Résumés et présentation des auteurs
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Rimbaud poéticien
- Pages: 239 to 249
- Collection: Rimbaud Studies, n° 9
Résumés et présentation
des auteurs
Dominique Combe, « Rimbaud poéticien ? »
Dominique Combe est professeur à l’École normale supérieure. Ses travaux portent sur la théorie littéraire et la poétique, la poésie moderne et les littératures francophones. Il est l’auteur de Poésie et récit, une autre rhétorique des genres (Paris, 1989), La Pensée et le style (Paris, 1991), Les Genres littéraires (Paris, 1992), d’essais sur Rimbaud, Bonnefoy et Césaire.
Dominique Combe is a professor at the École normale supérieure. His works focus on literary theory and poetics, modern poetry, and Francophone literatures. He is the author of Poésie et récit, une autre rhétorique des genres (Paris, 1989), La Pensée et le style (Paris, 1991), Les Genres littéraires (Paris, 1992), and essays on Rimbaud, Bonnefoy, and Césaire.
La critique contemporaine situe souvent Rimbaud du côté du génie intuitif et de la spontanéité créatrice, incompatible avec le travail théorique du poéticien. Une poétique se dégage néanmoins des lettres du 13 et du 15 mai 1871, dans lesquelles Rimbaud mobilise le discours savant des traités de rhétorique et de poétique pour interroger la nature même de la parole poétique et de son objet. Jacques Rivière l’a noté, « Rimbaud ne sait pas ce que c’est qu’il dit » et c’est précisément en cela qu’il est poéticien.
Contemporary criticism often aligns Rimbaud with intuitive genius and creative spontaneity, incompatible with the theoretical work of the critic. Nevertheless, the letters of 13 and 15 May 1871 reveal a poetics in which Rimbaud makes use of the scholarly discourses of rhetorical and poetics treatises to interrogate the very nature of poetic speech and its object. Jacques Rivière has noted : “Rimbaud does not know what it is he says”, and it is precisely this which makes him a poet.
Henri Scepi, « Rimbaud, poésie objective »
Henri Scepi est professeur de littérature française à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3 et a consacré la plupart de ses travaux à la poésie de la seconde moitié du
xixe siècle (genres, théories, discours). Son dernier livre s’intitule Théorie et Poétique de la prose, d’Aloysius Bertrand à Léon-Paul Fargue (Paris, 2012). Il a dirigé le volume collectif Le Genre et ses qualificatifs (Rennes, 2013).
Henri Scepi is a professor of French literature at Sorbonne nouvelle – Paris 3 University and has focused the majority of his research on the second half of the nineteenth century (genres, theories, discourse). His latest book is entitled Théorie et Poétique de la prose, d’Aloysius Bertrand à Léon-Paul Fargue (Paris, 2012). He edited the collected volume Le Genre et ses qualificatifs (Rennes, 2013).
Cette article réexamine la notion de poésie objective en la resituant dans son contexte restreint puis en la replaçant dans une perspective élargie, à la fois esthétique et politique. Fondé sur l’hypothèse que l’objectif ressortit à une requalification conjointe du langage et de l’action, il met en dialogue Hugo, Verlaine et Rimbaud dans un échange intertextuel où se dessinent les lignes de fuite d’une poétique du sujet redéfini dans son rapport conflictuel et problématique à la société et à l’histoire.
This article reexamines the notion of objective poetry by resituating it in its precise context, then considering it from a broader aesthetic and political perspective. Founded on the hypothesis that the objective depends on a joint requalification of language and action, it places Hugo, Verlaine, and Rimbaud in dialogue in an intertextual exchange which sketches the outline of a poetics of the subject redefined in its conflictual and problematic rapport with society and history.
Hermann H. Wetzel, « La poétique de Rimbaud est-elle à la hauteur de ses poèmes ? »
Hermann H. Wetzel a été professeur de littérature romane à l’université de Ratisbonne. Il travaille sur la poésie moderne et sa traduction, sur la nouvelle et l’imagologie. Il a publié Die romanische Novelle bis Cervantes (Stuttgart, 1977), Rimbauds Dichtung (Stuttgart, 1985) et Lyrikanalyse für Romanisten (Berlin, 2015).
Hermann H. Wetzel was a professor of Romance literature at the University of Ratisbonne. He works on modern poetry and its translation, on the novella and imagology. He has published Die romanische Novelle bis Cervantes (Stuttgart, 1977), Rimbauds Dichtung (Stuttgart, 1985), and Lyrikanalyse für Romanisten (Berlin, 2015).
L’esquisse d’une poétique explicite (systématique et théorique) dans les lettres de Rimbaud ne peut être à la hauteur de ses œuvres et de leur poétique implicite parce que celles-ci sont données « en avant ». Pour remédier à ses
hésitations de poéticien, Rimbaud y insère des poèmes-exemples qui sont censés parler d’eux-mêmes. Les notions-clé (voyant, forme, inconnu, langage universel, etc.) sont reformulées aujourd’hui à l’aide d’un métalangage basé sur les sciences du langage et de l’histoire littéraire.
The outline of an explicit poetics (systematic and theoretical) in Rimbaud’s letters cannot live up to his work and its implicit poetics because the latter were produced “before”. To remedy his hesitations as a theorist, Rimbaud inserts example-poems in the letters which are meant to speak for themselves. The key notions (visionary, form, unknown, universal language, etc.) are reformulated with the help of a metalanguage based on the linguistic sciences and literary history.
Yann Mortelette, « Rimbaud et la poétique parnassienne »
Yann Mortelette est professeur de littérature française à l’université de Brest. Auteur d’une Histoire du Parnasse (Paris, 2005) et d’un recueil de textes sur ce mouvement, il a édité les Chroniques de François Coppée (Paris, 2003) et prépare l’édition de la Correspondance complète de José-Maria de Heredia, dont il a déjà publié les deux premiers tomes (Paris, 2011 et 2013).
Yann Mortelette is a professor of French literature at the University of Brest. The author of the Histoire du Parnasse (Paris, 2005) and a collection of texts on this movement, he has edited the Chroniques of François Coppée (Paris, 2003) and is currently preparing the edition of the complete Correspondance of José-Maria de Heredia, of which he has already published the first two volumes (Paris, 2011 and 2013).
La poétique parnassienne a servi de modèle à Rimbaud pour ses premiers poèmes, avant de devenir rapidement pour lui un contre-modèle. Cette étude s’efforce de montrer comment, à l’égard des poèmes du Parnasse, Rimbaud est passé du plagiat à l’imitation, puis de la transposition créatrice à une parodie ludique à la Banville, chargée d’exprimer des divergences esthétiques. Elle analyse ensuite son choix de la parodie satirique, après son installation à Paris et sa rencontre des Parnassiens.
Parnassian poetry served as a model for Rimbaud’s first poems, before quickly becoming a counter-model. This study shows how, in relation to the poems of the Parnasse, Rimbaud moved from plagiarism to imitation, then from creative transposition to a ludic parody in the style of Banville which was responsible for expressing aesthetic divergences. It then analyses his choice of satirical parody following his move to Paris and his encounters with the Parnassians.
Yves Reboul, « Mérat le Voyant »
Yves Reboul est maître de conférences honoraire à l’université Toulouse – Jean-Jaurès. Spécialiste de Rimbaud, il a publié Rimbaud dans son temps (Paris, 2009). Il a aussi dirigé pendant plusieurs années la revue Littératures.
Yves Reboul is an honorary lecturer at Toulouse – Jean-Jaurès University. A specialist in Rimbaud, he has published Rimbaud dans son temps (Paris, 2009). He also edited the journal Littératures for many years.
La présence de Mérat en « voyant » dans la lettre à Demeny du 15 mai 1871 a toujours embarrassé la critique. Celui-ci semble être en effet l’archétype du Parnassien à la poésie purement formaliste. Mais son recueil Les Chimères est traversé par l’affirmation d’un « avenir matérialiste » qui se retrouve dans la lettre de Rimbaud. Et sa poésie amoureuse tend à la vérité sur le sexe, notamment avec L’Idole. Autant de raisons d’en faire un « voyant », au sens qu’avait ce mot dans le contexte du xixe siècle.
The presence of Mérat as a “visionary” in the letter to Demeny of 15 May 1871 has always been somewhat awkward for critics. The latter seems in effect to be the archetypal Parnassian, his poetry purely formalist. But his collection Les Chimères is marked by the affirmation of a “materialist future” which is also found in Rimbaud’s letter. And his love poetry, notably L’Idole, speaks truthfully of sex. These are all reasons to make of him a “visionary”, in the sense this word had in the context of the nineteenth century.
Yoshikazu Nakaji, « Rimbaud autocritique »
Yoshikazu Nakaji est professeur à l’université de Tokyo. Ses travaux portent sur la poésie du xixe siècle, en particulier sur Rimbaud et Baudelaire. Auteur de Combat spirituel ou immense dérision ? Essai d’analyse textuelle d’« Une saison en enfer » (Paris, 1987), il est traducteur en japonais de Rimbaud (Illuminations), Le Clézio, Barthes et Compagnon.
Yoshikazu Nakaji is a professor at the University of Tokyo. His research focuses on nineteenth-century poetry, and in particular Rimbaud and Baudelaire. The author of Combat spirituel ou immense dérision ? Essai d’analyse textuelle d’« Une saison en enfer » (Paris, 1987), he is a Japanese translator of Rimbaud (Illuminations), Le Clézio, Barthes, and Compagnon.
Cette étude réexamine la question de la fictionnalité dans « Alchimie du verbe », second volet du dyptique central « Délires » dans Une saison en enfer
(1873), et texte autocritique par excellence, où alternent la prose critique et les citations de poèmes composés par le poète lui-même l’année précédente, en se référant à deux récentes études majeures, celles de Steve Murphy et de Michel Murat.
This study reexamines the question of fictionality in “Alchimie du verbe”, the second part of the central diptych “Délires” in Une saison en enfer (1873) and an autocritical text par excellence in which critical prose alternates with quotations from poems composed by the poet the previous year. It does so with reference to two major studies published recently by Steven Murphy and Michel Murat.
Michel Murat, « La “puissance d’ironie” de Rimbaud »
Michel Murat est professeur de littérature française à l’université Paris-Sorbonne et à l’École normale supérieure. Ses travaux portent sur Julien Gracq, le surréalisme, l’histoire des formes poétiques, l’histoire littéraire faite par les écrivains. Il a publié L’Art de Rimbaud (Paris, 2002 ; nouvelle édition augmentée, 2013), Le Coup de dés de Mallarmé (Paris, 2005) et Le Vers libre (Paris, 2008).
Michel Murat is a professor of French literature at Paris-Sorbonne University and the École normale supérieure. His research focuses on Julien Gracq, Surrealism, the history of poetic forms, and literary history written by writers. He has published L’Art de Rimbaud (Paris, 2002 ; new expanded edition, 2013), Le Coup de dés de Mallarmé (Paris, 2005), and Le Vers libre (Paris, 2008).
La « puissance d’ironie » que Verlaine reconnaît à Rimbaud éclate dès le début de son œuvre. Mais Rimbaud ne faisait pas de cette notion un usage critique ; encore moins se référait-il à la notion d’ironie romantique. Ses usages se complexifient au fil des saisons, du sarcasme à des pratiques ambiguës qui renvoient au lecteur la charge de l’interprétation. Rimbaud n’était pas un ironiste sceptique et son œuvre nous amène à interroger la notion d’ironie autant qu’elle est éclairée par celle-ci.
The “power of irony” that Verlaine recognised in Rimbaud is there from the beginning of his œuvre. Yet Rimbaud did not make critical use of this notion ; neither did he refer to the notion of Romantic irony. His employment of it increased in complexity as the seasons went by, from sarcasm to certain ambiguous practices which make the reader responsible for interpretation. Rimbaud was not a sceptical ironist and his œuvre encourages us to examine the notion of irony in so far as it is illuminated by it.
Mario Richter, « Autour de la poétique de la Beauté dans Une saison en enfer »
Mario Richter a été professeur de littérature française à l’université de Padoue. Ses travaux portent principalement sur les poètes calvinistes du xvie siècle et sur la poésie des xixe et xxe siècles, de Baudelaire au surréalisme. Il a édité les Opere complete de Rimbaud (Turin, 1992), a publié Viaggio nell’ignoto. Rimbaud e la ricerca del nuovo (Rome, 1993) et un commentaire du Cœur supplicié (Turin, 2013).
Mario Richter was a professor of French literature at the University of Padua. His work focuses principally on the Calvinist poets of the sixteenth century and poetry of the nineteenth and twentieth centuries, from Baudelaire to Surrealism. He has edited Rimbaud’s Opere complete (Turin, 1992), and published Viaggio nell’ignoto. Rimbaud e la ricerca del nuovo (Rome, 1993), and a commentary of the Cœur supplicié (Turin, 2013).
Le concept de Beauté qui apparaît au deuxième alinéa d’Une saison en enfer est absolument nécessaire pour résoudre un problème essentiel de la poétique de Rimbaud : en renversant toute interprétation traditionnelle, il s’agit de montrer pourquoi et comment la beauté rimbaldienne se réfère au « monstre énorme » de l’Hymne à la Beauté de Baudelaire.
The concept of Beauty which appears in the second paragraph of Une Saison en enfer is absolutely necessary for the resolution of the essential problem of Rimbaud’s poetics. Overturning all traditional interpretations, it is a question of showing why and how Rimbaud’s concept of beauty refers to the “enormous monster” of Baudelaire’s Hymne à la Beauté.
Seth Whidden, « Le sacré dans “Alchimie du verbe” »
Seth Whidden est professeur à l’université Villanova, rédacteur en chef de Nineteenth-Century French Studies et corédacteur en chef de Parade sauvage. Spécialiste de la littérature du xixe siècle, en particulier de la poésie, il est l’auteur de nombreux articles, éditions critiques et traductions. Il a publié dernièrement Authority in Crisis in French Literature, 1850–1880 (Farnham, 2014).
Seth Whidden is a professor at Villanova University, editor in chief of Nineteenth-Century French Studies, and a co-editor of Parade sauvage. A specialist in nineteenth-century literature, particularly poetry, he is the author of numerous articles, critical editions, and translations. He has recently published Authority in Crisis in French Literature, 1850–1880 (Farnham, 2014).
« Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit », lit-on dans « Alchimie du verbe ». Suite à la chute de l’autorité politique du Second Empire et à l’échec
de la Commune, après le rejet de la cohésion et de la cohérence traditionnelles, le désordre de l’esprit poétique rimbaldien reçoit le sacre. Le nouveau désordre poétique de la Saison s’érige alors contre les distinctions, les formes et les structures qui régnaient auparavant.
“At the end I looked on the disorder of my mind as sacred”, we read in “Alchimie du verbe”. Following the fall of the Second Empire’s political authority and the failure of the Commune, after the rejection of traditional cohesion and coherence, the disorder of Rimbaud’s poetic spirit is consecrated. The new poetic disorder of the Saison thus sets itself up against the distinctions, forms, and structures which reigned before.
Aurélia Cervoni, « Rimbaud sophiste »
Aurélia Cervoni est docteur de l’université Paris-Sorbonne. Elle a soutenu une thèse sur la « fortune » de Théophile Gautier. Elle a collaboré à l’édition des Œuvres complètes de Rimbaud (Paris, 2009, rééd. 2015).
Aurélia Cervoni is a doctor from Paris-Sorbonne University. She wrote her thesis on the “fortune” of Théophile Gautier. She collaborated on the publication of Rimbaud’s Œuvres complètes (Paris, 2009, re-ed 2015).
À deux reprises dans « Alchimie du verbe », Rimbaud désigne les poèmes du printemps de 1872 et le sonnet des Voyelles comme des sophismes. Réminiscence littéraire, le terme sophisme recouvre l’ensemble des procédés stylistiques créateurs d’hallucinations. Il reflète le jugement ambigu que Rimbaud porte sur sa propre poétique, en soulignant le risque de banalisation qui menace la création littéraire. Il relève aussi d’un dispositif de captatio benevolentiæ.
On two occasions in “Alchimie du verbe”, Rimbaud refers to the poems of the spring of 1872 and the “Voyelles” sonnet as sophisms. A literary recollection, the term sophism covers the entirety of hallucinatory stylistic creative processes. It reflects Rimbaud’s ambiguous judgement of his own poetics, underling the risk of the banalisation threatening literary creation. It also relates to the device of captatio benevolentiæ.
Jean-Luc Steinmetz, « Rimbaud et l’hallucination »
Jean-Luc Steinmetz est professeur émérite de l’université de Nantes. Poète et essayiste, il est l’auteur de plusieurs biographies, dont celles de Rimbaud, Mallarmé et Corbière. Il a édité l’œuvre de Rimbaud (Paris, 1989) et a procuré dernièrement une édition annotée de la Correspondance du poète (Paris, 2015).
Jean-Luc Steinmetz is an emeritus professor at the University of Nantes. A poet and essayist, he is the author of several biographies, including those of Rimbaud, Mallarmé, and Corbière. He has edited Rimbaud’s œuvre (Paris, 1989) and has recently produced an annotated edition of the poet’s Correspondance (Paris, 2015).
S’interrogeant sur l’« hallucination simple » et l’« hallucination des mots », signalés dans « Alchimie du verbe », cette étude prend soin de rattacher ces mots à des termes qui pouvaient les annoncer dans l’œuvre : « effarement », « dérèglement des sens », « voyant ». Plus que d’une expérience liée aux stupéfiants, il se serait agi de produire un dépassement de la réalité par une transformation consciente de la personne et d’y fonder une poétique, lisible avant tout dans les Illuminations.
Examining the “simple hallucination” and the “hallucination of words” signalled in “Alchimie du verbe”, this study connects these words to terms which can be seen to introduce them in the work : “effarement”, “dérèglement des sens”, “voyant”. More than an experience linked to narcotics, it is a question of moving beyond reality through a conscious transformation of the person, and the foundation of a poetics therein, readable above all in the Illuminations.
André Guyaux, « Rimbaud et les avatars du moi »
André Guyaux est professeur à l’université Paris-Sorbonne. Il est l’auteur d’une thèse sur Rimbaud, Poétique du fragment. Essai sur les Illuminations (Neuchâtel, 1985) suivie de Duplicités de Rimbaud (Genève, 1991). Il a dirigé le Cahier de l’Herne sur Rimbaud (Paris, 1993) et édité les Œuvres complètes de Rimbaud (Paris, 2009, rééd. 2015).
André Guyaux is a professor at Paris-Sorbonne University. He is the author of a thesis on Rimbaud, Poétique du fragment. Essai sur les Illuminations (Neuchâtel, 1985), followed by Duplicités de Rimbaud (Geneva, 1991). He directed the Cahier de l’Herne on Rimbaud (Paris, 1993) and edited Rimbaud’s Œuvres complètes (Paris, 2009, re-ed. 2015).
Rimbaud a le goût du déguisement, de l’identité parodique. Il a formulé synthétiquement cette inclination vers ce faux altruisme dans la petite phrase des lettres de mai 1871 : « Je est un autre ». À plusieurs reprises, il s’est attribué des identités fictives (Le Bateau ivre, Bottom). Le cas le plus mystérieux et le plus rimbaldien de ces avatars du moi se trouve dans Enfance II, où le pronom « le », souligné, apparaît comme un substitut de « me ».
Rimbaud had a taste for disguise, for parodic identity. He synthetically formulated this inclination towards false selflessness in that little sentence from the letters of
May 1871 : “Je est un autre”. On several occasions he attributed fictitious identities to himself (Le Bateau ivre, Bottom). The most mysterious and most Rimbaldian case of these avatars of the self can be found in Enfance II, where the underlined pronoun “le” appears as a substitute for “me”.
Andrea Schellino, « Bruit et harmonie dans les Illuminations »
Andrea Schellino prépare une thèse sur Baudelaire à l’université Paris-Sorbonne. Auteur de deux volumes sur Rimbaud, « Paradis de tristesse » (Turin, 2010) et Rimbaud. Poetica, mito, filosofia, religione, psicoanalisi (Bergame, 2014), il a édité un ensemble de textes de Baudelaire et Paul de Molènes, et publié une Bibliographie du Spleen de Paris (1855-2014) (Paris, 2015).
Andrea Schellino is currently preparing a thesis on Baudelaire at Paris-Sorbonne University. He is the author of two volumes on Rimbaud, “Paradis de tristesse” (Turin, 2010) and Rimbaud. Poetica, mito, filosofia, religione, psicoanalisi (Bergamo, 2014); he has edited a collection of texts by Baudelaire and Paul de Molènes, and published a Bibliographie du Spleen de Paris (1855-2014) (Paris, 2015).
Les Illuminations ont traditionnellement inspiré des interprétations axées sur les concepts d’inharmonie et d’incohérence. Après les études de Jacques Rivière, de Paul Valéry et de Martin Heidegger, le présent article étudie la dialectique entre inharmonie et harmonie musicales dans les poèmes en prose de Rimbaud, rappelant son ascendance romantique. Ce n’est pourtant que l’évocation du silence qui paraît ratifier l’impossibilité d’une véritable harmonie.
The Illuminations have traditionally inspired interpretations centred on the concepts of discordance and incoherence. Following the works by Jacques Rivière, Paul Valéry, and Martin Heidegger, this article studies the dialectic between musical discordance and harmony in Rimbaud’s prose poems, recalling his Romantic ancestry. It is, however, only the evocation of silence which appears to ratify the impossibility of true harmony.
Maria Emanuela Raffi, « Départ. Des rumeurs et des bruits »
Maria Emanuela Raffi est professeur de littérature française à l’université de Padoue. Traductrice de la correspondance de Rimbaud en italien (Opere complete, Turin, 1992) elle a publié plusieurs études sur André Breton et sur le surréalisme, dont Autobiographie et imaginaire dans l’œuvre d’Ernest de Gengenbach (Paris, 2008).
Maria Emanuela Raffi is a professor of French literature at the University of Padua. The translator of Rimbaud’s correspondence into Italian (Opere complete, Turin, 1992), she
has published several studies on André Breton and Surrealism, including Autobiographie et imaginaire dans l’œuvre d’Ernest de Gengenbach (Paris, 2008).
Dans le but de soulever quelques questions posées par l’apparence péremptoire de la poésie rimbaldienne, cette étude prend en examen l’un des textes les plus affirmatifs des Illuminations, Départ, vu comme un art poétique condensé. Les changements sémantiques qui caractérisent le poème – substitution de « vision » par « affection » et de « rumeur » par « bruit » – semblent montrer la manière dont Rimbaud essaie de lier d’une part émotions et sentiments, et de l’autre sensations et perceptions physiques.
With the aim of raising some of the questions posed by the peremptory appearance of Rimbaud’s poetry, this study examines one of the most affirmative texts from the Illuminations, Départ, considered as condensed poetic art. The semantic changes which characterise the poem – the substitution of “vision” with “affection” and “rumeur” with “bruit” – demonstrate the way in which Rimbaud seeks to link emotions with sentiments on the one hand, and physical sensations and perceptions on the other.
Adrien Cavallaro, « Pour une poétique de la formule rimbaldienne au xxe siècle »
Adrien Cavallaro est agrégé de lettres modernes et prépare une thèse sur Rimbaud et le rimbaldisme (des années 1880 aux années 1950) à l’université Paris-Sorbonne, sous la direction de Michel Jarrety. Il est l’auteur de plusieurs articles sur l’œuvre de Rimbaud et sur sa réception. Ses travaux portent également sur Verlaine et sur le surréalisme, en particulier Aragon et Breton.
Adrien Cavallaro is the holder of an agrégation in modern literature and he is preparing a thesis on Rimbaud and Rimbaldism (from the 1880s to the 1950s) at Paris-Sorbonne University, under the supervision of Michel Jarrety. He is the author of several articles on Rimbaud’s œuvre and its reception. His works focus equally on Verlaine and Surrealism, particularly Aragon and Breton.
Des lettres de mai 1871 aux Illuminations, Rimbaud élabore une poétique de la formule originale, dont les modalités sont actualisées, approfondies et élargies par de nombreux textes de réception au xxe siècle. Habituellement négligé, ce lien poétique essentiel entre le corpus rimbaldien et le corpus de réception fait l’objet d’une investigation porteuse d’enjeux herméneutiques et historiographiques, visant à cerner l’émergence d’une nouvelle langue critique et théorique de la modernité.
From the letters of May 1871 to the Illuminations, Rimbaud elaborated a poetics with an original formula whose modalities were actualised, deepened, and enlarged by numerous texts of reception in the twentieth century. Habitually neglected, this essential poetic link between Rimbaud’s corpus and the corpus of reception is the object of an investigation with hermeneutic and historiographic stakes which seeks to grasp the emergence of a new critical and theoretical language of modernity.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-8124-4755-6
- EAN: 9782812447556
- ISSN: 2258-4951
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-4755-6.p.0239
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 11-24-2015
- Language: French