Conversions et controverses L’évêque et les deux apostats (Bossuet, Desmahis et Papin)
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue Bossuet Littérature, culture, religion
2018, n° 9. varia - Auteur : Guillemin (Thomas)
- Pages : 109 à 125
- Revue : Revue Bossuet
Conversions et controverses
L’évêque et les deux apostats
(Bossuet, Desmahis et Papin)
Les rapports de Bossuet avec le protestantisme ont depuis le xixe siècle fait l’objet de nombreuses études1. Souvent, les biographies de l’Aigle de Meaux consacrent quelques pages à ses conquêtes sur le parti adverse. Bausset, qui semble à l’origine de cette tradition2, cite Isaac Papin 110(1657-1709), Joseph Saurin (1655-1737), Ulrich Obrecht (1646-1701), James Drummond (1648-1716), Jacques Winslow (1669-1760), lord Lovat (1667-1747)3. Cet article s’intéressera au premier d’entre eux4, Isaac Papin, auquel sera associé un second apostat, Marin Groteste Desmahis5. Si seul le premier se convertit au catholicisme par l’entremise de Bossuet, Desmahis joue un rôle central dans l’apostasie de Papin et une relation entre le binôme d’anciens pasteurs et l’évêque se noue dans le début de la décennie 1690, avant la mort prématurée de Desmahis. Malgré la disparition de nombreuses sources, une relation particulière entre Bossuet et deux anciens ministres huguenots sera ainsi mise en lumière6.
Desmahis est né en 1649 à Paris, Papin en 1657 à Blois. Tous deux s’engagent dans la voie pastorale. Alors que la formation du premier est mal connue (il passe par Saumur, Genève et Oxford sans que l’on n’en sache guère plus), celle du second est mieux renseignée grâce à ses papiers de jeunesse7 : il s’affirme comme un disciple de son oncle, le théologien Claude Pajon, allant jusqu’à choisir de ne pas condamner ses théories, s’interdisant du même coup de valider la fin de ses études en théologie8. Après avoir été reçu pasteur en 1673, Desmahis exerce d’abord à Authon-du-Perche puis, en 1676, à Orléans où, précisément, il 111a pour collègue Pajon. Avant d’arriver à Saumur, Papin a donc fréquenté Desmahis durant les quatre années passées chez son oncle à Orléans, entre 1679 et 1683, même si l’on ignore tout de la nature de leur relation à cette période. Lorsque Papin quitte Orléans probablement en janvier ou février 1683, Desmahis est entré dans son processus de conversion depuis une année environ : son apostasie intervient en mai de la même année, à Paris, entre les mains de l’évêque d’Orléans, Pierre du Cambout de Coislin. Quant à Papin, il se convertit six ans plus tard. Cette période relativement courte est pourtant la plus intense de sa vie. Précepteur à Bordeaux entre 1684 et 1685, il décide de quitter le royaume dans les jours qui suivent la révocation pour se rendre en Angleterre, où il est ordonné prêtre de l’Église anglicane en avril 16879. Il retourne ensuite sur le continent, d’abord aux Provinces-Unies où, d’une part, il devient pasteur d’une Église wallonne et, d’autre part, paraissent ses deux principaux ouvrages de la période protestante. Cette situation déclenche une controverse avec Pierre Jurieu dont celui-ci sort vainqueur. L’acharnement du pasteur de Rotterdam conduit Papin à s’exiler jusqu’à Dantzig, où cependant son adversaire le poursuit, l’empêchant de s’installer comme pasteur de la communauté réformée locale. C’est sur les bords de la Baltique que le Blésois décide de se convertir, à la fin de l’année 1688.
l’obscure genèse
de la relation bossuet-desmahis
Après sa conversion, Desmahis reste vivre à Orléans et voit sa direction de conscience confiée à Pasquier Quesnel, alors en exil forcé à l’Oratoire de la ville. Cette décision de Cambout de Coislin le confirme dans son jansénisme, déjà réel grâce à la lecture à l’origine de son apostasie : Les prétendus réformés convaincus de schisme de Pierre Nicole. Les débuts de sa 112vie de nouveau catholique convergent tous vers Port-Royal, situation favorisée par le contexte orléanais : l’entourage direct de Cambout de Coislin est janséniste, avec au premier chef son vicaire général Raymond Formentin, qui fut lié à Desmahis10. Hors d’Orléans, ce dernier fréquente également des lieux ou des individus unis à Port-Royal : il fait plusieurs retraites à Saint-Magloire (foyer janséniste parisien11) et en 1687-1688, dirige plusieurs missions dans le diocèse d’Henri Barillon12.
En 1685 paraît à Orléans un petit volume intitulé Deux lettres de Mr Des Mahis, cy-devant ministre de la R. P. R. à Orléans13. Rédigés peu après son abjuration par l’ancien pasteur, ces deux lettres – auxquelles s’ajoute un anonyme Entretien sur les reliques dont tout indique qu’il est aussi de Desmahis14 – constituent un petit ouvrage de controverse que Claire Cazanave propose de rattacher au « courant pacificateur » de la controverse interconfessionnelle, incarné par Bossuet15 (même si Jean-Louis Quantin a souligné qu’il ne fallait pas réduire Bossuet à cette condition16). Dans la première partie, intitulée Lettre à une personne de la religion prétendue réformée sur le schisme des protestans, Desmahis commence par souligner la difficulté de la voie d’examen pour les simples fidèles17 et prolonge cet argument en le déclinant au sujet de ce qu’il appelle « les points fondamentaux » et les « erreurs essentielles et non essentielles18 ». Il met ensuite en avant le fait que, dans l’Ancien comme 113dans le Nouveau Testament, les mauvais comportements sont tolérés et non prétexte à séparation19 : il reprend alors l’argument classique de la stabilité de l’Église catholique par « la succession non interrompue des Églises particulières20 ». Il met en miroir de cet élément deux contre-arguments majeurs visant les protestants. Il conteste d’abord la généalogie médiévale de la Réforme passant notamment par les Vaudois21, parlant de la « fable des Élus cachés22 ». Il oppose ensuite les variations des différents réformateurs et des Églises protestantes23. Dans la conception de son ouvrage, Desmahis opte pour une forme assez dynamique en consacrant une neuvième et dernière section réunissant les citations patristiques qui viennent en appui de sa démonstration24. De cette manière, la lecture des 60 premières pages de la Lettre sur le schisme est fluide, malgré des thématiques rebattues dans la controverse.
La seconde partie est intitulée Lettre à une personne de la religion prétendue réformée ou la présence réelle du corps de Jésus-Christ dans l’Eucharistie est prouvée par l’Écriture Sainte. Dans ce texte, Desmahis s’en prend à ses anciens coreligionnaires selon leur méthode, « par l’Écriture seule25 », allant même, comme il le précise au seuil de sa démonstration, jusqu’à utiliser une traduction huguenote de la Bible :
Je me servirai dans mes citations de votre propre version (sans marquer même les défauts d’exactitude qu’on y pourroit censurer) afin que mes preuves puissent faire plus d’impression sur votre esprit26.
114Dans l’Histoire des variations, Bossuet suivra également cette stratégie du seul recours aux documents reconnus comme valides par le parti adverse27. En outre, car Desmahis fait de rarissimes entorses à sa ligne de conduite, le seul auteur protestant qu’il cite deux fois dans cette seconde lettre n’est autre qu’Hugo Grotius28, auquel Bossuet accordait un crédit certain29. Ainsi, l’ouvrage de Desmahis n’est effectivement pas sans parenté avec la démarche éristique de l’évêque de Meaux. On notera cependant qu’aucun élément éditorial ne place l’ouvrage du ministre converti sous sa protection : pas d’approbation signée de sa main (les autorités auxquelles Desmahis se soumet sont orléanaises), ni d’épître dédicatoire adressée au prélat.
La parution de son livre ouvre-t-elle des portes à l’ancien pasteur ? Si les sources le concernant ne permettent pas de répondre à cette question, on remarquera néanmoins que sa relation avec Bossuet est postérieure à cette publication, puisque sa première attestation, une lettre de Desmahis adressée à l’évêque, date du mois de mai 1688. Il est possible que l’intermédiaire entre Bossuet et Desmahis ait été l’ami orléanais de ce dernier, Nicolas Thoynard, membre du « petit concile » dès 168030. Le manuscrit de cette lettre n’a pas été retrouvé, mais le texte en est édité pour la première fois par Deforis. Desmahis y développe une réflexion sur la chute de Babylone décrite dans l’Apocalypse pour démontrer qu’elle correspond à l’histoire de la chute de Rome. Urbain et Levesque observent que Bossuet reprend la démonstration proposée par Desmahis dans son Apocalypse avec une explication qui paraît l’année suivante31. Desmahis termine sa lettre en évoquant le premier ouvrage de Pierre Jurieu32 que Bossuet lui a demandé dans une précédente missive, inconnue. L’évêque ferraille alors avec l’ancien pasteur de Mer et Desmahis est, dans cette perspective, l’interlocuteur idéal. En effet, il fut ministre dans le même synode que Jurieu : Bossuet pense ainsi par son intermédiaire accéder à 115un livre déjà rare du pasteur exilé, mais Desmahis n’est pas parvenu à en trouver un exemplaire33. Cependant, il lui adresse un autre ouvrage, De la puissance de l’Église, paru en 1677, que Jurieu avait publié contre son oncle Louis Du Moulin, installé en Angleterre et devenu latitudinaire. Outre qu’il ne veut sans doute pas répondre à Bossuet sans lui fournir un ouvrage, même s’il ne s’agit pas de celui demandé, l’envoi du texte De la puissance de l’Église s’explique peut-être parce que Desmahis a lui-même été pris à parti par Du Moulin dans La Tyrannie des préjugez, la réponse de l’oncle à son neveu parue en 167834.
L’existence de cette seule lettre rend très incomplète notre connaissance de la relation Bossuet-Desmahis avant 1690. Avec le retour de Papin dans le royaume, le duo devient trio et les sources s’avèrent un peu plus nombreuses. La comparaison avec la seule missive d’avant 1690 permettra néanmoins de mettre en évidence une permanence dans la configuration de cet échange entre Bossuet et les ministres convertis.
la conversion de papin (1688-1690)
L’examen détaillé de la conversion de Papin au catholicisme dépasse le propos de cet article. Les motivations du Blésois sont multiples. D’abord, la situation personnelle de Papin, qui se marie dans le Refuge, n’est pas étrangère à ce choix. Ensuite, il ne fait aucun doute que l’obstination de Jurieu à son encontre, parce qu’il le considère comme un danger pour les Églises wallonnes du fait de ses positions théologiques, a joué un rôle fondamental dans son évolution spirituelle. Enfin, il faut garder à l’esprit que les idées de Papin sur la notion de conscience et l’irénisme, développées dès la période 1684-1685, ont participé à son cheminement 116vers le catholicisme. Toujours est-il que c’est probablement dans les trois derniers mois de l’année 1688, lorsqu’il est à Gdansk – où Jurieu parvient à le poursuivre – qu’il prend la décision de se convertir. Pour ce faire, il entre en contact épistolaire avec Bossuet : malheureusement, cette correspondance est perdue. Dans une missive probablement adressée à François Ledieu, Papin révèle qu’il écrit à Bossuet pour la première fois le 12 janvier 168935. Étant donné la durée des envois postaux sur une telle distance, il n’y a pu avoir guère plus d’une dizaine de lettres échangées entre l’aspirant catholique et l’évêque de Meaux. C’est en mars 1689 que Papin prend la route du retour : il passe par Hambourg et l’Angleterre avant de revenir en France où, débarquant à Calais, malgré une lettre de recommandation de Bossuet il est arrêté par le gouverneur de la ville, qui écrit à Colbert de Seigneley le 15 septembre :
Le nommé Papin natif de Blois ministre protestant arriva hier au soir dans le paquebot, il me remit une lettre qu’il m’avoit écrit, et une de Monsieur de Bidal résident de Danemarc, une de Monsieur de Maux, lesquelles je joints touttes trois afin que vous voyés, Monseigneur le dessin qu’il dit avoir d’abjurer son hérésie36.
Malheureusement, aucune des lettres jointes par de Laubanie n’a été conservée. C’est finalement l’intervention de Vauban qui permet la libération de Papin quelques jours plus tard37. Une fois réuni, le couple Papin passe Noël à Calais et arrive à Paris dans les derniers jours de décembre ou les tout premiers de janvier.
Deux témoignages succincts sur la cérémonie d’abjuration de Papin et de sa femme sont conservés. Le premier est contemporain de l’événement et figure dans la livraison de janvier du journal janséniste clandestin piloté par Louis Fouquet, les Nouvelles ecclésiastiques38 :
117Le S[ieu]r Papin avec sa femme revenu d’Angleterre où il s’étoit retirer peu avant la déclaration lorsqu’il étoit en passe d’etre ministre en France fit publiquement abjuration chez les pères de l’Oratoire à Saint Honoré dimanche 15 de janvier entre les mains de M[onsei]g[neu]r de Meaux qui fit un discours auparavant la prosession de cet homme d’esprit et d’études aprez vepres39.
Le deuxième témoignage est dû à Anne Viard-Papin, la veuve du converti. Elle raconte cet épisode dans la biographie qu’elle donne de son défunt mari en 1723 :
Nous passâmes chez eux [les parents de Desmahis] tout le mois de janvier pendant lequel nous nous disposâmes, par plusieurs conferences avec M. de Meaux et par la priere, à notre réunion, que nous fimes entre les mains de ce Prélat, le quinzieme de ce même mois de l’année 1690 dans l’église des Pères de l’Oratoire de la rue saint Honoré40.
Une troisième évocation figure dans les Mémoires de l’abbé Ledieu, secrétaire de Bossuet, qui n’apporte aucune autre information sur cet épisode41.
Que retenir de ces deux extraits ? D’abord que Desmahis s’occupe de la dimension matérielle du retour de Papin en France en accueillant son ancien coreligionnaire chez ses parents, qui résident à Paris. Cependant, aucune autre source ne nous renseigne sur cet aspect du séjour parisien du couple Papin. Ensuite, que Bossuet a prononcé un discours lors de la cérémonie dont on ne connaît pas la teneur : ses œuvres n’en conservent pas le texte. Ainsi, tant du point de vue des deux convertis que du convertisseur, nous ignorons tout du détail de cette cérémonie. Enfin que l’abjuration effectuée à l’Oratoire est symbolique : l’ordre fondé par Pierre de Bérulle est conçu comme un instrument de la reconquête catholique du royaume et l’église de la rue Saint-Honoré est le cœur historique de la congrégation.
Du point de vue de Bossuet, la conversion de Papin est une victoire dans sa lutte contre le protestantisme, qu’il mène alors tambour battant contre 118un ennemi que son nouveau protégé connaît bien pour l’avoir affronté avant son apostasie : Pierre Jurieu. Le ministre et l’évêque se défient par Lettres pastorales et Avertissements interposés. Plus localement, cette prise permet aussi à Bossuet de compenser la conversion au calvinisme d’un ancien curé de son diocèse, Pierre Frotté, survenue l’année précédente42.
Après avoir quitté Paris, le couple Papin-Viard passe un mois à Orléans, en ayant probablement fait le voyage avec Desmahis : celui-ci est également de retour à Orléans en février43. C’est depuis cette ville que Papin prépare son installation à Blois. Parmi les sources retrouvées qui permettent de renseigner cette étape cruciale dans la vie du nouveau converti, la présence de Bossuet est pour le moins discrète. L’évêque de Meaux apparaît d’abord dans la requête adressée par Papin au lieutenant-général du bailliage de Blois le 21 février 1690 :
Suplie et vous remontre humblement Isaac Papin sieur des Coudraies cy devant prestre de l’Église Anglicanne, […] quayant ci devant exercé le ministerre de la religion prestendue reformée dans laquelle il est nay, tant en Engleterre Hollande, Allemagne qu’autres provinces en ayant reconnu les erreurs il est repassé en ce royaume ou il a fait abjuration de la ditte religion et autres erreurs de Calvin, entre les mains de monsieur l’Evesque d’ameaux, ainsi qu’il apert par son certificat, ce quinziesme janvier dernier cy attaché44 […].
Là encore, le certificat joint a depuis disparu. La situation administrative du couple Papin est résolue le 18 mai suivant ainsi que l’atteste un brevet royal où, là encore, la présence de Bossuet est discrète :
[…] ledit Papin auroit esté receu et estably ministre de la R.P.R. en Angleterre, depuis lequel temps il seroit revenu en France avec sa femme, où ils ont fait abjuration et embrassé la foy catholique, apostolique et romaine entre les mains du sieur évesque de Meaux, le quinzieme janvier dernier ; mais comme ils ont prétendu jouir des mesmes priviléges et avantages que Sa Majesté a accordé 119à ceux de ses sujets de la R.P.R. qui sont toujours demeurez en ce Royaume, mesme aux ministres de ladicte religion, on a allégué aux supplians pour leur faire de la peine que Sa Majesté n’avoit fait aucune déclaration en faveur de ceux de ses sujets de ladicte R.P.R. qui reviendroient en ce Royaume ; sur quoy, les supplians estant obligez de recourir à la grâce et à la bonté de Sa Majesté, requeroient que sur ce il luy plust de pourvoir. Veu ladicte requeste, certificat du sieur baron d’Asfeldt, envoyé de Sa Majesté en Allemagne, du huitième février dernier, abjuration et certificat du sieur évesque de Meaux, du quinzième janvier dernier, et tout considéré, le Roy estant en son Conseil45 […].
Seul ce document atteste que Papin se voit assimilé au statut des ministres convertis au moment de la révocation : ce cas est apparemment unique dans la période post-révocationnaire et les archives de cette période ne permettent pas de savoir si Bossuet est intervenu en faveur du nouveau converti.
deux convertis chez l’ÉvÊque :
papin et desmahis À meaux (1691)
Dans les mois qui suivent sa conversion, Papin se place sous la protection de Bossuet. L’ensemble des informations dont nous disposons sur leur relation datent toutes de l’été 1691. Sans doute au début du mois de juin, Papin se rend à Meaux en compagnie de Desmahis. C’est toujours dans la lettre probablement adressée à François Ledieu qu’il évoque cet épisode :
M. des Mahis prêcha l’octave du S. Sacrem[en]t à Meaux l’anné 1691. J’entendis les trois derniers sermons46.
Succédant à la Pentecôte, l’octave du Saint-Sacrement survient dans le courant du mois de juin47. Ledieu évoque de manière plus édifiante l’épisode :
120[Bossuet] employoit tous les moyens pour les gagner [les opiniâtres], se servant même des réunis qui avoient été connus dans le parti, espérant de les attirer par leur exemple. Marin Groteste des Mahis, l’un d’eux [….] vint à Meaux à la prière de notre prélat prêcher l’octave du Saint Sacrement, en 1691. Ses prédications eurent un succès merveilleux auprès des catholiques. Les réunis y assistèrent en foule, admiroient ses discours et disoient : « Vous voyez combien les ministres étoient habiles parmi nous ! » Mais pas un ne se convertit ni demanda seulement à l’entretenir48.
Dès le mois d’août suivant, les Nouvelles ecclésiastiques relaient l’information, allant jusqu’à évoquer la manière dont Bossuet utilise cette intervention :
Mr Desmahis cydevant ministre, maintenant chanoine d’Orléans a presché son octave du St Sacrement à Meaux avec un grand aplaudissement et plus grande foule de peuple, son père, et sa mère y étoitent présens. Mgr de Meaux précha le dimanche à son ordinaire, ce qui est fort episcopal, où il s’étendit beaucoup sur les louanges de M. Desmahis, et sur le bonheur de ses parents qui en pleuroient de joye49.
Tant à l’échelle européenne que locale, Bossuet lutte contre le protestantisme. Faire intervenir, dans son diocèse, des ministres convertis lors de l’octave du Saint-Sacrement, fête célébrant l’Eucharistie, revêt un intérêt pastoral évident50. Mais présenter des exemplae de chair(e) et d’os était-il le seul objectif de l’aigle de Meaux, comme la lecture des Nouvelles ecclésiastiques le laisse penser ? Converti depuis un peu plus d’un an, ce séjour a-t-il eu pour Papin, dont il n’est nullement question dans les Nouvelles ecclésiastiques ni dans le journal de Ledieu, une fonction particulière ? On l’ignore. Toujours est-il que Desmahis et Papin sont encore présents dans le diocèse de Meaux à la fin du mois : ils signent en qualité de témoins l’acte de démission du curé de Varredes, paroisse du diocèse de Meaux, de sa fonction d’administrateur de l’hôtel-Dieu dépendant de sa cure51. Remarquons que si le premier 121est qualifié de « chanoine de la cathédralle d’Orléans52 », ni l’un ni l’autre ne voit son passé de calviniste mentionné par la formule classique « cy-devant ministre de la R.P.R. ». Étant donné le temps passé par les deux convertis dans le diocèse de Bossuet, il apparaît raisonnable de penser que des échanges informels ont eu lieu entre eux et l’évêque en ce début d’été 1691.
Pour limitée que soit notre connaissance de ce séjour de Papin et Desmahis à Meaux, il n’en apparaît pas moins important par l’éclairage qu’il apporte sur les rapports que peut entretenir Bossuet avec d’anciens ministres réformés. Ils apparaissent comme des acteurs potentiels de son action pastorale envers les nouveaux convertis de son diocèse.
la tolerance des protestans d’isaac papin
sous l’aile de l’aigle de meaux
Les suites de ce séjour tendent à confirmer les échanges informels que l’on devine entre Bossuet et ses hôtes. En effet, en 1723, la veuve de Papin publie une lettre de son défunt mari adressée à l’évêque dans les semaines qui suivent son séjour meldois avec Desmahis. Son contenu n’apporte que peu d’éléments sur la relation entre l’évêque et le converti. Elle commence par ces mots :
Monseigneur, voici les lettres de M. Burnet, en attendant que ma réponse au libelle de M. Jurieu puisse devenir publique ; si vous daignez les ajouter à vos preuves de la tolérance des protestans, ces lettres feront mon apologie par avance, puisqu’on y verra ce celèbre Anglais, aujourd’hui évêque de Salisbury, opposé en toute chose à mon adversaire, louer la tolérance que je soutenais, approuver toutes mes démarches envers M. Jurieu, condamner l’emportement de ce ministre, blâmer le procédé des synodes53.
Bossuet publie ces lettres fournies par Papin dans la troisième et dernière partie du sixième Avertissement écrit contre Jurieu, qui paraît à la fin de 122cette année 169154. Papin poursuit en justifiant la publication de cette correspondance privée :
Si M. Burnet était en état de craindre la passion et la vengeance de M. Jurieu, je ferais scrupule de publier ces lettres ; mais, comme ils sont à peu près de force égale, l’un dans le parti des tolérants, l’autre dans le parti des Intolérants, je crois qu’il n’est pas mauvais de découvrir à M. Jurieu le jugement que font de lui des gens d’une réputation du moins aussi grande que la sienne et avec qui sans doute il serait fort aise de paraître uni55.
Il achève sa lettre par une longue compilation d’extraits des Remarques sur les actes de la dernière Assemblée générale du Clergé de France de Burnet : des dix pages qu’occupent cette lettre, plus de six contiennent des extraits de Burnet56. Papin sélectionne ceux qui visent à attester la conception universelle de la tolérance de leur auteur. L’intérêt de ce document peut donc paraître limité pour renseigner la relation entre l’évêque et l’apostat57. Mais au même moment, Bossuet correspond aussi avec Desmahis : le 27 juillet 1691, le chanoine d’Orléans écrit à l’Aigle de Meaux une longue lettre sur « les passages dans lesquels les sociniens défigurent la morale58 ». Si l’on se rappelle de la première lettre connue de Desmahis à Bossuet, émerge alors une tendance concernant la relation de Bossuet avec les ministres convertis : celle-ci apparaît, en partie du moins, comme utilitaire. Durant cet été 1691, tout indique que Bossuet travaille sur les protestants hétérodoxes et sollicite son réseau d’anciens huguenots pour alimenter ses réflexions et sa production éristique. D’ailleurs, dans une lettre de la fin de cette année 1691 adressée à Pierre Nicole, il écrit :
J’ai été très aise de vous voir appuyer particulièrement sur une chose que je n’ai voulu dire qu’en passant […], c’est, M., sur le triste état de la France, lorsqu’elle étoit obligé de nourrir et de tolérer sous le nom de Réforme tant 123de sociniens cachés, tant de gens sans religion, et qui ne songoient, de l’aveu même d’un ministre, qu’à renverser le christianisme59.
Ce ministre est difficile à identifier : Bossuet reprend-il ici à son compte l’argument développé par Jurieu, qui croit réel le risque d’une dissolution interne du protestantisme du fait du développement de différentes tendances novatrices qu’il désigne sous le terme générique et polémique de socinianisme ? Ou bien fait-il écho à l’un des ministres qu’il a précisément sollicité sur ces questions ? En ce cas, il aurait pu parler d’un ancien ministre, mais la question reste ouverte.
Papin termine la composition de l’ouvrage par lequel il justifie sa conversion, qui paraît sous le titre La Tolérance des protestans, dans le courant du printemps 1692 : l’achevé d’imprimer date du 3 juin. Il dédie son ouvrage à Bossuet dans une épître courte et au contenu convenu60. Il justifie la longueur de l’ouvrage par la nécessité qu’il a ressentie de se justifier après la publication de la Lettre sur le scandale de Jurieu61 et remarque :
Cependant, Monseigneur, cette apologie a eu plus de succès que je ne l’aurai jamais espéré, puisque vous la jugez digne d’être donné au public. Après cela, je n’examine plus. Ma réponse n’a rien à craindre pourvu qu’il lui soit permis de paraître sous vos auspices dans tous les pays où j’ai été connu. Quelque idée que l’on s’efforce d’y donner de ma foi, votre nom, Monseigneur, sera partout un témoignage authentique de la sincérité de ma conversion62.
Dans cet extrait, la phrase la plus courte apparaît comme la plus révélatrice. « Après cela, je n’examine plus ». Avant sa conversion, du fait de son appartenance à l’aile radicale de Saumur, Papin défendait une large conception de l’examen de l’Écriture. Même s’il exprime ici l’idée que l’aval de Bossuet lui permet de ne plus s’interroger sur la pertinence 124de publier sa défense écrite en réponse à Jurieu, il est difficile de croire que la polysémie de cette courte affirmation soit totalement innocente de sa part.
Après 1692 et la parution de La Tolérance des protestans, les liens entre les deux ministres et Bossuet semblent se distendre. Du moins, les sources manquent pour les renseigner. En octobre 1694, à la mort de Desmahis, nulle évocation de cette disparition dans la correspondance de l’évêque de Meaux. Il reste alors dix ans à vivre à celui-ci et durant cette période, faire la lumière sur sa relation avec Papin est délicat, car les indices sont très minces. D’une part, en 1694-1695, l’Écossais James Drummond, lord of Perth, qui s’est converti entre les mains de Bossuet, suggère à sa propre sœur qu’il tente de convertir, la lecture de La Tolérance des protestans de Papin63. Cette référence a probablement été suggérée par Bossuet à son protégé écossais64 mais ne permet pas d’attester quelque échange entre l’évêque et l’ancien ministre. C’est finalement la lettre de Papin probablement adressée à Ledieu en 1700 qui constitue la seule trace tangible de la persistance d’un contact, à défaut d’une véritable relation, entre les deux hommes. Une question se pose : la disparition des sources explique-t-elle ce constat ou bien le jansénisme évident de Desmahis et celui discret, mais bien réel, de Papin, sont-ils la cause de cette apparente distance ? Il reste difficile de trancher cette question. Mais l’examen du parcours de ces deux ministres convertis permet de mettre en évidence l’intérêt de Bossuet pour ces profils particuliers dans la France post-révocationnaire. D’une part, du fait de leur formation, les pasteurs convertis disposent de connaissances utiles à mobiliser dans la controverse. Mais sur ce point, on sait que Bossuet n’hésite pas à solliciter des huguenots, suivant l’éthique de la République des Lettres où les divisions confessionnelles n’empêchent pas la discussion érudite. D’autre part et peut-être surtout, ces ministres apostats incarnent le bien-fondé de l’abandon du calvinisme : dans l’action pastorale d’un évêque envers les Nouveaux Catholiques de son diocèse, la présence même d’un Desmahis ou d’un Papin est précieuse, et le rôle de prédicateur 125extraordinaire confié au premier lors de l’Octave du Saint-Sacrement de 1691 atteste cette fonction symbolique. Ainsi, c’est peut-être d’abord en tant qu’incarnation du chemin à suivre que ces deux ministres apostats ont suscité l’intérêt de l’aigle de Meaux.
Thomas Guillemin
Université d’Angers,
Laboratoire TEMOS CNRS
(FRE 2015)
1 Citons, sans exhaustivité et par ordre chronologique : Alfred Rébelliau, Bossuet historien du protestantisme. Étude sur l’Histoire des variations et sur la controverse entre les protestants et les catholiques au xviie siècle, Paris, Hachette, 1891, 624 p. ; Léon Crouslé, Bossuet et le protestantisme : étude historique, Paris, Champion, 1901, 289 p. ; Ernest Jovy, Études et recherches sur Jacques-Bénigne Bossuet, Évêque de Meaux, Vitry-le-François, P. Tavernier, 1908, 432 p. ; André Joly, Un converti de Bossuet. James Drummond, duc de Perth (1648-1716), Lille, Douriez-Bataille, 1934, xiv-514 p. ; Paul Beuzart, « Petite contribution aux sources de l’Histoire des Variations de Bossuet », Bulletin de la Société de l’histoire du Protestantisme français, vol. 95, 1946, p. 157-163 ; François Gaquère, Vers l’unité chrétienne. Drummond et Bossuet, Paris, Beauchesne, 1963, n.p. ; F. Gaquère, Le Dialogue irénique Bossuet-Leibniz. La Réunion des Églises en échec (1691-1702), Paris, Beauchesne, 1966, 263 p. ; F. Gaquère, Les Suprêmes Appels de Bossuet à l’unité chrétienne 1668-1691, Paris, Beauchesne, 1969, 265 p. ; Georges Bavaud, « La position de Bossuet dans la controverse sur la justification par la foi », Freiburger Zeitschrift für Philosophie und Theologie, vol. 32, 1985/3, p. 425-438 ; François Laplanche, « “La réunion des protestants” : de Bossuet à Richard Simon », dans Homo religiosus : autour de Jean Delumeau, Paris, Fayard, 1997, p. 400-406 ; Freidrich Reiner Jacob Knetsch, « Debate on Dragonnades, 1685-1686. The Events in France as seen by Bossuet, Jurieu and Rou », Nederlands Archief voor Kerkgeschiedenis – Dutch Review of Church History, vol. 78, 1998, p. 216-227 ; Christian Hermann, « Le dialogue de Bossuet avec les protestants », dans La Tolérance, Guy Saupin, Rémi Fabre et Marcel Launay (dir.), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1999, p. 79-86. ; Bernard Chédozeau, « Bossuet et les protestants », Bulletin du Centre d’Histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, vol. 10, 2002, 134 p. ; Jean-Robert Armogathe, « Bossuet et l’érudition protestante de son temps », Bulletin de la Société de l’histoire du Protestantisme français, vol. 153, 2007/2, p. 263-273 ; Anne Régent-Susini, « La rhétorique d’exposition dans la controverse anti-protestante du second xviie siècle : irénisme ou violence ? : l’exemple de Bossuet », dans Concordia discors, dir. Benoit Bolduc et Henriette Goldwyn, Tübingen, Günter Narr, vol. 2, 2010, p. 55-63.
2 Louis François de Bausset, Histoire de Bossuet, évêque de Meaux, Versailles, J.-A. Lebel, 1821, t. ii, p. 347-361. Dans son journal, Ledieu consacre un passage aux ministres convertis, comptant alors Papin et Saurin (voir François Ledieu, Mémoires et journal sur la vie et les ouvrages de Bossuet, Paris, Didier, 1856, t. i, p. 199-200).
3 Est exclu de cette liste Louis Anabia, personnage au destin trouble. C’est à la même série de noms que renvoie Georges Minois dans son chapitre « Bossuet le convertisseur », dans Bossuet. Entre Dieu et le soleil, Paris, Perrin, 2003, p. 566-569.
4 Non du fait de cette place, mais parce que je lui ai consacré ma thèse de doctorat : Isaac Papin (1657-1709). Itinéraire d’un humaniste réformé, de l’École de Saumur au jansénisme, thèse d’histoire moderne sous la direction de Didier Boisson, Université d’Angers, 2015, 3 vol.
5 Pour la biographie de Desmahis, je me permets de renvoyer à mon article « Du pasteur huguenot au chanoine janséniste : trajectoire confessionnelle de Marin Groteste Desmahis (1649-1694) », Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l’Orléanais, vol. 174, 2015, p. 23-47.
6 J’ai abordé la trajectoire croisée des deux pasteurs convertis dans cet article : « Du calvinisme au jansénisme : des convertis du Grand Siècle », dans La Conversion. Textes et réalités, dir. Didier Boisson et Élisabeth Mathieu, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2014, p. 191-202.
7 Roger Zuber, « Papiers de jeunesse d’Isaac Papin », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, vol. 120, 1974/1, p. 107-143.
8 T. Guillemin, « Un novateur parmi les orthodoxes : Isaac Papin à Saumur (1683) », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, vol. 155, 2009/3, p. 605-624. Sur Pajon, voir Albert Gootjes, Claude Pajon (1626-1685) and the Academy of Saumur. The First Controversy over Grace, Leiden, Brill, 2013, 245 p.
9 Ce choix résulte de l’impossibilité d’être ordonné dans une Église du Refuge continental pour le premier disciple de Pajon, dont les théories sont condamnées par le synode de Rotterdam en avril 1686. Sur cet épisode, voir Hans Bots, « Le sort des huguenots à travers les résolutions et les actes synodaux », dans Refuge et Désert. L’évolution théologique des huguenots de la Révocation à la Révolution française, dir. Hubert Bost et Claude Lauriol, Paris, Champion, 2003, p. 25.
10 Micheline Cuénin, Un familier de Louis XIV Le Cardinal de Coislin. Grand Aumônier de France Évêque d’Orléans, s.l.n.d., 2008, p. 49 ; et T. Guillemin, « Du pasteur huguenot au chanoine janséniste […] », art. cité, p. 29.
11 Marie-José Michel, Jansénisme et Paris, Paris, Klincksiek, 2000, p. 390-391.
12 T. Guillemin, « Du pasteur huguenot au chanoine janséniste […] », art. cité, p. 34-35.
13 M. Groteste Desmahis, Deux lettres de Mr Des Mahis, cy-devant ministre de la R. P. R. à Orléans, la Ie sur le schisme des protestans ; la IIe sur la présence réelle du corps de Jésus-Christ dans l’Eucharistie ; avec l’Entretien d’un catholique et d’un calviniste sur le sujet des reliques, Orléans, J. Boyer, 1685, 3 part. en 1 vol.
14 Ce troisième texte s’inscrit tout à la fois dans le contexte général de la controverse interconfessionnelle et celui spécifique de l’Orléans des années 1683-1684 : voir Andrew Spicer, « L’entretien d’un Catholique et d’un Protestant Calviniste (1684). Les Huguenots et les reliques dans l’Orléans moderne », Revue d’Histoire du Protestantisme, vol. I, 2016/3, p. 345-360.
15 Claire Cazanave, Le Dialogue à l’âge classique. Études de la littérature dialogique en France au xviie siècle, Paris, Champion, 2007, p. 446-447.
16 Jean-Louis Quantin, « Bossuet et les protestants », dans Bossuet, Paris, Presses Universitaires de Paris Sorbonne, 2008, p. 90-94.
17 M. Groteste Desmahis, Lettre à une personne de la religion prétendue réformée sur le schisme des protestans, dans Deux lettres de Mr Des Mahis […], op. cit., p. 8-11.
18 Ibid., p. 11-15, citations p. 12.
19 Ibid., p. 15-17.
20 Ibid., p. 17-19.
21 Ibid., p. 24-28. À cette période, la généalogie vaudoise de la Réforme protestante est reconnue comme valide (voir sur ce point les travaux d’Yves Krumenacker : « La généalogie imaginaire de la Réforme protestante », Revue historique, CCCVIII, 2006/2, p. 259-289 ; « Des vaudois aux huguenots : une histoire de la Réformation », dans L’Identité huguenote. Faire mémoire et écrire l’histoire (xvie-xxie siècle), dir. Philip Benedict, Hugues Daussy, Pierre-Olivier Léchot, Genève, Droz, 2014, p. 127-144 ; Y. Krumenacker et Wang Wenjing, « Cathares, vaudois, hussites, ancêtres de la Réforme ? », Chrétiens et Société xvie-xxie siècles, 23 (2016) : « Les anniversaires de la Réforme », p. 133-162.
22 Ibid., p. 27 sq.
23 Ibid., p. 40 sq.
24 Ibid., p. 63-88.
25 Desmahis poursuivit cette approche avec son traité, édité de manière posthume par Pasquier Quesnel, La Vérité de la religion catholique prouvée par l’Écriture Sainte, Paris, A. Leguerrier, 2 vol., 1696. L’ouvrage connut un certain succès au début du xviiie siècle avec plusieurs rééditions et traductions.
26 M. Groteste Desmahis, Lettre à une personne de la religion prétendue réformée ou la présence réelle du corps de Jesus-Christ dans l’Eucharistie est prouvée par l’Écriture Sainte, dans Deux Lettres […], op. cit., p. 5.
27 J.-R. Armogathe, « Bossuet et l’érudition protestante […] », art. cité, p. 266.
28 M. Groteste Desmahis, Lettre à une personne de la religion prétendue réformée ou la présence réelle […], op. cit., p. 25 et 76, en marge, abrégé en « Grot. ».
29 J.-R. Armogathe, « Bossuet et l’érudition protestante […] », art. cité, p. 265.
30 Fabrice Preyat, Le Petit Concile de Bossuet et la christianisation des mœurs et des pratiques littéraires sous Louis XIV, Münster, LIT Verlag, 2007, p. 27, voir aussi notamment p. 252-253.
31 Jacques-Bénigne Bossuet, Correspondance, éd. par Charles Urbain et Eugène Levesque, Paris, Hachette 1910, t. iii, p. 512, n. 8.
32 5 mai 1688, Desmahis à Bossuet, dans Correspondance, op. cit., t. iii, p. 509-514.
33 Signalons cependant qu’il eut en sa possession un ouvrage de Jurieu directement lié au livre recherché par Bossuet : [Pierre Jurieu], Esclaircissement de quelques passages condamnés dans le livre de l’examen de la réunion du christianisme, Sedan, François Chayer, 1671 (Bibliothèque municipale d’Orléans, A3268bis). Sur la bibliothèque de Desmahis, je me permets de renvoyer à mon article à paraître : « La bibliothèque retrouvée de Marin Groteste Desmahis », Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l’Orléanais, 2018.
34 Louis du Moulin, La Tyrannie des préjugez, ou réflexions sur le fragment d’une lettre de Marie Du Moulin, avec plusieurs éclaircissemens sur la puissance ecclésiastique et l’excommunication : pour servir de résponse à M. Jurieu, Londres, s.n., 1678. Desmahis y est évoqué p. 53.
35 Mars 1700, Isaac Papin à François Ledieu, Bibliothèque du Protestantisme Français, ms 759 3, no 128, f. 1r.
36 15 septembre 1689, Yrieix Masgonthier de Laubanie à Jean-Baptiste Antoine Colbert de Seignelay, Service Historique de la Défense (Vincennes), Dépôt de la Guerre, A1 894, pièce 12.
37 Anne Viard-Papin, Histoire de la vie, de la conversion et de la mort de feu Monsieur Papin, dans Isaac Papin, Recueil des ouvrages composés par feu M. Papin, en faveur de la religion, Paris, Vve L. Guérin et H.-L. Guérin, 1723, t. i, p. lxxxxij.
38 Répertoire des nouvelles à la main : dictionnaire de la presse manuscrite clandestine (xvie-xviiie siècle), François Moureau (dir.), Oxford, Voltaire Foundation, 1999, p. 36 et 50. Sur Fouquet, voir Xavier Azéma, Un prélat janséniste, Louis Fouquet évêque et comte d’Agde, Paris, J. Vrin, 1963, 270 p.
39 Nouvelles ecclésiastiques, janvier 1690, Bibliothèque nationale de France, Fonds Français, 23500, f. 37r. Tout indique que sur cet épisode, l’informateur des Nouvelles ecclésiastiques est Desmahis en personne (T. Guillemin, « Du pasteur huguenot au chanoine janséniste […] », art. cité, p. 37).
40 A. Viard-Papin, Histoire de la vie […], op. cit., p. ci-cij.
41 François Ledieu, Mémoires et journal […], op. cit., t. i, p. 200.
42 Didier Boisson, Consciences en liberté ? Itinéraires d’ecclésiastiques convertis au protestantisme (1631-1760), Paris, Champion, 2009, p. 275 et 584.
43 Archives départementales du Loiret, GG 446 : Paroisse Saint-Germain, Baptêmes, mariages, sépultures (1) (1689-1691), 25 février 1690.
44 Archives départementales de Loir-et-Cher, 1 B 661, divers actes dont requête d’Isaac Papin, datée du 21 février 1690, f. 1-2 (publié deux fois de manière partielle dans Adrien Thibault, « Nouvelles notes sur les Protestants blaisois », Mémoires de la Societé Sciences et Lettres du Loir-et-Cher, vol. 16, 1902, p. 265-266, et dans Marie-Thérère Notter, « Documents inédits sur la famille Papin », Mémoires de la Société Sciences et Lettres du Loir-et-Cher, vol. 68, 2013, p. 49-50).
45 Archives Nationales, E 1856, transcrit intégralement dans Louis Belton et Fernand Bournon, La famille Papin, Blois, Imprimerie R. Marchand, 1880 p. 34-36, et partiellement dans J.-B. Bossuet, Correspondance, op. cit., t. iv, p. 34, n. 3.
46 Mars 1700, Isaac Papin à François Ledieu, Bibliothèque du Protestantisme Français, ms 759 3, no 128, f. 1r.
47 Voir Léon-Michel Le Vavasseur, Manuel de liturgie et cérémonial selon le rite romain, Paris, Lecoffre, 1910, vol. ii, p. 180.
48 F. Ledieu, Mémoires et journal […], op. cit., t. i, p. 192.
49 Nouvelles Ecclésiastiques, août 1691, Bibliothèque nationale de France, Fonds Français 23501, f. 84 également f. 93.
50 Bossuet n’est pas le seul évêque à solliciter Desmahis, qui est impliqué lors de cette même cérémonie dans les diocèses d’Orléans en 1683 et 1692, et d’Angers à une date inconnue (voir T. Guillemin, « Du pasteur huguenot au chanoine janséniste […] », art. cité, p. 35).
51 28 juin 1690, Archives départementales de Seine-et-Marne, H 805, pièce 11 ; voir également Ernest Jovy, Études et recherches sur Jacques-Bénigne Bossuet, Évêque de Meaux, Vitry-le-François, P. Tavernier, 1908, p. 214-215.
52 Id.
53 12 août 1691, Papin à Bossuet, dans J.-B. Bossuet, Correspondance, op. cit., t. iv, p. 268-269.
54 Ibid., p. 268, note 3.
55 Ibid., p. 269.
56 Ibid., p. 270-278, avec quelques paragraphes de Papin p. 276-278.
57 Ibid., p. 278.
58 27 juillet 1691, Desmahis à Bossuet, dans J.-B. Bossuet, Correspondance, op. cit., t. iv, p. 259, la recension durant jusqu’à la page 262. Dans la lettre, écrite de Paris, Desmahis indique n’avoir pas pu consulter le Socinianismus confutatus de Hoornbeek (ibid., p. 261). Parmi les ouvrages retrouvés de sa bibliothèque figurent les Miscellanea Sacra, Exercitationes, orationes quaedam du même auteur (Ultrajecti, Johannem Ribbium, 1677, 2 vol. : Bibliothèque municipale d’Orléans, A3100).
59 Cité dans Georges Minois, Bossuet, op. cit., p. 523.
60 Bossuet en possède un exemplaire (voir Catalogue des livres de la bibliothèque de Messieurs Bossuet, Anciens Évêques de Meaux et de Troyes, Paris, Pierre Gandouin-Pierre Piget-Barois, 1742, p. 79).
61 Pierre Jurieu, Lettre Pastorale aux fidèles de Paris, d’Orléans et de Blois sur le scandale arrivé le 15 de janvier 1690 par l’apostasie de M. Papin, qui a renoncé à la religion réformée entre les mains de l’évêque de Meaux dans l’église des pères de l’Oratoire. Où l’on voit les tristes suites de l’esprit de l’indifférence sur les religions, La Haye, A. Troyel, 1690, 16 p.
62 J.-B. Bossuet, Correspondance, op. cit., t. v, p. 187-188.
63 Voir James Drummond, Letters from James Earl of Perth, Lord Chancellor of Scotland etc., to his sister, the Countess of Erroll, and others members of his family, Londres, Camden Society, 1845, p. 19, 49 et 65.
64 Voir J.-B. Bossuet, Correspondance, op. cit., note générale de la lettre 359.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-08785-4
- EAN : 9782406087854
- ISSN : 2494-5102
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08785-4.p.0109
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 11/12/2018
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français