Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Transes
- Pages : 173 à 177
- Collection : Rencontres, n° 508
RÉSUMÉS
Christine Durif-Bruckert, « Introduction. Transes traditionnelles, transes profanes »
Quelles places mais surtout quelles formes prennent les phénomènes de transe dans nos sociétés occidentales contemporaines ? Quelles fonctions individuelles et sociales sont-ils amenés à jouer ? Les contributions de l’ouvrage introduites dans ce premier article permettront, selon des écritures et des positions très différentes, d’aborder la transe par les voies du terrain ethnographique, dans sa force inspiratrice (poétique, musicale, cinématographique) mais aussi subversive et initiatique.
Jean-Yves Loude, « Chamane. Transes himalayennes »
Ce court texte raconte sur un mode très poétique la transe d’un chamane au sein de la société polythéiste Kalash du Nord Pakistan, encore très structurée par le chamanisme : les yeux tournés vers la cime des arbres, vers la crête des montagnes, il est en pleine conversation avec les dieux, à la recherche d’un sens sur ce qui arrive aux vivants et à sa communauté.
François Laplantine, « Être soi-même et un autre. Possession transe théâtre »
Sur la base d’une expérience d’initiation personnelle de possession qui s’inscrit dans le cadre d’un culte du candomblé au Brésil, l’article propose une analyse de l’art dramatique et chorégraphique. Le théâtre et la danse, abordés dans cet article comme des espaces privilégiés du surgissement de la transe, supposent un état de disponibilité et de réceptivité, une aptitude à accueillir un autre qui n’est pas moi et ne vient pas (seulement) de moi.
174Nancy Midol, « Dis-moi quel Orixà te chevauche, je te dirai… ! »
Cette contribution décrit deux expériences personnelles de transe et d’extase, l’une en immersion dans un rituel afro-brésilien de l’Umbanda, l’autre en France et en dehors de tout rituel religieux. Les expériences d’incorporation médiumnique et de révélation identitaire observées lors de ces rituels ouvrent des axes de théorisation qui relèvent fondamentalement de la logique des flux vibratoires qu’investissent les chamanismes.
Fitouri Belhiba, « Et vogue l’esprit »
Tenaillée entre un néocolonialisme culturel via les médias et un puritanisme religieux, la transe traditionnelle, dans le sud tunisien, est en voie de disparition. Cet article est une actualisation et une réflexion sur les fonctions des transes reléguées aujourd’hui au rôle de folklore ainsi que sur les évolutions récentes du rôle joué par les femmes dans les rituels au Maghreb.
Christine Durif-Bruckert, « Filmer l’invisible. À propos du film Kongo »
C’est en suivant le quotidien de Médard, un guérisseur traditionnel de l’église ngunza, à Brazzaville, que les réalisateurs de ce long-métrage, Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav rentrent dans un projet peu ordinaire : filmer l’invisible. Un projet exigeant qui s’appuie sur les ressources humaines, anthropologiques et techniques des réalisateurs et des acteurs.
Marilyne Bertoncini, « Re Cervo. Évocation de Parmigianino »
Roi-cerf est inspiré des œuvres de Parmigianino, notamment de la fresque réalisée pour la petite pièce aveugle du château de Fontanellato (Parme). Le cycle représente le mythe d’Actéon et le lieu procure à qui s’y abandonne le sentiment d’un voyage aux limites de la rêverie et de la transe. Le texte alterne la voix d’un soldat et le chœur des vierges de l’église de la Steccata, et dit la violence vécue par le personnage principal, et sa rédemption à travers son voyage initiatique.
175Daniel Régnier-Roux, « Transe et fureur d’un poète gyrovague. Albert Rodrigues Machado da Rosa (1947-2017) »
L’article évoque la mémoire du poète américain Alberto M. Rosa (1947-2017) qui avait fait de la fureur divine finicienne et du dérèglement des sens rimbaldien, une source d’inspiration et de création. La poésie était alors épée de feu, divino furor et transe verbale.
Patrick Dubost, « Poésie & transe (en sept lucioles) »
Écrire en poésie – c’est-à-dire toujours dans un au-delà de ce que l’on pourrait dire – a-t-il à voir avec un état de transe ? Lire en public ce que l’on a écrit en poésie, cela a-t-il à voir avec un autre état de transe ? Sept petits segments poétiques pour tenter de répondre… En poésie…
Chantal Ravel, « Réflexions sur Feuille d’herbe de Walt Whitman »
Cet article établit un certain nombre de liens entre transe et poésie au travers de Feuille d’herbe de Walt Whitman, (1819-1892) poète anticonformiste américain : le transport, la dé-sidération liée au rythme incantatoire, à la force d’une langue habitée d’énergie vitale. Une véritable illumination proche de la transe, capable de rouvrir de nouveaux horizons pour la poésie.
Carole Carcillo Mesrobian, « Henri Michaux, “pour un décollement dans les étincelles”. Une poétique de la transe »
L’œuvre d’Henri Michaux suit un fil directeur bien précis, celui d’une exploration de la conscience. À travers la drogue, la souffrance, ou le rêve, il sonde ces états de perceptions modifiées, à la recherche d’un apaisement libératoire. La restitution de ces expériences devient constitutive d’une poétique particulière qui motive l’écriture et édifie dans le même temps la spécularité nécessaire à une redéfinition du sujet.
176Jean-Yves Loude, « Rock & transes »
L’avènement du Rock, de sa puissance électrique, de sa révolte verbale, a soudainement « démailloté » les corps de la génération des années 1960, ligotés par une morale rigide, et a libéré des forces intérieures, vitales, trop longtemps comprimées. L’article fait des rapprochements entre les expériences de la transe musicale, et des états altérés de conscience qu’elle provoque, et les transes traditionnelles.
Eugène Durif, « Dans le réduit du corps. La danse de Lucia J. »
La contribution aborde l’étrange relation entre l’écrivain James Joyce et sa fille Lucia dont le singulier destin évolue sur le mode d’un enfermement et d’une suite « d’empêchements ». Elle danse puis abandonne cette pratique, tombe amoureuse du jeune Beckett, assistant de son père, qui la rejette. Elle perd son chemin, puis est soignée par Jung avant d’être internée. Lucia restera en hôpital psychiatrique jusqu’à sa mort.
Laurent Vignat, « Corps-poème. Une entrée dans l’œuvre-vie d’Antonin Artaud »
Poète surréaliste, acteur de cinéma, comédien, théoricien du théâtre, ethnologue, Antonin Artaud (1896-1948) n’a de cesse de placer le corps, son corps, au centre de son œuvre. Plus qu’un simple thème, le corps est conçu comme le foyer d’un langage neuf, duquel émerge une transe capable de résister aux injonctions des pouvoirs politiques, esthétiques ou médicaux. Cet article propose quelques instantanés dans l’œuvre-vie d’Artaud qui constituent une transe, autrement dit un « Corps-poème ».
Stéphanie Lemonnier, « Le théâtre contemporain, transe et rituel ou comment fabriquer du commun »
En s’appuyant sur la création Retour du Brésil proposée par la Cie Lr et jouée à Marseille au Mucem en 2019, cet article propose de regarder le théâtre contemporain comme un espace de rituels et de transes d’où peuvent émerger de nouveaux paradigmes de société. Les ruptures vis-à-vis des règles habituelles consolident un groupe et lui donnent des forces nouvelles. À l’instar des peuples racines, ces rituels en réaffirmant du commun, participent à l’harmonisation d’une communauté.
177Cédric Laplace, « Les arcanes respiratoires du monde. Une approche de la “schizo-transe” »
Les arcanes respiratoires du monde rendent compte d’une recherche autour de la transe moderne et contemporaine. Deux thèmes-clefs sont abordés ici : celui de la transe en tant que production de territoires, et les zones de la schizo-transe. Ils permettent de comprendre la manière dont le sujet schizophrène se déprend des codes, et d’aborder la schizo-transe, non comme maladie, mais en tant que pôle de création d’espaces nouveaux.
Christine Durif-Bruckert, « Une profonde inspiration »
Les états de transes dans leur différentes versions, traditionnelles ou plus modernes, fonctionnent comme une profonde aspiration vers des ailleurs plus vivifiants qui à la fois transcendent la réalité et tentent de faire tenir ensemble l’intime, le social et l’universel. Transactions des plus subtiles, quelquefois vertigineuses, qui représentent la voie et l’épreuve même de la création artistique.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-11210-5
- EAN : 9782406112105
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11210-5.p.0173
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 23/06/2021
- Langue : Français