Bossuet vu par Barbey d’Aurevilly
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue Bossuet
2016, n° 7. varia - Auteur : Gallina (Bernard)
- Pages : 119 à 140
- Revue : Revue Bossuet
BOSSUET VU
PAR BARBEY D’AUREVILLY
Barbey évoque à maintes reprises la figure de Bossuet dans ses articles de critique littéraire1 et dans sa correspondance avec Trébutien2, pour ne citer que les œuvres où il le mentionne le plus souvent. Homme attaché à l’Ancien Régime, il éprouve une authentique admiration pour l’un des plus illustres représentants du « Grand Siècle », et surtout il présente maintes affinités avec lui. Tous les deux profondément attachés à leur foi catholique, ils se mettent au service de celle-ci et défient ceux qui ne partagent pas leur credo, s’en éloignent ou le critiquent, avec un tel courage, une telle ardeur, une telle andrèia, qu’ils oublient quelquefois la tempérance, la juste mesure, la sophrosyne. Dans une lettre à Trébutien qui porte la date du 27 février 1856, Barbey lui répète qu’il a reçu le livre que consacre à l’évêque de Meaux A. P. Floquet3. Appelé à en faire le compte rendu dans Le Pays, il émet un jugement très sévère sur cette œuvre :
C’est votre ami que Floquet. C’est un Normand. C’est un catholique. C’est un honnête esprit et cependant son livre…
Je regrette d’avoir à en rendre compte, car la vérité est plus forte que moi. Mon ami, figurez-vous le plus épais morceau d’Érudition, taillé dans l’ennui avec un Eustache, grand comme une hache de charpentier, voilà la chose au plus ressemblant et au plus juste ! Si on pouvait dégoûter d’admirer un grand homme, il en dégoûterait. Il ne regarde pas Bossuet à la face, son regard ne monte pas plus haut que le genou. Et puis la phrase de Bossuet, sans l’esprit de 120Bossuet pour l’emplir ! Or, en matière de forme littéraire, c’est ce qu’on verse dans le vase qui fait la bonté de l’Amphore, autrement on n’a plus qu’une cruche, et la cruche de Floquet est vide ! Quoi ! ce brave homme se nomme Floquet ! Quel anti-nom ! […] Il n’a pas même le flot majestueux de la soutane moirée de ce grand homme qu’il devait nous peindre en pied – comme Philippe de Champagne a peint le cardinal de Richelieu ! Ah ! M. Floquet, M. Floquet, appelez-vous bloquet plutôt, – ou trébuchet, car votre livre en a été un fameux pour moi.
Ce critique ne possède pas aux yeux de Barbey la capacité de faire lever de sa tombe la dépouille mortelle de Bossuet, qu’il considère comme un grand homme. À la sévérité de son jugement sur l’ouvrage de Floquet s’ajoute le persiflage à son égard, avec les variations sur son nom, ou plutôt son « anti-nom ». Dans une lettre qu’il écrit à Trébutien le 6 mars, il mentionne un autre ouvrage sur l’évêque de Meaux, celui du cardinal de Bausset publié en 1814 :
Je patauge en ce moment dans le Floquet, que j’ai tout lu (Oime !) avec le Bausset4 sous les yeux, – deux bœufs du même attelage, lents, graves, laborieux, pesants, mais… Mais vous savez ce qui les fait bœufs ? Il fallait un Taureau intellectuel pour mugir un peu plus loin la gloire de Bossuet, et Floquet et Bausset (quels noms de bœufs !) la beuglent, et piteusement encore ! Mon article doit être à Paris dimanche ou lundi au plus tard. Je n’ai donc pas de temps à perdre… ou à gagner avec vous, mon cher Trébutien.
Il émet un jugement négatif sur leurs ouvrages, affirmant en substance qu’ils ne sont pas à la hauteur de la tâche à laquelle ils se sont attelés en bœufs, bœufs incapables d’atteindre la vigueur d’un Taureau intellectuel (allusion à Bossuet), pour reprendre la métaphore filée et l’effet de paronomase qu’il crée à partir de bos. Quelques lignes plus loin, Barbey émet une série de chefs d’accusation contre Floquet, et, en même temps, attaque durement le gallicanisme, Bossuet et sa Déclaration des quatre articles :
Il faut que je me souvienne que Floquet est votre ami, quand je voudrais qu’il fût Bertrand ! […] Une condamnation en passant par la Ligue, un éloge de 121Henri IV, un éloge des Provinciales, la Liberté de l’Église gallicane5 saluées de loin, l’infaillibilité du Pape mise en suspicion… Voilà des commencements qui promettent pour plus tard, quand il s’agira de la déclaration de 1682. À ce moment-là, mon ami, nous ne demandons pas à Floquet de nous [envoyer] son ou ses volumes, ou alors je vous brouillerais avec lui. Vous vous ne lui aviez donc pas dit que nous étions un Ultramontain enragé ?
À cet authentique portrait-charge il ajoute de nouveaux traits dans une lettre écrite quelques jours après, le 12 mars :
J’ai envoyé hier à Paris mon article sur votre ami Floquet. […] Quelle bonne humeur je me serais permise contre ce niais, affourché, les jambes ballant, le nez en l’air, toujours sur la même phrase qu’il a prises dans les écuries de Bossuet !
Tout en stigmatisant la conduite de Floquet, il n’épargne pas celle de Bossuet en ajoutant plus loin :
Quel incomparable Dadais en attendant qu’il soit… ce que je prévois quand il aura à toucher un [au] crime des quatre articles. Heureusement pour vous et pour moi, mon cher ami, que ces trois gros volumes finissent avant qu’il soit arrivé à la vie compromise de Bossuet. Je ne pourrais dire au Pays toute ma pensée à cause de cette vieille servante d’Archevêque de Paris qui est le plus affreux graillon de toutes les cuisines gallicanes. J’ai donc pu me jeter dans l’érudition dudit Floquet, un ramasseur de rabats sales, et dire qu’elle était étonnante. J’ai coloré d’une tonne d’eau fraîche avec un atome de carmin. Puis j’ai phrasé à côté, j’ai parlé du Bossuet CACHÉ sous le Bossuet OFFICIEL.
Il considère comme un crime la Déclaration des quatre articles, la charte du gallicanisme, rédigée par le précepteur du dauphin en 1682. Crime, Crimen, comportement interdit par la morale, manquement à la loi qui sont à l’origine de ce que Barbey appelle la vie compromise de Bossuet. Il regrette de devoir châtier sa pensée, à cause de l’influence que peut exercer l’Archevêque de Paris sur Le Pays auquel, rappelons-le, il collabore – ce qui ne l’empêche pas en aparté d’accabler ce prélat d’injures atroces et dignes d’un cocher de fiacre, pour reprendre un passage de Stendhal6. Il ne mâche pas ses mots à l’encontre de Floquet, dont il 122reconnaît cependant une fois encore l’érudition. Barbey prend la décision de faire disparaître le vieux crépi gallican qui couvre, ternit l’image de Bossuet pour lui donner des couleurs nouvelles ; de mettre en relief non le chef de l’Église de France sous Louis XIV mais l’homme, le croyant, le théologien, le philosophe, l’écrivain. Dans le compte-rendu qui paraît dans Le Pays du 1er avril 1856 dont le titre est A. P. Floquet, il condamne tout d’abord sans rémission l’ouvrage de Bausset :
Écrasé par le sujet auquel il avait osé mettre la main, l’historien [il s’agit de Bausset] n’en avait pas moins écrit son nom à la suite du nom de Bossuet, et les rayons du nom flamboyant se projetaient sur le nom fait pour rester obscur. Mais, pour qui savait voir, ils en éclairaient mieux le néant. Pour qui savait lire, il était évident que c’était là une histoire à refaire, et que ce livre de Bausset n’était pas un monument qui pût effrayer ou désespérer personne7.
Ensuite il rend hommage à Floquet : celui-ci rentre en grâce, trouve grâce à ses yeux. Comment expliquer ce brusque revirement ? Par la dichotomie entre l’ouvrage de Bausset et celui de Floquet, qu’il juge nettement supérieur à celui de son prédécesseur ? Toujours est-il qu’il y relève des aspects qui ne se limitent pas à un « épais morceau d’Érudition, taillé dans l’ennui », comme il l’affirme dans sa correspondance avec Trébutien (lettre du 29 février 1856), mais qui assument des valeurs positives :
Un écrivain qui a voué à Bossuet un culte véritable et qui, pour mieux vivre tête à tête avec lui, s’est retiré intellectuellement de son siècle et n’a plus 123habité que celui de cet imposant génie, Floquet, a entrepris de nous donner un livre nouveau sur Bossuet, et, quoique sa modestie le cache avec un goût parfait sous ce nom respectueux d’Études, ce livre, d’une érudition vaste et détaillée, n’en est pas moins une biographie.
Barbey salue cette biographie qui ne se penche que sur la première partie de la vie de Bossuet, environ un tiers de celle-ci, avec une attention privilégiée pour la période 1652-1669. Avec une focalisation caractérisée par un angle original, « oublié8 », Floquet nous fait entrevoir « un Bossuet inattendu et touchant9 ». Il montre que sous le Bossuet de l’Histoire faisant entendre sa voix sous les plafonds de Versailles, rugissant comme une bête féroce, devenant « le lion de son époque10 », émerge un homme d’une grande sensibilité, d’une profonde tendresse ; il décèle l’influence de la vie intime, cachée sur l’âme, la destinée de ce prélat. Parlant de sa foi, il affirme qu’il rencontre dès ses plus jeunes années, la voie qui le conduit vers le Tout-Puissant : « Famille, vocation, facultés, mouvement naturel à son âme, tout était d’accord et le poussait du même côté, – du côté de Dieu11 ». Élu de Dieu, doué de facultés prodigieuses, il se tourne vers l’approfondissement des sciences sacrées, part à la recherche de la Vérité éternelle. Loin de se confiner dans un cloître, d’opter pour une vie solitaire, il choisit de faire connaître la voix du Très-Haut : « Apôtre futur de Celui qui à douze ans enseignait dans le temple, il jaillit docteur par la force seule de son génie, à l’âge où les autres jeunes gens ne sont que des bégayeurs des sciences apprises, mais non pénétrées12 ». Il faut ajouter qu’à la lecture de Floquet Barbey phrase à côté, pour reprendre l’expression qu’il emploie dans sa lettre à Trébutien du 12 mars 1856. Il établit une série de parallèles entre Fénelon et Bossuet, Bossuet et de grands auteurs du xixe siècle. Il s’arrête un instant sur Chateaubriand avant d’invoquer Sainte-Beuve et d’adopter le jugement qu’émet Lacordaire sur l’évêque de Meaux. Contestant l’opinion selon laquelle les dons de Bossuet ne résident que dans la grandeur, l’élévation, la véhémence, il affirme qu’il fait preuve d’une grande tendresse, comparable à celle de Fénelon qui lui est souvent opposé13. Il avance que le bonheur de Bossuet 124réside dans son cœur, dans sa grande sensibilité, tandis que celui de Goethe tient surtout à son insensibilité14. S’interrogeant sur la source de la mélancolie, « la profondeur de rêverie » que relève Chateaubriand chez Bossuet sans parvenir à se l’expliquer15, et qui suscite également l’intérêt de Floquet, ce dernier la décèle dans les longues heures que passe le futur évêque dans l’église de Metz :
ce Bossuet ponctuel comme le Devoir et comme l’Humilité, qui arrivait, quarantième manteau noir, pour l’office de la nuit, pendant dix-sept ans, à sa place accoutumée dans le chœur de l’église assombrie, a beaucoup frappé Floquet, qui n’est pas un rêveur, mais un esprit solide. Aussi se demande-t-il, en vrai psychologue et en observateur profond, ce que dut gagner l’esprit de Bossuet dans ces longues heures passées au chœur, dans les loisirs vigilants de la Contemplation et de la Prière ; et il se répond comme se répondrait Sainte-Beuve, le grand critique des influences, qu’il y apprenait la mélancolie16.
Il embrasse le point de vue de Lacordaire sur l’évêque de Meaux :
Enfin, il se faisait lentement ce Bossuet dont un moine de ces derniers temps a pu dire, pour montrer qu’il y avait aussi bien en lui la douceur résignée, le sentiment de l’immolation, – toute la mélancolie chrétienne qu’on lui refuse, – que la force qu’on ne lui nie pas : « Il avait la main droite sur le lion de Juda, et la gauche sur l’agneau immolé avant tous les siècles. » Mot le plus plein et le plus résumant qui ait été dit sur Bossuet17 !
Barbey relève enfin que Floquet est tellement imprégné de son sujet qu’il finit par subir, accuser l’influence de celui qu’il considère également comme un maître à écrire :
Au point où il mène son histoire, Bossuet n’est encore qu’un grand sermonnaire, un grand controversiste, un prêtre de génie, mais un prêtre. Ce sont les œuvres et les travaux du prêtre qu’il fallait dire, et Floquet les a dits avec 125une phrase forgée un peu trop peut-être sur la phrase de Bossuet ; car l’amour aime la dépendance18.
En substance, il lui reproche d’avoir adopté la langue du Bossuet de Versailles, et non celle de Metz plus adaptée à son sujet ; mais il finit par lui pardonner cette erreur.
Ce compte-rendu est le seul que consacre Barbey à un ouvrage sur l’évêque de Meaux. Barbey ne cessera cependant d’évoquer la figure de celui-ci dans ses articles de critique littéraire, saisissant chaque fois l’occasion qui se présente pour évoquer la figure de celui qu’il considère comme l’un des hommes principaux du xviie siècle avec Louis XIV et Condé19. À partir d’un article sur Joseph de Maistre, il effectue de nouvelles variations sur la personnalité de Bossuet. Il affirme que ces deux hommes présentent une caractéristique communes : la foi profonde en une unité supérieure, qui est la source de leur pensée, le foyer de leur rayonnement :
Pour moi, je crois bien qu’il n’y a qu’une seule loi qui gouverne ces esprits de premier ordre qu’on appelle des hommes de génie, – et celle loi, évidente dans l’œuf du génie de Joseph de Maistre aussi bien que dans l’œuf du génie de Bossuet, par exemple, n’est peut-être que l’apparition instantanée d’une seule idée qui va se préciser et faire l’unité et la puissance de leur vie intellectuelle, à ces esprits étonnants qui ne changent pas, mais se développent, mobiles dans l’immobilité comme Dieu, dont ils sont bien plus près que nous20 !
Nous reviendrons sur le parallèle entre Bossuet et Joseph de Maistre. Relevons pour l’instant que Barbey met en évidence une constante chez Bossuet, sa fidélité à la foi catholique, sa grandeur extraordinaire qui ressuscite le souvenir des prophètes :
Ce n’est pas un homme, c’est un miracle. Il s’est couché sur les Prophètes morts, comme Samuel sur la femme qu’il rappela à la vie, et ces grands morts ressuscitèrent dans son génie. Bossuet, qui composait ses sermons à genoux comme saint Charles Borromée, n’est pas un orateur humain, c’est un inspiré21.
126Il affirme que l’évêque de Meaux présente lui aussi, à l’instar de sainte Thérèse, de Fénelon, du curé d’Ars, « cet air de prophète qui ne vient aux plus grands qu’à force de regarder Dieu22 » ; qu’il ne cesse de « se rallumer à la flamme divine des Écritures23 », la Bible constituant le fond de son génie24.
Barbey affirme que Bossuet condamne sans pitié ceux qui nient le Dieu de la Bible, comme l’historien italien Ferrari25 ou bien qui s’éloignent de lui, comme les déistes. Il cite à plusieurs reprises la phrase de l’évêque de Meaux : « le déisme n’est qu’un athéisme déguisé26 » ; et surtout il s’appuie sur son autorité pour prendre pour cible ceux qui professent cette croyance qu’il considère comme des « Esprits sans hardiesse qui s’arrêtent, d’horreur et et de lâcheté, dans le déisme, comme déjà Bossuet le leur reprochait dans son temps27 ».
Il s’étend sur le combat qu’a conduit l’évêque de Meaux contre la Réforme :
Bossuet, dans ses admirables Variations, armé du glaive de saint Paul, avait scindé l’affreux dragon dans toutes les articulations de son être. […] Bossuet a fait voir dans Luther le grand hérésiarque, le descendant de tous les hérésiarques, ses précurseurs, Cerinthe, Pélage, Arnaud de Brescia, Bérenger, Abailard, Pierre de Vaud, Jean Huss, Wickleff [sic], les dépassant tous et montant jusqu’à la taille d’Arius28 !
Il évoque également la polémique qui a opposé Bossuet et le calviniste Jurieu, saisissant cette occasion pour faire une rapide allusion aux problèmes que soulève l’indépendance absolue de la conscience individuelle, la ligne imperceptible entre le protestantisme et la philosophie29.
Après s’être penché sur la théologie de l’évêque de Meaux, Barbey concentre son attention sur sa philosophie. Il y relève tout d’abord l’influence cartésienne :
127Descartes est, en effet, une puissance qui règne toujours. Génie au bras long, il embrassa tout en France, de Malebranche et de Bossuet à Cousin, et il a ramassé dans le vaste cercle de son axiome toute l’Europe pensante, depuis Berkeley et Spinosa jusqu’à Kant, Fichte et Hégel [sic]30.
Dans son analyse de l’ouvrage de l’abbé Gratry, De la Connaissance de Dieu, Barbey affirme qu’il partage avec ce dernier son admiration pour la théodicée de Bossuet, pour sa capacité de prouver l’existence de Dieu par la raison31. Celle-ci le cède à la foi, s’y soumet : le critique souligne l’originalité de l’évêque de Meaux dans le domaine de la philosophie de l’histoire, la primauté qu’il accorde au mysticisme sur la raison, l’audace dont il fait preuve dans son Discours sur l’histoire universelle32. Partant du principe que pour les chrétiens aucun mouvement de civilisation n’a dépassé le christianisme, qui constitue « une révélation religieuse, primitive, écrite, inébranlable dans ces textes33 », Barbey avance que Bossuet ne peut que nier la foi dans le progrès, dans « la perfectibilité indéfinie et cette ascension chimérique de l’humanité on ne sait vers quoi34… », qu’il établit un bastion en mesure de résister aux attaques des rationalistes modernes, notamment à celles de Voltaire et de Hegel, et ce pour ne pas citer Condorcet ; constituant un point de référence pour des penseurs tels que Roselly de Lorges qui n’hésitent pas devant
l’introduction vaillante du mysticisme chrétien dans l’histoire, en vue d’expliquer des faits trop grands pour être naturels. Avec les tendances du xixe siècle et le despotisme tracassier de la raison, ceci est une audace, et cette audace, on ne l’avait pas vue se produire un seule fois, depuis cette tentative d’invasion sacerdotale, le Discours sur l’histoire universelle de Bossuet35.
128Barbey s’interroge sur les rapports entre la foi et la politique chez l’évêque de Meaux ; il voit chez lui un lien direct entre la Bible et la recherche du bien public. Dans le compte rendu des Progrès de la Philosophie de Beauverger, il tonne contre ce dernier :
Qu’il prenne, s’il le veut, Fénelon, l’auteur du Télémaque et le précepteur du duc de Bourgogne, mais qu’il ne mette la main ni sur Suarez, ni sur Bellarmin, ni sur Bossuet lui-même, car Bossuet, comme saint Augustin, n’a pas cessé d’être un évêque, et sa politique n’est point tirée de l’ordre philosophique, mais de l’Écriture Sainte. De pareils hommes ne peuvent s’atteler, ni de gré ni de force, au joug d’un système qui regarde comme progrès l’esprit politique du dix-huitième siècle, et qui le glorifie dans le Quinze-Vingt de sa propre pensée, laissé par le dédain de Bonaparte, accroupi dans les ténèbres de sa constitution impossible, – l’abbé Sieyès36.
Barbey imagine deux grands prédicateurs du « Grand Siècle » appelés à donner leurs opinions sur la situation du Second Empire à la fin des années cinquante :
Bourdaloue et Bossuet, ressuscités parmi nous, seraient donc tenus de jeter sur le temps, – sur le détail des questions de temps, – ce regard pénétrant qui n’a jamais manqué au prêtre, si naturellement pratique. Ils n’enseigneraient plus seulement une Royauté entre toutes ; l’Individu Royal, pour ainsi dire, mais ils referaient les notions défaites, et leurs sermons, comme ceux du père Ventura, s’appelleraient le pouvoir chrétien. Le pouvoir, voilà l’Ucalégon qui brûle ; le pouvoir chrétien, c’est le pouvoir éteint et sauvé ! Bourdaloue et Bossuet, au dix-neuvième siècle, auraient compris, ces grands hommes, quelle initiative est maintenant de rigueur pour ceux-là qui tiennent l’anneau de Salomon dans leur main37.
S’il valorise le rôle des hommes d’Église dans la vie de leur temps, Barbey admet que Bossuet doit se plier à la toute-puissance de Louis XIV, et même renoncer à évoquer certains éléments de ce règne, à devenir le peintre des mœurs de ce monde à part que fut la cour de Versailles :
Ce n’est pas La Bruyère, qui a buriné son temps avec un burin d’or, mais sur du verre ; ce n’est pas Bossuet, l’homme des catafalques, l’évêque qui n’aurait jamais été saint Ambroise devant Théodose, Bossuet, le prédicateur 129de la prise de voile de La Vallière, le plus sublime des prédicateurs, mais des prédicateurs de cour, qui pouvaient nous donner une idée de cette cour, dont ils touchaient en tremblant les mœurs38.
Cette situation de soumission explique-t-elle, voire justifie-t-elle l’attitude de Bossuet aux yeux de Barbey ? L’on sait qu’au moment de l’affaire de la Régale où s’affrontent le pape et le roi au sujet des bénéfices ecclésiastiques, Bossuet rédige tout d’abord le discours sur l’Unité de l’Église où il affirme la primauté disciplinaire et doctrinale du pape et, en même temps, proclame ce qu’on appelle alors « les libertés de l’Église gallicane » ; et ensuite qu’il écrit – en grande partie – la Déclaration des quatre articles, qui restreint le pouvoir du pape en affirmant qu’il est purement spirituel, limité par les conciles généraux, et que les monarques ne peuvent donc pas lui être soumis. Cela ressuscite le souvenir de précédents tels que les Dictatus papae et surtout tels que la « Querelle des investitures » qui, à la fin du xie siècle, met aux prises le pape Grégoire VII et l’empereur Henri IV : le Souverain Pontife affirme alors que toute la chrétienté ecclésiastique aussi bien que laïque est soumise à son autorité, et que la prérogative de donner l’investiture aux évêques lui revient. En ce qui concerne la France, il faut signaler que Louis IX revendique lui-même l’indépendance du roi de France dans ses rapports avec le Saint-Siège lors de son conflit avec l’évêque de Beauvais en 1234 ; qu’en 1438 le clergé de France, réuni à Bourges, adopte le décret Sacrosancta qui établit la suprématie du concile sur le pape, affirme que le roi de France ne sera soumis à aucune autorité supérieure, peut nommer les personnes de son choix à tous les bénéfices, devient pratiquement le maître de l’Église de France ; c’est ce qu’on nomme habituellement « la Pragmatique Sanction de Bourges ». Or la figure de Grégoire VII est l’objet de maintes réflexions chez Bossuet : celui-ci, notamment dans sa Défense de la déclaration du clergé de France touchant la puissance ecclésiastique, lance maintes attaques contre ce Souverain Pontife qui proclame la prééminence des papes sur les monarques, la subordination de l’ordre laïque à l’ordre sacerdotal. Les critiques qu’émet l’évêque de Meaux déchaînent de violentes ripostes de la part de Barbey dans l’article qu’il consacre aux ouvrages sur « le moine Hildebrand », en particulier sur celui de Voigt qui vient de paraître :
130[…] Mais l’étoile de Grégoire VII a subi l’outrage de bien des nuées, et des nuées soufflées par des bouches qui auraient dû les dissiper et qui les apportèrent, comme, par exemple, pour n’en citer qu’une, la plus puissante et la plus coupable, la bouche auguste de Bossuet39 !
Barbey redouble ses contre-attaques en affirmant que l’évêque de Meaux contribue lui aussi, à l’instar de Bayle, de Voltaire, et même de certains prêtres, à « diminuer le grand homme absolu qui fut Grégoire VII40 ». Et il finit par lancer une authentique philippique contre lui :
Et comme si ce n’était pas assez encore, parmi ces prêtres, il y eut un évêque qui, à lui tout seul, fit plus contre Grégoire et sa renommée que tous les autres réunis, depuis Henri IV, qui l’accusa de sorcellerie, jusqu’à Voltaire ; et cet évêque, qui ne s’éleva pas contre Grégoire, mais qui se baissa jusqu’à la frange de son manteau pontifical pour la ternir, ce fut Bossuet ! Coûte que coûte, il faut bien le dire ! Ce fut Bossuet. Les autres, avant ou depuis Bossuet, n’auraient pas compté. […] Mais Bossuet, c’était une autre affaire ! Bossuet, qui avait reçu son génie pour d’autres besognes, fit celle-là de diminuer et de déshonorer un Pape impeccable. Avec une mesure, une modération et une prudence trop admirables pour ne cacher des lâchetés ; et cette diminution et ce déshonneur, accomplis par l’aigle de Meaux avec un art vulpin que ne connaissent pas les aigles, s’établirent dans l’Histoire et dans la tête des hommes sur le fondement du nom de Bossuet, qui leur fit une assise formidable. Dans ce monde où presque toutes les fascinations sont coupables, celle du génie de Bossuet pouvait être éternelle41.
Malgré l’admiration qu’il garde à son égard en le qualifiant encore de génie, Barbey juge Bossuet coupable dans son attitude à l’égard de Grégoire VII42. Et il répète ce jugement à propos de sa position sur la Pragmatique sanction :
Ils sont même allés, pour prouver qu’en Saint Louis le Roi foulait aux pieds quelque fois le Saint, jusqu’à inventer cette fameuse Pragmatique si longtemps invoquée, qui fit, jusque de Bossuet, une dupe si coupable, et dont une Critique plus avisée et plus savante a démontré récemment la fausseté43.
131Il condamne celui qu’il nomme le « grand évêque anglican44 ». Il critique à plusieurs reprises ses analyses historiques. Il lui reproche d’entériner une rumeur infondée relative au règne de Louis XI : « Bossuet y compromit son grand nom. Il avala cette hideuse histoire comme une hostie45 ». Il le blâme pour ne pas avoir compris la personnalité complexe de Cromwell, tout en l’appelant « ce Maître en Histoire46 ».
Il partage cependant son admiration pour l’un des plus célèbres maréchaux de son temps : « Bossuet, sous sa soutane violette, était un homme de guerre, et c’est pour cela qu’il a parlé si magnifiquement du grand Condé47 ». Il met en relief sa réflexion sur l’histoire de Rome, et la situe dans la lignée de l’évêque d’Hippone :
L’histoire n’est qu’un échiquier, dont les pions sont les faits, mais le pion de Dieu, c’est le joueur, le joueur qui a cent manières de gagner et de perdre la partie, cent manières de recommencer. Aujourd’hui nous avons les idées sur Rome de M. Amédée Thierry, qui en a eu l’initiative, après saint Augustin et Bossuet cependant48.
Barbey évoque la figure de l’évêque Grégoire de Tours pour montrer la grandeur de l’évêque de Meaux : le premier eut « l’idée d’une histoire universelle, qu’il ne réalise pas, il est vrai, comme Bossuet49 ». C’est avec un grand enthousiasme qu’il salue l’œuvre qu’écrit le précepteur du dauphin en 1681 ; sa « force majestueuse », pour adopter l’expression de Voltaire50 :
Ainsi, quand Bossuet nous fait, à coups si rapides, son Discours sur l’histoire universelle, c’est sa marque surtout à lui, c’est le trou de boulet fait par sa puissante tête qu’il laisse dans l’histoire, beaucoup plus qu’une histoire dans la rigueur et la responsabilité du mot qu’il écrit51.
132Barbey décèle un fond de lyrisme chez l’évêque de Meaux ; à propos du compte rendu sur l’histoire des Pyrénées qu’écrit Cénac-Moncaut, il avance que cet ouvrage « nous a paru avoir la profondeur et la mâle mélancolie de Bossuet lui-même, quand Bossuet est seulement historien52 ».
Barbey salue la grandeur de Bossuet écrivain, voit en lui un maître dans ce qu’il nomme « l’art d’écrire53 », à la fois biblique et homérique54. Il n’hésite pas devant les parallèles les plus prestigieux, le comparant à Homère55, ou montrant ses affinités avec Dante56. Il décèle chez lui l’influence de la « petite méthode » de saint Vincent de Paul : ce dernier constitue pour son jeune confrère à la fois un maître à penser et un maître à écrire :
[L’abbé Maynard] Il a cité beaucoup de lettres et une grande quantité de discours de saint Vincent de Paul à la compagnie de Saint-Lazare ou à ses missionnaires, dans cette éloquence sans modèle dont Bossuet surpris admirait la familiarité spirituelle, et que saint François de Sales lui-même n’avait pas. Langue sans nom d’humanité volontaire, que Vincent, ce grand artiste en abaissements, s’était faite57.
À son tour, l’évêque de Meaux constitue une autorité à la fois scripturaire et scripturale pour Barbey qui affirme :
Nous qui savons combien, en toutes choses, la tradition doit être obéie, n’est-ce pas le cas de nous rappeler le mot de Bossuet : « Hier on croyait ainsi, et aujourd’hui on doit croire de même58 ».
Appelé à écrire le compte rendu des Moines d’Occident de Montalembert, il garantit ceci :
Si un mot étincelant ou pénétrant caractérise avec éclat et profondeur une institution ou un homme, c’est que ce mot est de Bossuet, de Bossuet, qui fait rentrer du coup dans l’ombre toute la page où il est cité59 !
133Rien d’étonnant, donc, s’il émaille ses réflexions de maintes citations de Bossuet. Nous renonçons à en dresser l’inventaire, nous bornant à citer celles qui ont frappé le plus l’esprit de Barbey. À commencer par ce qu’il nomme un mot sublime, « Le Christ aux bras étroits60 ». En constatant le retour de certaines images, telles que celle de la mort « qui offusque tout de son ombre61 ». En relevant la force de certaines formules, comme : « Le repentir est plus beau que l’innocence62 », ou bien : « Il n’y a que Dieu qui fasse de la lumière pour les aveugles, avec de la boue et du crachat63 ! ».
En conclusion, Barbey considère Bossuet comme un génie, reconnaissant en lui la plus haute expression de la littérature de l’époque classique et l’élevant au rang des plus grands prophètes ; il écrit un jour : « Bossuet, reconnu sans conteste pour le plus grand écrivain et le plus grand orateur du grand siècle, Bossuet, l’Ézéchiel ou l’Isaïe de l’histoire64 ». Et il fait sienne l’expression qu’adopte Nisard à propos de l’évêque de Meaux : « Jamais regard plus hardi et plus ferme ne s’est abaissé devant l’invisible65 ». Il voit en lui l’unité, une remarquable unité, du croyant, de l’écrivain, de l’homme. Et pourtant sous cet aspect monolithique il relève des fissures. C’est tout d’abord son attitude à l’égard de Grégoire VII, et plus en général de la papauté : comme nous l’avons vu, l’évêque de Meaux met en discussion la thèse que toute la chrétienté ecclésiastique, aussi bien que laïque, doit se soumettre à la magistrature du Souverain Pontife, affirmant les libertés de l’Église de France en 1682 et rédigeant la même année les Quatre articles, les libertés de l’Église gallicane, qui auront une énorme influence sur l’histoire de l’Église de l’Hexagone. Barbey ne se limite pas à condamner le gallicanisme de Bossuet, il critique son cartésianisme qui, affirme-t-il en substance, introduisit dans la pensée philosophique ce que Luther avait introduit dans la pensée religieuse, juxtaposant le protestantisme philosophique et l’orthodoxie, la résistance et l’obéissance, l’individualisme et l’esprit de communion, d’unité :
134Le Cartésianisme a été accepté tranquillement par les esprits de la plus haute orthodoxie, comme Bossuet par exemple, l’illustre auteur des Variations, le foudroyant adversaire de Jurieu ! En vérité, pour expliquer de telles anomalies, j’imagine que s’accomplissait dans ces grands esprits (et à leur insu, lamentables ténèbres) cette séparation de l’Église et de l’État, qui est devenu le droit public du xixe siècle66.
Rien d’étonnant donc s’il ne le range pas parmi ceux qu’il nomme les « voyants », les « Prophètes du Passé », où figurent Joseph de Maistre, Louis de Bonald, François-René de Chateaubriand et Félicité de Lamennais. Aux yeux de Barbey, Bossuet apparaît comme un homme dont l’unité du croyant, de l’écrivain, de l’homme coexiste avec l’esprit d’examen, le respect de l’Autorité avec l’exigence de Liberté, un homme pour qui il éprouve une profonde admiration – et pourtant qu’il n’hésite pas à critiquer, alternant à son égard l’éloge et le réquisitoire. Il ne faut donc pas s’étonner s’il lui préfère Joseph de Maistre ; dans un article qu’il consacre à ce dernier, il affirme :
L’unité, en effet, c’est tout Joseph de Maistre ! […] Pour lui, la vérité du catholicisme fut surtout d’être la religion de l’unité. Il n’a pas fait, lui, de sermon sur l’unité67, mais il lui est resté plus fidèle que celui qui en prononça un. Et voilà pourquoi il l’emporte (à mes yeux du moins) sur Bossuet même ; car le génie, c’est ce qui ne change pas, mais se tient immuablement – stat – dans l’ordre de la vérité68.
Marie-Françoise Melmoux-Montaubin affirme que Barbey énonce son exigence de vérité, la subordonne à la croix, à la balance et au glaive, entretenant un rapport polémique avec les idées de son temps69. Faisant allusion à la formule de Bossuet, « Le déisme n’est qu’un athéisme déguisé », Barbey entreprend un long développement sur l’opposition entre le catholicisme et le déisme, affirmant à propos des adeptes de cette nouvelle croyance :
En effet, depuis que le symbole de nos pères a cessé d’être pour la majorité d’entre nous le vraie et l’unique symbole, et que la Foi, comme un flambeau 135renversé, s’est éteinte dans la poussière des traditions abandonnées, il s’est élevé une nombreuse race d’hommes qui se disent religieux pourtant, et qui ont remplacé les formes nettes et les dogmes arrêtés du catholicisme par les aspirations maladives d’une vague religiosité. Esprits sans hardiesse, moitié d’athées qui s’arrêtent, d’horreur ou de lâcheté, dans le déisme, comme déjà Bossuet le leur reprochait dans son temps, ils s’imaginent que la lettre d’une loi religieuse, cette lettre qui prescrit et qui fonde, est un voile destiné à tomber devant l’esprit, et pour cette raison ils la rejettent. Supérieurs – quelques-uns, du moins – par le sentiment aux tristes et secs théoriciens du rationalisme, ils ne valent pas mieux quant aux idées et lorsqu’on les force à descendre dans le fond des choses70.
En plus du déisme, il vise le rationalisme, l’esprit révolutionnaire, ses principes et ses prodromes qu’il relève dans le protestantisme, qu’il fait à son tour remonter au paradis terrestre et qu’il caractérise et résume en s’inspirant d’un passage de l’évêque de Meaux :
Et le chez soi du comte de Gasparin, c’est le protestantisme. Non pas celui de Luther ou de Calvin ou de personne, ni même l’apostolique du comte de Gasparin, – cette pointillerie, comme aurait dit Bossuet, dans le dédain du bon sens, cette pointillerie à examiner, travail de Pénélope toujours repris par la fantaisie de le reprendre, – mais le protestantisme primitif, éternel, qui date du paradis terrestre, disait Lacordaire et qui naquit le jour où Satan dressa contre Dieu le pourquoi de toutes les révoltes71…
« Car ici, tout se tient », affirme Caroline Sidi72. Barbey ressent parfois une authentique empathie pour Bossuet, s’identifie tellement à lui qu’il puise chez lui des termes comme « pointillerie », mis de surcroît en évidence par l’italique, néologisme dont il puise l’étymon dans un texte de l’évêque de Meaux lui-même73 – le lecteur relève la présence 136de la modalisation impliquée par le conditionnel passé : « aurait dit Bossuet74 » – Barbey met en évidence les combats de ce prélat contre les hérésiarques du xvie siècle, et en même temps le lien de filiation entre Lacordaire et lui. Il faut signaler la répétition du terme « pointillerie », qui apparaît deux fois comme la cible qu’il désigne, le protestantisme – et l’anaphore à laquelle il donne naissance. Et ce pour ne pas parler des allitérations en p : à ces deux termes, il faut ajouter « personne », « Pénélope », « primitif », « paradis », « pourquoi », le signifiant relançant ainsi la signifiance du signifié. Moins décoration, ornement que canon pointé contre l’adversaire, pièce d’artillerie disposée sur un champ de bataille, la citation révèle la personnalité profonde de Barbey. Nous souscrivons à l’opinion de Catherine Mayaux qui affirme ceci :
la culture qu’il maîtrise avec magnificence relève chez lui d’une forme d’innutrition et la littérature lui est assimilée comme le sang qui coule dans ses veines ; aussi semble-t-il peu pertinent de le soupçonner d’une quelconque affectation dans l’usage de la citation75.
Et nous souscrivons également à ce qu’elle ajoute dans la conclusion de son article :
Ce matériau citationnel semble occuper l’esprit autant que la parole du critique à la manière d’une littérature première à l’aune de laquelle se jugent travaux, opinions, textes et auteurs qu’aborde le polémiste76.
Cette authentique artillerie devient une arme redoutable aux mains d’un homme qui hait son siècle, et en particulier l’idéologie progressiste qui le traverse. Lydie Parisse met en relief la vocation de rupture, de dissidence qui se dégage de son œuvre :
Barbey d’Aurevilly est un de ces écrivains catholiques qui, face au matérialisme, opposent un spiritualisme à outrance, à l’idéologie bien-pensante le 137scandale, au rationalisme et au naturalisme le surnaturel et ses prestiges, au progrès technique le passéisme et le retour au primitif, aux connaissances scientifiques le pouvoir occulte77.
Il faut ajouter qu’au gallicanisme dominant dans l’Église de France il oppose un ardent ultramontanisme, se démarquant radicalement sous cet aspect de l’évêque de Meaux dont il ne cesse de dénoncer sa compromission avec le pouvoir temporel sous Louis XIV. Cette dissidence s’accompagne d’une volonté de ressourcement. Gaëlle Guyot relève en substance que Barbey puise son inspiration, son élan intérieur dans les écrits d’individus vivant en retrait, opérant en marge des pouvoirs temporels et spirituels, hors du monde ou contre le monde :
Adossé à « [ces] livres d’une simplicité transparente et brillante à la fois, et qui ressemble[nt] vraiment à de l’eau de source, traversée par le rayon du jour », le parcours critique auquel Barbey, « catholique idolâtre », convoque son lecteur se conçoit alors essentiellement comme un ressourcement, permettant une purification des âmes78.
Citons un exemple. Barbey rejoint Bossuet, partage avec lui, comme nous l’avons vu plus haut, l’admiration pour « la langue sans nom d’humilité volontaire79 », pour les écrits et surtout pour la personnalité de saint Vincent de Paul. Et surtout il ne cesse de se plonger dans la lecture de la Bible, de s’y embraser. Il exalte le Notre père, car il ne « s’adresse pas qu’à Dieu. Il se réfléchit jusque dans le sein des mineurs de la famille, et c’est un un rayon divin qui traverse le diamètre de l’espace et de l’infini80 ! »
Pierre Glaudes81 relève la présence fondamentale de la « folie de la croix » chez Barbey, présence que l’on peut déceler, à notre avis, dans toute son œuvre ; Barbey affiche son catholicisme avec provocation, 138participant de cette apologétique laïque qui s’affirme après la Révolution, s’affranchissant de tout contrôle dogmatique exercé par le clergé, mais reconnaissant, ajoutons-nous, la grandeur de figures ecclésiastiques comme celles de Bossuet.
Bernard Gallina
139Bibliographie
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Voltaire, 1753, Le Siècle de Louis XIV, 3 t., nouvelle édition, augmentée d’un très grand nombre de remarques, par M. de la B…, Francfort, Chez la veuve Knoch et J. G. Elsinger, t. I.
1 Nous renvoyons ici à la publication de l’œuvre critique de Jules Barbey d’Aurevilly, sous la direction de Pierre Glaudes et Catherine Mayaux, qui paraît aux Belles Lettres à partir de 2004. Cet ensemble prend le titre collectif de Les Œuvres et les Hommes.
2 Jules Barbey d’Aurevilly, Correspondance avec Trebutien, 3-4, dans Œuvres complètes, Genève, Slatkine, 1979, vol. 7/4, p. 66.
3 Floquet Amable Pierre, Études sur la vie de Bossuet jusqu’à son entrée en fonctions en qualité de précepteur du Dauphin (1627-1670), Paris, Librairie Firmin Didot frères, 1855. Dans une lettre du samedi 25 février, il lui avait déjà dit qu’il avait reçu ce volume le 23 février.
4 Voir Louis-François de Bausset, Histoire de J.-B. Bossuet, évêque de Meaux, composée sur les manuscrits originaux par M. L.-Fr. De Bausset, Versailles, J.-A. Le Bel, 1814. Il est également l’auteur d’une Histoire de Fénelon (1809) qui obtint un grand succès. Mathieu-Mathurin Tabaraud a publié en 1822 un Supplément aux deux histoires de M. Bausset.
5 S’agit-il de l’ouvrage de P. Pithou, Les Libertés de l’église gallicane (1594) ? C’est probable.
6 Voir Stendhal, L’Enfer de la Faiblesse, t. II, chap. xxxiii, Le Rouge et le Noir, éd. Victor Del Litto et Ernest Emmanuel, Genève, Slatkine Reprints, 1986, p. 358. On ne saurait passer sous silence un précédent qu’évoque Barbey dans sa correspondance. Dans une lettre à Trébutien du 25 août 1853, il lui écrit ceci : « Mon dernier article, qui devait paraître hier, a été refusé parce que j’attaquais trop vivement la Liberté Politique et le Gallicanisme. Oui, mon cher, ce brave La Guéronnière déjeune quelquefois avec l’archevêque de Paris. L’archevêque de Paris est Gallican et il ne faut pas affronter le mécontentement de cet imbécile intrigant, par Cavaignac ! Voilà nos DOCTRINES. » (Jules Barbey d’Aurevilly Correspondance avec Trebutien, dans Œuvres complètes, Genève, Slatkine, vol. 6/1-2, 1979, p. 373).
7 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. Pierre Glaudes et Catherine Mayaux, Paris, Belles Lettres, série iiie, vol. 1, 2013, p. 176. Barbey a-t-il été influencé par son ultramontanisme dans son jugement sur Bausset ? À propos de ce dernier, un critique affirme ceci : « It is said that the Histoire de Bossuet was written as an offset against the partiality which Bausset had shown to Fenelon ; if so, Bausset had a strange way of rehabiliting the subject of his second biography, praising Bossuet’s Gallicanism as Bossuet himself, tormented in his last years by the Defensio cleri gallicani, would not have wished it praise. Brunetière calls Bausset’s Histoire of Bossuet “la plus franchement gallicane de toutes”. » (Joseph Sollier, « Louis-François de Bausset », The Catholic Encyclopedia, New York, Robert Appleton Company, 1907, vol. 2, disponible en ligne, http://www.newadvent.org/cathen/02352c.htm (consulté le 11 septembre 2015).
8 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 182.
9 Ibid., p. 181.
10 Ibid., p. 178.
11 Ibid.
12 Ibid.
13 Voir ibid., p. 179.
14 Voir ibid.
15 Voir François-René de Chateaubriand, « Bossuet orateur », Génie du Christianisme, éd. Pierre Reboul, Paris, Garnier-Flammarion, 1966, Part. IIIe, liv. IVe, chap. iv, 1966, p. 21 : « Mais comment l’évêque de Meaux, sans cesse au milieu des pompes de Versailles, a-t-il connu cette profondeur de rêverie ? C’est qu’il a trouvé dans la religion une solitude ; c’est que son corps était dans le monde, et son esprit au désert »
16 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 182.
17 Ibid. Ce passage est précédé du fragment suivant : « C’est que Bossuet était de la race de ceux en qui l’Évangile n’est diminué ni par le défaut de vues ni par les passions et l’inclémence du cœur. » (Henri-Dominique Lacordaire, Frédéric Ozanam, Paris, A. Bray, 1856, p. 49).
18 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 184. Barbey relève que Nisard décèle des défauts littéraires dans le livre de Floquet sur Bossuet. Voir Études sur la vie de Bossuet, dans Études de critique littéraire, Paris, Michel Lèvy frères, p. 169. Cf. également Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 2, 2009, notes, p. 436.
19 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 2, p. 97.
20 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 70.
21 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 212.
22 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 219.
23 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 2, 2014, p. 502.
24 Voir Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 1268.
25 Voir ibid., p. 454.
26 Voir Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 56 ; série iiie, vol. 2, 2014, p. 374.
27 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 140.
28 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 594.
29 Voir Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 786.
30 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 260. Allusion sans doute au Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même. On constate que Barbey glisse sur la réfutation du Traité de la nature et de la grâce de Malebranche et, plus en général, sur la condamnation du cartésianisme qui apparaît dans l’Oraison funèbre de Marie-Thérèse, et ce pour éviter de mentionner l’anti-spinozisme de l’évêque de Meaux.
31 Voir Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 160 et sq.
32 Voir Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 444 ; ibid., série iiie, vol. 1, 2013, p. 539. Il cite également le cas de Paul Féval, auteur d’un ouvrage ayant pour titre Merveilles du Mont Saint-Michel, où réapparaît la conception de l’histoire universelle et providentielle de Bossuet (voir ibid., série iiie, vol. 1, 2013, p. 541).
33 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 293.
34 Ibid.
35 Ibid., p. 444.
36 Ibid., p. 231.
37 Ibid., p. 255. Allusion probable au sermon que prêche le père Ventura devant l’Empereur en 1857.
38 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 2, 2006, p. 1088.
39 Ibid., p. 1016. Il s’agit de la traduction de l’œuvre de Johannes Voigt, L’Histoire du pape Grégoire VII et de son siècle, dont le premier volume paraît chez A. Vaton en 1854.
40 Ibid., p. 1021.
41 Ibid., p. 1025.
42 Ibid., p. 1038.
43 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 340.
44 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2006, p. 1026.
45 Ibid., p. 940.
46 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 720.
47 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 2, 2009, p. 726. Barbey affirme qu’une empathie réciproque liait ces deux hommes. Dans l’article A. P. Floquet, on relève ces lignes : « [Bossuet] Cet imberbe écolier dans lequel Condé semblait reconnaître quelque chose de son jeune génie à Rocroy, fut, dès les premier pas, le lion de son époque, ainsi que nous disons maintenant, et cette faveur méritée qui s’accrut toujours et qui ne défaillit jamais, le suivit jusque dans sa vieillesse. » (2013, p. 179).
48 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2006, p. 442.
49 Ibid., p. 1129.
50 Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, 3 t., nouvelle édition, augmentée d’un très grand nombre de remarques, par M. de la B…, Francfort, Chez la veuve Knoch et J. G. Elsinger, 1753, t. I., p. 70.
51 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 766.
52 Ibid., p. 799.
53 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 212.
54 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2006, p. 387.
55 Voir Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 2, 2009, p. 235.
56 Voir Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 2, 2014, p. 182.
57 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 208.
58 Ibid., p. 39.
59 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 210.
60 Ibid., p. 63.
61 Ibid., p. 459, 529.
62 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 213.
63 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 381.
64 Ibid., p. 179.
65 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2006, p. 427.
66 Jules, Barbey d’Aurevilly Jules, Les Prophètes du passé, Paris, Léon Hervé, 1851.
67 Il s’agit du sermon connu sous le nom de Sermon sur l’unité de l’Église.
68 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 70.
69 Voir Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « Grandeur et décadence de la presse au xixe siècle selon Jules Barbey d’Aurevilly », dossier Barbey polémiste, éd. Pierre Glaudes et Marie-Catherine Huet-Brichard, Littératures, no 58-59, 2008, p. 95.
70 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 141. En ce qui concerne la citation de Bossuet, voir supra.
71 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 368.
72 Caroline Sidi, « L’imaginaire du combat dans la critique aurevillienne », dossier Barbey polémiste, éd. Pierre Glaudes et Marie-Catherine Huet-Brichard, Littératures, no 58-59, p. 114.
73 Voir ibid., p. 368, n. 17, que nous citons en entier : « “C’est une pointille indigne de théologiens de contester la réserve de communion pour les malades, puisqu’on demeure d’accord de celle qu’on en faisait durant la santé”, Bossuet, Déf. De la trad. sur la communion, ii, 15 ». Selon Littré, pointille signifie : « contestation, dispute sur un sujet fort léger », et pointillerie signifie : « picoterie, contestation sur les bagatelles ». Le Littré dit ceci à propos de la lexie que met en évidence Barbey : « pointillerie. xviie siècle. Dérivé de pointiller. Vieilli. Contestation sur des bagatelles ; esprit de chicane. Entre eux, ce ne sont que continuelles pointilleries. » Le Grand Robert de la langue française, quant à lui, dit ceci : « Pointillerie. 1. Vx ou littér. Chicane, contestation futile ou mesquine – 2. Pointillage. 2. Parole blessante, petite vexation – Pointe (iv., 4), pointille ».
74 On relève également le conditionnel passé 2e forme, « eût dit Bossuet » (Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 2, 2009, p. 750).
75 Catherine Mayaux « Références et citations littéraires comme instruments polémiques dans l’œuvre critique de Barbey d’Aurevilly », dossier Barbey polémiste, éd. Pierre Glaudes et Marie-Catherine Huet-Brichard, Littératures, no 58-59, 2008, p. 168.
76 Ibid., p. 177.
77 Lydie Parisse, « Le phénomène visionnaire dans Un prêtre marié. La perte de soi comme arme polémique », dossier Barbey polémiste, éd. Pierre Glaudes et Marie-Catherine Huet-Brichard, Littératures, no 58-59, 2008, p. 214.
78 Gaëlle Guyot, « Introduction » à Barbey d’Aurevilly Jules, Les Œuvres et les Hommes, éd. Pierre Glaudes et Catherine Mayaux, Paris, Belles Lettres, série iiie, vol. 1, 2013, p. 20.
79 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 208.
80 Jules Barbey d’Aurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 260.
81 Pierre Glaudes, « Barbey et la parabole », dossier Barbey polémiste, éd. Pierre Glaudes et Marie-Catherine Huet-Brichard, Littératures, no 58-59, 2008, p. 233-235.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-06679-8
- EAN : 9782406066798
- ISSN : 2494-5102
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06679-8.p.0119
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/12/2016
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français