Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Philosophari. Usages romains des savoirs grecs sous la République et sous l’Empire
- Pages: 715 to 720
- Collection: Kaïnon - Anthropology of Ancient Thought, n° 8
- Series: Symposia
Résumés
Michel Humm, « La philosophie grecque et les réformes d’Appius Claudius Caecus »
La justification idéologique des réformes politiques et institutionnelles mises en œuvre à Rome à la fin du ive siècle (censure d’Appius Claudius Caecus) s’appuie sur des concepts philosophiques développés par les Pythagoriciens d’Italie du Sud (comme la notion de concordia ou le principe de l’« égalité géométrique »), ce qui pose non seulement la question de l’influence de la culture grecque à Rome à cette époque, mais aussi celle des rapports entre la réflexion philosophique et l’action politique.
Francesca Alesse, « Filosofia stoica e classe dirigente romana nel II secolo a.C. Panezio, Blossio, gli Scipioni »
L’article revient sur l’historiographie relative à l’influence exercée par la philosophie stoïcienne sur la classe dirigeante romaine – celle notamment de Panétius sur la politique des Scipions, et de Blossius sur les luttes en faveur d’une redistribution de l’ager publicus – et avance l’hypothèse d’une réciprocité croissante d’influences, mettant en relief la singularité des choix opérés par l’aristocratie romaine dans les différents genres littéraires proposés par la philosophie.
Renée Koch Piettre, « Lucrèce entre Memmius père et Memmius fils.
Une interprétation de Cicéron, Ad familiares XIII, 1 »
L’article réexamine la lettre de Cicéron à Memmius (Ad fam. XIII, 1) à partir du point de vue romain sur la philosophie grecque. Quel Romain est sérieusement épicurien ? Comment comprendre que le commanditaire du poème de Lucrèce veuille détruire la maison d’Épicure ? Les réponses reposent sur la socialité romaine et sur la biographie de Memmius. Une relation possible avec le monument que Memmius éleva à Éphèse en mémoire de son fils permettrait d’expliquer la fièvre de bâtisseur de Memmius père.
716Éric Perrin-Saminadayar, « La fréquentation romaine des philosophes athéniens. Entre curiosité intellectuelle et obligation sociale »
Les élites romaines se targuent volontiers de leur fréquentation assidue des philosophes lors de leur séjour à Athènes. La documentation montre en fait une réalité bien plus superficielle. Le séjour d’études à Athènes était autant une occasion de fuir les luttes politiques à Rome et de revendiquer un « brevet de compétence » que l’expression d’une curiosité intellectuelle réelle. L’influence de la philosophie grecque sur les élites romaines est donc à rechercher dans d’autres lieux de savoir.
Gilles Sauron, « Décor et conviction philosophique à Rome au temps de Cicéron »
Les convictions philosophiques des aristocrates romains à la fin de la République pouvaient s’afficher dans l’architecture et le décor de monuments publics, comme la porte construite par Appius Claudius Pulcher à Éleusis, et surtout de résidences privées, comme le montrent l’Amaltheum d’Atticus, la volière de Varron, ou le grand salon de la villa A de Torre Annunziata.
Florence Dupont, « Comédies et conférences. Le spectacle de la philosophia »
Chez Plaute et Térence, les philosophi sont des baratineurs qui charment le monde avec des idées générales (sententiae). Les philosophi de l’Empire, tels que Sénèque les présente, sont des conférenciers fascinants, qui eux aussi usent de la sententia. Cette ressemblance tient à une pragmatique énonciative commune. Le public « assiste » – spectare – à ces discours et se laisse emporter par son admiration, sans aucun retour sur soi-même – conscientia. Il adhère sans jugement et s’en retourne chez lui, inchangé.
Carlos Lévy, « Lucilius et la fondation de la culture philosophique romaine »
Lucilius fut l’un des fondateurs de la philosophie romaine. Il mit à profit la liberté du genre de la satire pour acculturer la philosophie. Sa connaissance des écoles philosophiques était excellente. Il sut mettre en chantier un langage philosophique romain. Sa réflexion articule des thèmes néo-académiciens, et d’autres empruntés au stoïcisme rénové de Panétius. Mais les fragments du poète satirique témoignent aussi d’une réflexion intéressante sur l’identité 717romaine et sur l’identité tout court. Il aura inauguré à Rome le thème, cher à Foucault, de la construction du moi.
Elisa Romano, « La philosophia dei “non filosofi”. Varrone e Vitruvio »
Certaines sources antiques désignent Varron comme un philosophus, mais Cicéron, dans les Académiques, s’adresse à lui comme à un « non-philosophe ». Il convient alors de se demander ce qu’entend Varron quand il parle de philosophia et de philosophi, en étudiant le petit nombre d’occurrences de ces termes dans ce qui subsiste de ses écrits. Vitruve, contemporain de Varron, se désigne bien comme un « non-philosophe ». Et pourtant, dans le même temps, il exige de l’architecte idéal la connaissance de la philosophia.
Charles Guérin, « Leviers philosophiques et autonomie de la rhétorique dans l’Orator de Cicéron »
En abordant le corpus cicéronien de manière diachronique, l’article détermine si rhétorique et philosophie représentent deux champs autonomes dont l’orateur aura la maîtrise ou si l’ars rhétorique est en réalité étroitement dépendante du savoir philosophique. Ainsi, il s’interroge sur la possible existence d’une rhétorique qui intègrerait effectivement dans ses règles l’enrichissement que la philosophie est censée apporter à l’éloquence, préservant ainsi sa validité et son autonomie en tant qu’outil de formation efficace.
Yann Rivière, « L’exil des mages et des sages. Un empire sans philosophes ? (ier siècle ap. J.-C.) »
L’enquête prend pour objet les différences de traitement dont font l’objet, de la part du pouvoir impérial, magi, mathematici, astrologi, et philosophi. Quatre dossiers sont examinés : les mesures d’expulsions et leur logique ; l’opposition dite stoïcienne (et la pertinence de cette catégorie) ; la figure de Dion de Pruse, notamment le mythe de son exil ; et enfin, la documentation juridique sur les philosophes.
718Michael Trapp, « Visibly different ? Looking at philosophi in the Roman Imperial Period »
On trouve dans la culture impériale un certain nombre de stéréotypes largement diffusés concernant l’apparence philosophique, basés sur les attentes liées aux modèles de Socrate et de Diogène. Mais il ne faut pas pour autant sous-estimer la subtilité avec laquelle ces stéréotypes pouvaient être manipulés ou exploités, ni l’existence d’attitudes tendant au contraire à rechercher l’invisibilité. Ce sont ces subtilités et ces tendances à contre-courant qui constituent le thème de cette contribution.
Matthias Haake, « Dogmata – Praxeis – Doxa. Philosophes et philosophie au miroir des inscriptions impériales : quelques considérations »
Dans la vie publique de nombreuses cités de l’Occident, mais surtout de l’Orient de l’Empire romain, les philosophes et la philosophie jouèrent, jusque dans l’Antiquité tardive, un rôle très important, dont témoignent un grand nombre de sources littéraires, épigraphiques et archéologiques. Cette contribution analyse les sources épigraphiques, dans une perspective d’histoire sociale et culturelle.
Marco Di Branco, « Le città dei filosofi. Atene e Alessandria e le loro scuole filosofiche (II-VI secolo d.C.) »
Cette contribution étudie les différences entre les pratiques philosophiques à Alexandrie et à Athènes, entre le règne de Marc Aurèle et celui de Justinien, en mettant l’accent en particulier sur les rapports entre les écoles et le pouvoir impérial, à travers notamment la fondation des chaires athéniennes par Marc Aurèle et les rapports entre la fondation de l’école néoplatonicienne athénienne et les Néoplatoniciens alexandrins.
Ewen Bowie, « Philosophia and philosophoi in Athenaeus »
Cette contribution met en évidence le fait qu’Athénée donne une image hostile des philosophes. Malgré de nombreuses citations et références à leurs œuvres, les convives se concentrent sur les contradictions entre leurs actes et leurs convictions supposées, non sur leurs écrits. Cette image satirique pouvait séduire les lettrés plus attirés par la littérature et la sophistique que la 719philosophie. Plusieurs exemples sont étudiés, et comparés à d’autres descriptions négatives des philosophes, datant de la même période.
Letizia Abbondanza, « La sophia e i saperi nella Vita di Apollonio di Tiana »
Le mot sophia change de sens selon les contextes dans lesquels il est utilisé. L’analyse ici se concentre surtout sur la Vie d’Apollonius de Tyane et sur les différentes acceptions du savoir-sagesse d’Apollonius face aux souverains avec lesquels il dialogue, comme Domitien ou le roi parthe Vardanès. La ressemblance entre Apollonius et Ésope, dont la figure reçoit un rôle nouveau dans le système des savoirs théorisé par Philostrate, redéfinit la sophia en la reliant à la pratique rhétorique.
Hélène Dessales, « Des philosophes domestiques ? Production statuaire et paysages culturels dans l’habitat de Pompéi »
Dans les maisons de Pompéi, la présence de statues de philosophes, associées à des décors de fontaines ou de jardins, suggère quel usage pouvait être fait de ces images en contexte domestique. Une étude archéologique permet de préciser leur fonction et leur mode de fabrication, mais aussi de s’interroger, de façon conjointe, sur le rapport des producteurs et des commanditaires à la représentation du savoir.
Angelo Giavatto, « “La promesa della filosofia”. La scelta dello stoicismo in Epitteto »
Cette contribution concerne l’apport de la figure d’Épictète à l’analyse du statut de la philosophie et du philosophe à l’époque impériale. Elle étudie en particulier son effort d’adapter le stoïcisme traditionnel aux exigences d’une nouvelle époque ainsi que les spécificités de sa méthode pédagogique, considérées du point de vue des règles dialectiques qui caractérisent l’enseignement d’Épictète et des traces textuelles que cet enseignement a laissées dans les Entretiens et dans le Manuel.
Alexandra Michalewski, « Vivre en philosophe. Signification de la philosophia dans la Vie de Plotin »
La Vie de Plotin définit la philosophia non comme une accumulation de savoirs doctrinaux, mais comme la mise en œuvre d’une discipline de l’âme 720pour contempler le divin. Celle-ci repose sur la pratique de différents niveaux de vertu qui jalonnent la conversion de l’âme incarnée vers une origine qu’elle n’a jamais quittée. Valoriser la philosophia comme moyen de s’unir au divin, tel est l’objectif de ce récit qui sert d’introduction à l’édition porphyrienne des traités de Plotin.
Ariel S. Lewin, « Le scuole filosofiche ebraiche tra religione e politica »
Cette contribution étudie le rôle social fondamental joué par les Pharisiens dans la Judée du ier siècle av. J.-C. et du ier siècle ap. J.-C., tout en tenant compte des différents autres groupes religieux du judaïsme de cette époque. Ces derniers peuvent être définis comme des sectes, au sens sociologique du terme, mais aussi comme des écoles philosophiques.
Richard Goulet, « Les philosophes et leurs écoles au Bas-Empire »
Des statistiques permettent de suivre l’évolution des écoles du vie siècle avant J.-C. à la fin du vie siècle après J.-C. On constate au Bas-Empire une diminution globale du nombre de philosophes attestés et de philosophes dont on connaît l’école d’appartenance, une disparition assez subite de toutes les écoles à l’exception de l’école néoplatonicienne, une volonté, chez les professeurs de philosophie, de maintenir la tradition, avec le sentiment d’une disparition progressive de l’institution philosophique.
- CLIL theme: 3127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie antique
- ISBN: 978-2-406-06127-4
- EAN: 9782406061274
- ISSN: 2428-713X
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06127-4.p.0715
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 05-27-2017
- Language: French