Début du septième livre [Partie II]
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Un commentaire médiéval aux Métamorphoses. Le Vaticanus Latinus 1479, Livres VI à X
- Pages : 225 à 307
- Collection : Textes littéraires du Moyen Âge, n° 67
- Série : Ovidiana textes, n° 3
[ 5] Hysmon (« l’Isthme ») : l’Isthme est un mont longé d’un côté par la mer Ionienne, de l’autre par la mer Égée. Là se trouvaient de très nombreux monstres que Thésée tua tous ; il triompha courageusement du peuple qui habitait là, c’est le sens de bimarem placcaverat Ysinon (« il avait pacifié l’Isthme battu par deux mers »). [6] Égée, le père de Thésée, roi d’Athènes, accueillit Médée en fuite et s’unit charnellement à elle ; au retour de Thésée, comme son père ne le reconnaissait pas, Médée voulut le tuer, et mélangea, c’est-à-dire prépara de l’aconit, pour l’empoisonner. [7] Au moment où Thésée s’apprêtait à boire, son père le reconnut, grâce aux armoiries de la poignée de son épée. Comprenant que la boisson était empoisonnée, il l’arracha de la bouche de son fils et le sauva. Médée s’enfuit, en assemblant des ténèbres par ses enchantements, et ainsi évita la mort. Nous n’entendrons plus parler d’elle. [8] Tout cela peut être vrai, il n’est pas besoin d’explication.
VII 404
Arrivée de Thésée au mariage de son père avec Médée
VII 407-408
Echynei (« d’Échidna ») : du chien d’Échidna, c’est-à-dire de Cerbère, qui a la crinière d’une vipère femelle. La vipère est un serpent très cruel de l’Enfer. Ou bien Echineus (« Échidna ») est utilisé pour dénoter la violence de son poison.
226VII 409-413
Descriptio vie per quam Cerberus exivit ab Inferno
[1] Describit actor locum per quem abstraxit Hercules Cerberum ab Inferis. [2] Fabula talis est : erant duo fratres, Theseus et Piritous ; iactitaverunt se quod non haberent uxores nisi filias Iovis, unde Theseus rapuit Helenam, sed postea reddidit Castori et Polluci. [3] Pirithous descendit apud Inferos ut raperet Prosperpinam ; ibi ligatus fuit gravibus cathenis, unde Theseus, descendens apud Inferos ut eum liberaret, abstraxit Cerberum et eum verberavit ita quod super cautem quoddam notrimentum coegit et post concrete sunt spume cadentes ab ore eius, et inde factum est aconitum, quasi a caute natum, quod Medea habebat. [4] Deinde voluit interficere Theseum ; de spuma Cerberi aconitum cecidisse dicitur. Nam per Cerberum tricipitem terram habemus, que tria habet capita : Europam, Asiam, Affricam, de cuius terre bone succo proveniunt bone herbe. [5] De spuma vero, idest de malo succo, oritur aconitum, que est herba venenosa similis thuri, ut dicont, vel est similis pastinacee, ut dicunt, et hoc est dicitur de Cerbero.
409-413*
409 Specus : fovea ; tenebroso : obscuro ; hyatu : introitu in quo specus est via declivis. 410 est via : una ; declivis : tortilis ; per quam : via ; Thirincius : a Thyiracio monte ; herox : Theseus. 411 restantem : obstantem ; -que : et ; diem : contra ; radiosque : solis et ; micantes : splendentes. 412 oculos : suos ; nexis : coniuctis ; adamante : lapide illo ; chathenis : vinculis. 413 Cerberon : ianitorem Inferni ; rabida : violenta rabie ; qui : Cerberus ; ira : sua.
VII 414
Dicit ternis propter tres partes mondi, scilicet propter Europam, Asiam, Affricam ; vel propter tres proprietates : uno ore devorat senes, alios viros, tercio iuvenes ; vel ternis eo quod devorat corpus, animam et divicias, et dicitur Cerberon a ceos, quod est caro, et boron, quod est vorare, quasi ‘carnes vorans’, id est homines voluptatibus carnis deditos vel terrenis.
414* latratibus : vocibus.
409-413.3 notrimentum] nom(en) ? ms. | 409-413.4 tricipitem ex trip ms. | 409-413.5 Cerbero] Cebero ms. | 409* Specus]specumms. | 414 partes] preces ms.
227VII 409-413
Description du chemin par lequel Cerbère sortit de l ’ Enfer
[1] L’auteur décrit l’endroit par lequel Hercule arracha Cerbère aux Enfers. [2] La fable est la suivante : Thésée et Pirithoüs étaient deux frères, qui se vantèrent de ne prendre pour femmes que des filles de Jupiter. Thésée enleva Hélène, mais la rendit ensuite à Castor et Pollux. [3] Pirithoüs descendit aux Enfers pour enlever Proserpine ; mais il y fut entravé par de lourdes chaînes, aussi Thésée descendit-il à son tour aux Enfers pour le libérer ; il s’empara de Cerbère et le frappa au-dessus d’un rocher afin de recueillir quelque substance, et alors la bave sortie de sa bouche se solidifia, ce qui donna naissance à l’aconit, qui semblait né de ce rocher, et que Médée cueillit. [4] Elle voulut ensuite tuer Thésée : de l’aconit était dit-on tombé de la bave de Cerbère. Par Cerbère nous avons la terre triple, qui a trois têtes : l’Europe, l’Asie et l’Afrique ; c’est du suc de cette bonne terre que proviennent les bonnes herbes. [5] Mais de la bave, c’est-à-dire du mauvais suc, naît l’aconit, une herbe vénéneuse qui ressemble à l’encens, dit-on, ou à la carotte, selon d’autres, et c’est ce qui est dit de Cerbère.
409 hyatu (« à l’ouverture ») : à l’entrée, là où la grotte est via declivis(« sur une route en pente »).
VII 414
Il dit ternis (« triples ») à cause des trois parties du monde : l’Europe, l’Asie, l’Afrique ; ou à cause des trois propriétés (du chien) : d’une bouche il dévore les vieillards, de l’autre les hommes mûrs, de la troisième les jeunes gens ; ou triples parce qu’il dévore le corps, l’âme et les richesses. Le nom « Cerbère » vient de ceos1, la chair, et boron2 qui signifie « dévorer », en d’autres termes « qui dévore les chairs », à savoir les hommes qui se vouent aux plaisirs de la chair ou aux biens terrestres.
228VII 415-423
De aconito virus
415 Sparsit : cinxit ; albentibus : candidis. 416 Has concresse : spumas durere ; putant : homines ; nactasque : consecutas et ; alimenta : nutrimenta ; feracis : fertilis. 417 fecondique : fertilis et ; soli : terre ; cepisse : ac(cepisse) ; nocendi : quia dicunt homines quod ex bitumine terre illud venenum generatur. 418 quas : spumas ; nascuntur : oriuntur ; caute : petra. 419 agrestes : rustici ; aconita : a caute nata ; vocant : dicunt ; Ea : aconita ; coniugis : Medee ; astu : fallacia. 420 parens : pater ; Egeus : proprium ; nato : Theseo ; porrexit : tradidit ; ut : essem ; hosti : hostis, ut traderet hosti suo. 421 sumpserat : acceperat ; ignara : nescienti ; Theseus : proprium ; pocula : potus. 422 pater : Egeus ; gladii : ensis ; eburno : ex ebore facto ; quia omnes de genere suo habebant capulum de ebore factum in mucronibus suis, vel ensis Egei fuerat filio suo ab eo datus, quem bene cognovit. 423 signa : intersignia ; generis : filii Thesei ; excussit : removit ; ore : filii sui.
VII 424-426
Fuga Medee finaliter
[1] Paratum erat quod Medea interficeretur nisi effugisset. [2]At genitor : com Medea mortem effugisset, tamen Egenus letabatur filio suo a morte pessima liberato, sed mirabatur quomodo tantum nephas poterat a Medea committi.
424-425*
424 illa : Medea ; necem : mortem ; tenebris […] motis : et hoc dico ; per carmina : incantationes. 425 At genitor : sed Egenus ; quamquam : quamvis ; letatur : gaudet ; sospite : salvata ; nato : Theseo.
VII 427-429
Sacrificatio Egeos pro vita filii liberata
Moris erat antiquitus divitibus hominibus quod, quando sacrificabant, ligabant taurorum capita albis peplis ad hoc, ut castitate mentes mediantibus vestimentis candidis notarentur.
415* albentibus]allentibusms. | 416* consecutas] aconsuetas ms. | 422* capulum] scapulum ms. datus] datas ms. | 427-429 mediantibus] mediebus ms.
229VII 415-423
Le poison tiré de l ’ aconit
417 nocendi (« de nuire ») ; parce qu’on dit que ce poison est généré par le bitume de la terre. 422 eburno (« d’ivoire ») : fait en ivoire ; parce que tous les hommes de sa famille avaient une poignée en ivoire sur leurs épées, ou parce qu’Égée avait donné son épée à son fils, et la reconnut bien.
VII 424-426
Fuite définitive de Médée
[1] On avait préparé la mise à mort de Médée si elle ne s’était pas enfuie. [2]At genitor (« Quant au père ») : bien que Médée eût échappé à la mort, Égée était cependant heureux que son fils fût sauvé d’une mort atroce, mais il se demandait comment Médée avait pu commettre un tel crime.
VII 427-429
Sacrifices d ’ Égée pour la vie sauve de son fils
Les hommes puissants avaient autrefois l’habitude, quand ils faisaient des sacrifices, de lier les têtes des taureaux avec des tissus blancs, pour signifier la pureté de leurs pensées par l’intermédiaire de ces vêtements immaculés.
230VII 429
Thori sunt pallearia, id est replicationes que sunt in collis boum propter pinguedinem.
427-429*
427 committi : fieri ; ignibus : sacrificiis. 428 muneribus : donis ; feriunt : percuciunt ; secures : mactatorum. 429 vinctorum : ligatorum ; vittis : peplis.
VII 430
Eritheis : Erithei dicuntur Atheniensses ab Eritheo, filio Pandionis, qui post mortem patris sui ibi regnavit, unde universi gaudebant de salvatione Thesey.
430* Eritheis : Athenienssibus ; fertur : dicitur ; celebratior : plus celebris ; illo : die.
VII 431-432
Convivium Egee pro filio salvato
431-432*
431 illuxisse : venisse ; agitant : faciunt ; patres : reges et principes terre. 432 medium : parvum ; vulgus : populus ; nec non : insuper ; carmina : cantus.
VII 433
Enumeratio laudum Thesei a populo
[1] Nota quod omnes iste operationes dicuntur principaliter de Hercule, secundario de Theseo, vel possunt esse similes operationes utriusque. [2] Fabula talis est : Nepturnus Minoy regi misit taurum ut illum sibi sacrificaret. Minos autem, accensus cupidine, retinuit et noluit sacrificare, qua de causa iratus, Nepturnus fecit illum furibundum et omnes destruebat nec erat qui resistere sibi posset. Theseus huc venit et occidit, et hoc totum legitur de Hercule. [3] Alii dicunt quod hoc dicitur de Minotauro, quod Theseus vere consilio Adrianne interfecit, ut inferius continetur.
429* vinctorum]victorumms. | 430* celebratior]celebrabriorms. die] di ms. | 433.2 noluit] voluit ms.
231VII 429
Les bourrelets sont les fanons, c’est-à-dire les replis de graisse que les bœufs ont au cou.
VII 430
eritheis (« d’Érechthée ») : les Athéniens sont dits Érechthéens à cause d’Érechtée, le fils de Pandion, qui régna sur la cité après la mort de son père. Tous se réjouissaient donc du salut de Thésée.
VII 431-432
Festin organisé par Égée pour la vie sauve de son fils
433 Theseu (« ô Thésée ») : voici comment ils chantaient un cantique.
VII 433
Enumération des louanges de Thésée par le peuple
[1] Noter que toutes ces prouesses ont été, dit-on, accomplies surtout par Hercule, Thésée n’y jouant qu’un rôle secondaire ; ou peut-être l’un et l’autre accomplirent des prouesses similaires. [2] La fable est la suivante : Neptune envoya au roi Minos un taureau qui devait lui être sacrifié. Mais Minos, enflammé de désir, le garda et refusa de le sacrifier. Aussi Neptune, irrité, rendit l’animal furieux : il détruisait tout et personne ne pouvait lui résister. Mais Thésée arriva et le tua, et cet exploit est attribué entièrement à Hercule. [3] Certains disent qu’il s’agit du Minotaure, que Thésée tua grâce aux conseils avisés d’Ariane, comme on le raconte plus bas.
232433* ingenium : loquelam ; canunt : cantant ; Theseu :‘o’, ecce quomodo cantabant canticom.
VII 434-435
Iuxta Cretem regionem erant duo latrones qui omnes cultores interficiebant et substancias illorum lacerabant, quos Theseus, hac preteriens, occidit, et, quamvis essent fortes, vires eorum viriliter superavit.
434-435*
434 mirata : laudata ; Marathon : patria vel insula vel civitas ; Crethei : cretensis ; sanguine : occisione ; monstri : vel tauri. 435 arat : colit ; Cremonam : groute gallice ; colonus : cultor.
VII 436
Epidaria est quedam regio et ibi erat Chacus, qui noctu omnes interficiebat ; huc veniens, Theseus interfecit, vel vocat illam prolem Eritheum, qui similiter erat in speleo, quod Theseus interfecit ; vel legitur de alio qui non nominatur.
436-437*
436 munus : tuum est ; opusque : operatio et ; tellus : terra ; Epidaria : a rege dicte ; per te :‘o Theseu’. 437 clavigeram : portantem clavam ; Vulcani : proprium ; ocumbere : mori.
VII 438
Procustes erat quidam qui pretereuntes faciebat deviare et usque ad humeros illos vivos inhumabat ; quem Theseus pena simili interfecit.
438-439*
438 immitem : crudelem ; Cephesyas : a Cepheso ibi ; ora : regio ; Procustem : proprium. 439 letum : mortem ; Cerealis : a Cerere plena ; Elempsis : mons.
233VII 434-435
Près de la Crète vivaient deux brigands qui tuaient tous les habitants et détruisaient leurs récoltes ; Thésée qui passait par là le tua, car il les surpassa courageusement malgré leurs forces.
VII 436
Epidaria (« Épidaure ») est une région ; c’est là que vivait Cacus, qui tuait les gens la nuit : passant par là, Thésée le tua, ou bien l’auteur appelle ce fils Érechthée – il se trouvait aussi dans la caverne et Thésée le tua ; ou il est question d’un autre homme qui n’est pas nommé.
VII 438
Procustes (« Procruste ») était un homme qui détournait de leur chemin ceux qui passaient par là, et les enterrait vivants jusqu’aux épaules : Thésée le tua en lui infligeant la même peine.
234|f. 108r|
VII 440-442
Cenis erat quidam latro fortissimus qui arbores magnas inclinabat et in summitate arboris pretereuntes faciebat sedere, et tunc arborem desinebat, et sic homines iactabantur in ethere et expirabant ; quem Theseus similiter interfecit.
440-444*
440 occidit : mortuus fuit ; Cenis : proprium. 441 agebat : ducebat. 442 sparsuras : vel (sparsu)rus ; pinus : arbores. 443 tutus : securus ; Alchatoem : civitatem ; Lelegia : insula ; limes : semita. 444 composito : occiso ; Chirone : proprium ; -que : sed ; latronis : Chironis
VII 446-447
Chiron erat quidam latro qui vivos homines capiebat et com mortuis ligabat, et sic ex putredinis fetore cogebat eos expirare ; quem Theseus pena simili interfecit.
446-447*
446 vetustas : antiquitas. 447 scopulos : lapides ; Chyronis : a latrone.
VII 448
[1]Si titulos animos : quamvis omnia et pauca dicerent illi de laudibus Thesei, ad ultimum dixerunt impossibile esse illis quod omnes laudes illius dicerent, imo ad honorem nobilissime epulabantur et Bachi munera cupientes cognoscebant. [2] Verumptamen dicit Ovidius ex parte sua quod in mondo non est perfectum gaudium, quamvis pro Theseo Egeus letaretur. [3] Minos sibi prelia preparabat, qui, com Androgeus, filius Minois, esset scolaris Athenis, ibi occisus fuit, ut quidam dicunt, a Theseo, quare Minox volebat debellare civitatem, et enumerat actor civitates et populos quos per prelia sibi iunxit Minos.
448-455*
448 titulos : laudes ; animos : ausus ; numerare : dicero. 449 premunt : vel ‘prement’ ; te fortissime : o Theseu. 450 publica : idest convivia ; sumimus : capimus ; haustus : ad honorem tui potamus. 451 consonat : concordat. 452 regia : aula ; nec : et non. 453 usque : perfecte ; sincera : pura ; voluptas : gaudium.
235|f. 108r|
VII 440-442
Sinis était un brigand d’une très grande force, qui inclinait de grands arbres. Puis il faisait asseoir les passants au sommet de l’arbre, et relâchait l’arbre, jetant ainsi les hommes dans les airs et les tuant. Thésée le tua de la même façon.
VII 446-447
Chiron était un brigand qui prenait les hommes vivants et les enchaînait avec des morts : ainsi il les faisait mourir par l’infection de la gangrène. Thésée le tua par une peine semblable.
VII 448
[1]Si titulos animos (« Si les titres de gloire et les actes de courage ») : quoique disant tout et trop peu à la fois sur les louanges de Thésée, à la fin ils avouèrent qu’il leur serait impossible de chanter toutes ses louanges, mais ils faisaient bonne chère pour l’honorer très noblement, et reconnaissaient qu’ils aspiraient aux présents de Bacchus. [2] Mais pourtant Ovide dit en aparté que dans le monde il n’y a pas de joie parfaite, bien qu’Egée se réjouît du retour de Thésée. [3] Minos lui préparait une guerre, parce que, comme son fils Androgée étudiait à Athènes, il y fut tué, par Thésée selon certains ; aussi Minos voulait-il attaquer la cité, et l’auteur énumère les cités et les peuples que Minos s’adjoignit pour la guerre.
450 haustus (« gorgées ») : nous buvons en ton honneur. 454 Egeus (« Égée ») : voilà pourquoi, parce qu’Egée etc.
236454 sollicitum : curiosum ; letis : gaudentibus rebus ; Egenus : ecce quare, quia Egenus, et cetera. 455 percepit : obtinuit ; nato : filio suo Theseo.
VII 456
Incipit de Minoe
[1] Chiron erat quidam latro qui, secus viam sedens, faciebat pretereuntes osculari pedes suos. Quod Theseus com vidisset, inclinavit se ut basiaret ; per pedem traxit tantum eum super terram quod mortuus fuit, et propter nequiciam eius terra noluit ossa eius tempore nec unda, sed mutata sunt in scopulum marinum, qui Chiron latronis nomine noncupatur. [2] Quod est dictu, nichil nisi quod tumulus lapidum positus fuit super illum, et sic fingitur mutari.
456-460*
456 Minos : proprium ; quamquam : quamvis ; milite : multitudine militum. 457 patria : naturali. 458 Androgei : filii sui, proprium ; necem : mortem ; ulciscitur : vindicat. 459 Ante : quam veniret ; acquirit : agmentat ; amicas : amicabiles. 460 quaque : parte et ; aditus : introitus ; volucri : cita ; freta : maria.
VII 461-468
Numeratio civitatum quas adduxit Minos in auxilio suo
461-463*
461 Hinc : ab una parte ; hinc : ab alia parte ; Stephalida : castra. 463 hinc : a tercia parte ; humilem : civitas ; Miconum : castrum ; Thimoli : montis.
VII 464
Ciprus est regio ubi sunt multi pisci et flores pulcherrimi, quibus tingitur purpura.
464* Ciprum : insulam ; Zephiron : insulam planicie sitam.
VII 465-468
[1] Fabula talis est : Sithonis, sic a patre dicta, auri amore inflammata, patriam prodidit et vendidit et auri copiam accepit, unde dei, ultionem accipientes,
237VII 456
Début du récit sur Minos
[1] Sciron était un brigand qui, assis au bord de la route, obligeait les passants à lui baiser les pieds. Voyant cela, Thésée s’inclina pour le baiser, mais il le traîna à terre par le pied jusqu’à ce qu’il mourût ; sa méchanceté fit que la terre refusa ses ossements à ce moment-là, ainsi que l’onde, mais ils furent mués en rocher marin, qui est appelé du nom de Sciron. [2] Ce qui revient à dire qu’un tas de pierres fut posé sur lui, et qu’on invente qu’il fut métamorphosé.
VII 461-468
Énumération des cités dont Minos obtint l ’ aide
VII 464
Chypre (« Cythnus ») est une région où abondent en grand nombre de magnifiques poissons et fleurs, qui teignent les tissus de pourpre.
464 Zephiron (« Sériphos ») : une île posée à plat.
VII 465-468
[1] La fable est la suivante : la Sithonienne, appelée ainsi du nom de son père, brûlait de cupidité : elle trahit et vendit sa patrie en échange d’une grosse somme d’or ; pour cela les dieux la châtièrent
238illam in avem mutaverunt, que monedula dicitur, et dicitur monedula, quasi monetam diligens. [2] Rei veritas est quod ista Sithonis patriam vendidit, sed fingitur mutari. Nil est aliud nisi quod noctu fugit com precio vendicionis et suspensa fuit in turre. Potest dici Arne, et sic erit Sithonis, vel Arnem, et sic erit civitas.
465-468*
465 marmoreamque : ubi marmor habundat et ; Paron : insulam ; Arne : vel ‘Arnem’. 466 Sithonis : proprium ; accepto : capto ; avara : per avariciam. 468 nigra : illa dico ; velata : tecta ; monedula : sic dicta.
VII 469-472
[1] Ita multe civitates erant confederate Minoi, sed iste que secontur nomina illarum civitatum que non venerunt in auxilium illius, et maxime civitatem Eaci, que confederata erat Athenienssibus, ut in littera continetur. [2]Eacida regna : ubi Eacus, filius Iovis et Egine, regnabat. Egina mater erat Eaci et in honore matris sue vocavit eam civitatem Eginam.
469-472*
469 At non : insuper ; Olearos : insula ; Duneque : insula et ; Senos : insula ; Andros : insula. 470 Glaros : insula ; Pirethos : insula ; olive : quia ibi habundant olive. 471 Gosiacas : grecas, scilicet naves Minois ; Latere : parte sinistra. 472 Euopiam : civitas ; Minos : proprium, rex ; Eacida : scilicet ; regna : in quibus Eacus regnavit.
VII 473-474
Progressio Minois ad Enopiam, civitatem Eaci
473-479*
473 Euopiam : dixere sic. 474 Eginam : ita dictam ; genitricis : sue ; dicit : (di)x(it). 475 Turba : civitas ; -que : et ; fame : quante erat Minos. 476 appetit : cupit ; Thelamon : proprium. 477 Thelamon : est ; Peleus : proprium ; proles : Eaci ; Phocus : illi tres erant filii Eaci. 478 ipse : Eacus ; egreditur : ex(greditur) ; tardus : piger ; gravitate : ponderositate ; senili : quia vetus erat. 479 Eacus : proprium ; requirit : interrogat quare venit.
465-468.2 in turre] intarre ms. | 478* ipseexipsams.
239en la métamorphosant en un oiseau qu’on appelle choucas (monedula), pour ainsi dire aimant l’argent (monetam diligens3). [2] La vérité est que cette Sithonienne vendit sa patrie, mais la métamorphose est une invention : c’est tout simplement qu’elle s’enfuit de nuit avec le prix de sa trahison, et se réfugia dans une tour. Si l’on parle d’Arné, il s’agira de la Sithonienne ; si l’on dit Arnem, on parlera de la cité.
VII 469-472
[1] Ainsi de nombreuses cités s’étaient alliées à Minos, mais les noms qui suivent sont ceux des cités qui ne lui vinrent pas en aide : parmi elles en particulier la cité d’Éaque, qui était l’alliée d’Athènes, comme le dit le récit. [2]Eacida regna (« le royaume d’Éaque ») : là où régnait Éaque, fils de Jupiter et d’Égine. Égine était la mère d’Éaque et c’est en l’honneur de sa mère qu’il appela sa cité Égine.
470 olive (« à l’olive ») : parce que les olives poussent là en abondance. 471 Gosiacas (« de Gnose ») : grecs, c’est-à-dire les navires de Minos. 472 regna (« les royaumes ») : sur lesquels régnait Éaque.
VII 473-474
Minos progresse vers Énopie, la cité d ’ Éaque
475 fame (« à la renommée ») : aussi grande que Minos. 477 Phocus (« Phocus ») : Éaque avait trois fils. 479 requirit (« demande ») : il l’interroge sur la raison de sa venue.
240VII 480
Petitio Minois ad Eachum
[1]Ammonitus : fabula que ibi superius tangitur est quod Androgenus, filius Minois, missus fuit Athenis philosophie, qui ‹suos› socios et magistros superavit addiscendo ; quo viso, magistri ei invidentes nocte interfecerunt. [2] Quo audito, Minos fratrem suum, scilicet Eacum, filium Iovis, petiit ut eum adiuvaret, sed auxilium denegavit, ut in textu continetur. [3] Tamen postea Minos obsedit civitatem Athenienssem et illam devicit et leges imposuit ut singulis annis VII corpora devoranda Minotauro offerentur, et ita rediit com victoria.
480* Ammonitus : commotus ; patrii : vel ‘o’ ; luctus : vel ‘u’ ; illi : Eaco querenti.
VII 481-486
Repulsio Eaci ad Minoa
Centum dicit, quod in Creta sunt centum civitates, et sunt ista verba Minois ad Eacum. Huic Ausopiades : com Minox ita fratrem suum petisset, respondit quod non poterat, propter federa inter ipsum et Athenienses federata.
481-486*
481 reffert : que secontur ; rector :‘o’ ; centum : qualia tu vides hic in presenti. 482 arma : viros armatos ad ; oro : precor ; nato : meo ; sumpta : capta ; pieque : dicit quia pium et iustum erat ulcisci mortuos. 484 Huic : vel ‘hinc’ ; Ausopiades : Eacus, filius Egine, filie Ausopi ; irrita : vana ; urbi : ullo modo facerem. 485 nec : non ; enim : quia ; coniuntiorulla : propinquior tam per civitatem quam per pacem. 486 Cicropidis : Athenienssibus ; hac : terra ; ea federa nobis : talia quod Atheniensses non infestabunt mihi nec ego illis.
VII 487-489
Disgressio Minois
Cum audisset Minos quod frater suus non daret ei auxilium, obiurgando tristis recessit.
480.1 ‹suos› socios] # socios ms. interfecerunt] interferunt ms. | 480.2 adiuvaret] adimaret ms. | 482* capta] capte ms. ulcisci] ulcissi ms.
241VII 480
Demande de Minos à Éaque
[1]Ammonitus (« remis en mémoire ») : la fable qui est ici rappelée est racontée plus haut : Androgée, fils de Minos, fut envoyé à Athènes, la ville de la philosophie, mais en apprenant il surpassa ses compagnons et ses maîtres : voyant cela, ses maîtres le jalousèrent et, une nuit, ils le tuèrent. [2] Quand il l’apprit, Minos vint demander à son frère Éaque, le fils de Jupiter, de l’aider, mais celui-ci lui refusa son aide, comme le texte le raconte. [3] Cependant Minos assiégea ensuite la cité d’Athènes, et, l’ayant vaincue, lui imposa un tribut : tous les sept ans ils devaient offrir au Minotaure des corps à dévorer. Ainsi il revint victorieux.
VII 481-486
Réponse d ’ Éaque à Minos
Il dit centum (« cent ») parce qu’en Crète il y a cent cités, c’est ce que Minos dit à Éaque. huic Ausopiades (« à lui le petit-fils d’Asopus ») : à la demande de Minos, son frère répondit qu’il ne pouvait (l’aider), à cause des traités qui le liaient aux Athéniens.
481 centum (« cent ») : celles que tu vois ici devant toi. 482 pieque (« et pieuse ») : il dit qu’il était pieux et juste de venger les morts. 484 Ausopiades (« le petit-fils d’Ausopus ») : Éaque, fils d’Égine, la fille d’Ausopus. urbi (« à ma cité ») : je ne le ferais en aucune manière. 485 coniuntior ulla (« aucune n’est plus étroitement unie ») : plus proche tant du point de vue de la localisation que du point de vue de la paix. 486 ea federa nobis (« ces traités pour nous ») : tels que les Athéniens ne m’attaqueront pas, et que je ne les attaquerai pas.
VII 487-489
Départ de Minos
Quand Minos apprit que son frère ne l’aiderait pas, il s’en alla tristement en lui faisant des reproches.
242487-489*
487 abit : vadit ; stabuntque : erunt et. 488 bellum : prelium. 489 gerere : facere ; preconsumere : devastare.
VII 490-492
Adventus Cephali penes Eacum
Recedente Minoe et auxilio sibi denegato a fratre, adhuc poterat navis videri, com aparuit intrans civitatem Cephalus com militibus Atheniensibus qui veniebant quesitum auxilium.
490-496*
490 Classis : navigium ; etiam nunc : tunc. 491 spectari : cerni ; concita : commota. 492 Actica : Athenienssis ; pupis : navis ; adest : venit ; amicos : amicabiles. 493 Cephalum : proprium ; simul : pariter ; ferebat : portabat. 494 Eacide : filii Eaci ; post : adverbium ; tempore visum : quia longum tempus erat preteritum ex quo non viderant isti iuvenes Cephalum. 495 agnovere : com cognovere ; tamen : in veritate ; Cephalum : proprium ; dextrasque : suas et. 496 domum : tectum ; Spectabilis : nobilis ; heros : Cephalus.
|f. 108v|
VII 497
Veteris forme dicit quia solebat esse pulcher in iuventute, inde tenebat adhuc signum iuventutis propter pulcritudinem, quia adhuc nitebat.
497* veteris : antique ; eciam : adhuc ; forme : pulcritudinis.
VII 498-500
Tenens ramum olive popularis. Construe : et tenensa dextra et a levaduos, scilicet duos filios Eaci. Minores : ibi notat maximam urbanitatem. Maior, id est maior filius ; habet, id est tenet ; Cliton et Buten : natos Pallante illo rege.
498-500*
498 ingreditur : intrat ; -que : et ; popularis olive : communis et pacifice. 499 leva : parte sinistra. 500 maior : filius ; Cliton : proprium ; Buten : proprium ; Pallante : proprium ; creatos : natos.
243VII 490-492
Céphale arrive chez Éaque
Alors que Minos s’éloignait après le refus de son frère de lui accorder son aide, on pouvait encore voir son navire, lorsqu’apparut Céphale qui entrait dans la cité avec de nombreux Athéniens qui venaient demander de l’aide.
494 tempore visum (« vu (depuis) longtemps ») : parce qu’une longue période s’était écoulée depuis que ces jeunes gens n’avaient pas vu Céphale.
|f. 108 v|
VII 497
Il dit Veteris forme (« de son ancienne beauté ») parce qu’il était beau dans sa jeunesse, et gardait encore les marques de la jeunesse à cause de la beauté qui le rendait encore éclatant.
VII 498-500
Tenens ramum olive popularis (« tenant à la main un rameau de l’olivier de son peuple »). Construire : et tenens (« et tenant ») a dextra et a leva duos (« par la main droite et par la main gauche les deux »), c’est-à-dire les deux fils d’Éaque. Minores (« plus jeunes ») : ici est notée sa très grande politesse. Maior (« plus âgé »), c’est-à-dire le fils aîné ; habet (« il a »), c’est-à-dire il tient ; Cliton et Buten (« Clytos et Butès ») : les fils du roi, Pallas étant ce roi.
244VII 501-504
Petitio Cephali ad Eacum pro Atheniensibus
[1] Ita tres filii Eaci duxerunt Cephalum in domo patris sui, unde iste incepit narrare causam sui adventus. [2] Dixit quod Minos non solum contra Athenienses pugnare volebat, sed contra totam Greciam, quia Athene sunt in Grecia regione.
501-505*
501 congressi : intrati ; primo : primitus ; verba : mandata vel salutes ; tulerunt : dixerunt. 502 Cicropide : Athenienses ; Cephalus : proprium ; peragit : dicit ; mandata : petitiones ; rogat : petit. 503 fedusque : confederationem et ; reffert : dicit ; parentum : antiquorum. 504 -que : et ; Achaidos : Grecie. 505 ubi : postquam ; mandatam : dictam ; facondia : sapientia et eloquentia.
VII 506
Ita Cephalus petebat auxilium.
506* Eacus : rex ; capulo : ceptro ; nitente : sui ; sinistra : vel ‘o’.
VII 507
Quasi diceret : ‘O Athenienses, valde turpe est quod me petitis, ymo accipite omne quod habeo quasi vestrum, et utinam melius pro vobis haberem’.
507* nec : ne ; sumite : capite ; Athene :‘o Athenienses’.
VII 508-509
Concessio militum Eaci ad Cephalum
‘Omnis possessio mearum rerum eat vobiscum, ita tamen ut mihi remaneant deffensores’.
508-511*
508 Dubie : dubitabiliter. 510 Desunt : defficiunt ; super : vel ‘et’. 511 gratia : sit ; tempus :‘Dii gratiantur quod ego tantum habeo’.
501-504tit. Atheniensibus] Acheniensibus ms. | 501* intrati] intrari ms. | 505* facondiaexfacondiamms. | 506 Cephalus] Eacus ms. | 507 valde] tede ms. | 507* Athenienses ex Atheniensis ms.
245VII 501-504
Demande de Céphale à Éaque au nom des Athéniens
[1] Ainsi les trois fils d’Éaque conduisirent Céphale dans la demeure de leur père, et Céphale commença à raconter la cause de sa venue. [2] Il dit que Minos voulait combattre non seulement les Athéniens, mais toute la Grèce – Athènes est une région de Grèce.
VII 506
Ainsi Céphale demandait de l’aide.
VII 507
En d’autres termes : « Ô Athéniens, il est tout à fait déshonorant que vous m’en fassiez la demande : recevez tout ce que je possède comme vôtre ; plût au ciel que j’eusse mieux à vous offrir ! ».
VII 508-509
Éaque accorde des soldats à Céphale
Prenez tout ce qui m’appartient, laissez-moi seulement des défenseurs.
511 tempus (« les circonstances ») : Que les dieux soient remerciés de m’accorder tant de possessions.
246VII 512-513
Respondet Cephalus : ‘ Ita sit, primo dii adorentur et deus adoptet tibi tuos concives’.
512-514*
512 Imo : sed ; Cephalus : proprium. 513 urbs : civitas ; equidem : certe ; cepi : concepi. 514 com : quando ; par etate : equalis ; iuventus : quam pulcri et pares sunt sui concives.
VII 515-516
Confabulatio Cephali ad Eacom
Quasi diceret : ‘Dic michi ubi sunt multi milites quos vidi com in urbe ista primo receptus fui, quia vidi multos et cognovi, sed istos non cognosco quos hic cerno’.
515-517*
515 obvia : contra me ; processit : venit ; requiro : interrogo. 516 condam : aliquo ; urbe : civitate. 517 Eacus : proprium ; ingemuit : gemitum dedit ; -que : et ; ita voce : ut sequitur.
VII 518-519
Responsio Eaci de militibus suis
518-520*
518 flebile : triste est ; sequetur : possunt esse verba actoris vel Eaci. 519 hanc : fortunam ; memorare : dicere ; ullo : aliquo. 520 ordine : a turbatione ; nunc : tum dicam ; neu : quod non ; ambage : nuga ; morer : detineam.
VII 521-522
Quasi diceret : ‘Mortui sunt illi de quibus interrogas et combusti’, quia moris erat quod, quando aliquis moriebatur, urebatur.
521-522*
521 -que : et ; memori : memorativo ; quos : illi ; requiris : interrogas. 522 quota : magna vel aliqua ; periere : mortue fuere.
247VII 512-513
Céphale répond : « Qu’il en soit ainsi ; que d’abord les dieux soient adorés et que le dieu te soit favorable, ainsi qu’à tes concitoyens ».
514 iuventus (« une jeunesse ») : combien ses concitoyens sont beaux et du même âge.
VII 515-516
Céphale s ’ entretient avec Éaque
En d’autres termes : « Dis-moi où sont les nombreux soldats que j’ai vus dans cette ville la première fois que j’y fus reçu, parce que j’en vis beaucoup que je connaissais, mais je ne reconnais pas ceux que je vois ici. »
VII 518-519
Réponse d ’ Éaque à propos de ses soldats
518 Sequetur (« suivra ») : peut désigner les paroles de l’auteur ou celles d’Éaque.
VII 521-522
En d’autres termes : « Ceux sur lesquels tu m’interroges sont morts et consumés », parce que l’usage était alors de brûler la personne qui était morte.
248VII 523-527
De peste gentium et regni Eaci
[1]Dira lues : modo incipit Eacus narrare de dolore suo : primo Iuno habebat in odio Atheniensses vel etiam Eginenses, eo quod Eacus nominavit civitatem suam nomine sue genitricis. Iuno, hoc irata, pestem pessimam misit in illa civitate ut ulcisceretur se, et, ut inferius continetur in textu, tunc Eacus rogavit patrem suum Iovem ut cives restitueret sibi. [2] Tandem Iupiter in quercu sibi annuit motu quercus, quia, per formicas ibi visas, restituti fuerunt cives illis, et nocte Eaco sompniante, formice venerunt sibi ; in specie humana mutate venerunt et illum salutaverunt. Mirmidonas vocavit illos : Mirmidon enim grece formica, vel formicen dicitur.
523-527*
523 Dira : crudelis ; lues : putredo ; ira : per iram ; populis : mei ; inique : crudelis. 524 excidit : cecidit ; exose : quia odit ; Pallade : pellice aliamanus. 525 Dum : quamdiu ; -que latebat : et non erat patens quare tanta infortunia veniebant. 526 cladis : pestilencie ; medendi : medicinali. 527 exicium : destrutio ; superabat : vincebat ; vite : opes.
VII 528
[1]Principio : ecce quomodo prima pestis venit. Primo inclusus fuit calor in nubibus, ita quod omnes nubes emittebant calorem et homines recreationem aeris temperati non habebant et quatuor mensibus non pluit super terram, imo erant ita venti calidi quod calore inconsueto homines moriebantur. [2] Secunda pestis fuit quod flumina aere corrupta corrumpebantur. Tercia quod serpentum multitudo viciavit ita semina quod nullus poterat ire per agros, et ita homines, feras et animalia.
528-533*
528 Principio : morbi. 529 pressit : Iuno ; ignavos : pravos ; estus : calores. 530 quater : quatuor vicibus. 531 plenum : plenis alia manus ; orbem : rotunditatem ; tenuata : adnichilata ; retexuit : laceravit ; orbem : rotunditatem. 532 letiferis : mortalibus ; spirarunt : emiserunt ; Austri : venti illi ; a vento ‘Austrum’. 533 lacusque : aquis ; lacus est congregatio aquarum in planicie.
523-527.1 ut3] et ms. | 523-527.2 Mirmidonas] Mirmidonas quia ms. | 524* exoseexexosasms. | 527* exiciumexexciciumms. | 532* a vento] aveo ms.
249VII 523-527
La peste d ’ Égine et le royaume d ’ Éaque
[1]Dira lues (« Une peste terrible ») : alors Éaque commence à raconter son malheur. D’abord Junon avait pris en haine les Athéniens et aussi les habitants d’Égine, parce qu’Éaque avait donné à sa cité le nom de sa mère. Junon s’en irrita et envoya sur cette cité une terrible peste pour se venger. Éaque demanda donc à son père Jupiter, comme le texte le raconte plus bas, de lui rendre des citoyens. [2] Finalement Jupiter, dans un chêne, lui manifesta son accord par un mouvement du chêne : en effet, c’est par les fourmis qu’on y voyait que les citoyens lui furent rendus. Une nuit, alors qu’Éaque dormait, les fourmis s’approchèrent de lui, en ayant pris l’aspect humain : c’est ainsi qu’elles le sauvèrent. Il les appela les Mirmidons, car Mirmidon en grec signifie fourmi (on dit aussi « formicen »).
525 – que latebat (« et était caché ») : et on ne voyait pas clairement la raison d’un tel malheur.
VII 528
[1]Principio (« Au commencement ») : voici comment arriva le premier fléau. D’abord la chaleur fut enfermée dans des nuages, de sorte que tous les nuages émettaient de la chaleur et que les hommes ne trouvaient pas le réconfort d’un air tempéré. Pendant quatre mois il ne tomba pas de pluie sur la terre, mais les vents étaient si chauds que les hommes mouraient de cette chaleur inhabituelle. [2] Le deuxième fléau fut un air qui corrompit les fleuves. Le troisième une multitude de serpents qui envahit les récoltes, au point que personne ne pouvait aller dans les champs, que ce soit les hommes ou les animaux, sauvages ou domestiques.
533 lacusque (« et les lacs ») : un lac est une masse d’eau dans une plaine.
250VII 534-546
Quomodo animalia morta fuerunt
534-541*
534 miliaque : constat et ; incultos : non cultos ; agros : campos. 535 errasse : perrexisse ; atque : et ; fluvios : aquas ; temerasse : violasse ; venenis : suis. 536 Strage : morte ; volucrumque : avium et ; ovium : bidentum ; boum : armetorum. 537 deprensa : capta ; morbi : infirmitatis. 538 Concidere : cadere ; validos : fortes ; miratur : stupet ; arator : cultor ; quia quando aliquis arabat ex corrupto boves moriebantur. 539 -que recombere : et cadere ; sulco : reon gallice. 541 sponte : nullo cogente ; -que : et ; tabent : deficiunt.
|f. 109r|
VII 542
Quamvis equs esset fortis et bellator, tamen intemperantiam aeris non poterat tolerare.
542* acer : fortis.
VII 543-544
[1] Quia phalera habita non recolebat neque superbiam suam, imo erat immotus in stabulo et calore naturali defficiente. [2]Inherti : infirmitate inherenciam tribuente, et dicit quod inherti est subiectum.
543-546*
543 degenerat : quia non movetur ; palme : victorie. 544 presepe : cresce gallice ;inhermi : vel inherti non meminit. 545 meminit : recordatur ; fidere : fidem habere. 546 armentis : bobus et ceteris ; Fortibus ursi : quamvis prius essent fortes, tamen virtus eis deficiebat.
VII 547-549
Omnia. Quasi dicat : ‘Tam corpora animalium quam corpora volucrum erant in viis putrefacta’. Mira : ecce ‘mirum’ dicit Eacus, quia ab feris non erant cadavera devastata.
536* armentorum] armetorum ms. | 538* validosexvalidoms. cultor] culto ms. | 547-549 corpora ex or corpora ms.
251VII 534-546
Comment les animaux mouraient
538 arator (« le laboureur ») : parce que, quand on voulait labourer, les bœufs mouraient à cause de la corruption.
|f. 109r|
VII 542
Bien que le cheval fût fort et combatif, il ne pouvait supporter la corruption de l’air.
VII 543-544
[1] Parce qu’il ne retrouvait pas ses phalères habituelles ni sa noble fierté, mais restait immobile dans son étable, en raison de cette chaleur anormale. [2]Inherti (« sans énergie ») : affecté d’une faiblesse insurmontable. Il dit qu’on l’a substitué à un cheval inherti (« sans énergie »).
546 Fortibus ursi (« les ours sur les forts (troupeaux) ») : alors qu’auparavant ils étaient forts, leur vigueur leur faisait cependant défaut.
VII 547-549
Omnia (« Toutes choses »). En d’autres termes : « Les corps des bêtes et ceux des oiseaux pourrissaient également sur les chemins. » Mira (« chose extraordinaire ») : « voilà ce qui était extraordinaire », dit Éaque, « c’est que les cadavres n’étaient pas dépecés par les bêtes sauvages. »
252547-553*
547 languor : mortis. 548 feda : putrida ; viciantur : corrumpuntur ; odoribusaure : mortuorum cadaverum. 549 Mira loquar : mirabilia dicam ; illa : corpora ; -que : et ; volucres : avide dicuntur volucre quia avide comedunt. 550 cani : canuti ; dilapsa : putrefacta. 551 nocent : noxia sunt ; contagia : pollutiones. 552 Pervenit : perfecte venit ; miseros : quia dapis erat ; colonos : cultores. 553 pestis : mortis ; dominatur : intrat ; urbis : mee.
VII 554-555
De morte gentium Eaci
‘Gravi infirmitate morientibus animalibus, − dicit Eacus − ecce quid pessimum : homines et cultores et omnes populi inceperunt mori’, et primo pre calore rubescere, quia sanguis, qui est amicus nature, ex calore inflammatus eminet in superficie humana, et sic calore non debito proveniente humor naturalis desiccatur et pori clauduntur et sic non possunt desudare, imo semper appetunt humorem et siciunt infirmantes.
554* Viscera : hominum ; torquentur : cruciantur ; -que : et.
VII 555
Hanelitus : Nota quod per interiorem calorem hanelant homines, quia, regnante calore, interius humana natura apparent rigescere, et sic, ore aperto, appetitur aspiratio aeris et venti frigidorum ; namque ex astratione aeris et missione interiora nutriuntur.
555-563*
555 indicium : demonstrationem ; rubor : facit ; ductus : emissus. 556 lingua : infirmorum ; tumet : inflatur ; arentia : sicca. 557 patent : patentia ; graves : prave ; hyatu : apertione oris. 558 stratum : lectum ; velamina : texturas ; ponunt : iactant. 560 humo : terra ; gelidum : frigidum ; fervet : quia tantus calor inerat quod non a frigiditate terre poterat superari. 561 moderator : medicus ; seva : crudelis ; medentes : medicos. 562 erumpit : pervenit ; clades : mortis ; obstant : nocent ; artes : quia, qui plus volebat sic parcere, magis cruciabatur. 563 quisque : aliquis ; -que : et ; egro : infirmo.
549* avide2] aude ms. | 554-555 calore1] calorem ms. calore2ex cla calore ms. | 558* lectum] letum ms.
253549 volucres (« les oiseaux ») : les oiseaux sont dits avides parce qu’ils mangent avec avidité.
VII 554-555
Mort du peuple d ’ Éaque
« Alors que les animaux mouraient de cette terrible faiblesse, dit Éaque, voici le pire : les hommes et les cultivateurs et tout le peuple commencèrent à mourir ». Ils rougissent d’abord à cause de la chaleur, parce que le sang, qui est nécessaire à la vie, est enflammé par la chaleur et affleure à la surface de la peau, et l’arrivée de cette chaleur excessive dessèche les humeurs naturelles, les pores se ferment et la sueur ne peut plus s’écouler : ils recherchent sans cesse l’humidité et sont assoiffés et affaiblis.
VII 555
Hanelitus (« l’haleine ») : noter que les hommes sont essoufflés à cause de la chaleur à l’intérieur de leur corps, parce que, la chaleur étant partout, ils semblent se durcir naturellement, et, la bouche ouverte, ils cherchent à aspirer l’air et les vents froids, car ce sont les aspirations et les expirations d’air qui soutiennent l’intérieur du corps.
560 fervet (« brûle ») : parce que la chaleur interne était si forte qu’elle ne pouvait être apaisée par la fraîcheur de la terre. 562 artes (« leur art ») : parce que, plus on voulait sauver, plus on souffrait.
254VII 564
Quasi diceret : ‘Custodes infirmorum primo moriebantur, et sic omnes tam primo sani quam secundo moriebantur’.
564* leti : mortis.
VII 565
Non erat repperire finem morbi, non tantummodo mortem.
VII 566-567
Quia non habebant curam utilitatis, nichil enim erat illis utile ; imo, quidquam voluptas appetebat, faciebant.
566-568*
566 indulgent : concedunt ; animis : voluntati ; utile : competens. 567 enim : certe. Passim : communiter ; posito : deposito. 568 capacibus : receptibilibus ; herent : ut potarent.
VII 569
Extincta erat vita et sitis, quia ex haustu fluviorum moriebantur propter flumina corrupta ex venenis.
569-572*
569 Nec : et non ; extincta : deficiens ; vita : sua. 570 Inde : postea ; graves multi : praviter inflati ; consurgere : levare. 571 aliquis : infirmus ; haurit : capit, bibit ; et : etiam ; illas : aquas. 572 Tantaque : secura et ; miseris : infirmis ; invisi : odiosi ; leti : mortis.
VII 573-574
Aliqui saliebant de turribus et muris ne mortem incurrerent, et sic moriuntur ut non moriantur.
573-574*
573 prosiliunt : de longe saliunt ; aut : ut se precipitent ; prohibent : vetant ; consistere : levare se. 574 devolvunt : regirant ; humum : terram ; Penates : cameras, domos.
570* graves multi] multi add. m.d. alia manus | 573* vetant] necant ms.
255VII 564
En d’autres termes : « Les gardiens mêmes des malades mouraient les premiers, et ainsi tous ceux qui étaient d’abord en bonne santé mouraient ensuite. »
VII 565
On ne pouvait trouver de fin à la maladie, sauf seulement la mort.
VII 566-567
Parce qu’ils n’avaient cure de ce qui était utile, puisque rien ne leur était utile. Alors ils faisaient ce que leur désir les poussait à faire.
VII 569
La vie s’éteignait en même temps que la soif, parce qu’ils mouraient en absorbant l’eau des fleuves, qui étaient souillés par les poisons.
VII 573-574
Certains se jetaient du haut des tours et des murailles pour échapper à la mort, et ainsi mouraient4 pour ne pas mourir.
256VII 575
Domus funesta : unusquisque putabat quod infortunium suum et loci sui sibi nocerent et hac de causa fugiendo vitabant domos suas et loca quam poterant, et ita ubique vagabantur morientes.
575-576*
575 suos : fugat Penates ; funesta : mortalis ; videtur : putatur. 576 causa : mortis ; latet : non est evidens.
VII 577
Dicit Eacus : ‘O tu, Cephale, si tu esses presens, aspiceres’.
577-581*
577 Semianimes : semimortui ; errare : pergere ; dum : quando ; volebant : vel ‘putabant’. 578 aspiceres : si tu esses ; alios : quosdam ; flentes : plorantes ; -que : et. 579 lapsaque : vel lassa et ; versantes : vertentes ; supremo : ultimo ; lumina : oculos. 580 -que : et ; pendentis : convexi ; tendunt : levant ; sidera : stellas. 581 hic : undique ; ubi : in quo ; deprenderat : ceperat ; exalantes : hanelantes.
VII 582-583
Dicit Eacus : ‘O tu, Cephale, quantum doloris pertuli com viderem ita meos cives mori ! In rei veritate volui mori, quia, ubicomque vertebam oculos, videbam mortuos meos cives’.
582-584*
582 Quid : quantum ; michi : in illo tempore ; quid : quantum. 583 ni : nisi ; cuperem : velle ; meorum : in moriendo sicut illi. 584 Quo se : themenssis est ; acies : visus ; oculorum : meorum ; illuc : ea parte dicit Eacus.
VII 585-586
Utitur actor comparatione dicens quod populus morte cadebat sicut poma putrefacta motu, sicut glandes vento labuntur agitate.
575 nocerent] noceret ms. | 577 Eacus] Egeus ms. | 581* ubi ex ibims. | 582-583 Eacus] Egeus ms.
257VII 575
Domus funesta (« la demeure funeste ») : chacun pensait que le malheur attaché à sa propre demeure lui était nuisible, et pour cette raison s’échappait de sa maison et des endroits qu’il habitait pour fuir le plus vite possible : ainsi ils mouraient en errant n’importe où.
VII 577
« Ô Céphale, dit Éaque, si tu avais été présent, tu aurais vu5. »
VII 582-583
« Ô Céphale, dit Éaque, quelle douleur ai-je ressentie en voyant mes concitoyens mourir ainsi ! J’aurais vraiment voulu mourir, parce que, partout où je tournais mes regards, je voyais mes concitoyens morts. »
VII 585-586
L’auteur utilise une comparaison quand il dit que les gens tombaient morts comme au moindre mouvement tombent les fruits pourris, ou les glands secoués par le vent.
258585-586*
585 vulgus : parvus populus ; stratum : mortuum ; veluti : sicut sit ; putrida : putrefacta. 586 Agitate : et sicut fit com commote ; ylice : quercu.
VII 587
Templa : adhuc exequitur actor.
587* vides :‘o Cephale’ ; contra : a contrario ; celsis : vel ‘magnis’.
|f. 109v|
VII 588-592
De narratione Eaci ad Cephalum, quomodo narrabat sibi de morte civium suorum et monstravit illis templum Iovis in quo antiqui sacrificia faciebant.
588-592*
588 illa : templa. 589 irrita : vana ; thura : sacrificia ; dedit : quasi omnes ; Quociens : quasi dicat ‘multociens’ ; coniuge : marito ; coniunx : sponsa. 590 nato : suo ; genitor : pater quisquis esset ; dum : quando. 591 exoratis : perfecte precatis ; animam : vitam. 592 manu : sua ; thuris : sacrificii ; inconsumpta : incombusta ; reperta est : inventa ; quia perfecta sacrificia non erant antequam morientur.
VII 593-594
Moris erat antiquitus quod vinum fundebatur et lavabant vino tempora animalium ut odorem virtutum demonstrarent.
593-595*
593 Admoti : additi thuris ; dum : quando ; vota : preces. 594 concipit : facit ; fundit : ponit ; purum : mundum ; cornua : tauri. 595 haut : non ; expectato : putato ; ceciderunt : mortui fuerunt.
VII 596
‘ Pro me − dicit Eacus −, quia primo sanitate indigebam ; Patria, quia pro salute civium sacrificabam ; pro tribu, idest pro cognatis et nepotibus ; pro natis, pro tribus filiis meis, et sic quaternum officium vel sic sacrificium faciebam’.
592* incombusta] com combusta ms. morientur] morentur ms. | 593-594 fundebatur] fundabatur ms. | 596 idest ex quasi idest ms.
259VII 587
Templa (« les temples ») : l’auteur continue encore le récit.
|f. 109v|
VII 588-592
Récit d’Éaque à Céphale, de la façon dont il lui racontait la mort de ses concitoyens, et lui montra le temple de Jupiter dans lequel les anciens faisaient les sacrifices.
VII 593-594
L’usage était dans l’antiquité de répandre du vin et de laver avec ce vin les tempes des animaux pour leur donner l’odeur des bonnes choses.
VII 596
« Pro me (« pour moi »), dit Éaque, parce que pour la première fois ma santé était faible ; Patria(« pour ma patrie ») : parce que je sacrifiais pour le salut des citoyens ; pro tribu (« pour la tribu ») : c’est-à-dire pour mes parents et mes descendants ; pro natis (« pour mes fils ») : pour mes trois fils, et ainsi je remplissais une quadruple fonction, ou faisais un quadruple sacrifice. »
260VII 596-597
Quomodo Eacus Iovi sacrificavit
596-598*
596 ego : Eacus ; Iovi : patri meo ; me : pro ; -que : et ; tribu : pro. 597 natis : pro ; mugitus : voces ; victima : sacrificium ; duros : vel ‘diros’. 598 edidit : dedit ; subito : cito ; collapsa : cadens ; ullis : aliquibus.
VII 599
Non poteramus considerare per fibras, ut moris est, quid dei volebant facere vel proponebant. Exiguo sanguine, quia in morte corpus infrigescit et in frigiditate corporis sanguis congelatur et ita nescit deffluere.
599-603*
599 exiguo : parvo ; subiectos : subditos ; sanguine : suo. 600 fibraque : vena et ; notas veri : noticia veritatis ; -que : et. 601 perdiderat : non noverat monstrare ; penetrant : perveniunt. 602 sacros : sacratos ; vidi : ego. 603 quo : quanto ; foret : esset ; invidiosior : odiosior vel miserabilior.
VII 604-605
Quia partim homines se suspendebant, partim se precipitabant.
604-607*
604 Pars : gentis ; animam : vitam ; claudunt : vel (clau)dit. 605 ultro : sponte ; fata : mortem. 606 missa : data ; neci : morti ; nullo : vel (nul)lis ; feruntur : portantur. 607 neque : quia non ; enim : certe.
VII 608
Quia tanta erant corpora mortuorum quod non poterant pro multitudine inhumari. Indotata : sine exequiis.
608* aut : vel ; inhumata : non interrata.
VII 609-610
Dives, pauper, nobilis, ignobilis, viri, mulieres, iuvenes, senes in terra nullo ordine ponebantur. Deque rogis, quia antiquitus quodlibet corpus mortuum suo igne cremabatur.
604* vitam ex vita ms. | 606* nul(lis)] dis ms.
261VII 596-597
Comment Éaque sacrifia à Jupiter
VII 599
Nous n’avions pas pu, comme d’habitude, examiner les viscères des animaux pour savoir ce que les dieux voulaient ou proposaient de faire. Exiguo sanguine (« peu de sang ») : parce que le corps une fois mort se refroidit et que ce froid fige le sang qui ne peut donc plus s’écouler.
VII 604-605
Parce que les hommes se pendaient, ou se jetaient (dans le vide).
VII 608
Parce qu’il y avait tant de cadavres qu’on ne pouvait pas les enterrer, ils étaient trop nombreux. Indotata (« sans recevoir les derniers honneurs ») : sans funérailles.
VII 609-610
Le riche, le pauvre, le noble, le vilain, les hommes, les femmes, les jeunes, les vieux, étaient posés en tas sur la terre. Deque rogis (« pour ce qui concerne les bûchers »), parce qu’autrefois tout corps mort était brûlé sur son bûcher.
262609* indotata : sine dote ; rogos : ignes ; Eciam : certe.
VII 611
Vagantur : dicebant antiquitus animas que sine honore sepeliebantur per centum annos vagari, unde Virgilius : « Centum erant annis habitantque hoc littore circum ».
611-613*
611 lacriment : plorent ; desunt : deficiunt ; vagantur : errant. 612 virum : veterum. 613 nec locus in tumulo : sufficit vel est.
VII 614-618
Oratio Eaci ad Iovem
Loqutus fuit Atheniensis Eacus de fortuna sua parva ; modo accedit ad fortunam bonam, quia dixerat superius : « Debile principium melior fortuna sequetur » (VII 511).
614-615*
614 Attonitus : ego Eacus ; turbine : peste. 615 si : quia ; loquuntur : dicunt gentes.
VII 616-620
[1]Ausopidos : extasis est ibi, vel quidam pes qui dicitur anapestus, contrarius daptilo, quia littera – pi – producitur scambiendo. [2] Iupiter com ea concubuit, ut superius patet, et hac de causa Iuno habebat illam in odio, quia pelex sua erat. [3] Ecce dis‹tinctio› : aut michi redde meos aut per mortem comitabor illos, unde versus : « Si verus pater es, si sum verus Iovis heres, / aut michi redde meos aut comitabor eos ». Ita fecit Eacus orationem suam Iovi. [4]Secundos, vel sequenti, quia primo fulgurat quam tonat ; licet velocior sit auditus quam visus, prius facit fulgetrum quam tonitrum, et ita dicit secundos.
616-620*
616 Amplexus : nexus concubitus ; quondam : antiquitus ; Ausopidos : filie Ausopi ; Egine : matris mee. 617 te : ‘o’ ; pater : Iupiter ; pudet : dedecet ; parentem : patrem. 618 redde : da ; meos : cives ; aut : vel ;
609* dote] doto ms. | 612* veterum] rerum ms. | 614-618 Atheniensis] Atheus ms. | 616-620.3 dis‹tinctio›] dis # ms. Iovi ex Iovis ms. | 616.4 fulgurat] surgerat ms. tonat] tenet ms.
263VII 611
Vagantur (« ils errent ») : on disait autrefois que les âmes qui n’étaient pas ensevelies avec les honneurs erraient pendant cent ans, comme le dit Virgile : « Elles errent depuis cent ans et habitent autour de ce rivage. »
VII 614-618
Prière d ’ Éaque à Jupiter
Éaque l’Athénien a parlé de sa pauvre destinée ; mais peu après il retrouve le bonheur, puisqu’il avait dit plus haut : « Le bonheur succède à un début malheureux. »
VII 616-620
[1]Ausopidos (« de la fille d’Asopus ») : il y a ici une ectasie, ou un pied appelé anapeste, le contraire du dactyle, parce que la syllabe -pi- est prononcée avec un allongement. [2] Jupiter coucha avec elle, comme le récit le révèle plus haut, et pour cette raison Junon la prit en grippe, parce qu’elle était sa rivale. [3] Voici le dilemme : « Aut michi redde meos » (« ou tu me rends mon peuple ») ou je les rejoindrai dans la mort, d’où les vers : « Si tu es vraiment mon père, si je suis vraiment l’héritier de Jupiter, ou tu me rends mon peuple ou je les rejoindrai ». Telle est la prière qu’Éaque adressa à Jupiter. Secundos (« seconds »), ou suivants, parce qu’il lance l’éclair avant de faire entendre le tonnerre ; bien que le bruit précède la vision, l’éclair précède le tonnerre, c’est pourquoi il dit « secundos ».
264quoque : similiter ; conde : absconde ; sepulcro : morti. 619 notam : signum ; fulgore : fulgetris ; -que secundos : et dedit. 620 Accipio : signa.
VII 621
Omen que das mihi pignoris omen, vel numen pignoris.
621* Que : signa.
VII 622
[1]Forte fuit : hic enarrat quomodo cives sibi restituti fuerunt et in quo loco vidit formicas et quomodo audivit responsa, dicens quod quercus erat iuxta templum de semine Dodoneo, id est de natura illarum arborum que crescunt in Dodona silva vel semen de quo illa arbor fuit ; venit de dona silva, ubi Iupiter dabat responsa per columpnas ereas vel columbas, quarum una volavit ad Delphon insulam, aliam Libiam, ad templum Hamonis. [2] Hic erant formice. Tunc petiit Iovem quatinus tantos et tot et talium morum cives sibi daret, et nocte veniente sompniavit et illos cives qui sibi dati fuerunt vidit a formicis mutari et exire, ut in textu continetur.
622-623*
622 Forte : id est casu ; patulis : templum ; rarissima : clara ; quercus : patulum est quod ad horam et locum patet, sic oculus. 623 Dodoneo : illius silve.
VII 624-626
De formicis
624-630*
624 hic : in quercu ; frugilegas : grana legentes ; aspeximus : vidimus. 625 grande : scilicet ; exiguo : parvo. 626 callem : iter vel limitem. 627 Dum : quando ; numerum : propter ; pater :‘o Iupiter’. 628 inania : vacua ; menia : civitatis ; supple : vel ‘reple’. 629 Intremuit : tremitum dedit ; ramis […] motis : et hoc dico ; flamine : vento. 630 dedit : fecit ; Pavido : timoroso ; membra : mea ; timore : sanguine.
622.1 arbor] arboris ms. | 622* rarissima] ratissima ms.
265VII 621
Omen que das mihi pignoris omen (« Le signe que tu m’envoies est pour moi comme un gage »), ou le gage de ta volonté.
VII 622
[1]Forte fuit (« Il y avait par hasard ») : ici il raconte comment ses concitoyens lui furent rendus et à quel endroit il vit des fourmis ; comment il comprit la réponse, qui lui disait qu’il y avait près du temple un chêne né de semine dodoneo (« d’un gland de Dodone »), c’est-à-dire de la nature de ces arbres qui poussent dans la forêt de Dodone, ou la semence dont cet arbre était issu ; le mot vient de dona, la forêt où Jupiter donnait ses réponses à travers des colonnes de bronze, ou par l’intermédiaire de colombes, dont l’une vola jusqu’à l’île de Delphes, une autre en Lybie, vers le temple d’Hamon. [2] Il y avait là des fourmis. Alors il demanda à Jupiter de lui rendre des citoyens aussi nombreux, aussi valeureux, aussi vertueux ; la nuit venue, pendant son sommeil, il vit les citoyens qui lui avaient été donnés à partir de la métamorphose des fourmis, dont ils provenaient, comme le texte le raconte.
622 quercus (« le chêne ») : est dilaté ce qui s’ouvre ainsi en temps et en heure, comme l’œil.
266VII 631-632
Hic demonstratur devocio illius. Spes est futurorum bonorum expectatio ex meritis et gratia proveniens.
631-632*
631 horruerant : horrida erant ; -que : et ; come : mee ; oscula : basia. 632 roboribusque : arboribus et ; fatebar : aliquid bonum esse.
VII 633
Sompnium Eaci
[ 1] Fovebam : ille fovet votum suum qui sperat illud quod sibi eveniet : ‘et servabam signum quod michi datum erat desuper, et tunc nox venit’. Nota |f. 110r| quod multis modis generantur sompnia : aliquando ita est, quod affectu volumptatis ita cor afficitur, com omnes sensus sint amici cordis quod nocte et die omnes sensus sibi famulantur, et sic quod optamus die, noctu videmus. [2] Aliquando cella fantastica ita ex humoribus et caloribus corporis ita degravatur quod sit sensibus quinque corporis coniuncta, quod totum corpus concitat et sensus ad operationes suas complendas et ad visa et audita preparatos recitanda. [3] Aliquando ex conturbatione spirituum, et sic aliquando tristamur, lugemus et cetera. Aliquando ex amonitione dyaboli, et sic turpia et mala operamur. Aliquando ex inspiratione divina, ut in sanctis, et aliquando pluribus aliis que sub istis quinque continentur.
633-637*
633 sperabam tamen : in rei veritate. 634 subit : venit ; exercita : usitata. 635 occupat : capit ; adesse : esse. 636 animalia : formicas. 637 ferre : portare.
VII 638-642
Mutatio formicarum in homines
Ecce quomodo fuerunt mutate formice in homines qui sue nature concordant.
632* esse] omne ms. | 633.2 coniuncta] coniucta ms. visa] ima ms. | 633.3 divina] divinis ms. | 638-642 mutate] mutati ms.
267VII 631-632
Ici est démontrée sa dévotion. L’espoir est l’attente d’un futur heureux qui provient des mérites et de la grâce.
VII 633
Songe d ’ Éaque
[1]Fovebam (« je caressais ») : il caresse son souhait celui qui espère que quelque chose lui arrivera. « Je gardais en esprit le signe qui m’avait été donné plus tôt, et la nuit vint. » Noter |f. 110r| que les songes surviennent de multiples façons : parfois il arrive que le cœur soit affecté d’une disposition de la volonté : comme tous les sens sont liés au cœur, ils sont à son service nuit et jour ; ainsi, ce que nous souhaitons le jour, nous le voyons la nuit. [2] Parfois la chambre de l’imagination est si accablée par les humeurs et la fièvre du corps qu’elle est reliée aux cinq sens, ce qui excite le corps tout entier et prépare les sens à accomplir leurs fonctions et à reproduire les choses vues et entendues. [3] Parfois cela vient de la perturbation des esprits : ainsi parfois nous sommes tristes, nous sommes en deuil etc. Parfois c’est dû à une intervention du diable, et ainsi nous commettons des actions honteuses et mauvaises. Parfois cela vient d’une inspiration divine, comme c’est le cas pour les saints ; et parfois c’est pour de nombreuses autres raisons qui sont contenues sous ces cinq sens.
VII 638-642
Métamorphose des fourmis en hommes
Voici comment les fourmis furent métamorphosées en hommes aux mêmes caractères qu’elles.
268638-644*
638 agmen : formicarum ; agris : campis. 639 crescereque : agmentari et ; videtur : vel ‘videntur’. 640 tollere : levare ; humo : a terra ; recto : videntur ; asistere : astare ; tronco : arboris. 641 et macie : videntur deponere ; numerum : multitudinem. 642 ponere : de(ponere) ; inducere : capere. 643 abit : recedit ; Dampno : criminor ego ; visa : sompnia ; queror : conqueror. 644 in superis : deis ; opis : auxilii ; ingens : magnum.
VII 645
[1] Moralitas talis est : Eacus interpretatur predicator, et dicitur ab – e –, quod est extra vel excelsum, et icos, quod est custos vel scientia, quasi ‘custos excellens’, vel ‘scientiam supernam’ ; bene vidit mori cives suos, id est peccatores descendere per peccata ad Inferos. [2] Iuno, id est mondus, eos occidebat, quia tantum erant dediti mondo quod de super celestibus non curabant. Ad quercum venit, id est ad tumulum predicationis fructuose ; ibi in predicatione sua cognovit multos qui, quasi formice, in terraneis erant dediti, quos fecit tam oratione quam predicatione et terrore − qui signatur per tonitrum − in homines converti, id est deum recognoscere macillentes propter penitenciam. [3] Parci propter paucitatem cibariorum tenent quesita, quia predicationis et amoris Dei recordantur. Ad bella sunt prompti ire quia temptationibus dyaboli viriliter resistunt.
645* hominum : gentium.
VII 646
Dissuetas dicit propter paucitatem civium, quia fere omnes mortui fuerunt, et, ubi paucitas hominum, ibi parvum murmur.
646-648*
646 dissuetas : non consuetas ; suspicor : credo ; quoque : similiter. 647 Telamon : proprium, filius meus ; reclusis : apertis. 648 fide : credulitate.
VII 649-651
Sicut in sompno vidi illos variari, sic variatos in aula cognovi.
269VII 645
[1] La moralité est la suivante : Éaque s’interprète comme le prédicateur, son nom vint de -e- qui signifie « extra » ou « excellent » et de icos, qui est « le gardien », ou « la science », donc pour ainsi dire « gardien excellent », ou « science supérieure ». Il voit bien mourir ses concitoyens, c’est-à-dire les pécheurs qui descendent aux enfers à cause de leurs péchés. [2] C’est Junon, à savoir le monde, qui les tuait, parce qu’ils se consacraient tant au monde qu’ils n’avaient cure des biens célestes. Éaque vient auprès du chêne, c’est-à-dire sur la tribune pour prêcher efficacement : dans cette prédication il en identifie beaucoup qui, comme des fourmis, se consacraient aux choses terrestres et qu’il réussit, à force de prières, de prédication, et en les effrayant – ce qui est signifié par le tonnerre –, à convertir en hommes, c’est-à-dire à ramener à Dieu et à amaigrir par la pénitence. [3] Économes parce qu’ils consomment peu, ils conservent les biens qu’ils ont acquis, c’est-à-dire qu’ils se souviennent de la prédication et de l’amour de Dieu. Ils sont prompts à faire la guerre parce qu’ils résistent virilement aux tentations du diable.
VII 646
Il dit dissuetas (« dont j’avais perdu l’habitude ») à cause du petit nombre de ses concitoyens, qui étaient presque tous morts : là où il y a peu de monde, il y a peu de murmures.
VII 649-651
De même que, dans mon rêve, je les ai vus se transformer, de même je les ai retrouvés métamorphosés dans ma cour.
270649-651*
649 Egredere : exi ; egredior : exeo ; ymagine : dormiendo. 650 vidisse : sompniasse. 651 adeunt : petunt ; regem : me.
VII 652-654
Quia Iupiter, pater meus, tanta bona mihi contulit, laudavi illum et sacrificia iterum preparavi et civitatem mansionesque vacuas illis dictis Mirmidonibus corde dedi.
652-654*
652 solvo : reddo ; -que : et ; recentibus : novis ; urbem : civitatem. 653 partior : do ; priscis : antiquis. 654 Mirmidonas : sic ; nomina : sua.
VII 655
Corpora vidisti : ‘O Cephale, nichil de corporibus dicam, sed de moribus : sunt enim acquirentes laborem pacientes, bene conservantes que acquirunt ; parvi nigri sunt sicut formice’, et hoc est totum secundum rei veritatem, quare finguntur esse creati a formicis propter proprietates et similitudines quas habuerunt com illis.
655-660*
655 Corpora :‘o Cephale’ ; gerebant : habebant ; quia Mirmidon dicitur formica. 656 nunc : in presenti ; genus : suum ; -que : et. 657 tenax : est conservans ; que : vel ‘quod’. 658 Hii : milites ; annis : etate ; -que : ausu. 659 primum : cito ; attulit : aportavit ; Eurus : ventus est. 660 Eurus ; dicit Ovidius ex parte pro te ; attulerat : apportaverat ; mutatus : conversus.
VII 661-663
Com ita narrasset Eacus de mutatione formicarum in homines, tunc discubuerunt, postea cubuerunt, die adveniente convenerunt, nec redierunt, quia ventus erat contrarius illis.
271VII 652-654
Parce que Jupiter, mon père, m’avait accordé de si grands bienfaits, je le louai et lui préparai de nouveaux sacrifices. Puis je donnai de tout cœur la cité et les maisons vides à ces Mirmidons dont il est question.
VII 655
Corpora vidisti (« Tu as vu leurs corps ») : « Ô Céphale, je ne dirai rien de leurs corps, je parlerai de leurs mœurs : ils s’enrichissent par leur travail patient, ils savent conserver ce qu’ils ont acquis ; ils sont petits et noirs comme des fourmis. » Tout cela est entièrement conforme à la vérité, c’est pourquoi on imagine qu’ils ont été créés à partir de fourmis, parce qu’ils ont des caractéristiques semblables à celles des fourmis.
655 Parce que le Mirmidon est, dit-on, une fourmi. 660 Eurus (« l’Eurus »), dit Ovide en aparté pour expliquer « toi ».
VII 661-663
Comme Éaque avait ainsi raconté la métamorphose des fourmis en hommes, ils prirent place à table. Ensuite ils se couchèrent et, le jour venu, ils se rassemblèrent, mais ne purent faire le voyage de retour, parce que le vent leur était contraire.
272661-664*
661 Talibus : supradictis. 662 lucis : diei ; ultima : suprema. 663 nox : est data ; Iubar : die crastina ; extulerat : levaverat. 664 Eurus : ventus ; -que : et ; vela tenebat : quia ventus erat contrarius.
VII 665-667
Ad Cephalum. Construe : sati Pallante, scilicet Clitus et Butes conveniunt ad Cephalum. Cephalus cui grandior etas – erat suple – et predicti sati Pallante, scilicet Clitus, Butes, conveniunt ad regem, scilicet Eacum, quasi dicat : ‘Clitus et Butes venerunt ad dominum suum Cephalum et Cephalus venit com illis, ut viderent Eacum regem, cui etas grandior erat quam aliis’.
665-667*
665 Cephalum : dominum suum ; cui : Cephalo. 666 regem : Eacum ; Cephalus : proprium ; creati : Clitus et Butes. 667 regem : Eacum ; sopor : dormitio ; altus : perfectus.
VII 668-671
Preparatio hominum Eaci ad bellum
Com venisset Cephalus et sui socii ut regem Eacum viderent iterum, Phocus, filius Eaci, illos honorifice recepit in camera vel aula pulchra eo quod rex adhuc dormiebat, quia Thelamon et suus frater preparabant milites ad prelia quibus impediti erant ab illis et com illis sedit ut loqueretur ne illos cederet.
668-671*
668 Excipit : recipit ; Eacides : filius Eaci ; limine : camera ; Phocus : proprium. 669 nam : quia ; Thelamon : proprium ; fratres : vel ‘(frat)e(r)’ ; viros : milites ; ad bella parabant : ut pecierat Cephalus. 670 Phocus : proprium ; recessus : cameras. 671 Cicropidas : Athenienses ; quis : id est quibus.
VII 672-675
Admiratio Phoci pro iaculo
[ 1] Aspicit : ita excepit Phocus Cephalum et tunc confabulatus est, dum illi sederent. [2]Pauca : antequam quereret de iaculo, mediis
664* ventus] vetus ms. | 668-671 recepit] recepi ms. impediti] impetiti ms.
273664 vela tenebat (« il retenait les voiles ») : parce que c’était un vent contraire.
VII 665-667
Ad Cephalum (« auprès de Céphale »). Construire : Sati Pallante (« les fils de Pallas »), à savoir Clytus et Butès, conveniunt ad Cephalum (« se rendent auprès de Céphale »), Cephalus cui grandior aetas – suppléer « erat » (« qui était leur aîné »), et les dits sati Pallante (« fils de Pallas »), à savoir Clytus et Butès, conveniunt ad regem (« se rendent auprès du roi »), à savoir Éaque ; autrement dit Clytus et Butès vinrent trouver leur seigneur Céphale et Céphale vint avec eux voir le roi Éaque cui etas grandior erat (« qui était plus âgé ») que les autres.
VII 668-671
Les hommes d ’ Éaque se préparent à la guerre
Comme Céphale était venu avec ses compagnons retrouver le roi Éaque, Phocus, le fils d’Éaque, les reçut avec les honneurs dans une chambre ou dans la belle salle de la cour, parce que le roi dormait encore, et que Télamon et son frère préparaient les soldats pour les combats dont on les avait chargés ; Phocus s’assit avec eux pour parler et ne pas les laisser seuls.
VII 672-675
Phocus admire le javelot (de Céphale)
[ 1] Aspicit (« Il regarde ») : ainsi Phocus accueillit Céphale et se mit à parler avec lui, tandis qu’ils s’asseyaient. [2]Pauca (« peu de (mots) ») : avant de poser des questions au sujet du javelot, mediis (« au milieu »)
274sermonibus, id est communibus verbis, sicut solet fieri in adventu aliquorum, vel mediis, in adventu Cephali antequam quereret de iaculo, vel mediis, idest pro versu alibi, quia dicitur versus : « Querens nescita fertur fore lingua perita ».
672-676*
672 Eolyden : Cephalum ; ignota : non cognitum. 673 ferre : portare ; iaculum : quoddam. 674 pauca : verba. 675 studiosus : id est curiosus ; ferine : sum curiosus ferarum. 676 recisum : factum.
VII 677-678
Licet dixerim quod sum studiosus, tamen dubito neque de fraxino neque cornu, quia fraxinus est arbor alba, cornus arbor nodosa, et, quamvis e duabus non sit, numquam vidi pulcrius.
677-680*
677 iamdudum : penitus. 678 fulva : candida ; foret : esset ; si cornus : esset ; nodus : nodosum ; inesset : esset. 679 Unde : ex qua arbore ; ignoro : nescio ; formosius : pulcrius ; isto : iaculo. 680 iaculabile : apertum ad iaculandum.
VII 681
E fratribus : scilicet unus e duobus filiis Pallantis, vel Clitus vel Butes.
681-682*
681 Excipit : loqui incipit ; Atheys : Atheniensibus ; alter : quidam ; usum : utilitatem. 682 specie : pulcritudine ; mirabere : laudabis ; isto : iaculo.
|f. 110v|
VII 683-684
Quasi diceret : ‘Non casu vadit, sed certe percutit quodcomque insequitur’ ; nullo referente, quia nemo possidet.
683-684*
683 consequitur : occidit ; -que : et ; missum : iactatum. 684 et : quia ; revolat : revenit ; referente : reportante ; cruentum : cruentatum.
275de la conversation, c’est-à-dire des paroles échangées entre eux, comme cela arrive d’habitude quand on accueille des hôtes ; ou mediis (« au milieu »), c’est-à-dire selon un vers qu’on lit ailleurs. Parce que le vers est, dit-on : « On dit que la langue serait habile à questionner sur des faits ignorés ».
VII 677-678
J’ai dit que j’aimais la chasse ; cependant je me demande (de quel bois il est fait) : il n’est ni en frêne ni en cornouiller, parce que le frêne est un arbre blanc, le cornouiller un arbre noueux et, bien qu’il ne soit fait d’aucun de ces deux bois, je n’en ai jamais vu de plus beau.
VII 681
E fratribus (« des frères ») : c’est-à-dire l’un des deux fils de Pallas, ou Clytus ou Butès.
|f. 110v|
VII 683-684
En d’autres termes : « Il ne va pas au hasard, mais frappe de façon sûre ce qu’il cherche à atteindre », et personne ne le renvoie, parce que personne ne s’en empare.
276VII 685-686
Com audisset iuvenis Nereius, id est Phocus, filius Labate, filie Nerei, vel Psal‹mate›, filie Nerei, loqui de tanta utilitate, quesivit qua de causa, et unde venit et quis tale donum contulit.
685-686*
685 vero : certe ; iuvenis : Phocus ; Nereius : de genere Nerey ; omnia : vera ; querit : inquirit. 686 cur : ita ut dicitur ; unde : qua de causa ; quis : fuit ; tanti : fuit ; muneris : doni.
VII 687
Pudore silet, quia aurora dederat propter stuprum quod erat sibi turpe dicere, vel nota pudore, id est ad pudorem, scilicet quam mercedem habuerit Procris, que dedit illi, quia eam interfecit.
687-689*
687 Ille : Cephalus. 688 qua : scilicet ; tulerit : habuerit ; silet : celat ; -que : et. 689 coniugis : id est sponse sue, scilicet Procris perdite ; fatur : loquitur.
VII 690
Confabulatio Cephali ad Phocum de Procri uxore sua
[ 1] Hoc me : incipit Cephalus plorans narrare de infortunio suo, et est fabula talis : Eritheus habuit duas filias, Procrim et Orichiam. Boreas rapuit Orichiam, ut alibi habetur antea. Cephalus iste habuit amore et pro connubio Procrim. [2] Com aliquo tempore pacifice pariter fuissent, Aurora adamavit Cephalum inventum in silvis ; in venatione ille voluit sibi consentire, qua de causa com rediret, incepit esse zelotipus, et ad ultimum, ut in textu continetur, coegit illam, quia se finxerat et vultum mutaverat, muneribus promissis multis, dubitare utrum ei famularetur an non. [3] Tunc ostendit se esse maritum suum. Illo dolens facta fuit et fugit et venatrix facta fuit ; tamen Cephalus, dolens graviter, illam tantum peciit et diu vixerunt pacifice, et tunc dedit illi iaculum et canem quem Diana illi dederat, qui universa que petebat occidebat,
685-686 Labate ex Labante ms. Psal‹mate›] sal# ms. utilitate] militante ms. | 690.1 connubio] connubia ms. | 690.3 quem] quos ms. petebat] petebant ms. occidebat] occidebant ms.
277VII 685-686
Comme Juvenis Nereius (« le jeune héros, petit-fils de Nérée »), c’est-à-dire Phocus, fils de Labate ou Psamathée, la fille de Nérée, avait entendu parler d’une si grande utilité, il demanda pour quelle raison (le javelot avait été donné), d’où il venait et qui avait conféré un tel don.
VII 687
Il se tait par pudeur, parce que l’Aurore le lui avait donné en récompense de ses relations coupables avec elle, et qu’il avait honte de le dire. Ou nota pudore (« révélant sa honte »), c’est-à-dire par honte, celle (de dire) quelle récompense reçut Procris, qui le lui avait donné, parce qu’il la tua.
VII 690
Céphale parle à Phocus de son épouse Procris
[1]Hoc me (« Ce (javelot) me… ») : Céphale commence à raconter son malheur en pleurant. La fable est la suivante : Érithée eut deux filles, Procris et Orithye. Borée enleva Orithye, comme un autre récit le raconte plus haut. Céphale tomba amoureux de Procris et la reçut en mariage. [2] Ils vécurent en paix ensemble pendant quelques temps. Mais Aurore tomba amoureuse de Céphale qu’elle rencontra alors qu’il chassait dans les forêts. Il refusa de la satisfaire, et pour cette raison, pendant qu’il revenait chez lui, elle le rendit jaloux. Finalement, comme le raconte le texte, déguisé et le visage transformé, il poussa Procris, à force de multiples promesses de cadeaux, à se demander si elle lui cèderait ou non. [3] Alors il révéla qu’il était son mari. Elle en souffrit et s’enfuit, devenant chasseresse. Cependant Céphale, accablé de douleur, la supplia tant qu’ils vécurent longtemps en paix. Procris lui donna un javelot et un chien, dont Diane lui avait fait présent et qui tuaient tout ce qu’ils cherchaient à atteindre.
278et hoc potest esse veritas totum, quia canis optimus erat atque citus, iaculum optimum et dirum et rectum atque crudum, et illa erat sagitatrix optima, sed continetur de cane quomodo mutatus fuit.
690-692*
690 nate :‘O Phoce’ ; quis : interposicio est. 691 flere : plorare ; -que : plorare ; diu : longe. 692 Dederint : concesserint ; hoc : celum ; coniuge : Procri.
VII 693
Quia melius amassem quod nonquam vidissem, quia forte uxor mea non mortua esset, forte audivisti citius famam Orichie, quia maioris fame erat, quamvis non esset pulcrior.
693-699*
693 perdidit : occidit ; utinam : vellem ; munere : dono. 694 Procris erat : uxor mea ; si forte : nescio – dicit Cephalus – si Orichia pervenit ad aures. 695 Orichia : proprium ; soror : fuit ; Orichie : proprium. 696 faciem : pulcritudinem ; -que : et ; conferre : comparare ; duarum : scilicet Procris et Orichie. 697 ipsa : Procris ; hanc : si vis Procrim ; iunxit : thalamo ; Eritheus : proprium. 698 hanc : Procrim ; felix : beatus ; -que : et. 699 visum : placuit ; quoque : in presenti.
VII 700
Quia secundo mense a sponsalibus, expulsa fuit uxor mea a me, quamvis non vellem.
VII 701-704
Amor Aurore com Cephalo
700-706*
700 Alter : secondus. 701 cornigeris : cornua gerentibus ; rethia : mea ; silvis : cervis. 702 vertice : monte ; summo : alto ; Hymeti : montis, proprium. 703 pulsis : et hoc dico ‘fugatis’. 704 invitum : contra volumptatem ; capit : me ; Liceat : licitum sit ; refferre : dicere. 705 pace : silva ; dee : Aurore ; quod : quia ; roseo : nobili ; spectabilis ore : rubicondo nobilis. 706 lucis : confinia ; teneat : quod ; confinia : proximitates.
crudum] crudens ms. illa] illo ms. | 700 a me] ante ms.
279Cela peut être totalement vrai, parce que le chien était excellent et rapide, et que le javelot était excellent aussi, redoutable, direct, terrible. Et elle était une excellente archère. Mais le récit raconte comment le chien fut métamorphosé.
690 quis (« qui ») : c’est une incise.
VII 693
Parce que j’aurais préféré ne l’avoir jamais vu, et que ma femme serait peut-être encore vivante. Tu as peut-être entendu plutôt parler d’Orithye, dont la renommée était plus grande, bien qu’elle ne fût pas plus belle.
694 si forte (« si par hasard ») : je ne sais – dit Céphale – si le nom d’Orithye est parvenu à tes oreilles.
VII 700
Parce que, deux mois après le mariage, je chassai ma femme sans le vouloir.
VII 701-704
Amour d ’ Aurore pour Céphale
280VII 707-713
Amor Cephali ad sponsam suam
Mota, dicit Cephalus. Com Aurora audisset quod ullam amaret preter quam Procrim, irata fuit valde et dixit : ‘Habe Procrim, quia tempus veniet quo noluisses habere illam’.
707-715*
707 nectareis : odoratis ; alatur : nutriatur ; ego : quamvis ita essem. 708 Pectore : cogitatione ; ore : loqutione. 709 thori : maritagii ; coitus : puellaritatem ; thalamos : cameras ; recentes : novos. 710 deserti : relicti ; referebam : narrabam ; federa : amores. 711 mota : com(mota) pro talibus ; dea est : Aurora ; siste : desine ; ingrate :‘o’. 712 Quod : sed ; providamens : sapiens cogitatio. 713 voles : aliquo tempore ; -que : et ; illi : Procri ; irata : Aurora. 714 Dum redeo : quando venio ; memorata : opera et dicta ; retracto : recordor. 715 metus : timor ; quin : quod non ; iugalia : maritalia.
VII 716
‘Quia pulcra erat et iuvenis et sic moris est quod pulcre et iuvenes sunt meretrices, timui ne illa esset adultera’.
716* servasset : custodisset ; Facies : sua, Procris.
VII 717
‘Quamvis etas et pulcritudo credere facerent illam incastam, tamen optime morigerata erat et mores prohibebant credere adulterium. Illa Aurora mihi dabat exemplum ut crederem omnes esse sibi similes pravitate’.
717-718*
717 credere : quod adulterium ; prohibebant : vetabant ; credere : me adulterium ; mores : sui. 718 affueram : defeceram ; et : etiam ; unde : a quo ; redibam : veniebam.
VII 719
Exemplum : ‘Sicut credebam de Aurora, ita timebam de Procri’.
707-713 amaret] amorem ms. fuit ex fuit s ms. noluisses] voluisses ms. 717 credere facerent] crederent facere ms. morigerata] inoriginata ms.
281VII 707-713
Amour de Céphale pour sa femme
Mota (« émue »), dit Céphale. En apprenant qu’il n’aimerait aucune autre femme que Procris, elle fut très en colère : « Habe Procrim (« Garde Procris »), dit-elle, parce que le temps viendra où tu regretteras de l’avoir gardée ».
VII 716
« Parce qu’elle était belle et jeune, et qu’il est habituel que les femmes jeunes et belles deviennent débauchées, je craignis qu’elle ne fût adultère. »
VII 717
« Bien que sa jeunesse et sa beauté fissent penser qu’elle était impudique, elle avait des mœurs excellentes, qui empêchaient de croire à l’adultère. Mais Aurore me donnait l’exemple qui me poussait à croire que toutes les femmes étaient dépravées de la même façon. »
VII 719
Exemplum (« l’exemple ») : « comme je le croyais pour Aurore, je le craignais pour Procris. »
282719-722*
719 criminis : facti criminosi ; cuncta : omnia ; amantes : nos existentes. Nota, unde alibi : « res est solliciti plena timoris amor » (Epist. I 12). 720 quod : per quod ; doleam : ego ; statuo : volo ; pudicam : castam. 721 solicitare : commovere ; fidem : fidelitatem ; favet : concedit ; Aurora : dea illa. 722 immutat : intus me mutat ; sensisse : percepisse.
VII 723
Deceptio Procris a marito
‘Quia Aurora mutavit vultum meum, et percepi, tunc intravi civitatem non cognitus ab aliquo’. Athenas palladias, a Pallade nominatas.
723-726*
723 Palladias : a Pallade cultas ; ineo : intro ; cognoscendus : ego non ; Athenas : civitas. 724 ingredior : intro ; domum : meam ; culpa : crimine ; domus : sponsa. 725 -que : et ; dabat : faciebat michi ; domino : suo ; anxia : tristi. 726 aditus : accessus ; Erithida : filiam Erithei.
VII 727-729
Loquitur Cephalus ad Phocum
‘Multum eram curiosus ut illam deciperem, et tamen temptavi quoadusque pene quod putaveram reliqui’. Fide potest dici pro fidei.
727-729*
727 ut : postquam ; meditata : cogitata. 728 fide : fidei ; me : quod ; quin : non ; faterer : dicerem. 729 quin : quod non ; oportuit : convenit ; oscula : basia ; ferrem : darem.
VII 730-731
Dictum fuerat illi quod Aurora me adamabat et rapuerat me, et hac causa erat tristis.
719* criminosi] criminos ms. plena] plana ms. | 722* mutat] muta ms. | 723* ego non] egno ms. | 725* michi] me ms. | 730-731 adamabat] (?)damabat ms.
283719 À noter. D’où, ailleurs : « l’amour est une chose pleine de crainte et d’inquiétude ».
VII 723
Procris est trompée par son mari
« Comme Aurore avait transformé mon visage, je m’en aperçus, et ainsi entrai dans la cité sans être reconnu par personne. » Athenas Palladias (« Athènes chère à Pallas »), qui tenait son nom de Pallas.
VII 727-729
Céphale parle à Phocus
« J’étais très désireux de la tromper, et cependant je la tentai jusqu’au moment où je faillis abandonner ce que j’avais imaginé. » Fide(« par fidélité »), peut être mis pour fidei (« de fidélité »).
VII 730-731
On lui avait dit qu’Aurore m’aimait et m’avait enlevé, c’est pourquoi elle était triste.
284730-731*
730 Tristis : irata Procris ; nulla : non ulla mulier ; formosior : pulcrior ; illa : Procri. 731 tristi : irata ; desiderioque : amore et ; calebat :‘Quia tristis erat eo quod me sponsum suum perdiderat, et sic calebat, et tunc pulcrior erat, quia color suus inflamabatur ab ira com candore’.
|f. 111r|
VII 732-733
Phoce collige, quasi dicat : ‘In illa dolente tantus decor erat quod multa magis erat pulcrior quando leta erat, quia ira deturbat faciem hominis’.
732-733*
732 coniugis : mei sponsi ; amissi : perditi ; collige : cogita. 733 Phoce :‘o’ ; decor : pulcritudo ; quam : quantum.
VII 734-736
Uni soli mea gaudia, id est meum solacium ubicumque sit, sive raptus sive non. Cui (737), quasi dicat : ‘Nonne deberet istud sufficere sic ? Tamen non suffecit, ymo ad ultimum coegi dubitare’.
734-736*
734 quotiens : certe multociens ; pudici : casti. 735 reppulerant : respuerant ; quociens : certe multociens ; uni : soli. 736 servor : ego ; uni : soli ; gaudia : solacium corporis.
VII 737-738
‘Certe omnibus deberet sufficere quod sic repellebat me’.
737-741*
737 fide : id est fidei ; sano : fideli vel sano ab amore illicito. 738 et : sed. 739 vulnera : dampna ; dum : quando ; census : divicias ; loquendo : iacendo. 740 muneraque : dona et ; augendo : augmentando ; tandem : ad ultimum ; coegi : quia forte dixit : ‘Ego nescio utrum faciam ; non auderem, quia forte amicus meus veniret et maritus’. 741 pacta : promissa ; pactus : promissus ; adulter : ego.
285731 tristis erat (« elle était triste ») parce qu’elle m’avait perdu, moi, son époux, et ainsi calebat (« elle brûlait »), et elle était alors plus belle, parce que son teint s’enflammait d’une blancheur éclatante à cause de sa colère.
|f. 111r|
VII 732-733
Phoce collige (« Phocus, conclus »), en d’autres termes : « Elle était si belle dans la souffrance, que sa beauté était beaucoup plus grande dans le bonheur, car la colère déforme les traits du visage humain ».
VII 734-736
Uni soli mea gaudia (« pour un seul mes joies »), c’est-à-dire ma consolation ubicumque sit (« où qu’il soit »), qu’il soit absent ou non. cui (« à qui »), en d’autres termes « Est-ce que cela ne devrait pas suffire ? Pourtant cela ne me suffit pas, mais je m’efforçais de la faire douter enfin. »
737 sano (« à quelqu’un de sain ») : de fidèle ou d’exempt d’un amour illicite.
VII 737-738
« Certes le fait qu’elle me repoussait ainsi devrait suffire à quiconque. »
740 coegi (« je la pousse ») : parce que peut-être elle dit : « je ne sais que faire ; je n’oserais pas, parce que mon ami, mon mari, pourrait venir ».
286VII 742-743
Interceptio Procris a Cephalo
Com se percepisset decipi, nichil contra loquta fuit, quia percepit maritum suum, unde tristis facta fuit.
742-743*
742 coniunx : maritus ; me : dixi ‘o’ ; teneris : caperis. 743 Illa : Procris ; nichil : dixit ; pudore : dedecore.
VII 744-745
Fuga Procris
‘Dum illam dubitare muneribus coegi, eclamavi et faciem meam monstravi et convicia aliqua de infortunio suo sibi dixi, unde tristis fuit et incepit fugere pro dolore tam patriam quam maritum’.
744-746*
744 invidiosa : odiosa ; malo : malicia ; coniuge : me sponso ; limina : domum ; vittat : fugit. 745 offensaque : propter offensam et ; virorum : hominum. 746 errabat : pergebat ; operata : vel ‘operosa’.
VII 747-756
Recedente illa, dicit Cephalus : ‘Ego fui vulneratus ab amore et tantum excusavi illam de negocio facto, unde concordia mota fuit et pacificatum est, et mihi dedit canem et iaculum’.
748-751*
748 orabam : petebam ; peccasse : me ; fatebar : dicebam. 749 potuisse : dicebam ; datis : donis vel donatis ; procumbere : inclinari ; culpe : peccato. 750 quoque : similiter ; muneribus : donis ; munera : dona ; tanta : tam magica. 751 Hoc : supradicto ; concesso : vel ‘confesso’ ; pudorem : castitatem.
VII 752
Regressus Procris
Visum fuit illi quod donum parvum erat.
287VII 742-743
Procris est trompée par Céphale
Comprenant qu’elle avait été trompée, elle ne répondit rien pour se défendre : elle reconnut son mari, et fut emplie de tristesse.
VII 744-745
Fuite de Procris
« Comme je l’avais poussée à hésiter par mes présents, je me mis à crier en dévoilant mon (vrai) visage et la couvrit d’injures sur son malheur, ce qui l’emplit de tristesse : la douleur la fit fuir sa patrie et son mari. »
VII 747-756
Comme elle était revenue, Céphale dit : « J’avais été blessé par l’amour et lui présentai tant d’excuses pour cette affaire, que la concorde et la paix se firent entre nous : elle m’offrit un chien et un javelot ».
VII 752
Retour de Procris
Elle avait l’impression que c’était un petit présent.
288752-754*
752 redditur : coniungitur ; concorditer : pacifice ; egimus : perfecimus. 753 preterea : ad ultimum ; tamquam : quasi. 754 canem : scilicet ; munus : donum ; quem : canem ; sua : domina ; uni : illi.
VII 755
Fatatum erat de cane quod omnia que sequeretur caperet. Fatatum erat de fera quod numquam ab aliquo caperetur.
755-758*
755 Cincia : Diana ; superabit : vincet ; omnes : res currentes. 756 cernis :‘o Phoce’. 757 Muneris : scilicet canis ; requiris : interrogas. 758 Accipe : audi.
VII 759-760
Precipitatio Themis de Thebana ‹ rupe ›
[1]Naiades solvunt carmina : hic incipit Cephalus narrare de cane suo et de infortunio suo. Themis vaticinatrix fuit, que, consulta de patrio genere, dixit sibi hoc problema. De quo Themis nescivit dare responsum, unde erat precipitata et confusa. [2] Illud misterium erat hoc problema : ‘Quoddam animal est quod primo est quadrupes, postea tripes, postea bipes, post quasi unipes et iterum bipes et postea tripes et postea quadrupedes ?’. [3] Naiades exposuerunt hominem esse qui, quando nascitur, vacillat, postea adiutorio aliquo adiutus, incedit ; iterum impetu iuventutis appropinquante sic bipes ; post virtuosus videtur unipes et ita per senectutem revertitur ad ordines sui itineris precedentes. [4] Sibilla dedit aliud problema tale de cane et fera que vastabat thebana arva : duo erunt in campo, unus fugiet, alter sequetur ; alter capiet, alter capietur ; alter vincet, alter vincetur ; alter vivet, alter morietur. [5] Quia uterque mutatus fuit, Naiades exposuerunt ; Themis nescivit et sic ymagine sue erant precipitate, unde irata misit feram que arva thebana devastavit.
759* Carmina : problemata ; priorum : avorum vel vaticinatorum.
753* preterea]petereams. | 755 fera ex fara ms. | 759-760tit. Thebana ‹rupe›] Thebana ms. | 759-760.1 patrio genere] patrigenie(?) ms. | 759-760.2 bipes1ex bispes ms. | 759-760.3 qui quando] quidem ms. vacillat] quatillat ms. adiutorio] adiutoria ms. bipes] bibes ms. | 759-760.4 alter2] venter ms. alter3] venter ms. alter4] venter ms. alter5] venter ms. alter6] venter ms. alter7] venter ms.
289VII 755
On avait prédit de ce chien qu’il attraperait tout ce qu’il poursuivrait. On avait prédit de la bête sauvage qu’elle ne serait attrapée par personne.
VII 759-760
Thémis 6 est précipitée du haut d ’ un rocher de Thèbes
[1]Naiades7 solvunt carmina (« Les Naïades expliquent les formules ») : ici Céphale commence à raconter l’histoire de son chien et de ses malheurs. Thémis était une prophétesse qui, consultée sur une question d’origine, répondit que c’était une énigme pour elle. Comme elle ne savait pas répondre, elle fut confondue et précipitée dans le vide. [2] Ce mystère était l’énigme suivante : « Quel animal marche d’abord sur quatre pattes, puis sur trois, puis sur deux, puis semble marcher sur une seule patte, puis marche de nouveau sur deux, puis sur trois, puis sur quatre ? » [3] Les Naïades expliquèrent qu’il s’agissait de l’homme qui, quand il naît, ne tient pas debout, puis réussit à marcher avec l’aide de quelqu’un ; puis, à l’approche de la jeunesse impétueuse, il marche sur deux jambes ; puis, plein de vigueur, il semble marcher sur une seule jambe, puis, la vieillesse le fait revenir dans l’ordre à ses façons de marcher précédentes. [4] La Sybille proposa une autre énigme du même ordre à propos du chien et de la bête qui dévastait la campagne thébaine : « Ils seront deux dans un champ, l’un fuira, l’autre le suivra ; l’un attrapera, l’autre sera attrapé ; l’un vaincra, l’autre sera vaincu ; l’un vivra, l’autre mourra. » [5] Parce que l’un et l’autre furent métamorphosés, les Naïades résolurent cette énigme. Mais Thémis ne sut répondre, c’est pourquoi ses statues furent renversées, ce qui la mit en colère : elle envoya donc une bête dévaster la campagne thébaine.
290VII 760
‘Tu movebere propter factum miraculosum’. Novitate (758), quia novum et inauditum est de illo cane. Iacebat : ymago Temis. Themis precipitata erat quia non potuit exponere problemata, quare vilis habebatur. ‘Dixi de iaculo, nunc dicam de cane’.
760-763*
760 solvunt : exponunt ; precipitata : despecta. 761 immemor : non recordans ; vates : vaticinatrix ; obscura : despecta ; suarum : et que vates inquam ; scilicet alme Themis. 762 alma : sancta ; nec : et non facta ; linquit : desinit. 763 Aoniis : Thebanis ; belva : fera, monstrum.
VII 764-765
‘Quia universi timebant, nos congregati fuimus − ut in textu continetur −, usque quo nos inveniremus illam feram’.
764-766*
764 et : etiam ; exicio : morti ; multis : hominibus ; peccori : animalibus. 765 ruricole : agrestes ; pavere : timuere ; feram : illam ; vicina : proxima ; iuventus : nos existentes. 766 latos : magnos ; indagine : inquisitione ; cinximus : lustravimus.
VII 767
Com surgeret et rethia superaret, canes missi fuerant quos omnes illa, citius alite preteriens, superabat.
767* Illa : fera ; levi : veloci.
VII 768
Lina : magna rechia et parva transibat ; vel magna rethia lina appellat, plagas parva.
768-770*
768 summa : altissima ; transierat : vel (transie)bat ; lina : luna. 769 copula : ligamen ; detrahitur : removetur ; illa : canes ; sequentes : illam. 770 cetum : agmen ; segnior : pigrior ; alite : ave ; ludit : deludit.
760 Themis] athemis ms. potuit ex erat potuit ms. | 761* vaticinatrix] vaticinatris ms. | 767 surgeret] surgere ms.
291VII 760
Tu seras étonné par cette histoire extraordinaire. Novitate(« par la nouveauté »), parce que l’histoire de ce chien était nouvelle et inouïe. Iacebat (« gisait ») : la statue de Thémis. Thémis avait été jetée dans le vide parce qu’elle ne put résoudre l’énigme, et qu’elle était méprisée pour cela. « J’ai parlé du javelot, je parlerai maintenant du chien. »
VII 764-765
« Parce que tout le monde avait peur, nous nous réunîmes », comme le texte le raconte, « jusqu’à ce que nous trouvions cette bête sauvage ».
VII 767
Comme l’animal surgissait et franchissait les filets, nous avions envoyé les chiens, mais la bête, plus rapide qu’un oiseau, échappait à toutes leurs poursuites.
VII 768
Lina (« les cordes ») : les filets, grands et petits, transibat (« elle traversait ») – ou bien il appelle « lina » les grands filets, et « plaga » (« pièges ») les petits.
292VII 771
‘Com universos canes superavisset fera et rethia evasisset, universi socii petierunt meum canem, quibus ego consentire permissi et iamque canis, accen‹sus› desiderio currendi, tendebat vincula’.
VII 771-774
‘Lalapa dicebatur canis quem mihi dedit uxor mea’. Vix bene :‘Desieram ipsum currere, com pre nimia velocitate ab occulis meis ereptus fuit’.
771-776*
771 et : etiam ; ipse : ego Cephalus ; consensu : volumptate ; Lalapa : canem. 772 hoc : tale ; dudum : penitus ; pugnat : certat. 773 exuere : removere ; -que : et ; morantia : detinentia ; tendit : prolongat. 774 missus : canis ; nec : et non ; ubi esset : in quo loco. 775 scire : noscere ; pedum : suorum ; vestigia : passus. 776 ipse : canis ; oculis : meis ; ereptus : remotus ; occior : velocior ; illo : cane.
|f. 111v|
VII 777
Glandes sunt instrumenta plumbea que com tormentis erga castra mittuntur ut lacerentur ; quibus comparat canem suum dum sunt in motu.
777* hasta : iaculum ; glandes : lapides tormenti.
VII 778-779
In Corintho, opido Grecie, sunt optimi sagitatores et preliatores et propter hoc dicit Corinthiaco ;collis apex. Describit Cephalus locom a quo vidit canem et feram variari in marmora.
778-779*
778 Corinthiaco : a Corintho opido ; calamus : sagita. 779 Collis : monticulus ; apex : summitas ; imminet : apparet ; arvis : campis.
VII 780-784
Cursus belue et Lelapa
293VII 771
« Comme la bête avait échappé à tous les chiens et franchi tous les filets, tous les compagnons me demandèrent mon chien, et je le leur accordai. Pris d’un ardent désir de courir, il tirait sur sa laisse. »
VII 771-774
« Le chien que m’avait donné mon épouse s’appelait Lélaps ». Vix bene (« À peine bien ») : « je l’avais à peine lâché, que déjà je ne pouvais plus le voir tant il courait vite. »
|f. 111v|
VII 777
Les balles sont des objets de plomb qu’on lance contre les fortifications au moyen de machines, pour les éventrer ; c’est à ces objets quand ils sont en mouvement qu’il compare son chien.
VII 778-779
À Corinthe, ville de Grèce, il y a d’excellents archers et combattants, c’est pourquoi il dit Corinthiaco ; collis apex (« de Corinthe ; le sommet d’une colline… »). Céphale décrit l’endroit où il vit le chien et la bête transformés en statues de marbre.
VII 780-784
Course de la bête et de Lélaps
294780-784*
780 tollor : levor ; hunc : illum collem ; -que : et ; spectacula : visiones. 781 quo : a colle ; modo : aliquando ; deprendi : capi visa est ; modo : aliquando ; seducere : removere. 782 nec : et non ; limite : itinere ; callida : decipiens. 783 -que : sed ; fugit : abit ; sequentis : canis illam. 784 in girum : circuitum ; impetus : volumptas capiendi ; hosti : cani.
VII 783-791
Quando fera propter fallaciam suam videbat canem fere capturum illam, in oblico vertebat se et sic illum effugiebat. Dicit Cephalus : ‘Com ego talia viderem, volui mittere iaculum, sed subito vidi illos in marmora variari’. Amentum est corrigia que com iaculo ligatur quo iaculatur.
VII 785
Parem dicit quia uterque mutatus fuit in marmora.
785-787*
785 imminet : apparet ; hic : canis ; similisque : est canis. 786 vacuos : inanes ; excercet : facit ; aere : ethere ; motus : vel ‘morsus’. 787 vertebar : ducebar ; quod : est iaculum ; dextera : mea.
VII 788-789
Rei veritas est quod illa fera velox erat valde, canis Cephali optimus per venationem, sed, dum canis illam sequeretur, ambo precipitaverunt se e scopulo, fera spe salutis, canis autem spe prede capiende.
788-789*
788 digitos : meos ; amentis : cordis. 789 lumina : oculos meos ; revocataque : reducta et ; rursus : iterum ; eodem : cursu vel momento.
VII 790-793
Mutatio canis et belue in lapides
Quia quis deus favorem suum exibuit et se intromisit de illis.
783-791 fere] fere ipsum canem ms.
295VII 783-791
Quand la bête rusée voyait que le chien était près de l’attraper, elle obliquait et ainsi lui échappait. « Voyant cela, dit Céphale, je voulus lancer mon javelot, mais je les vis soudain se transformer en statues de marbre. » La courroie est une lanière qui tient le javelot là où (on le saisit pour le) lancer.
VII 785
Il dit parem (« semblable ») parce que l’un et l’autre furent changés en statues de marbre.
VII 788-789
La vérité est que cette bête était d’une très grande rapidité et que le chien de Céphale était excellent pour la chasse. Mais, comme il poursuivait la bête, tous deux se précipitèrent du haut d’un rocher, la bête dans l’espoir de se sauver, le chien dans l’espoir d’attraper sa proie.
VII 790-793
Métamorphose du chien et de la bête en pierres
Parce qu’un dieu témoigna de sa faveur et s’entremit pour eux.
296790-793*
790 rettuleram : apportaveram ; mirum : est interpositio. 791 fugere : putares ; hoc : quodam ; putares : quia utrumque mutatum fuit eodem statu quo currebant. 792 Sed : certe ; ambos : duos. 793 si quis : quia aliquis ; affuit : presens ; illis : duobus, tam fere quam cani.
VII 794
De iaculo
Hucusque loqutus fuit Cephalus de cane suo, quia actor dixerat superius : et cetera nota pudore quam tulerit mercede silet (687).
VII 794-795
Phocus dixit : ‘Quod crimen est in isto iaculo ?’, quia superius dixit : ‘Hoc iaculum facit me flere’.
794-795*
794 Hactenus : tunc loqutus fuit Cephalus. 795 reddidit : rettulit Cephalus.
VII 796
Gaudia : ‘Telum fuit principalis causa qua primo habui gaudium, sed inde sequtum est infortunium magnum’.
796* Phoce :‘o’.
VII 797
Iuvat o meminisse : hic, suspirro interposito, incepit Cephalus narrare de infortunio teli sui, quomodo occidit telo uxorem suam Procrim.
797-800*
797 illa : gaudia ; referam : dicam ; Iuvat : placet ; beni : felicis. 798 Eacide :‘o’ ; quo : tempore. 799 coniuge : mea Procri ; felix : beatus ; illa : Procris ; marito : me. 800 Mutua : mutabilis vel cura ; duos : nos.
VII 801
Illa erat per me felix et ego pro illa ; in amore eramus compares.
801* illa : Procris ; thalamos : connubia.
791* mutatum] mutatus ms. | 797* placet] place ms.
297791 putares (« on croirait ») : parce que chacun des deux fut métamorphosé dans la position qu’il avait en courant. 793 illis (« à eux ») : aux deux animaux, autant la bête que le chien.
VII 794
Le javelot
Jusque-là Céphale parlait de son chien, puisque l’auteur avait dit plus haut : et cetera nota pudore quam tulerit mercede silet (« ayant fait connaître tout le reste il tait par pudeur à quel prix il avait payé cette arme »).
VII 794-795
« Quel crime est attaché à ce javelot ? », demanda Phocus, puisque Céphale a dit plus haut : « Ce javelot fait couler mes pleurs ».
VII 796
Gaudia (« ma joie ») : le javelot fut d’abord la cause principale de ma joie, mais ensuite un grand malheur s’ensuivit.
VII 797
Iuvat ho meminisse (« Oh ! Il me plaît de me rappeler ») : ici, interrompu par des soupirs, Céphale commence à raconter le malheur dû à son arme, c’est-à-dire comment il tua de cette arme son épouse Procris.
VII 801
« Elle était heureuse par moi et je l’étais grâce à elle ; nous étions égaux dans l’amour que nous nous portions ».
298VII 802
‘Quamvis Venus dea venustatis veniret, non illam caperem pro Procri relinquenda’, dicit Cephalus.
802-803*
802 me : Cephalum. 803 ulla : aliqua ; urebant : cremabant ; flamme : amores.
VII 804-856
Loquitur Cephalus ad Phocum
[1] Fabula talis est, quam narrat Cephalus. Com Cephalus qualibet die surrexisset, in venatione pergebat, et, com aliquantulum erat fessus, Auram per insipienciam suam appellabat, ut, illi miserta, succurreret degravato. [2] Aliquis putavit nomen Aure esse quandam deam vel nimpham. Dixit mulieri sue amores veros et non veros, unde tristis fuit, et voluit scire utrum esset verum an non et quadam die latuit in dumo illa. [3] Ille autem appellavit iterum Auram, ut moris sui erat. Illa gemebunda aliquo motu mota fuit et putavit Cephalus quod esset fera ; misit iaculum et illam occidit, ut in textu plenius continetur, et ad ultimum rogavit quatinus Auram non reciperem in thalamo’.
804-805*
804 Sole […] feriente : et hoc dico ; feriente : percuciente ; cacumina : summitates. 805 iuveniliter : ad modum iuvenum ; ire : pergere.
VII 806-807
‘Nulla instrumenta venationis mecom portabam, qui per iaculum tutus eram’.
806-810*
806 acres : utiles. 807 lina : rechia. 808 tutus : securus ; iaculo : meo ; consociata : repleta. 809 dextera : mea ; cedis : occisionis ; frigus : loca frigida. 810 que : petebam ; gelidis : frigidis ; exalat : exit ; auram : ventum.
804-856tit. ad Phocum] a Phoco ms. | 804-856.1 succurreret ex sic succurreret ms. | 804-856.2 Dixit] dixi ms.
299VII 802
« Même si je voyais arriver Vénus, la déesse de la beauté, je n’abandonnerais pas Procris pour la choisir », dit Céphale.
VII 804-856
Céphale s ’ entretient avec Phocus
[1] La fable que raconte Céphale est la suivante. Chaque jour, dès qu’il s’était levé, Céphale partait à la chasse et, lorsqu’il était un peu fatigué, il appelait la Brise en toute innocence pour qu’elle le prenne en pitié et le secoure dans son accablement. [2] Quelqu’un pensa que le nom de Brise était celui de quelque déesse ou nymphe. Il parla à son épouse des amours vraies et des amours fausses, ce qui la rendit malheureuse : elle voulut vérifier si la nouvelle était vraie ou non, et se cacha un jour dans un buisson. [3] Alors il appela à nouveau la Brise, comme il en avait l’habitude. Elle fit alors un mouvement en gémissant, et Céphale crut qu’il s’agissait d’un animal sauvage : il envoya son javelot et la tua, comme le texte le raconte clairement, et elle lui demanda en mourant de ne pas accueillir Brise dans son lit.
VII 806-807
« Je n’emportais avec moi aucun autre instrument de chasse, tant je me fiais à ce javelot. »
300VII 811-815
Appellatio Aure a Cephalo
811* michi : id est a me ; lenis : parva ; ab estu : pro calore.
VII 812
Quia laboriosum erat venationem insequi.
812-815*
812 labori : meo. 813 enim : bene certe. 814 -que : et ; gratissima :‘o’. 815 ut : sicut ; relevare : consolari ; estus : calores.
VII 816
‘Ita michi fatatum erat, michi quod debebam blandicias quibus ego lesus fui’.
816-817*
816 Forsitan : a casu ; addideram : dederam ; trahebant : ducebant. 817 blandicias : verba blanda ; plures : multas ; modo : aliquando ; voluptas : delectatio.
VII 818
‘ Reficis me ad laborem, reficis ad calorem’.
818* -que : etiam.
VII 819-820
Hoc totum potest esse veritas, quia inscienter uxorem suam sagitavit et occidit.
819-820*
819 amem : diligam. 820 iste : spiracio talis ; capiatur : vel ‘capietur’ ; ore : vultu.
VII 821
vocibus ambiguis : ambiguum est quod ad utrasque partes habet rationem ; vel ambiguum, id est non bene intellectum, quasi ambo agens.
821* Vocibus : sermonibus ; ambiguis : dubiis ; prebuit : cedit ; aurem : auditum suum.
811-815tit. Aure a] aurea ms. | 816* Forsitan]forsitamms. | 819-820 inscienter] luscienter ms.
301VII 811-815
Céphale appelle la Brise
VII 812
Parce qu’il était fatigant de poursuivre la chasse.
VII 816
« Tel était mon destin, parce que je lui donnais de douces paroles par lesquelles je reçus ma blessure. »
VII 818
« Tu me redonnes des forces quand je peine, tu me redonnes des forces quand je souffre de la chaleur. »
VII 819-820
Tout cela peut être la vérité, parce qu’il lança une flèche vers son épouse sans le savoir et la tua.
VII 821
vocibus ambiguam (« (trompée) par ces paroles ambiguës ») : est ambigu ce qui a deux explications contraires ; ou est ambigu ce qui n’est pas bien compris, comme « ambo agens », ayant deux sens.
302|f. 112r|
VII 822
Aure, quia aura est res incorporea, vel quia ventus est res invisibilis tantum est corpulentus. Ventus nichil aliud est quam aer commotus, et est corpulentus, non palpabilis, et ita fuit stultus qui putavit illam esse nimpham.
822-823*
822 quis : homo ; aure : ventus ; vocatum : appellatum. 823 nimphe : unius ; michi : a me.
VII 824-826
‘Ita solebam cantare dicens, et, com ita cantarem, nescio quis audivit me et credidit quod amarem ninpham’. Falsi, quia non erat verum. Susurra : susurrus est parvus sonus non perfecte prolatus. Credula, quia amor est quid impellens ad cito credendum.
824-828*
824 extemplo : protinus ; temerarius : stultus ; index : demonstrator vel accusator. 825 Procrin : uxorem ; lingua : com ; refert : dicit ; susurra : murmurantia. 826 Credula : nota cito credens ; subito : cito. 827 ut : sicut ; narratur : dicitur ; refecta : pacificata. 828 se : dixit ; iniqui : pravi.
VII 829-830
Lamentatio Procris
‘ De fide, id est de infidelitate, quia fidelis non fuissem erga illam’.
829-830*
829 fide : credulitate ; concita : commota. 830 metuit : timuit.
VII 831-832
Infelix propter rei infelicem excusationem vel accusationem ; licet doleat tamquam de vera pelice, tamen sepe.
824* extemplo ex exemploms.
303|f. 112 r|
VII 822
Aure (« de Brise »), parce que la brise est incorporelle, ou parce que le vent est un corps invisible autant que dense. Le vent n’est rien d’autre que de l’air mis en mouvement, et il est dense mais impalpable. Aussi fut-il sot celui qui crut qu’il s’agissait d’une nymphe.
VII 824-826
« Telles sont les paroles que j’avais l’habitude de dire en chantant et, tandis que je chantais, je ne sais qui m’entendit et crut que j’aimais une nymphe. » Falsi (« faux »), parce que ce n’était pas vrai. Susurra (« murmures ») : le murmure est un petit son imparfaitement proféré. Credula (« crédule »), parce que l’amour est un sentiment qui pousse à croire trop vite.
VII 829-830
Lamentation de Procris
« De fide (« au sujet de la fidélité »), c’est-à-dire de l’infidélité, parce que soi-disant je ne lui avais pas été fidèle. »
VII 831-832
Infelix (« infortunée ») : à cause de l’excuse ou de l’accusation malheureuse : encore qu’elle se plaigne comme d’une vraie rivale, souvent cependant…
304831-834*
831 infelix : misera ; veluti : sicut ; pelice : meretrice ; vera : sicut verum esset. 832 falli : decipi. 833 indicio : demonstratione ; fidem : credulitatem ; ipsa : quia numquam crederet nisi videret presentialiter. 834 dampnatura : criminatura ; dilecta : peccata ; mariti : mei existentis.
VII 835-839
‘Ita aliquis audierat et falso dixerat et ego die crastina ‹ivi› ad nemus et tunc audivi nescio quod murmur.’
835-839*
835 Postquam : quando ; depulerant : removerant. 836 egredior : exeo ; -que : et ; -que : et. 837 aura : ‘o’ ; -que medere : et da medulum. 838 subito : cito ; videbar :‘Dum ego ita ego loquerer’. 839 optima : ‘o aura’ ; dixi : ‘Quamvis ita audirem, tamendixi’.
VII 840-843
Exequitur de morte Procris quia audivit frondem moveri et tunc misit iaculum quod occidit eam.
840-865*
840 levem : parvum ; strepitum : motum ; cursus : vel ‘rursus’ ; caduca : veni. 841 ratus :‘putavi quod esset’ ; telumque : iaculum et ; misi : ieci. 842 Procris : in veritate ; -que tenens : et illa ; pectore : suo ; vulnus : plagam. 843 Vox : verbum ; fide : ‘Fidelis, quia iamque illam cognovi per vocem’. 844 coniugis : mulieris Procris ; vocem : suam ; preceps : citus ; amensque : tristis et. 845 et sparsas : partim vel fere mortuam ; fedantem : maculantem. 846 et : scilicet ; me miserum : unde dico me ; vulnere : plaga ; trahentem : removentem. 847 -que meo : et corpore ; ulnis : brachiis. 848 mollibus : levibus ; attollo : levo ; -que : et ; pectore : corpore ; veste : me. 849 vulnera : plagas ; conor : volo ; inhibere : refringere ; cruorem : sanguinem. 850 neu : et non ; sceleratum : reum ; deserat : relinquit ; oro : ‘Precor ne me acuset de morte sua’.
835-839 ‹ivi› ad nemus] # ad nemus ms. | 841* ratus]iratusms. ieci] iesi ms. | 844* suam] sua ms. | 846* removentem] removente ms.
305833 ipsa (« elle-même ») : parce qu’elle ne le croirait jamais si elle ne le voyait pas de ses propres yeux.
VII 835-839
« Ainsi quelqu’un avait entendu et répété faussement. Le lendemain matin je partis vers le bois, et j’entendis je ne sais quel murmure. »
838 videbar (« j’avais l’impression ») : « tandis que je parlais ainsi. » 839 dixi (« je dis ») : « malgré ce que j’entendais, je parlai quand même. »
VII 840-843
Le récit se poursuit sur la mort de Procris : Céphale entendit bouger le feuillage et lança son javelot qui la tua.
843 fide (« dans la foi ») : « fidèle ; parce que je l’avais reconnue à la voix. »
850 oro (« je prie ») : « je la supplie de ne pas m’accuser de sa mort. »
306852 que se pauca : que secontur ; per : oro ; federa : amores ; lecti : connubii. 853 oro : precor ; -que : et ; meos : deos. 854 per si : quia ; manente : remanente. 855 nunc : in presenti ; pereo : morior scilicet. 856 ne : que non ; thalamis : tuis ; nubere : intrare. 857 Dixit : ita loquta fuit ; errorem : illam decepta ; esse : ‘Quia deceptam percepi et dixi sed non profuit nobis’. 858 sensi : percepi ; docuisse : certe nichil. 859 Labitur : moritur ; sanguine : suo vel com anima. 860 spectare : cernere ; spectat : cernit. 861 infelicem : tristem ; animam : vitam ; exalat : educit ; ore : ‘Cernendo me inferre quia secura fuit de amore nullo’. 862 meliore : gaudentiore. 863 Fletibus : vel flentibus sociis ; lacrimans : flens ; memoraverat : dicebat. 864 Eacus : proprium ; ingreditur : intrat ; prole : sua ; Thelamone vel Peleo ; novoque : idest nova multitudine militum. 865 quem : militem, concionem militum ; Cephalus : proprium ; fortibusexcipit armis : optime erant armati.
307857 esse (« être ») : « parce que je compris qu’elle avait été trompée et lui dis que cela nous était inutile. » 861 ore (« sur la bouche ») : « en me regardant elle montre qu’elle était sûre de notre amour. »
1 ?
2 βορός, « vorace ».
3 Le jeu de mots est difficile à rendre en français : « faisant cas des sous » serait un peu familier.
4 Le manuscrit a bien « moriuntur », le présent.
5 Littéralement : « si tu étais présent, tu verrais ».
6 Il semble qu’un vers extrapolé, « débris d’un morceau perdu » selon G. Lafaye, et qui contenait le nom de Thémis, soit à l’origine de la confusion de notre copiste entre le sphinx et « Thémis ».
7 Le copiste écrit « Naïades » pour « Laiades », le fils de Laius, Œdipe. Il fait donc l’accord des verbes au pluriel.
- Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN : 978-2-406-12885-4
- EAN : 9782406128854
- ISSN : 2261-0804
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12885-4.p.0225
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 13/07/2022
- Langue : Français