria fecit communia, scilicet solem et aera et aquam ; ista non aliquibus appropriari possunt’.
349-352*
349 quid : quare ; prohibetis : vetatis mihi. 350 Nec : et non ; solem proprium : radium solis fecit ; nec : et non. 351 tenues : subtiles ; umbras : etheris ; publica : communia. 352 Quetamen : quamvis sint communia ; ut detis : quod concedatis mihi ; rogo : peto.
VI 353
[1] Allegoria talis est : Lathona, id est religio, duos pueros portans, id est Phebum et Dyanam, scilicet sapientiam et castitatem, venit ad lacum siciens, id est in mondi tentationibus siciens erat ; aquam maxime rogavit etiam rusticos, id est aqua existentes, id est voluit, in periculis temptationum voluit incombere, ut rusticos, id est peccatores, converteret ad se.
75VI 345
Ulvam (« Ulve ») : l’ulve est une herbe qui pousse toujours abondamment dans les marais, c’est-à-dire dans les lieux humides et boueux, et que certains appellent en roman « queue de cheval ».
VI 349-359
Latone demande aux paysans de lui donner de l ’ eau
VI 349-352
Les paysans empêchèrent Latone de boire de l’eau, alors elle leur dit : « Pourquoi interdisez-vous de prendre de l’eau ? La nature a fait trois choses communes à tous : le soleil, l’air et l’eau ; nul ne peut se les approprier. »
VI 353
[1] L’allégorie est la suivante : Latone, à savoir la religion, qui portait deux enfants, Phébus et Diane, c’est-à-dire la sagesse et la chasteté, arriva assoiffée au bord d’un lac, c’est-à-dire qu’elle avait soif devant les tentations du monde ; elle demanda instamment de l’eau à des paysans, à des hommes qui vivaient au bord de l’eau, c’est-à-dire qu’elle voulut se pencher vers les tentations dangereuses, pour convertir à elle les paysans, c’est-à-dire les pécheurs.
76[2] Illi autem aquam pietatis religioni contradixerunt et turbaverunt, id est multa opprobria dixerunt contra religionem, ei nolentes adherere, unde dicitur quod in ranas mutati fuerunt, quia in luto et immundicia istius seculi remanserunt in aqua, id est in undationibus temptationum.
353* abluere : lavare ; artus : membra ; lassataque : idest.
VI 354-355
Hic demonstratur voluntas et cruciatus sicientium.
354-356*
354 relevare : parabam ; sitim : meam ; os : meum ; loquentis : mei. 355 fauces arent : gene mee sicce sunt ; vix : pene ; illis : genis. 356 Haustus : potacio ; nectar : unus ; vitamque : -et ; fatebor :‘dicam ; quia moriar aut ego bibam’.
VI 357
Dederitis : penultima producta ; ibi est diastole, figura ad demonstrandum quod maximum donum esset si aquas concederent ; brevis sillaba producitur.
357-359*
357 Simul : pariter. 358 quoque : similiter. 359 casu : forte ; tendebant : dicit actor ex parte sua ; nati : Phebus et Dyana.
VI 360
‘Quis esset ille qui talibus supradictis non deberet moveri ad pietatem ?’, quasi dicat : ‘Certe nullus ; omnes deberent commoveri’.
360* blanda : suavia ; dee : Lathone ; movere : commovere.
VI 361-365
Quem non potuissent movere ; tamen, quamvis vetuissent et convicia sibi dixissent ne biberet, aquam vetuerunt et postea turbaverunt.
361-365*
361 Hii : rustici ; orantem : Lathonam ; perstant : in proposito stant ; prohibere : vetare. 362 procul : longe ; abcedat : vadat ; addunt : dicunt.
355* gene] Sene ms. | 359* nati]vatims. | 360 commoveri] commoverit ex commovereit ms. | 361-365 biberet] biberent ms.
77[2] Mais eux refusèrent à la religion l’eau de la piété et troublèrent cette eau, c’est-à-dire prononcèrent de nombreux outrages contre la religion, refusant d’y adhérer ; c’est pourquoi l’on dit qu’ils furent changés en grenouilles, parce qu’ils restèrent dans la boue et les ordures de ce monde, dans l’eau c’est-à-dire dans les flots des tentations.
VI 354-355
Ici sont montrés les désirs et les tourments de ceux qui ont soif.
356 Parce que je mourrai si je ne bois pas.
VI 357
Dederitis (« vous m’aurez donné ») : pénultième allongée – il y a là une diastole, figure qui sert à démontrer quel grand don ils feraient s’ils lui accordaient de puiser de l’eau – la syllabe brève est allongée.
VI 360
« Qui serait assez dur pour devoir résister à la pitié devant de telles paroles ? » – en d’autres termes : « Personne bien sûr ; tous devraient être émus ».
VI 361-365
Mais ces paroles n’auraient pu émouvoir ces paysans qui, non contents de lui avoir interdit de boire et de l’avoir injuriée pour l’en empêcher, continuèrent à la lui interdire et ensuite la troublèrent.
78363 satis : sufficit ; etiam : certe ; manu : sua. 364 lacus : aquas ; imo : profundo. 365 huc : undique ; saltu : suo ; maligno : pravo.
VI 366-369
Com ita convicia rustici dixissent Lathone et iniuriam fecissent, irata est et propter iram sitis oblita fuit et rogavit, quod de statu aque nomquam recederent ; concessum est ita.
366-369*
366 Sustulit : aliter distulit ; ira : removit ; nec : non ; enim : certe ; filia : Latho ; Ceii : gigantis illius. 367 supplicat : quia indignum erat ; indignis : ut dea rusticis supplicaret ; sustinet : vult ; ultra : plus ; tollensque : levans et ; tollens ad sidera palmas : tangitur modus petentis deos. 369 eternum : eternaliter.
VI 370-381
Mutatio rusticorum in ranas
370* Eveniunt : fiunt ; optata : petitiones ; dee : Lathone ; vivat : placet ; undis : aquis.
VI 371-373
Ostenditur hic natura ranarum.
371-373*
371 modo : aliquando ; cava : cavata ; membra : sua. 372 nunc : aliquando iuvat ; proferre : demonstrare ; summo : profundo ; modo : aliquando. 373 sepe : iuvat ; consistere : stare ; sepe : iuvat.
VI 374-378
Adhuc apparet in coaxatione ranarum ; videntur semper litigare.
374-376*
374 gelidos : frigidos ; quoque : in presenti similiter ; turpes : sicut fecerant prius, ante mutationem. 375 pulsoque : remoto. 376 temptant : volunt.
366-369 quod] quamvis ms. | 374-378 apparet ex apparent ms.
79VI 366-369
Comme les paysans avaient insulté et outragé Latone, elle se mit en colère et sa colère lui fit oublier sa soif : elle demanda qu’ils ne sortent jamais de leur position dans l’eau, et cela lui fut accordé.
VI 370-381
Métamorphose des paysans en grenouilles
VI 371-373
Ici est décrite la nature des grenouilles
VI 374-378
Cela apparaît encore dans le coassement des grenouilles : elles semblent toujours chicaner.
374 turpes (« infâmes ») : comme ils l’avaient fait auparavant, avant leur métamorphose.
80VI 377
Hic tangitur mutatio rusticorum in ranas.
377-381*
377 dilatant : patescunt ; patulos : largos. 378 quoque : certe ; vox : sua ; rauca : grossa ; -que : et ; colla : sua. 379 caput : suum ; intercepta : incisa. 380 viret : viridis est ; venter : suus ; maxima : existens pars ; albet : albus est. 381 rane : rane etiam appellantur.
VI 382
Finis fabule unius Liciorum
[ 1] Hec ubi : com unus de populo, ita ut superius continetur, in celebratione laudum Lathone narrasset de mutatione rusticorum, alter de populo incepit narrare de mutatione Marsie in fontem sui nominis, de quo fabula sequitur. [2] Pallas fecit sibi fistulam ut fistularet delectando et, com in aqua fistulando prospiceret, vidit genas suas turpes et inflatas, plus elegit pulcritudini sue obedire quam fistulationi et proiecit fistulam, quam accipiens Marsias, et elatus arte fistulandi, com Phebo voluit decertare et certavit, sed Phebus eum superavit et vivum excoriavit et, com ita excoriatus erat, multi amore illius fleverunt et maxime fratres sui, et, com totum corpus eius in sanguinem defluxisset, terra ebibit, et sic a deis mutatus fuit in fontem sui nominis, usque ad illum locum : Talibus exemplis redit (401), et cetera.
382* hec : supradicta ; ubi : postquam ; nescio : dicit Ovidius ; quis : fuit ille.
VI 383
Incipit alter
383* rettulit : narravit ; exicium : mortem ; reminiscitur : renarrat ; alter : de populo.
VI 384
Incipit de Marsia
380* viretexvretms. 384tit. Marsia] Masya ms.
81VI 377
Ici est décrite la métamorphose des paysans en grenouilles.
VI 382
Fin du récit d ’ un Lycien
[1]Hec ubi (« lorsque ces fables ») : après qu’un homme du peuple, comme le texte l’a dit plus haut, avait raconté, pour célébrer les louanges de Latone, la métamorphose des paysans, un autre homme du peuple commença à raconter la métamorphose de Marsyas en fontaine qui porte son nom – la fable en est racontée ensuite. [2] Pallas se fabriqua une flute pour s’amuser à en jouer mais, se regardant dans l’eau alors qu’elle était en train d’en jouer, elle vit ses joues gonflées et enlaidies, et décida de préférer sa beauté à la flute : elle jeta l’instrument, que Marsyas ramassa. Ayant appris à en jouer, il s’enorgueillit de son art et voulut rivaliser avec Phébus, ce qu’il fit. Mais Phébus triompha de lui et l’écorcha vif, ce qui fit pleurer bien des gens qui l’aimaient, et particulièrement ses frères ; son corps se vida de tout son sang, que la terre absorba, et il fut métamorphosé par les dieux en une fontaine qui porte son nom – le récit se poursuit jusqu’aux mots talibus exemplis redit (« de ces exemples, on revient »), etc.
VI 383
Un autre commence à raconter
VI 384
Il commence l ’ histoire de Marsyas
82384-386*
384 Trithoniaca : a Trithone palude ; Lathous : Phebus ; arundine : thalamo ; victum : superatum. 385 infecit : cruciavit ; inquit : dixit Phebo : ‘Quid me excorias vivum ?’. 386 piget : me ; tanti : precii ; ‘Ut vellem vivus decoriari’.
|f. 99v|
VI 387-391
Excoriatio Marsie a Phebo
387-392*
387 Clamanti : Marsie ; directa : remota ; artus : membra. 388 quicquam : aliquid ; vulnerat : plaga ; cruor : sanguis ; manat : deffluit quia vivus excoriatus erat totus. 389 -que : et ; nervi : sui ; trepide : trementes ; ulla : aliqua. 390 micant : splendent ; vene : sue ; posses :‘Si tu presens esses’. 391 perlucentes : claras ; pectore : suo ; fibras : parvas venas vitales. 392 ruricole : rustici ; Fauni : scilicet.
VI 393
Olimpus quidam rex fuit qui mutatus fuit in montem sui nominis, et hic erat de genere Marsye, unde Phebo se pretulit, et hac causa hunc in montem mutavit. Quod est dictu, quod in superbia sua contra sapientiam decertavit, et pauper factus fugit in montem ubi moratus fuit, et hoc est quod dicitur de eo.
393-394*
393 Sathyri : fleverunt propter illum ; tunc : in illo tempore ; quoque : similiter ; clarus : famosus ; Olimpus : rex. 394 flerunt : ploraverunt ; montibus : in quibus Phebo certavit.
VI 395
Armenta dicuntur ab armo-as, quia cornibus suis armantur, et sunt proprie boves, tauri, cameli et vace. Bucera, a bu grece, quod est bos latine.
393 factus] facta ms.
83385 inquit (« dit-il ») : il dit à Phébus : pourquoi m’écorches-tu vif ? 386 tanti (« d’un si grand ») : prix ; au point de vouloir être écorché vif.
|f. 99v|
VI 387-391
Marsyas est écorché vif par Phébus
manat (« il coule ») : il se liquéfie parce qu’il a été entièrement écorché vif.
VI 393
Olympus était un roi qui fut métamorphosé en un mont qui porte son nom ; il était de la famille de Marsyas ; il se plaça au-dessus de Phébus, qui pour cela le changea en montagne. Cela revient à dire que dans son orgueil il rivalisa avec la sagesse, et, appauvri, il s’enfuit sur une montagne où il demeura longtemps, c’est ce qui est dit de lui.
393 Sathyri (« Les Satyres ») pleurèrent pour lui. 394 montibus (« montagnes ») : dans lesquelles il rivalisa avec Phébus.
VI 395
« Armenta » (« le gros bétail »), vient du mot armo-as (« armer »), parce que le gros bétail est « armé » de cornes : il s’agit proprement des bœufs, des taureaux, des chameaux et des vaches. Bucera (« de bœuf »), vient du grec bu, qui correspond au latin bos.
84395-397*
395 lanigeros : lanam gerentes ; -ve : etiam ; -que : et. 396 immaduit : intus ; caducas : lapsativas. 397 lacrimas : sanguinis ; perbibit : perfecte bibit ; imis : profundis.
VI 398-400
Mutatio Marsye in fontem
Allegoria talis est : Marsyas, id est insipiens, contra Phebum, id est contra sapientiam disputans, devictus est, et excoriatus, quia ab omnibus rationibus suis falsis denudatus. Quia, quicquid dicit sapiens, insipiens criminatur, mutatus est in fluvium aque, quia totaliter errori suo non contradicit, immo meando et fluendo de errore in errorem perseverat.
398-400*
398 quas : lacrimas ; ubi : postquam purgatione sua ; emisit : eiecit. 399 Inde : postea ; declivibus : tortilibus ; equor : mare. 400 Marsia nomen : materialiter ponitur pro sola voce ; Frigie : Troie ; lucidissimus : splendentissimus ; amnis : fluvius.
VI 401-405
Lamentatio Pelopis pro Nyobe mutata
Ita dictum est superius de miraculis Lathone et Phebi, unde talibus et com similibus vindictis vulgus Lathone sacrificavit et ad presens factum rediit de mutatione Nyobes et de morte filiorum suorum et propter mortem Amphonis lacrimabantur omnes et omnes criminabantur Nyobem ; tantum Pelops frater suus flevit propter illam.
401-405*
401 Talibus : supradictis ; presentia : facta de morte ; dictis : Nyobes. 402 vulgus : populus ; extinctum : mortuum ; stirpe : filiis suis ; Amphiona : proprium ; luget : plorat. 403 Mater : Nyobe ; invidia : crimine ; hanc : matrem ; unus : solus. 404 flesse : plorasse ; Pelops : proprium ; -que : et. 405 deduxit : dilaceravit ; vestes : suas ; ebur : dicitur ; ostendisse : monstravisse.
398-400 suo] sue ms. | 404* flesse]lessems.
85VI 398-400
Métamorphose de Marsyas en fontaine
L’allégorie est la suivante : Marsyas, un sot, débattant contre Phébus, c’est-à-dire contre la sagesse, fut vaincu et écorché, parce qu’il fut dépouillé de tous ses faux raisonnements. Parce que le sot critique tout ce que dit le sage, il fut changé en un flot de liquide, parce qu’il ne renonce pas totalement à son erreur, mais que, de détours en débordements, il persévère d’erreur en erreur.
398 ubi (« lorsque ») : après que, par son châtiment. 400 Marsyanomen (« le nom Marsyas ») : équivaut en réalité à un seul mot.
VI 401-405
Lamentations de Pélops après la métamorphose de Niobé
Ainsi ont été racontés plus haut les miracles de Latone et de Phébus, c’est pourquoi, devant ces vengeances et d’autres du même genre, le peuple sacrifia à Latone, et on revient à présent au récit de la métamorphose de Niobé et de la mort de ses enfants. À cause de la mort d’Amphion, tous pleuraient et tous accusaient Niobé – seul Pélops son frère pleurait pour elle.
86VI 406-409
Mutatio heboris in humerum Pelopis
De Pelope talis est fabula : Tantalus, pater Pelopis, erat cocus et dapifer deorum, unde voluit exprobare utrum essent dei an non, et apposuit filium suum coctum ante eos, et, com cognovissent, comedere noluerunt, sed iterum vivificaverunt. Ceres humerum comederat, quo loco ebur posuerunt et factus est integer.
406-409*
406 Concolor : similis ; nascendi : nativitatis ; dextro : humero. 407 corporeus : carneus ; paternis : Tantali patris sui. 408 ferunt : homines dicunt ; aliis : membris ; repertis : inventis. 409 iugulo : guturi ; summique lacerti : -que lacerti.
VI 410-411
[1] Moralitas talis est : per Tantalum habemus avarum qui, com deos, id est amicos suos, ad convivium suum recipit, nichil tamen pro eis vult expendere, imo pocius vellet filium suum occidere quam bursam evacuare. [2] Dicitur quod dei filium suum laceratum vivificaverunt quia amici avari com avaro non communicant, sed Ceres, id est terra, gustavit de carne filii, quia filius avari, quicquid pater congregat, expendit, et terrenis delectationibus hoc devastat. Datum est ebur quia os et ebur unius coloris sunt.
410-411*
410 impositum : coniunctum. 411 -que : et ; Pelops : proprium ; fuit : iterum ; integer : integratus.
VI 412-423
Numeratio eorum qui venerunt ad consolationem Pelopis
Com Pelops rex lugeret pro sorore sua mutata, multi venerunt reges ad solatium suum, sed rex Atheniensis non venit, quia bellum hunc excusavit, et intrat actor fabulam de mutatione Progne et Philomene et Therei.
406-409 noluerunt] voluerunt ms. | 410-411.2 vivificaverunt] vivicaverunt ms.
87VI 406-409
L ’ ivoire est changé en épaule de Pélops
La fable de Pélops est la suivante : Tantale, le père de Pélops, était le cuisinier et le sénéchal des dieux ; il voulut prouver s’ils étaient ou non des dieux, et leur offrit un plat cuisiné à partir de la chair de son fils ; comme ils s’en étaient aperçus, ils refusèrent de manger, et lui rendirent la vie. Mais Cérès avait mangé son épaule, aussi la remplacèrent-ils par de l’ivoire, et il retrouva son intégrité.
VI 410-411
[1] La moralité est la suivante : par Tantale nous comprenons un avare qui, recevant à sa table les dieux, c’est-à-dire ses amis, ne veut cependant rien dépenser pour eux, mais préfèrerait tuer son fils que vider sa bourse. [2] On dit que les dieux rendirent la vie à son fils qu’il avait découpé en morceaux, parce que les amis de l’avare n’ont rien en commun avec lui. Mais Cérès, la terre, goûta de la chair du fils, parce que le fils de l’avare dépense tout ce que son père amasse, et le ruine en plaisirs mondains. On lui donna de l’ivoire, parce que l’os et l’ivoire sont de la même couleur.
VI 412-423
Énumération de ceux qui vinrent consoler Pélops
Comme le roi Pélops pleurait sa sœur métamorphosée, de nombreux rois vinrent le consoler, mais le roi d’Athènes ne vint pas, excusé par une guerre : l’auteur aborde la fable de la métamorphose de Procné, Philomène et Térée.
88412-415*
412 Finitimi : proximi : proceres : barones ; coeunt : veniunt ; urbesquepropinque : civitates et proxime. 413 oravere : petiere ; ire : pergere. 414 Argos : civitas oravit suum ; Sparte : civitas oravit suum ; Pelopiades : a Pelope ; Miscene : civitas oravit suum. 415 nondum : non adhuc ; torve : crudeli ; invisa : odiosa ; Calidon invisaDyane : propter aprum de quo habebimus in sequentibus.
VI 416
Quando Hanibal devicit Corintum, ipse fecit omne aurum et argentum insimul adimari, et inde vasa aurea fieri.
416-423*
416 Archomenax : civitas ubi bona multa crescunt. 418 et Nylea : a Nila, flumen ; Pelops : civitas ; nec adhuc Phebeia Teucen : non Phebus ibi colebatur ci‹vita›tibus. 419 Ismo : monte. 420 site : civitates ; spectantur : que videntur ; Ysmo : monte. 421 quis, quasi dicat : ‘Nullus deberet credere’ ; Athene :‘o’. 422 Obstitit : nocuit ; subiectaque : subdicta et ; ponto : mari. 423 barbara : aliena ; Mesopios : a Mesopio rege ; muros : Athenarum.
VI 424
Incipit ‹ de › Thereo
[1] Fabula talis est : com Barbari contra Pandiona surrexissent, Thereus affuit ei in adiutorio et Barbaros devicerunt, unde Pandion ei progenitam filiam suam Prognem dedit, et, com nucie essent facte, in Traciam reversus est Thereus et genuit ‹Ytim›. [2] Quinque annis elapsis, Progne voluit videre sororem suam Philomenam, unde petiit maritum suum quod licenciam sibi daret eundi aut ille pergeret et adduceret. Ille ivit et, com Philomenam tam pulchram videret, concupivit, et, com essent in mari ut redirent, gavisus est licencia tamen a patre impetrata, ut in littera continetur. [3] Com exisset de mari, in nemore quoddam illam duxit et violenter com ea rem habuit, et hoc facto com ense linguam sibi cecidit. Illa autem inclusa longuo tempore fuit in stabulis et Thereus, adveniens,
418* ci‹vita›tibus] ci. # tibus ms. 424tit. ‹de› Thereo] Thereo ms. | 424.1 Barbaros] barbarus ms. dedit] sibi dedit ms. genuit ‹Ytim›] genuit # ms. | 424.2 Quinque] quisque ms. | 424.3 cecidit] cidit ms.
89415 Calidon invisa Dyane (« Calydon (non encore) haïe de Diane ») : à cause du sanglier dont nous traiterons dans ce qui suit.
VI 416
Quand Hannibal vainquit Corinthe, il fit enlever tout l’or et tout l’argent, et fabriquer des récipients en or.
416 Archomenax (« Orchomène ») : une cité où se développent de nombreux bienfaits.418 nec adhuc Phebeia teucen (« Et Trézène n’(était) pas encore phébéienne… ») : Phébus n’était pas honoré par les citoyens de l’endroit. 421 quis (« Qui »), en d’autres termes, « personne ne devrait le croire ».
VI 424
Début de la fable de Térée
[1] La fable est la suivante : comme les Barbares s’étaient soulevés contre Pandion, Térée lui vint en aide et ils triomphèrent des Barbares : aussi Pandion lui donna-t-il sa fille aînée Procné et, après les noces, Térée retourna en Thrace et engendra Ytis. [2] Cinq ans passèrent, et Procné eut envie de voir sa sœur Philomène : elle demanda à son mari qu’il la laissât partir, ou qu’il partît chercher Philomène. Il y alla et, voyant la grande beauté de Philomène, il la désira. Comme ils étaient en mer pour le voyage de retour, il se réjouit d’avoir quand même obtenu la permission de son père, comme le texte le raconte. [3] Après avoir accosté, il l’emmena dans un bois et la viola, après quoi il lui coupa la langue avec son épée. Elle fut longtemps enfermée dans une étable. Térée, en arrivant
90dixit mulieri sue quod soror sua Philomena mortua erat, unde Progne tristis fuit. [4] Philomena in custodia poni fecit telam et ibi totum factum in litteris scripsit et Progne misit. Quam com vidisset, ad locum furibunda venit et hanc secom duxit et, com Itis matri sue gaudium faceret, hunc occidit, ut in littera continetur, et coxit, et patri dedit ad comedendum. [5] Qui, com filium suum Ytim interrogaret, Philomena de camera exiens, caput eius Ytis contra patrem iecit, et sic ille, percipiens filium suum mortuum et partim ab eo comestum, incepit illas fugere. Ad ultimum Philomena mutata fuit in rucivolam, Progne in arundinem, Thereus rex in hupupam. [6] Istud evidentissime in littera declaratur usque ad illum locum : Hic dolor ante diem (675), unde postea.
424* Traicius : a Tracia ; Thereus : rex ; hec : agmina ; auxiliaribus : a uitricibus.
VI 425
Quia fuit in auxilio Atheniensium, unde, quia vincerant, magnam famam acquisiverat.
425-426*
425 fuderat : occiderat ; clarum : fumosum ; vincende : illa. 426 quem : Thereum ; Pandion : proprium ; opibus : diviciis ; virisque : hominibus et.
VI 427-432
Nuptie Therei et Prognes
Hysmeneus dicitur ab hismenon, quod est pellis illa que corrumpitur quando puella defloratur.
427-432*
427 genus : principium ; Gradivo : deo Marcis. 428 connubio : maritagio ; Prognes : proprium ; filie sue ; pronuba : ades ; pronuba est illa que introducit primo nurum in usum maritagii et in usus Veneris. 429 Hysmeneus : deus nupciarum ; adest : venit ; leto : maritagio. 430 Eumenides : furie Inferni ; funere : morte. 432 incubuit : stetit ; thalami : ubi Thereus erat ; culmine : cacumine.
91auprès de sa femme, lui dit que sa sœur Philomène était morte, provoquant le chagrin de Procné. [4] Mais Philomène se fit déposer dans sa prison une toile sur laquelle elle mit par écrit tout ce qui s’était passé, et qu’elle fit porter à Procné. Lorsque celle-ci vit la toile, elle se rendit comme une furie sur les lieux, emmena sa sœur avec elle et, alors qu’Ytis faisait des fêtes à sa mère, elle le tua, comme le texte le décrit, le cuisina et le donna à manger à son père. [5] Celui-ci demandant à voir son fils Ytis, Philomène sortit d’une chambre et jeta la tête de l’enfant devant le père. Alors, comprenant que son fils était mort et qu’il l’avait mangé en partie, il commença à les poursuivre. Mais finalement Philomène fut métamorphosée en rossignol, Procné en hirondelle, et le roi Térée en huppe. [6] Ce récit est détaillé clairement dans le texte, jusqu’aux mots hic dolor ante diem (« Cette douleur avant l’heure »), d’où la suite.
VI 425
Parce qu’il vint en aide aux Athéniens, il avait acquis, par leur victoire, une grande renommée.
VI 427-432
Noces de Térée et Procné
hysmeneus (« Hyménée ») tient son nom de l’hymen, qui est la peau qui se déchire quand la jeune fille est déflorée.
428 pronuba (« qui accompagne la mariée ») : celle qui accompagne la mariée est celle qui introduit pour la première fois la fiancée aux usages du mariage et de Vénus.
92|f. 100r|
VI 433-438
Nativitas Ytis
Usque adeo latet utilitas : quia bonum omen putabant illos esse iunctos per matrimonium, quod erat malum omen futurum omnibus, et propter hoc utilitas potest dici derisorie malum seu dampnum.
433-440*
433 Hacave : scilicet bubone. 434 Gratata : letata ; scilicet : certe ; illis : There(o) et Progne. 435 Tracia : terra ; grates : gracias ; egere : fecere ; -que : et. 436 quaque : die etiam ; claro : famoso ; nata : Progne ; thyranno : Thereo. 437 quaque : die et ; ortus : natus ; Ytis : proprium ; festum : solemne ; iussere : dixere. 438 adeo : in tantum ; Tytan : sol ; quinque erant amni elapsi. 440 viro : marito ; Progne : proprium ; dixit : Progne.
VI 441-444
Petitio Prognes ut sororem Philomenam videat
441-445*
441 Ulla : aliqua ; visendam : vitandam ; sorori : mee Pilomene. 442 soror : mea ; huc : ad me ; Reditura : ituram illam ; parvo : cito. 443 promittes : dices ; socero : tuo, scilicet patri meo ; instar : similitudinem. 444 germanam : sororem ; ipse :Thereus ; carinas : naves. 445 freta : mare ; -que : et ; remige : gubernaculo.
VI 445-448
Quomodo Thereus venit penes Pandionem
Pirrena a pir, quod est ignis. Antiquitus naute faciebant ignem iuxta portus ut noctu navigantes scirent portum ibi esse.
446-449*
446 Cicropios : Athenienses ; pirrena : ignea. 447 Aut primum : postquam ; socium : Pandionis ; dextera : tam Pandionis quam Therei. 448 infausto : pravo ; committitur : incipitur. 449 Ceperat : inceperat ; refferre : dicere.
449* inceperat] inceparat ms.
93|f. 100r|
VI 433-438
Naissance d ’ Ytis
usque adeo latet utilitas (« jusqu’où les hommes ignorent leur intérêt ») : parce qu’ils pensaient de bon augure qu’ils fussent unis par le mariage, mais cela se révèlerait à tous comme de mauvais augure ; c’est pourquoi utilitas (« intérêt ») peut être dit « malheur » ou « dommage » par dérision.
438 Cinq années étaient passées.
VI 441-444
Procné demande à voir sa sœur Philomène
V 445-448
Comment Térée arriva chez Pandion
Pirrena (« Pirène ») vient de pir9, le feu. Dans l’antiquité, les marins faisaient du feu près des ports pour que ceux qui naviguaient de nuit pussent repérer le port.
94VI 450
De Progne et Philomena et Thereo totum est verum et hystoria et non indiget expositione usque ad mutationem, sed quod dicuntur mutari nil est nisi quod fugerunt a regionibus suis et pocius Progne in irondinem, quod avis illa habet in pectore notas cedis et sanguinis et domos colit, et similiter Philomena ‹in rucivolam›, nisi quod silvas habitat ; Thereus in hupupam, quia avis invida est, vel dicitur melius quod suspense fuerunt mulieres propter homicidium Ytis, et Thereus similiter propter hoc, quod iniuste habuerat rem com Philomena et linguam amputaverat, et hoc est quod fingitur de mutatione eorum in aves.
450* coniugis : Prognes ; celeres : citos ; misse : Philomene ; spondere : promittere ; recursus : vel regressus.
VI 451-454
Nobilitas Philomene
Com Thereus causam itineris sui Pandioni declararet, ecce Philomena intravit aulam, et declarat Ovidius nobilitatem suam comparando eam nimphis exornatis.
451-454*
451 dives : nobilis ; Phylomena : proprium. 452 divicior : nobilior ; forma : specie ; quales : talis erat. 453 Naiades : nimphas aque ; Driades : ninphas nemorum ; incedere : pergere. 454 modo : tantummodo posito quod essent polite ; -que : et.
VI 455-457
Accensus libidinis Therei pro Philomena
Ovidius comparationem facit de Thereo, igne luxurie concremato, ad fenum et stramen quibus ignis supponitur.
455-458*
455 secus : aliter ; conspecta : visa ; virgine : Philomena ; Thereus : proprium. 456 quam : fit ; quis : aliquis ; canis : fictis et albis ; aristis : spicis. 457 autfrondem : supponat ; cremet : urat. 458 Digna : ut ametur ; quidem : certe ; facies : forma ; sed : et ; hunc : Therea ; innata : nativa.
450 notas ex noctas ms. Philomena ‹in rucivolam›] Philomena ms. invida] ininvida ms. | 450* celeres]sceleresms. | 455-457tit. libidinis] libidinens ms. | 458* hunc]hucms.
95VI 450
Dans le récit de Procné, Philomène et Térée, tout est vrai et historique et ne nécessite pas d’exposition, jusqu’à la métamorphose : mais dire qu’ils furent métamorphosés revient à dire qu’ils s’enfuirent de leur région, et Procné devint plutôt une hirondelle, parce que cet oiseau a sur la poitrine des marques de blessures et de sang et qu’elle vit dans les maisons ; même chose pour Philomène, si ce n’est qu’elle vit dans les forêts ; Térée devint une huppe, parce que cet oiseau est détestable ; ou, mieux, on dit que les deux femmes furent pendues à cause du meurtre d’Ytis, et Térée le fut parce qu’il avait injustement violé Philomène et lui avait coupé la langue, et c’est pourquoi l’on imagine leur transformation en oiseaux.
VI 451-454
Beauté de Philomène
Comme Térée annonçait à Pandion la cause de son voyage, voici que Philomène entra dans la salle, et Ovide décrit sa beauté en la comparant à des nymphes couvertes de parures.
VI 455-457
Térée s ’ enflamme de désir pour Philomène
Ovide compare Térée, brûlé par le feu de la luxure, avec le foin et la paille que l’on enflamme.
96VI 459
Quia Tracenses naturaliter sunt calide nature propter habitationem loci et acceptionem escarum.
459* pronique : inclinati ; genus : homines ; regionibus : in Tracia.
VI 460
Ecce declaratur hic status valde nobilis illicite amantium.
460* Venerem : luxuriam ; flagrat : fervet ; gentisque : patrie etiam ; suique : vel suo vicio.
VI 461-463
Ita erat commotus amore vano quod aliquando volebat domicellas et nutricem Philomene donis quam plurimis allicere, aliquando volebat illam donis decipere, aliquando volebat illam violenter rapere, et sic quam plurima cupiebat.
461-466*
461 Impetus : volumptas ; illi : Thereo ; comitum : sociarum. 462 nutricisque : Philomene idest ; nec non : insuper ; ingentibus : magnis ; ipsam : nutricem vel Philomenam. 463 solicitare : commovere ; datis : donis ; impendere : dare. 464 autrapere : impetus est illi ; bello : prelio. 465 nichil : ulla res ; freno : pravo ; captus : combustus. 466 ausit : facere ; pectora : sua ; flammas : amoris.
VI 467
Vix etiam abstinebat se quin illam raperet.
467-468*
467 fert : patitur. 468 Prognes : uxoris sue ; vota : desideria ; illa : Progne.
VI 469-470
Quia fingit Prognem velle quicquid faciat sive dicat.
469-470*
469 Facundum : loquacem ; -que : et. 470 ulterius : plus quam deberet ; Prognem : uxorem suam ; ferebat : dicebat Thereus.
461-463 illam1] illa ms. | 469-470 fingit ex fingit ill ms. faciat ex dicat ms.
97VI 459
Parce que les Thraces ont des tempéraments naturellement ardents à cause de leur habitat et de leur façon de se nourrir.
VI 460
Voici qu’est déclaré ici le statut très noble de ceux qui aiment de façon illicite.
VI 461-463
Il était tellement ébranlé par cet amour trompeur que tantôt il voulait séduire les demoiselles et la nourrice de Philomène par le plus grand nombre possible de dons, tantôt il voulait la tenter elle-même par des présents, tantôt il voulait l’enlever de force, et ainsi il avait mille désirs.
VI 467
Il se retenait même à grand peine de l’enlever.
VI 469-470
Parce qu’il invente que tout ce qu’il peut faire ou dire est voulu par Procné.
98VI 471
Quia flebat Thereus ac si fleret Progne quando rogabat illum et sorori mandabat quod illam visum adveniret.
471* tamquam : quasi.
VI 472-474
Exclamat actor ad superos conquerendo de fragilitate humana dicens : ‘Quantum, o dei, sunt mortales ignorantes vel quantum sunt fallaces’. Iste Thereus per scelus pius esse creditur.
472-474*
472 superi :‘o Dei’ ; cece : prave. 473 noctis : ignorantie ; sceleris : pravitatis ; molimine : paratu ; Thereus : proprium. 474 creditur : duri ; -que : et ; sumit : capit.
VI 475-477
Petitio Philomene ut videat sororem
475-477*
475 Quid : est ; quod : ut eat ad sororem suam ; patrios : patris ; Pandionis. 476 blanda tenens : levia verba dicens. 477 suam : salutem ; -que : et ; illa : vel ista.
VI 477-478
Quia, quando videbat illam ita com patre blandientem, tanto magis eam cupiebat, quia omnia talia decebant illam.
VI 478
Precontractat : precontractare et rem facere vel fingere in semet sine vero effectu ; confidat in mente sua quomodo posset habere accessum ad illam vel in mente erat in comparatione luxurie com illa, non tamen vero facto.
478-480*
478 Spectat : cernit. 479 oscula : basia ; collo : patris ; cernens : videns Thereus. 480 omnia : talia ; facibus : incrementis ; cibo : nutrimento.
99VI 471
Parce que Térée pleurait comme si Procné pleurait en lui faisant sa demande et en réclamant à sa sœur de venir la voir.
VI 472-474
L’auteur s’écrie en se plaignant aux dieux de la fragilité humaine : « Combien, ô dieux, dit-il, les mortels sont ignorants ou combien ils sont trompeurs ! » Ainsi un crime fait passer Térée pour un homme pieux.
VI 475-477
Philomène demande à voir sa sœur
VI 477-478
Parce que, quand il la voyait ainsi en train de flatter son père, il la désirait d’autant plus parce que tous ces gestes l’embellissaient.
VI 478
Precontractat (« Il la touche d’avance ») : toucher d’avance et le faire réellement ou imaginer intérieurement sans effet véritable ; il envisage mentalement la façon dont il pourrait arriver jusqu’à elle, ou il se plaçait mentalement en train de commettre l’acte de luxure avec elle, sans commettre cet acte en réalité.
100VI 481-482
Quamvis ille Thereus pater esset, adhuc in impietate sua permaneret, quia, si posset, haberet rem com ipsa.
481-485*
481 illa : Pandiona. 482 parens : pater ; vellet : Thereus ; Necenim : non certe ; minusimpius : quam erat. 483 ambarum : tam Prognes quam Philomene ; genitor : Pandion ; gaudet : Philomena ; agit : redit. 484 patri : suo ; successisse : bene cessisse ; duabus : tam sibi quam Progne. 485 id : illud ; infelix : misera ; lugubre : triste ; duabus : illi et sorori sue.
|f. 100v|
VI 486-489
Describit actor tempus quo licitum datum fuit Philomene et quo incepit ire ad sororem suam contra suam salutem, et dicit quod erat iam vesper. Cena facta, cubuerunt, et, crastina deveniente, surrexerunt ut iter suum aggrederentur.
486-489*
486 exiguus : parvus ; Phebo : soli ; restabant : remanebant ; equi : solis. 487 pulsabant : pellebant ; pedibus : suis ; declivis : rotilis ; Olimpi : celi. 488 epule : esce ; Bachus : vinum ; inauro : ciphis aureis ; materia pro materiato ; hinc : postea ; sompno : dormitationi.
VI 490-493
Quando Thereus iacebat, nequivit dormire ; imo semper, sicut moris est amantium, ad illam et operationes omnium membrorum suorum, nequiens tali cura dormire, corpus vertebat.
490-491*
490 At : et ; rex Ocrisius : ab Ocri monte ; seccessit : recessit ; illa : Philomena. 491 estuat : calet in mente ; repetens : recordans ; faciem : suam ; motus : operationes.
481-482 sua] sue ms. haberet] heret ms. | 483* ambarum]amborumms. Prognes] Tha ms. Philomene] Phe ms. | 486-489 suam2] sua ms. | 487* pellebant] pellabant ms.
101VI 481-482
Bien que Térée fût père lui-même, il persistait dans son impiété puisque, s’il le pouvait, il commettrait l’acte charnel avec elle.
|f. 100v|
VI 486-489
L’auteur décrit le moment où Philomène reçut le congé (de son père) et où elle se prépara à retrouver sa sœur contre son propre salut ; il dit que c’était déjà le soir. Après le repas, ils se couchèrent et, lorsque le matin revint, ils se levèrent pour entreprendre leur voyage.
488 in auro (« dans l’or ») : dans des coupes10 d’or ; la matière pour l’objet fabriqué.
VI 490-493
Térée était couché sans pouvoir trouver le sommeil : à la manière des amoureux, il ne cessait de se tourner vers elle, vers les mouvements de chacun de ses membres et de telles pensées l’empêchaient de trouver le sommeil.
102VI 492
Fingebat membra secreta, per naturam meliora, pulchriora et dulciora quam illa que videbat.
492-493*
492 vult : Thereus ; ignes : amores. 493 cura : et hoc dico ; soporem : dormitationem.
VI 494-495
Commendatio Philomene a Pandione com Thereo
Ecce quomodo Pandion natam Thereo commendat.
494-495*
494 Luxerat : crastina dies venit ; generi : Therei ; complexus : capiens. 495 Pandyon : rex ; comitem : Philomenam ; commendat : trudit.
VI 496-502
‘Quia Progne voluit quod mitterem et Philomena voluit ire, et tu bene vis illam conducere et ego illam tibi trado, commotus tamen maxima pietate’.
496-506*
496 Hanc : Philomenam ; quoniam : quia ; coegit : hoc facere. 497 ambe : Procne et Philomene ; quoque : similiter ; Thereu :‘o tu’. 498 -que : et ; -que : et ; supplex : ego. 499 superos : deos ; oro : precor ; tuearis : deffendas. 500 solicito : curioso ; lenimen : allevatio ; senecte : antiquitatis. 501 nobis mora longua remittas, quasi dicat : ‘Mora non potest esse tam brevis illi quin mihi videatur longua’. 502 quoque : similiter ; quam primum : cito ; satis : sufficit ; procul : longuo ; sororem : Progne, quasi dicat : ‘Sufficiat tibi quod soror tua sit longe’. 503 ullaest :‘tibi de me’ ; Philomena :‘o tu’ ; redito : reveni. 504 Mandabat : mittebat ; -que : et ; oscula : basia ; nate : filie. 505 mittes : pie. 506 Ut : postquam ; utrasque : tam Therei quam Philomene.
492 illa] ille ms. que ex quem ms. | 494-495 Thereo] There ms. | 496-502 tibi ex conducere tibi ms. | 502* soror ex soror s ms.
103VI 492
Il imaginait des membres secrets, naturellement meilleurs, plus beaux et plus doux que ceux qu’il voyait.
VI 494-495
Pandion recommande Philomène à Térée
Voici comment Pandion recommande sa fille à Térée.
VI 496-502
« Parce que Procné a voulu que je l’envoie et que Philomène a voulu partir, et que tu veux bien la conduire, je te la confie, non sans être pourtant ébranlé par l’amour immense que je lui porte. »
501 nobis mora longua remittas (« tout retard me semblera long, ramène-la »). En d’autres termes : « le retard ne peut être assez bref pour elle qu’il ne me semble long ». 502 sororem (« ta sœur ») : Procné, autrement dit : “Qu’il te suffise que ta sœur soit loin”.
104VI 507-508
Quia dicebat nate sue Philomene : ‘Da basia filie mee Progne et hoc ex parte mea’.
507-508*
507 -que : et ; natamque : filiam Prognem et ; absentes : deficientes ; rogat : precatur. 508 supremumque : ultimum et.
VI 509
Quia, dum talia sibi diceret, flebat.
VI 510
Quia singultuabat dum loquebatur et dicitur in acutis et non acutis ; singultus est pessimum signum et mortale.
510* vix : pene ; -que : et ; presagia : vaticinia.
VI 511-515
Raptus Philomene a Thereo
Com Philomena esset imposita in navi, Thereus gavisus est valde.
511-515*
511 Ut : postquam ; Philomena : proprium ; carine : navi. 512 admotumque : additum et ; fretum : mare ; tellusque : terra et ; repulsa : pulsa. 513 vota : desideria ; feruntur : portantur. 514 gaudet : gaudet ; differt : continet. 515 barbarus : alienus Thereus ; nonquam : non umquam ; lumen : oculos ; detorquet : removet ; illa : Philomena.
VI 516-517
Actor facit comparationem de Philomena capta ad leporem quem in nido suo aquila deportavit.
516-517*
516 quam : fit ; predator : aquila ; aduncis : curvis. 517 deposuit : posuit ; nido : suo ; ales : aquila. 518 capto : lepori ; spectat : cernit ; raptor Thereus : Philomenam.
105VI 507-508
Parce qu’il disait à sa fille Philomène : « Embrasse ma fille Procné et cela de ma part. »
VI 509
Parce que, en lui disant ces mots, il pleurait.
VI 510
Parce qu’il hoquetait en parlant – et on l’emploie pour les crises aigües ou non : un hoquet est un très mauvais signe, un présage de mort.
VI 511-515
Térée enlève Philomène
Philomène avait été portée sur le bateau : la joie de Térée est à son comble.
VI 516-517
L’auteur compare Philomène captive à un lièvre qu’un aigle emporte dans son nid.
106VI 519-521
Defloratio Philomene a Thereo
Hic continetur quomodo Philomena a Thereo ducta fuit in stabulis ut defloraretur.
519-523*
519 iter : via ; effectum : perfecta. 520 pupibus : navibus ; exierant : Thereus et comites ; rex : Thereus ; natam : Philomenam. 521 alta : profunda ; vetustis : antiquis. 522 pallentem : pallidam ; -que : et ; cuncta : futura. 523 lacrimis : quia flebat ; germana : soror ; rogantem : interrogantem.
VI 524
Quia virgo et debilis erat et sola erat.
524* fassus : confessus ; unam : solam.
VI 525-526
Illa etiam patrem et sororem et deos auxilio in amissione virginitatis reclamabat.
525-526*
525 superat : vincit ; frustra : inanum ; clamato : appellato ; parente : patre. 526 sua : appellata ; magnis : appellatis ; omnia : supradicta.
VI 527-531
Facit actor comparationem de Philomena trepidante post concubitum Therei ad agnum excussum ab ore lupi et similiter ad columbam remotam ab unguibus ancipitris et aquile.
527-531*
527 Illa : Philomena ; velut : sicut ; pavens : timens ; cani : canuti. 528 excussa : remota ; nondum : non adhuc ; tuta : secura. 529 utque : sicut et. 530 horret : timet ; quibus : ignibus ; heserat : capta fuit. 531 Mox : consequenter.
524* fassus]falsusms. | 525-526 sororem ex matrem sororem ms. auxilio] auxione ms. in amissione] inamisione ms. | 527-531 Philomena] Philomene ms.
107VI 519-521
Térée déflore Philomène
Ici est raconté comment Philomène fut conduite dans une étable par Térée qui allait la violer.
VI 524
Parce qu’elle était vierge, faible et seule.
VI 525-526
Elle appelait à l’aide son père, sa sœur et les dieux au moment où elle perdait sa virginité.
VI 527-531
L’auteur compare Philomène tremblante après son viol par Térée à un agneau arraché de la gueule du loup et semblablement à la colombe échappée des serres de l’épervier ou de l’aigle.
108|f. 101r|
VI 531-536
Lamentatio Philomene
Com Philomena redisset in proposito, exclamavit contra Therea, ut sequitur.
532-536*
532 lugent : plorant. 533 intendens : elevans ; diris : crudelibus ; barbare : Thereu. 534 mandata : precepta ; parentis : patris mei ; Pandionis. 535 neccura : et non movit te ; sororis : mee. 536 nec : et non ; mea : movit te ; nec : non moverunt.
VI 537-538
Omnia turbasti, tu peccavisti, in omnibus opus malum fecisti, contra precepta patris mei abiisti, et contra fletus suos durus fuisti, et duabus sororibus peccavisti, et virginem deflorasti et coniugium fregisti.
537-538*
537 ego : sum ; sororis : mee. 538 coniunx : maritus ; hostis : es.
VI 539
Quia tanta mala fecisti, ut tu adhuc maiora faceres, quare non occidis me ?
539* Qum : quare non ; animam : vitam ; nequod : quod non ; facinus : aliquod peccatum ; perfide :‘o’ ; restet : remaneat.
VI 540-541
Quia, si me peius occidisses, com sanctitate virginitatis mee mortua fuissem.
540-541*
540 eripis : removes ; utinam : vellem ; nephandos : pravos. 541 vacuas : puras ; criminis : peccati ; umbras : animas.
VI 542-545
Dicit : ‘Ego sum certa quia dei sunt aliqui qui vident hoc et non mecom perierunt preces mee. Ego aliquo tempore facta tua pessima referam in communi’.
109|f. 101r|
VI 531-536
Lamentation de Philoména
Comme Philomène avait retrouvé ses esprits, elle poussa des cris contre Térée, comme la suite le raconte.
VI 537-538
« Tu as tout bouleversé, tu as commis une faute, tu as commis une mauvaise action dans tout ce que tu as fait, tu t’es écarté loin des demandes de mon père, tu n’as eu aucune pitié pour ses larmes, et tu as fauté contre les deux sœurs que nous sommes, en déflorant celle qui était vierge et en brisant ton mariage. »
VI 539
« Parce que tu as commis tellement de crimes, que tu pourrais en commettre de plus graves encore : pourquoi donc ne pas me tuer ? »
VI 540-541
« Parce que, si tu avais commis un crime plus grave en me tuant, je serais morte sans perdre la pureté de ma virginité. »
VI 542-545
« Je suis sûre, dit-elle, qu’il y a des dieux qui ont vu ton crime et que mes prières ne périront pas avec moi. Il viendra un jour où je rapporterai en public tes actes infâmes. »
110542-545*
542 superi : dei ; cernunt : vident ; si : quia ; divum : divorum. 543 non : quia ; omnia : celestia. 544 quanto : tempore ; dabis : inferes. 545 proiecto : relicto ; loquar : dicam ; detur : concedatur.
VI 546-548
‘Si potero evadere, in communi omnia dicam ; si tenebor clausa, implebo silvas et saxa clamoribus meis et aliquis deus existere me audierit deque tali opere vindicabit’.
546-548*
546 in populos : in communi ; silvis : nemoribus. 547 silvas : nemora ; saxa : lapides ; movebo : com(movebo) ; questibus mei. 548 Audiet hec : verba ; si : quia ; ullus : aliquis ; illo : ethere ; est : hec audiet similiter.
VI 549-557
Quomodo Thereus amputavit linguam Philomene.
Auditis a Thereo supradictis, commotus est ira nimia, unde accepit ensem suum et com forcipe linguam extraxit et illam amputavit.
549-552*
549 Talibus : supradictis ; feri : crudelis ; tyranni : Therei. 550 hac : ira ; metus : timor ; utraque : tam ira quam timore. 551 quo : ferro ; accinctus : lustratus. 552 arreptamque : captam Philomenam ; coma : per capillos ; lacertis : brachiis.
VI 553-554
Philomena, videns ensem Therei nudum, bene putavit mori et gutur suum elevavit ut occideretur ab illo.
553-558*
553 vincula : ligamina ; Iugulum : gutur. 554 conceperat : putaverat ; ense : et hoc dico. 555 ille : Thereus ; indignantem : linguam ; patris : Pandionis ; usque vocantem : assidue. 556 luctantemque : certantem et ; comprensam : captam ; forcipe :tenagle gallice. 557 abstulit : removit ; fero : crudeli ; micat : videtur. 558 ipsa : Philomena vel lingua ; atre : nigre.
111VI 546-548
« Si je peux m’évader, je révèlerai tout au grand jour ; si je suis gardée en prison, j’emplirai les forêts et les rochers de mes cris, et quelque dieu entendra que je suis là et me vengera d’une telle action ».
VI 549-557
Comment Térée coupa la langue de Philomène
Quand il entendit ces paroles, Térée fut animé d’un excès de colère : il saisit son épée, lui sortit la langue avec des tenailles et la lui coupa.
VI 553-554
Philomène, voyant que Térée avait dégainée son épée, crut bien qu’elle allait mourir et tendit sa gorge pour recevoir son coup.
112VI 559-560
Facit actor comparationem de lingua Philomene mutilate ad caudam colubris rupte, dicens quod, sicut cauda undique movetur, sic lingua tremens erat.
559-560*
559 usque : sicut ; mutilate : recise ; colubre : serpentis. 560 moriens : lingua ; querit : inquirit.
VI 561-562
Quasi diceret : ‘Nil deberet credere quod post tantam iniuriam rem com illa habuisset’.
561-562*
561 Hoc : tale ; quoque : certe ; vixausim : dicit Ovidius ex parte sua ; fertur : dicitur Thereus. 562 sepe : multociens ; lacerum : mutilatum ; libidine : luxuria ; corpus : Philomene.
VI 563-566
Quomodo Thereus finxit Progne Philomenam esse mortuam
Quamvis ita com Philomena operatus esset, Thereus ausus est ire ad uxorem suam Prognem, et, com videret illum, interrogavit sororem suam, et ille dixit quod mortua erat falsos gemitus emittendo.
563-567*
563 Sustinet : audet ; Prognem : uxorem suam ; reverti : abire. 564 coniuge : marito suo ; que : Progne ; germanam : sororem suam ; queritatille : interrogat etiam Thereus. 565 fictos : vanos ; commentaque : ficta, non vera ; narrat : dicit. 566 lacrime : quia flebat ; fidem : credulitatem ; Velamina : vestes. 567 diripit : lacerat ; lato : quia regalia erant ornamenta sua.
VI 568-569
Antiquitus moris erat quod, quando aliquis mortuus erat, amici sui nigras vestes capiebant in commemoratione mortis et tristicie et sepulcrum illi faciebant ac si esset presens in partibus suis, ut, viso tumulo, eorum reminiscerentur.
113VI 559-560
L’auteur compare la langue de Philomène mutilée à la queue coupée d’une couleuvre : comme la queue, dit-il, se remue de tous côtés, ainsi la langue tressaillait.
VI 561-562
Autrement dit : « Personne ne devrait croire qu’après un tel outrage il ait pu (de nouveau) la violer »
VI 563-566
Comment Térée raconta à Procné que Philomène était morte
Malgré ses actes contre Philomène, Térée osa retourner auprès de sa femme Procné qui, dès qu’elle le vit, demanda sa sœur ; mais il lui dit qu’elle était morte en poussant de faux gémissements.
567 lato (« large ») : parce que ses ornements étaient royaux.
VI 568-569
Dans l’antiquité l’usage était que, quand quelqu’un était mort, ses amis revêtaient des habits noirs pour célébrer sa mort et leur tristesse ; ils lui construisaient un sépulcre comme s’il était présent à leurs côtés, pour se souvenir de lui à la vue du tombeau.
114568-570*
568 induiturque atras : vestitur et nigras ; inane : vanum. 569 constituit : fecit ; piacula : oblationes ; manibus : pro animabus mortuis. 570 luget : plorat ; lugende : plorande ; fata : mortem ; sororis : Philomene.
VI 571
Describit actor tempus : quanto tempore fuit Philomena in custodia nemoris antequam Progne sciret, et dicit quod uno anno.
571-573*
571 deus : sol ; bissex : duodecim ; exacto : perfecto ; lustraverat : ambierat. 572 quid : nescit ; Fugamcustodia : non potest fugere quia in custodia meniorum detinetur. 573 structa : facta ; solito : firmo ; saxo : stabulorum erant muri alti.
VI 574
Nota.
574* osmutum : non poterat loqui ; indice : demonstratione ; Grande : magnum.
VI 575
De operatione Philomene
Hic continetur quomodo Philomena fecit telam quam sorori misit, ubi totum suum infortunium scribebatur.
575-582*
575 miseris : tristibus ; solercia : sapientia. 576 suspendit : intexit ; candida : alba. 577 purpureas : rubeas ; notas : litteras. 578 indicium : scilicet demonstratio ; sceleris : nequicie ; perfecta : stamina ; uni : famule. 579 utque : quod et ; ferat : portet ; domine : Progne ; gestu : signo ; Illa : famula. 580 pertulit : portavit ; quod : vel quid ; illis : staminibus vel in illa tela. 581 Evolvit : explicat ; sevi : crudelis ; matrona : coniunx ; tyranni : Therei. 582 fortune : infortunii ; carmen : dictum ; miserabile : triste.
570* plorande] plorade ms. | 571 dicit] dic ms. | 575 Philomena] Philomene ms. | 578* demonstratio] demonstrato ms. | 579* ferat] feras ms.
115VI 571
L’auteur décrit le temps, la durée pendant laquelle Philomène fut emprisonnée dans le bois avant que Procné ne l’apprît : il dit que cela dura une année.
572 fugam custodia (« la garde (empêche) sa fuite ») : elle ne peut fuir parce qu’elle est retenue dans une prison fortifiée. saxo (« rocher ») : les murs de la bergerie étaient élevés.
VI 574
À noter.
VI 575
Ce qui fit Philomène
Ici est raconté comment Philomène tissa une toile qu’elle envoya à sa sœur, sur laquelle était écrite toute son infortune.
116|f. 101v|
VI 583-584
Dixit Ovidius quod mirum fuit quod tacuit sine exclamatione aliqua dum litteras legit, sed solvit questionem quia dolor linguam alligavit.
583-585*
583 mirum : est ; potuisse : silere ; silet : tacet ; Dolor : quia ; ora : sua. 585 defluerant : defecerant ; flere : plorare ; vacat : placet.
VI 586
Quia cogitabat solummodo quomodo tale factum posset ulcisci.
586* confusura : mixtura ; pene : ultionis.
VI 587
Triaterica : dicuntur a tris, quod est tres, quia ter in anno festa Bachi solebant celebrari, vel in tribus annis semel.
587* Tempus : unum ; quo : tempore.
VI 588-590
Actor describit tempus in quo Progne perrexit liberatum suam sororem. Nocte, quia de nocte Bacho sacrificabant.
588-590*
588 Sidonye : Thebane. 589 sonat : re(sonat) ; Rodope : mons ; tynnitibus : sonitibus ; acuti : a sono. 590 regina : Progne ; dei : Bachi.
VI 591
Ecce quomodo sacrificantes Bacho parantur.
591-593*
591 ritibus : more ; instruitur : paratur ; furialiaque accipit arma : quia sacrificantes Bacho ut furiosi parabantur propter ebrietatem. 592 cervina : cervi. 593 vellera : pelles ; humero : suo ; incubat : dependet.
117|f. 101v|
VI 583-584
Ovide dit que ce fut mirum (« étonnant ») qu’elle ne poussât aucun cri en lisant la lettre, mais il résout la question en répondant que la douleur lui lia la langue.
VI 586
Parce qu’elle ne pensait qu’à la façon dont elle pourrait venger un tel crime.
VI 587
Triaterica (« triétériques ») : le mot vient de tris11, qui signifie « trois », parce que les fêtes de Bacchus étaient d’ordinaire célébrées trois fois par an, ou une fois tous les trois ans.
VI 588-590
L’auteur décrit le moment où Procné parvint à libérer sa sœur. Nocte (« De nuit ») parce que les sacrifices à Bacchus se déroulaient la nuit.
VI 591
Voici comment se préparaient ceux qui sacrifiaient à Bacchus.
591 furialiaque accipit arma (« Elle prend les armes forcenées ») : parce que ceux qui sacrifiaient à Bacchus étaient semblables à des forcenés à cause de l’ivresse.
118VI 594-599
Quomodo Progne venit ad Philomenam
Quia ‘Heu, heu’ erat clamor bachicus.
594-599*
594 Concita : commota ; suarum : domicellarum. 595 agitata : concita ; doloris : de sorore sua ita male ordinata. 596 Bache :‘o’ ; tuas : furias ; simulat : fingit ; tandem : ad ultimum. 598 germanam : sororem ; rapteque : sorori et ; insignia : arma. 599 induit : tradit ; ambit : quia, ne cognosceretur, hoc fecit.
VI 600
In domo sua quasi violenter abscondidit.
600* attonitam : stupefactam ; suamenia : suam domum ; ducit : Progne Philomenam.
VI 601-602
Quia visum est superius quomodo Philomena a Thereo deflorata fuit. Com igitur intrasset domum illius, timuit propter illum.
601-602*
601 Ut : postquam ; sensit : percepit ; tetigisse : intrasse ; Philomena : proprium ; nephandam : pravam. 602 horruit : timuit ; infelix : misera ; ore : quia pallor subito progrediens est signum timoris.
VI 603-604
Progne, dum tempus aptum habuisset, habitus sacri Bachici removit, ut liberius faceret colloquium com sorore.
603-604*
603 Nacta : consequta ; locum : aptum ; sacrorum : Bachi ; demit : removit. 604 denudat : detegit ; sororis : Philomene.
VI 605-606
Quia in veritate, quamvis per violentiam Thereus corripisset, adhuc sorori sue obnoxia videbatur.
600* stupefactam] stupefacta ms. | 601-602 Thereo] There ms. | 602* progrediens] Progne mens ms.
119VI 594-599
Comment Procné rejoignit Philoména
Parce que « Évohé » était le cri des Bacchantes.
599 ambit (« elle fait le tour ») : parce qu’elle agit ainsi pour ne pas être reconnue.
VI 600
Elle l’entraîna presque violemment pour la cacher dans son palais.
VI 601-602
Parce qu’on a vu plus haut comment Philomène fut violée par Térée. Étant donc entrée dans son palais, elle eut peur à cause de lui.
602 ore (« son visage ») : parce que la pâleur qui se répand subitement est le signe de la peur.
VI 603-604
Dès que Procné vit que le moment était favorable, elle enleva les vêtements du culte de Bacchus pour parler plus librement avec sa sœur.
VI 605-606
Parce qu’en vérité, bien que Térée l’eût prise par la violence, elle se sentait fautive vis-à-vis de sa sœur.
120605-610*
605 -que : et ; petit : illam ; attollere : elevare ; contra : Prognem. 606 sustinet : audet ; hec : Philomela ; sibi : ipsi ; sororis : Prognes. 607 deiecto : demisso ; inhumum : versus terram. 608 illud : quod Thereus hanc violavit. 609 Ardet : dolore uritur com videret suam non posse loqui, quia habebat linguam ambutatam. 610 fletumque : lacrimas ; sororis : sue Philomene.
VI 611-613
Quomodo Progne loquta fuit com Philomena
Nos non possumus tantam nequiciam vindicare fletibus nostris, sed ferro vel tormento ferro graviori, quia ego sum parata, soror, pro te, ad omne tormentum sibi dandum.
611-615*
611 corripiens : castigans ; est : hoc ultimo ; inquit : dixit ; agendum : accipiendum. 612 sedferro : agendum est istud ; quid : aliquid ; ferrum : quodcumque sit illud. 613 paravi :‘Quia, quicquid poteris mali, faciam cogitare’. 614 facibus : ignibus ; regalia : regis ; tecta : domos. 615 artificem : factorem ; immittam : intus ponam ; flammis :‘Quia, si vis, ego maritum meum in suis domibus concremabo’.
VI 616
Sicut tibi tuam linguam removit, oculos, et ita cecus erit.
616* aut : rapiam ; aut : rapiam ; pudorem : virginitatem.
VI 617-618
Si tu vis, ego membratim illum lacerabo vel vivum excoriabo.
617-619*
617 abstulerant : removerant ; ferro : ense vel alio ; vulnera : plagas. 618 somptem : nocentem, pravam ; animam : vitam ; expellam : removebo ; Magnum : tormentum ; quodcumque : tormentum ; paravi : facere. 619 quid sitadhuc : quale tormentum ; Peragit : dicit ; talia : supradicta ; Progne : et, com supradicta Proge proponeret, Ytis venit.
608* hanc] hanc ex illud hanc ms. | 611-613 fletibus] flexibus ms. | 615* si vis] suus ms.
121608 illud (« ce (crime) ») : le fait que Térée l’avait violée. 609 ardet (« elle s’enflamme ») : elle brûle de douleur en voyant que sa sœur ne pouvait parler parce que sa langue avait été coupée.
VI 611-613
Paroles de Procné à Philomène
« Ce n’est pas avec nos larmes que nous pouvons venger une telle vilénie, c’est avec le fer ou une torture plus grave que le fer : je suis prête, ma sœur, à lui infliger pour toi toutes les tortures. »
613 paravi (« Je me suis préparée ») : parce que je te ferai penser à tout le mal possible. 615 flammis (« par les flammes ») : parce que, si tu veux, je ferai brûler mon mari dans son palais.
VI 616
Comme il t’a arraché la langue, je lui arracherai les yeux, et il sera aveugle.
VI 617-618
Si tu veux, je lui déchirerai les membres un par un, ou je l’écorcherai vivant.
619 Progne (« Procné ») : Et, comme Procné faisait ces propositions, Ytis arriva.
122VI 620-622
De regressu Ytis ad matrem
Quia iamque cogitavit quod ipsum occideret et patri ad comedendum traderet.
620-622*
620 matrem : suam Prognem ; Ytis : proprium ; possit : facere. 621 tuens : cernens ; immitibus : crudelibus ; quam : quantum. 622 patri : tuo Thereo ; plura : maiora.
VI 623
Ut illum occidat et quocat.
|f. 102r|
VI 624-630
Com se videret visceribus maternis pietate a proposito mortis filii sui revocari, tunc conversa est ad sororem cogitans quare Ytis loquebatur, Philomena taceret.
624-630*
624 accessit : venit prope ; natus : Ytis. 625 attulit : dixit ; adduxit : posuit ; colla : matris ; lacertis : brachiis. Quia more puerorum, com matre sua blanda verba puerilia dixit et colla amplexus fuit et basia tribuit, tunc, quamvis parasset eum occidere, mota pietate fuit. 626 mixtaque : coniuncta et ; puerilibus : infantinis ; oscula : basia. 627 mota : pietate ; quidem : certe ; genitrix : mater ; -que : et. 628 invicti : quamvis non vellet ; maduere : madidi fuere. 629 simul : postquam ; nimia : magna ; labare : vacillare. 630 sensit : percepit ; hoc : filio suo ; vultus : ora ; sororis : sue Philomene.
VI 631-633
Loquitur Progne sibi ipsi ut ostendatur inconstancia mentis sue.
631-633*
631 spectans : cernens ; ambos : Ytim et Philomenam ; inquit : dixit. 632 Alter : scilicet Ytis ; rapta : remota ; silet : tacet ; altera : scilicet Philomena. 633 illa : Philomena ; sororem : suam.
123VI 620-622
Retour d ’ Ytis auprès de sa mère
Parce qu’elle a déjà pensé qu’elle allait le tuer et le donner à manger à son père.
VI 623
Pour le tuer et le cuisiner.
|f. 102r|
VI 624-630
Voyant que dans son cœur de mère elle allait renoncer par pitié à son dessein de tuer son fils, elle se tourna vers sa sœur en pensant aux raisons pour lesquelles, si Ytis parlait, Philomène se taisait.
625 Parce que quand, selon l’habitude des enfants, il dit à sa mère de doux mots enfantins, la prit par le cou et lui donna des baisers, alors, bien qu’elle fût prête à le tuer, elle fut touchée de pitié.
VI 631-633
Procné se parle à elle-même pour souligner l’inconstance de son esprit.
124VI 634-635
Quia, si miserta fuero mariti mei, scelus maximum perpetrabo.
634-635*
634 nupta : coniuncta. 635 coniuge : marito.
VI 636-637
Quia tu pocius amas maritum quam tuam sororem. Comparat actor Prognem trahentem Ytim filium suum ad mortem ad tygridim cervam rapientem ut comedat.
636-637*
636 mora : fuit ; Ytim : filium suum ; Gangetida : a Gange fluvio. 637 tygris : animal tale ; opacas : plenas arboribus.
VI 638-644
Interfectio Ytis a Progne matre et a Philomena
638* utque : postquam ; alte : nobilis ; remotam : secretam.
VI 639-640
Ibi monstratur maxima ferocitas matris non filii miserte, et hoc propter sororis dolorem.
639-644*
639 -que : et ; manus : sua ; suafata : suam mortem. 640 mater :‘o’ ; mater :‘o’ ; colla : matris. 641 ense : uno ; ferit : percutit ; laterique : ea parte ; pectus : per cor ; adheret : iungitur, id est in loco cordi proximo. 642 vultum : suum ; vertit : alibi ; vel : etiam. 643 vulnus : plaga ; iugulum : gutur ; ferro : quodam ; resolvit : laceravit. 644 anime : vite.
VI 645-646
Hic demonstratur quomodo Ytis dilaceratus fuit ut quoqueretur : partem aqua coxerunt, partem verubus assaverunt.
645-646*
645 Pars : una ; inde : postea ; cavis : cavatis ; exultat : fervet, bulit. 646 manant : stillant ; penetralia : loca privata ; tabo : putredine.
636-637 cervam ex cerviculum ms. | 637* tale] cale ms. | 638-644tit. Philomena ex alphi(lomena) ms. | 638* remotamexromotamms. | 641* per cor] perco ms. | 645-646 aqua] aqui ms.
125VI 634-635
Parce que, si j’ai eu pitié de mon mari, le crime que je vais commettre n’en sera que plus grand.
VI 636-637
Parce que tu aimes mieux ton mari que ta sœur. L’auteur compare Procné traînant son fils Ytis vers la mort à une tigresse emportant une biche pour la dévorer.
VI 638-644
Meurtre d ’ Ytis par sa mère Procné et par Philomène
VI 639-640
Ici est montrée la grande férocité de la mère qui n’a pas pitié de son fils, et cela à cause de la douleur de sa sœur.
VI 645-646
Ici est montré comment Ytis fut déchiré pour être cuisiné : elles mirent à cuire une partie dans de l’eau, elles firent rôtir l’autre partie à la broche.
126VI 647-649
Quomodo Progne invitavit Therea
Com ita laceraretur Ytis et quoqueretur, dixit Progne quod moris erat in partibus suis quod, quando mulieres Bacho sacrificaverant, sederent com maritis suis ad prandium una die sine aliqua societate aliena, et sic rogavit eum quod solus com illa prandium acceptaret.
647-650*
647 coniunx : Progne ; ignarum : nescium ; Therea : proprium. 648 moris : consuetudinis ; quod : sacrum ; uni : soli. 649 fas sit : liceat ; comites : scutiferos ; famulosque : et ceteros. 650 solio : cathedra ; Thereus : proprium ; sublimis : nobilis.
VI 651
Quia filium genitum a suis propriis visceribus in sua viscera comedendo, illum lacerum congregabat.
651* vescitur : comedit ; congerit : congregat ; alvum : ventrem.
VI 652-659
Com Progne audivisset quod Thereus filium suum Ytim quem occiderat interrogaret, gavisa est et dixit : ‘Tecom est quod interrogas’, unde ille putavit quod corporaliter, integre esset, et circom se spectavit, et, com iterum interrogaret, Philomena caput illius contra vultum patris iactavit.
652-657*
652 nox : ignorantia ; Ytim : filium meum ; arcessite : appellate. 653 Dissimulare : tacere ; nequit : non potest ; crudelia : prava ; Progne : proprium. 654 cupiens : volens ; existere : esse ; cladis : mortis. 655 intus :‘vel quia intra te est, ita in domo habes’ ; poscis : interrogas ; Circomspicit : undique cernit ; ille : Thereus. 656 atque : etiam ; sit : Ytis ; querit : interrogat ; querenti : interroganti. 657 furiali : mortifera ; cede : rabie.
VI 658-659
Proiecit Philomena caput Ytidis contra Therea
Com iterum vocaret, Philomena prosiliit.
647-649 sederent] quod erat ms. maritis] matris ms. sine] sive ms. | 649* liceat] liciat ms. | 652-659 interrogaret2] interrogare ms.
127VI 647-649
Procné invite Térée
Après avoir ainsi démembré et cuisiné Ytis, Procné prétendit qu’il était d’usage dans son pays que, quand les femmes avaient sacrifié à Bacchus, elles s’asseyaient pendant toute une journée avec leurs maris pour prendre le repas sans aucune autre compagnie, et elle lui demanda donc d’accepter de prendre le repas en tête à tête avec elle.
VI 651
Parce qu’en ingérant dans ses entrailles le fils conçu de ses entrailles, il rassemblait celui qui avait été mis en pièce.
VI 652-659
Comme Procné avait entendu Térée lui demander son fils Ytis qu’elle avait tué, elle se réjouit et lui dit : « ce que tu demandes est avec toi » ; Térée pensa qu’il était là en chair et en os, bien vivant, et regarda autour de lui ; comme il le demandait à nouveau, Philomène jeta la tête de l’enfant à la face du père.
655 intus (« à l’intérieur ») : ou parce qu’il est en toi, donc tu l’as à demeure.
VI 658-659
Philomène jeta la tête d ’ Ytis en face de Térée
Comme il appelait à nouveau, Philomène fit irruption.
128658-659*
658 prosiliit : advenit ; Ytis : filii Therei ; Philomena : proprium ; cruentum : sanguinolentum. 659 misit : iactavit ; inora : contra vultum ; patris : Therei ; malluit : melius noluit ; ullo : aliquo.
VI 660
Si potuisset loqui, gaudia manifestasset que habebat de ultione sua.
660* mentis : sue ; testari : dicere, manifestare ; dictis : sermonibus.
VI 661-664
Lamentatio Therei
Tracius : com Thereus vidisset Philomenam et caput filii sui cognosceret, exclamavit et voluit vomere, si posset, et multam lamentationem, ut in littera declaratur.
661-664*
661 Tracius : de Tracia ; ingenti : magno ; clamore : voce. 662 vipereas : serpentinas ; ciet : commovet ; Stigia : infernali. 663 modo : tunc ; reserato : aperto ; diras : crudeles. Quia crudele erat quod corpus comederat sui nati. 664 egere : expellere ; dapes : escas ; immersaque : intus mersa id est ; gestit : cupit.
VI 665
Quia carnem comederat et sic tumulus eius erat.
665* flet : plorat ; modo : aliquando ; -que : et ; bustum : tumulum ; miserabile : triste ; nati : sui filii.
VI 666
[1] Ita alio modo dicitur allegorice quam superius. Progne mutata est in hirondinem : nil aliud est nisi quod, quando abiit fugiendo, erat domina domorum et urbium, quod signatur per hyrondinem, que frequentat domos. Quod Philomena mutata fuit in rucivolam, nil aliud est nisi quod fugit quando amorosa erat, et bene frequentans nemora. [2] Quod habuerunt pectora cede signata, nil est nisi quod habuerunt plumas pectoribus rubeas, quod gaudebant sanguine, idest spoliatione. Quod Thereus mutatus est in hupupam, nil est nisi quod armatus erat quando eas ferociter sequebatur.
662* commovet] commove ms. | 666.1 quod fugit ex quod non fugit ms. nemora] nemo ms. | 666.2 rubeas] rubo as ms.
129VI 660
Si elle avait pu parler, elle aurait manifesté sa joie de tenir sa vengeance.
VI 661-664
Lamentation de Térée
Tracius (« Le Thrace ») : à la vue de Philomène et reconnaissant la tête de son fils, il poussa un cri et aurait voulu vomir, s’il l’avait pu. Il se livra à de longues lamentations, comme le texte le raconte.
663 diras (« terribles ») : cruelles. Parce qu’il était cruel d’avoir mangé le corps de son fils.
VI 665
Parce qu’il avait mangé sa chair et était donc son tombeau.
VI 666
[1] On peut donner une autre allégorie que ci-dessus : Procné fut métamorphosée en hirondelle, cela revient à dire que, quand elle prit la fuite, elle était la maîtresse de palais et de villes, ce qui est symbolisé par l’hirondelle, qui habite dans les demeures. Dire que Philomène fut métamorphosée en rossignol revient à dire qu’elle prit la fuite alors qu’elle était amoureuse et fréquentait souvent les forêts. [2] Dire qu’elles reçurent sur la poitrine les marques de leur crime revient à dire qu’elles eurent sur la poitrine des plumes rouges, parce qu’elles se repaissaient de sang, c’est-à-dire de pillage. Dire que Térée fut métamorphosé en huppe revient à dire qu’il était armé quand il les poursuivait férocement.
130666* genitas : natas ; ferro : ense.
VI 667-670
Mutatio Prognes in hirondinem et Philomene in rucivolam
Hic continetur mutatio Philomene et Progne et Therei.
667-670*
667 Cicropidum : Atheniensium ; pennis : plumis ; pendere : in ethere ; putares : si presens esses. 668 pendebant : in rei veritate dicit Ovidius ; Quarum : Atheniensium ; altera : scilicet Philomena ; silvas : nemora. 669 altera : scilicet Progne ; pectore : suo ; cedis : mortis vel sanguinis. 670 excessere : recessere ; note : noticie ; pluma : sua.
|f. 102v|
VI 671-674
Mutatio Therei in hupupam
Mutatio Therei et descriptio avis in quam mutatus fuit hic declaratur.
671-674*
671 Ille : Thereus ; ferox : crudelis ; -que : et ; cupidine : volumptate. 672 vertitur : mutatur ; volucrem : avem ; cui : volucri ; vertice : capite. 673 modicum : magnum immodicum ; pro : non ; cuspide : lancea. 674 epops : id est hupupa est ; facies : sua.
VI 675-676
Mors Pandionis
Mutatis filiabus Pandionis, tantum flevit quod cicius quam deberet ‹mortuus est›, unde postea filius suus Eritheus regnum accepit.
675-676*
675 Hic : tantus ; diem : terminum. 676 Tartareas : infernales.
VI 677
Regnatio Erithei
674* epops]eposms. | 675-676 deberet ‹mortuus est›] deberet ms. accepit ex haberet accepit ms.
131VI 667-670
Métamorphose de Procné en hirondelle et de Philomène en rossignol
Ici est racontée la métamorphose de Philomène, de Procné et de Térée.
|f. 102v|
VI 671-674
Métamorphose de Térée en huppe
Ici sont contenues la métamorphose de Térée et la description de l’oiseau qu’il devint.
VI 675-676
Mort de Pandion
Après la métamorphose de ses filles, Pandion pleura tant qu’il mourut plus tôt qu’il n’aurait dû, et c’est ensuite son fils Érechthée qui reçut le royaume.
VI 677
Règne d ’ Érechthée
132[1] Actor latenter intrat fabulam que in alio libro continetur, scilicet quomodo Iason ivit quesitum vellus aureum. Pandione mortuo, Eritheus successit in regnum et genuit quatuor filios et totidem filias. [2] Due primogenite erant pulcriores, quarum unam habuit Cephilus, alteram adamavit Boreas, scilicet Orichiam, et postea rapuit, et genuit ex illa duo iuvenes, scilicet Zetum et Calaym, qui a parte patris erant aves, a parte matris erant homines. [3] Hii perrexerunt com Iasone ad vellus aureum, ut inferius continetur, usque ad illum locum : Iamque fretum minie (VII 1).
677-678*
677 moderamen : regimen ; Eritheus : proprium. 678 validisne : potentibus vel ; potentior : illo.
VI 679
Octo pueros genuit.
679-680*
679 quidem : certe ; iuvenes : filios ; totidemquecreavit : quatuor et genuit. 680 feminee : feminas ; par : equalis ; duarum : mulierum, scilicet Procris et Orichie.
VI 681
Eolides : de genere Eoli quia filius eius fuit.
VI 681-684
Generatio Procris et Orichie
681-688*
681 E quibus : filiabus ; Cephalus : proprium ; coniuge : existente. 682 Procri :‘o tu’ ; Thereus : proprium ; Tracesque : Tracencesque. 683 dilectaque : amica et. 684 dum : quamdiu ; rogat : Erithea ; et : etiam ; precibus : suis ; mavult : melius vult ; viribus : suis. 685 agitur : proficitur ut ita dicam ; horridus : timendus ; ira : sua, ferocitate. 686 quesolita : ira consueta ; nimiumque : satis et ; domestica : privata. 687 merito : repellor ; quid : quare ; enim : quia ; reliqui : desii.
677tit. Erithei] Etherei ms. | 677.1 libro ex meilibro ms. | 685* ferocitate] ferocita ms.
133[1] L’auteur aborde insensiblement la fable qui est racontée dans le livre suivant, celle du voyage de Jason en quête de la Toison d’Or. Après la mort de Pandion, Érechthée lui succéda sur le trône et engendra quatre fils et autant de filles. [2] Ses deux filles aînées étaient les plus belles : Céphale épousa la première, Borée aima la deuxième, Orithye ; plus tard il l’enleva, et eut d’elle deux garçons, Zétès et Calaïs, qui étaient en partie oiseaux comme leur père, en partie humains comme leur mère. [3] Ils accompagnèrent Jason dans la conquête de la Toison d’Or, comme on le lit plus bas : le récit se prolonge jusqu’aux mots iamque fretum minie (« Déjà les (poupes) minyennes (fendaient) les flots »).
VI 679
Il engendra huit enfants.
VI 681
Eolides (« L’Éolide ») : de la famille d’Éole, car il était son fils.
VI 681-684
Les enfants de Procris et d ’ Orithye
134688 seviciam : quare reliqui crudelitatem ; et vires : quare reliqui ; iramque : quare reliqui ; animos : audaciam ; minaces : quare hec omnia supradicta reliqui.
VI 689
Quia ego tantus sum quod ullum non consuevi rogare, imo quicquid volo, facio pacifice vel violenter.
689* admovique : addidi quare et ; quare : precum.
VI 690-701
In hac parte se iactat Boreas secum conquerendo de virtutibus suis et nimia crudelitate.
690-692*
690 Apta : congrua ; michi : violentia ; hac : vi ; pello : removeo. 691 hac : vi ; freta : maria ; concutio : commoveo ; -que : et ; verto : everto. 692 induro : congelo.
VI 693-696
Hic demonstratur quomodo ex concursione ventorum in ethere fit tonitruus et fulgetur.
693-696*
693 Idemego : ipse ; fratres : meos, scilicet alios ; celo : aere ; sum nactus : ventos consecutus ; aperto : claro. 694 caput : planicies ; is : talis ; molimine : violentia ; lutor : certo. 695 ut : postquam ; concursibus : preliis. 696 exiliunt : saliunt ; cavis : cavatis ; ignes : fulgores et fulmina.
VI 697-699
Hic demonstratur quomodo terremotus habet fieri uno modo : com ventus in foraminibus subterraneis se supposuit et ibi includitur, alia violentia adveniente vult exire et non potest, tunc tremit tellus, et fit aliquando ingens foramen, aliquando terra in aliquo loco elevatur, et fit mons vel tumulus.
135688 seviciam et vires iramque (« la violence, la force, la colère ») : pourquoi ai-je délaissé la cruauté, pourquoi l’ai-je délaissée, pourquoi l’ai-je délaissée ? J’ai délaissé tout ce que je viens d’énumérer.
VI 689
Parce que je suis si grand que je n’ai pas l’habitude de supplier quiconque : ce que je veux, je le fais, que ce soit pacifiquement ou par la violence.
VI 690-701
Dans cette partie Borée se vante en regrettant de ne pas avoir employé les forces et la grande cruauté qui le caractérisent.
VI 693-696
Ici est décrite la façon dont le tonnerre et les éclairs naissent des rencontres brutales des vents dans l’éther.
VI 697-699
Ici est décrite la seule façon dont un tremblement de terre peut arriver : lorsque le vent s’engouffre dans un trou souterrain et s’y trouve enfermé, quand survient une turbulence le vent veut s’échapper mais n’y parvient pas : alors la terre tremble, et parfois se forme un immense trou, parfois la terre se soulève par endroits et devient un mont ou un tertre.
136697-699*
697 ego : ipse ; subii : intravi ; convexa : declivia. 698 -que : et ; ferox : crudelis ; imis : profundis ; cavernis : foveis. 699 solicitoque : commoneo etiam ; manes : animas Inferni ; orbem : mondum.
VI 700-701
‘Et quia, com tantus sim, non debueram petisse Eritheum, sed tam cito quam valde dilexeram rapuisse’.
VI 702
Hec ] Hec supradicta omnia.
702-704*
702 Hoc : supradicta ; Boreas : deus ; hiis : talibus ; inferiora : minora. 703 excussit : commovit ; pennas : suas ; quarum : pennarum ; iactatibus : motibus. 704 tellus : terra ; perhorruitequor : perfecte timuit mare.
VI 705-707
Raptus Orichie
705 pulveream : plenam pulvere ; per summacacumina : per summos montes. 706 vertit : dissipat ; humum : terram ; pavidam : Orichiam tumidam ; caligine : obscuritate. 707 Orichiam : proprium ; amans : ille Boreas ; fulvis : albis ; alis : suis, et ita eam tegendo rapuit.
VI 708-710
[1] Rei veritas est quod Boreas fuit rex tracensis, qui tanta ferocitate plenus fuit quod vento comparabatur et com maximo impetu et velocitate Orichiam rapuit et in patriam duxit. [2] Illa duos filios, scilicet Zetum et Calaym, peperit, et dicuntur fuisse alati, quia, sicut pater suus velox fuit et fortis atque crudelis, ita illi similiter fuerant similes suo patri et perrexerunt com Iasone.
708-711*
708 Dum : quando ; ignes : amores. Quia, quanto magis stringebat amplectudo, tanto magis comburebatur cor suum in amando. 709 Aerii : aeris ;
700-701 dilexeram] dilexerant ms. | 708-710.2 velox] velor ms. | 708* quanto] quando ms.
137VI 700-701
Et parce que, vu mon importance, je n’aurais pas dû la demander à Érechthée, j’aurais dû l’enlever dès que j’ai ressenti la force de mon amour.
VI 702
Hec (« Cela »)] Tout ce qui a été énuméré plus haut.
VI 705-707
Enlèvement d ’ Orithye
707 alis (« par les ailes ») : les siennes, et ainsi il l’enleva en la recouvrant.
VI 708-710
[1] La vérité est que Borée était un roi thrace si plein de sauvagerie qu’on le comparait au vent et c’est avec la plus grande impétuosité et rapidité qu’il enleva Orithye et l’emmena dans sa patrie. [2] Elle enfanta deux fils, Zétès et Calaïs, dont on dit qu’ils avaient des ailes parce que, comme leur père était rapide, fort, cruel, ils l’étaient aussi, semblables à leur père ; ils participèrent à l’expédition de Jason.
708 ignes (« les feux ») : les amours. Parce que, plus il la tenait embrassée, plus son cœur brûlait d’amour.
138suppressit : desiit. 710 quam : populorum illorum ; tenuit : intravit vel possedit ; menia : id est Cichonum ; raptor : ille existens. 711 etgelidi : et frigidi ; coniunx : uxor ; Actea : Hatheniensis ; tyranni : scilicet Boree.
VI 712-713
Nativitas Zeti et Calays
Quia fama erat quod com corpore non penne nate fuerant, sed, com tempus etatis qua barba advenit hominibus advenisset, ille loco barbe plume advenerunt.
712-719*
712 genitrix : mater ; partus : filios ; gemellos : duplices. 713 cetera : alia quam pennas ; matris : sue Orichie ; genitoris : patris Boree. 714 has : pennas ; una : pariter ; memorant : dicunt gentes. 715 -que : sed ; aberat : deficiebat. 716 implumes : sine pluma ; Calaysque : proprium etiam ; Zetusque : proprium et. 717 mox : consequenter ; ritucapere : more inceperunt ; volucrum : avium. 718 cingere : lustrare ; flavescere male : candere gene sue plumis. 719 ubi : postquam ; puerile : infantinum ; iuvente : tempori iuventutis.
|f. 103r|
VI 720-721
Mineidum vel Miniarum progressio ad vellus aureum
Qui Yason fuit primus qui primum remigium maris et navium adinvenit.
720-721*
720 radiantia : nitida ; villo : pillis. 721 nonnotum : quia ullus mare intraverat ; carina : navi.
712-713tit. Zeti] Zeli ms. | 712-713 nate ex nata ms. | 715* deficiebat] deficiebant ms.
139VI 712-713
Naissance de Zétès et Calaïs
Parce que l’on racontait qu’ils n’étaient pas nés avec des plumes mais que, quand était arrivé l’âge où la barbe vient aux hommes, des plumes leur vinrent au lieu de barbe.
|f. 103r|
VI 720-721
Voyage des Minyéides ou des Minyens vers la Toison d ’ Or
Ce Jason fut le premier homme à inventer la navigation sur la mer au moyen de bateaux.
- CLIL theme: 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN: 978-2-406-12885-4
- EAN: 9782406128854
- ISSN: 2261-0804
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12885-4.p.0010
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 07-13-2022
- Language: French