Le siècle où nous vivons est devenu le siècle des sourdes trames et des secrets complots : siècle où tout agit de concert sans affection pour personne, où nul ne tient à son parti par attachement mais par aversion pour le parti contraire […]
La fureur des partis se porte encore plus loin. Ils ne se bornent pas à leurs avantages réels, la haine contre le parti contraire est d’obligation, c’est le seul devoir que la plupart soient en état de remplir, et dont ils s’acquittent religieusement, souvent pour des questions qu’ils n’entendent point, qui, à la vérité, ne méritent pas d’être entendues, et n’en sont adoptées et défendues qu’avec plus d’animosité. Nous en avons, de nos jours et sous nos yeux, des exemples frappants.
Charles Duclos, Considérations sur les mœurs de ce siècle2.
1OC. ClG. XVIII, p. 510 (Ms. Genève et Paris : « le siècle de la haine et des secrets complots » ; OC. Pl. I, p. 966.
2 Édition de Carole Dornier, op. cit., ch. xiv, p. 216. Cette remarque a été ajoutée en 1764.