André Thevet (1516-1592) – Données biographiques
- Publication type: Book chapter
- Book: Sous la leçon des vents. Le monde d’André Thevet, cosmographe de la Renaissance
- Pages: 39 to 63
- Collection: World Geographies, n° 28
André Thevet (1516-1592) –
Données biographiques1
[1504] |
Fausse date de naissance d’André Thevet, déduite de l’épitaphe de l’église des Cordeliers de Paris, aujourd’hui disparue et ainsi libellée : « Cy gist venerable et sientiphique personne Me André Thëvet, Cosmographe de quatre Rois, lequel estant agé de 88 ans, seroit decedé en cette Ville de Paris le 23e jour de Novembre 1592 » (Bibl. Arsenal, Ms 5403, p. 47). Il est très possible que Thevet, sentant sa mort prochaine et préparant son tombeau, se soit vieilli d’une douzaine d’années. |
1516 |
Date de naissance probable de Thevet, telle qu’elle est donnée par lui-même dans un passage de la Cosmographie universelle (1575), f. 319 ro. Il est question de la conquête de l’Égypte par Sélim : « Ce qui advint en l’an de nostre salut mil cinq cens dix sept, justement quatorze mois apres le jour de ma naissance : qui fut lors que Martin Luther commença à s’opposer à l’Eglise Romaine ». La date de naissance de Thevet en 1516 est confirmée par plusieurs passages du GI et de la DPI. Le père d’André, Étienne Thevet, était barbier-chirurgien à Angoulême, ainsi que deux de ses frères, Étienne et Pierre. |
Vers 1526 |
À l’âge de dix ans, Thevet est placé contre son gré au couvent des cordeliers d’Angoulême. |
1549 |
Voyage de Thevet au Levant. |
23 juin. Thevet, après avoir entendu la messe en la basilique Saint-Marc à Venise, embarque pour le Levant. |
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18 juillet. Thevet arrive en Crète, où il séjourne quatre mois. |
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40 |
Reparti du port de La Chanée, il fait escale à Milos le 3 novembre et à Chios le 12. |
30 novembre. Arrivée à Constantinople, après une violente tempête en mer. |
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1552 |
Thevet passe la semaine de Pâques à Jérusalem, sur les lieux saints. |
« Le quinzieme jour apres Pâques, 1552 », c’est-à-dire le 2 mai, il quitte Jérusalem pour la Galilée et la Syrie. Retour par mer et arrivée au port de Marseille, à une date non précisée. |
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1554 |
22 mars. Privilège pour la Cosmographie de Levant. |
Publication à Lyon de la Cosmographie de Levant chez Jean de Tournes et Guillaume Gazeau. L’ouvrage est dédié à François III de La Rochefoucauld, plus tard protestant et qui périt lors de la Saint-Barthélemy. |
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1555 |
23 mars. Attribution, « de par le Roy », au chevalier Nicolas Durand de Villegagnon de dix mille livres tournois « pour certaine entreprinse que ne voullons estre cy aultrement speciffiée ne declairée » (BnF, Ms fr. 5128, f. 457). |
6 mai. Date donnée par Thevet, dans les SFA (ch. ier, f. 2 ro), pour son embarquement à destination du Brésil dans la compagnie de Villegagnon. Thevet accompagne l’expédition en qualité d’« aumônier ». |
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12 juillet. Faux départ du Havre de Grâce. À cause du mauvais temps, la flotte relâche en Angleterre, avant de retourner à Dieppe pour avaries. |
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14 août. Départ définitif de Dieppe pour le Brésil. |
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30 octobre. L’équipage, transporté de joie, commence « à sentir l’air de la terre » (SFA, ch. 22, f. 42 ro). |
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31 octobre, « environ les neuf heures du matin ». Découverte des « hautes montagnes de Croistmourou » (SFA, ibid.). |
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10 novembre. La flotte prend terre au Brésil, à la hauteur de Macaé, puis du Cabo Frio (SFA, ch. 24, f. 46 ro). |
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Vers le 15 novembre. Atterrissage en baie de Guanabara (Rio de Janeiro). Construction du Fort Coligny, sur l’actuelle « Ilha de Villegaignon ». |
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Noël 1555. Tombé malade et alité, Thevet est dans l’incapacité de dire la messe. |
1556 |
10 janvier. Achevé d’imprimer de la Cosmographie de Levant par Gilles de Diest pour Jean Richart à Anvers. Cette édition à un format réduit ne comprend aucune des illustrations de l’édition originale de 1554. |
31 janvier, à quatre heures du matin. Thevet est rapatrié vers la France sur le navire qui l’a amené. La flottille est placée sous le commandement de Bois-le-Comte, le neveu de Villegagnon (SFA, ch. 60, f. 118 ro). |
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Février. À Guanabara, le complot des « truchements » contre Villegagnon est déjoué. Le chef des rebelles s’enfuit chez les Indiens, qu’il dresse contre la colonie. |
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5 avril. Guillaume Le Testu, « pilote en la mer du Ponent », achève au Havre sa Cosmographie universelle, atlas de 58 cartes enluminées sur papier, dont plusieurs du Brésil, du Canada et de la mythique Terre Australe, le tout dédié à l’amiral Gaspar de Coligny. |
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15 avril. Le navire de Thevet repasse la ligne (SFA, ch. 69, f. 136 ro). |
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Dimanche 29 novembre. « Logé rue des Lombards, en la maison de Philippe Le Gros où pend pour enseigne la Coquille », « Frère André Thevet d’Angoulesme, religieux de l’ordre Saint François », signe avec Ambroise de La Porte, « marchand libraire juré en l’Université de Paris », le contrat d’édition « du livre traictant de la Mericque suyvant le voyage du seigneur de Villegagnon et autres pays ». Ambroise de La Porte s’engage, dès la copie reçue, à « faire tailler figures tant et telles qu’il sera advisé entre lesdits Thevet, de La Porte et maistre Bernard de Poiseulne (ou Poisduluc ?) ». La vente se fait « tant et moyennant la somme de vingt escuz d’or soleil, douze escuz, lors et incontinent que ledit privillege sera obtenu du Roy et le reste montant huit escuz, lors et incontinent que ledit livre sera parachevé d’imprimer ». Thevet recevra en outre trente |
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exemplaires de la première impression (AN, MC, LXXIII, 50, 29 novembre 1556 ; publié par Annie Parent, Les métiers du livre à Paris, 1974, p. 113-114). Comme le souligne Annie Parent, ce contrat est tout à fait exceptionnel, d’autant qu’à chaque réimpression l’auteur recevra dix écus, c’est-à-dire cinquante pour cent de ses droits initiaux. |
Cette même année, réédition à Lyon, chez Jean de Tournes et Guillaume Gazeau, de la Cosmographie de Levant, « revue et augmentée de plusieurs figures » (neuf au total). |
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1557 |
7 mars. Appelés par Villegagnon et envoyés depuis Genève par Calvin, quatorze huguenots, dont les pasteurs Pierre Richer et Guillaume Chartier et le cordonnier Jean de Léry, arrivent à Guanabara. |
21 mars. Première célébration de la Sainte-Cène au Brésil et début du différend théologique sur l’Eucharistie. Chartier est renvoyé en France pour consulter Calvin. À la Pentecôte, la controverse s’envenime. |
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Fin octobre. Les protestants sont expulsés de l’Ile Coligny et trouvent refuge au lieu-dit La Briqueterie, au contact immédiat des Indiens Tupinikin. |
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Automne. Publication à Paris, chez les héritiers de Maurice de La Porte, des Singularitez de la France Antarctique, sous les deux millésimes de 1557 et 1558. L’ouvrage est dédié à Jean Bertrand, cardinal de Sens, Garde des Sceaux de France. |
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14 décembre. Arrêt du Parlement de Paris en faveur de Mathurin Héret, « bachelier en médecine », originaire du Maine et connu pour ses traductions de Darès de Phrygie et d’Alexandre d’Aphrodise. Pour sa collaboration aux Singularitez de l’Amerique, ouvrage qu’il aurait rédigé pour l’essentiel, il réclame une indemnité de « deux cens escuz soleil ou telle autre somme que de raison luy feust par ladite court adjugée à l’encontre desdits Thevet et de La Porte ». Il demande en outre la réimpression de la première feuille du livre, afin que son nom soit mentionné dans « une epistre liminaire ou preambule » composé tout exprès. La cour lui accorde une indemnité de vingt écus d’or soleil et la |
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remise de vingt exemplaires. En revanche, Héret n’obtient pas de voir son nom imprimé en tête de l’ouvrage (AN, X1a, 1586, f. 463 ; P.-F. Fournier, 1920). |
1558 |
4 janvier. Richer, Léry et leurs compagnons entreprennent de rentrer en France sur un bateau vermoulu, qui fait eau de toutes parts. Cinq de leurs coreligionnaires renoncent in extremis et reviennent à l’Ile Coligny. Ne pouvant obtenir de trois d’entre eux le retour au catholicisme, Villegagnon les fait exécuter par noyade dans les derniers jours de janvier. Les trois martyrs huguenots du Brésil sont le coutelier Jean Du Bordel, le tourneur Pierre Bourdon et le menuisier Matthieu Verneuil. |
20 avril. Privilège accordé pour une durée de trois ans à Christophe Plantin, imprimeur à Anvers, pour une nouvelle édition des SFA, qui paraît avant le 11 mai. Il s’agit d’une édition à un format réduit, avec des bois d’Arnold Nicolai qui s’inspirent de ceux de l’édition originale, avec inversion latérale. Le privilège pris par Plantin concerne aussi d’autres langues que le français. Comme nous l’apprennent les archives du Musée Plantin-Moretus, l’« Amerique françoise » de Thevet est facturée trois patards et demi le 11 mai et à nouveau les 27 et 28 juillet (Leon Voet, The Plantin Press, Amsterdam, Van Hoeve, 1982, t. V, p. 2195, note 5). |
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30 avril. Sécularisation accordée à Thevet par le pape Paul IV. |
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30 décembre. Sécularisation de Thevet autorisée après enquête. |
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1559 |
5 janvier. Sécularisation de Thevet confirmée par les officiers ecclésiastiques de l’évêque d’Angoulême. |
6 juin. Achat par Thevet d’une maison « couverte de thuille » au faubourg Saint-Marcel rue d’Ablon, « où est pour enseigne le sabot d’or » (AN, MC, XI, 19, f. 65 vo). Thevet est qualifié de « Maistre es arts estudiant en l’université de Paris et precepteur des enffans de monsieur [Gilles] Bourdin procureur general du Roy nostre Syre en son parlement de Paris ». |
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7 juin. Bail à ferme de tous les revenus de la cure de Saint-Sauveur dit Esglantier au diocèse de Beauvais (AN, MC, XI, 19, 7 juin 1559, f. 66 ro-67 ro). |
Courant de l’année : Villegagnon regagne la France pour se justifier auprès du roi et de la cour, laissant le commandement de la colonie du Brésil à son neveu Bois-le-Comte. |
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1560 |
15-16 mars. Chute de Fort Coligny, conquis par le gouverneur portugais Mem de Sà. La France Antarctique du Brésil a vécu. |
13 septembre. Transaction au sujet de la maison de la rue d’Ablon, faubourg Saint-Marcel (AN, MC, XI, 20, f. 127 ; pièce publiée par Jean Baudry, Documents inédits, 1983, p. 35). |
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25 septembre. André Thevet, « Cosmographe et pensionnaire du Roy », obtient la charge de « concierge et garde » de la maison et hôtel de l’hôpital Saint-Jacques du Haut-Pas, sis au faubourg Saint-Jacques à Paris (AN, MC, LXXIII, 54, f. 196 ; André Thevet, cosmographe, p. 359-361). |
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1561 |
8 octobre. L’imprimeur d’Anvers Christophe Plantin charge Joannis Caulerius de traduire les SFA en latin, mais le projet n’aboutit pas. Voir Leon Voet, The Plantin Press (1555-1589), t. V, p. 2195, § 6 : « Baillé à Jo. Caulerius La France antarctique à traduire … » (Arch. 36, fol. 14 ro). |
Traduction italienne des SFA par les soins de Giuseppe Horologgi sous le titre : Historia Dell’India America detta altramente Francia Antartica, Di M. Andrea TEVET ; Tradotta di Francese in Lingua Italiana (Venise, Gabriel Giolito De’ Ferrari, 1561 ; deux nouvelles émissions en 1583). |
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Cette même année, avalanche de pamphlets huguenots contre Villegagnon, qui réplique. Thevet est incidemment mis en cause dans La Refutation des folles resveries, execrables blasphemes, erreurs et mensonges de Nicolas Durand, qui se nomme Villegaignon, dont l’auteur est le pasteur Pierre Richer. |
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1562 |
1er mars. Massacre des protestants de Wassy en Champagne, par l’escorte du duc François de Guise. |
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2 avril. Prise d’armes du prince de Condé, et première guerre de Religion. |
8 avril. Nouveau bail à ferme des revenus de la cure de Saint-Sauveur dit Esglantier au diocèse de Beauvais (cf. 1559. 7 juin) : André Thevet, abbé de Notre-Dame de Madion « et curé de la cure et église parochiale de Saint-Saulveur de Laiglantier », baille à titre de ferme et pension d’argent à Messire Adrian Valloix prêtre, à présent vicaire de la cure de Saint Lyonard de Chantilly, tous les fruits et revenus pour trois ans de ladite cure de Saint-Saulveur de Laiglantier, où il célébrera le service divin et fera sa résidence continuelle. Le bail est accordé « moyenant et promy le pris et somme de deux cens livres tournois » pour chacun des trois ans (AN, MC, VIII, 90 ; Baudry, p. 35-36). |
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18 mai. Première prise d’Angoulême par les protestants. Saccage de la cathédrale Saint-Pierre et des églises de la ville. La dépouille du comte Jean, ancêtre du roi François Ier, est décapitée2. |
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4 août. Reprise d’Angoulême par les catholiques. |
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Septembre, avant le 16. Thevet est « commis par le Parlement à l’administration de la principaulté du collège » de Saint-Michel, dit de Chenac, sis rue de Bièvre à Paris. Il garde cette fonction, exercée à titre provisoire, jusqu’au 29 septembre 1563, date à laquelle il est relevé par l’humaniste Jean de Maumont. Guillaume Thevet, son neveu, est étudiant et boursier, et de plus portier du collège (AN, H3.28691, « Comptes du Collège de Saint-Michel, dit de Chenac ou de Pompadour »). Quelques années plus tôt, le poète Jean Dorat, originaire du Limousin, avait séjourné dans ce même collège en qualité de boursier. |
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16 septembre. Thevet, « maistre principal du college de Chenac », met en ferme sa cure de Courgenay au diocèse de Sens à messire Jean Blanchet le jeune, prêtre, son vicaire audit lieu (AN, MC, XXXIII, 47, f. 186 ro ; Baudry, p. 36). |
15 octobre. Injonction faite par Charles de Cossé, comte de Brissac, maréchal de France, lieutenant général à Paris, aux habitants de Paris de se garnir de blé et seigle, en prévision d’un siège par les protestants (A. Tuetey, Histoire générale de Paris. Registre des délibérations du Bureau de la Ville de Paris, t. V, 1558-1567, Paris, Imprimerie Nationale, 1892, CCXXXVIII, p. 145). |
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26 octobre. Reprise de Rouen sur les protestants et sac de la ville. Thevet célèbre l’événement dans un placard « imprimé à Paris pour Mathurin Breuille » et intitulé Le Vray Pourtraict de la Ville de Rouen : assiegée et prise par le Roy Charles 9. Quelque temps auparavant, Thevet a publié chez le même éditeur un placard de La Ville de Bourges, reconquise dès le 31 août par les catholiques. |
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17 novembre. Comme Paris est menacée par Condé et bientôt en état de siège, Thevet achète, pour la subsistance du collège de Chenac, quatre pourceaux vivants. |
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23 novembre. Achat d’escopettes et d’un morillon pour la défense du collège. Les jours suivants, achat d’une « hacquebutte, flasques et leur garniture », d’une « livre de pouldre à canon », de « balles de plomb pour servir à ladicte hacquebutte ». |
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29 novembre. « A esté payé a ung homme qui fut faire la santinelle de nuict pour ledict college… ». |
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30 novembre. « Le dernier jour dudict mois de novembre a ung pauvre homme nommé Jehan de Milieres que le college envoya besoigner aux Trenchées hors la ville… ». |
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19 décembre. Bataille de Dreux. La victoire de François duc de Guise met fin aux menaces de siège sur Paris. |
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1563 |
Janvier ou début février. Thevet publie chez Mathurin Breuille un troisième placard : Le Vray Pourtraict de la bataille donnée par M. de Guyse devant Dreux, où il célèbre la victoire remportée par François de Guise, « pere de la patrie et premier inventeur et restituteur de la liberté françoyse envahie ». |
47 |
18 février : devant Orléans qu’il assiégeait, François de Guise est grièvement blessé par le gentilhomme protestant Poltrot de Méré. Il succombe à ses blessures le 24. |
19 mars. Édit de pacification d’Amboise, le lendemain de l’exécution de Poltrot de Méré par écartèlement. |
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3 décembre. André Thevet, abbé de Notre-Dame de Madion au diocèse de Saintes et chapelain de la chapelle Saint-Jean et Saint-Jacques « fondée en l’église parrochial de sainct Saturny de Champigny », loue en bail à Étienne Joly vigneron demeurant à Champigny « une maison court jardin et cellier lieulx aisances et apartenances comme ils se comportent assiz audict Champigny » (AN, MC, XXXIII, 48, f. 457 vo et 458 ro, 2 pièces). |
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1564 |
17 juillet. Engagement d’Antoine Christophle peintre demeurant à Paris au service d’André Thevet, pour le servir audit art de peinture pendant un an. Il sera nourri et recevra 24 écus (AN, MC, XI, 42, f. 129 ; Baudry, p. 37). Thevet est dès cette date administrateur de l’Hôtel-Dieu de Corbeil, charge qu’il conservera jusqu’à sa mort. |
Thevet préface le Recueil memorable d’aucuns cas merveilleux advenuz de nos ans, et d’aucunes choses estranges et monstrueuses advenües es siecles passez de Jean de Marconville (Paris, Jean Dallier). |
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La même année, pour le même Jean de Marconville, il écrit une postface au traité De l’heur et malheur du mariage, Ensemble les loix connubiales de Plutarque, traduictes en François (Jean Dallier). |
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1565 |
De mai à septembre. L’île de Malte résiste victorieusement à une tentative d’invasion turque. L’année suivante, Thevet publiera un placard intitulé : « Le vray portraict de l’Isle, et des forts de Malte, Assiegée lan .M.D.LXV. par les Turcs ». On n’en possède que la première ébauche, une sorte de maquette révélatrice de la méthode de travail du cosmographe et associant à une gravure sur bois en neuf blocs des compléments manuscrits. Ce placard comporte, en bas à gauche, la mention manuscrite en capitales : « ANDRE.THEVET. MA. FAICT. 1565 » (M. Destombes, 1972, p. 126 ; F. Lestringant, 1985, p. 331-333). |
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9 juillet. Bail par le successeur de Thevet Me Guillaume Capel de la cure de Saint-Saturnin de Champigny (AN, MC, XXXIII, 50, f. 138 et 139). |
Du 20 septembre au 12 octobre. Massacres de Fort Caroline et de Matanzas Inlet perpétrés par l’adelantado Menendez de Avilès. C’est la fin des tentatives de colonisation française en Floride. Quelques mois plus tard, Thevet entre en possession de la relation manuscrite de René de Laudonnière, l’un des deux chefs de la colonie, qui a échappé aux massacres. Il en fera usage dans la Cosmographie universelle et dans les Hommes illustres. |
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1566 |
Année de collaboration intense entre Belleforest et Thevet en vue d’une Cosmographie universelle : « depuis le temps, que luy, et moy, bastissions sa Cosmographie, en l’an mille cinq cent soixante six » (Belleforest, CU, t. II, col. 1981). Suite à la brouille des deux amis, le projet se dédoublera et n’aboutira, dans ses deux versions concurrentes, que dans les premiers mois de 1575. |
Thevet signe un sonnet encomiastique figurant aux liminaires de François de Belleforest, Le Second Tome des Histoires tragiques (Paris, R. Le Mangnier). Dans l’épître dédicatoire du même ouvrage, datée du 21 août 1565 et adressée à « Ma Damoyselle Ysabeau de Fusée », femme du procureur général Gilles Bourdin, Belleforest dit y avoir été « incité encor par Monsieur Thevet, qui m’a asseuré du bon accueil que vous faictes aux choses qui ressentent le goust de vertu, religion et saincteté ». |
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Cette même année, Belleforest dédie « Au Seigneur André Thevet, abbé de Madion, et excellent Geographe » sa traduction des Epistres familieres de Cicéron (Paris, Vincent Norment et Jeanne Bruneau). L’épître dédicatoire, où est révélée « l’invention » par Thevet du tombeau de Cicéron à Zante, est datée du 1er juin. |
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Cette même année encore, Gilles Bourdin aurait fermement dissuadé Thevet de s’embarquer avec Peyrot de Monluc dans une expédition visant les comptoirs portugais de l’Afrique. À Madère, Monluc est tué d’un coup de canon. |
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1567 |
Dans le Second discours de Jacques Grevin, docteur en medecine à Paris, sur les vertus et facultez de l’Antimoine, Paris, Jacques Du Puy, 1567, f. 115 vo-116 ro, où Grévin polémique contre Louis de Launay, médecin de la Rochelle, il allègue en sa faveur le témoignage d’André Thevet : « J’ay communiqué de ceste affaire avec André Thevet excellent Cosmographe, & homme lequel a veu autant de terres estrangeres qu’homme qui soit en nostre temps. Il m’a fait ce bien de me monstrer ce qu’il a escrit de la Rheubarbe, en sa Cosmographie universelle, laquelle en bref il doit mettre en lumiere3 ». La Cosmographie universelle, qui paraîtra seulement courant 1575, est donc annoncée dés 1567 ! Belleforest et Thevet y travaillent alors conjointement depuis sans doute quelques années. |
26-28 septembre. Surprise de Meaux : échec du coup de main des protestants visant à s’emparer du roi Charles IX. C’est le début de la deuxième guerre de Religion. |
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10 novembre. Bataille de Saint-Denis. L’armée protestante de Condé et Coligny, qui tente d’investir Paris, est battue par l’armée royale conduite par le connétable de Montmorency. Ce dernier est mortellement blessé durant le combat et meurt deux jours après. |
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1568 |
Début de l’année. Cinq ans après son Vray Pourtraict de la bataille de Dreux, Thevet publie chez Mathurin Breuille un placard intitulé : Le portrait de la ville de Paris, cité, & université, aveq’ le plan du camp des deus armees. Ce « canard » topographique, qui célèbre une nouvelle victoire sur les huguenots, « esmus d’une discorde, et haine extreme envers leur Roy », opère le montage, l’un au-dessus de l’autre, du plan de Paris par Truschet et Hoyau, dit « Plan de Bâle » (1550), tourné d’un quart de cercle vers la gauche, et d’un plan de la bataille de Saint-Denis. Ce « portrait » en deux planches, avec quatre vents joufflus aux quatre coins du plan de Paris, est orienté le Nord en bas. Dans une colonne de commentaire de 74 lignes placée à droite et commençant |
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par « André Thevet, Cosmographe du Roy. Au Lecteur », Thevet retrace les origines légendaires de Lutèce-Paris et se réjouit de la retraite de l’armée de « l’Admiral » [de Coligny], tout en déplorant « les démolitions ou autres ruines des Eglises » faites « de toutes parts » par les huguenots (J. Boutier, 2002, no 12. [1568], p. 92-94). |
Août. Affaire des « Neuf Roys Charles ». Dans L’Histoire des Neuf Roys Charles de France (Paris, Pierre L’Huillier, 1568), François de Belleforest révèle qu’il est le véritable auteur d’une Cosmographie à paraître sous le nom de Thevet. Il s’agit de la Cosmographie universelle, dont le chantier est dès lors suspendu et qui ne paraîtra que sept ans plus tard, en 1575. Dans l’immédiat, cette révélation entraîne une action en justice de la part de Thevet et, par arrêt du Parlement de Paris en date du mardi 17 août, la suspension de l’impression et de la vente de l’ouvrage (AN, X1a 1623, f. 486 vo-487). L’Histoire des neuf Roys Charles sera remise en vente, mais avec un « carton » du feuillet 639-640. |
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22 août. Début de la troisième guerre de Religion. |
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19 septembre. Achevé d’imprimer de l’Histoire generalle des Indes Occidentales de Francisco Lopez de Gomara, traduite par Martin Fumée (Paris, Michel Sonnius). Dans sa préface, le traducteur s’en prend à la crédulité de Thevet autant qu’à la malveillance de ses informateurs. |
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14 octobre. Angoulême, assiégée par les troupes de Coligny, capitule. Deuxième occupation de la ville par les protestants. La cathédrale Saint-Pierre, partiellement détruite pendant le siège, est de nouveau saccagée, et le tronc du comte Jean arraché à son tombeau et mis en pièces. Moines et prêtres sont massacrés, ainsi que des notables catholiques. Plusieurs des parents et alliés d’André Thevet auraient alors trouvé la mort. Parmi les victimes, Matthieu de Launoy, dans sa Replique chretienne (Paris, Guillaume de La Noue, 1579, f. 242 vo-243 ro), mentionne « M. Philippes de Monté M. Chirurgien, lequel avoit êpousé la sœur de |
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M. André Thevet Cosmographe du Roy ». Le beau-frère de Thevet est attaché à un arbre, en compagnie du drapier Nicolas Guinier, et « arquebusé » par le commandement du capitaine Piles. |
Courant de l’année : Thomas Hacket publie à Londres une traduction anglaise des SFA sous le titre : The New Found Worlde, or Antarctike, wherein is contained wonderful and strange things. L’épître liminaire, élogieuse, est adressée à Sir Henry Sidney, l’un des premiers personnages du royaume et le promoteur d’une audacieuse politique d’expansion maritime. |
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1569 |
23 juin. Bail à titre de rente par André Thevet, « abbé de Madion, diocèse de Saintes, chevalier et voyaigier du Saint-Sepulchre de Jerusalem, cosmographe du Roy et Me administrateur de l’Hostel-Dieu de Corbeil », à Me Savinien de Bellemaniere de la ferme appelée le fief de Tornanfix, « qui se consiste en maison, court, grange, estable, coulombier, le tout en ruynes et décadence, jardin, le tout cloz de murs de vieilles murailles tombées par terre en plusieurs endroictz, trois arpens de bois taillis derrière le cloz, avec les terres labourables estant à présent en friche et deux arpens de pré assiz dans la prairie de Mouy ». Ce bail emphytéotique est destiné à pourvoir à la réparation des bâtiments de l’Hôtel-Dieu de Corbeil ruinés par suite des guerres civiles et du défaut d’entretien (AN, MC, CX, 33 ; Baudry, p. 37-40). |
1570 |
Le Tumbeau de Messire Gilles Bourdin, chevalier, seigneur d ’ Assy, Recueilli de plusieurs scavans personnages de la France (Paris, Robert Estienne) contient une pièce en prose de Thevet : « Andre Thevet / A la memoire perpetuelle de M. G. B. / A posé ceste epitaphe / Non sans larmes ». |
Dans sa traduction augmentée de Joannes Boemus, L’Histoire universelle du Monde (Paris, Gervais Mallot), François de Belleforest multiplie les attaques voilées contre Thevet. À la toute dernière page, il lance un véritable défi à son ancien patron, en promettant qu’on ne recourra désormais à « autre Cosmographie » que la sienne. |
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4 juin. Selon le « Compte du don de trois cens mil livres tournois octroié par la ville de Paris au feu roy Charles dernier decedé, en l’année MVC soixante unze » (BnF, Ms fr. 11692), dans le « Quartier de Jacques Kerver », dizaine de Nicolas Saulnier, rue de Bièvre, « de l’autre costé », « Me André Thevet » est taxé à 100 s. (14e cote, f. 260 vo). Dans la dizaine de Guillaume Boucher, rue Sainte-Geneviève du Mont, « à main senestre », « Me François Forestz » [Belleforest] est taxé à 6 livres, soit une livre de plus que Thevet (f. 264 vo). |
Antoine Mizauld, « médecin et mathématicien », évoque, dans son opuscule « non moins plaisant que utile » des Secrets de la Lune, une anecdote qui semble bien se rapporter à Thevet. Ce dernier, qualifié de « mien amy fort docte et ingenieux », lui aurait prêté une pierre de lune merveilleuse. Dégoûté de l’ingrate patrie, Thevet, si c’est bien lui, se disait alors prêt à offrir ses services au jeune roi Édouard VI d’Angleterre, monarque protestant. |
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1572 |
27 février. Contrat passé entre André Thevet et les libraires André Wechel, Pierre L’Huillier et Guillaume Chaudière pour l’édition de la Cosmographie universelle (AN, MC, CX, 34 ; André Thevet, cosmographe, p. 361-362). |
24 août. Nuit de la Saint-Barthélemy. Le protestant André Wechel, grâce à la protection d’Hubert Languet, agent diplomatique de l’électeur de Saxe, parvient à s’échapper. Il emporte avec lui à Francfort les figures sur bois qu’il avait fait tailler pour la Cosmographie universelle. |
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Cette année voit les attaques convergentes de Belleforest, dans Le Cinquiesme Tome des Histoires tragiques, et de Jacques Gohory, dans l’Instruction sur l’herbe Petum. Le premier dénonce « ceux qui ravissent le labeur d’autruy » ; le second stigmatise « ces bavards imposteurs » et « vrais Charlatans », qui se vantent d’avoir vu, sans pour autant savoir. |
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1573 |
22 janvier. Cession par André Wechel, réfugié à Francfort à la suite de la Saint-Barthélemy, de ses droits sur l’édition de la Cosmographie universelle, qui sera éditée par les seuls L’Huillier et Chaudière (AN, MC, LXXIII, 79 ; André Thevet, |
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cosmographe, p. 362-363). Marguerite Fernel, sa femme, qui le représente à Paris et qui est désignée comme sa procuratrice, s’engage à remettre contre dédommagement à L’Huillier et Chaudière les figures déjà taillées, dans le délai de « troys sepmaines apres le jour de Pasques prochain qui est ordinairement le retour de la foire de Francfort ». |
1574 |
De 1574 à 1581, année où il résigne son office de chanoine à la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême, Thevet est régulièrement déclaré absent lors des chapitres généraux. À chaque fois défaut est prononcé contre lui et les gros fruits de sa prébende retenus. Son frère Étienne Thevet, maître barbier de cette ville d’Angoulême, doit alors produire des lettres d’exonie, notamment les 8 mars, 6 avril, 2 juillet et 17 août 1576, le 1er juillet 1577, les 13 février et 1er juillet 1578, les 5 mars et 1er juillet 1579, les 18 février et 1er juillet 1580, le 9 février 1581 (AD Charente, G. 330 (3-5)). |
Les Œuvres et meslanges poetiques d’Estienne Jodelle, qui paraissent posthumes par les soins de Charles La Mothe (Paris, Chesneau et Patisson), contiennent des vers « Pour le tombeau de M. Thevet, Cosmographe du Roy ». Jodelle était mort l’année précédente. Thevet lui survécut près de vingt années. |
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1575 |
Entre le 17 janvier et le 25 mars, publication concomitante à Paris des Cosmographies universelles de François de Belleforest (Chesneau et Sonnius) et d’André Thevet (L’Huillier et Chaudière). L’accueil des doctes est plus que réservé. En témoignent les lettres de Claude Dupuy à Gian Vincenzo Pinelli et de Ludwig Camerarius, fils de Joachim Ier Camerarius, à Hubert Languet. La Cosmographie universelle de Thevet est offerte au roi d’Écosse Jacques VI par William Keith, fils de l’Earl Marischal, avec reliure « en velours violet avec des agraphes d’argent dorez et es lames aux quatre coings avec le lyon au milieu, le tout doré4 ». |
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1576 |
Dans une Ode insérée dans ses Poesies amoureuses,Filber (Philibert) Bretin révèle sa collaboration à la Cosmographie universelle de Thevet. Il aurait travaillé dans la propre maison de Thevet et « sur ses memoires ». |
1578 |
Thevet publie cette année-là une mappemonde et une carte de la France, qu’Ortelius mentionne dans les rééditions de son Theatrum Orbis terrarum. Mais ni l’une ni l’autre ne nous sont parvenues. Voir : J. Denucé, Oud Nederlandsche kaartmakers in betrekhing met Plantijn, II, 1913, p. 59-60. |
Dans son Histoire d’un voyage faict en la terre du Bresil, aultrement dite Amerique publiée à Genève, sous l’adresse de La Rochelle, le pasteur Jean de Léry, ci-devant cordonnier dans la France Antarctique, s’en prend très vivement à Thevet, lui reprochant d’avoir calomnié la Cause et de « mentir Cosmographiquement ». |
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24 décembre, « vigille de Nouel ». Julien Dubreuil, chanoine prébendé de Saint-Pierre d’Angoulême, remontre à Messieurs faisant et tenant le chapitre qu’il est poursuivi par Thevet « aussy chanoyne de ladicte eglize », pour raison du gros fruit de sa prébende que le chapitre lui a délivré au lieu de Mérignac « par la negligence et deffault dudict Thevet par le décés de Me Jacques Estivalle, parce que ledict Thevet n’auroit requis ne opté ledict gros dans le temps ordonné par l’antienne coustume de ladicte eglize ». En compensation, Thevet a obtenu par la suite un autre « gros » au lieu de Juillac-le-Coq « par le décés de Me Jehan Dechaissaignes ». En conclusion, Julien Dubreuil entend montrer que Thevet est mal conseillé et « qu’il est jouissant et possesseur de ce qu’il demande ». Dubreuil obtient le soutien unanime du chapitre (AD Charente, G. 330 (4), p. 60-62). |
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1579 |
Dans la traduction qu’il donne de l’Histoire nouvelle du Nouveau Monde de Girolamo Benzoni, augmentée du Brief Discours et histoire d’un voyage de quelques François en la Floride (Genève, Eustache Vignon), le pasteur de GenèveUrbain Chauveton rejoint le combat de Jean de Léry contre Thevet. |
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Prêtre catholique et ancien ministre de Sedan, Matthieu de Launoy, dans sa Replique chretienne (Paris, Guillaume de La Noue, 1579, f. 36 vo), traite Léry de « belitre » et vient au secours de « M. André Thevet, le premier de nôtre temps en sa vocation ». |
1580 |
20 janvier. Testament d’André Thevet en faveur de sa filleule Andrée de Millières et son mari (AN, MC, XXIX, 29 ; André Thevet, cosmographe, p. 363-367). Il veut être inhumé aux Cordeliers. |
Les Essais de Montaigne paraissent à Bordeaux, chez Simon Millanges. Le chapitre « Des Cannibales » (I, 31), qui dresse la critique des « cosmographes », vise sans aucun doute André Thevet. |
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1581 |
9 février 1581. Bien que Thevet soit dûment exonié, ses gros fruits sont saisis par le chapitre de Saint-Pierre d’Angoulême, parce qu’il n’a aucunement satisfait aux réparations de Juillac-le-Coq pour sa part et portion « comme ayant ses gros fruictz audit lieu de Juillac et qu’il n’auroit payé les decimes ne preceptorialle pour rayson dudict gros pour sa cotte pare et portion » (AD Charente, G. 330 –5, p. 122). |
7 avril. Réception, par le chapitre de Saint-Pierre d’Angoulême, de Toussaint Martin, maître-école de la cathédrale, à la chanoinie et prébende d’André Thevet qui a résigné (AD Charente, G. 330 –5, p. 139-140). |
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1582 |
Dans les derniers jours de l’année, François de Belleforest malade fait mander Thevet à son chevet et par-devant deux docteurs en théologie de la Sorbonne, son médecin et son marchand libraire Gabriel Buon, lui demande pardon des blâmes qu’il lui a imposés. Thevet, non sans se flatter, rapportera cette réconciliation in articulo mortis dans un passage des HI (II, VI, ch. 113, f. 560 ro). |
1583 |
1er janvier. Mort de François de Belleforest. Il est enterré dans le chœur de l’église des Cordeliers à Paris, où Thevet le rejoindra quelque dix ans plus tard. |
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21 septembre. André Thevet écrit à Jacques de Savoie, duc de Nemours, pour lui demander les « pourtrait et vie » de feu son Altesse Philibert Emmanuel. Cette requête, apparemment, est demeurée sans résultat. |
Entre septembre 1583 et janvier 1584. Premiers contacts à Paris entre Richard Hakluyt, chapelain de l’ambassadeur d’Angleterre et géographe, et André Thevet, qui lui prêtera ou vendra plusieurs documents précieux concernant l’Amérique. |
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Cette même année, Thevet signe un « Advertissement » en tête du second tome de l’Histoire de l’estat et succes de l’Eglise du théologien de la Sorbonne Gabriel Du Préau (J. Kerver[t] et G. Chaudière, t. II, f. A ij ro-vo). Or l’épître dédicatoire du premier tome le mettait implicitement en cause pour son impudence à l’égard des Anciens. |
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Cette même année encore, Thevet présente au roi Henri III une carte de « L’Univers reduit en fleur de lys » (HI, II, IV, 2, f. 181 vo-182 ro), variante de la mappemonde cordiforme d’Oronce Finé. Cette carte n’a pas été retrouvée. |
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1584 |
28 avril. Première lettre conservée de Thevet à Jean Rouhet, avocat et fondé d’affaires de Jeanne de Montmorency, duchesse de La Trémoille, au sujet du portrait de Louis II de La Trémoille, « qui mourut à Pavie » (AN, 1 AP 636, doss. A. Thevet ; éd. Laurent Vissière, « André Thevet et Jean Rouhet : fragments d’une correspondance (1584-1588) », BHR, t. LXI, 1999, no 1, p. 109-137, doc. 1). |
31 août. Publication à Paris des Vrais Pourtraits et Vies des Hommes illustres, par la veuve Jacques Kervert et Guillaume Chaudière. L’achevé d’imprimer est daté du « dernier jour d’Aoust ». |
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Cette année-là Thevet dicte un second testament, non retrouvé. |
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1585 |
8 juillet. Thevet passe commande à Jaspar Sandres ou Sanders, « painctre de la Royne mere du Roy demeurant aux faulxbourgs St Victor lez Paris », d’un diptyque composé d’un paysage de la Terre Sainte et de la ville de Jérusalem |
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d’une part et d’autre part d’un tableau à quatre personnages, suivant le modèle qu’il lui fournira (AN, MC, XXXIII, 219 ; André Thevet, cosmographe, p. 367-368). Le Livre des peintres de Carel Van Mander (trad. Henri Hymans, t. I, Paris, 1884, p. 64-65 et 77) mentionne un Jean Sanders Van Hemessen (ou Hemixem, sur l’Escaut), franc-maître de la guilde de Saint-Luc d’Anvers en 1524 et doyen de la corporation en 1548. Il fut à l’origine d’une dynastie de peintres, dont sa fille Catherine et un fils naturel légitimé prénommé Pierre. |
4 août. André Thevet, abbé de Notre-Dame de Madion en Saintonge, demeurant à Paris rue de Bièvre, fait une rente annuelle à Philippe Petault, « pauvre enffant orfelin de deffunct Thevet et Germaine Gemelain, jadis sa femme », de cent écus d’or soleil. Cette rente est accordée en dédommagement de services rendus par les défunts au cosmographe lors de « ses grandes malladies » de l’année 1584 (AN, MC, XXXIII, 219, f. 426 ro-vo ; copie : IC, Y 127, f. 47 ; E. Balmas, « Documenti inediti », 1965, p. 60-61). |
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17 août. Don par André Thevet à Andrée de Millieres sa filleule, femme de Gilles de Gauliere chirurgien à Paris absent, d’une rente annuelle et perpétuelle de seize écus deux tiers (AN, MC, XXXIII, 219 ; Baudry, p. 40). |
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26 septembre. Thevet renonce à son procès contre Jaspar ou Gaspart Sandre(s) au sujet des deux tableaux qu’il lui a commandés et fait libérer le peintre, à charge pour ce dernier d’achever « en quatre jours entiers sans discontinuer » le travail commencé (AN, MC, XXXIII, 219 ; Baudry, p. 40). |
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Réplique de Jean de Léry aux Vrais Pourtraits et Vies des Hommes illustres dans la troisième édition augmentée de l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Bresil (Genève, Antoine Chuppin). |
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1586 |
Gravure des cartes du Grand Insulaire et Pilotage, comme l’atteste une note figurant au début du manuscrit, sur la page de garde du t. I : « Isles taillees pour Monsieur, 1586 » (BnF, Ms fr. 15452). |
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5 janvier. Cession par Thevet à « Me Guillaume Benard, suyvant les finances », d’un titre de crédit de 1400 écus d’or dus par le roi. Par cette convention, Thevet obtient de Benard une aide tout à fait exceptionnelle. Le financier l’a déjà aidé précédemment par un prêt de 600 écus, et, à présent, il le secourt d’un versement plus important encore, de 800 écus comptants. En échange, Benard se satisfait d’un ordre de paiement royal, qui n’est qu’une promesse formelle, laquelle viendra à exécution à une date qu’il n’est pas possible de prévoir (AN, MC, XXXIII, 220 ; E. Balmas, p. 61-62). |
2 avril (l’année n’étant pas précisée). Dans une lettre à Abraham Ortelius, « Geographe et Cosmographe du Roy catholique », Thevet lui exprime sa reconnaissance pour avoir été cité en son « Theatre, Synonimie de la Geographie et autres œuvres », et passe sur les critiques de ce dernier quant à son peu de déférence pour les Anciens. Il ne peut s’empêcher de regretter au passage l’ingratitude de Sébastien Münster et de François de Belleforest à son égard. Pour finir, il se dit « fort empesché » à bâtir un Insulaire : « Pour le present j’ay quelques trois cens cinquante planches taillées en cuivre avec la description ». Il offre à Ortelius de lui communiquer « le tout », et lui associe, dans la formule de salutation finale, « [s]on ancien amy le Seigneur Christophle Plantin » (Abrahami Ortelii epistulae, éd. J. H. Hessels, Cambridge, 1887, t. I, p. 329-330). |
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15 juillet. Dans une deuxième lettre conservée à Jean Rouhet, « conseiller de madame de La Trimouille », Thevet, qui tente vainement de récupérer une créance, confie in fine : « J’auroie bien affaire de ceste partie parce que je suis aprés mon Insulaire, où je despens beaucoup aux figures ». Il ajoute dans un post-scriptum : « Je desireroie sçavoir si Madame a en quelques siennes terres quelque isle, afin qu’elle m’en envoie le plan avec les memoires tant pour le pilotage que pour l’histoire, et je la coucheroie en mon Insulaire, n’oubliant rien de ce qui merite de sa grandeur et anciens seigneurs de La Trimouille » (AN, 1 AP 636, doss. A. Thevet ; L. Vissière, doc. 2). |
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18 août. Contrat passé entre Thevet et Jacques Bernard, maître vitrier à Paris, « y demeurant rue Haulte Vannerie paroisse Saint Gervais », pour un vitrail à placer derrière le maître-autel du chœur du couvent Notre-Dame des Carmes, « à costé d’une verriere qui est paincte à main gauche entrant audit chœur ». Sur une vitre de bon et fort verre « ledit Bernard sera tenu paindre de coulleurs naifves, bonnes et loyalles telles figures et portraictz qu’il plaira audit Thevet luy nommer ». Le marché est passé moyennant le prix et somme de quarante écus soleil, « sur quoy ledit Bernard confesse avoir receu dudit Thevet douze escus sol. dont quittance » (AN, MC, XXXIII, 220, f. 649 ; Baudry, p. 41). |
30 novembre. Demande renouvelée à Jean Rouhet, Thevet se disant « prest à mettre sur la presse [s]on Grand Insulaire, aprés que plusieurs plancz d’isles, qui montent à quatre cens ou environ, ont esté taillées en cuivre et l’histoire d’icelle parfaicte ». Pour inciter Jeanne de La Trémoille à contribuer au grand œuvre, il invoque divers exemples : « Il n’y a pas vingt quatre heures que j’en ay receu du païs des Cantons des Suisses, de certaines isles posées dans des lacz. Madame de Longueville m’en envoya, il y a un mois, une qu’elle tient aussi en ce païs là ». À l’attention de Rouhet lui-même, Thevet lance cet appât : « Si de vostre part, vous voulez grifonner quelzques sonnetz, ilz seront aussi bien receuz en mon endroict comme ont esté ceux que j’ay mis dans mon livre des Hommes illustres » (AN, 1 AP 636, doss. A. Thevet ; L. Vissière, doc. 3). |
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Dans l’épître dédicatoire à Sir Walter Raleigh de L’Histoire notable de la Floride de René de Laudonnière (Paris, Guillaume Auvray), « l’étudiant » Martin Basanier, homme de paille de Richard Hakluyt, vise implicitement Thevet en évoquant l’étouffement de cette relation « par l’espace de vingt ans ou environ ». |
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1587 |
17 janvier. Nouvelle lettre de Thevet à Jean Rouhet, qui traduit un certain agacement : « D’autres princes et grands seigneurs de France, qui ont quelques lacs dans lesquelz il y a quelque isle, n’ont esté si paresseux » [que la duchesse de La Trémoille] (AN, 1 AP 636, doss. A. Thevet ; L. Vissière, doc. 4). La demande est renouvelée le 5 juin, toujours par l’intermédiaire de Rouhet, apparemment sans plus de résultat. |
18 juin. Jean-Baptiste de Bencivenni, abbé de Bellebranche, accorde à Thevet, « qui est fort viel », la jouissance de ses biens meubles confisqués pour dette, à charge d’achever le Grand Insulaire (AN, MC, LIX, 8 ; E. Balmas, p. 62-63). Le même jour, par un acte distinct, Bencivenni cède à Philippe Thevet, dit Petault, un crédit de 814 écus d’or sur la dette due par Thevet. Ces 814 écus sont représentés, en fait, par les biens mobiliers de Thevet, alors sous séquestre, comme il est dû. Cependant Bencivenni dissuade Petault, ainsi que Nicolas Corbin son tuteur, d’exercer quelque pression que ce soit sur le cosmographe pour rentrer en possession de son bien, et ce, tant qu’il sera en vie. L’intention implicite de Bencivenni, selon E. Balmas, serait donc de laisser à Thevet l’usufruit de ses biens (AN, IC, Y 129, f 246 ro ; E. Balmas, p. 63-64). |
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7 septembre. Richard Hakluyt, retournant en Angleterre, emporte avec lui le précieux Codex Mendoza, manuscrit aztèque racheté l’année précédente à Thevet. Le Codex Mendoza, aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Bodleian d’Oxford, comporte cinq ex-libris manuscrits de Thevet, dont deux accompagnés de la date de 1553, année probable de son acquisition par celui qui signe alors de son nom latinisé « A. Thevetus ». |
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Octobre. Richard Hakluyt dédie à Sir Walter Raleigh sa traduction anglaise de René de Laudonnière, A Notable Historie containing foure voyages made by certayne French captaynes unto Florida (Londres, T. Dawson), en accentuant ses critiques à l’égard des Français. |
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1588 |
16 janvier. Désespérant de Rouhet, Thevet s’adresse directement à la duchesse de La Trémoille, pour la prier de lui « envoyer le plant et description de quelques isles, qu’on m’a dit que possediés en la mer xaintongeaise » (AN, 1 AP 636, doss. A. Thevet ; L. Vissière, doc. 8). Dans une lettre à Rouhet en date du 31 janvier, la duchesse recommande à son fondé d’affaires de continuer à temporiser vis-à-vis de Thevet. Elle ajoute : « et quant au plan ou pourtraict qu’il demande des isles de nostre maison, comme vous distes, il est difficile d’y mener de bons peintres, ce sera en ung aultre saison plus calme et gracieuse » (AN, 1 AP 284 ; L. Vissière, doc. 9). |
28 avril. Promesse de Guillaume Trubert, maître tapissier de haute lisse, demeurant à Paris rue des Lombards, envers André Thevet, « aulmosnier ordinaire de la Royne et cosmographe ordinaire de Sa Majesté », « de faire et parfaire » une pièce de tapisserie représentant « les pellerins qui vont à Esmaüx avec les personnages estans au portraict qui sera baillé audit Trubert ». Cette promesse est faite moyennant la somme de quatre écus soleil « pour chacune aulne que contiendra ladite piece aulnée à l’aulne de Paris ». Ce Trubert est un lointain ancêtre de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. (AN, MC, XXXIII, 222, f. 384 ro-vo ; Baudry, p. 41). |
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Le contrat fut honoré et un dessin colorié de la collection Gaignières conservé à la Bibliothèque bodléïenne d’Oxford (Gough collection, Gaignieres drawings, vol. XVI, no 60) nous a conservé le souvenir de cette tapisserie où l’on voit Thevet barbu et chenu en habit de cordelier agenouillé devant un pupitre, son saint patron se tenant debout derrière lui. À gauche le Christ ressuscité s’avance sur le chemin d’Emmaüs, entre les deux disciples chargés de leur bâton de pèlerin. Au milieu du bandeau inférieur, un cartouche entre deux crocodiles contient l’inscription suivante : « André Thevet / Cosmographe de quatre Roys de / France, Chevalier du St Sepulchre, / apres avoir visité la Ste cité de / Jerusalem, et autres contrées / prises d’un pol a lautre, fit faire / cette piecce. Pries Dieu pour luy. » |
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Dans les deux bordures verticales, de part et d’autre de la composition, deux cartouches ovales renferment les armes de Thevet, « de gueules à la sphère d’or, entourée d’yeux au naturel qui la regardent, au chef chargé de mâts de navire sur une mer d’azur » (reproduction dans J. Adhémar, 1947, et J. Baudry éd., SFA, 1982). |
12 mai. La journée des Barricades provoque la fuite du roi Henri III à Tours. Thevet reste à Paris. Interruption du Grand Insulaire. Mise au propre partielle sous le titre de Description de plusieurs Isles (BnF, Ms fr. 17174). |
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25 juillet. Procuration par André Thevet à André Le Roy, prêtre chanoine de l’église collégiale Notre-Dame de Corbeil, pour administrer l’Hôtel-Dieu de Corbeil (AN, MC, XXXIII, 222, f. 544 ro-vo). |
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10 octobre. Thevet souscrit, au nom de « religieuse personne frere moine Hillaret [ou Hylaret], prebtre, religieux de l’ordre des Cordelliers, docteur regent en la faculté de théologie en ladicte université, et predicateur ordinaire en la ville d’Orleans », un contrat d’édition avec le libraire parisien Gilles Beys pour le livre intitulé « Les sermons de tous les jours et dimanches de Caresme », en l’occurrence les Sermons catholiques, pour tous les jours de Caresme, et festes de Pasques, composez premierement en Latin, par frere Maurice Hylaret Cordelier (Paris, A. Drouart, 1589). En dédommagement de ses bons offices, Thevet recevra de Gilles Beys un exemplaire du Speculum nationum « en blanc in follio », sans doute le Speculum orbis terrarum de Gerard de Jode (AN, MC, XXXIII, 222, f. 736 vo-737 ro ; E. Balmas, p. 64-65). |
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1589 |
23 avril. André Thevet, « aulmosnier ordinaire de la feue royne mere du roy, cosmografe ordinaire », est présent en qualité de garant au contrat de mariage de sa nièce Marie Thevet, « fille de feu Me Pierre Thevet, en son vivant chirurgien en la ville d’Angoulesme, sieur de la Joalliere, et de Katherine Daret, sa femme », avec Enard Dubillon, apothicaire de Vienne en Dauphiné (AN, MC, XXXIII, 223, f. 192-193 ; E. Balmas, p. 65-66). |
63 |
1er novembre. Troisième et sans doute dernier testament d’André Thevet, « cosmographe jadis de quatre Roys de France », en faveur de Nicolas Corbin, « Maître Chappelier à Paris » et de Germaine Gemelin sa femme, tuteurs du jeune Philippes Thevet, dit Petault. Le géographe François de La Guillotière est chargé de l’impression du Grand Insulaire et s’engage à verser aux héritiers désignés du cosmographe les bénéfices éventuels de l’ouvrage. Thevet souhaite à présent être « inhumé et enterré en l’eglise des Carmes près le lieu ou feu monsieur Auronce [le cosmographe et mathématicien Oronce Finé] a esté inhumé et enterré » (AN, MC, XXXIII, 223, f. 490 ro-vo ; Baudry, p. 42-43). Thevet, en définitive, sera inhumé aux Cordeliers, conformément à ses volontés antérieures, du 20 janvier 1580. |
[1590] |
Fausse date pour la mort de Thevet, donnée par Pierre de L’Estoile dans ses Mémoires-journaux, Jacques-Auguste de Thou dans l’Historia sui temporis et Jacques Severt dans L’Anti-Martyrologe, ou Verité manifestée contre les Histoires des supposés martyrs de la Religion pretendue reformée (Lyon, Simon Rigaud, 1622, p. 598, manchette). |
1591 |
13 mai. Thevet donne procuration à François Perret, maître chapelier, demeurant rue de la Boucherie (AN, MC, I, 15). |
29 juillet. Thevet reçoit du duc de Mayenne, lieutenant général du royaume et chef de la Ligue, l’office, devenu vacant par le décès de Nicolas Quemin (11 juillet), de lieutenant particulier en la vicomté de Montivilliers, près du Havre. Il en dispose aussitôt en faveur de Me Nicolas Le Boullenger, avocat en la Cour, greffier héréditaire en l’amirauté du siège du Havre. Celui-ci lui paie 50 écus soleil (Bulletin de la Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure, t. VII, 1889, p. 327-328). |
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1592 |
13 septembre. Mort de Montaigne en son château de Saint-Michel en Périgord. |
23 novembre. Mort d’André Thevet en son logis de la rue de Bièvre à Paris. Il est enterré au grand couvent des Cordeliers. |
1 Pour la désignation des fonds d’archives on recourt aux abréviations suivantes : AD : Archives départementales. / AN : Archives nationales (Paris). / IC : Insinuations du Châtelet. / MC : Minutier Central des notaires de Paris. / BnF : Bibliothèque nationale de France.
2 Ces violences, dont l’iconoclasme, sont évoquées par euphémisme dans le Recueil des choses memorables avenues en France de l’historien protestant Jean de Serres (1595 ; 2e éd., 1598, p. 221) : « Es quartiers d’Angoulmois et Coignac, les troupes du parti Triumviral conduites par le sieur de Martron firent de terribles ravages és maisons de quelques gentilshommes, qui avoient suivi son neveu le comte de la Rochefoucaut à Orleans. Puis ayant voulu assieger Angoulesme, fut cause que les images et la messe y perdirent leur credit[…] ». C’est moi qui souligne.
3 Je dois ce renseignement à Oury Goldman.
4 Je dois cette indication à Oury Goldman.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-11236-5
- EAN: 9782406112365
- ISSN: 1775-3503
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-11236-5.p.0039
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 02-15-2021
- Language: French