Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Sens de la transcendance. Études sur la spiritualité
- Pages: 477 to 483
- Collection: Encounters, n° 552
- Series: Twentieth and twenty-first century literature, n° 42
Résumés
Louis Hébert et Georges Vasilakis, « Introduction. Transcendance et spiritualité. Pour une approche systématique »
Après des définitions, on plonge dans les caractéristiques de la transcendance, avec notamment plusieurs typologies. Puis on convoque les zones anthropiques (relatives à l’humain) de Rastier et les englobe dans des niveaux anthropiques (Hébert). Nous distinguons une modalité nouménale (les choses telles qu’elles sont) et une modalité phénoménale (les choses telles qu’elles nous apparaissent) pour chacun des niveaux et donc, notamment, une nouménotranscendance et une phénotranscendance.
François Rastier, « Sémiotique de l’absence et transcendance du sens »
Dans le cadre d’une anthropologie sémiotique, la théorie des zones anthropiques participe d’une réflexion sur la structure propre de l’environnement humain. La définition de ces zones et des médiations entre elles échappe à la logique de l’adaptation. Une réflexion sur les institutions symboliques conduit à reconcevoir le mythe, le rite et la religion. Le point de vue objectivant d’une sémiotique des cultures permet ainsi de préciser les conditions de l’expérience subjective.
Jacques Fontanille, « Le spirituel entre immanence et transcendance. La spiritualité écologique »
L’une des clés des débats sur l’origine transcendante ou immanente de la spiritualité tient au positionnement de cette dernière dans les zones anthropiques (Rastier) et à l’alternative entre objectalisation et subjectalisation. Nous proposons de modéliser ces observations sous la forme de parcours dans une topologie dynamique des zones anthropiques, qui nous permet ensuite d’aborder le cheminement d’une spiritualité écologique immanente, autour de Gaïa et, enfin, dans l’encyclique Laudato Sí.
478Marc Angenot, « L’inventivité religieuse au xixe siècle. Contribution sémiotique »
Le xixe siècle français a vu se bricoler en grand nombre des religions dites naturelles, rationnelles, scientifiques et, à ces titres, universelles. Ces quasi-religions apparaissent comme des tentatives de déconstruction et reconstruction, par déplacement et condensation, fusion et dissociation, de l’économie du sacré/profane chrétien, et de l’économie du physique/métaphysique, des couples fondamentaux vie/mort, ici-bas / au-delà, fugacité/éternité – mais encore bien/mal, permis/tabou.
Étienne Pouliot, « Au re-commencement, la spiritualité »
Une sémiotique axée sur l’énonciation est sollicitée afin d’inscrire les problèmes de la spiritualité, de la transcendance et du sens dans l’horizon langagier de l’herméneutique philosophique proprement dite. Cet effort exige de dégager, du traitement phénoménologique qui enserre ces problèmes, leur mode originaire conformément à une sémiotique du discontinu et non binaire. L’enjeu de re-commencement (ou origine) que constitue l’énonciation s’en trouve ainsi exposé, élucidant les problèmes en vue.
Stéphanie Walsh Matthews, « Superstition et sémiotique. La pensée superstitieuse est-elle raisonnable ? »
Cette contribution s’interroge sur la place de la superstition vis-à-vis la spiritualité, mais elle veut surtout en reconnaitre le sens. Les historiens, anthropologues, linguistes et ethnographes, surtout depuis le xxe siècle, étudient la superstition en référence oppositionnelle à la raison ou dans le but de découvrir des universaux. On reconnait que la superstition, avec sa singulière pérennité – surtout dans l’ère moderne –, requiert désormais que la science du sens s’attarde à l’évaluer.
Ludovic Massy-Raoult, « La symbolique du baptême dans le conte “L’Hôte à Valiquet” de Joseph-Charles Taché. Éclaircissements terminologiques des concepts de l’ethnocritique et mise en application de l’approche sur un conte québécois »
Cette contribution propose à la fois une présentation et un approfondissement terminologique des concepts privilégiés par l’ethnocritique et une analyse, basée 479sur cette approche, du conte « L’Hôte à Valiquet » (1863) de Joseph-Charles Taché. L’analyse révèlera comment un produit sémiotique profane (le conte populaire) reprend un produit sémiotique catholique (le baptême) pour en faire une œuvre de fiction qui tend à penser la transcendance d’un point de vue populaire.
André Mineau, « Le nazisme et la transcendance »
En Allemagne, les religions traditionnelles ont été appelées à s’ajuster et à se modifier, pour devenir acceptables dans le cadre du nationalisme des nazis (christianisme « positif »). Mais dans l’ensemble, l’idéologie nazie avait rompu avec la compréhension chrétienne de la transcendance. Elle proposait plutôt un déisme aux accents panthéistes marqués (Hitler) ou encore le panthéisme particulier de Himmler et de la SS.
Behdad Ostowan, « La spiritualité et la fonction de la symbolique »
Cette étude est une réflexion sur la symbolique ou, plus exactement, sur la logique des symboles. L’article examine la fonction des symboles dans le processus de transcendance. Il montre comment les symboles parviennent à fonctionner comme une sorte d’intermédiaire entre présence et absence, entre accessible et inaccessible, entre l’univers physique et spirituel ou entre l’immanence et la transcendance.
Angela Anzelmo, « De la compétence à la performance communicationnelle. Une approche sémiotique de la communication vaticane numérique »
L’étude consiste à voir comment l’institution vaticane travaille sa compétence communicationnelle dans les environnements digitaux, lorsqu’elle passe d’un non-savoir-communiquer à un savoir-communiquer en ligne, avant d’observer sa performance, son action communicationnelle une fois qu’elle s’est approprié les codes de la sphère numérique. En guise de perspective d’ouverture, nous verrons en quoi la technologie peut donner un second souffle à la tradition vaticane.
Jenny Ponzo, « Transcendance, sainteté et loi dans la culture catholique »
Cet essai porte sur le rapport entre les idées de transcendance et de sainteté dans la culture catholique. Ces deux concepts sont mis en relation avec l’idée 480de norme, considérée en général comme système de médiation entre l’humain et le divin et, plus spécifiquement, comme moyen de règlementer l’attribution du statut de saint (la canonisation). Cette réflexion confronte aussi des notions sémiotiques telles que la transtextualité et la théorie des formes de vie.
Lionel Obadia, « Signes du religieux dans le spirituel. La sportification de l’ascèse méditative »
Cette contribution s’intéresse aux interactions entre la spiritualité et les activités physiques et sportives, aux mouvements de spiritualisation et de sportification du corps et de la société. L’étude de ces deux mouvements permet de souligner toute la complexité de ce qui se trame à l’occasion de leur rencontre. L’exemple des techniques ascétiques asiatiques met ici en lumière les allers-retours entre corps et esprit, physique et métaphysique, aux confins du sport et du spirituel.
Noël Sanou, « Rituel et cosmogénèse du masque bobo. Pour une théorie sémiotique post-anthropologique d’une structure cosmogonique africaine »
Le propos vise à cerner, à partir du cadre anthropo-sémiotique des Bobo’i situés à l’ouest du Burkina Faso et au sud du Mali, le sens de la transcendance africaine. Celle-ci articule, d’une part, l’aniconisme de l’Étant causant et transcendant la Création et, d’autre part, l’iconisme de l’Être rituel – improprement appelé « le masque » – hypostasiant et subsumant, dans un second plan qu’on peut dire immanotranscendant, les hypostases de la déité.
Jean Emmanuel Etegle Meka, « Intercession et théogonie par l’icône chez les catholiques camerounais. Entre foi chrétienne et survivance des spiritualités originelles »
Dans la rencontre entre Afrique et Occident, il s’est créé un rapport de domination ayant facilité la christianisation forcée des Africains. Toutefois, la connivence de certains invariants sémiotiques a permis aux spiritualités africaines de résister à l’épreuve de la négation coloniale, débouchant sur un consensus de croyances. En partant d’une sémiotique comparée des objets de cette foi finalement syncrétique, l’étude vise à décrypter la sémiotisation de Dieu chez les catholiques camerounais.
481Daniel Harrisson-Dugas, « Le non-agir agissant. Carré sémiotique et taoïsme »
Qui tente de contrôler les situations qui lui sont extérieures fait preuve d’irrespect à l’égard de l’ordre naturel. Le non-agir taoïste vise à respecter le Dao et à progresser spirituellement vers lui. Son respect et son irrespect peuvent être éclairés à partir du carré sémiotique, auquel l’article recourt pour son analyse du Dao De Jing. Il en ressort une meilleure compréhension du non-agir et deux contradictions apparemment présentes dans ce texte fondateur du taoïsme.
Valérie Angenot, « Sémiotique visuelle de l’incarnation au temps d’Akhénaton (Égypte, xive s. B. C.) »
C’est à l’époque amarnienne, durant le règne du pharaon Akhénaton (ca. -1351-1335), que l’idée d’une incarnation divine corporelle et consubstantielle de la personne du roi voit le jour pour la première fois de l’histoire. C’est à travers une iconographie réformée, le présentant comme transfiguré, qu’Akhénaton exprimera le mieux cette incarnation par un acte performatif de re-sculpture des statues colossales qu’il avait préparées pour border son temple-palais du Gempaaton à l’est de Karnak.
Raghda Saad et Nour Elsobky, « Le pouvoir magique des mots. Transcendance et jeux graphiques des hiéroglyphes »
L’écriture hiéroglyphique est un système d’écriture figurative dont les caractères à base d’images sont animés d’un esprit magique et d’une force tirés de leur essence divine. Ils sont dotés d’une dualité qui les caractérise comme étant à la fois un produit religieux et un acte magique. La structure du mot produit cette dualité ; elle agit à l’intérieur de la phrase pour donner aux hiéroglyphes cette impression d’« images vivantes » dotées de vie, de volonté et de conscience.
Massimo Leone, « La vera icona numérique. L’énonciation du visage divin à l’ère des algorithmes »
La production automatique d’images numériques connait une évolution rapide, avec des niveaux de réalisme impressionnants. Cette technologie a trouvé un domaine d’application original avec la reconstruction artificielle du 482visage du Christ, qui acquiert alors une aura semblable à celle des anciennes images achéiropoïètes. La contribution se penche sur ces développements, en particulier en ce qui concerne l’énonciation visuelle de visages fictifs et l’imagination de la transcendance incarnée.
Amir Artaban Sedaghat, « Sémiotiser l’insémiotisable. La symphonie poétique des mystiques iraniens »
La musique classique iranienne et la poésie médiévale persane sont structurellement interdépendantes : le mètre quantitatif du poème imite un schéma chronémique musical et la forme cantabile iranienne a un rythme prosodique. Cette connivence atteint son apogée dans l’œuvre du poète mystique Roumi où un système sémiotique hybride, composé de signes à la fois linguistiques et musicaux, remplace et dépasse le langage humain, jugé inepte pour exprimer l’essence du Vrai et l’expérience de la transcendance.
Georges Vasilakis, « Dire l’indicible. Le pouvoir des signes dans la Bible »
À partir d’une distinction fondamentale entre l’Incréé, qui est Dieu seul, et le Créé, qui correspond à l’ensemble de la création, on pose la question de ce qui permet de dire Dieu, qui échappe au Créé et qui est de l’ordre de l’indicible. L’analyse énonciative du prologue de l’évangile de Jean examinera les conditions de ce que l’Orthodoxie nomme « transcendantal absolu », en montrant comment le sens émerge à l’impossible point de rencontre de deux « mondes » radicalement différents.
Romain Gaudreault, « Étude sémiotique du sujet qui joue le rôle principal dans le Pentateuque, fondement de la religion juive »
Après avoir créé le monde qui est son domaine puis les êtres humains qui en deviennent locataires, l’être surnaturel au cœur du Pentateuque cherche à satisfaire deux besoins fondamentaux : conserver son être par l’aliment des sacrifices et protéger son avoir contre toute agression ou menace d’agression de la part de locataires rebelles. Quant aux deux autres besoins fondamentaux, croitre jusqu’à maturité et se reproduire, l’article en voit une trace dans l’existence des « fils de Dieu ».
483Éric Trudel, « Le Mystère. La grande figure de la transcendance chez Magritte »
Au vu des écrits du peintre Magritte, le Mystère évoqué dans ses toiles est une transcendance non spirituelle, opaque et indicible. Selon l’artiste, la pensée attentive et l’inspiration permettent de l’atteindre. Chez le regardant, le processus interprétatif enclenché par ces puissantes peintures du Mystère mène à la priméité. Le Mystère oublié se révèle comme l’Être heideggérien. Malgré le déni magrittien du sens du Mystère, la sémiotique conclut sur son caractère d’objet caractérisable.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-13796-2
- EAN: 9782406137962
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-13796-2.p.0477
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 01-04-2023
- Language: French