Avant-propos
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Sociabilités littéraires
2023 – 7 - Auteur : Bercegol (Fabienne)
- Pages : 13 à 14
- Revue : La Revue des lettres modernes
- Série : Chateaubriand, n° 1
Avant-propos
Ce numéro sur les « sociabilités littéraires » ouvre la nouvelle série consacrée à Chateaubriand au sein de la Revue des lettres modernes. Dans la continuité de l’ouvrage collectif Chateaubriand, nouvelles perspectives critiques publié aux Classiques Garnier en 2020, nous souhaitons rappeler l’importance considérable de la personnalité et de l’œuvre de Chateaubriand dans le paysage littéraire et idéologique du xixe siècle, et surtout inviter à porter un regard neuf sur sa carrière d’auteur, de journaliste, d’homme d’État ainsi que sur l’ensemble de ses textes, sans doute aujourd’hui trop circonscrit aux seuls Mémoires d’outre-tombe. Ce premier numéro relève déjà ce défi, en inscrivant les études sur la figure imposante de l’auteur qu’a incarnée Chateaubriand dans le champ désormais très dynamique des travaux portant sur les réseaux qui se constituent autour des écrivains. Reprenant à partir de ce nouvel outillage théorique le tableau jadis brossé par Sainte-Beuve dans Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire, l’enquête a le mérite de faire revivre les différents milieux littéraires et artistiques qu’a fréquentés Chateaubriand pendant toute sa vie, et donc de le situer parmi des contemporains, dont Germaine de Staël, par rapport auxquels il a structuré sa pensée et construit son image publique ; elle rend compte des stratégies de diffusion d’une œuvre plurielle, mais aussi d’une pratique créatrice beaucoup moins solitaire que ne le laissait penser le mythe de l’écrivain génial, à l’origine d’une révolution en littérature.
D’autres numéros vont suivre, qui permettront de revenir à nouveaux frais sur des aspects essentiels de l’œuvre pourtant négligés : ainsi en va-t-il de la langue de Chateaubriand, qui n’a pas bénéficié d’une analyse d’envergure depuis le travail fondateur de Jean Mourot dans les années 1960 (Le Génie d’un style. Chateaubriand. Rythme et sonorité dans les Mémoires d’outre-tombe, Paris, Armand Colin, 1960). Ainsi en va-t-il encore de sa pensée esthétique et de l’inspiration religieuse qui traverse pourtant toute son œuvre. D’autres pistes sont à ouvrir, pour 14actualiser la recherche sur cet auteur, en faisant lire son œuvre à travers le prisme des études de genre, de l’ethnocritique ou de l’écopoétique. Ce travail se fera en synergie avec le site web animé par le « Groupe Interuniversitaire Chateaubriand » (https://chateaubriand.huma-num.fr/). Nous espérons qu’il rendra plus visible et plus proche une œuvre qui a plus que jamais besoin de nouveaux lecteurs et de nouvelles lectrices pour trouver sa place dans notre xxie siècle et pour y faire reconnaître dans toute sa diversité la richesse de son inspiration.
Fabienne Bercegol
Directrice de la
« Série Chateaubriand »