Ouverture du colloque « Prophètes et voix prophétiques dans l’œuvre de Jean Giono » Cinquantenaire du décès de l’écrivain
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Prophètes et voix prophétiques dans l’œuvre de Jean Giono
- Author: Mény (Jacques)
- Pages: 9 to 11
- Collection: Crossroads of modern letters, n° 11
Ouverture du colloque
« Prophètes et voix prophétiques
dans l’œuvre de Jean Giono »
Cinquantenaire du décès de l’écrivain
Le projet de ces rencontres a été initié alors que ses organisateurs n’étaient pas encore informés de la préparation d’un programme de manifestations autour du cinquantenaire de la mort de Giono en 2020. Comme ce programme vient d’être lancé, avec presque un an d’avance sur la date anniversaire du 9 octobre 1970 où Giono nous a quittés, avec l’ouverture de l’exposition « Giono » du Mucem à Marseille le 30 octobre dernier, il prend naturellement sa place dans la programmation du cinquantenaire et sera à même de l’enrichir en proposant un thème de recherche peu abordé jusqu’ici. Je suis reconnaissant aux organisateurs et à notre amie Danièle Henky de m’avoir invité à ouvrir ce colloque, dont beaucoup d’intervenants sont adhérents de l’association des Amis de Jean Giono.
Jean Giono savait que son œuvre lui survivrait longtemps et qu’il serait sans doute un jour considéré comme l’un des grands écrivains de son siècle. Mais s’il a connu le succès dès ses débuts en littérature à la fin des années Vingt ; s’il a été une référence majeure pour la jeunesse des années Trente ; si, après la période difficile de l’Occupation et la brève relégation qui l’a suivie, ses romans, dont Le Hussard sur le toit, lui ont redonné une place de premier plan dans la vie littéraire, il aimait répéter à ses proches qu’il faudrait attendre cinquante ans après sa mort pour que son œuvre, si singulière, déroutante et mystérieuse, soit vraiment comprise. La richesse et la qualité des travaux de recherche depuis plus de cinquante ans peuvent sembler démentir cette prédiction et l’œuvre de Giono n’a pas connu ce « purgatoire » qui suit souvent la disparition de l’écrivain. Cette œuvre est bien vivante et suscite toujours autant d’engouements individuels et collectifs. Ceci grâce à Aline et Sylvie 10Giono qui ont su maintenir Giono dans l’actualité littéraire par la publication régulière depuis cinquante ans d’inédits et d’anthologies, grâce aux neuf volumes parus dans la Pléiade, grâce aux maîtres disparus des études gioniennes Robert Ricatte, Pierre Citron et Jacques Chabot, grâce aux centaines de doctorants qui ont soutenu des thèses sur l’œuvre de Giono et à leurs Directeurs-Directrices, à l’amitié sans nuages qui, depuis un demi-siècle, réunit autour de l’œuvre érudits et chercheurs, universitaires ou non, au millier d’études monographiques et d’articles éditées en volumes ou en revues, à une vingtaines de colloques et journées d’études, au travail de l’association des Amis de Jean Giono, bientôt cinquantenaire elle-aussi, et à ses 650 adhérents qui en font de la première société d’amis d’auteur de France. L’actuel « regain » des travaux de recherches va aussi dans ce sens avec, en 2019-2020, dix thèses soutenues ou en cours de préparation. Trois communications données au cours de ce colloque le seront par des doctorantes travaillant sur l’œuvre de Giono : Annabelle Marion, Anne-Aël Ropars et Marion Stoïchi. Le fait est assez rare pour être souligné. Merci à toutes trois d’avoir souhaité participer à ce colloque et aux organisateurs de les y avoir accueillies. Merci aussi à nos collègues venus du Québec, du Maroc, d’Afrique du Sud, de Chine, dont la présence souligne le rayonnement de Giono hors de France.
D’autre part, le succès public de l’exposition « Giono » au Mucem – 71 000 visiteurs en quatre mois – confirme l’aura de Giono auprès d’un lectorat d’une grande diversité d’âge, de milieu, d’approches et de motivations. Contrairement à celle de beaucoup de ses contemporains les plus notables, l’œuvre de Giono n’existe pas seulement pour un cénacle de spécialistes. Mais Giono, dont la lucidité critique n’est jamais en défaut, connaissait aussi très bien les préjugés et les malentendus qui altéraient la réception de son œuvre et continuent encore parfois à le faire. Nous voici arrivé à ce rendez-vous du cinquantenaire, dont Giono « prophétisait » qu’il serait celui de la connaissance et de la reconnaissance de son œuvre à sa plus haute valeur. Les très nombreuses manifestations et publications en cours et en projets durant cette année de commémoration, que les circonstances feront se prolonger tout au long de l’année 2021, mettront sans aucun doute en lumière une œuvre aujourd’hui reçue dans toute sa diversité, sa complexité, sa modernité, son universalité et son inaltérable beauté.
11Je suis très heureux de participer à un colloque Giono organisé dans une région qui m’est naturellement chère, puisque je suis lorrain, des Vosges et de Nancy, et que j’ai fait mes études secondaires à Gérardmer, ma ville natale, dans ce « Grand Est » qui, sauf erreur, n’avait jusqu’à ce jour jamais accueilli de réunion savante autour de l’œuvre de Giono.
Jacques Mény
Président de l’Association des Amis de Jean Giono
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-11289-1
- EAN: 9782406112891
- ISSN: 2494-7520
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-11289-1.p.0009
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 08-04-2021
- Language: French
- Keyword: Œuvre, célébration, société d’amis, publications, audience internationale