Les livres de théologie dans la bibliothèque du chirurgien François Rasse des Neux (c. 1525-1587)
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuses
2017 – 4, 97e année, n° 4. varia - Auteur : Schrenck (Gilbert)
- Pages : 527 à 544
- Réimpression de l’édition de : 2017
- Revue : Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses
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LES LIVRES DE THÉOLOGIE DANS LA BIBLIOTHÈQUE DU CHIRURGIEN FRANÇOIS RASSE DES NEUX (c. 1525-1587) Gilbert Schrenck Faculté des Lettres (EA 1337) - Université de Strasbourg 14, rue René Descartes - F-67084 Strasbourg Cedex Résumé : Le chirurgien parisien François Rasse des Neux, possesseur d'une des bibliothèques les plus riches de son temps, s'est constitué un fonds théo- logique hautement révélateur de son intérêt pour cette matière. L'analyse de ses lectures permet ainsi de se faire une idée de la foi et des convictions d'un huguenot engagé dans le camp de la Réforme à l'époque des guerres de religion. Acquis par achats, prêts et dons, les ouvrages religieux gardent la trace de puissantes solidarités intellectuelles à l'échelon européen, tout en restituant le catalogue des grandes questions qui ont interpellé le médecin dans sa quête. La curiosité de Rasse pour la théologie permet finalement de s 'interroger sur la nature même de son protestantisme. Abstract : The Parisian surgeon François Rasse des Neux, owner of one of the richest libraries of his day, amassed a theological collection highly revealing of his interest for the discipline. Analysis of his books gives us a good idea of the faith and convictions of a Huguenot committed to the Reformation's camp during the French Wars of Religion. Acquired by purchase, loans and gifts, the religious books bear the marks of powerful intellectual solidarities at the European level. They also allow us to reconfigure the major questions which struck Rasse in his researches : his curiosity for theology ultimately allows us to wonder about the basic nature of his Protestantism. Le chirurgien royal François Rasse des Neux est connu grâce à l'étude que Jeanne Veyrin-Forrer lui a consacrée en 1968 et où elle attire plus particulièrement l'attention sur l'intérêt exceptionnel que revêt sa collection de manuscrits ^ Si, à la différence de bon nombre de confrères comme Ambroise Paré, Pierre Belon, ou François Rabelais^, Rasse des Neux n'a apparemment rien écrit à titre personnel, il a cependant laissé son empreinte de bibliophile en réunissant un nombre impressionnant de pasquils et en se constituant une bibliothèque qui passe pour avoir été l'une des plus belles
^ Veyrin-Forrer, 1987 [1968]. ^ Berriot-Salvadore, 2010.
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d'Europe ^ À cet égard, son engouement pour les livres offre un site d'observation privilégié pour qui veut étudier la pensée théolo¬ gique et cerner de plus près le corpus d'ouvrages représentatifs de la sensibilité religieuse d'un homme de science du xvi^ siècle, acquis aux idées de la Réforme. L'examen de sa « librairie » favo¬ rise ainsi la possibilité de cibler les sujets de prédilection qui attisent la curiosité d'un lecteur impénitent et qui correspondent à l'expression de sa piété. Ses lectures ouvrent également des perspectives intéres¬ santes sur les affinités spirituelles que le chirurgien tisse, grâce aux livres, avec les milieux érudits en France et en Europe. Autrement dit, le corpus théologique proprement dit est à même d'éclairer la sensibilité religieuse d'un scientifique lettré à l'époque des guerres civiles, au moment précisément où les valeurs de l'humanisme et de la « belle Renaissance » vacillent sous le fracas des armes et où la Réforme affronte en France les défis majeurs pour son enracinement. Méthodologiquement, l'analyse des lectures pieuses de Rasse requiert la plus grande prudence, afin d'éviter l'écueil d'approxima¬ tions, la première résidant dans l'évaluation même de sa « librairie ». Forte de ses quelque trois cents volumes actuellement répertoriés, cette bibliothèque, importante selon les critères de l'époque^, ne donne pourtant qu'une idée relative d'un fonds qui semble beaucoup plus nourri, si l'on se fie à l'inventaire après-décès du propriétaire \ La délimitation du corpus théologique doit nécessairement s'ajuster à cette variable, dont l'importance s'estompe à proportion de sa contiguïté avec des disciplines voisines, voire concurrentes. En ce sens, l'importance de la théologie est susceptible de révisions qui annexent sa spécificité par la présence d'autres savoirs concurrents, comme la philosophie, la littérature, ou l'histoire. Quoi qu'il en soit, la conception encyclopédique du savoir humaniste de la Renaissance n'exonère pas la culture théologique de Rasse d'interférences manifestes et de porosités disciplinaires transversales. A défaut de pouvoir étudier ici l'ensemble de ces articulations, qui travaillent du reste la culture chrétienne depuis ses origines ^ quelques exemples
3 ~ ~ ~ « ~ Cf. « On a de lui des Recueils entiers Mss. [= manuscrits] de toutes sortes de Pièces, en vers & en prose sur les affaires publiques de son tems. Sa Bibliothèque, composée pour la plupart de nos vieux Romans Gothiques, étoit si nombreuse, qu'aujourd'hui même dans les plus curieuses Bibliothèques, & dedans & dehors le Royaume, il s'en trouve des Volumes, où il a mis son nom », Ducatiana, 1738, t. I, p. 121. Pittion, 2013, p. 344 sq. ^ L'inventaire après-décès des 9 et 18 décembre 1587 explicite le refus de dresser la liste des livres en ces termes : « En l'estude dud. desfunct a esté trouvé plusieurs livres de diverses grandeur et volumes, tant en philosophie, théologie, medecine, chirurgie, que en humanité lesquels livres ladite vefve [Marie le Prestre] n'a voulu estre rédigée par le menu, en ce present inventaire pour éviter prolixité », Archives nationales, Minutier central, LXXVllI, 154. ^ Voir Morlet, 2016.
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36G. SCHRENCK, LA BIBLIOTHÈQUE DE FRANÇOIS RASSE DES NEUX 529 choisis suffiront à montrer à quel point la réflexion religieuse de Rasse se développe dans le cadre général de fautonomisation de la pensée scientifique du xvf siècle^ A cet effet, il s'agira, dans un premier temps, de préciser les modalités socioculturelles qui déter¬ minent la constitution de la bibliothèque théologique du chirurgien parisien, avant de procéder à l'examen des grands sujets qui dominent ses préoccupations spirituelles face à la Réforme. Il sera alors possible de dire dans quelle mesure la littérature théologique prend en charge une part de la vie intérieure^ du médecin en quête de certitudes. I. La constitution de la bibliothèque Avant d'aborder la question de savoir ce que lit - et α fortiori peut croire - un médecin de l'époque des guerres civiles, il convient de dire quelques mots de sa formation intellectuelle et des influences qu'il a subies durant ses études. Issu d'une famille de médecins originaire d'Anvers, Rasse des Neux reçut une éducation humaniste caractéristique des conditions liées à la situation socio¬ professionnelle des praticiens attachés au service des rois et de la cour^. Le père, François, chirurgien d'Henri II et professeur à la Faculté de médecine de Paris, ami de Budé prodigua, en effet, la meilleure éducation à ses cinq fils, dont quatre suivirent la carrière médicale, à l'exception de Claude qui devint avocat. On ne dispose guère de renseignements sur Jean et Pierre, mais l'on sait que Nicolas fut attaché au service de Jeanne d'Albret, dont il pratiqua l'autopsie Quant à François, l'aîné, reçu maître chirurgien en 1548, il épousa Marie le Prestre, la fille d'une famille de marchands parisiens tôt ralliés à la Réforme et qui s'étaient opposés aux ambitions politiques de la maison de Lorraine. Au début de la première guerre de religion (avril 1562), il rejoignit le prince de Condé à Orléans décision capitale qui allait transformer son exil en engagement confessionnel et favoriser sa passion de collection¬ neur de pasquils qu'il amasse par centaines et par mille, au point de former la plus importante collection de pièces éphémères, restées
^ Sur la rupture épistémologique de la Renaissance et l'autonomisation de la connais¬ sance rationnelle, voir Foucault, 1966. ^ Au sens où l'entend Febvre, 2009, p. 192-193. ^ Wickersheimer, 1906 ; Delaunay, 1935 ; Barraud, 1941 ; Lehoux, 1976 ; Lunel, 2008. Budé lui avait offert un traité de Galien, voir La France des humanistes, 1999, p. 55. Dorveaux, 1902 ; Concasty, 1964. 12 Sur ces événements, voir Daussy, 2014.
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inédites, du xvi^ siècle On ne sait pratiquement rien sur la vie ultérieure du praticien, si ce n'est qu'il fit des voyages à Londres auprès du secrétaire d'Etat Francis Walsingham pour l'informer des progrès de la Ligue en France A cette occasion, il se montra très attentif aux ambitions militaires que François d'Alençon nourrissait vis-à-vis des Flandres, en même temps qu'il concevait de vains pro¬ jets matrimoniaux avec Elisabeth Sans doute, le duc d'Alençon, chef des « Politiques », représentait-il aux yeux de Rasse un modèle possible (et espéré ?) d'une politique de réconciliation nationale que Henri IV réalisera plus tard, mais que le médecin, mort en 1587, ne put connaître. Pour l'instant, son déplacement à Londres, nous allons le voir, n'était pas sans intérêt par les fruc¬ tueux échanges intellectuels auxquels il donna lieu et dans lesquels la religion occupe une place de choix. D'autres influences s'exercèrent cependant dans la formation du médecin assoiffé de connaissances que la théologie contribue à élargir. Les informations livrées par les ex-libris placés sur la page de titre de ses livres apportent de ce point de vue un éclairage précieux sur la provenance et les thèmes des ouvrages acquis Les volumes hérités de la « librairie » du père et ceux offerts par les frères font ainsi émerger des sujets religieux communs aux diffé¬ rents membres de la famille. La Logica memorativa de Thomas Mumer^^ un jeu de cartes à vocation pédagogique réalisé dans l'esprit de la Nef des fous, rejoignit sur les rayons de la biblio¬ thèque les Institutions divines de Lactance^^ dont Jean, le frère prématurément disparu, lui avait fait cadeau. Nicolas, le botaniste que rendait célèbre son jardin de plantes de la rue du Temple, et Claude, l'avocat du roi, gratifièrent semblablement l'aîné de livres qui leur avaient appartenu. Nicolas, notamment, proche des membres de la Famille de la Charité qui gravitaient dans l'entourage du duc d'Alençon devait être un exemple de dévouement envers les pauvres, idéal familiste auquel son frère n'a pas dû rester totalement
Les six volumes manuscrits (BnF, Ms fr 22560-22565) n'ont fait l'objet que de minces publications, très partielles et souvent partiales, par Le Roux de Lincy, 1841-1842 ; Montaiglon, 1855-1878 ; Tarbé, 1866 ; Charbonnier, 1920 et Pineaux, 1971. Notre édition critique du Ms fr 22565 est à paraître aux Classiques Garnier. ^ Veyrin-Forrer pense qu'il pourrait s'agir de missions d'espionnage, mais sans apporter de précisions, Veyrin-Forrer, 1987 [1968], p. 459-463. Jouanna, 2013, p. 216-230. Quasi rituellement, Rasse inscrit son nom et sa qualité (en français, ou en latin), la date d'acquisition du livre et parfois l'ex-dono. Bruxelles, 1509, Rouget, 2015, n° 17. 18 Divinarum institutionum libri Vif Anvers, Christophe Plantin, 1570. ^ Voir Maillard, 1984, p. 235-253.
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38G. SCHRENCK, LA BIBLIOTHÈQUE DE FRANÇOIS RASSE DES NEUX 531 indifférent^'^. Les cinq frères partageaient un amour de la littérature qui se traduisit chez François d'une manière extrême, lorsqu'en 1562, durant les violentes émeutes anti protestantes de Paris, il arracha le Traité de la sphère de Sacrobosco^' des mains des vandales du faubourg Saint-Jacques qui venaient de le jeter aux flammes, ce que rappelle laconiquement l'ex-libris de l'exemplaire sauvé in extremis du feu : « Ex incendio gothico anni D. 1562 ». On constate heureusement des acquisitions plus apaisées par le biais de relations avec des amis. Parmi eux, le cercle des libraires- imprimeurs, protestants pour la plupart, a considérablement enrichi la section théologique de la bibliothèque. Et tout particulièrement Chrétien Wechel qui offrit en cadeau de mariage le Beuther de 1551 sur lequel le dédicataire consigna pendant une dizaine d'années les événements marquants de sa vie et qui, du point de vue qui nous occupe, y remémorait les dates anniversaires de grands humanistes chrétiens (François Vatable, Etienne Dolet), des Evangéliques du Cercle de Meaux et de précurseurs de la Réforme (Jean Hus). Editeur d'avant-garde audacieux, acquis aux idées luthériennes, l'imprimeur d'origine flamande fournissait son voisin de quartier de toute sorte d'ouvrages propres à satisfaire sa curiositéLa dynastie des Estienne remplit un rôle analogue de pourvoyeur de livres en la personne de Henri, dont Rasse avait recopié à deux reprises le quatrain que Jeanne d'Albret avait composé à son intention à l'occasion de la visite qu'elle fit à l'atelier parisien enl566^f II connaissait également ses Dialogues du nouveau langage français italianizé^^ et très probablement son Apologie pour Hérodote, où la satire du clergé ne pouvait que combler son goût inné pour la critique du catholicisme. D'autres imprimeurs-libraires venaient encore tapisser le cabinet d'étude de leurs impressions et nourrir le catalogue théologique du fonds rassien. François avait
2ϋ Voir la lettre de Plantin à Montano, du 25 septembre-7 octobre 1581 : «a paupe- rioribus quitus non solum gratis consulebat sed pharmaca et necessaria sumptibus propriis suppeditabat [...] Litteras accepi quitus significat très illustros admodum viros spacio 7 dierum obiisse Lutetiae : Cenovillium insignem musicum, Postellum et Nicolaum Rassium ilium amicum nostrum imo totius populi et magnatum a quitus mirum in modum defletur, desideratur maxime ab amicis et a pauperioribus quitus non solum gratis consulebat, sed pharmaca et necessaria sumptibus propriis suppeditabat. Ejus naturalia uti frater scribit (est namque viduae quoque familiaris) vendentur in solidum non separatim adeoque rara esse asserit ut vix ulla pecunia quae interea sunt redimi possint vel plurimis annis. Is tuum esse vellet. Moneo fratrem ut ad nos perscribat precium tibi indicandum. » (Plantin, 1883-1918, t. VI, p. 312.) ^'Rouget, 2015, n° 36. Wechel, gagné aux idées de Luther (voir Armstrong, 1961, p. 341-346), publiait des textes en grec et en latin, des recueils poétiques et des traités de médecine, voir Guilleminot, 2012, p. 239-253. Ms fr 22561, f. 37 et Msfr 22562, f. 227. Voir Roelker, 1979, p. 365-366. Paris, Mamert Pâtisson, 1579 : ex-dono d'Henri Estienne de 1579.
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ainsi reçu de Mamert Pâtisson, l'époux de la veuve de Robert Estienne, une pièce de Jean le Masle sur la mort de Coligny^^ des publications de Guillaume Barbé de Philippe Rithove^^ d'un fils de Pierre Roffet, dit Le Faucheur de Denis DuvaL^ et de Jean RicherDes présents d'imprimeurs installés en Belgique, Italie et Angleterre complétaient pour leur part la liste des livres offerts, comme l'attestent les mentions des ex-libris sur les œuvres de Thomas Vautrollier, Walter Travers, Thomas Bedwell, Christopher Barker, l'imprimeur de la reine, et Robert CannonCes profes¬ sionnels de l'édition constituent un réseau lettré efficace dans la diffusion des idées réformées à l'échelle européenne, une forme de République des Lettres au sein de laquelle Rasse des Neux allait puiser le meilleur de ses lectures religieuses Cette brève cartographie de l'échange livresque fait émerger une série de thèmes qui interpellent l'attention que le médecin parisien porte à la théologie. Comme dans toute pratique du don^^, le commerce des livres favorise l'apparition de liens et la naissance de complicités porteuses entre partenaires de fortes connivences affectives, intellectuelles et symboliques qui finissent par faire sens. C'est le cas pour le corpus théologique de Rasse qui, au sein de ce protocole de réciprocité, pointe la place et la fonction occupées dans ce vaste champ de lectures par la religion, à côté de la médecine, de l'histoire, des mathématiques, de la musique et des langues. Les ouvrages de spiritualité prennent ainsi place dans un environnement intellectuel qui monopolise, sans exclusive, l'ensemble des domaines du savoir de l'Antiquité aux Temps modernes, en
Chant d'ailegresse sur ία mort de Caspar de Colligny, jadis admirai de France, Paris, Nicolas Chesneau, 1572. Voir également Rouget, 2015, n° 249. Une édition de Pétrarque avec Pex-dono : << dédit Rassio W. Barhaeus. 1558 », Rouget, 2015, n° 127. ^Libraire-imprimeur de 1552 à 1558, rue du Mont-Saint-Hilaire, à l'enseigne de La Caille. no / Etabli rue Neuve Notre-Dame, près de Sainte-Geneviève-des-Ardents, Le Faucheur fit cadeau à Rasse en 1559 du De Revohitionihus orhium coelestium de Copernic, Nuremberg, Johann Petreius, 1543. Rasse a marqué au bas de la page de titre : « Ex dono Nicol. Roffet mei amatiss ». La mention << Copernicus De Revohitionihus. 1559 » a été reproduite par Rasse sur le plat intérieur de la couverture. 29 Cf. son témoignage : « Maistre Françoys Rasse, homme excellent, et rare en l'art et science de Chirurgie, en nostre ville de Paris : Et qui est davantage fort curieux d'amasser toutes sortes de bons livres, dont son estude est aussi bien garnie, qu'aucune autre qui soit en Europe, et en fait libéralement plaisir à tous ceux qui l'en requièrent, lesquels il connoist estre amateurs de bonnes lettres ; et principalement à ceux de nostre estât, qui sont curieux d'imprimer des livres exquis, pour en faire part au public. » Voir Renouard, 1965, t. I, p. 137. Les Bigarrures du seigneur des Accords, voir Rouget, 2015, n° 291. Sur les rapports de Rasse avec l'Italie, voir Veyrin-Forrer, 1997, p. 385-398. ^^Voir Rouget, 2015, n° 278. Voir Fumaroli, 2015. Davis, 1983, p. 69-89.
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40G. SCHRENCK, LA BIBLIOTHÈQUE DE FRANÇOIS RASSE DES NEUX 533 langues anciennes et vernaculaires. Sur les 292 titres répertoriés par François Rouget, une trentaine traite à proprement parler de la reli¬ gion, soit environ 10% du total, chiffre relativement bas, mais que compensent au besoin la diversité des titres et leur échelonnement dans le temps long^^ IL Ouvrages de piété L'absence de remarques, de marginalia, ou d'annotations de lecture que l'on rencontre exceptionnellement sur quelques manuels scolaires de Rasse rend quasi impossible la connaissance des opi¬ nions que le bibliophile pouvait porter sur tel ou tel titre de son corpus, à supposer même que tous ces ouvrages aient été effec¬ tivement lus. Il faut, en conséquence, se rabattre sur les intitulés, si l'on cherche à identifier des thèmes susceptibles d'ouvrir une fenêtre sur la piété du personnage. Parmi la trentaine de titres, ceux qui touchent la lecture quotidienne (?) du croyant concernent évi¬ demment la méditation de la Bible, dont la « librairie » comprend la réédition de la version grecque du Nouveau Testament (1540) d'Erasme (tl536) et de Jacobus Ceporinus (tl525), professeur d'hébreu et de grec à ZurichL'intérêt pour l'approche philo¬ logique du texte sacré se manifeste également dans les travaux du Réformateur bâlois Jean Œcolampade (tl531) sur les Ecritures Saintes ainsi que dans les Remarques d'Arias Montanus (f 1598), le fameux maître d'œuvre de la Polyglotte d'Anvers en hébreu, grec, araméen et latin, qui accompagnent les Elucidationes in quatuor Evangelia Matthaei, Marci, Lucae et Johannis, quitus accedunt ejusdem elucidationes^^. Les réflexions du linguiste vénitien Antonio Brucioli (f 1566) sur La Cantica di Solomo tradotta dalla ebraica verita in lingua toscana, et con nuovo commento dichiarata^^ situent le commentaire dans le droit fil de l'herméneutique humaniste
Nous nous référons ici au relevé de François Rouget établi à partir des ouvrages portant l'ex-libris du médecin, Rouget, 2015, p. 421-4U. Par ordre décroissant des matières traitées, on obtient sur un ensemble de 292 titres la répartition suivante : Médecine : 23,6% - Actualité : 17,1 % - Littérature : 16,7 % - Histoire : 9,5 % - Théologie : 8,9 % - Mathé¬ matiques : 2 % - Musique : 2 % - Économie : 1,7 % - Grammaire : 1 %. A noter la quasi absence d'ouvrages juridiques et de patristique. Rouget, 2015, n° 14. Voir L'Europe des Humanistes, 1995, p. 110. 3T In sacrarum literarum lectionem exhortatio. Tes Kainës Diathëkës hapanta. Novi Testamenti omnia, Bâle, Thomas Platter [pour Johann Schabler], 1540. Sur Œcolampade, proche de Bucer, voir Staehelin, 1918, p. 9. 3 8 Rouget, 2015, n° 74, 82 et 243. L'ex-libris des Elucidationes (Anvers, Christophe Plantin, 1575) porte Tex-dono de Plantin. Venise, Bartolomeo Zanetti, 1536, voir Rouget, 2015, n° 61. Voir Antonio Brucioli, 2007, p. 142. Rasse possédait également II Petrarca con nuove et brevi dichiarationi, édité par le frère de Brucioli, Alessandro, Lyon, Guillaume Rouillé, 1550 : « Dono dédit Rassio W. Barbaeus. 1558 », Rouget, 2015, n° 127.
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et de la traduction biblique en vernaculaire de la part d'un grand contempteur de la papauté qui, influencé par Brunfels et Bucer, subit les foudres de l'Inquisition et dut se réfugier auprès de Renée de France à Ferrare. Quand on ajoute à cette liste de lectures bibliques les Commentaires sur les cinq livres de Moyse de Calvin on note finalement une tendance globale du médecin à se plonger dans l'étude d'ouvrages issus de l'humanisme évangélique, avec une prédilection pour le commentaire philologique et la tra¬ duction des textes sacrés. Cette approche de la Bible selon les critères nouveaux d'interprétation au seuil des Temps modernes a dominé les années de formation de Rasse, avant d'être relayée par la lecture des Réformateurs allemandsitaliens, français et anglaisL'œuvre d'Erasme a joué un rôle central de rupture avec la tradition puisque Rasse s'est familiarisé très vite avec l'intériorisation de la philosophie du Christ proposée par VEnchiridion militis christiani et initié aux devoirs du prince chrétien à travers VInstitutio principis christiani^^ et les Prœcepta Isocratis de regno administrando"^^. Il disposait également de la version italienne du traité que le philo¬ sophe batave avait consacré à l'institution des enfantset sans doute d'autres ouvrages, si l'on se réfère à l'inventaire de 1552 des écrits du Rotterdamois publié par le jurisconsulte bâlois, Boniface Amerbach^^ L'érasmisme constitue indéniablement un axe d'influence essentiel dans la réflexion du jeune homme, dont la portée déborde les frontières de la pensée religieuse et vient se mesurer aux questions
On peut ajouter à la liste des manuels propres à mémoriser les Écritures, tel celui du bénédictin allemand du XIV^ siècle, Pierre de Rosenheim et son Roseum Memoriale et index, Rouget, 2015, n° 99. Genève, François Estienne, 1564, Rouget, 2015, n° 210. Voir Peter - Gilmont, 1994, p. 1056-1060. Sur la pénétration des idées de Luther en France, voir Moore, 1930, p. 83 sq : avec Bâle et Strasbourg, Anvers forme un des points de contacts essentiels avec la pensée luthérienne en France ; Higman, 1998, p. 201-232 ; Arnold, 2017, p. 473 sq. Noix Le Temps des Réformes, 1989. On ne relève aucun ouvrage de scolastique, ni de patristique. Rouget, 2015, n° 206 cite de Thomas d'Aquin, In quatuor libros Aristotelis De coelo, et mundo commentaria : qiiœ, cum morte prœventus perjicere non potuerit, absoluit Petrus de Alvernia, Venise, Girolamo Scoto, 1562. Ce traité de physique consacré à la génération et à la corruption du monde céleste et sublunaire développe les thèses de Pierre d'Auvergne (Petrus de Alvemia), enseignant en Sorbonne à la fin du XIIÉ siècle. Cette lecture de Rasse est d'autant plus intéressante à noter qu'il lisait parallèlement Giordano Bruno et Copernic, Rouget, 2015, n° 96. Anvers, Michael Hillenius, 1523. Ex-libris de 1547, Rouget, 2015, n°31. Le livre venait probablement de la bibliothèque du père. Cologne, Hero Fuchs, 1523. Delia institutione de fanciulii come di buona hora si debbono ammaestrare alla virtu e aile lettere, trad. Stefano Penello, Venise, Gabriele Giolito de Ferrari, 1547, Rouget, 2015, n° 119. Voir L'écrivain face à son public, 1989, p. 26. Rouget, 2015, n° 62.
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de morale, de politique et de pédagogie qui stimulent la curiosité d'esprit de François. \ r A côté des ouvrages consacrés aux Ecritures, le cabinet d'étude contient une part non négligeable de textes spirituels qui se pré¬ sentent sous forme de sermons, d'exhortations, d'oraisons et de cantiques, faisant la part belle à des formes plus littéraires de l'expression de la piété. De Filippo Beroaldo (flSOS), professeur de rhétorique à Bologne et réputé pour ses commentaires des Anciens, Rasse détenait le Carmen lugubre de dominicœ passionis die, pièce rééditée à de multiples reprises et adaptée par Marot''^ De Lancelot de Carie (tl568), poète prisé à la cour pour ses compositions, il possédait Les Cantiques de la Bible mis en vers français, où l'évêque associait le chant à la méditation, lorsqu'il évoquait les grandes figures bibliques qui, de Moïse à Siméon, magnifient la toute-puissance divine^". Sans doute Rasse trouvait-il dans ces textes empreints d'humilité et de gratitude envers Dieu, l'expression d'une foi sincère que pouvait partager tout croyant, quelle que fût sa confession^'. La présence d'œuvres de Charles de Navières (f 1616) répond à un besoin d'édification analogue, même si, selon la critique, la poésie « dure, raboteuse et pleine de figures violentes et bizarres » de cet affidé du prince d'Orange pouvait heurter le goût^^. Rasse ne semble pas avoir dédaigné non plus Les Cantiques saints, mis en vers français. Partie sur chants nauveaux, et partie sus ceux d'aucuns Psalmes, dont la transcription mélo¬ dique rejoint le lyrisme de Lancelot de Carie". Ces textes montrent en tout cas la sensibilité de Rasse pour la littérature religieuse et les charmes poétiques que lui procure aussi De la grandeur de Dieu, et de la cagnaissance qu 'an peult avair de luy par ses œuvres de Pierre du Val (f 1564^'*. Cette œuvre à succès de l'évêque de Séez, précepteur du dauphin Henri II et membre du Concile de Trente, exalte les splendeurs de la Création face à l'indifférence des athées. La Theanthrapagamie en farme de dialague par sannets chrestiens (1577) de Marin Le Saulx, acquise par le chirurgien à Londres
Rouget, 2015, n° 12. Sur Filippo Beroaldo, L'Europe des humanistes, 1995, p. 64-65. '"Rouget, 2015, n° 207. Dans l'exemplaire de la Bibliothèque de Chantilly (IX-E- 012-2), les Cantiques sont reliés avec la Confession de la foy chrestienne, Denakol, 1561, De la grandeur de Dieu de P. Duval, 1557, Les Cantiques saints mis en vers français de Charles de Navieres (voir ci-dessous), 1579 et La Foy catholique des peres anciens d'Yves Rouspeau, 1579. Sur Lancelot Carle, voir Dictionnaire des Lettres, 2001, p. 452-453. ^ Cf. l'exemple de Moïse lors de la sortie d'Égypte (Exode 15) : « Le Seigneur est ma vigueur, / Le vray but de ma louange, / Le seul appuy, ou se range / Tout mon salut et mon heur », p. 6. La Croix du Maine, 1772, t. I, p. 115-116. Anvers, Christophe Plantin, 1579, Rouget, 2015, n° 264. Paris, Michel Vascosan, 1557, Rouget, 2015, n° 171. Voir Duru, 2015, p. 135-150.
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en 1583, initie un long dialogue de fervente louange répartie en 215 sonnets sur le thème des noces de l'Église et du Christ : Sous le voile d'un mariage charnel, j'aye voulu comme envelopper cette conjunction spirituelle et vrayement coeleste de Jésus Christ et de l'Église, du lien estroit de laquelle, sont liées et serrées de près toutes les vertus les plus belles, toutes les graces les plus rares, et tous les dons les plus exquis, dont ceste Église est enrichie, de la seule grace et libéralité de son Christ, son loyal espous Parallèlement aux œuvres poétiques, la lecture des sermon- naires et des auteurs de discours pieux constitue un autre aspect de l'édification spirituelle du médecin parisienCelui-ci fréquente les textes du théologien bâlois Johann Gast (tl552), éditeur et traducteur des sermons d'Œcolampade (tl531), de Spangenberg (tl550) et de Melanchthon (tl560), auteur, par ailleurs, de la monumentale compilation d'anecdotes publiée dans les Conviviales sermones (1541)de l'édition du Nouveau Testament et d'écrits contre les anabaptistes. La bibliothèque recèle aussi les prédi¬ cations de Melanchthon reproduites par Michael Maius (f 1572), un hébraïsant de l'Université de Wittenberg et proche de Caspar Cruciger^^ Mais c'est sans doute la présence de livres de musico¬ logie qui permet de mesurer jusqu'où la piété de Rasse, lui-même grand amateur de musiquetrouve à s'exprimer par le chant et les Psaumes, comme l'attestent abondamment ses Recueils manuscrits Art du divertissement, mais aussi support de la piété personnelle et domestique, la musique, au même titre que la poésie, occupe une place privilégiée dans la pratique réformée et la vie de Rasse. Dès 1544, celui-ci s'était initié aux traités des hymnologues de la première génération de la Réformation, notamment, nous disent les ex-libris, aux manuels de Jean Spangenberg, à la Musica de Nicolas Listenius publiée à Wittenberg en 1537 et qui connut cinquante éditions successives, à VEnchiridion de Γ éditeur-compositeur Georg Rhaw, ou Rau (f 1548), au traité de Martin Agricola (f 1556) de la mouvance de Melanchthon A côté des promoteurs de la musica choralis, du contrepoint et de la polyphonie, les maîtres italiens ne comptent pas moins dans l'univers sonore de Rasse, tels Pietro
Rouget, 2015, n° 250. Voir Millet, 2009, p. 76-101. Rasse avait dans sa bibliothèque une œuvre d'Hildegarde de Bingen, De prœsenti clericonim trihulatione, Haguenau, Guillaume Seltz, 1529, Rouget, 2015, n° 41. Un ouvrage de Claude Binet, Ad Deum optimum maximum oratio pestilentiœ tempore, Paris, Mamert Pâtisson, 1581, aborde un thème similaire. " Bâle, Héritiers de Nicolas Brylinger, 1566, Rouget, 2015, n° 217. 58 * Orationespostremae scriptae, Wittenberg, 1565, Rouget, 2015, n° 211. L'inventaire après-décès dénombre sept guitares, un cistre, une viole et six luths. De nombreuses pièces religieuses parsèment ses albums, dont certaines sont proba¬ blement de sa composition, voir Greengrass, 2014, p. 64-80. Voir Loesch, 2001 et le Dictionnaire biographique des musiciens, 1995.
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44G. SCHRENCK, LA BIBLIOTHÈQUE DE FRANÇOIS RASSE DES NEUX 537 Aron (t 1550 et le franciscain Bonaventure de Bresciatous deux spécialistes du cantus firmus. Pour être complet, il convient de mentionner encore les ouvrages dédiés aux instruments de musique par Franchino Gaforio (f 1522)®'^, le tchèque Venceslaus Philomathes et le Wittenbergeois Johannes Zanger''^ Curieusement, on ne trouve pas, autant qu'il est en notre connaissance, de références aux musi¬ cologues français, ni aux Psaumes de Marot. III. Dogmes et controverses Englobant les livres de piété, de chant et de musique, la « librai¬ rie » de Rasse renferme des volumes qui traitent de questions plus abstraites privilégiant des sujets de théologie dogmatique, ecclésio- logique et polémique. S'agissant de cette dernière, le médecin s'est, selon toute vraisemblance, bien davantage penché sur les opuscules relatifs aux débats internes au protestantisme que sur les contro¬ verses entre protestants et catholiques. Il est à remarquer qu'en ce domaine les théologiens allemands restent prédominants, comme le seront plus tard les auteurs anglicans. Les controverses sur le péché originel de Johannes Mosellanus (tl524)^ théologien catholique soucieux d'une réforme pacifique de l'Église, et de Cyriakus Spangenberg (tl604) confrontaient les positions de Melanchthon, Chemnitz, Illyricus et Marbach sur un des sujets les plus épineux de la doctrine chrétienne®''. La dispute eucharistique animée par le luthérien André Musculus (tl581)®^ soulevait, quant à elle, des discussions tout aussi essentielles et irréconciliables sur la définition de la Cène dans les Articuli de coena dominica, ministris eccle- siarum, et scholarum Marciticarum''^. L'épître adressée à Jean Sturm (tl589) par le fils d'André Osiander, Luca (tl604), aborde la même problématique®® qui rejaillit avec animosité dans le libelle de Jean Pappus (f 1610) contre le recteur du Gymnase de Strasbourg™, un ami proche de Nicolas Rasse des Neux et ardent défenseur du calvinisme®'. Les débats avec les Sacramentaires sont traités dans
Rouget, 2015, n° 106. Ihid.,n° 108 et 130. "Uhid.,n° 25. lhid.,n° 53 et 162. Ibid., n° 284. Sur Mosellanus, voir Encyclopédie des Sciences Religieuses, 1877, t. IX, p. 465-468. Ibid., n° 246. Wo'ix L'Europe des humanistes, 1995, p. 316. Genève, Eustache Vignon, 1576. Epis tola eucharistica ad Joannem Sturmium, Tubingen, Georg Gruppenbach, 1581, Rouget, 2015, n° 269 et 271. ™ Rouget, 2015, n° 269. Sur Pappus, voir Vogler, 1997, p. 294. Voir Rott, 1974, p. 407-425 : sur la controverse de Pappus.
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la Responsio de Petrus Warenburg^^ tandis que ceux des Unitaristes sont présentés dans l'ouvrage du piémontais Celio Curion (f 1569), Davidis Georgii Hollandi hœresiarchœ vita et doctrina^^. Participe encore de ce bouillonnement d'idées le De unionepersonali duarum in Christo naturarum, libri très, du pasteur Pantaleon Weiss (Candidas, f 1608)^^ et la Spongia laonici antisturmii a Sturmeneck, equitis Germani, adversus Lamberti Danœi, calvinistœ gallicani antiosandrum, pro Luca Osiandro de Nicodemus Frischlin^^ L'ensemble de ces écrits confirme, si besoin en était, l'intérêt porté par Rasse à la grande diversité des courants religieux de la Réformation, curiosité qui le guidera tout au long de sa vie. La lecture des traités concernant la discipline ecclésiastique participe, elle aussi, de ce questionnement sur la place et l'organisation des structures religieuses. Il paraît certain que la permanence d'une telle interrogation peut s'expliquer par le désir de trouver une sorte de modus vivendi religieux par le biais d'un modèle de vie sociale fondé sur la reconnaissance et la coexistence pacifique entre les différentes croyances dans une Europe - et une France - en proie aux dissensions. Une série d'ouvrages venus de l'étranger le donne du moins à penser, notamment la réflexion de l'historien allemand Martin Crucius (flôO?) dans la Civitas Coelestis sen catacheticœ condones^'' que lui offre Thomas VautrollierCelui-ci lui fait encore don, en témoignage d'amitié, de l'édition du Liber precum publicarum sen Ministerii Ecclesiasticœ administrationis Sacra- mentorum qu'il avait publié en 1574 à Londres Le Traicté de la discipline et police chrestienne de Morély (f 1594 ?) vise le même but par la réflexion qui est menée sur la structure démocratique de l'Eglise inspirée des principes du christianisme primitif^^. Lorsqu'il prit connaissance en 1583 de VEcclesiasticœ disciplinœ et anglicanœ
72 Responsio ad novum scriptum H. Hamelmanni licentiati theologiœ et superattendentis Oldenburgici, quo conatur probare, cum iis, quos ipsi placet Calvinistas et Sacramentarios appellare, non esse posthac publico colloquio agendum, Neustadt, Matthaeus Harnisch, 1581, Rouget, 2015, n° 273. ^ Bâle, Hieronymus Curie, 1559, Rouget, 2015, n° 187. Sur Curion, voir L'Europe des humanistes, 1995, p. 140. Genève, Jacob Stoer, 1581. Voir Religion, 2009, p. 267. Tiibingen, Georg Gruppenbach, 1578, Rouget, 2015, n° 257. Voir L'Europe des humanistes, 1995, p. 138-139. 77 Sur Vautrollier (f 1587), éditeur rouennais établi en Angleterre, où il publia des œuvres de Luther, Bèze, Buchanan, Du Bartas, Duplessis-Mornay, Calvin..., voir Sternheld, 1957, p. 199-227. Ex-dono : « D. Francisci Noaei Rassi Chirurgi prœstantiss. Cal. octobris 1583 ». Lyon, Jean de Tournes, 1562, Rouget, 2015, n° 204. Cf. : « M"^ Eugénie Droz pos¬ sédait un exemplaire provenant du chirurgien parisien du xvf siècle François Rasse des Neux, et qui a probablement servi pour le reprint de la maison Slatkine », Denis - Rott, 1993, p. 224.
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46G. SCHRENCK, LA BIBLIOTHÈQUE DE FRANÇOIS RASSE DES NEUX 539 ecclesiœ explicatio ab illa aberrationis explicatio qui porte l'ex- dono de son ami anglais, le puritain Walter Travers Rasse pouvait s'initier à de nouvelles formes d'administration des pasteurs, de leurs charges, attributions et hiérarchie. Venue des Pays-Bas, l'interpellait, de son côté, une Harangue qui abordait les mêmes questions de discipline ecclésiastique A ce propos, une dernière remarque : parmi les ouvrages cités, il est frappant de ne rencontrer que peu de titres français. En revanche, l'Allemagne occupe une place prépondérante dans le domaine de la piété, de la musique, du dogme et des controverses. La concentration des textes venus d'outre-Rhin donne ainsi à penser, à moins que de futures découvertes de livres portant l'ex-libris de Rasse n'en corrigent le bilan actuel, que les livres religieux consti¬ tuent une sorte de laboratoire théologique qui, avec les dissidents italiens et les réformateurs anglais, expérimente les différentes voies par lesquelles la Réforme trace ses voies. Il reste que, dans ce corpus, le médecin se montre particulièrement ouvert à la tendance mélanchthonienne et à l'apport des tentatives iréniques qui traversent le protestantisme européen De ce point de vue, la « librairie » rassienne reflète assez fidèlement la construction spirituelle de l'individu en dehors des clôtures dogmatiques que les guerres de religion vont progressivement ériger. L'attitude de Rasse en quête de son identité religieuse passe nettement par des expériences confessionnelles plurielles que sa vie ultérieure n'aura de cesse d'interroger. Conclusion Au terme de ce panorama, on peut avancer une série de considérations sur la nature et la portée de la religion du chirurgien français. Tout d'abord, sa « librairie » fait état des préoccupations intellectuelles d'un médecin formé par l'étude des meliores litterae, grâce auxquelles se réalise l'idéal humaniste que Rabelais avait rêvé pour l'homme rendu à sa plus haute dignité. Rangé à côté d'ouvrages de médecine, d'histoire, de philosophie et de littérature, le fonds théologique fait substantiellement partie de l'appropriation
La Rochelle, Adam de Monte, 1574, Rouget, 2015, n° 241. Voir Knox, 1962. Harangue, lettre, et confession de foy des Églises de Christ, qui sont dispersées ça et là par les Pays has et qui gémissent sous le joug de l'Antéchrist presentees à trespuissant Seigneur Maximilian par la grace de Dieu empereur des Romains tousjours Auguste^ Anvers, Federic Mourhard, 1566, Rouget, 2015, n°215. Voir Heijting, 2007, p. 115 sq. Sur les scissions qui se font jour après la mort de Luther entre la tendance intran¬ sigeante du mouvement luthérien (Flacius Illyricus) et les philippistes (Andreas Osiander), voir Encyclopédie du protestantisme, 1995, p. 922-923.
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d'un savoir encyclopédique accumulé durant la jeunesse, puis élargi et consolidé dans le cadre familial, professionnel et aulique. L'ensemble de ces livres donne ensuite de précieuses indications sur l'évolution spirituelle et la sensibilité religieuse de Rasse. Des acquisitions régulières d'écrits, des dons ciblés de proches et d'amis, des largesses d'imprimeurs-libraires protestants, français et étrangers, répondent aux interrogations d'un homme en quête du salut. La foi du médecin s'abreuve à des formes variées du message chrétien venant de France et de l'étranger, que ce soit à travers des recueils de piété (poésies, sermons, cantiques, musique) dont la pratique était sans doute partagée au sein de la famille. D'autres textes soulèvent des questions de doctrine et de controverse qui ressortissent aux débats théologiques issus de la Réforme luthé¬ rienne. Sur le plan personnel, difficile à évaluer en raison du peu d'informations, le parcours de lectures est aussi révélateur de l'engagement irréversible au service de la vérité depuis le siège d'Orléans de 1562 à la mission anglaise de la fin de la vie. Il reste, enfin, que le protestantisme de Rasse, notion complexe à définir à cause de son caractère contingent, est porteur d'influences très variées, mais toutes convergentes, que ce soit par le rayonnement de l'idéal moral des membres de la Famille de la Charité, l'impact des projets émanant des « Politiques » de l'entourage du duc d'Alençon, l'érasmisme des années de formation, l'anglicanisme de l'âge mûr, ou encore la vitalité des courants de la Réformation allemande. La conception religieuse de Rasse, résolument ouverte et accueillante, n'a toutefois rien d'éclectique et, surtout, ne se montre jamais hostile à la lecture d'ouvrages dont la vision du monde bouleverse les acquis du savoir, à l'exemple des traités de Copernic et de Giordano Bruno. L'esprit d'examen et l'empirisme scientifique n'oblitèrent à aucun moment les convictions du croyant. Ils confortent, tout au contraire, et c'est un des grands intérêts d'une telle position, la recherche de l'identité religieuse dans un contexte mouvant. Pour terminer, il ne faudrait pas rester non plus sur l'idée d'une problé¬ matique théologique ardue, qui occulterait la présence de sujets plus souriants de l'univers intellectuel du bibliophile. Comme l'indique une bonne partie de sa bibliothèque, Rasse sait, à l'occasion, goûter et s'abandonner aux plaisirs de la littérature et aux joies que procure la confection de ses Recueils manuscrits. Variées et contrastées, les multiples facettes de son profil intellectuel révèlent un homme attachant de la Renaissance et témoignent de sa curiosité toujours en alerte de croyant. Il semble, à cet égard, qu'un souffle particulier traverse les rayons de sa « librairie », à laquelle la théologie apporte sa part indispensable de sel.
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- Thème CLIL : 4046 -- RELIGION -- Christianisme -- Théologie
- ISBN : 978-2-406-09327-5
- EAN : 9782406093275
- ISSN : 2269-479X
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09327-5.p.0034
- Mise en ligne : 19/04/2019
- Périodicité : Trimestrielle
- Langue : Français