Principales sources
- Publication type: Book chapter
- Book: Sous la leçon des vents. Le monde d’André Thevet, cosmographe de la Renaissance
- Pages: 567 to 572
- Collection: World Geographies, n° 28
PRINCIPALES SOURCES
« Le mythe de François Ier, de Clément Marot à André Thevet », Humanism and Letters in the age of François Ier. Proceedings of the Fourth Cambridge French Renaissance Colloquium, 19-21 September 1994, Cambridge, Clare College, Cambridge French Colloquia, 1996, p. 55-72.
« Le Paris des cosmographes (xvie siècle) », Paris, carrefour culturel autour de 1500, sous la direction d’Olivier Millet et Luigi-Alberto Sanchi, Cahier Saulnier no 33, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2017, p. 7-14.
« Le portrait et la vie de Jean de Meung par André Thevet (1584) », La Question du sens au Moyen Âge. Hommage au professeur Armand Strubel, études réunies par Dominique Boutet et Catherine Nicolas, Paris, Honoré Champion, 2017, p. 137-149.
« Autour du portrait de Michel de L’Hospital : Bèze et Thevet », De Michel de L’Hospital à l’édit de Nantes. Politique et religion face aux Églises, sous la direction de Thierry Wanegffelen, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2002, p. 137-150.
« André Thevet et les Guises », Le Mécénat et l’influence des Guises. Actes du Colloque tenu à Joinville du 31 mai au 4 juin 1994. Études réunies par Yvonne Bellenger, Paris, Honoré Champion, 1997, p. 211-231.
« La Religion d’André Thevet : Nicole Aubry et l’illustre Bérenger ».
Ce chapitre est la version refondue et amplifiée d’un fragment de thèse soutenue à l’Université de Paris XII-Val-de-Marne en octobre 1988 : André Thevet, cosmographe, t. I, p. 287-302 : « Épilogue de la Première Partie ».
« L’invention du tombeau de Cicéron à Zante : une fiction archéologique à la Renaissance, de Hugo Favolius à André Thevet », Inventions et Découvertes au temps de la Renaissance, éd. M. T. Jones-Davies, Paris, Klincksieck, 1994, p. 89-105.
« De l’Olive à la Cosmographie : Joachim du Bellay et André Thevet », Du Bellay. Actes du Colloque international d’Angers (mai 1989), Angers, Presses de l’Université d’Angers, 1990, t. I, p 103-118.
568Le texte de la communication était suivi de la transcription du débat, reproduite ci-après :
Geneviève Demerson : Je vous trouve un peu sévère pour les auteurs de pièces liminaires. Jean Dorat, par exemple, était-il « stipendié », comme vous dites ? Toujours est-il que son Ode latine à Thevet est un texte magnifique. Au-delà du prétexte que lui a offert Thevet, il reste qu’il a su exprimer dans ces vers une vision du monde d’une rare puissance.
Frank Lestringant : Je crois, comme vous, qu’il faut prendre très au sérieux cette poésie encomiastique, qui aboutit, avec l’Ode de Dorat dont vous parlez ou celle de Guy Le Fèvre de La Boderie, adressée au même Thevet, à des réussites incontestables. La condition de poète « stipendié » ou pensionné, si vous préférez, n’interdit nullement la réussite esthétique et philosophique de ces pièces de commande. Du reste, il faut s’entendre sur les mots. Je n’ai pas voulu dire que Dorat ou Du Bellay avaient été payés pour la composition de ces poèmes. Thevet et Dorat avaient des protecteurs communs, et cela suffit.
L’important me paraît être le fait que ces liens de clientélisme ont favorisé une rencontre qui s’est effectivement produite entre la poésie nouvelle de la Pléiade et la révolution géographique découlant des Grandes Découvertes. Contrairement à ce qui a été dit parfois (je pense à la préface de Roger Le Moine à son anthologie L’Amérique et les poètes français de la Renaissance), cette rencontre a bien eu lieu, même si elle n’est pas allée parfois sans malentendus ni sans limites. À preuve, dans le sonnet de Du Bellay retouché par Thevet, le remplacement du mot « Orient » par le mot « Univers ». Il y a un changement de paradigme. L’Orient est plus riche du point de vue mythologique, mais inexact du point de vue cosmographique.
G. D. : Cette confusion me paraît très profonde. Quand on lit les épopées sur la découverte du Nouveau Monde, on est constamment dans cette ambiguïté entre l’Ancien et le Nouveau, l’Orient et l’Occident, le légendaire traditionnel et la géographie nouvelle. On sait que les conquérants ont trouvé à l’Ouest ce qu’ils s’attendaient à trouver à l’Est. Le ver est dans le fruit. Ça me paraît impossible de penser autrement.
F. L. : D’accord. Mais il est intéressant de voir que Thevet, à la date de 1575, s’est senti obligé de remplacer ce mot d’« Orient » par celui 569d’« Univers », qui est effectivement beaucoup plus plat et plus pâle, et qui n’a pas le rayonnement quasi magique de l’« Orient ».
André Stegmann : Il est certain que très tôt, bien avant 1575, la découverte de l’Amérique est passée relativement au premier plan, au détriment de ce qui était la connaissance de l’Orient. Précisons bien que l’Orient ne veut pas dire le Proche-Orient, mais l’Extrême-Orient. Alors, dans la mesure où on a bien connu les découvertes portugaises et espagnoles, il est certain qu’à ce moment-là l’évolution s’est faite très vite, et cela explique le passage du mot « Orient » au mot « Univers ».
F. L. : Je ne suis pas sûr que l’évolution se soit faite aussi vite que vous le dites. Il y a un tropisme oriental qui demeure très tard dans le siècle. Dans ses Nouveaux Horizons de la Renaissance française, livre discutable par certains côtés, Geoffroy Atkinson a recensé beaucoup plus d’ouvrages sur l’Orient, et surtout le Proche-Orient, que sur les Indes Occidentales, sur lesquelles il y avait peu à dire1.
Michel Simonin : Je voudrais attirer l’attention sur une particularité intéressante : c’est cette vie (on ne peut pas parler de survie) active de Du Bellay longtemps après sa mort. À la lecture du dossier qui nous a été remis, je vois l’ample « Discours des quatre Etats », publié en 15882. Ce n’est pas là une date banale, et il ne s’agit pas d’une réimpression commerciale. L’aspect frappant, que confirme l’exposé que l’on vient d’entendre, c’est l’actualité durable de Du Bellay. Il est fascinant de voir qu’un homme mort en 1560, alors que la situation politique est très différente, demeure aussi présent.
Seconde remarque, et c’est une question pour l’orateur : il y a dans les vers de Ronsard une allusion à la politique qu’Henri III aurait voulu conduire outre-mer. C’est un sonnet encomiastique, dans lequel il félicite le roi pour ses intentions colonialistes vers l’Amérique.
F. L. : Oui. II existe à ce moment-là un projet de reconquête du Brésil. À la suite de la mort de Dom Sébastien, roi du Portugal, Catherine de Médicis ambitionne de récupérer au profit de son fils, le duc d’Anjou, 570cette colonie jadis convoitée par les Français. C’est ce que Charles de La Roncière a pompeusement appelé « le secret de la Reine ». Un plan d’occupation du Nordeste et de la baie de Rio est élaboré dès 1579. L’affaire va échouer après une défaite française retentissante, la bataille navale de la Terceira en juillet 1582. Le Brésil, qui est un peu oublié après 1560, revient donc au premier plan de l’actualité au tournant des années 1580. C’est dans ce contexte que Montaigne écrit le chapitre « Des Cannibales ». On ne parlait plus du Brésil depuis vingt ans, et tout d’un coup il revient en force.
« Pour une lecture politique du théâtre de Robert Garnier : le commentaire d’André Thevet en 1584 », Parcours et Rencontres. Mélanges offerts à Enea Balmas, Paris, Klincksieck, 1993, t. I, p. 405-422.
« Histoires tragiques et Vies des hommes illustres : la rencontre des genres. À propos de quelques histoires orientales chez Belleforest et Thevet », Travaux de littérature, t. XIII, 2000, p. 49-67.
« Étrange Afrique : de Ca’ da Mosto à Thevet », in M. T. Jones-Davies éd., L’Étranger : identité et altérité au temps de la Renaissance, Université de Paris-Sorbonne, Colloque du SIRIR, Paris, Klincksieck, 1996, p. 37-47.
« Le récit de voyage et la question des genres : l’exemple des Singularitez de la France Antarctique d’André Thevet (1557) », Revue française d’histoire du livre, no 96-97, 3e et 4e trimestres 1997, p. 249-264.
« Tremblements chez Thevet », Figurations du volcan à la Renaissance. Actes du Colloque international du CERHAC de l’Université Blaise Pascal, 8-9 octobre 1999, éd. Dominique Bertrand, Paris, Champion, 2001, p. 75-87.
« L’expérience d’André Thevet : empire de la cosmographie et refus de l’alchimie », Alchimie et philosophie à la Renaissance, sous la direction de Jean-Claude Margolin et Sylvain Matton, Paris, Vrin, 1993, p. 289-306.
« La “Chasse de poissons”. Un emblème de l’humaine condition dans l’histoire naturelle à la Renaissance », L’Uomo e la natura nel Rinascimento (Chianciano-Montepulciano, 20-23 luglio 1992), a cura di Luisa Rotondi Secchi Tarugi, Milan, Nuovi Orizzonti, 1996, p. 331-353.
« Les Animaux qui vivent de vent », L’Animal sauvage à la Renaissance. Colloque international organisé par la Société française d’étude du xvie siècle 571et Cambridge French Colloquia (Cambridge, 3-6 septembre 2004). Actes réunis et édités par Philip Ford, Cambridge, Cambridge French Colloquia, 2007, p. 357-380
« La flèche du Patagon ou la preuve des lointains : sur un chapitre d’André Thevet », Voyager à la Renaissance, éd. Jean Céard et Jean-Claude Margolin, Paris, Maisonneuve et Larose, 1987, p. 467-496.
« Nouvelle-France et fiction cosmographique dans l’œuvre d’André Thevet », Études littéraires (Québec), 10, 1977, p. 145-173.
Ce tout premier article consacré à André Thevet porte la marque de deux grands maîtres aujourd’hui disparus, Michel de Certeau, qui l’a suscité, et Louis Marin, qui l’a lu. Tout en introduisant les corrections et les allègements nécessaires, j’ai souhaité lui conserver son style d’époque, inutilement contourné parfois, mais riche d’audace théorique. Ce morceau d’apprentissage était accompagné de cette note liminaire :
Le présent chapitre s’inscrit dans un travail plus vaste consacré au genre de la cosmographie au seizième siècle, et plus particulièrement à l’œuvre d’André Thevet. On se propose d’analyser le processus par lequel le cosmographe, courtisan et en même temps – de par le règne qu’il prétend exercer sur l’ensemble des objets du savoir – homologue du souverain, peut introduire la fiction dans un texte prétendu scientifique, jusqu’à substituer à la relation des « données objectives » de l’époque une œuvre d’auteur. Cette étude de genre implique pour corollaire une analyse du rapport du texte au pouvoir politique. L’autorité du monarque garantit le discours du cosmographe-sujet et interdit le départ que nous pourrions tracer entre science et fiction, ou, pour être plus exact, entre l’interprétation générale du monde que se donne à elle-même la société de la Renaissance, et l’interprétation subjective que le cosmographe, en son nom propre, vient greffer sur la précédente.
« Voyage dédoublé, voyage éclaté. Le morcellement des Terres Neuves dans l’Histoire de deux voyages d’André Thevet (c. 1586) », Études françaises (Montréal), 22-2, 1986, p. 17-34.
« Le Grand Insulaire et Pilotage, source pour l’histoire maritime », Pour une histoire du “fait maritime”. Sources et champ de recherche, sous la direction de Christiane Villain-Gandossi et Éric Rieth, Paris, Éditions du Comité des Travaux historiques et scientifiques, 2001, p. 385-399.
572Cette étude s’ouvrait par un paragraphe d’hommage à la mémoire de Michel Mollat du Jourdin, omis pour ne pas briser l’enchaînement du propos :
« La dernière fois que j’ai vu Michel Mollat, c’était en 1994 sur le quai de la gare d’Angoulême, par un dimanche gris et froid de décembre, en milieu d’après-midi. Nous attendions le train pour Paris, après un colloque très suivi de deux jours à Cognac, à l’occasion du demi-millénaire de la naissance en cette ville de François Ier. La veille Michel Mollat nous avait parlé, avec son érudition, sa simplicité et son entrain habituels, d’un sujet qu’il connaissait bien : “Jean Verrazane découvreur de ‘La Nouvelle Angoulême’”. J’ignorais que cet entretien serait le dernier. Du quai on pouvait apercevoir l’assez laid immeuble des archives départementales, revêtu de carreaux de céramique bleue, à mi-pente de la vieille ville. C’est là qu’une vingtaine d’années plus tôt j’avais commencé mes recherches sur André Thevet “Angoumoisin”, ce personnage-clef de la Renaissance dont l’apport à la connaissance des “nouveaux horizons” est resté longtemps controversé. Conscient quant à lui de l’importance d’un cosmographe injustement méprisé, Michel Mollat, à deux reprises, m’avait invité à venir en parler à son séminaire de la Sorbonne3. Je voudrais ici ajouter une sorte de codicille à ces échanges poursuivis sur deux décennies. »
« Argus à la sphère, ou la mélancolie du cosmographe (xvie siècle) », Bulletin du Comité français de cartographie, no 148, juin 1996, p. 46-53 ; version refondue et augmentée sous le titre : « La sphère entourée d’yeux : géographie et religion au déclin de la Renaissance », Sciences et religions. De Copernic à Galilée (1540-1610). Actes du colloque international (Rome 12-14 décembre 1996), Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome », 1999, p. 473-488.
1 Geoffroy Atkinson, LesNouveaux Horizons de la Renaissance française, Paris, Droz, 1935.
2 Joachim Du Bellay, Discours des quatre Etats, Paris, 1588.
3 Michel Mollat, qui connaissait bien l’œuvre de Thevet, a tiré du Grand Insulaire de ce dernier la carte des Malouines, reconnaissables sous la dénomination d’« Isles de Sanson ou des Geantz ». Voir Michel Mollat du Jourdin et Monique de La Roncière, Les Portulans. Cartes marines du xiiie au xviie siècle, Fribourg, Office du Livre, et Paris, Nathan, 1984, p. 34.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-11236-5
- EAN: 9782406112365
- ISSN: 1775-3503
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-11236-5.p.0567
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 02-15-2021
- Language: French