Dans cette section il s’agira d’interroger les textes de Spinoza au sujet de l’âme des bêtes en essayant notamment de circonscrire l’étendue du verbe « sentiunt », si cela est possible, pour en dégager une théorie des genres de connaissance des animaux.
Nous allons nous appuyer, d’abord, sur des extraits tirés principalement des premiers écrits de Spinoza. Les questions qui sont abordées dans ces passages, néanmoins, rayonnent et résonnent dans des textes d’ouvrages ultérieurs : si bien que, dans le but d’amener les fragments zoologiques à faire corps entre eux, la confrontation et le dialogue entre passages analogues (voire abordant le même thème de manières différentes) sera souvent opératoire, faute de pouvoir progresser chronologiquement, comme on le ferait à propos d’un vrai thème spinozien : la recherche (de la possibilité) d’une évolution conceptuelle – bien que sur le fond d’une non-linéarité de principe – va dès lors primer sur la rigueur chronologique. Autrement dit, à la progression chronologique va se substituer l’esquisse d’une trajectoire logique, qui va de l’ambiguïté des écrits cartésiens – ainsi que des hésitations des écrits de jeunesse en général, où il n’est même pas clair si les bêtes peuvent être dites douées d’âme – jusqu’à la définition d’une ouverture possible de la discussion, à partir du sentire de l’Éthique, sur les genres de connaissance ou les aptitudes mentales des bêtes.