Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Raymond Roussel, orfèvre de la langue
- Pages : 283 à 288
- Revue : La Revue des lettres modernes
- Série : Raymond Roussel, n° 5
Résumés/Abstracts
Olivier Gallet, « La question du vers en 1900. Chiquenaude de R. Roussel »
La relecture approfondie, en contexte, de Chiquenaude, premier des « contes holorimeurs » de Raymond Roussel à être publié, montre non seulement les principes poétiques de ce texte prototypique, notamment son utilisation étendue, précoce, du « Procédé », mais aussi sa réflexivité, son pouvoir formateur pour un lecteur néophyte, sa préoccupation pour sa propre réception, ainsi que ses principaux enjeux : réponse à l’échec de La Doublure et à la question du vers telle qu’elle se pose en 1900.
This in-depth and contextualised reading of Chiquenaude, the first of Raymond Roussel’s “contes holorimeurs” to be published, reveals not only the poetic principles behind this prototypical text, notably its extensive, and precocious, use of the “process”, but also its reflexivity, its formative power for a neophyte reader, and its preoccupation with its own reception, as well as its principal concerns: responding to the failure of La Doublure and the question of verse as framed in 1900.
Alain Chevrier, « La métrique des Nouvelles impressions d’Afrique »
Le mètre employé dans ce poème descriptif et satirique, et le système de ses rimes, sont étudiés de façon quantitative et situés par rapport à ceux des autres poèmes de Raymond Roussel. La structure complexe des enchâssements de ses parenthèses et les formes répétitives de ses listes poétiques sont dégagées et analysées. Un rappel des théories sur la versification de son époque permet de mettre en évidence les singularités formelles d’un des monuments poétiques les plus baroques du xxe siècle.
The metre employed in this descriptive and satirical poem, and the system of its rhymes, are studied in a quantitative manner and positioned in relation to those in other poems by Raymond Roussel. The complex structure of the mounting of its parentheses and the repetitive forms of its poetic lists are identified and analysed. A reminder of
the versification theories current at the time allows for a demonstration of the formal singularities of one of the most baroque of twentieth-century poetic monuments.
Anne-Marie Basset, « Représentation, écriture et cliché dans la genèse d’Impressions d’Afrique »
Cet article se propose d’étudier l’usage que Raymond Roussel fait de la langue dans les brouillons d’Impressions d’Afrique. Le choix de l’auteur s’est porté sur des passages cruciaux des avant-textes de ce roman où l’élaboration d’une écriture va de pair avec l’élaboration d’un système de représentation. Au cœur de l’article, est abordée la question du stéréotype, du style et de la représentation d’un univers aréférentiel recherché par Roussel.
This article studies the use Raymond Roussel makes of language in the drafts for Impressions d’Afrique. The author chooses to focus on crucial passages from the pre-texts of this novel in which the elaboration of a mode of writing goes hand in hand with the elaboration of a system of representation. At the heart of the article is the question of the stereotype, the style, and the representation of the a-referential universe sought by Roussel.
Olga Amarie, « Le degré d’argumentation des constructions adjectivales dans La Vue de Raymond Roussel »
Le lexique adjectival dans La Vue de Raymond Roussel indique des propriétés essentielles ou accidentelles de l’objet désigné par le nom sur lequel ils portent. Épithète ou attribut, l’adjectif de Roussel crée un enjeu argumentatif au sein duquel nous pouvons distinguer deux axes principaux : la description et l’interprétation. Ce double fonctionnement de l’adjectif permet de repérer dans La Vue ce qui est « usage inclus », le lieu commun, et « usage supplément », le déterminisme.
The adjectival lexicon in Raymond Roussel’s La Vue indicates the essential or accidental properties of the object designated by the name they focus on. Whether epithet or attribute, Roussel’s adjectives create an argumentative stake at the heart of which we can distinguish two principal axes: description and interpretation. The adjective’s dual function allows us to discover what in La Vue is “included use” (the commonplace) and what is “extra use” (determinism).
Sjef Houppermans, « Raymond Roussel, son livre de chevet et une note salée. “En garde !” : une épée traverse les épopées »
Cette randonnée référentielle se propose d’étudier plus particulièrement comment un emploi spécifique de son dictionnaire préféré, le Bescherelle de 1846, est symptomatique de la position de Raymond Roussel entre deux siècles. Les registres se bousculent dans le Bescherelle et Roussel s’en sert pour composer ses récits baroques. Certains mots s’y prêtent plus spécifiquement, par exemple « note », ce qui est plus particulièrement illustré par les Nouvelles impressions d’Afrique.
This referential ramble studies how the particular use of his favourite dictionary, the 1846 Bescherelle, is symptomatic of Raymond Roussel’s position between two centuries. Registers jostle against each other in the Bescherelle and Roussel makes use of this to compose his baroque narratives. Certain words lend themselves more specifically to this, for example “note”, as illustrated in the Nouvelles impressions d’Afrique.
Mathieu Jung, « Raymond Roussel, James Joyce : l’envers et l’endroit. Lieu imaginaire, lieu réel »
À la gloire rayonnante de Raymond Roussel – son soleil intérieur – s’oppose Finnegans Wake, le livre de nuit de James Joyce. Chez Joyce, une langue de profondeur semble être à l’œuvre, tandis que chez Roussel, tout se jouerait à la surface des mots et des choses. Cet article envisage Roussel et Joyce conjointement et questionne du même coup lieu imaginaire et lieu réel, l’envers et l’endroit, surface et profondeur, la formule et le lieu de tentatives poétiques qui font trembler la scène de l’écriture.
Finnegan’s Wake, James Joyce’s night book, is the opposite of Raymond Roussel’s shining glory, his inner sun. For Joyce, a profound language is in operation while for Roussel, everything plays out on the surface of words and things. This article considers Roussel and Joyce together, and at the same time, questions the imaginary place and the real place, back and front, surface and depth, and the formula and place of poetic attempts which shake the scene of writing.
Jean-Louis Cornille, « Le prodigue et son muet. Roussel entre surréalisme et nouveau roman »
La formule de Michel Foucault, selon laquelle l’œuvre de Raymond Roussel courait « au-dessous de notre langage depuis des années », implique que l’impact
roussellien n’a jamais été interrompu. On assume cette proposition, même si Foucault en déduit une coupure entre la lecture qu’en firent les surréalistes et sa réémergence, vingt-cinq ou trente ans plus tard. La fiction française, dans les années trente à cinquante, n’aurait-elle donc nullement enregistré les effets de cette secousse ?
Michel Foucault’s formula, according to which Raymond Roussel’s œuvre has been running “beneath our language for years”, implies that Roussel’s impact has never been interrupted. We take on this proposition, even if Foucault deduced a break between the reading made of it by the Surrealists and its re-emergence, twenty-five or thirty years later. Did French fiction between the 1930s and 1950s register the effects of this shock, or not at all?
John Ashbery, « Dossier. John Ashbery et Raymond Roussel »
Cette contribution sollicite l’acteur majeur de la poésie américaine qu’est John Ashbery pour qu’il confie les détails de sa fascination pour Raymond Roussel. Ce dossier comprend ainsi : un texte d’Ashbery qui contextualise ses recherches, ainsi que son article (aujourd’hui introuvable) paru en 1964 dans Bizarre. On trouvera aussi les fac-similés de ses correspondances inédites et, pour terminer, l’entretien qu’il a accordé à François Piron à l’occasion de l’exposition consacrée à Roussel à Madrid.
This contribution asks John Ashbery, a major figure in American poetry, to confide the details of his fascination with Raymond Roussel. The dossier includes a text by Ashbery which contextualises his research, as well as his article (impossible to find today) which appeared in 1964 in Bizarre. The reader will also find facsimiles of his unpublished correspondence and, finally, his interview with François Piron on the occasion of the Roussel exhibition in Madrid.
César Aira, « Raymond Roussel : la clé unifiée »
Raymond Roussel est un auteur singulier dont la réception est tout aussi singulière. Il transforme son lecteur en être unique convaincu d’être le seul à avoir vraiment compris. Soucieux de chercher une vue unifiée de l’ensemble d’une œuvre à beaucoup d’égards disparate, cet article propose l’idée de l’occupation du temps, une occupation dépourvue de toute vue utilitaire.
Raymond Roussel is a singular author whose reception is equally singular. He transforms his reader into a unique being convinced he or she is the only one who has
really understood. Seeking a unified view of the totality of a disparate œuvre, this article seeks to describe the work of time, a work devoid of any utilitarian outlook.
Enrique Vila-Matas, « L’explosion Raymond Roussel »
Enrique Vila-Matas promène son regard émerveillé dans l’exposition consacrée à Raymond Roussel soulignant à la fois l’importance de la vue dans l’œuvre de Roussel et pointant, en même temps, vers la spécificité du regard des plasticiens pour nous apprendre à « voir » l’œuvre de cet auteur. Il en dégage une impression d’étrangeté et de gratuité qui vient peut-être du fait que cette œuvre n’est que le résultat du besoin existentiel d’occuper le temps.
Strolling along and considering thouroughly the wonderful exhibition dedicated to Raymond Roussel, Enrique Vila-Matas underlines the importance of looking in general, and especially, in the visual artists’ fields, in order to teach us the importance oh these texts. With him, one can deduce an impression of weirdness and singularity, considering Roussel’s works seem to be a consequence of the existential need to occupy time.
Grassa Toro, « Locus Solus. La visite guidée de l’exposition Raymond Roussel commencera dans quelques secondes, nous vous prions d’éteindre vos portables. Merci »
C’est aussi une visite, non exempte de critiques, de l’exposition de Raymond Roussel que propose cette contribution. Il s’agit également d’un parcours très documenté sur les lectures et les usages de l’auteur pratiqués par bon nombre de pataphysiciens.
This contribution invites readers on a tour–not exempt from criticisms–of Raymond Roussel’s exhibition. It is also a well-documented journey through the readings and uses of the author practised by a significant number of pataphysicians.
Jean-Michel Bony, « Les contraintes de l’écriture à double entente »
En analysant le numéro du cheval parlant Romulus dans Impressions d’Afrique, cet article montre que derrière le texte apparent se dissimule un texte sous-jacent, lisible, signifiant et humoristique, qui amplifie et modifie la lecture initiale. Contrairement à ce que Roussel dit de son « Procédé », c’est cette écriture en double, et non la composition du texte apparent, qui repose
sur divers types de jeux de mots (polysémie, homophonie, etc.) ainsi que sur des références culturelles variées.
By analysing the number of Romulus the talking horse in Impressions d’Afrique, this article shows that behind the apparent text hides an underlying text which is readable, significant, and comic, and which amplifies and modifies its initial reading. Contrary to what Roussel says of his “process”, it is this doubled-up writing, and not the composition of the apparent text, which is based on diverse types of word play (polysemy, homophony, etc.) as well as on various cultural references.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-4777-8
- EAN : 9782812447778
- ISSN : 0035-2136
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4777-8.p.0283
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 21/04/2016
- Périodicité : Mensuelle
- Langue : Français