Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Prophètes et voix prophétiques dans l’œuvre de Jean Giono
- Pages: 293 to 298
- Collection: Crossroads of modern letters, n° 11
Résumés
Jacques Mény, « Ouverture du colloque “Prophètes et voix prophétiques dans l’œuvre de Jean Giono”. Cinquantenaire du décès de l’écrivain »
Ce colloque ouvre l’année de la célébration du cinquantenaire de la mort de Jean Giono. L’exposition au Mucem de Marseille et les rencontres universitaires qui jalonneront l’année 2020 manifestent l’intérêt toujours suscité par cette œuvre prolifique. Il faut souligner le rôle majeur dans ce succès de Sylvie Giono qui a publié à intervalles réguliers des inédits, et des spécialistes qui ont fait entrer l’œuvre dans la Pléiade. L’Association des Amis de Jean Giono accompagne et soutient ce travail.
Danièle Henky et Dominique Ranaivoson, « Introduction »
Par ses engagements, Jean Giono, l’incroyant, a adopté par moments la posture du prophète avant d’opter pour une position plus désenchantée tout en reprenant, pour les remettre en question, les schémas bibliques. Ce colloque entend explorer comment, dans l’ensemble de son œuvre, il adopte diverses voix et voies prophétiques. Il a été réalisé grâce à la collaboration des centres « Écritures » (Université de Lorraine) et « Configurations littéraires » (Université de Strasbourg).
Elena Di Pede, « Le prophétisme biblique. Une source d’inspiration en littérature »
Comme nombre d’auteurs, Jean Giono trouve dans la Bible, et en particulier chez les prophètes, une source d’inspiration pour son œuvre. Cette présentation a pour but de donner à voir comment la Bible, par le biais d’une littérature particulière, met en scène les grandes figures prophétiques et leur parole. Porteurs d’une mission auprès du peuple auquel ils sont envoyés par Dieu, les prophètes interviennent le plus souvent au cœur d’une crise dont l’enjeu est la vie ou la mort de leurs contemporains.
294Jacques Mény et Francine Charoy, « La bibliothèque de Jean Giono. Le corpus “religion chrétienne” »
Athée déclaré, Jean Giono n’en a pas moins réuni dans sa bibliothèque une centaine d’ouvrages de religion. On recense plusieurs éditions de la Bible, dont une en anglais, les écrits de Saint Bonaventure, Saint Benoît, Sainte Catherine de Sienne, Saint François d’Assise, Saint-Jean de la Croix, Saint Thomas, Sainte Thérèse d’Avila et des études consacrées à leurs œuvres. L’article présente ce corpus religieux et la pratique de lecture de ces ouvrages par Giono.
Llewellyn Brown, « Jean Giono et le verbe prophétique dans les écrits pacifistes »
Dans son œuvre romanesque d’avant-guerre, Jean Giono mettait en scène des figures « messianiques » incarnant le rapport de l’écrivain au verbe poétique. Cependant, la mission que l’auteur donne à ce verbe « prophétique » change de nature dans ses écrits pacifistes, à l’approche de la seconde guerre mondiale. Le démenti apporté à ses rêves par l’Histoire fut salutaire, contraignant l’auteur à se préoccuper essentiellement de son travail sur le langage, au lieu de prétendre transformer les événements.
Jean-Paul Pilorget, « Promenade de la mort. Fin ou renouvellement du prophétisme gionien ? »
« Promenade de la mort et départ de l’oiseau bagué le 4 septembre 1943 », s’ouvre sur l’entrée de la France dans le second conflit mondial. Le narrateur se fait le messager du malheur, en liant étroitement l’angoisse générée par l’entrée en guerre aux éléments cosmiques, dans une tonalité apocalyptique. Jean Giono abandonne toutefois ce projet de roman étroitement lié à l’Histoire. Le récit de « Promenade de la mort » n’en annonce pas moins une voie poétique nouvelle, celle des futures Chroniques.
Edouard Schalchli, « Qu’est-ce qui cherche à se révéler dans Promenade de la mort de Jean Giono ? »
« Promenade de la Mort » demande à être lu comme un texte de transition entre un espace plus ou moins imaginaire où se révèle une dimension qui dépasse l’histoire et l’espace proprement « littéraire », selon l’expression de Blanchot. Ce 295texte traversé par une expérience de la guerre inassimilable à la simple raison historique se brise sur l’objet qu’il tente de faire sien et constitue par là-même une ouverture à ce qui, par-delà l’intention proprement littéraire, demande à être dit.
Claude-Henry Joubert, « Présentation de Je vous reconnais tous. Cantate pour chœur à quatre voix mixtes et violoncelle sur Refus d’obéissance de Jean Giono »
Cette cantate est un acte de reconnaissance, de gratitude, un hommage à Jean Giono le pacifiste. C’est un manifeste contre le patriotisme qui nie l’universalité de l’humain.
Alain Tissut, « Jean Giono et le “bon berger” à l’épreuve de la guerre »
La figure du berger dans l’œuvre de Jean Giono, sur la foi de Jean le bleu (1932) et de la biographie de Pierre Citron, apparaît comme originelle et omniprésente, jusqu’à l’œuvre testamentaire qu’est L’Iris de Suse (1970). Mais comment expliquer que ce berger-initiateur, soit absent des premiers romans ? Ne prenant corps qu’avec Le Grand Troupeau, la figure du berger semble faire l’objet du même refoulement que l’expérience guerrière.
Dominique Ranaivoson, « Ésaïe et la promesse du prophète Giono dans Regain
et L’Homme qui plantait des arbres. “Le désert refleurira” »
Jean Giono s’empare d’un passage vétérotestamentaire dans Regain et L’Homme qui plantait des arbres. L’analyse portera sur l’identification des références bibliques qui font de ces romans des paraboles puis sur l’interprétation à leur donner. Giono a réinvesti les images du prophète pour les détourner mais en continuant à inscrire dans des récits un sens caché de l’ordre du spirituel, ce qui est le propre de la prophétie.
François Nault, « Les figures de Job dans Le Moulin de Pologne de Jean Giono »
La présente étude tente de montrer comment Le Moulin de Pologne de Jean Giono démonte les mécanismes de la superstition, par lesquels une certaine idée de Dieu et une certaine représentation du destin s’imposent. L’analyse proposée dresse un parallèle, suggéré par le récit lui-même au moyen d’une brève allusion, entre le destin des Coste et la figure biblique de Job.
296Christian Morzewski, « Bourrache, prophète de malheur et “maquignon de Dieu” dans Batailles dans la montagne de Jean Giono »
Le « message » porté par Batailles dans la montagne préfigure l’échec final de la première grande posture gionienne, qu’on appellera pour faire court thérapeutique : soigner, guérir, assister, sauver, incarnée par Bobi dans Que ma joie demeure et Saint-Jean dans le roman suivant. Aux soigneurs vont succéder les saigneurs, mutation annoncée dans Batailles dans la montagne notamment par Clément Bourrache, le fou de Dieu, habité par le Livre.
Saadia Dahbi, « Jean Giono, prophète de l’Apocalypse de la modernité »
Pour faire face à une modernité à caractère apocalyptique, Jean Giono met en scène deux figures de prophète : celle de Bobi, qui révèle aux hommes les secrets de l’univers et celle de Noé, le créateur qui puise en lui-même les ressources pour réenchanter la réalité prosaïque. Le passage de l’une à l’autre montre que quand le projet de construire une communauté idéale s’avère impossible, la voie du salut devient une quête intériorisée : l’artiste cherche un moi idéal pour préserver sa souveraineté.
Danièle Henky, « Giono, prophète apocalyptique ou disciple d’Empédocle ? »
Épris de situations extrêmes, Jean Giono a été sensible à la démesure des textes prophétiques ou apocalyptiques. L’homme, vendu au progrès scientifique et technique, appelle sur lui un châtiment que lui prédisent des prophètes contemporains non moins inspirés que les patriarches bibliques. Giono pourrait être un de ceux-là. À moins que ses imprécations, sa délectation non déguisée de l’Apocalypse, ne soient le signe d’un tout autre projet d’artiste.
Francine Charoy, « Le prophète, le savant et l’Artiste dans l’écriture gionienne. Retour aux sources du Grand Théâtre »
L’article propose une lecture du Grand Théâtre de Jean Giono reconstruite à l’aide d’une de ses sources : une édition critique de l’Apocalypse de saint Jean. Il montre comment un commentaire théologique nourrit à la fois le travail de création de Giono dans la construction de ses figures, le père et le narrateur, et celui d’interprétation de l’Apocalypse qui reçoit une forme nouvelle.
297Annabelle Marion, « Jean Giono, du prophète au conteur. Histoire d’un changement de scénario auctorial »
Le retour de Jean Giono sur la scène littéraire après 1945, perçu comme la métamorphose du prophète du Contadour en un conteur, témoigne d’un changement de scénario auctorial et permet d’étudier la plasticité et la complexité de la figure de l’auteur. En s’appuyant sur la réception qui a été faite de l’œuvre et de l’image de Giono ainsi que sur le jeu des entretiens littéraires, cet article tente d’analyser comment le processus de refiguration a pu s’opérer dans l’après-guerre.
Anne-Aël Ropars, « Voix prophétique et voix poétique chez Jean Giono. Le cas des Fragments »
Dans la « Chute des Anges », « Un déluge » et « Le Cœur-Cerf », poèmes d’inspiration biblique, le poète se fait prophète. Cependant, la voix poétique y est prosaïque, la forme bancale, le sens ambigu. Faut-il y voir la dernière tentative – avortée, d’où le terme de fragments – d’incarner la vérité dans le vers ? Peut-on y déceler la mutation stylistique opérée durant cette période ? L’Apocalypse dépeinte dans ces poèmes serait alors, en creux, la Genèse d’une voix nouvelle chez Giono.
Marion Stoïchi, « L’“eau vive” de la parole dans l’œuvre de Jean Giono. Entre poésie et prophétie »
Les poètes gioniens tendent à partager des caractéristiques avec les prophètes bibliques, inspirés tous deux par une puissance supérieure et qui rejaillit hors d’eux sous la forme d’une « eau vive » de la parole. Pourtant, si les deux figures se rapprochent, elles ne se confondent pas pour autant et Giono, comme souvent, à travers un imaginaire syncrétique, joue avec les normes et les écarts afin d’exprimer au mieux sa vision des poètes.
Jean-Louis Cornille, « Jean Giono, entre Manosque et Martinique. “Mantique” »
En s’interrogeant sur ce que signifie lire Giono dans l’hémisphère Sud, on rencontre la notion de « Tout-Monde » d’Édouard Glissant, illustrée par Biblique des derniers gestes de Patrick Chamoiseau, roman dans lequel sorcières et prophétesses font à l’œuvre de Jean Giono un sort nouveau. Cette rencontre 298fut de longue date préparée par un récit haïtien publié peu après Colline : La Montagne ensorcelée, dans lequel Jacques Roumain proposait dès 1930 une version créole du premier roman de Giono.
Xun Lu, « La réception des œuvres de Jean Giono et sa traduction en Chine. Une vision contextualisée de son “prophétisme” »
Le présent article consiste à retracer l’histoire des traductions des œuvres de Jean Giono en Chine ainsi qu’à retracer leur réception chez les lecteurs et spécialistes chinois, afin de bien esquisser le portrait de Jean Giono aux yeux des Chinois et de montrer la nouvelle portée des œuvres gioniennes dans la Chine du xxie siècle, qui est confrontée aujourd’hui à d’immenses problèmes de tous genres, surtout dans le domaine écologique.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-11289-1
- EAN: 9782406112891
- ISSN: 2494-7520
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-11289-1.p.0293
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 08-04-2021
- Language: French