![Relire Rachid Mimouni, entre hier et demain - Résumés](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/PviMS04b.png)
Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Relire Rachid Mimouni, entre hier et demain
- Pages : 539 à 546
- Collection : Rencontres, n° 511
Résumés
Patrick Voisin, « Prolégomènes I. De quelle opération la relecture est-elle le nom ? »
Les ouvrages qui étudient la question de la lecture effleurent seulement celle de la relecture. Pourtant, quel lien entretiennent première lecture et relecture ? La relecture n’est-elle pas nécessaire, voire obligatoire ? Est-elle une simple répétition ou une nouvelle lecture ? La relecture et l’écriture n’ont-elles pas des affinités ? Enfin, la valeur de l’œuvre littéraire n’est-elle pas proportionnelle à la relecture que l’on fait d’elle et aux relectures infinies que relire produit ?
Amel Maafa, « Prolégomènes II. État(s) de la recherche mimounienne »
Parmi les écrivains fondamentaux de la littérature francophone algérienne, il y a Rachid Mimouni, l’écrivain du désenchantement. Son œuvre, lue et relue par des générations de lecteurs et de lectrices, a suscité de nombreux travaux qui nécessitent un bilan détaillé des multiples lectures qui en ont été données, nourries par tous les courants critiques. Revisiter les différentes études effectuées lors des dernières décennies permet d’envisager comment on peut à présent relire son œuvre.
Fatouma Quintin, « Rachid Mimouni entre engagement, filiation et postérité »
Dans une étude sur la singularité de la posture auctoriale et sur son ubiquité agissante, il apparaît que Mimouni tient un véritable rôle de sentinelle qui veille et éveille ; en infatigable voyant perturbateur, cette tête de Janus assure le lien entre l’héritage, le présent et la postérité, puisant son énergie dans son incommensurable révolte et dans sa lucidité vis-à-vis de ses pères/pairs dont il réfute l’obéissance des uns et les dérives des autres.
540Aïssa Mahdeb, « Le Fleuve détourné, une écriture à contre-courant ! »
Le roman Le Fleuve détourné propose un voyage dans le passé. La linéarité du récit est mise à l’écart pour faire place à un langage de l’ambiguïté, de l’incertitude et de l’anonymat, ce qui génère un sentiment de confusion. Les personnages deviennent moins importants et la description spatiale est l’objet d’une dévalorisation, tout cela dans le double but de dresser un tableau sombre qui s’efforce d’être en adéquation avec la réalité et de créer ainsi un sentiment de doute et de déception.
Nessrine Bouchra Chabane, « Pour une approche discursive de l’ironie dans Le Fleuve détourné »
Une réflexion sur l’ironie comme outil principal du discours contestataire de Rachid Mimouni semble s’imposer. Elle s’attachera tout d’abord à analyser ses mécanismes, en s’appuyant sur l’étude des figures et des registres en mesure de traduire la vision subjective de l’auteur. En outre, une analyse du discours polyphonique permettra de déceler les voix narratives dans les passages ironiques. Enfin, une analyse dialogique essaiera d’éclairer l’aspect lui-même dialogique de l’ironie.
Feyrouz Soltani, « Le personnage liminaire entre réalité et fiction dans Le Fleuve détourné »
L’intérêt du Fleuve détourné de Rachid Mimouni semble tourner autour de deux axes principaux : le personnage liminaire et l’illusion du réel. Il s’agit alors de démontrer la marginalité du protagoniste-narrateur, expliquée par l’échec de sa quête identitaire et le non-accomplissement des rites de passage, afin de reconstruire l’image de l’Algérie postcoloniale via la trajectoire narrative de ce personnage et l’analyse des techniques d’écriture.
Annie Rizk, « Deux fables politiques en écho ? Le Colonel Chabert et Le Fleuve détourné »
Malgré la distance temporelle et géographique, Le Fleuve détourné de Mimouni convoque une réminiscence littéraire, celle du Colonel Chabert de Balzac. Chacun des héros, nouvel Ulysse retourné parmi les siens après des années d’errance, parvient difficilement à faire valoir ses droits tout en observant 541avec effroi le devenir de la société. Comment ces deux fables politiques se distinguent-elles sur le plan de la diégèse, de l’oscillation entre fantastique et réalisme et de l’engagement historique ?
Khadija Mouzon, « La figure de l’enseignant dans Une paix à vivre »
La figure de l’enseignant dans Une paix à vivre renvoie à la construction des personnages à partir d’éléments considérés comme des instances primordiales pour le fonctionnement du récit ; ces éléments inhérents à tout être humain occupent une grande place dans le roman. Mais un constat s’impose : leur profession est un élément devant lequel les personnages demeurent impuissants ; dans leur grande majorité, ils apparaissent comme anéantis et incompris par une jeunesse désenchantée et sans espoir.
Zoulikha Nasri, « Les images-cinéma dans Une paix à vivre »
Une paix à vivre, dont le titre annonce en trompe-l’œil l’attention portée à la question du croisement, est le roman à travers lequel Rachid Mimouni défend l’idée du vivre-ensemble aujourd’hui menacé. La synthèse esthétique, illustrée ici par le biais de la cinématographisation de la lettre, a pour pendant le discours guidant la marche de l’humanité vers la paix. Déceler les procédés de cette opération de jointure est ce à quoi s’attache cette contribution.
Warda Derdour, « Le comique dans le récit tragique. Cas des écrits de Rachid Mimouni »
Dans les années 1980, comme d’autres écrivains algériens francophones, Rachid Mimouni travaille la forme littéraire du récit tragique, car la situation sociopolitique de l’Algérie présageait une crise sévère. Mais il choisit de tourner en dérision les systèmes administratifs et politiques afin de dénoncer leur corruption. Il est donc pertinent d’étudier les formes comiques présentes dans les récits tragiques de Rachid Mimouni, en montrant leurs fonctions et en essayant de les interpréter.
542Simona Modreanu, « Fractales identitaires et narratives »
La trilogie narrative de Rachid Mimouni fait ressortir des nuances interprétatives multiples, se réclamant d’une pensée complexe qui englobe plusieurs dimensions : linguistique, identitaire, culturelle, idéologique, historique. L’héritage traditionnel et l’adstrat français se combinent pour donner naissance à une littérature riche, fracturée, mais ambivalente, infusée de saveurs variées, qui se forge des moyens adéquats d’expression d’une vision moderne et somme toute unitaire.
Aïcha Bouabaci, « Le cheminement d’une relecture dans le rétroviseur de l’actualité »
Le roman L’Honneur de la tribu de Rachid Mimouni sonne comme un tocsin à travers l’Algérie, vaste territoire marqué par de constantes convoitises externes et internes. Décédé prématurément en exil, en 1995, Mimouni n’a pas assisté au retour du président Bouteflika et à sa consécration, en 1999, ni au mouvement du Hirak, né le 16 février 2019 pour réclamer justice. Mais il paraît évident que Mimouni, à travers les personnages de son roman, l’avait prédit, dans un éclair de génie.
Noureddine Mhakkak, « La sémiotique des personnages dans L’Honneur de la tribu »
Une étude sur la notion de personnage dans le roman L’Honneur de la tribu permet de distinguer, dans le prolongement des travaux de Philippe Hamon, le narrateur qui appartient à la catégorie des personnages-embrayeurs, des personnages liés à la mentalité algérienne dans sa globalité et sa diversité pour la catégorie des personnages-anaphores, et les habitants du village considérés à travers leur vie sociale pour les personnages-référentiels.
Mohamed Anis Abrougui & Wijdene Bousleh, « L’espace dans L’Honneur de la tribu. Une approche écopoétique »
En appliquant l’approche écopoétique à L’Honneur de la tribu, l’on se rend compte que les descriptions des paysages n’ont été étudiées qu’au premier degré par les critiques. En effet, résumer l’œuvre à une opposition entre un état traditionnel utopique et un état de modernité forcée et traumatisante 543omet l’ambivalence des qualifications de cet espace et cache la mise en scène de l’histoire d’un échec, celui d’une tribu incapable de s’adapter à son environnement, quel qu’il soit.
Wided Zanat, « Dénoncer ! Force d’un sens chez Rachid Mimouni et Kamel Daoud »
Il est intéressant d’interroger, à travers la lecture parallèle de deux de leurs romans, le discours de dénonciation de deux auteurs algériens francophones de deux générations différentes : Rachid Mimouni et Kamel Daoud. La place qu’occupe le soleil, signe de feu, dans ces romans est telle que, par sa puissance, cet astre semble dominer les esprits des personnages. L’on peut en déduire, en le décrivant et en l’analysant, le sens de l’engagement littéraire de chaque écrivain.
Chahinez Damerdji Bensenane, « Écologie et engagement dans Une peine à vivre et L’Honneur de la tribu »
Rachid Mimouni peint la société algérienne et inscrit son œuvre dans les mouvements de l’Histoire de l’Algérie. Mais la relecture de cet auteur peut se faire à travers l’approche écocritique, afin d’étudier comment la nature est évoquée dans la fiction. Ce discours critique ainsi que l’analyse du discours mimounien permettent de faire apparaître l’engagement de l’auteur pour ce qu’on appelle aujourd’hui la cause écologique.
Amel Maafa, « Personnage(s) de la marge. Échos d’une écriture de la subversion »
À l’image du roman postcolonial algérien des années 1970, l’œuvre de Rachid Mimouni se caractérise par l’apparition de personnages atypiques. Loin d’être des héros révolutionnaires, ce sont des marginaux, des désenchantés, des fous. Condamnés à l’exclusion et au rejet, ils racontent une Algérie des bas-fonds dans un discours différent de celui qui glorifie l’Algérie indépendante. Chacun représente une tranche de population mise au ban de la société, un archétype de personnage marginal.
544Merahia Bouazza & Faffa Bentabet, « La transfiguration de la notion de marginalité dans Une peine à vivre »
Rachid Mimouni ayant approfondi une nouvelle fonctionnalité du personnage de la marge, il apparaît intéressant d’étudier les variations de cette entité dans Une peine à vivre. Les aspects narratifs et paratopiques permettent à l’auteur d’exposer la réalité inénarrable d’un système cruel et corrompu. Et la marginalité sert de base pour la mise en texte du personnage-narrateur et de son discours.
Denise Brahimi, « Rachid Mimouni. Démentis à la vulgate »
Rachid Mimouni dément deux croyances très répandues en Algérie quand il écrit, et qui sont les fondements du nationalisme, la seule idéologie en vigueur alors parmi le peuple. L’une veut que la lutte pour l’indépendance ait été menée par des paysans d’un courage exemplaire. L’autre proclame la vertu incorruptible des combattants du F.L.N. et de ses chefs devenus les dirigeants en 1962. Mimouni interroge ces croyances par le rire et la farce, alors qu’il évoque un pays sombrant dans la tragédie.
Tristan Leperlier, « Le sacrifice de la littérature. Heur(t)s et malheurs d’une littérature engagée après 1988 »
Avant d’assassiner l’homme, la guerre civile a tué l’écrivain. Écrivain algérien majeur des années 1980, Rachid Mimouni en est venu, dans les années 1990, à sacrifier la littérature sur l’autel du combat politique contre les islamistes. Entre L’Honneur de la tribu (1989) et La Malédiction (1993), on assiste à la rupture du délicat équilibre entre littérature et politique, qui caractérisait jusqu’alors son combat intellectuel, au profit de l’engagement politique brut par le roman à thèse.
Nour-El-Houda Benderdouch, « Histoire, fiction et mythe national dans La Malédiction de Rachid Mimouni »
L’écriture de l’Histoire dans le roman algérien francophone a toujours constitué une problématique épineuse pour les chercheurs et la critique. Faire de la fiction un espace de questionnement historique était pour Mimouni une véritable mission, à la fois littéraire et identitaire, afin de dévoiler certaines 545vérités. Cette forme d’écriture est souvent consolidée par le besoin d’interroger le passé en analysant des faits rétrospectifs en rapport étroit avec une Histoire longtemps mutilée.
Lisa Romain, « La Malédiction. Pour une approche générique »
Il s’agit de mettre en évidence la réflexion générique intense que Rachid Mimouni engage dans La Malédiction. Pour réenclencher une écriture que la sidération menace, l’auteur interroge les pouvoirs et les limites du genre romanesque, dont il fait dialoguer les tendances les plus opposées. L’influence de La Malédiction prouve que Rachid Mimouni a atteint son but en fournissant aux romanciers algériens francophones de la décennie noire une matière qui leur a permis de continuer malgré tout.
Christa Catherine Jones, « Le trabendo selon Mimouni et à travers les prismes de la littérature, du cinéma et de la sociologie »
Deux œuvres de Rachid Mimouni (Chroniques de Tanger et de De la barbarie en général et de l’intégrisme en particulier), croisées avec le cinéma algérien et un roman d’Abderrahmane Zakad, permettent de comprendre la pratique du trabendo, problème endémique au Maghreb : la pénurie de certains produits élémentaires donne lieu à une économie parallèle florissante faisant circuler autant des produits de première nécessité, autrement indisponibles, que des produits de luxe.
Gérard Chalaye, « Un chroniqueur à Tanger. Janvier 1994 – janvier 1995 »
De janvier 1994 à janvier 1995, sous couvert de chroniques radiophoniques à Medi 1, Rachid Mimouni a approfondi sa réflexion, philosophique, historique et politique, sur le destin de la civilisation arabo-musulmane. Bien sûr, la réflexion de l’écrivain ne cesse naturellement de revenir aux principales problématiques qui irriguent ses œuvres, telles que l’interprétation de l’islam et la situation de l’Algérie. Parmi elles, le rôle des intellectuels arabes et algériens le préoccupe particulièrement.
546Mohammed Guétarni, « Rachid Mimouni. Pour une Algérie en marche aujourd’hui ! »
L’œuvre de Rachid Mimouni exprime, avec un réalisme zolien, le désenchantement de l’Algérie indépendante. Celle-ci n’en a pas fini avec les abus de l’administration dans Le Fleuve détourné, d’un commissaire dans Tombéza, du préfet dans L’Honneur de la tribu. Le colon colonial est supplanté par le colon national à l’ère du parti unique. Mimouni présente les nouveaux potentats comme l’ADN d’un mal XXL qu’ils font au pays et au peuple. Il veut confronter le pouvoir du mot aux maux du pouvoir.
Zineb Ali-Benali, « En guise d’épilogue. Relire Mimouni au temps du Hirak »
Comment toucher à la causalité postérieure de l’œuvre de Rachid Mimouni et voir en quoi elle peut apporter un éclairage aux événements récents du Hirak ? Aujourd’hui, alors que l’on commence à connaître les itinéraires des « généralissimes » en Algérie et que le secret qui les protégeait est levé, la portée prémonitoire de la littérature algérienne, longtemps confinée dans sa dimension référentielle, ouvre des perspectives de lecture pour comprendre le mouvement de refus venant de la jeunesse.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-11474-1
- EAN : 9782406114741
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11474-1.p.0539
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 25/08/2021
- Langue : Français