Vient de paraître
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses
2022, 102e année, n° 1. varia - Auteurs : Birmelé (André), Frey (Daniel), Grappe (Christian), Monnot (Christophe), Rognon (Frédéric)
- Pages : 129 à 134
- Revue : Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses
VIENT DE PARAÎTRE
André Birmelé (éd.), Accords et dialogues œcuméniques, Lyon, Olivétan, 2021, ISBN 978-2-35479-577-1, clé USB.
Le fait d’avoir choisi comme support pour cette publication une clé USB peut surprendre. Il s’imposait pour une raison simple. Cette clé USB permet au lecteur de s’orienter facilement dans cette documentation de plus d’une centaine de textes de référence. Un puissant moteur de recherche permet en effet de trouver rapidement les textes traitant du thème sélectionné et, au sein de chaque texte retenu, les passages abordant la problématique souhaitée. Outre les thèmes classiques en œcuménisme (Église, communion, sacrements, ministères), ces textes abordent des sujets sur lesquels ils proposent des développements bibliques et théologiques (l’interprétation de la Bible, la justification, le règne du Christ, l’évangélisation, la mission, la diaconie, la conjugalité, la liberté, le peuple d’Israël, le rapport à l’État, l’Église dans la société, le rôle de la loi, etc.).
Il fallait faire un choix dans la multitude des documents œcuméniques produits durant ces cinquante dernières années. Celui retenu part des dialogues des familles réformées et luthériennes, au niveau tant continental et international que national. Cette démarche était déjà celle des éditions précédentes (édition papier en 1995 et CD-Rom en 2007). Les textes de ces dernières ont été repris mais corrigés et pourvus de nouvelles introductions. Ils ont surtout été complétés par beaucoup de documents récents dont la plupart n’avaient pas encore été publiés en langue française (par exemple, les textes des dialogues internationaux et européens entre les familles luthériennes et réformées, les dialogues internationaux récents entre luthériens et catholiques ou luthériens et orthodoxes, ou encore le dialogue avec les Églises pentecôtistes ou avec les Églises mennonites).
Pareil choix a évidemment pour conséquence que des dialogues n’impliquant pas directement les familles de la Réforme ne sont pas documentés. Cette lacune peut cependant être comblée. En 130effet, ces autres textes peuvent être trouvés facilement sur d’autres sites internet. Ceci vaut en particulier pour tous les dialogues menés par l’Église catholique avec, par exemple, les anglicans, les pentecôtistes, les baptistes ou les orthodoxes, tous accessibles en langue française sur le site du Conseil Pontifical pour l’Unité des Chrétiens du Vatican.
Cette publication souhaite fournir des ressources à toutes les personnes intéressées par l’œcuménisme, désireuses de réfléchir ou appelées à intervenir sur ces thèmes. Les documents sont ouverts, et des passages peuvent être copiés sans difficulté.
André Birmelé
Daniel Frey, La Religion dans la philosophie de Paul Ricœur, Paris, Hermann, coll. « Philosophie », 2021, 483 pages, ISBN 979-1-0370-1101-5, 35 €.
Paul Ricœur est salué dans le monde entier comme l’un des grands penseurs contemporains de la religion. Les commentateurs ont pris l’habitude de répéter, à sa suite, qu’il a dès le départ maintenu étanche la séparation entre son argumentation philosophique et ses convictions religieuses issues de la Bible. Portant sur toute l’œuvre de Ricœur dans son rapport avec la religion, la présente étude considère plutôt cette étanchéité comme un point d’arrivée. Remontant aux origines de la philosophie ricœurienne, elle tente d’y vérifier l’hypothèse selon laquelle Ricœur est parvenu à ce résultat en opérant un important processus de laïcisation de certaines de ses convictions religieuses à l’intérieur même de son œuvre philosophique. On rend ainsi compréhensible non seulement l’évolution vers une pensée sans absolu, mais également l’existence de deux types spécifiques de laïcité. L’œuvre strictement philosophique, régie par le logos philosophique, relève d’une laïcité d’abstention conforme au devoir de réserve du philosophe professionnel ; elle s’efforce de penser de façon autonome, mais aussi à partir de la religion. À côté de cette œuvre principale, le philosophe a produit des textes dévolus plus spécialement à l’interprétation du logos biblique, pour penser la religion et présenter des convictions susceptibles de nourrir les débats de la société (laïcité de confrontation).
En suivant pas à pas les grands ouvrages de Paul Ricœur, cette enquête philosophique, aboutissement d’une fréquentation assidue 131de l’œuvre sur près de 25 ans, propose en outre une lecture critique de son approche philosophique du religieux, qui n’a – selon nous – jamais été avancée jusqu’ici. Elle porte essentiellement sur la tendance, chez Ricœur, à laisser impensé le problème de la vérité que revendiquent les textes religieux, alors même que le philosophe a cherché (paradoxalement) à vérifier leur portée révélante et exploratoire vis-à-vis de la condition humaine. Nous espérons que cette critique enrichira le débat au sein des études ricœuriennes, souvent peu familières des questions relatives à la religion.
Daniel Frey
Christian Grappe (éd.), La Maison de Dieu – Das Haus Gottes. 7. Symposium Strasbourg, Tübingen, Uppsala, 28-30 juin 2017, Tübingen, Mohr Siebeck, coll. « Wissenschaftliche Untersuchungen zum Neuen Testament » 471, 2021, ix + 425 pages, ISBN 978-3-16-161008-0, 149 €.
Pour la troisième fois, la Faculté de Théologie protestante de l’Université de Strasbourg a eu l’honneur d’accueillir un colloque organisé en commun avec les Facultés sœurs de Tübingen et d’Uppsala. Le thème retenu était, après le Trône, la Main, la Cité, le Repas, le Jour et l’Adversaire de Dieu, la Maison de Dieu. Le présent volume s’emploie à en éclairer différentes facettes essentiellement dans les écrits bibliques et parabibliques, mais aussi chez des auteurs juifs et chrétiens de l’Antiquité et, au-delà, chez les Réformateurs. L’approche est résolument ouverte. C’est ainsi qu’une place est réservée au Coran. Recours est fait notamment, outre à l’exégèse, à l’archéologie, pour aborder le thème, faire apparaître, sur les plans historique et théologique, les interprétations dont il a fait l’objet et montrer les attentes qu’il a suscitées et qu’il continue de faire naître, dans des milieux juifs et chrétiens, jusqu’à nos jours.
Les auteurs et les titres des contributions rédigées en français (5), en allemand (6) et en anglais (5) sont les suivants : Jens Kamla et Wolfgang Oswald, « Der Tempel als Versammlungsort des Gemeinwesens » ; Regine Hunziker-Rodewald, « At the Entryway to the Sacred Space. Exodus 38,8 Reconsidered » ; Göran Eidevall, « Has God Left the Building ? Prophetic Perspectives on Divine (In)accessibility » ; Martin Leuenberger, « “Und es entstand in Šalem 132seine Hütte” (Ps 76,3). Ps 76 und die Zionstheologie » ; Mikael Larsson, « Trouble in God’s Household. Children and Parents in the Frame of Isaiah » ; Alfred Marx, « Le rituel quotidien au temple de Jérusalem à l’époque perse selon le Code sacerdotal » ; Christian Grappe, « La communauté comme “maison de Dieu”. Témoignages qumrâniens, intertestamentaires, targumiques et néotestamentaires » ; Cecilia Wassén, « The Connection Between Purity Practices and the Jerusalem Temple (the House of God) Around the Turn of the Area » ; Hermann Lichtenberger, « Haus des Gebets für alle Völker » ; Micheal Tily, « Die Bedeutung der Baumetaphorik für die paulinische Ekklesiologie (1. Kor 3,9-17) » ; Madeleine Wieger, « La “maison de Dieu” chez Philon d’Alexandrie » ; Gabriella Aragione, « La “maison de Dieu” en tant qu’édifice (église). Enquête sur une dénomination rare et controversée dans l’Antiquité chrétienne » ; Volker Henning Drecoll, « Das Haus Gottes in der Deutung Augustins in De ciuitate dei 18,45-49 » ; Thierry Legrand, « Les termes qui évoquent la “maison de Dieu” dans le Coran. Quelques réflexions » ; Matthias Morgenstern, « “Bethel” als “Haus Gottes” nach Gen 28,10-22 bei den Reformatoren Wolfgang Musculus und Martin Luther und im spätantiken Midrasch Genesis Rabba » ; Lena Roos, « Building the Third Temple. Jewish and Christian Eschatology in the 21st Century ».
Une introduction met en perspective l’ensemble qui, selon les habitudes de la collection, est complété par d’abondants indices, bilingues (français et allemand), des textes et des auteurs cités ainsi que des thèmes abordés.
Christian Grappe
Christophe Monnot, Frédéric Rognon (éd.), La nouvelle théologie verte. Préface du Patriarche Bartholomée Ier, Genève, Labor et Fides, coll. « Fondations écologiques », 2021, 250 pages, ISBN 978-2-8309-1768-0, 22 €.
Cet ouvrage collectif est issu d’un colloque tenu en février 2020, et dont la première partie des actes est parue dès 2020, chez le même éditeur, sous le titre Églises et écologie. Une révolution à reculons. Si ce premier volet privilégiait les contributions d’orientation socio-historiques et ecclésiologiques, le présent volume s’inscrit résolument 133dans le champ théologique et philosophique. Il réunit des auteurs de différentes générations, depuis les pionniers d’une théologie de la Création (Gérard Siegwalt, Jürgen Moltmann) jusqu’aux plus jeunes promoteurs d’une théologie de l’anthropocène (Damien Delorme, Martin Kopp, Juan Carlos Valverde Campos). Cette mise en commun des acquis de la recherche en écothéologie permet de mesurer les filiations, les lignes de force communes aux différents chercheurs, mais aussi les clivages et les tensions internes à cette « théologie verte » dont le singulier ne devrait pas occulter la pluralité foncière.
Christophe Monnot met au jour les racines historiques de la théologie verte, à travers la figure de Lynn White. Catherine Larrère interroge la nécessité d’une dimension religieuse pour les éthiques environnementales. Damien Delorme analyse la tension fructueuse entre les catégories de « Nature » et de « Création ». Chris Doude van Troostwijk évoque le caractère précurseur de la pensée d’Albert Schweitzer. Frédéric Rognon décline les différents paradoxes de la théologie verte de Jacques Ellul. Jürgen Moltmann éprouve l’écologie théologique à l’aune de sa capacité d’aimer. Otto Schaefer déploie les consonances écologiques de ce motif théologique fondamental qu’est la grâce. Gérard Siegwalt décrypte le sens d’une théologie chrétienne de l’espérance pour une humanité ébranlée dans ses fondements. François Euvé élabore une théologie de la Création à l’âge de l’anthropocène. Martin Kopp reprend cette thématique de l’anthropocène pour interroger le concept décisif d’intendance. Fabien Revol rend compte des logiques à l’œuvre dans l’écologie intégrale de l’encyclique Laudato si’. Michel Maxime Egger prône une ouverture au panenthéisme pour réenchanter notre relation à la Création. Juan Carlos Valverde Campos expose les ressorts de l’intuition cosmothéandrique de Raimon Panikkar afin de décaler la perspective par trop européocentrée et proposer une version latino-américaine de l’écospiritualité.
Encadrées par une introduction et une synthèse de Christophe Monnot et Frédéric Rognon, préfacées par le Patriarche Bartholomée 1er, les différentes contributions de ce volume veulent offrir au lecteur quelques ressources et outils substantiels pour penser théologiquement la crise écologique présente et à venir, sous un horizon d’espérance.
Christophe Monnot
et Frédéric Rognon
Frédéric Rognon, La « Tribu ». Une utopie pour sauver la planète ?, Paris, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales », 2021, 254 pages, ISBN 978-2-343-22711-5, 26,50 €.
Les solutions proposées pour relever les défis de la crise écologique varient des plus extrêmes au plus modérées. Entre 1976 et 1994, un groupe de plusieurs centaines de jeunes, inspirés par un Amérindien du Québec, a expérimenté une voie singulièrement radicale sous l’intitulé de « la Tribu » : le retour à la vie tribale. Ils ont choisi de vivre dans la forêt, sur un mode itinérant, dormant sous des tentes indiennes, et ont ainsi sillonné toute l’Europe. Des associations antisectes les ont pris pour cible ; eux-mêmes disaient vouloir réaliser une utopie susceptible de sauver la planète. Le présent ouvrage se propose de rendre compte de cette histoire hors du commun. Suivant une méthodologie d’observation participante, d’entretiens avec différents acteurs et d’analyses d’archives de première et de seconde main, il offre au lecteur les principales pièces d’un dossier complexe.
Une première partie reconstitue la trajectoire de la communauté, son origine et ses mutations, mois après mois, sur dix-huit années, jusqu’à l’implosion finale. La deuxième partie décrit le fonctionnement interne du groupe et les différentes dimensions du mode de vie tribale : habitat, alimentation, modes d’autorité, gestion des conflits, sexualité, éducation, expressions artistiques… La troisième partie rend compte du système de représentations et de croyances, et notamment le déploiement de pratiques néo-chamaniques. Les deux parties suivantes décryptent les modalités du rapport de « la Tribu » au monde extérieur : les efforts pour construire une légitimité, les tentatives d’entrisme dans des institutions officielles, les relations avec la justice et le combat acharné contre les associations antisectes. Enfin, une dernière partie propose une analyse critique de l’expérience, en interrogeant les catégories de « communauté », de « secte » et d’« utopie ». L’ouvrage est enrichi de quelques cartes qui permettent de suivre l’itinéraire des marcheurs de « la Tribu » : de la région parisienne au Maroc espagnol, de la Sicile au Cap Nord.
Plus d’un quart de siècle après la fin de cette épopée, et alors que les catastrophes écologiques s’enchaînent, cette enquête d’ethnohistoire invite le lecteur à questionner le sens de l’engagement, de la radicalité, de la marginalité et du réenchantement du monde.
Frédéric Rognon
- Thème CLIL : 4046 -- RELIGION -- Christianisme -- Théologie
- ISBN : 978-2-406-12977-6
- EAN : 9782406129776
- ISSN : 2269-479X
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12977-6.p.0129
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 16/03/2022
- Périodicité : Trimestrielle
- Langue : Français