Il n’y a pas de meilleure manière d’arriver à prendre conscience de ce qu’on sent soi-même que d’essayer de créer en soi ce qu’a senti un maître. […] C’est quand Ruskin est bien loin de nous que nous traduisons ses livres et tâchons de fixer dans une image ressemblante les traits de sa pensée.
Marcel Proust, préface de sa traduction de La Bible d’Amiens de John Ruskin
Depuis vingt ans, grâce aux recherches des psychologues et des physiologistes, nous commençons à connaître ces régions de l’âme et le travail latent qui s’y opère. L’emmagasinement, les résidus et la combinaison inconsciente des images, la transformation spontanée et automatique des images en sensations, la composition, les dissociations et le dédoublement durable du moi, la coexistence alternante ou simultanée de deux ou plus de deux personnes distinctes dans le même individu, les suggestions à échéance distante et datée, le choc en retour de dedans en dehors, et l’effet physique des sensations mentales sur les extrémités nerveuses, toutes ces découvertes récentes aboutissent à une conception neuve de l’esprit…
Hippolyte Taine, Les Origines de la France contemporaine (1876)
J’obéis à une vérité générale […][N]ous devons [la] pêcher en quelque sorte dans les profondeurs de notre inconscient.
Marcel Proust, Lettre à Louis de Robert en juillet 1913