Jamais le thème du retour à soi n’a été dominant chez nous comme il a pu l’être à l’époque hellénistique et romaine. Bien sûr, vous trouverez au xvie siècle toute une éthique de soi, toute une esthétique aussi de soi, qui est d’ailleurs très explicitement référée à celle qu’on trouvait chez les auteurs grecs et latins dont je vous parle. Je pense qu’il faudrait relire Montaigne dans cette perspective-là, comme une tentative de reconstituer une esthétique et une éthique du soi.
Michel Foucault, L’herméneutique du sujet, p. 240.
[I]l y a à soupçonner quelque chose qui serait une impossibilité à constituer aujourd’hui une éthique du soi, alors que c’est peut-être une tâche urgente, fondamentale, politiquement indispensable, que de constituer une éthique du soi, s’il est vrai après tout qu’il n’y a pas d’autre point, premier et ultime, de résistance au pouvoir politique que dans le rapport de soi à soi.