Notice
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Théâtre de femmes de l’Ancien Régime. Tome III. xviie-xviiie siècles
- Pages : 291 à 292
- Collection : Bibliothèque du xviie siècle, n° 47
- Série : Théâtre, n° 9
Notice
On connaît peu la biographie de « Mme de Sainctonge », nom sous lequel elle publia ses ouvrages. Louise-Geneviève Gillot (ou Gillet) de Beaucour est née à Paris en 1650. Sa mère, issue de l’aristocratie portugaise, également prénommée Louise-Geneviève, épouse de Pierre Gillot, sieur de Beaucour, était femme de lettres et publia en 1685 une traduction édulcorée du Roland furieux sous son nom de jeune fille, Gomez de Vasconcellos. Mme de Sainctonge épousa un avocat et le suivit, dit-on, à Dijon, où elle fit plusieurs séjours. Mais à une date inconnue, elle revint à Paris, où elle mourut le 24 mars 1718.
Mme de Sainctonge, première Française à avoir composé des livrets d’opéra, acquit une grande réputation comme poétesse et comme librettiste. Ses deux tragédies lyriques, Didon (1693) et Circé (1694), mises en musique par Henry Desmarest1, furent jouées à l’Académie royale de musique. Elle fut parmi les premiers à tenter un nouveau genre mélodramatique, l’opéra-ballet, qui allait faire fortune au xviiie siècle. Pourtant, en 1695, l’Opéra refusa son livret intitulé Les Charmes des saisons, en faveur d’un autre sur le même sujet écrit par l’Abbé Jean Pic. En 1696, elle inclut ce livret rejeté dans son recueil de poèmes intitulé Poésies galantes. Dans l’« Avis au lecteur », elle déclare avoir composé son texte sur l’ordre d’une personne importante, que seule une cabale en a empêché la représentation, et qu’elle le publie pour satisfaire « des Personnes de considération ». En tout cas, cet échec ne marqua pas la fin de sa carrière de librettiste. Elle reçut par la suite des commandes de la part de plusieurs cours royales pour des divertissements, sortes d’opéras en miniature qui furent mis en musique et représentés. Elle en inclut deux dans son deuxième recueil, Poésies diverses (1714) : un « divertissement en musique », sans titre, représenté à Barcelone en 1701 pour un 292mariage royal, et Diane et Endymion, pastorale héroïque en un acte avec prologue, représentée devant le duc de Lorraine en 1711. Dans ce même recueil, elle publia deux pièces qualifiées de comédies. L’Intrigue des concerts, en un acte et en vers, agrémentée de divertissements, a comme protagoniste une jeune et belle cantatrice, mais la pièce se révèle surtout une satire de ses prétendants ridicules, représentés sous les traits d’un joueur, d’un banquier, et d’un poète vaniteux et pauvre (ce dernier calqué sur l’abbé Pic, ennemi de la dramaturge). Griselde ou la Princesse de Saluces, en 5 actes et en vers, est une pièce plus expérimentale : une comédie qui n’a rien de comique, ni même d’humoristique. Remplie de passages pathétiques, ne présentant que des personnages de rang noble et des situations sérieuses, elle constitue un précurseur méconnu de la comédie larmoyante, voire du mélodrame. Nous ne savons pas si ces deux pièces furent représentées, car les historiens du xviiie siècle se contredisent et ne fournissent pas de détails concrets. Joseph Laporte affirme qu’elles ont été jouées dans une ville où la dramaturge a séjourné, sans doute Dijon, sans préciser quand ; le chevalier de Mouhy affirme que les comédies ne furent pas représentées ; Fortunée Briquet écrit qu’elles furent jouées en 1714, l’année de la publication, sans dire où2.
Les poèmes de Mme de Sainctonge sont pour la plupart des textes brefs et légers, consacrés aux plaisirs de l’amitié et de la bonne chère. Elle publia aussi une adaptation de la Diane de Montemayor et quelques nouvelles. Son premier ouvrage en prose, Histoire de Dom Antoine roi de Portugal (1696), se présente comme un mémoire, mais il se peut que ce soit plutôt un roman historique. Pour la plupart de ses œuvres en prose on ne sait pas toujours s’il faut les attribuer à elle ou à sa mère.
Mme de Sainctonge a vite sombré dans l’oubli, sauf chez les historiens de la musique, qui continuent à admirer les belles partitions de Henry Desmarest mais sans prendre en considération le travail de sa librettiste.
1 (1661-1741). Ce protégé de Lully, connu surtout pour ses opéras et pour sa musique sacrée, dut passer une grande partie de sa vie en exil.
2 J. Laporte, Histoire des femmes qui se sont rendues célèbres dans la littérature française (1771) ; C. de Mouhy, Tablettes dramatiques (1752) ; F. Briquet, Dictionnaire historique, littéraire et bibliographique des Françaises et étrangères naturalisées en France (1804).
- Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
- ISBN : 978-2-406-12965-3
- EAN : 9782406129653
- ISSN : 2258-0158
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12965-3.p.0291
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/05/2022
- Langue : Français