Répertoire critique des personnes
- Publication type: Book chapter
- Book: Œuvres complètes. Tome XIV. Biographies indiennes
- Pages: 837 to 877
- Collection: Library of Twentieth-Century Literature, n° 40
Répertoire critique
des personnes1
Abhedananda, Swami (Kaliprasad Chandra, 1866-1939) – Disciple direct de Ramakrishna. Il rencontre Ramakrishna en 1884 alors qu’il commence ses études à l’université de Calcutta et fait partie du groupe soudé de moines qui veillent sur le maître pendant sa dernière maladie. Entre 1896 et 1923, il enseigne le vedānta à l’étranger, à Londres d’abord puis aux États-Unis. Il est l’auteur de nombreux ouvrages. En 1923, il quitte la communauté monastique de Belur et fonde le Ramakrishna Vedanta Math.
Aghore Nath, Sadhu (Aghore Nath Gupta, 1841-1881) – Missionnaire du Brāhmo Samāj. Né dans une famille de bhadralok (de caste vaidya), tôt orphelin et sans ressources, il entre au Brāhmo Samāj sous l’influence de Vijay Krishna Goswami, puis, grâce à la protection de Debendranath Tagore et de Keshab Chandra Sen, il se spécialise dans l’étude du bouddhisme (Kopf 1979, p. 237-238).
Akhandananda, Swami (Gangadhar Ghatak/Gandopadhyay, 1864-1937) – Disciple direct de Ramakrishna. Né dans une famille aisée de Calcutta, il devient moine en 1890 et s’engage dans le service social. En 1934, il succède à Shivananda à la tête de la Ramakrishna Math et Mission. Fin 1936, il invite Rolland à participer au Parlement des Religions qui doit se tenir à Calcutta mais celui-ci ne peut s’y rendre.
Akshay (1849-1870) – Fils de Ramkumar, le frère aîné de Ramakrishna.
Alain (Emile-Auguste Chartier, dit Alain, 1868-1951) –Professeur de philosophie au lycée puis en classe préparatoire, auteur des « Propos », chroniques abordant des sujets très variés. Militant pacifique convaincu, il participe néanmoins à la Première Guerre mondiale par devoir citoyen, expérience qui lui inspirera le pamphlet « Mars ou la guerre jugée » (1921). Lecteur enthousiaste de Mahatma Gandhi, il témoigne cependant des réserves que lui inspire la non-violence dans un article des « Libres Propos » en 1924.Sa correspondance avec Rolland a été publiée par Albin Michel en 1969 sous le titre Salut et fraternité : Alain et Romain Rolland. (Voir bibliographie et introduction du vol. I).
Ali, Shaukat (1873-1938) et Ali, Mohammed (1878-1931) –Ces deux
838frères sont les leaders du mouvement musulman du Califat. Mohammed Ali est l’un des fondateurs de la All-India Muslim League (la Ligue musulmane) en 1906 et il préside le Congrès National Indien en 1923. Le titre honorifique « Maulana » (Maulānā « notre maître »), placé devant leur nom, est utilisé en Inde et en Asie centrale pour désigner des leaders musulmans respectés, diplômés d’institutions religieuses. Rolland met en lumière leur amitié avec Gandhi, et le travail de celui-ci pour rapprocher populations hindoue et musulmane dans une cause commune.
Andrews, Charles Freer (1871-1940) – Prêtre anglican d’origine écossaise, connu pour sa dénonciation du système colonial britannique et ses vues sociales réformistes. Il rencontre Gandhi en Afrique du Sud en 1913 et devient un de ses plus fidèles collaborateurs. Il est aussi très proche de Rabindranath Tagore. Rolland entretient une correspondance avec lui.
Arnold, Edwin (1832-1904) –Poète et journaliste anglais. Il travaille pendant sept ans en tant que principal du Government Sanskrit College de Pune et œuvre à faire découvrir à un public anglophone l’histoire et la philosophie indiennes. Son œuvre phare, The Light of Asia (1879), est un poème épique sur la vie et l’enseignement du Bouddha, qui a contribué à populariser le bouddhisme en Occident. Les textes de ou traduits par Edwin Arnold jouent un rôle important dans la découverte par Gandhi, en Angleterre, des textes fondamentaux des spiritualités indiennes. Gandhi raconte dans son autobiographie avoir lu pour la première fois, à sa grande honte, la Bhagavad-Gītā en Angleterre, à l’instigation de deux frères théosophes, dans la traduction d’Edwin Arnold, qui est à ses yeux la meilleure traduction en anglais. Il écrit aussi avoir lu The light of Asia d’Arnold avec un très grand intérêt.
Ashokananda, Swami (Yogeshchandra Dutta, 1893-1969) – Entré dans la Ramakrishna Mission en 1921 et dans les ordres en 1923, il est de 1926 à 1930 le dynamique et brillant rédacteur en chef de Prabuddha Bharata, la revue mensuelle de la Ramakrishna Mission, puis passe les quarante dernières années de sa vie en Californie, où il fonde plusieurs centres et compose de nombreux ouvrages en anglais sur le vedānta. Il est le principal informateur de Rolland au sein de la Ramakrishna Mission, mais n’hésite pas à critiquer son interprétation (voir l’introduction de l’Essai).
Aurangzeb (Abu Muzaffar Muhiuddin Muhammad Aurangzeb Âlamgir, connu sous le nom d’Aurangzeb ou sous le nom d’Âlamgir Ier, 1618-1707). Fils de Shah Jahan et dernier grand empereur moghol, il a fait de l’Inde la plus puissante économie du monde, mais également laissé le souvenir d’un monarque religieusement intolérant et cruel, ayant emprisonné son père et tué ses frères pour s’assurer du pouvoir absolu.
Aurobindo (Aurobindo Ghose, 1872-1950) – Révolutionnaire, philosophe et maître spirituel (voir Heehs 2008). Originaire du Bengale, éduqué en Grande-Bretagne depuis sa petite enfance, Aurobindo rentre en Inde à l’âge de 21 ans, se marie (1901), apprend le bengali, lit les grands 839textes de l’hindouisme et, rapidement, s’engage dans le mouvement de libération nationale. Après la partition du Bengale (1905), il devient l’un des leaders de la branche extrémiste du Congrès National Indien qui réclame l’indépendance. Arrêté, puis libéré faute de preuves, il se réfugie (sans son épouse) sur le territoire français de Pondichéry, au sud-est de l’Inde, se retirant de toute activité politique et s’absorbant dans des pratiques spirituelles. En 1914, il est rejoint par l’homme politique français Paul Richard (1889-1950) et son épouse Mirra (née Alfassa, 1878-1973), tous deux adeptes du spiritisme. Entre 1914 et 1921, Aurobindo publie en série dans la revue mensuelle Arya, fondée avec Paul Richard, The Divine Life and The Synthesis of Yoga qui respectivement présentent la théorie et la méthode du « yoga intégral ». Rolland lit et cite les cinq premiers numéros de la revue Arya (dans leur version française), parus entre août 1914 et décembre 1914, et les deux volumes des Essais sur la Gîta (en anglais, 1921-1928). À partir de 1926, Aurobindo présente Mirra Alfassa (Paul Richard reste en France où la guerre l’avait obligé à rentrer) comme « la Mère », terme inséparable de la représentation hindoue de l’énergie féminine (śakti), et lui confie l’organisation du Sri Aurobindo Ashram, l’institution à laquelle se rattachent désormais ses disciples. Dans les années suivantes, quoique s’étant mis en retrait, il entretient une dense correspondance et compose aussi sa grande œuvre poétique, Savitri. Si à sa mort en 1950, Aurobindo est extrêmement bien connu, dans les années 1920-1930, en revanche, bien peu nombreux sont les Occidentaux que sa pensée intéresse. Rolland est alors de ceux-là. Sa fascination pour le personnage transparaît dans son Journal : il ne manque pas une occasion de questionner ses hôtes indiens à son sujet. Il tient Aurobindo pour le « plus grand penseur de l’Inde d’aujourd’hui » (VR, p. 751). Mais dans les années qui suivent la publication de la Vie de Vivekananda, il se montre plus réservé, notant en 1937 que s’il continue de l’admirer il « peine à lui pardonner son aristocracisme » (JI, p. 494).
Babu, Mathur – Voir Mathur Babu
Banker, Shankarlal (1889-1985) –Activiste, il lutte aux côtés de Gandhi pour l’indépendance de l’Inde. Indulal Yagnik et Shankarlal Banker sont les éditeurs des journaux de Gandhi Young India et Navjivan. À ce titre, Banker est arrêté le 10 mars 1922 avec Gandhi.
Barbusse, Henri (1873-1935) –Écrivain français, prix Goncourt 1916 pour Le Feu, représentation réaliste de la guerre à travers le regard de simples soldats. Son idéal révolutionnaire le pousse à adhérer au Parti communiste français et ses romans Clartés (1919) et La Lueur de l’aube (1921) portent la trace de ces convictions. Il fonde la revue pacifiste Clarté en 1919 et travaille comme directeur littéraire du journal L’Humanité à partir de 1926. Rolland et Barbusse signent ensemble en mai 1919 un appel pour une union internationale des intellectuels, mais sont en désaccord sur plusieurs points, notamment sur l’usage de la violence. Barbusse publie dans Clarté des articles auxquels répond 840Rolland dans L’Art libre de Bruxelles, entre décembre 1921 et avril 1922. En 1933, les deux hommes se retrouvent autour de la création du Mouvement Amsterdam Pleyel, mouvement pacifiste qui s’oppose à la guerre et au fascisme et réunit de nombreux intellectuels de gauche (voir l’introduction de Mahatma Gandhi).
Barth, Auguste (1834-1916) – Indianiste français, spécialiste des religions de l’Inde et des inscriptions sanskrites du Cambodge. Il est l’un des fondateurs de l’École française d’Extrême-Orient (1898). Rolland se souvient l’avoir croisé plusieurs fois chez le père de son épouse Clotilde, le linguiste Michel Bréal (lettre à Christian Sénéchal, cité par Roudil 2016, p. 7). Il se réfère à son Les religions de l’Inde, 1879.
Baudoin, Charles (1893-1963) – Écrivain psychanalyste franco-suisse, pacifiste et ami de Rolland, fondateur de l’« Institut International de psychagogie et de psychothérapie ». Sa correspondance avec Rolland a été publié en 2000 (Voir Bibliographie).
Bazalgette, Léon (1873-1928) – Écrivain, critique littéraire et traducteur français, ami de Romain Rolland et de Stefan Zweig. Engagé en faveur de la Révolution Russe, il écrit pour la revue communiste Clarté. Aux côtés de Rolland dans la polémique qui l’oppose au fondateur de la revue, Henri Barbusse, Léon Bazalgette démissionne du comité directeur de Clarté le 18 juin 1919. Il fait partie des membres fondateurs de la revue Europe en 1923 et rédige dans cette revue des notes de lecture d’ouvrages de Georges Duhamel, André Chamson, Romain Rolland, etc. Rolland cite assez longuement dans VV sa biographie de Walt Whitman (1908), laquelle a contribué à faire connaître l’auteur américain en France.
Beethoven, Luwig van (1770-1827) – Musicien allemand. Rolland, qui le découvre très jeune et puise dans son œuvre un grand réconfort à toutes les périodes de sa vie, lui consacre de magistrales études (Vie de Beethoven, 1903 ; Beethoven. Les Grandes Époques créatrices, 1928).
Bentinck, Lord William (William Henry Cavendish-Bentinck, 1774-1839) – Premier Gouverneur général de l’Inde (1828-1835), ilentreprend d’importantes réformes sociales au cours de son mandat, notamment en rendant illégaux l’infanticide des filles et l’immolation des veuves sur le bûcher funéraire de leur époux, ce pourquoi il reçoit l’entier soutien de Ram Mohan Roy. Il fait aussi adopter l’anglais à la place du persan comme langue de la justice et de l’enseignement supérieur.
Besant, Annie (1847-1933) – Féministe et libre-penseuse britannique.Elle a déjà une longue carrière de socialiste en Grande-Bretagne en 1880 lorsqu’elle rencontre Helena Blavatsky, devient membre de la Société théosophique et part s’installer en Inde (1895). Elle s’implique dans la réforme du système éducatif (en 1902, elle crée à Bénarès le Central Hindu College, lycée de garçons) puis dans la vie politique à partir de la partition du Bengale (1905). Elle adhère au Congrès National Indien (1913) et réclame le droit de l’Inde à l’autodétermination (Home Rule). Après la guerre, quoiqu’elle s’efface peu à peu devant Gandhi et une nouvelle génération 841de leaders, elle continue à faire campagne pour l’indépendance de l’Inde. Elle dira avoir été impressionnée par sa rencontre de Vivekananda au Parlement des religions de Chicago (1893), où elle représentait le mouvement théosophique, mais quoiqu’elle l’ait revu en 1898 à Almora chez G. N. Chakravarty, elle ne s’impliqua pas dans son mouvement.
Bhaïravi Brahmani – On ne sait pas grand-chose de cette nonne tantrique itinérante qui joue un rôle déterminant dans la formation religieuse de Ramakrishna. Elle se présente comme une brahmane du district de Jessore (aujourd’hui au Bangladesh) lorsqu’elle apparaît à Dakshineswar en 1861. Pendant cinq ans, elle instruit Ramakrishna dans des techniques spirituelles tantriques. Leurs rapports restent mystérieux. Rolland reproduit fidèlement le portrait édulcoré qu’en dresse la Ramakrishna Mission.
Blavatsky, Helena (1831-1891) – Essayiste et spiritualiste russe. Née dans une famille aristocratique de l’empire russe, elle voyage en Europe et fraie avec les milieux occultistes. Elle se rend aux États-Unis, rencontre Henry Steel Olcott et fonde avec lui la Société théosophique (1878), bientôt relocalisée en Inde (1882) où elle exerce une influence majeure sur le réformisme hindou. Auteur prolifique, Madame Blavatsky est la principale théoricienne du mouvement théosophiste dont les doctrines sont inspirées des sagesses orientales – elle affirme les tenir d’une fraternité d’adeptes spirituels cachés, les « Maîtres » ou « Mahatmas ». Aux universitaires qui l’accusent de déformer l’hindouisme et le bouddhisme, elle rétorque qu’ils ignorent leur nature ésotérique pour s’en tenir à leurs seuls traits extérieurs.
Bois, Jules (1868-1943) – Romancier et journaliste français, très intéressé par l’ésotérisme et le spiritualisme. Il fait la connaissance de Vivekananda en 1900 à Paris chez Francis et Elisabeth McLeod Leggett et l’héberge un temps chez lui, 39 rue Gazan. La même année, il accompagne le swami au Moyen-Orient avec son amie de cœur la cantatrice Emma Calvé et Hyacinthe Loyson et son épouse. Puis Jules Bois suit Vivekananda en Inde. Mais ce voyage le détourne de l’hindouisme, le conforte dans sa conviction de la supériorité du christianisme et le conduit à se convertir au catholicisme (Introvigne 2016).
Bose (Basu), Balaram (1842-1890) – Disciple marié de Ramakrishna. Ce dernier se rend souvent dans sa maison de Calcutta où sont organisées des séances de chants et de prières. C’est chez Balaram Bose que Vivekananda fonde la Ramakrishna Mission (mai 1897). Comme plusieurs autres disciples de Ramakrishna, il appartient à la caste kāyastha.
Bose, Sir Jagdis Chandra (novembre 1858-octobre 1937) – Né dans une famille kāyastha, formé au collège jésuite de Calcutta, puis à Cambridge, il professe la physique au Presidency College de l’université de Calcutta. Physicien et botaniste, Bose jette les bases de la science expérimentale dans le sous-continent indien. Il est connu pour ses travaux sur les plantes et ses recherches sur les micro-ondes. À l’aide des instruments pour mesurer le mouvement et la croissance de la 842vie végétale qu’il invente, il démontre les similitudes entre les animaux et les plantes, en particulier en ce qui concerne les réactions à différentes influences électriques et chimiques, anticipant ainsi le parallélisme entre les tissus animaux et végétaux observé par la suite par les biophysiciens (voir ses Response in the Living and Non-Living, 1902 – ouvrage que Rolland conserve dans sa chambre (Notice BNF) – et The Nervous Mechanism of Plants, 1926). Rolland reçoit une lettre pleine d’admiration de lui en mars 1924 et le rencontre pour la première fois à Villeneuve en juillet 1927, alors que Bose participe aux réunions du Comité international de Coopération intellectuelle à Genève. À cette date, il a lu avec l’aide de sa sœur la biographie que lui a consacrée P. Geddes. Il est conquis par « ce petit homme aux yeux brûlants d’esprit, aux noirs sourcils, aux cheveux d’argent, qui a le teint bronzé d’un Méditerranéen un peu sémitisé, de petites mains sèches (ces mains de génie) aux ongles coupés courts, une incroyable jeunesse pour son âge (égal ou supérieur au mien) et une joie à parler, à penser, à exister, – qui me rappelle Einstein, à sa première visite (1915), – au lendemain de sa glorieuse découverte. » (JI, p. 214-215). Rolland revoit Bose en septembre 1928 puis en septembre 1930. Les recherches du savant indien sur la sensibilité des plantes le fascinent. Il se sent en affinité avec ce scientifique « profondément religieux », pour qui « l’unité de l’humanité » est une évidence. L’intéressent aussi les impressions de Bose sur Vivekananda, qu’il a bien connu – « cette personnalité débordante de vie et d’intelligence », mais « trop tôt fauchée, avant d’être complètement formée. » (JI, p. 217). Il a avec lui de longues conversations qui l’éclairent sur l’état d’esprit des Indiens éduqués, notamment des Bengalis, alors que la lutte de libération nationale prend de l’ampleur. Rolland ne mentionne pas que J. C. Bose est un proche de Sister Nivedita, laquelle a beaucoup veillé à ce qu’il puisse poursuivre son travail à un moment où il faisait l’objet de graves discriminations de la part des scientifiques britanniques, non seulement en organisant son soutien financier, mais aussi en révisant l’anglais de plusieurs de ses ouvrages.
Bouddha (ve siècle avant J.-C.) – Siddhartha Gautama, dit le Bouddha (« l’Éveillé »), fondateur du bouddhisme. Rolland mentionne à plusieurs reprises le Bouddha dans ses biographies de Gandhi, Ramakrishna et surtout Vivekananda, ce dernier en parlant lui-même régulièrement. S’il voit dans le Bouddha une grande figure spirituelle et morale, il ne s’intéresse toutefois guère à sa personne historique. Le plus souvent, il l’associe au Christ. Gandhi lui évoque les deux à la fois (JI, 402-403, 409). Mais Rolland omet de signaler que le Bouddha tient la place supérieure dans le panthéon personnel de Vivekananda : il est « le plus haut idéal du Karma-yoga », écrit ce dernier dans Karmayoga (CW vol. II). Cependant Vivekananda glorifie surtout le Bouddha et sa religion universelle devant des auditoires occidentaux pour contrebalancer les prétentions du christianisme. Car à l’époque, le Bouddha n’enflamme guère les esprits de ses coreligionnaires. Il en 843va autrement pour la génération de Kalidas Nag et de Jagdish Chandra Bose. Ces deux Indiens avec lesquels Rolland a le plus d’affinités, sont enthousiasmés par le Bouddha et son enseignement. Kalidas Nag conseille d’ailleurs à Rolland de consulter les travaux d’Émile Senart et de Sylvain Lévi à leur sujet (JI, p. 73, 220).
Brahmananda, Swami (Rakhal Chandra Ghosh, 1863-1922) – Proche de Vivekananda depuis son adolescence, il entre en contact avec Ramakrishna et devient l’un de ses principaux disciples. Premier supérieur (1899-1922) du monastère de Belur fondé par Vivekananda, il donne à la Ramakrishna Mission une grande expansion en ouvrant plusieurs branches en Inde et à l’étranger. Rolland raconte à son sujet deux anecdotes qui lui évoquent les Fioretti de François d’Assise (JI, p. 272-275).
Bremond, Henri (1865-1933) – Prêtre catholique français, historien du christianisme. Rolland le considère comme le plus grand historien du mysticisme français (JI, p. 281). Dans la Vie de Ramakrishna, il se réfère fréquemment à sa monumentale Histoire littéraire du sentiment religieux en France depuis les guerres de religion jusqu’à nos jours (1916-1933), non encore achevée en 1929. Ce texte est également mentionné dans la préface à l’autobiographie de Gandhi.
Bucke Richard Maurice (1837-1902) – Psychiatre canadien. Dans son ouvrage Cosmic Consciousness : A Study in the Evolution of the Human Mind (1901), il définit la conscience cosmique comme la forme la plus élevée de conscience que possède l’homme ordinaire.
Bull, Sara Chapman (1850-1911) – Philanthrope américaine, épouse du violoniste norvégien Ole Bull. Elle rencontre Vivekananda en 1894, devient sa disciple, se rend plusieurs fois en Inde pour l’aider dans son œuvre sociale et finance généreusement la Ramakrishna Mission. C’est alors qu’il séjourne chez elle à Cambridge (Massachusetts) en 1895 que Vivekananda rencontre le psychologue et professeur à Harvard William James.
Burke, Edmund (1729-1797) –Philosophe et homme politique irlandais appartenant au parti whig, penseur du conservatisme moderne. Il soutient la lutte pour l’indépendance des colonies d’Amérique du Nord et critique la corruption et les abus de la Compagnie des Indes orientales.
Calvé, Emma (Rose-Emma Calvet, 1858-1942) – Actrice et cantatrice française célèbre dans le monde entier. Très intéressée par l’hindouisme et l’ésotérisme, elle rencontre Vivekananda en Amérique, puis à Paris (1900) et voyage avec lui, Jules Bois et d’autres en Turquie, Égypte et Grèce.
Carey, William (1761-1834) – Premier missionnaire baptiste. Arrivé en Inde en 1793 et passionné par l’étude des langues, il traduit la Bible en une dizaine de langues indiennes, dont le bengali et le sanskrit, et accomplit des travaux majeurs en grammaire et philologie. Il enseigne le bengali et le sanskrit au personnel de la East India Company à Fort William College.
Carlyle, Thomas (1795-1881) – Écrivain et historien britannique, auteur en 1835 d’une Histoire de la Révolution 844française, il est notamment connu pour sa théorie de l’importance du « grand homme » dans l’histoire. Carlyle fait partie, au même titre que Ruskin ou Tolstoï, des penseurs de l’Europe moderne qui ont « pétri » la pensée de Gandhi lors de son séjour à Londres (« Préface à l’autobiographie de Gandhi », Vie de Gandhi, écrite par lui-même).
Carmichael, Lord (Thomas Gibson-Carmichael, 1859-1926) –Homme politique écossais, administrateur colonial. Il fut gouverneur de Madras (1911-1912) puis du Bengale (1912-1917).
Chaitanya (1486-1534) – Le plus grand mystique krishnaïte du Bengale. Extatique, embrasé d’amour pour Kṛṣṇa, qu’il manifeste en chantant le nom divin et en dansant, il est considéré de son vivant comme un avātara. Ses intenses expériences spirituelles ont été longuement décrites par ses premiers biographes-hagiographes. Il existe de nombreuses similitudes entre Ramakrishna et lui.
Chakravarti, Gyanendra Nath (?-1936) – Théosophe indien. Annie Besant, tombée sous son influence, l’accompagne à Chicago en 1893 pour représenter avec lui la théosophie au Parlement des religions, auquel prend également part Vivekananda.
Chakravarti, Saratchandra (1868-1944) – Disciple laïc direct de Vivekananda. Son Diary of a Disciple (traduit du bengali), qui enregistre les conversations pleines de franchise qu’il eues avec Vivekananda entre 1897 et 1902, est une source majeure d’informations.
Chandidas (xve siècle) – Poète bengali. Son identité est mal établie mais les nombreux poèmes sur les amours de Rādhā et Kṛṣṇa qui lui sont attribués exercent une influence immense sur les littérature et culture bengalies.
Chandra, Kaliprasad – Voir Abhedananda.
Chatterjee, Bankim Chandra (1838-1894) – Homme de lettres et journaliste bengali. Auteur de plusieurs romans, il est l’une des figures majeures de la scène intellectuelle du Bengale. Vande Mātaram (« je te salue ô Mère »), chant patriotique intégré à son roman politique Ānandamaṭha (« le monastère de la félicité »), accompagne le mouvement de libération national puis, après l’indépendance, est choisi comme « chant national » (à ne pas confondre avec l’hymne national, lequel est dû à Rabindranath Tagore).
Chatterjee, Hariprasanna – Voir Vijnanananda.
Chatterjee, Ramananda (1865-1943) – Éditeur bengali, membre du Brāhmo Samāj (de la branche Sādharaṇa). Il est le fondateur du très influent mensuel de Calcutta Modern Review (1907). Rolland, qui est très lié à son gendre Kalidas Nag, le reçoit à Villeneuve en septembre 1926.
Chatterji, Ramlal – Neveu de Ramakrishna.
Chattopadhyaya, Harinath – Voir Turiyananda.
Chattopadhyaya, Ramkumar (1805-1856) – Frère aîné de Ramakrishna. Maître dans une école de sanskrit et officiant, il est recruté en 1855 par Mathur Babu comme prêtre principal du temple de Kālī à Dakshineshvar. À sa mort, Ramakrishna, son frère cadet et son assistant, prend sa place.
Chattopadhyaya, Virendranath (1880-1937) –Révolutionnaire indien, frère de Sarojini Naidu. À 845partir des années 1920, il œuvre à faire connaitre le mouvement d’indépendance indien en URSS, puis il rejoint le Parti Communiste allemand (KPD). Sur la demande de la Ligue contre l’impérialisme, signée par Virendranath Chattopadhyaya et Willi Münzenberg, Rolland adresse en novembre 1928 un message de soutien au Congrès National Indien. Chattopadhyaya est arrêté et exécuté en 1937 dans le cadre des purges staliniennes.
Chaudhury, Jogendra Nath – Voir Yogananda.
Chelmsford (Thesiger, Frederic, First Viscount Chelmsford, 1868-1933) – Homme d’état britannique, vice-roi des Indes de 1916 à 1921, après avoir été gouverneur du Queensland puis de Nouvelles-Galles du Sud. C’est sous son gouvernement que sont mises en œuvre les réformes Montagu-Chelmsford, accusées de ne pas aller assez loin dans le pouvoir et l’autonomie donnés aux Indiens.
Cholmondeley, Thomas(1823-1864) – Auteur anglais, neveu de Reginald Heber (1783-1826), archevêque anglican de Calcutta. Il est passé à la postérité pour avoir rendu visite dans sa jeunesse aux philosophes américains Emerson et à Thoreau à Concord (1854) et, avoir, par la suite, fait don au second de vingt-quatre ouvrages de littérature hindoue traduits en anglais et en français – ouvrages qui après la mort de Thoreau reviennent à Emerson, dont on connaît l’intérêt pour l’hindouisme.
Christ – Le Christ est une figure récurrente des trois biographies indiennes de Rolland. Parfois, dans l’Essai, il le place en compagnie du Bouddha. Parfois, reprenant une formule de Vivekananda, il est question de Christs figurant au côté de Bouddhas, comme s’il faisait sienne une vision quasi hindoue de figures divines salvatrices se succédant au cours de l’Histoire (voir l’introduction de l’Essai).
Christine, Sister (Christina Greensteidel, 1866-1930) – Américaine d’origine allemande, disciple de Vivekananda qu’elle rencontre à Detroit en 1894, puis vient rejoindre à Calcutta en 1902 quelques mois avant sa mort. Elle reste en Inde jusqu’en 1914, se consacrant à l’éducation des filles au côté de Sister Nivedita, puis rentre aux États-Unis. Elle séjourne de nouveau en Inde entre 1924 et 1928. Rolland, qui entend parler de Sister Christine par Miss MacLeod, voit en elle une « personnalité d’élite, l’égale de Sister Nivedita, consumée de l’esprit divin, toute frêle » (JI, p. 195) et note encore : « peu d’esprits […] ont eu le privilège d’être aussi proche que le sien de celui de Vivekananda. » (JI, p. 214). Il entre en correspondance avec elle en 1927.
Coomaraswamy, Ananda (1877-1947) – Philosophe et historien de l’art d’origine tamoule-srilankaise par son père et anglaise par sa mère. Il est l’auteur de nombreux ouvrages théoriques en anglais sur l’art indien, qu’il contribue à faire connaître en Occident. Il est le premier Indien dont Rolland fasse la connaissance et c’est à la suite d’une lettre reçue de ce dernier en février 1915 qu’il commence à s’intéresser à l’Inde (JI, p. 9-11). En 1922 Madeleine Rolland traduit son essai La Danse de Çiva et le publie accompagné d’un avant-propos de Rolland.
846Cotton, Henry John Stedman (1845-1915) – Administrateur britannique en Inde. Vivekananda le croise à Shillong (Assam) en 1901. Sa sympathie envers le nationalisme indien puis son opposition à la partition du Bengale (1905) lui causent de graves problèmes avec ses supérieurs.
Cruppi, Louise (née Crémieux, 1862-1925) –Écrivaine et musicienne française, épouse de Jean Cruppi, ministre et parlementaire. Connue pour son engagement féministe, elle entretient une longue amitié avec Rolland, avec lequel elle échange plus de mille lettres entre 1905 et 1925.
Curzon, Lord (Georges Nathaniel Curzon, 1859-1925) – Homme d’État britannique du Parti conservateur, vice-roi des Indes de 1899 à 1905. Sa décision de diviser le Bengale en deux provinces, l’une à l’est à majorité musulmane l’autre à l’ouest à dominante hindoue, déclenche le mouvement de protestation dit swadeshi, qui prône le boycott des produits manufacturés en Grande-Bretagne, et une série d’attentats terroristes sévèrement réprimés. Rolland n’ignore rien de cet épisode grâce à ses connaissances indiennes ; en 1926, quinze ans après la réunification du Bengale, Rabindranath Tagore lui raconte qu’en dépit des critiques qu’il a formulées contre Lord Curzon, il a pour sa part échappé aux poursuites (JI, p. 147).
Darwin, Charles (1809-1882) – Naturaliste anglais. Publié en 1859, son Origin of Species (L’Origine des espèces), sur l’évolution et la sélection naturelle des espèces, révolutionne la biologie et est considéré comme hérétique dans les milieux chrétiens. L’Inde coloniale en prend connaissance alors que, depuis quelques décennies déjà, elle connaît un vif débat entre ceux, Indiens et Britanniques, qui promeuvent le développement de l’esprit scientifique et ceux qui craignent qu’il ne s’exerce aux dépens de la religion, fût-elle hindoue ou chrétienne. Nombre d’éducateurs britanniques favorisent les idées de Darwin, persuadés que l’enseignement des sciences aura raison des croyances superstitieuses des élèves hindous. Des réformateurs hindous, au nombre desquels Vivekananda, leur emboitent le pas sans pour autant vouloir se couper de leurs racines (voir l’introduction de l’Essai).
Das, Chittaranjan (C. R. Das, 1870-1925) –Avocat et activiste pour l’indépendance de l’Inde. Son soutien au mouvement de non-coopération lancé par Gandhi lui vaut d’être emprisonné six mois en 1921. En 1922, il occupe le poste de président du Congrès National Indien. C’est sous sa présidence que le Congrès abandonne ses intentions de boycotter les élections aux conseils provinciaux : la participation à ces élections devait selon lui permettre de s’opposer de l’intérieur aux mesures prises par les Anglais. Rolland décrit Das et les « Swarâjistes » (du nom du Swaraj Party qu’il fonde au Bengale) comme des « nationalistes indiens de gauche, partisans de la Non-violence, mais dans le cadre des moyens parlementaires mis à leur disposition par la Constitution réformée » (MG, p. 165).
Delamain, Maurice (1883-1974) –Écrivain et éditeur français. Ancien 847avocat, il change de voie après le choc de la Première Guerre mondiale, lors de laquelle il est fait prisonnier. Il rachète alors la maison d’édition Stock, à laquelle il donne une orientation plus cosmopolite, et publie notamment les biographies indiennes de Rolland.
Denys l ’ Aréopagite (le pseudo-Denys, vers 500) – Moine syrien, auteur de traités de théologie mystique. Dans une annexe de VV, Rolland s’attache à souligner la parenté de ses conceptions avec celles du vedānta non dualiste pour éclairer ses « lecteurs d’Orient », qu’il juge trop ignorants de la mystique chrétienne. Le retient tout particulièrement la ressemblance entre la théologie négative du Pseudo-Denys et l’apophatisme des upaniṣad, lesquelles ne décrivent le brahman que par des négations : neti, neti (en sanskrit, « pas ainsi, pas ainsi »).
Desai, Mahadev (1892-1942) –Militant du mouvement pour l’indépendance de l’Inde et secrétaire personnel de Gandhi. Son journal, Jour après jour avec Gandhi, en neuf volumes, rend compte de son activité auprès du Mahatma. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages sur Gandhi et participe régulièrement aux journaux gandhistes Young India et Navajivan. Il fait plusieurs séjours en prison auprès de Gandhi. Il l’accompagne en Europe en 1931 pour la Conférence de la Table ronde et chez Rolland en Suisse. Par la suite, il correspond épisodiquement avec Rolland, principalement pour lui donner des nouvelles de Gandhi.
Deussen, Paul Jakob (1845-1919) –Philosophe et indologue allemand, spécialiste de Schopenhauer et de la philosophie indienne. Vivekananda lui rend visite à Kiel au cours de l’automne 1896 et a de longues conversations avec lui (principalement en sanskrit selon lui). Rolland évoque leur rencontre en se fondant sur leurs souvenirs ainsi que sur ceux des Sevier, qui accompagnent Vivekananda en Allemagne.
Dharmapala, Anagarika (1864-1933) –Missionnaire bouddhiste cinghalais très influent. Il fonde la Maha Bodi Society (1891) en vue de réformer le bouddhisme et reprendre le contrôle des sites indiens associés avec le Bouddha tombés en déshérence. En 1893, alors qu’il représente les bouddhistes de Sri Lanka (Ceylan) au Parlement de Chicago, il se lie brièvement avec Vivekananda.
Doke, Joseph John (1861-1913) –Pasteur baptiste anglais qui rencontre Gandhi en Afrique du Sud. Il est le premier à écrire, en 1909, une biographie du leader indien : M. K. Gandhi : An Indian Patriot in South Africa, qui contribue grandement à créer sa légende. Il continue la publication du journal Indian Opinion en 1911, durant l’emprisonnement de Gandhi.
Dutt, Tulasi Charan – Voir Nirmalananda.
Dutt, Ramchandra(1851-1899) – Disciple marié de Ramakrishna. Médecin à l’hôpital universitaire de Calcutta, « matérialiste absolu et athée », il fait la connaissance de Ramakrishna en 1879 et devient l’un de ses plus fervents dévots. Son cousin Manomohan Mitra et lui présentent les futurs Brahmananda et Vivekananda à Ramakrishna.
Dyer, Reginald Edward Harry (1864-1927) –Militaire britannique, 848membre de l’armée indienne britannique. Il est passé à la postérité pour avoir ordonné le 13 avril 1919 à ses troupes de tirer sur une foule pacifique réunie dans le Jallianwala Bagh à Amritsar jusqu’à épuisement des munitions, ce qui provoque la mort de 379 personnes et des centaines de blessés. La commission Hunter, diligentée pour enquêter sur ces événements, conclut à sa responsabilité et le condamne sévèrement. L’indignation suscitée par le massacre en Inde et en Grande-Bretagne marque une étape importante dans la lutte anticoloniale.
Eckhart (Eckhart von Hochheim, dit Maître Eckhart, vers 1260 – vers 1328) – Théologien allemand, membre de l’ordre dominicain, fondateur du courant spirituel de la mystique rhénane. Il enseigne à l’université de Paris, assume plusieurs charges au sein de son ordre à Strasbourg et à Cologne, et est l’auteur d’une œuvre considérable en latin et en allemand, alliant spéculation et mystique. Plusieurs de ses thèses font l’objet d’une condamnation par le pape Jean XXII (1329).
Eddy, Mary Baker (1821-1910) – Spiritualiste américaine, fondatrice de la Christian Science, le Mouvement de la Science chrétienne (1879). Sa lecture de la Bible la conduit à affirmer l’efficacité de la prière dans la résolution des épreuves de la vie.
Einstein, Albert (1879-1955) –Physicien d’origine allemande, auteur notamment des théories de la relativité restreinte et de la relativité générale. Il rend visite à Rolland en Suisse pendant la guerre en 1915. Il reçoit le prix Nobel de physique en 1921. Rolland compare les expériences de Gandhi avec la vérité à celles menées par Einstein autour de la lumière (« Préface à l’autobiographie de Gandhi », p. 190). Aux côtés de Rolland, Einstein signe avec Barbusse un télégramme de soutien aux victimes du fascisme (1927) et avec d’autres co-signataires différentes pétitions dont le « Manifeste contre la conscription et la préparation militaire de la jeunesse » (1930).
Emerson, Sir Herbert William (1881-1962) –Secrétaire de l’intérieur de l’Inde de 1926 à 1933, il est qualifié par Rolland de « seul administrateur britannique de valeur » dans un des « Courriers de l’Inde ».
Ferrière, Adolphe (1879-1960) –Théoricien de l’École Active et un des premiers collaborateurs de l’Institut J.-J. Rousseau. Un des fondateurs de la Ligue internationale pour l’Éducation nouvelle (1921). Sa correspondance avec Romain Rolland a été publiée en 1969.
Fichte, Johann Gottlieb (1762-1814) – Philosophe allemand. L’un des principaux représentants du mouvement de l’idéalisme allemand, il est l’auteur d’une œuvre immense. Rolland souligne les similitudes entre sa pensée et celle de Shankara en se fondant sur l’essai de l’historien des religions Rudolph Otto récemment paru dans West-Oestliche Mystik, 1926 (Mysticism East and West, 1932).
François d ’ Assise (vers 1181-1226) – Mystique catholique italien, fondateur de l’ordre des Frères mineurs (franciscains). Rollandl’évoque à propos deRamakrishna, qui, selon lui, « était comme le Poverello d’Assise, à 849qui il ressemble par tant de traits, et moraux et physiques, un tendre petit frère de tout ce qui vit et meurt » (VR, p. 354).
Freud, Sigmund (1856-1939) – Médecin autrichien, fondateur de la psychanalyse. Rolland et lui correspondent et échangent leurs œuvres à partir de 1923, époque à laquelle ils sont tous deux internationalement célèbres ; ils se rencontrent aussi une fois à Vienne en 1924 grâce à Stefan Zweig. Leur correspondance, à entendre dans les deux sens, éclaire leurs recherches sur la vie psychique et la conduite humaine, l’un par la voie du roman, l’autre par celles de la médecine et de la psychanalyse. Ce sont les propos de Rolland sur la mystique qui conduisent Freud à commenter et interpréter dans son Malaise dans la civilisation (1929), dédié à l’auteur français, ce que celui-ci appelle « le sentiment océanique ». Toutefois si Rolland mentionne le nom de Freud dans VV, il n’utilise pas ses théories psychanalytiques pour expliquer la personnalité du swami ou celle de Ramakrishna (voir l’introduction de l’Essai).
Gandhi, Devdas (1900-1957) –Né à Durban, pendant le séjour de Mohandas et Kasturba Gandhi en Afrique du Sud, Devdas Gandhi est le plus jeune fils du Mahatma. Après le retour de la famille en Inde, Devdas Gandhi devient journaliste, éditeur du Hindoustan Times. Parallèlement, il s’engage dans le mouvement de désobéissance civile, ce qui lui vaut plusieurs séjours en prison.
Gandhi, Kasturba (1869-1944) –Originaire de Porbandar (Gujarat), elle est mariée avec Gandhi à l’âge de treize ans. De leur union naitront quatre fils. Elle participe aux mouvements de désobéissance civile aux côtés de son mari et est emprisonnée plusieurs fois, d’abord en Afrique du Sud puis en Inde. C’est en détention, aux côtés de son mari, qu’elle meurt en 1944.
Gandhi, Virchand (1864-1901) – Avocat et intellectuel jaïn. Il représente les jaïns au Parlement des religions (1893) auquel prend également part Vivekananda. Il fréquente Mohandas Gandhi mais ne lui est pas apparenté.
Geddes, Patrick (1854-1932) – Biologiste et essayiste écossais, élève de Darwin. Il entretient des rapports d’amitié avec de grandes personnalités de son temps, dont Rolland et les Indiens Gandhi, Tagore, Vivekananda (qui le rencontre à Paris en 1900) et Jagdish Chandra Bose, auquel il consacre une étude biographique, The Life and work of sir Jagadis C. Bose, 1920), qui enthousiasme Rolland (JI, p. 71).
Ghatak, Gangadhar – Voir Akhandananda.
Ghosal, Tarak Nath– Voir Shivananda.
Ghose, Aurobindo – Voir Aurobindo.
Ghosh, Baburam – VoirPremananda.
Ghosh, Girish Chandra (1844-1912) – Auteur dramaturge et acteur, fondateur du théâtre national bengali. La contribution du génial et exubérant Girish Ghosh au développement du théâtre bengali moderne est déjà reconnue lorsqu’il fait la connaissance de Ramakrishna en 1884 et devient son disciple. Les biographes de Ramakrishna ne se lassent pas d’évoquer l’influence transformatrice et rédemptrice du saint homme sur l’acteur débauché, matérialiste et sceptique, mais sincère.
850Ghosh, Purnachandra (1871-1913) –Disciple marié de Ramakrishna. Il rejoint le cercle des intimes de ce dernier à l’âge de 13 ans.
Ghosh, Rakhal Chandra – Voir Brahmananda.
Ghosh, Subodh – Voir Subodhananda.
Girish – Voir Ghosh, Girish Chandra.
Gladstone, William (1809-1898) – Homme d’État britannique. Quatre fois Premier ministre (1868-1874, 1880-1885, 1886 et 1892-1894), il incarne les valeurs et les idées politiques du libéralisme victorien tardif.
Glasenapp, Helmut von (1891-1963) – Orientaliste et indologue. Rolland cite son Der Hinduismus. Religion und Gesellschaft im heutigen Indien (« Hindouisme. Religion et société en Inde aujourd’hui »), paru en 1922 (jamais traduit en français).
Gluck, Christoph Willibald (1714-1787) – Compositeur de musique baroque bavarois. Rolland trace son portrait dans Musiciens d’autrefois (Paris, Hachette, 1908).
Goethe, Johann Wolfgang von (1749-1832) –Poète, romancier et théoricien de l’art allemand. Rolland lui consacre plusieurs études dans la revue Europe.
Gokhale, Gopal Krishna (1866-1915) Réformateur social du Maharashtra et membre influent du Mouvement nationaliste indien. L’un des principaux dirigeants du Congrès National Indien, dont il représente la branche modérée, il convainc Gandhi de rentrer en Inde par ses demandes réitérées et lui procure l’aide financière nécessaire.
Goodwin, Josiah John (1870-1898) – Journaliste et sténographe britannique émigré aux États-Unis. Entièrement dévoué à Vivekananda, rencontré à New York en 1896, il transcrit nombre des discours qu’il prononce en Amérique, en Angleterre et en Inde, où il meurt prématurément, emporté par la typhoïde.
Goswami, Bijoy Krishna (1841-1899) – Réformateur religieux du Bengale. Né dans une famille de brahmanes appartenant à la secte krishnaïte fondée par Chaitanya, il adhère au Brāhmo Samāj sous l’influence de Debendranath Tagore, y devient missionnaire puis, sans le quitter, se rapproche de la religion de ses ancêtres. La rencontre de Ramakrishna en 1875 le conduit à reprendre le culte des images divines. Il quitte alors le Brāhmo Samāj et fonde un groupe religieux qui donne une large place à la dévotion.
Grousset, René (1885-1952) –Historien français, spécialiste de l’Asie. Il enseigne à l’École des langues orientales, à l’École libre des sciences politiques et au musée du Louvre. Conservateur au musée du Louvre, au musée Guimet puis au musée Cernuschi, il est aussi élu membre de l’Académie française en 1946. Rolland évoque son ouvrage Le Réveil de l’Asie. L’impérialisme britannique et la révolte des peuples (1924) dans l’un des « Courriers de l’Inde ».
Guénon, René (1886-1951) –Écrivain français, auteur de nombreux ouvrages et d’articles consacrés à la métaphysique, au symbolisme et aux religions « orientales » comme l’islam ou l’hindouisme.
Guehénno, Jean (1890-1978) –Écrivain et critique littéraire français. Il est mobilisé pour la Première Guerre mondiale, et reçoit une balle dans le front en 1915. Son expérience de la 851guerre lui inspire son premier roman autobiographique paru en 1920, La jeunesse morte. Cette expérience de la mort « pour rien » de toute une génération est aussi à la source de son engagement pacifiste. Aux côtés de Romain Rolland, il fait partie des signataires de la « Déclaration d’indépendance de l’esprit » (1919) et de la pétition contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre (1929). Cette même année, il devient directeur de la publication de la revue Europe jusqu’en mai 1936. Il fonde aussi l’hebdomadaire Vendredi, proche du Front Populaire, qu’il dirige de 1935 à 1938. Il s’engage dans la Résistance intellectuelle pendant l’Occupation, et devient inspecteur général de l’Éducation nationale à la Libération. Sa correspondance avec Rolland a été publiée en 1975 sous le titre L’Indépendance de l’esprit. (Voir Bibliographie.)
Gupta, Mahendranath (« Master Mahashay », 1854-1932) – Membre du Brāhmo Samāj et disciple laïc de Ramakrishna. Quand en 1927 Rolland entend parler de lui par Josephine MacLeod, il est directeur d’une grande école à Calcutta. Le journal détaillé dans lequel Mahendranath Gupta enregistre les conversations et activités de son maître entre 1882 et 1886, publié en bengali sous le titre Śrī Śrī Rāmakṛṣṇa Kathāmṛta (« le nectar de l’histoire de Ramakrishna », 1902-1910 et 1932) est un classique de la littérature mystique – la traduction anglaise définitive (The Gospel of Ramakrishna, « l’Évangile de Ramakrishna ») ne paraît qu’en 1942, mais Rolland a connaissance de plusieurs extraits.
Gupta, Nagendranath (1862-1940) – Essayiste. Ami de Vivekananda depuis leurs années de collège.
Haendel, Georg Friedrich (1685-1759) – Compositeur de musique baroque allemand, naturalisé anglais. Rolland, qui voit en lui un précurseur de Beethoven, lui consacre une monographie (Paris, Félix Alcan, 1910), qui demeure à ce jour un ouvrage de référence.
Hafiz (1325-1389) – Poète et mystique persan. Si Vivekananda se nourrit de sa poésie, c’est que celle-ci fait partie de l’éducation de l’élite bengalie.
Hardikar, Narayan Subbarao (Rolland orthographie Hardiker, 1889-1975) –Homme politique indien, membre du Congrès National Indien. Il est rapidement évoqué par Rolland pour un récit qu’il donne des conditions de l’enfermement de Gandhi après son procès. Après la session du Congrès de 1923 à Kakinada, il crée une organisation, le Seva Dal, forme de milice jouant un rôle important dans les mouvements de désobéissance civile.
Hastings, Warren (1732-1818) – Diplomate britannique. Premier gouverneur général de l’Inde de 1773 à 1785.
Helmholtz, Hermann Ludwick, Ferdinand von (1821-1894) – Physicien prussien, spécialiste de la perception des sons et des couleurs. Vivekananda le rencontre à New York en 1896.
Héraclite d ’ Éphèse (vers 544 avant J.-C. – vers 480 avant J.-C.) – Philosophe grec présocratique que Rolland évoque maintes fois dans son Empédocle et l’Âge de la Haine (1919), repris dans Compagnons de route (1961). (Voir Bibliographie).
852Herbert, Jean (1897-1980) – Traducteur d’anglais et interprète de renom auprès d’instances officielles (lors du Traité de Versailles, ou à l’ONU après la Seconde Guerre mondiale), spécialiste de l’Inde et de l’hindouisme. Son premier voyage en Inde a lieu en 1934. Jean Herbert a lu et apprécié les ouvrages de Rolland. Il visite l’ashram de Sri Aurobindo, devient son disciple (prenant alors le nom de Vishvabandhu) et traduit ses œuvres en français. Il rend compte de ce voyage à Rolland qui l’encourage à poursuivre son travail sur la spiritualité hindoue et à la faire connaitre à l’Occident. On lui doit plusieurs traductions françaises des œuvres de Vivekananda. Il crée en 1944 la collection « Spiritualités vivantes » chez Albin Michel.
Hesse, Hermann (1877-1962) – Écrivain allemand, auteur notamment de Siddhartha (1922) et du Voyage en Orient (1932). Rolland l’évoque dans l’Avant-propos à La Danse de Çiva, d’Ananda Coomaraswamy, comme un des « plus purs poètes d’Allemagne », qui « ont subi le sortilège de la pensée de l’Est ». Son écriture est très influencée par son goût pour la spiritualité indienne, à laquelle il est sensibilisé par ses parents, engagés pour la Mission de Bâle en Inde avant sa naissance, et par ses différents voyages. Ce n’est cependant pas l’attrait pour l’Orient, mais leur pacifisme commun, qui le rapproche de Rolland, avec qui il devient ami. Leur correspondance a paru sous le titre D’une rive à l’autre. (Voir Bibliographie).
Hridaï (1840-1899) – Neveu de Ramakrishna.
Hugo, Victor (1802-1885) – Poète français. En 1922, quand Rolland s’installe à Villeneuve, lieu qu’il fréquente depuis ses jeunes années, il se souvient qu’à l’âge de 17 ans, en été 1883, il a aperçu Victor Hugo à l’hôtel Byron, et a dévoré ses œuvres les semaines suivantes (Corbellari 2012). Il cite le poète deux fois dans l’Essai. Voir aussi Compagnons de Route, Albin Michel, 1961, p. 199-217.
Hume, Allan Octavian (1829-1912) –Ornithologue et administrateur colonial britannique, membre de la société théosophique. En tant qu’administrateur colonial, il fonde des écoles gratuites à Etawah dans l’Uttar Pradesh, dont des écoles pour filles et pour délinquants. Ses idées sont progressistes ; il s’engage pour l’éducation des femmes et contre l’interdit du remarriage des veuves. Il fait partie, avec Sir William Wedderburn, d’un groupe de « quelques Anglais intelligents » (MG, p. 86) qui sont à l’origine de la première session du Congrès National Indien qui se tient à Bombay en 1885. Hume tient le rôle de secrétaire général du Congrès jusqu’en 1908.
Hunter, William (Lord, 1865-1957) –Avocat et juge écossais, membre du Parti Libéral. Il dirige la commission d’enquête convoquée par Edwin Montagu, alors Secrétaire d’État à l’Inde, à la suite du Massacre d’Amritsar du 13 avril 1919 par les troupes britanniques, et publie un rapport extrêmement sévère sur l’action du Général Dyer.
James, William (1842-1910) – Psychologue et philosophe américain, l’un des fondateurs de la psychologie aux États-Unis. Rolland cite son étude sur les phénomènes religieux, The Varieties of Religious Expérience 853(1901-1902), parue en français en 1906 sous le titre L’Expérience religieuse, essai de psychologie descriptive. Retient également son attention sa rencontre avec Vivekananda chez Madame Ole Bull. Enfin, il discute la thèse selon laquelle les conceptions du professeur de Harvard auraient été influencées par les idées du swami.
Janet, Pierre(1859-1947) – Philosophe et psychologue français. De son œuvre volumineuse sur les névroses et la psychologie des conduites, qui contribue à l’essor de la psychologie clinique, Rolland cite Les Médications psychologiques (1919), qui rassemble des écrits des années 1906 à 1914, et présente l’intérêt de comparer différentes psychothérapies d’Occident et d’autres sociétés.
Jésus – Voir Christ.
Jones, William (1746-1794) – Juge dans l’Inde coloniale britannique, polyglotte et philologue. Avec d’autres orientalistes, il fonde la Société asiatique du Bengale afin d’étudier l’histoire, les institutions civiles et religieuses, l’art et les sciences de l’Inde. Ses travaux sur les langues indiennes lui permettent de confirmer la parenté du sanskrit avec le grec et le latin déjà observée avant lui. Il est le premier traducteur en anglais des Lois de Manu (1794), le principal traité de droit hindou.
Jung, Carl Gustav (1875-1961) – Psychiatre suisse, fondateur de la psychologie analytique, auteur d’une œuvre considérable. Rolland fait allusion à son concept d’« introversion » dans VV, mais il ne cite aucun ouvrage de ce pionnier de la psychologie des profondeurs, au côté de Freud dont il fut l’élève avant de rompre avec lui.
Kabir (vers 1470 – vers 1520) – Mystique de l’Inde du Nord. De basse condition sociale – il appartient à la caste des tisserands devenue majoritairement musulmane à son époque –, il passe la plus grande partie de sa vie à Banaras (Varanasi). Dans sa poésie (en hindi), Kabir critique, souvent de façon moqueuse, les autorités religieuses de son temps, hindoues et musulmanes. Tous les grands courants religieux s’approprient son message : les sikhs voyant en lui un précurseur de leur fondateur Nanak (1469-1539), les musulmans un soufi, les hindous un vishnouïte. Tagore leur emboite le pas : le Kabir dont il traduit une centaine de poèmes en 1915 reflète surtout ses propres idées religieuses. Aussi ne faut-il pas suivre RR lorsqu’il fait du « poète persan [sic] le vrai inspirateur de la pensée de Tagore » (JI, p. 15).
Kalidasa (iv-ve siècle) – L’un des plus célèbres poètes et dramaturges de langue sanskrite. Sa pièce de théâtre Abhijñānaśākuntalam (« la reconnaissance de Sakuntala »), traduite en anglais par William Jones (1789), puis en français par Antoine-Léonard de Chezy (1830) est l’une des premières œuvres indiennes à parvenir en Europe ; elle envoute Goethe, Théophile Gautier, Flaubert, Lamartine, Camille Claudel et quantité d’autres artistes.
Kamalakanta (Kamalakanta Bhattacharya, vers 1769-1821) – Mystique et poète bengali. Ramakrishna aimait chanter ses chants dévotionnels en l’honneur de la déesse Kālī.
Karpelès, Andrée (1885-1956) –Peintre française et illustratrice, ayant consacré sa vie au rapprochement de 854l’Europe et de l’Inde, qu’elle connait notamment par les longs séjours en Inde effectués durant sa jeunesse avec sa famille. Amie de Tagore, elle fut professeur à Santinitekan.
Keller, Alwine von (1878-1965) – Pédagogue et psychanalyste (après sa rencontre avec Carl-Gustav Jung pendant l’hiver 1943-1944). Quand elle vient voir Rolland à Villeneuve en 1930, elle enseigne à l’École Nouvelle d’Odenwald (Hesse), et rentre d’un séjour d’un an en Inde, dont plusieurs mois à Belur (JI, p. 271-275). En 1944, elle publie une version allemande de Inspired Talks.
Keyserling, Hermann von (1880-1946) – Philosophe et écrivain germano-balte. Son Journal de voyage d’un philosophe autour du monde (1926, l’original allemand est paru en 1918) connaît immédiatement un grand succès en Occident. Les pages consacrées à l’Inde, où il séjourne plusieurs mois, rencontrant notamment Tagore à Calcutta en 1912, contribuent à l’intérêt des Européens pour le sous-continent entre les deux guerres. Rolland s’y réfère à quelques reprises, sans pour autant partager toutes les observations de leur auteur. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés.
Khetri, rajah de (Ajitsingh, 1861-1901) – Cultivé et progressiste, ce rajah d’un petit royaume du Rajpoutana (actuel Rajasthan) devient le disciple et l’ami de Vivekananda, le reçoit chez lui en 1891, 1893 et 1897, contribue largement au financement de son premier voyage aux États-Unis en 1893, lui permettant de participer au Parlement mondial des religions de Chicago, et vient aussi en aide à sa famille. C’est lui qui lui suggère le nom de Vivekananda, lui encore qui dessine le costume dans lequel il prend la parole au Parlement – accoutrement, observe Rolland, qui « ne fera pas moins que son éloquence pour fasciner la badauderie américaine ». Il est contraint à l’exil en 1898 par le maharajah de Jaipur, dont il est une sorte de vassal, pour avoir transgressé l’interdit orthodoxe de traverser la mer en se rendant en Angleterre. Sa mort accidentelle, moins d’un an et demi avant celle de Vivekananda, pourrait être due à un suicide.
Kipling, Rudyard (1865-1936) – Journaliste et écrivain anglais. Premier lauréat anglophone du Prix Nobel de littérature en 1907. Ses merveilleux ouvrages pour la jeunesse sont en partie inspirés par son expérience personnelle de l’Inde, où il passe sa petite enfance et débute sa carrière de journaliste. Quoiqu’il peigne les Indiens avec sympathie, il est rejeté par l’intelligentsia indienne du fait de sa glorification de l’impérialisme britannique.
Lansberg, Leon (Swami Kripananda, 1853- ?) – Journaliste américain d’origine russe. Il rencontre Vivekananda à New York en mai 1894 et est l’un des tout premiers Américains à se dévouer à sa mission aux États-Unis. Mais il le quitte dès 1896 quoiqu’il en ait reçu le sannyāsa (Burke 1957).
Lanza del Vasto (Giuseppe Lanza di Trabia-Branciforte, dit Lanza del Vasto, 1901-1981) –Écrivain, artiste et philosophe italien, auteur du Pèlerinage aux sources (1943). Disciple de Gandhi, qu’il découvre en lisant des textes de Rolland, il le rencontre 855en Inde en 1936. En 1948, il fonde les Communautés de l’Arche qui prônent la non-violence active.
Leggett, Francis Howard (1840-1909) – Riche homme d’affaires américain. Premier président de la Vedanta Society en Amérique. Son épouse Elisabeth McLeod (1852-1931), sœur de Josephine MacLeod, et lui soutiennent financièrement Vivekananda, qu’ils rencontrent à New York, accueillent dans leur propriété de Ridgely (1894) puis hébergent à Paris (1900).
Lévi, Sylvain (1863-1935) – Historien de l’Inde ancienne. Spécialiste de langue et de littérature sanskrites et des religions de l’Inde, il exerce pendant plusieurs décennies un véritable magistère sur les études indiennes en France et à l’étranger (voir les travaux de Lardinois, et de Fhima et Lardinois). Rolland ne le cite pas dans ses biographies de Ramakrishna et Vivekananda, se privant de précieuses observations sur l’hindouisme et l’histoire de l’Inde. Ce silence semble essentiellement tenir aux rapports tendus entre les deux hommes (voir l’introduction de l’Essai).
Lloyd George, David (1863-1945) – Homme d’État britannique, Premier ministre (libéral) de 1916 à 1922. Rolland mentionne l’attitude ambigüe de Lloyd George à l’égard de l’Inde pendant la guerre. En remerciement pour la participation considérable de l’Inde aux combats, Lloyd George a laissé entendre que de plus grands pouvoirs, si ce n’est une indépendance, seront accordés à l’Inde mais en lieu et place de ces promesses les réformes Montagu-Chelmsford et surtout les lois Rowlatt prolongent l’état d’urgence et restreignent les libertés civiles.
Loyson, Hyacinthe (dit Père Hyacinthe, 1827-1912) – Prêtre catholique français. Critiqué par les milieux conservateurs pour ses idées libérales, son opposition à l’absolutisme du Vatican et ses liens avec les protestants, il est excommunié en 1869. Il se sépare de Rome, se marie avec une Américaine et fonde l’Église catholique-gallicane. En été 1900, quand il se lie avec Vivekananda, il est un des prédicateurs catholiques les plus renommés de Paris. Il fait partie du groupe de personnes qui, en automne de la même année, accompagne le swami dans son voyage au Moyen-Orient. Quelques années plus tard, par un curieux hasard, son fils, Paul-Hyacinthe Loyson (1873-1921), croise la route de Rolland : après la publication de « Au-dessus de la mêlée », il dénonce violemment son attitude pacifiste dans Êtes-vous neutres devant le Crime ? (Paris, 1916).
Macaulay, Thomas Babington (Lord, 1800-1859) –Historien et homme politique britannique, auteur d’études sur le droit pénal appliqué en Inde. Il est à l’origine de l’Indian Penal Code qui sera promulgué en Inde après sa mort, en 1862.
Macdonald, Ramsay(1866-1937) – Homme d’État d’origine écossaise, membre du Parti travailliste, qui fut Premier ministre à deux reprises (janvier-juin 1924 puis 1929-1935). Il convoque les trois Conférences de la Table ronde entre 1930 et 1932. C’est après la deuxième Conférence, en 1931, que Gandhi rend visite à Rolland chez lui à Villeneuve.
MacLeod, Josephine (1858-1949) 856– Amie et bienfaitrice américaine de Vivekananda qu’elle rencontre à New York en 1895. Riche, indépendante et énergique, elle l’accompagne dans un long voyage en Inde du Nord en 1898 puis en Europe en 1900. Après la mort de Vivekananda, elle consacre le reste de sa vie à faire connaître son l’enseignement. C’est grâce à elle que Dhan Gopal Mukerji découvre Ramakrishna et compose la biographie qui détermine Rolland à écrire à son tour la vie du saint homme. Elle est l’une de ses principales informatrices de Rolland sur la Ramakrishna Mission et sur la personnalité de Vivekananda, qu’elle a bien connu et dont elle fut très proche, non comme disciple, se plaît-elle à répéter, mais comme amie. Rolland et elle se rencontrent à deux reprises, une première fois en mai 1927 quand elle lui rend visite à Villeneuve, une seconde à Paris en 1936 à l’occasion d’une commémoration de Ramakrishna organisée à la Sorbonne.
Magre, Maurice (1877-1941) –Écrivain et philosophe français, auteur de Pourquoi je suis bouddhiste (1928). Il s’intéresse aux œuvres de Mme Blavatsky et entreprend en 1935 un voyage en Inde, au cours duquel il rencontre Aurobindo.
Mahalanobis, Prasanta Chandra (1893-1972) – Mathématicien et statisticien indien. Rolland fait sa connaissance en juin 1926 alors que son épouse et lui, qui ont accompagné Tagore à Villeneuve, séjournent à l’hôtel Byron. Il trouve en lui un allié lucide pour mettre Tagore en garde contre Mussolini (voir JI, p. 108-156).
Mahāvīra (Vardhamāna, vie ou ve siècle av. J.-C.) –Vingt-quatrième et dernier Tīrthaṅkara, fondateur du jaïnisme. (Voir Glossaire à « jain »).
Mahendra Pratap (Raja Mahendra Pratap Singh, 1886-1979) – Éducateur et leader nationaliste. Rolland, qui le reçoit à Villeneuve en avril 1927, en fait un portrait sévère (JI, p. 189-190).
Malaviya, Madan Mohan (1861-1946) –Universitaire et homme politique indien. Il joue un rôle de premier plan dans le mouvement pour l’indépendance. Il est trois fois président du Congrès National Indien (1909-1910, 1918, 1932-1933) et fonde la Hindu Mahasabha. Il participe à la seconde Conférence de la Table ronde, comme Gandhi, en 1931. Promoteur d’une éducation moderne et accessible aux Indiens, il cofonde aussi, avec Annie Besant, l’université hindoue de Bénarès en 1916.
Manou (Manu) – Auteur supposé des Lois de Manu, un traité de droit hindou majeur datant des environs de l’ère chrétienne.
Marx, Karl (1818-1883) –Philosophe allemand, rapidement évoqué par Rolland au détour d’une phrase dans Mahatma Gandhi, « Ce que Karl Marx nomme la voyoucratie » (MG, p. 109). La recherche d’une articulation entre gandhisme et marxisme fait l’objet de la réflexion de Rolland pendant les années 1920-1930.
Masson-Oursel, Paul (1882-1956) –Sanskritiste et professeur de philosophie indienne à l’École pratique des hautes études, il élabore un programme de philosophie et de psychologie comparées se donnant pour tâche de dégager les points communs entre l’Inde et l’Occident et ne séparant pas recherches intellectuelles et quête personnelle de sens (voir Freire, sd). Cette 857manière de concevoir la recherche universitaire explique qu’il soit l’indologue français avec lequel Rolland se sente le plus en affinité. Les vues d’ensemble offertes par l’Esquisse d’une histoire de la philosophie indienne (1923) et la Philosophie comparée (1926), ouvrages que Masson-Oursel lui a lui-même envoyés, « élargissent enfin les horizons d’esprit de la Sorbonne » (JI, p. 53). Il les cite ainsi que son article sur « lesDoctrines indiennes de physiologie mystique » (1922).
Mathur Babu (Mathur Nath/Mohan Biswas, c. 1825-1871) – Gendre de Rani Rasmani. Il administre le temple de Kālī fondé par Rani Rasmani à Dakshineswar en 1855 et dont Ramakrishna est le principal prêtre. Il apporte à ce dernier un soutien sans faille quand tous autour de lui pensent qu’il est atteint de folie.
Max Müller, Friedrich (1823-1900) – Orientaliste allemand, professeur à l’université d’Oxford. Spécialiste du Veda et de la mythologie comparée, il s’intéresse aussi à l’hindouisme moderne. Selon lui, Ramakrishna représente l’hindouisme authentique. Il lui consacre un article (« A Real Mahatma », Nineteenth Century, 1896) qu’il complète avec l’aide de Vivekananda, rencontré à Oxford en mai 1896 (voir Muller 1898, p. 24), en écrivant Ramakrishna. His Life and Sayings (1898). Rolland prend connaissance de cette biographie, la première du saint homme rédigée en Occident, grâce à la traduction que lui en fait sa sœur Madeleine.
Mayo, Katherine (1867-1940) – Journaliste américaine. En 1927, à l’époque où Rolland rédige la Vie de Ramakrishna, K. Mayo vient de publier Mother India. Résultat d’une enquête qu’elle a menée en Inde l’année précédente, l’ouvragepeint un tableau très sombre de la société hindoue et s’en prend violemment au mouvement d’indépendance nationale. Mother India parait en français en 1929 sous le titre l’Inde avec les Anglais, clin d’œil à L’Inde sans les Anglais (1903) de Pierre Loti. À l’instar de ses amis indiens, Rolland est outré par les amalgames de la journaliste américaine.
Mazumdar, Devendra/Devendranath (1844-1911) –Disciple marié de Ramakrishna.
Mazzini, Giuseppe (1805-1872) – Révolutionnaire italien, considéré comme l’un des artisans de l’unité italienne. Il fait partie des héros auxquels s’identifie la jeunesse nationaliste indienne. Étudiant, Vivekananda est très marqué par sa lecture de la vie de Mazzini rédigée en bengali par Jogendranath Vidyabhusan (1845-1904). Rolland avait prévu de faire paraitre une Vie de Mazzini aux Cahiers de la quinzaine dans la série « Vie des hommes illustres », sur le modèle de la Vie de Beethoven, mais ce projet ne fut jamais réalisé.
Michelet, Jules (1798-1874) – Historien français. Il exerce une profonde influence sur la profession historienne. Formé à l’École normale supérieure par l’historien Gabriel Monod, disciple et biographe de Michelet, Roman Rolland connait bien son œuvre. En plaçant en exergue l’Essai une longue citation de LaBible de l’Humanité, il fait sienne une conception évolutive de l’histoire religieuse, qui ne se limite pas à l’horizon judéo-chrétien. Mais quoique se voulant universelle, cette vision n’est pas dépourvue 858de biais : elle exalte les religions de l’Inde et de la Perse, et critique celles issues de la souche judéo-chrétienne.
Minto, Lord (Gilbert John Elliot-Murray-Kynynmound, 1845-1914) – Gouverneur général et vice-roi des Indes (1905-1910), dans la période extrêmement agitée qui suit la partition du Bengale.
Mirabaï (1498-1546) – Mystique hindoue originaire du Rajasthan. Consacrée à son amour intense pour le dieu Kṛṣṇa, son œuvre poétique en hindi est connue dans l’Inde entière.
Mirabehn (Madeleine Slade, 1892-1982) – Disciple anglaise de Gandhi. Baptisée « Dame Mira » (Mirabehn), en souvenir de Mirabaï, par Gandhi, dont elle devient la disciple en 1924, Mirabehn s’installe en Inde et s’emploie à servir les idéaux gandhiens pendant trois décennies. Avec un dévouement exceptionnel, elle participe aux différentes phases de la lutte pacifique que Gandhi mène pour l’indépendance nationale, modelant son style de vie sur le sien. Après l’assassinat de Gandhi, Mirabehn reste en Inde encore une dizaine d’années, puis rentrée en Europe, se consacre jusqu’à sa mort à son ancienne obsession, la musique de Beethoven. Au vu du peu d’intérêt que Gandhi manifestait pour la musique occidentale et notamment pour celle de Beethoven, comme Rolland le note avec dépit lors de la visite de Gandhi et de Mirabehn à Villeneuve en décembre 1931 (JI, p. 351), il y a une certaine ironie dans le fait que le musicien allemand est le lien qui les unit tous trois. C’est en effet leur passion commune pour Beethoven qui en 1923 conduit la future Mirabehn à rencontrer Rolland, alors à Londres. À cette occasion, elle apprend l’existence de Gandhi et conçoit aussitôt le projet de tout quitter pour le suivre. « Je la vois comme une des Saintes Femmes qui entouraient Jésus, et qui firent sa légende » note Rolland en septembre 1925 lorsque Mirabehn vient le saluer avant de s’embarquer pour l’Inde (JI, p. 101-102).
Mitra, Manomohan (1851-1903) – Membre du Brāhmo Samāj, disciple marié de Ramakrishna, cousin de Ramchandra Dutt, beau-frère de Rakhal Chandra Ghosh (Swami Brahmananda).
Mitra, Surendranath (1850-1890) – Disciple marié de Ramakrishna. Connu pour ses écarts de conduite et son indifférence à la religion, il se voue à Ramakrishna à partir de leur rencontre en 1880, et lui apporte un soutien financier conséquent ainsi qu’au groupe de ses disciples.
Mohani, Hasrat (Syed Fazd-ul-Hasan, 1875-1951) – Poète de langue ourdoue. Membre du Congrès National Indien, il est un des premiers à exiger l’indépendance totale de l’Inde en 1921 lors de la session d’Ahmedabad.
Monod-Herzen, Édouard (1873-1963) – Hommes de lettres français, fils de l’historien Gabriel Monod. Ami de Rolland, il préface la correspondance de ce dernier avec Malwida von Meysenbug (1816-1903), la mère adoptive de sa mère, Olga Herzen.
Montagu, Edwin (1879-1924) –Homme politique britannique membre du Parti libéral, Secrétaire d’État à l’Inde entre 1917 et 1922. Il est à l’origine, avec le vice-roi Lord Chelmsford, des réformes Montagu-Chelmsford, qui conduisirent plus tard au Government 859of India Act (1919), modifiant le fonctionnement des gouvernements provinciaux en associant les notables indiens aux décisions locales, dans un système de « diarchie ». Leur but n’est pas tant d’accorder un pouvoir plus grand aux Indiens que de s’assurer la fidélité et la coopération d’une élite indienne.
Moonje, Balakrishna Shivram (1872-1948) –Après des études de médecine et un engagement dans la guerre des Boers, B. S. Moonje devient un soutien politique de Tilak. Après la mort de celui-ci, en 1920, Moonje quitte le Congrès National Indien, en désaccord avec la non-violence gandhienne. Il devient en 1927 président de la Hindu Mahasabha, fondée par le pandit Malaviya et le reste jusqu’en 1937. Rolland l’évoque essentiellement pour la signature du pacte Rajah-Moonje, dans lequel Mylai Chinna Rajah s’engage à soutenir Moonje en échange de l’obtention d’électorats séparés pour les représentants des Intouchables dans les différentes assemblées, ce à quoi s’oppose Gandhi.
Mozart, Wolfgang Amadeus (1756-1791) –Compositeur de musique autrichien. Rolland, dont il est depuis l’enfance l’un des musiciens de prédilection, lui consacre plusieurs articles.
Mozoomdar, Pratap Chunder/Chandra (1840-1905) – Membre influent du Brāhmo Samāj. Il représente le mouvement au Parlement des religions de Chicago (1893), remportant un grand succès même s’il est quelque peu évincé aux yeux du public par Vivekananda. Rolland se réfère à trois de ses ouvrages : The Oriental Christ (1883), qui peint un Christ non européen dont l’enseignement reflète la profondeur de la spiritualité asiatique, et deux ouvrages historiques : The Faith and Progress of the Brahmosamaj (1882), The Life and Teachings of Keshub Chandra Sen (1887), dont Mozoomdar est l’un des plus fidèles disciples. Les articles en bengali qu’il consacre à Ramakrishna en 1878 sont parmi les plus anciens témoignages sur le saint homme (voir l’introduction de l’Essai).
Mukerji, Dhan Gopal (1890-1936) – Écrivain indien de langue anglaise. Né au Bengale, très tôt engagé dans le mouvement révolutionnaire qui suit la partition de Bengale (1905), il quitte l’Inde pour échapper à la police coloniale britannique, s’installe aux États-Unis en 1911, épouse une Américaine et se lance avec succès dans une carrière littéraire. Il est déjà l’auteur de plusieurs ouvrages en anglais, dont un certain nombre pour enfants inspirés par des histoires indiennes, et d’une autobiographie remarquée, Cast and Outcast (1923), quand il publie en 1926 The Face of Silence, une étude de Ramakrishna qui reflète son attirance pour la vie spirituelle et son intention de propager l’héritage religieux indien en Occident. Il dédicace son livre à Josephine MacLeod, l’amie américaine de Vivekananda qui lui a fait connaître Ramakrishna et voit en lui « un des espoirs de la foi en Vivekananda » (JI, p. 203). Face of Silence marque profondément les esprits en Amérique et en Europe. En témoigne Rolland qui, lors de la visite de Mukerji à Villeneuve en octobre 1926, note : « J’ai été si saisi par la lecture que m’a faite ma sœur de quelques pages du livre de Mukerji, que j’ai senti aussitôt le 860devoir d’étudier et de faire connaître en Europe la personnalité extraordinaire de Ramakrishna et de son fougueux disciples Vivekananda » (JI, p. 172). À cette époque, Mukerji et sa femme sont installés à Genève pour se rapprocher du pensionnat de leur fils. Cela offre à Mukerji l’occasion d’observer de près le travail de la Société des Nations – à laquelle il reproche de se focaliser sur les seuls problèmes européens et d’oublier l’Asie à l’exception du Japon –, et de rencontrer Rolland et aussi Nehru. En 1928 il écrit A son of Mother India answers (New York, E. P. Dutton Company, 1928) pour répondre aux attaques de Miss K. Mayo. Mais à partir de 1929 Mukerji a de plus en plus de mal à réconcilier ses aspirations spirituelles et la réalité de son existence d’exilé. Il se suicide en 1936. Rolland ne semble pas avoir eu des relations étroites avec lui. Pourtant Mukerji parle un peu français, pourtant, surtout, ses idées sont parentes des siennes : il est convaincu comme lui que l’unité de l’humanité transcende les races et les nations. Rolland lui sait gré de lui avoir fait découvrir Ramakrishna et de l’avoir mis en contact avec la Ramakrishna Mission et Josephine MacLeod.
Muller, Henrietta (1846-1906) – Féministe et théosophe britannique. Elle rencontre Vivekananda en 1893 lors du Parlement des religions à Chicago, l’aide à publier quelques-uns de ses ouvrages et, s’étant rendue en Inde en 1897, finance l’achat du terrain de Belur. Par la suite, elle s’éloigne de la Ramakrishna Mission.
Münzenberg, Willi (1889-1940) –Militant communiste allemand, qui se voue à la promotion de l’URSS et de la politique stalinienne auprès des intellectuels occidentaux. Sur une demande de la Ligue contre l’impérialisme, signée par Virendranath Chattopadhyaya et Willi Münzenberg, Rolland adresse en novembre 1928 un message de soutien au Congrès National Indien. Willi Münzenberg rompt avec le stalinisme après les grandes purges des années 1930.
Mussolini, Benito (1883-1945) – Homme d’État italien. Romain Rolland n’a de cesse d’alerter sur les dangers de la politique mussolinienne, bien avant l’alliance avec l’Allemagne nazie en 1936. Il tente de convaincre Rabindranath Tagore et Gandhi de ne pas céder aux séductions de l’Italie mussolinienne lorsqu’ils sont tous deux invités en Italie et instrumentalisés, à des degrés divers, par la propagande du régime fasciste. Si Tagore ne fait pas preuve du discernement nécessaire et se laisse impressionner par Mussolini lors de son voyage en Italie en 1925, provoquant la grande déception de Romain Rolland, Gandhi, qui se rend en Italie en décembre 1931, se montre plus réservé, même s’il évite de se prononcer ouvertement contre le régime (voir l’introduction de Mahtama Gandhi).
Myers, Frederic, William, Henry (1843-1901) Essayiste et psychologue britannique. Il est considéré comme l’un des fondateurs de la psychologie des profondeurs. Il rencontre Vivekananda à Londres en 1896.
Nag, Durga Charan (et non Chandra, 1846-1899) –Disciple marié de Ramakrishna. Médecin, très pieux 861et altruiste, il se détache du monde, sans pour autant devenir moine, après sa rencontre avec Ramakrishna.
Nag, Kalidas (I891-1966) – Historien, essayiste et parlementaire bengali. Kalidas Nag fait partie de cette poignée d’intellectuels indiens qui se forment à l’indianisme auprès du grand savant Sylvain Lévi et d’autres indologues français. Rentré en Inde, il enseigne à l’université de Calcutta. Il est le plus influent membre du groupe d’intellectuels bengalis attelé à l’étude de Greater India (« Grande Inde ») ou l’histoire de la diffusion à date ancienne de la culture indienne en Asie par le biais du bouddhisme et de l’hindouisme (voir Stolte 2013). Rolland, qui le rencontre en avril 1922 à Paris pendant ses études, est d’emblée conquis par le jeune homme, de 25 années son cadet, le trouvant « intelligent, brillant, plein de vie et de feu » (JI, p. 28). Les deux hommes partagent la même aspiration à œuvrer pour l’unification de l’humanité. Ils entretiennent une correspondance chaleureuse entre 1923 et 1930 (voir Guha 2010). Les échanges entre « Mon maître » et « mon cher ami » se ralentissent par la suite. Kalidas Nag fait des conférences aux USA puis en Europe, bénéficiant de nombreuses recommandations de Rolland. C’est ce qui lui permet de revenir le voir à Villeneuve en juin et septembre 1930 après un intervalle de sept ans.
Nagarkar, Balwant Bhau (1858-1926) – Penseur religieux originaire de Bombay, il représente le Brāhmo Samāj au Parlement des religions de Chicago en 1893.
Naidu, Ramaiah (1904-1991) – Mathématicien et physicien indien. C’est alors qu’il fait des études de physique à la Sorbonne qu’il rend visite à Rolland à Villeneuve en août 1924 (JI, p. 78).
Naidu, Sarojini (1879-1949) –Poétesse et femme politique indienne, figure majeure du mouvement pour l’indépendance. Elle est la première femme indienne à présider le Congrès National Indien (1925), puis à être Gouverneur (dans les Provinces-Unies, maintenant appelées Uttar Pradesh, de 1947 à sa mort). Sa participation au mouvement gandhien de non-coopération lui vaut d’être emprisonnée plusieurs fois (1930, 1932, 1942-1943). Elle accompagne Gandhi à Londres lors de la deuxième Conférence de la Table ronde en 1931.
Naoroji, Dadabhai (1825-1917) – Intellectuel et homme politique originaire de Bombay, l’une des grandes figures du nationalisme indien. Il propose des réformes de la religion parsi à laquelle il appartient, contribue à fonder le Congrès National Indien (1855) dont il assure la présidence à trois reprises, et est le premier Indien à siéger au Parlement britannique (1892-1895).
Narayana Guru (1855-1928) – Philosophe vedantin, maître spirituel et réformateur social du Kérala. Né dans la caste des Ezhava considérée comme intouchable, il dénonce l’ordre social hiérarchique hindou et le stigmate de l’intouchabilité, et lutte contre les discriminations dont souffrent les membres de sa caste, fondant des institutions éducatives et d’entraide sociale. Son principal disciple, lui-même philosophe, P. Natarajan (1895-1973) rend visite 862à Rolland en 1929 (JI, p. 260-262 ; Nataraja Guru 2011, p. 233-235).
Natesan, G. A. (1873-1948) – Écrivain et journaliste de Madras. Fondateur de la maison d’édition G. A. Natesan & Co. (1897) et de l’influent mensuel en anglais The Indian Review (1900).
Nehru, Jawaharlal (1889-1964) – Homme politique indien, premier Premier ministre de l’Inde indépendante. À l’époque où Rolland le reçoit chez lui à Villeneuve (mai 1926), Nehru est déjà l’une des principales figures de la lutte pour l’indépendance de l’Inde. Il séjourne en Suisse avec sa fille Indira, âgée de 7 ans, pour être près de Kamala, son épouse, soignée dans un sanatorium. Les deux hommes se revoient en juin 1926, puis en mai 1927, date à laquelle Nehru est accompagné de son épouse et de leur fille, et de Vijaya Lakshmi et Pandit R. S. Pandit, ses sœur et beau-frère, et encore en octobre 1935, quand Nehru est provisoirement libéré de prison pour venir au chevet de son épouse mourante.
Nehru, Motilal (1861-1931) – Activiste du mouvement d’indépendance de l’Inde et président du Congrès National Indien (1928-1929). Il est le père de Jawaharlal Nehru.
Niranjanananda, Swami (Tulasi Charan Dutt, 1863-1938) – Né au Bengale dans une famille aisée de caste kāyastha, il reçoit chez lui une formation classique en sanskrit et devient disciple de Ramakrishna à l’âge de 18 ans alors qu’il étudie à l’université de Calcutta. Très proche de Vivekananda, il fait partie du premier groupe de moines fondateurs de la Ramakrishna Mission. La Mission l’envoie aux États-Unis enseigner le yoga, le sanskrit et les upaniṣad, puis fonder des centres en Inde du Sud (Bangalore et Kerala).
Niranjanananda, Swami (Nitya Niranjan Ghosh, 1862-1904) – Disciple direct de Ramakrishna. Il devient moine en 1887.
Nivedita, Sister (Elizabeth Noble, 1867-1911) – Née dans une famille irlandaise, elle adopte la vocation d’enseignante, adhérant aux idées du New Education Movement qui balaie alors l’Europe. La rencontre de Vivekananda à Londres en 1895 bouleverse sa vie. Trois ans plus tard, elle part s’installer définitivement en Inde. Elle s’y occupe de l’éducation des filles et des femmes, ouvrant pour elles une petite école à Calcutta, et participe aux secours humanitaires pendant les épidémies et les famines. Elle se joint aussi au mouvement nationaliste indien en s’opposant à la partition du Bengale (1905) et en soutenant, par ses écrits et conférences, le mouvement Swadeshi qui appelle au boycott des produits britanniques importés au profit de produits artisanaux fabriqués dans le pays. Nivedita publie nombre d’ouvrages sur l’histoire indienne, la condition des femmes, l’éducation, l’art et la mythologie et aussi des articles dans les presses indienne et britannique. Son The Master as I knew him trace un portrait très vivant de Vivekananda. Rolland entend pour la première fois parler d’elle en mai 1927 par Josephine MacLeod qui l’a bien connue (JI, p. 195). L’Américaine l’éclaire aussi sur les relations complexes de Nivedita et Vivekananda, ce dernier tentant de se protéger, parfois brutalement, de la passion adoratrice que lui voue la première (JI, p. 209).
863Okakura, Kakuzo (1862-1913) – Penseur et historien de l’art japonais. Il écrit plusieurs ouvrages (directement en anglais) pour faire connaître la culture sino-japonaise, dont le célèbre Le Livre du Thé (1906). À l’instigation de Josephine MacLeod, qui l’a rencontré au Japon, il rend visite à Vivekananda à Calcutta en 1902 et l’invite à une conférence internationale sur les religions, mais, malade, Vivekananda l’envoie à Tagore, avec lequel il se lie durablement (JI, p. 173 et 208 ; Midori 2011 ; Bharucha 2006).
Olcott, Henry Steel (1832-1907) – Militaire, avocat, essayiste et occultiste américain. En 1875, il fonde à New York avec Helena Blavatsky la Société théosophique, afin d’étudier le surnaturel en combinant la science et la religion. Dès lors sa carrière est inséparable de celle de la spiritualiste russe. En 1878 tous deux arrivent en Inde et deux ans plus tard se convertissent au bouddhisme à Galle (Sri Lanka). En 1882, après avoir collaboré quelques années avec eux, Dayananda Saraswati, le fondateur de l’Ārya Samāj, les accuse de charlatanisme. Cela n’empêche pas la Société théosophique, dont le siège est transféré à Adhyar, un quartier de Madras (Chennai) en Inde du Sud, de connaître un grand succès auprès de l’intelligentsia indienne (Gandhi et Jawaharlal Nehru en font partie un temps).
Oppert, Gustav Salomon (1836-1908) – Philologue allemand, spécialiste de sanskrit et de telugu. Il débute sa carrière au Presidency College de Madras, puis, de retour en Allemagne, devient professeur de langues dravidiennes à l’université de Berlin. Lors du Congrès qui se tient à Paris en octobre 1900, Vivekananda rejette sa thèse de l’origine phallique de l’emblème de Śiva (le liṅga).
Otto, Rudolf (1869-1937) – Universitaire spécialiste de religions comparées et théologien allemand. Rolland cite son ouvrage West-Oestliche Mystik (1926, traduit en français en 1951 comme Mystique d’Orient et mystique d’Occident) dans lequel il traite de « Fichte et l’Advaita » et compare Shankara et Maître Eckhart.
Pal, Bipin Chandra (1858-1932) – Leader nationaliste indien, partisan de réformes sociales profondes, il est l’une des figures majeures de la lutte pour l’indépendance et du mouvement du swadeshi, aux côtés d’Aurobindo Ghose.
Parekh, Manilal C. (1885-1967) –Penseur et théologien chrétien. Né dans une famille hindoue du Gujarat, il découvre le message du Christ en lisant Keshab Chandra Sen et adhère à la Church of New Dispensation fondée par ce dernier. En 1918, il reçoit le baptême dans l’Église anglicane. Dans les années suivantes, son interprétation hindoue du Christ suscite des controverses. Rolland, qui le rencontre en octobre 1929, cite sa biographie de Keshab Chandra Sen (1926) et l’article qu’il consacre aux relations de celui-ci avec le christianisme (1928).
Patanjali (vers le1er siècle) – Auteur du Yoga-Sūtra (« Aphorisme sur le Yoga »), le texte fondamental de la philosophie du yoga – l’une des six écoles (darśaṇa) de la philosophie indienne traditionnelle, aussi dite du rāja-yoga (yoga royal) ou yoga classique pour la distinguer du haṭha yoga (yoga d’effort), plus tardif.
864Patel, Vallabhbhai Jhaverbhai (1875-1950) – Avocat et homme politique indien originaire du Gujarat, qui prend part aux côtés de Gandhi au mouvement de désobéissance civile, ce qui lui vaut d’être emprisonné à plusieurs reprises. Il est président du Congrès National Indien en 1931. Après l’indépendance, il occupera plusieurs fonctions de ministre au sein du gouvernement de Jawaharlal Nehru.
Paul de Tarse (saint Paul, début du premier siècle-67) – Après avoir persécuté les disciples de Jésus, il se convertit et devient un des fondateurs de l’Église chrétienne et une figure majeure de la diffusion du christianisme. Ses épîtres adressées aux nouvelles communautés chrétiennes constituent les documents les plus anciens du christianisme et précisent les fondements de la théologie chrétienne. Rolland compare à plusieurs reprises Gandhi à saint Paul, en particulier en ce qui concerne sa « doctrine » sexuelle (MG, p. 96) prônant une vie chaste. Il compare également Vivekananda à saint Paul, cette fois pour souligner le rôle qu’il tint dans l’organisation de la Ramakrishna Mission : il « fut le saint Paul du Messie du Bengale » (VV, p. 492).
Paul, Kanakarayan Tiruselvam (1876-1931) – Leader nationaliste chrétien (protestant), travailleur social et gandhien. C’est par K. T. Paul, venu le voir à Villeneuve en septembre 1926, que Rolland entend parler pour la première fois de Ramakrishna (JI, p. 168). Il se fonde sur son The British connection with India (1927) pour écrire le chapitre iv de VR sur les mouvements de réformes hindous.
Pearson, William Winstantley (1881-1923) – Pasteur et éducateur anglican, compagnon de Gandhi en Afrique du Sud, très proche aussi de Tagore, dont il est le secrétaire jusqu’à sa mort accidentelle en Italie. Il semble être le premier à mentionner l’existence d’Aurobindo à Rolland (JI, p. 46).
Pincott, Frederic (Rolland orthographie « Pincut », 1836-1896). Orientaliste anglais, spécialiste de hindi. Il est membre de la Royal Asiatic Society.
Polak, Henry (1882-1959) – Avocat et journaliste britannique qui fit campagne aux côtés de Gandhi, en Afrique du Sud, pour les droits des Indiens, et plus tard pour l’indépendance de l’Inde. C’est lui qui fait découvrir au Mahatma Unto This Last, de Ruskin, lecture dont l’influence sur la pensée de Gandhi est considérable.
Premananda, Swami (Baburam Ghosh, 1861-1918) – Disciple direct de Ramakrishna. Beau-frère de Balaram Bose et camarade de classe de Rakhal (Swami Brahmananda), il fait la connaissance de Ramakrishna pendant ses études universitaires et renonce à celles-ci pour se consacrer à son service. Il est l’un des moines fondateurs de l’ordre au côté de Vivekananda. Il dirige le monastère de Belur entre 1902 et sa mort.
Privat, Edmond (1889-1962) – Écrivain et journaliste, promoteur de l’esperanto et pacifiste originaire de Suisse. Rolland le cite comme un de ses amis. Il organise avec lui le séjour suisse de Gandhi en 1931. Il est l’auteur de Aux Indes avec Gandhi (1934) et d’une Vie de Gandhi (1958). Sa correspondance avec Rolland a été publiée en 1977. (Voir Bibliographie).
Radhakrishnan, Sarvepalli (1888-1975) – Professeur de philosophie 865à l’université (Madras, Mysore, Calcutta, Oxford et Bénarès). Il sera président de l’Inde de 1962 à 1967.
Rai/Roy, Govinda (dates inconnues) – Hindou adepte du soufisme. En 1866, cet homme dont la biographie n’est pas connue, initie Ramakrishna à la voie mystique de l’islam.
Rai, Lajpat (1865-1928) – Né au Panjab dans une famille de classe moyenne, avocat de formation, réformateur social et dirigeant du mouvement pour l’indépendance, il mène toute sa vie un combat acharné contre l’impérialisme britannique. Pendant son adolescence, il devient le disciple de Dayananda Saraswati, et joue par la suite un rôle important au sein de l’Ārya Samāj, dont il est le premier à écrire l’histoire. Rolland se fonde essentiellement sur son ouvrage pour dresser le portrait de Dayananda dans le chapitre iv de VR. Après avoir rejoint le Congrès National Indien, Lajpat Rai dénonce l’exploitation économique de l’Inde par les Britanniques et prône un nationalisme anticolonial militant. Son long séjour à l’étranger lui fait voir la lutte nationale indienne dans une perspective plus large, comme l’attestent ses œuvres majeures : Young India, England’s Debt to India (« La dette de l’Angleterre envers l’Inde »), The Political Future of India (« L’avenir politique de l’Inde ») et Unhappy India (« l’Inde malheureuse » – réfutation cinglante des attaques fielleuses de Miss K. Mayo). À son retour en Inde et bien qu’il juge la non-violence irréaliste, il dirige la session extraordinaire du Congrès National Indien de décembre 1921 qui lance le mouvement de non-coopération de Gandhi. Mais en 1922, il s’en retire et rejoint le Parti Swarajya fondé par C. R. Das et Motilal Nehru. En octobre 1928, il est brutalement agressé par la police à Lahore alors qu’il est à la tête d’une manifestation pacifique contre la Commission Simon – une délégation de sept députés arrivée de Grande-Bretagne pour proposer des réformes constitutionnelles mais dans laquelle les Indiens voient une violation de leur droit à l’autodétermination car ils n’en font pas partie. Il meurt deux semaines plus tard des suites de ses blessures. Rolland fait la connaissance de Lajpat Rai en juin et juillet 1924 quand celui-ci, alors en traitement en Suisse, passe le voir à Villeneuve, lui apportant à demeure des informations de première main sur les derniers événements politiques de l’Inde (JI, p. 69-71, 77-78). Il le revoit en mai 1926 (JI, p. 106-107). S’il partage ses réserves à propos des idées politiques de Gandhi, il regrette son tempérament agressif. Cependant, en novembre 1928, la nouvelle de sa mort des suites de violences policières l’atterre (JI, p. 257-258).
Rajah, Mylai Chinna (1883-1943) – Homme politique et activiste tamoul, leader du Justice Party, qu’il quitte cependant en 1923, déçu du sort qui est réservé aux « classes déprimées » ou Intouchables (dalits). Il occupe différentes fonctions politiques et conclut avec B. S. Moonje le « pacte Rajah-Moonje » en 1932. Rajah s’y engage à soutenir Moonje en échange de l’obtention d’électorats séparés pour les représentants des Intouchables dans les différentes assemblées.
Rajchandra, Shrimad (appelé par Rolland « le poète Raychand, du 866Gujarat ») (1867-1901) – Poète, mystique, érudit, philosophe jaïn, un des guides spirituels de Gandhi.
Rajendra Prasad (1884-1963) – Leader de la lutte anticoloniale à l’époque où Rolland fait sa connaissance (1928). Il devient le premier Président de l’Inde (1950-1962).
Ram Tirtha (Swami Ram, 1873-1906) – Maitre spirituel hindou d’origine pendjabie, adepte du vedānta. Sa rencontre avec Vivekananda à Lahore en 1897 alors que, marié et père de famille, il enseigne les mathématiques, le détermine à devenir moine. Il est l’un des premiers missionnaires hindous aux États-Unis (1902) après Vivekananda.
Ramananda (xve siècle) – Maitre spirituel de Bénarès. Le plus grand ordre monastique vishnouïte de l’Inde du Nord se réclame de lui.
Ramanuja (xi-xiie siècle) – Le plus important théologien des Śrī-vaiṣṇava, secte vishnouïte qui attribue la même autorité au Veda et à un corpus de textes inspirés par la dévotion à Viṣṇu, notamment les hymnes en tamoul des Ālvārs. Rejetant l’interprétation advaita (non-dualiste) du vedānta de Shankara, Ramanuja expose les principes du viśiṣṭādvaita (non-dualisme mitigé).
Ramprasad (Ramprasad Sen, vers 1718-vers 1775) – Mystique et poète bengali. Ses poèmes de dévotion à Kālī, qui reflètent sa relation intime avec la déesse – elle est la mère tendre et aimante –, inaugurent un nouveau style et contribuent à la renaissance du courant tantrique au Bengale.
Rasmani, Rani (1793-1861) – Mariée à l’âge de 11 ans à Raj Chandra Das (Marh), le zamindar de Janbazar, elle devient à sa mort l’administratrice de son large domaine et s’engage dans de nombreuses activités philanthropiques. Plusieurs brahmanes refusent de travailler dans le temple de Kālī de Dakshinesvar, qu’elle fait construite en 1855, parce qu’elle appartient à la sous-caste Kaibarta, classée dans la catégorie inférieure des śūdra. Toutefois le frère aîné de Ramakrishna, Ramkumar Chattopadhyaya accepte d’y remplir la fonction de prêtre, et le jeune Ramakrishna se voit confier la charge de l’assister dans les rituels quotidiens, avant de le remplacer.
Rivington, Luke (1838-1899) – Pasteur anglican posté en Inde. Pendant son séjour à Calcutta (1879), il se rend très populaire auprès des membres du Brāhmo Samāj et se lie en particulier avec le jeune Keshab Chandra Sen. Plus tard il se convertit au catholicisme et devient prêtre (1889).
Rolland, Madeleine (1872-1960) –Sœur de Rolland, de six années sa cadette. Traductrice de littérature anglaise (de Thomas Hardy notamment), militante pacifiste et membre du Comité de la section française de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, elle vit auprès de Rolland à Villeneuve pendant les années où il rédige la plupart de ses écrits indiens. Rolland ne parlant pas l’anglais et le lisant très difficilement, elle joue un rôle de tout premier plan dans les collecte et traduction des documents nécessaires à son travail et comme interprète lors de ses entretiens avec les nombreuses personnalités indiennes qui lui rendent visite. Rollandlui dédicace ses trois biographies indiennes.
Romain Rolland, Marie (1895-1985) 867– Née d’un père russe et d’une mère suisse, Marie Mikhaïlova Cuvilier est une poétesse. Elle épouse le prince Serge Koudachev en 1916 (ce qui lui vaut d’être aussi connue sous le nom de Maria Koudacheva) puis Romain Rolland en 1934. Tous deux accomplissent un voyagent à Moscou en 1935, voyage à l’occasion duquel ils rencontrent Staline. Elle partage la vie de Romain Rolland jusqu’à la mort de celui-ci en 1944 et se consacre ensuite à la promotion de son œuvre.
Roniger, Emil (1833-1958) – Écrivain et éditeur suisse, fondateur de la maison d’édition Rotapfel-Verlag, lié d’amitié avec Romain Rolland dont il partage l’intérêt pour l’Orient. Il publie notamment une traduction allemande de la biographie de Gandhi. Il nourrit l’ambition de créer une Weltbibliothek, avec le concours notamment de Rolland, Gandhi ou Tagore. Il publie en 1926, à l’occasion du soixantième anniversaire de Romain Rolland le Liber Amicorum, avec des contributions de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Gandhi. (Voir Bibliographie sous Meylan 2009).
Rousseau, Jean-Jacques (1712-1778) – Écrivain et philosophe genevois, auteur notamment de Julie ou la Nouvelle Héloïse et surtout des Confessions, publiées de manière posthume. Ses principaux ouvrages philosophiques, en particulier le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755) et Du contrat social (1762) s’articulent autour d’une critique de la société qui corrompt la nature essentiellement bonne de l’homme et qui conduit aux inégalités sociales. Rolland lit la pensée de Gandhi dans la continuité de cette critique de la civilisation dont les autres grands penseurs sont Tolstoï ou Ruskin. En 1938, il a publié une anthologie, LesPagesimmortelles de J.-J. Rousseau. (Voir Bibliographie).
Rowlatt, Sir Sidney ArthurTaylor (1862-1945) – Juge britannique, président du comité Rowlatt, mandaté en 1918 par le gouvernement anglais. Le comité fut à l’origine des lois Rowlatt (Bills Rowlatt ou Rowlatt Act), qui prolongeaient certaines restrictions aux libertés fondamentales introduites pendant la guerre. Elles autorisaient en effet les cours spéciales de justice et la détention sans procès pendant deux ans pour « activités subversives ».
Roy, Dilip Kumar (1897-1980) – Musicien et musicologue bengali. Rolland, qui fait sa connaissance en août 1920, entretient avec lui une correspondance, où il est notamment question de Tagore et d’Aurobindo.
Roy, Gour Govind (1841-1912) – Missionnaire de la section du Brāhmo Samāj dirigée par Keshab Chandra Sen à partir de 1866, il est pendant plus de quarante ans le rédacteur en chef de son mensuel bengali, Dharmatattva (« l’essence du dharma »).
Roy, Ram Mohan (1772-1833) – Réformateur social et religieux du Bengale, fondateur du Brāhmo Samāj (1828). À tous égard homme hors du commun, polyglotte, érudit, philosophe, humaniste, moraliste, mais aussi journaliste et sorte d’agitateur social, Ram Mohan Roy laisse une marque profonde sur l’Inde moderne dans divers domaines. Ses écrits sur l’hindouisme et le christianisme, ses 868traductions de leurs écritures, ses tentatives de concilier l’enseignement des protestants unitariens et le non-dualisme des upaniṣad traduisent sa foi monothéiste, son rejet des rites et du culte des images. Ils le montrent préoccupé d’éthique, question qui est aussi au cœur de ses innombrables campagnes de réformes de la société hindoue. Ram Mohan Roy milite pour les droits des femmes et la modernisation de l’éducation et encourage les Britanniques à légiférer contre l’immolation des veuves (sati). Sa mort inopinée en Grande-Bretagne, où il s’était rendu pour défendre les intérêts de l’empereur moghol, affaiblit le Brāhmo Samāj jusqu’à ce que Debendranath Tagore reprenne l’organisation en main (Joshi, 1975).
Rumi (Djalāl ad-Dīn Rûmî, 1207-1273) – Poète mystique persan. Son œuvre a profondément influencé le courant soufi de l’islam.
Ruskin, John (1819-1900) – Critique d’art, proche de William Turner et des préraphaélites. Très influencé par son éducation religieuse et sa lecture de la Bible, Ruskin écrit aussi des ouvrages de critique sociale et d’économie, en particulier Unto This Last (1862), dont la découverte est déterminante pour Gandhi, comme il le raconte dans son autobiographie. Ruskin y critique le libéralisme et défend l’idée d’une supériorité des lois morales sur les lois économiques. Il affirme l’égalité des travailleurs, quel que soit le type de travail, et promeut un mode de vie simple. Gandhi s’inspire de ces principes pour organiser sa colonie à Phoenix, près de Durban, et plus tard le mouvement du satyagraha. Il publie dans Indian Opinion une version de Unto This Last en gujarati, sous le titre Sarvodaya (« le bien / l’élévation de chacun »). Rolland ne perçoit l’influence de Unto This Last qu’après sa lecture de l’autobiographie, il ne l’évoque pas dans Mahatma Gandhi, n’y mentionnant que la lecture du recueil Crown of Wild Olive (1866).
Russell, Bertrand Arthur William (3e comte Russell, 1872-1970) – Mathématicien et philosophe britannique. Son opposition à la participation de la Grande-Bretagne à la Première Guerre mondiale l’amène à s’engager en politique. Il devient plus tard membre de l’India League, qu’il préside en 1932. Il se retire de la politique et de l’activisme politique en 1938, pour se consacrer à une carrière universitaire. Il reçoit le Prix Nobel de littérature en 1950.
S. Ganesan (vers 1896- ?) – Éditeur basé à Madras. Gandhien de la première heure et ferme soutien du mouvement de désobéissance civile, il publie les œuvres de Gandhi et les discours d’autres dirigeants nationalistes. En août 1922, il écrit à Rolland pour lui demander de rédiger une introduction à Young India, un recueil d’articles de Gandhi. Rolland allègue sa connaissance trop superficielle des idées de Gandhi pour l’envisager mais déclare songer à leur consacrer un article fouillé (JI, p. 34). De cette première étude sort son MahatmaGandhi (1923), en partie fondé sur la documentation envoyée par S. Ganesan. La même année ce dernier en publie la traduction anglaise.
Sadananda (Sarat Chandra Gupta, 1865-1911) – Disciple direct de Vivekananda. D’origine bengalie, il 869est éduqué dans le nord de l’Inde. En 1888, chef de gare à Hathras (actuel Uttar Pradesh), il rencontre Vivekananda, alors moine inconnu pérégrinant loin du Bengale. Subjugué, il quitte tout pour le suivre et passe le reste de sa vie au service de la Ramakrishna Mission. Dans VV, Rolland lui consacre une longue note fondée sur le témoignage de Sœur Christine.
Sanyal Trailokyanath – Voir Chiranjib Sarma
Sarabhai, Ambalal (1890-1967) – Grand industriel indien d’origine gujaratie. Rolland fait sa connaissance en mai 1928.
Saradadevi (Saradamani Mukhopadhyay, 1853-1920) – Épouse de Ramakrishna. Née dans un village bengali, fiancée enfant à Ramakrishna, elle vit chastement avec lui, à partir de ses 16 ans, dans la petite pièce sans confort attenante au temple de Dakshineswar, se dévouant à son service. Après la mort de Ramakrishna, Sarada Devi joue un rôle important dans le mouvement religieux naissant. Bien que peu instruite, elle se montre favorable à l’éducation des femmes. Nombre d’adeptes de la Ramakrishna Mission la considèrent comme une incarnation de la Mère divine, se rappelant que Ramakrishna lui-même l’avait adorée en lieu et place de la déesse – Rolland fait allusion à cette cérémonie. (Voir « Shorasi »).
Saradananda, Swami (Sarat Chandra Chakravarty, 1865-1927) – Un des principaux disciples directs de Ramakrishna. Né à Calcutta dans une famille aisée de caste brahmane, membre du Brāhmo Samāj dès son adolescence et proche de Keshab Chandra Sen, il rencontre Ramakrishna en 1883 et fait partie du petit groupe de disciples qui, avec Vivekananda, se met à son service dans les dernières années de sa vie. Il est choisi par Vivekananda pour le seconder aux États-Unis, puis être le premier secrétaire de la Ramakrishna Math and Mission, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort. Il est l’auteur de Śrī Śrī Rāmakṛṣṇa Līlāprasaṅga (traduit du bengali en anglais sous le titre de « Sri Ramakrishna, the Great Master »), l’une des deux biographies canoniques de Ramakrishna avec l’ouvrage de Mahendranath Gupta, The Gospel of Sri Ramakrishna. Josephine MacLeod, qui l’a connu, le dépeint comme un homme serein en toutes circonstances, « puissant comme Gibraltar » (JI, p. 203).
Sarasvati, Dayananda (1824-1883) – Philosophe et réformateur hindou originaire du Kathiawar (Gujarat), fondateur de l’Ārya Samāj. Après s’être enfui de chez lui pour échapper au mariage, il mène pendant une vingtaine d’année la vie d’un moine itinérant, avant de trouver un maître en la personne de Svami Virajananda (1779-1868). Ce grand lettré lui donne une solide formation en sanskrit, l’initie au Veda et le convainc de la nécessité de refonder l’hindouisme sur de pures bases védiques. Dayananda se consacre à cette mission, s’opposant aux brahmanes traditionnalistes et exhortant ses coreligionnaires à rejeter les croyances et pratiques non mentionnées dans le Veda, tel le culte des images divines dans les temples, et à accepter des réformes sociales, en plaidant notamment pour l’abolition des 870distinctions de castes et l’éducation des filles. Il consigne ses idées en hindi dans le Satyārthaprakāśa (« lumière sur le sens de la vérité », 1874) et fonde l’Ārya Samāj (1875) pour les propager. Lala Lajpat Rai fait partie des jeunes gens idéalistes qui le rejoignent. Pour en savoir plus, voir Jordens 1978.
Sardul Singh – Voir Kavishar, Sardul Singh
Sarma,Chiranjib(pseudonyme de Trailokyanath Sanyal, 1848-1915)–Missionnaire duBrāhmo Samāj. Il est proche deBijoy Krishna Goswami et de Keshab Chandra Sen.
Seal, Brajendra Nath(1864-1938) – Philosophe humaniste et essayiste. Dans sa jeunesse, il se lie avec Narendra Dutt (le futur Vivekananda) alors qu’ils sont tous deux membres du Brāhmo Samāj. Il mène par la suite une brillante carrière universitaire en Inde et en Grande-Bretagne, où il enseigne en 1906, 1909 et 1911. Il est le premier chancelier de l’université fondée par Tagore à Santiniketan en 1921.
Sen,Girish Chunder/Chander/Chandra (1835-1910) – Missionnaire du Brāhmo Samāj, proche de Keshab Chandra Sen et de Krishna Vijay Goswami. Il est le premier traducteur du Coran en bengali.
Sen, Boshi (Basiswar, 1887-1971) – Botaniste et agronome connu pour ses recherches sur l’amélioration de la sélection de plantes et la production de semences hybrides de maïs. Il travaille un temps avec Jagdish Chandra Bose. Il est intimement associé avec plusieurs membres de la Ramakrishna Mission : Swami Saradanana, Sister Nivedita, Sister Christine, Josephine MacLeod. Rolland, à qui Boshi Sen rend visite à Villeneuve en août 1928, dresse du jeune savant un portrait enthousiaste (« figure ardente et joyeuse, illuminée d’intelligence ») qui traduit son admiration pour sa faculté à concilier esprit scientifique et quête spirituelle (JI, p. 244-245). Il rapporte que Boshi Sen « ne pardonne pas à Mukerji d’avoir romancé la vie de Ramakrishna » (JI, p. 245).
Sen, Keshab/Keshub Chandra/Chunder (1856-1884) – Intellectuel et réformateur socio-religieux du Brāhmo Samāj, dont il est l’une des plus puissantes figures. Entré au Brāhmo Samāj en 1858 après avoir rencontré Debendranath Tagore, Keshab s’affirme bientôt porteur d’une vision différente de celle de son protecteur. En 1866, il entraîne derrière lui une nouvelle génération pour former le « Brāhmo Samāj de l’Inde », mouvement qui promeut une religion universelle et souhaite introduire des réformes sociales dans le domaine des coutumes de caste et de mariage. On désigne dès lors sous le nom de « Brāhmo Samāj originel » (Ādi Brāhmo Samāj) ceux qui restent fidèle à Debendranath. En 1870, Keshab passe six mois en Angleterre où il exerce une véritable fascination sur plusieurs personnalités locales, notamment par ses discours enflammés sur le Christ. Se disant de plus en plus inspiré, il suscite la désapprobation autour de lui et, en 1878, sa décision de célébrer le mariage de sa fille adolescente alors qu’il s’était prononcé contre le mariage des enfants, décide certains de ses disciples à le quitter pour former le « Brāhmo Samāj ordinaire » (Sādhāraṇa Brāhmo Samāj). 871La même année Keshab Chandra Sen, qui rend fréquemment visite à Ramakrishna, publie en bengali Paramahaṃsa Deber Ukti, le plus ancien recueil de paroles du saint homme. En 1881 il fonde l’Église de la Nouvelle Dispensation (Nava Vidhāna), un nouveau mouvement se voulant universel centré sur sa personne et son enseignement. La Nouvelle Dispensation ne survit guère à son décès trois ans plus tard. Les longs développements que Rolland lui consacre au chapitre iv de VR tiennent à l’abondance des sources mais aussi à la fascination qu’exerce sur Rolland sa vision du Christ. Ils reposent principalement sur les biographies de Pratap Chunder Mozoomdar et de Manilal Parekh.
Sen, Nitya Niranjan – Voir Niranjanananda
Sevier, Charlotte Elisabeth (1847-1930) et John Henry(capitaine de l’armée britannique à la retraite, dit Capitaine Sevier, 1847-1900) – Devenus disciples et amis fidèles de Vivekananda, après l’avoir entendu à Londres en 1896, ils l’accompagnent dans ses voyages en Europe puis en Inde (1897), où ils s’installent, se consacrant à diffuser son enseignement. En 1898, le couple Sevier fonde l’Advaita Ashram à Mayavati dans le district d’Almora. Après le décès prématuré de John, Charlotte continue de s’occuper de l’ashram et se charge aussi de faire publier les écrits de Vivekananda.
Shakespeare, William (1564-1616)– Poète et dramaturge anglais. Rolland, qui mentionne Coriolan dans la préface à La jeune Inde (p. 187), a écrit quatre essais sur Shakespeare.
Shankara (première moitié du viiie siècle) – Philosophe et théologien vedantin. On lui doit le plus ancien commentaire connu des Brahma-sūtra,des commentaires des upaniṣad et de la Bhagavad-Gītā et d’autres œuvres. Ses hagiographes le présentent comme un brahmane originaire d’un village du Kérala, devenu sannyāsīn à l’âge de sept ans et menant en Inde du Nord la vie d’un maître spirituel pérégrinant. Ils lui attribuent la fondation de l’ordre des sannyāsīn « aux dix noms » (Daśanāmin) mais en réalité celui-ci a été créé beaucoup plus tard. Il est certain, en revanche, que dès le xe siècle Shankara est considéré comme le fondateur de la grande tradition du vedānta non-dualiste (advaita), qui compte de nombreux exégètes et dont se réclament toujours quantité d’hindous.
Shastri, Shibnath (1847-1919) – Intellectuel et réformateur social bengali. Né dans une famille de pandits, sa rencontre de Keshab Chandra Sen le détermine à devenir membre du Brāhmo Samāj. Il est le premier historien du mouvement.
Shelley, Percy Bysshe (1792-1822) – Poète romantique anglais. Vivekananda est un grand lecteur de son œuvre pendant ses études.
Shivananda, Swami (Tarak Nath Ghosal, 1854-1934) Disciple direct de Ramakrishna. Né dans une famille relativement aisée de caste brahmane, il rencontre Ramakrishna en 1880 alors qu’il est employé d’une firme anglaise et devient moine en 1883 après le décès de son épouse. En 1922, il succède à Brahmananda à la tête de la Ramakrishna Math and Mission. Rolland est en correspondance avec 872lui dès septembre 1927 (JI, p. 223). En aout 1928, Boshi Sen le lui décrit comme un homme qui « a une sérénité admirable ; les mains toujours ouvertes de Bouddha » (JI, p. 245).
Siddheswarananda, Swami (Gopal Marar Kottilil, 1896-1957) – Né au Kérala dans une famille aristocratique, il fait des études universitaires à Madras puis devient le disciple de Swami Brahmananda et est ordonné moine (1927). En 1937, il est envoyé en France pour y fonder le premier centre védantique (installé à Gretz depuis 1948). Sa personnalité charismatique, son sens du dialogue interreligieux et ses conférences sur la philosophie hindoue assurent un grand rayonnement à la Ramakrishna Mission en France.
Singh, Tara (1885-1967) – Leader religieux et politique sikh, engagé dans de nombreux mouvements de désobéissance civile pour défendre la communauté sikhe ainsi qu’aux côtés de Gandhi.
Singh, Sadhu Sundar (1889-1929) – Missionnaire anglican indien. Né au Pendjab dans une famille sikhe, il reçoit le baptême pendant son adolescence et se consacre à prêcher, notamment au Tibet. Il prône un christianisme indianisé et débarrassé des tendances matérialistes de l’Occident. Plusieurs de ses ouvrages en urdu sont traduits en anglais.
Sirdar Tara Singh – Voir Singh, Tara
Smith, Frederick Edwin, comte de Birkenhead (Lord Birkenhead, 1872-1930) – Avocat et homme politique britannique (conservateur), ami de Winston Churchill. Il occupe le poste de Lord Grand Chancelier de 1919 à 1922, puis de Secrétaire d’État à l’Inde de 1924 à 1928.
Smuts, Jan Christiaan (1870-1950) – Avocat, militaire et homme d’État d’Afrique du Sud. Il occupe plusieurs postes de ministre en Afrique du Sud avant d’être Premier ministre par deux fois (1919-1934 et 1939-1948). Ses mesures prises à l’encontre des immigrés indiens en Afrique du Sud se heurtent à l’opposition non-violente de Gandhi.
Spinoza, Baruch (1632-1677) – Le philosophe néerlandais, d’origine juive marrane, est une des sources d’inspiration de Romain Rolland, qui lui consacra un essai, L’Éclair de Spinoza, partie d’un chapitre de Confessions (Le Voyage intérieur) mais publié auparavant en langue bengalie dans la revue Prabasi en 1926, puis en français aux Éditions du Sablier en 1931 (Voir Bibliographie). L’« éclair », c’est celui de l’expérience mystique fulgurante inspirée par la lecture de de L’Éthique. Le panthéisme spinoziste est une des voies qui mènent au sentiment religieux « océanique » tel que le définit Romain Rolland dans une lettre adressée à Freud en 1927 : « le fait simple et direct de la sensation de l’éternel ».
Srinivasa Sastri, Valangaiman Sankaranarayana (1869-1946) – Homme politique indien, activiste pro-indépendance. Proche de Gandhi, disciple de Gopal Krishna Gokhale, il fait partie du Congrès National Indien de 1908 à 1922, mais il le quitte à la suite du mouvement de non-coopération pour fonder le Parti libéral indien. Il est critiqué, notamment par Nehru, pour être trop conciliant avec la puissance coloniale, en particulier lors des Conférences de la Table ronde. Il n’est cité par Rolland qu’en tant que témoin, 873convoqué par les Anglais, pour assister Gandhi au moment de son opération de l’appendicite alors qu’il est en détention. Sa présence est censée éviter un soulèvement populaire en cas d’issue fatale. (MG, p. 162).
Stanley, Dean (Arthur Penrhyn Stanley, 1815-1881) – Pasteur anglican, doyen de Westminster, d’où son titre de dean (1863). L’un des leaders du mouvement antidogmatique de la Broad Church, il œuvre à la réunification des protestants britanniques. Il fait partie des personnalités religieuses libérales qui le 12 avril 1870 organisent au Hanover Square Rooms de Londres une réception en l’honneur de Keshab Chandra Sen. Il le rencontre de nouveau par la suite et le présente aussi à F. Max Müller.
Strangman, sir Thomas Joseph (Rolland écrit J. T. Strangman, suivant le compte-rendu du procès de Gandhi donné dans Young India, 1873-1971) – Avocat britannique ayant fait une grande partie de sa carrière en Inde. Il occupe le poste d’avocat général de Bombay par deux fois (1908-1915 puis 1916-1922), y compris donc lors du procès de Gandhi en 1922.
Stuart Mill, John (1806-1873) – Penseur et économiste britannique. Vivekananda, qui le lit pendant ses études universitaires, est très influencé par ses idées sur l’égalité des hommes et des femmes et sur la religion.
Subodhananda, Swami (Subodh Chandra Ghosh, 1867-1932) – Disciple direct de Ramakrishna. Né dans une famille aisée de Calcutta, fils du fondateur d’un célèbre temple de Kālī à Calcutta, il rencontre Ramakrishna pendant son adolescence et, peu après la mort de ce dernier, devient moine.
Surdas (xvie siècle) – Poète mystique de l’Inde du Nord. Ses poèmes de louange à Kṛṣṇa, composés en langue braj, l’une des formes du hindi classique, sont très connus de tous ceux qui se réclament de la voie de la bhakti.
Swarupananda, Swami (Ajay Hari Bannerjee, 1871-1906) – Disciple direct de Vivekananda. Devenu moine en 1898, il fonde avec John et Charlotte Sevier l’Advaita Ashram de Mayavati, près d’Almora, et prend la direction du Prabuddha Bharata, le transformant en un puissant organe de propagande des idées de Vivekananda.
Tagore, Debendranath (1817-1905) – Mystique et intellectuel bengali, fils de Dwarkanath Tagore. Une profonde expérience spirituelle, nourrie par la lecture des upaniṣad, le détourne des activités commerciales de son père, et le conduit à fonder une association pour propager la vérité ultime (tattva), la Tattvabodhinī Sabhā. En 1843, il devient membre du Brāhmo Samāj et reconfigure le mouvement laissé en déshérence depuis le décès de Ram Mohan Roy. En 1866, ses différences de vue avec le jeune Keshab Chandra Sen, qui reflètent le fossé entre l’ancienne génération assez conservatrice et la nouvelle désireuse d’introduire des réformes sociales, conduit à un schisme. Tandis que les fidèles de Keshab se regroupent dans le Bharatīya Brāhmo Samāj (« le Brāhmo Samāj indien »), ceux de Debendranath forment l’Ādi Brāhmo Samāj (« le Brāhmo Samāj originel »). En 1872, Debendranath se consacre à la vie contemplative et confie la 874direction de l’Ādi Brāhmo Samāj à son plus jeune fils Rabindranath.
Tagore, Dvarkanath (1794-1846) – Propriétaire terrien, homme d’affaires et philanthrope, il est le père de Debendranath Tagore, le grand-père de Rabindranath Tagore et l’ami de Ram Mohan Roy. Très instruit, il déploie ses activités dans la banque, les assurances et les compagnies maritimes, contribuant à développer les échanges commerciaux avec les Britanniques, et amassant une fortune considérable.
Tagore, Rabindranath (1861-1941) – Fils de Debendranath Tagore, génie précoce, célébré dès son jeune âge, en Inde et en Europe, pour ses dons poétiques, il est déjà l’auteur d’une œuvre littéraire considérable lorsqu’il reçoit le prix Nobel en 1913, deux ans avant Rolland. Les deux hommes entretiennent une correspondance régulière à partir de 1919, se rencontrent une fois brièvement à Paris en 1921, puis longuement, à deux reprises, lorsque Tagore séjourne à Villeneuve, en juin et juillet 1926, et en août 1928. Il n’est pas exagéré de dire que Rolland est fasciné par Tagore, par ses idées, son aspect physique et sa personnalité. Voilà un homme avec lequel il se sent en totale communion intellectuelle, politique et artistique, du moins autant que la barrière de la langue l’autorise puisqu’il faut avoir à l’esprit qu’il communique avec lui par l’intermédiaire de Madeleine, ce qui est une souffrance pour tous les deux (voir JI, p. 277). Mais l’admiration extrêmement sincère qu’il lui voue n’est pas immune de toute critique comme le montrent les pages sans concession qu’il lui consacre dans son journal. Le séjour qu’effectue Tagore dans l’Italie fasciste notamment donne à Rolland l’occasion d’analyser longuement et avec consternation la légèreté et la naïveté avec lesquelles le poète indien s’est laissé manipuler par Mussolini. Revenant sur ce fâcheux épisode juste après son départ de Villeneuve en juillet 1926, Tagore lui écrit « j’ai à passer par une cérémonie de purification, pour la souillure à laquelle je me suis soumis en Italie » (JI, p. 159). Rolland est à même de comprendre cette réaction lui qui, deux semaines plus tôt, avait observé que les prescriptions de l’hindouisme ont « un caractère extérieur, social et rituel, non moral. La notion d’“impureté”, qui domine tout, s’applique aussi bien à des actes de contraventions rituelles sans valeur morale ou immorale, qu’à des crimes qualifiés. » (JI, p. 131). « Pardonnez-moi, répond-il à Tagore, si mon intervention a pu vous causer des heures inquiètes ! L’avenir (le présent déjà) vous montrera que j’ai agi en gardien vigilant et fidèle ! » On ne s’étonne donc pas qu’un homme dont Rolland se soucie tellement soit très présent dans l’Essai, et figure aussi au côté d’Aurobindo dans la note consacrée au « réveil de l’Inde après Vivekananda » qui le clôt. Pour Rolland, ce « génie gœthéen se trouve au confluent de tous les fleuves de l’Inde », il « a sereinement marié en son esprit l’Occident et l’Orient » et recueilli deux héritages, celui du Brāhmo Samāj, qui était en partie celui de sa famille, et celui de Vivekananda – dont la vie était déjà achevée alors qu’il commençait « à faire connaître publiquement ses idées » (VV, p. 716).
Tagore, Saumyendranath (1901-1974) – Petit-neveu de Rabindranath Tagore. Leader du Parti communiste révolutionnaire de l’Inde et premier 875traducteur du Manifeste du Parti communiste en bengali. Il passe plusieurs mois en Europe et en URSS pour éviter d’être arrêté à cause de son activisme communiste. Saumyendranath Tagore a une vive controverse avec Rolland, d’abord par lettre puis lors de leur rencontre à Villeneuve en 1933, au sujet de Gandhi, à qui il reproche d’être un adversaire de la révolution communiste. (JI, p. 429-448).
Tesla, Nicola (1856-1943) – Ingénieur et inventeur américain d’origine serbe, spécialisé dans l’étude de l’énergie électrique. Sa rencontre de Vivekananda au Parlement des Religions à Chicago (1893) le convainc que la théorie de la « matière » et de l’« énergie » du sāṃkhya, exposée par le swami, ressemble à la physique moderne. Il conforte Vivekananda dans l’idée que les théories cosmogoniques indiennes peuvent être réconciliées avec la science moderne. Les deux hommes se revoient à Paris en février 1896 chez l’actrice Sarah Bernhardt (Seifer 1998) – ce que Rolland passe sous silence.
Thoreau, Henry David (1817-1862) – Poète et philosophe américain, disciple de Ralph Waldo Emerson et adepte du Transcendantalisme. Ses œuvres les plus célèbres sont La désobéissance civile (1849), écrite à la suite de son refus de payer ses impôts alors que les Ètats-Unis mènent une politique esclavagiste et font la guerre au Mexique, et Walden (1854), dans lequel il relate son expérience de vie dans les bois à proximité de Concord, la petite ville du Massachussetts où il réside.
Tilak, Balgangadhar (1856-1920) – Essayiste et homme politique originaire du Maharashtra. Il participe au mouvement anticolonial dans le cadre du Congrès National Indien, et est l’un des plus ardents défenseurs de l’autonomie (swaraj). Extrémiste sur le plan politique, Tilak est socialement conservateur : il s’oppose à l’éducation des filles et aux mariages inter-castes. Rolland évoque sa rencontre de Vivekananda en 1892 à une époque où celui-ci, encore inconnu, pérégrine en Inde avant le départ pour l’Amérique.
Tolstoï, Léon (1828-1910) – Écrivain russe, auteur de romans et d’essais politiques et philosophiques. Si Tolstoï apparaît dans VV, c’est que Rolland est frappé par les affinités entre l’Indien et le Russe, dont il a écrit la biographie (1911). Il sait aussi que Tolstoï connaît le traité de Vivekananda sur le Rajayoga (1896) et son livre sur son guru Ramakrishna (1905). Un autre lien puissant l’unit à Tolstoï : Gandhi. Ce dernier avait en effet écrit à Tolstoï à la fin de 1908 pour l’informer de la lutte qu’il menait au Transvaal contre les lois discriminatoires touchant les travailleurs asiatiques. Gandhi connaissait de longue date les idées de Tolstoï, mais s’il s’était adressé à lui, c’est qu’il venait de lire la Lettre à un hindou que Tolstoï avait écrite à un de ses coreligionnaires pour dénoncer l’immoralité de la violence. Rolland noue tous ces fils en 1928, alors qu’il est en pleine rédaction de VV : pour marquer le centième anniversaire de la naissance de Tolstoï, il publie une version révisée et définitive de sa biographie de l’écrivain russe, qui intègre des extraits de la Lettre à un hindou et la dernière lettre de Tolstoï à Gandhi.
Tota Puri (dates inconnues) – Ascète de la secte shivaïte des Nāgā sannyāsin. Selon 876Swami Saradananda (1952), qui le tient de Ramakrishna lui-même, Tota Puri, originaire du Pendjab, a quarante ans de pratique de méditation lorsqu’en 1864 il arrive à Dakshineswar. Comme les ascètes de sa secte, Tota Puri vit nu, possède en tout et pour tout un pot à eau en métal, une peau de bête pour s’asseoir, un châle et de longues pinces avec lesquelles il entretient sa dhūnī ou feu sacré. Campant sous les arbres de la Panchavati, il passe onze mois auprès de Ramakrishna, lui enseignant les préceptes de l’advaita vedānta et la pratique de la méditation sur l’Absolu impersonnel. À Ramakrishna qui l’interroge sur la nécessité de méditer régulièrement, il pointe du doigt son pot à eau étincelant et dit : « Ne voyez-vous pas comme il brille ? Mais que se passera-t-il si je ne le polis pas quotidiennement. Ne perdra-t-il pas son éclat ? Sachez que le mental aussi est comme ça. Il accumule également de la saleté s’il n’est pas poli quotidiennement par la méditation. » (Saradananda 1952, p. 476). Sous sa direction Ramakrishna parvient rapidement au nirvikalpa samādhi.
Trigunatita, Swami (Sarada Prasana Mitra, 1865-1915). – Disciple direct de Ramakrishna, rencontré en 1884. Il prend le sannyāsa en 1887. À la demande de Vivekananda, il devient l’éditeur en chef de la revue Udbodhan (« éveil », 1899), puis se rend aux États-Unis pour animer le centre de San Francisco (1902). Il décède victime d’un attentat perpétré par un ancien étudiant devenu fou.
Tulsidas (vers 1543-1623) – Poète mystique de Bénarès (Varanasi). Son Rāmacaritamānasa (« le lac des exploits de Rāma »), géniale transposition en hindi du Rāmāyaṇa de plus de 10 000 vers,est l’œuvre religieuse la plus connue des hindous de l’Inde du Nord.
Turiyananda (Chattopadhyaya,Harinath, 1863-1922) – Disciple directde Ramakrishna et proche ami de jeunesse de Vivekananda. Devenu membre de l’ordre, il est missionnaire aux États-Unis quelques années puis mène une vie contemplative en Inde.
Upadhyaya, Brahma Bandhav (1861-1907) – Intellectuel, chercheur spirituel et nationaliste. Ami de jeunesse de Narendranath Dutt (futur Vivekananda) et de Tagore, il entre au Brāhmo Samāj, sous l’influence de Keshab Chandra Sen, puis se fait baptiser et plaide pour un christianisme adapté à l’Inde. Son itinéraire spirituel de « catholique hindou » est mal compris des hindous comme des chrétiens. À partir de janvier 1905, les autorités coloniales lui reprochent sa participation à l’agitation politique qui suit leur décision de diviser le Bengale. Arrêté pour sédition, il décède en prison. Rolland ne s’y était pas trompé : sa vibrante personnalité méritait une étude approfondie. Lipner a exaucé son vœu en 1999.
Vidyapati (1352-1448) – Poète mystique du Mithila (Bihar). Ses chants religieux sur les amours de Rādhā et Kṛṣṇa composés dans la langue locale (le maithili) connaissent une grande popularité et influencent durablement la littérature du Bengale, dont l’idiome est proche.
Vidyasagar, Pandit (Ishwar Chandra Bandyopadhyay, 1820-1891) – Éducateur, réformateur social et 877humaniste bengali de premier plan. Sa lutte contre l’interdit religieux qui pèse sur le remariage des veuves de hautes castes conduit les Britanniques à adopter la loi sur le remariage des veuves (Hindu Widows’Remarriage Act, 1856). Peu après son décès, Tagore aurait écrit : « On se demande comment Dieu s’y prit, alors qu’il produisait quarante millions de Bengalis, pour produire un homme ». Rolland évoque la visite du grand pandit à Ramakrishna.
Vijñananda, Swami (Hariprasanna Chatterjee,1868-1938) – Il rencontre Ramakrishna pendant ses années de collège mais ne rejoint l’ordre qu’en 1899, après avoir exercé quelques années son métier d’ingénieur dans le génie civil. En 1937, il succède à Swami Akhandananda à la têtede la Ramakrishna Math et Mission.
Vildrac, Charles (1882-1971) – Poète français, écrivain, dramaturge, l’un des fondateurs de l’Abbaye de Créteil. Il fait partie des écrivains pacifistes durant la Première Guerre mondiale, milite ensuite au sein du mouvement « Clarté » et devient un « compagnon de route » du Parti communiste. Il entretient une correspondance avec Rolland de 1911 à 1944.
Vishakhadatta (vie siècle ?). Poète et dramaturge indien, de langue sanskrite, dont seulement deux pièces nous sont parvenues : le Mudrārākṣasa et le Devīcandraguptam.
Waldo, Sarah Ellen (Haridasi,1845-1926) – L’une des premières disciples américaines de Vivekananda. On lui doit la transcription de conférences que Vivekananda fait aux États-Unis entre 1893 et 1897 ainsi que de nombreux articles.
Wedderburn, Sir William (1838-1918) – Juge et homme politique écossais, membre du Parti libéral. Il intègre l’Indian Civil Service à Bombay en 1860. Il fait partie des membres fondateurs du Congrès National Indien avec Allan Octavian Hume et préside les sessions d’Allahabad en 1889 et en 1910.
Wilberforce, Albert, Basil, Orme (1841-1916) – Prêtre anglican, chanoine de Westminster (1894). Vivekananda le rencontre à Londres en 1896.
Wilson, Horace Hayman (1786-1860) – Orientaliste et sanskritiste britannique. La plus grande partie de sa carrière se passe en Inde au service de la East India Company. Rentré en Grande-Bretagne, il est le premier occupant de la chaire de sanskrit (Boden Chair) d’Oxford fondée en 1836.
Whitman, Walt (1819-1892) – Poète américain, auteur de Leaves of grass (« Feuilles d’herbe »). Rolland étudie son œuvre dans le chapitre iv de VV qui examine dans quelle mesure « des infiltrations hindoues » ont pénétré la scène culturelle américaine du xixe siècle (voir l’introduction de l’Essai).
Wright, John Henry (1852-1908) – Helléniste, professeur de Harvard. La lettre de recommandation qu’il écrit pour Vivekananda, rencontré fortuitement à Boston en août 1893, permet à celui-ci de participer au Parlement des religions de Chicago.
Yogananda (Jogendra Nath Roy Chaudhury, 1861-1899) – Disciple direct de Ramakrishna. Il rencontre Ramakrishna à l’âge de 17 ans, puis se marie, mais peu après le décès du maître, attiré par la vie contemplative, il rejoint le groupe de moines qui se forme autour de Vivekananda.
1 Sauf quand autrement précisé, la documentation de cette notice est extraite d’études spécialisées publiées en ligne sur différents sites informatiques.
- CLIL theme: 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
- ISBN: 978-2-406-12874-8
- EAN: 9782406128748
- ISSN: 2258-8833
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12874-8.p.0837
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 08-03-2022
- Language: French