![Nouveau Répertoire de mises en prose (suite). Récits brefs et autres genres (XIIIe-XVIe siècle) - Image du monde de Gossuin de Metz (?)](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/MciMS09b.png)
Image du monde de Gossuin de Metz (?)
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Nouveau Répertoire de mises en prose (suite). Récits brefs et autres genres (xiiie-xvie siècle)
- Author: Silvi (Christine)
- Pages: 117 to 145
- Collection: Literary Texts of the Middle Ages, n° 75
- Series: Mises en prose, n° 11
Image du monde de Gossuin
de Metz (?)
(Christine Silvi)
(A) la prose
– auteur : Gossuin ? Ce nom apparaît avec des variantes dans les mss (1) (« Gossouin »), (2) (« Gossonin »), (5) (« Gosson ») ci-dessous, sans que l’on puisse déterminer s’il faut lui attribuer uniquement le texte versifié ou aussi la version en prose.
– dédicataire : non mentionné
– datation : inter janvier 1246 (date d’achèvement de la source en vers ; sur les problèmes de datation, cf. Centili 2005, p. 36-42 ; Destombes 1964, p. 118) et le début du xive siècle (date du ms (3) ci-dessous).
– neuf manuscrits (sigles de Prior), dont deux perdus ou non localisables. Le ms Montréal, McGill UL, De Ricci 144 (1 f.) mentionné dans Jonas, contient de fait un fragment de l’Image du monde en vers.
(1) Paris, BnF, fr. 574 (A, Gallica ; manuscrit de base pour l’éd. Prior ; transcription par N. Kanaoka 2018 dans la BFM) ; anciennes cotes : Rigault II 527 ; Dupuy II 353 ; Regius 7070. Ca 1320. Parchemin ; 6 + 142 + 4 f. ; 380 x 255 mm ; 2 colonnes, de 19 à 20 lignes chacune ; foliotation en chiffres arabes ; reliure de veau raciné brun à dos de maroquin rouge, du xixe siècle ; réclames au verso des f. 12, 24, 36, 48, 72, 84, 108, 120 et 132.
Belles initiales historiées (2, 4 ou 5 UR), au début la première partie du texte : un clerc lisant un ouvrage à ses disciples (f. 1ra) ; Dieu bénissant le monde et tenant une mappemonde en OT inversée (f. 3vb) ; Dieu créant le monde qu’il tient de la main gauche, un compas dans la 118main droite (f. 4va) ; Dieu créant Adam et Eve (f. 7va). Antennes dans le cadre. Même décoration pour les lettres inaugurant les parties deux et trois dans la table des matières et pour quelques initiales au début des paragraphes dans le texte. Titres des chapitres rubriqués en rouge et suivis d’une lettre ornée de gros module. Bouts-de-ligne décorés de motifs géométriques, floraux ou de têtes d’animaux. Dans le texte, majuscules rehaussées d’or.
Riche décoration due au Maître de Fauvel (Rouse – Rouse 2000, I, p. 211 et 213 et II, p. 198 et pl. 137), complétée par les 28 figures cosmographiques et géographiques, qui font partie intégrante du texte, et par quelques miniatures. Figures très soignées : légendées et tracées à l’encre noire, avec utilisation du compas et de la règle, elles sont peintes en rouge, bleu, vert, brun, noir, violet et or ; 8 autres miniatures, soigneusement exécutées (f. 1r, sous l’incipit, deux scènes : un clerc astronomien à gauche et un copiste à droite ; 7 autres miniatures illustrent les arts libéraux : grammaire, f. 27ra ; logique, f. 27ra ; rhétorique, f. 27rb ; arithmétique, f. 28ra ; géométrie, f. 28vb ; musique, f. 29rb ; astronomie, f. 30va).
Trois marques de possession : (1) dernier f. de garde précédant le texte : « Ce livre fu a messire Guillaume Flote, seigneur de Revel et chancellier de France » ; le pot de fleurs surmonté de la devise « Tout se me fait le son venir. G » (f. 142r) pourrait être son emblème (Paris 1842, p. 32). (2) Ex-libris du duc Jean de Berry sur le recto du dernier f. de garde avant le texte et au f. 139v : « Ce livre est au Duc de Berry », avec signature autographe du duc, visible aussi sur le f. 141r ; présent dans l’inventaire de la bibliothèque du duc, dressé en 1402 (Guiffrey 1894, p. 236), il est aussi enregistré dans l’inventaire post mortem (1416 ; cf. Delisle 1907, p. 246) ; c’est sa fille, Marie de Berry, qui en hérita (Beaune – Lequain 2007, p. 51). (3) f. 141r : « Dominique de Bourgoingne, philozophe du Thoison d’or, roy de Frize, et referendaire de l’Apocalipse » (Paris 1842, p. 32) ; marque suivie par la devise « J’ay quis honneur ». Il s’agit très probablement du « philosophe du duc » (Dion 2018, II, p. 834). Le ms passa enfin dans les collections de la Bibliothèque royale (estampilles aux f. 1r et 139v), sans qu’on puisse préciser à quelle date.
Contenu : Image du monde (f. 1r-139v) ; f. 140v : peinture représentant la Passion en trois registres, bordée à gauche de textes liturgiques en latin.
119L’« un des plus beaux manuscrits de la Bibliothèque Nationale » (Prior 1913, p. 16), il figura en 1881 dans l’exposition des manuscrits les plus précieux de cette institution, puis dans l’exposition Chefs-d’œuvre ? (2010, p. 10), et encore dans l’exposition Le monde en sphères (BnF, 2019).
incipit : « Ci commence li chapitre du roumanz mestre Gossouin qui est apelez ymage du monde. Ce livre de clergie, que l’en apele l’ymage du monde, qui est translatez de latin en rommanz, contient .lv. chapitres et .xxviii. figures, sanz quoi li livres ne porroit estre legierement entenduz, qui est devisez en .iii. parties., dont la premiere partie contient .xiiii. chapistres et .viii. figures, sanz le prologue » (f. 1ra).
incipit du texte : « Ci commence l’ymage du monde. Qui bien veult savoir et entendre cest livre pour savoir et pour aprandre comment il doit vivre et soi contenir en cest sicle dont il vaudra mieulz touz les jours de sa vie, si lise tout premierement et tout ordeneement, si qu’il ne lise riens avant, devant ce qu’il entendra bien ce qui est devant » (f. 3vb-4ra).
explicit : « Vous qui avez oÿ l’escrit du Fill Dieu Jhesu Crist et puis du monde que Diex forma, li mondes a une autre forme que vous poez entendre par cestui, vous qui du siecle voulez aprendre quel chose ce est et comment il est et comment il va. Vous qui m’avez ci entendu, si priez au douz roi Jhesu Crist que il otroit et grace et gloire et bon memoire et entendement a celui qui cest livre escrist, et qui le parfist jusques en la fin. Amen. Explicit » (f. 139vb).
P. Paris 1842, Les manuscrits françois de la Bibliothèque du roi : leur histoire et celle des textes allemands, anglois, hollandois, italiens, espagnols de la même collection, Paris, Techener, V, p. 31-37
J. Guiffrey 1894, Inventaires de Jean Duc de Berry, Paris, Ernest Leroux, I, n. 908, p. 235-236
H. Bouchot, G. Lafenestre et al. 1904, Exposition des Primitifs français au Palais du Louvre et à la Bibliothèque nationale, Paris, Palais du Louvre et Bibliothèque nationale, n. 29, p. 13
L. Delisle 1907, Recherches sur la librairie de Charles V, Paris, Honoré Champion, II, n. 141, p. 246 et 302
H. Omont 1909-1913, Anciens inventaires et catalogues de la Bibliothèque nationale, Paris, Leroux, II, 1909, n. 527, p. 476 ; III, 1910, n. 353, p. 21 ; IV, 1913, n. 7070, p. 19
M. Destombes 1964, Mappemondes A.D. 1200-1500. Catalogue préparé par 120la Commission des cartes anciennes de l’Union Géographique Internationale, Amsterdam, Israël, 45-16, p. 137-138
R. H. Rouse – M. A. Rouse 2000, Manuscripts and their Makers. Commercial Book Producers in Medieval Paris1200-1500, London, H. Miller, I, p. 211 et 213 ; II, p. 198 et pl. 137
C. Beaune – E. Lequain 2007, « Marie de Berry et les livres », in Livres et lectures de femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Turnhout, Brepols, p. 51
Chefs-d ’ œuvre ? Album de l ’ exposition d ’ ouverture 2010, Metz, Éditions du Centre Pompidou-Metz, p. 10
É. Dion 2018, Penser le monde en langue vulgaire et en images : enjeux sociaux et dimensions visuelles de la transmission du savoir dans l’Image du monde (xiiie-xve siècles), Thèse sous la dir. de I. Heullant-Donat et de S. Patzold, Université de Reims – Universität Tübingen, II, p. 831-834
Le monde en sphères. Catalogue de l ’ exposition de la Bibliothèque nationale de France 2019, Paris, BnF, p. 94-95 (notice d’E. Vagnon)
Notices en ligne : Archives et Manuscrits ; Biblissima ; Jonas
(2) Paris, BnF, fr. 25344 (B, Gallica) ; anciennes cotes : 156 ; Sorbonne 527 ; Sorbonne 1558. Ca 1340-1350. Parchemin ; 3 + 132 + 5 f. ; 230 x 155 mm ; 2 col. de 20 lignes chacune ; foliotation moderne en chiffres arabes ; reliure de maroquin rouge aux armes de Richelieu, marquée au dos : « Roman maistre Gossonin » ; réclames au verso des f. 9, 17, 25, 40, 60, 83, 89, 113.
Décoration, enluminures et figures assez proches de celles du ms BnF, fr. 574 (A) quoique moins luxueuses et sans qu’il soit possible d’affirmer que le ms 25344 ait été copié sur le 574 (pour une remise en question de ce lien de filiation, longtemps admis : Dion 2018, II, p. 709-711).
Neuf lettres ornées (3 ou 4 UR) (f. 2ra, 5ra, 27ra, 27va, 27vb, 28rb, 28vb, 29rb, 86rb) placées aux endroits stratégiques du texte. Antennes dans le cadre. Au début des chapitres dans la table des matières et au début de chaque paragraphe dans le texte, initiales filigranées alternativement bleues et rouges (1 UR). Titres de chapitres rubriqués en rouge et suivis d’une lettre filigranée (2 ou 3 UR). Bouts-de-lignes décorés d’entrelacs rouges et bleus. 7 miniatures probablement dues au Premier maître des heures de Jeanne de Navarre (Dion 2018, II, p. 706) : f. 2r, sous 121l’incipit, un clerc astronomien dicte son ouvrage à un copiste ; 6 autres miniatures illustrent les arts libéraux : grammaire (fait notable, c’est une femme qui professe), f. 27ra ; logique, f. 27va ; rhétorique, f. 27vb ; arithmétique, f. 28ra ; géométrie, f. 28vb ; astronomie, f. 29rb.
17 figures réalisées avec soin, avec utilisation de la règle et du compas, légendées et peintes (fig. 2, 3, 8, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 19, 20, 21, 22, 25, 26, 27, 28).
Manuscrit ayant appartenu au roi Charles V et apparaissant « dans tous les inventaires successifs de la librairie du Louvre depuis 1373 jusqu’en 1424 » (Avril – Lafaurie 1968, p. 82-83). Après la dispersion de la librairie en 1424, il est possible que Guillaume de la Baume (ca 1430-1500), seigneur de l’Illeins, chevalier d’honneur de la duchesse de Bourgogne (Wijsman 2010, p. 518) et dont le nom figure au f. 131, ait possédé ce ms. On le retrouve ensuite dans la collection du cardinal de Richelieu : armes du cardinal sur les plats et au dos de la reliure et, au f. 1v, signature du libraire Blaise qui, en 1643 et 1644, « parafa les livres du cardinal et en dressa un inventaire » (Delisle 1907, p. 204). La collection de Richelieu fut transportée en 1660 à la Bibliothèque de la Sorbonne (Delisle 1907, p. 204-207), dont on trouve l’estampille aux f. 2r, 91r et 132v. Le manuscrit entra en 1796 à la Bibliothèque nationale (Delisle 1907, p. 207). La cote actuelle remonte à 1868.
Le texte de l’Image du monde est moins incomplet qu’on l’a cru, des feuillets ayant été tout simplement déplacés, peut-être suite à une réfection de reliure. La foliotation ayant été faite postérieurement, ces lacunes et ces interversions de feuillets ne sont pas aisément repérables : les pertes se situent entre les f. 28-29, 38-39, 72-73, 84-85, 88-89 (un feuillet) ; perte de plusieurs f. entre les f. 42 et 43 ; le f. 40 doit être placé entre les f. 44 et 45, et les f. 41-42 après le f. 39, sachant qu’entre les f. 39 et 41, il y a une lacune.
incipit : « Ci commencent li chapitre du romanz maistre Gossonin qui est apelez ymage du monde. Cest livre de clergie que l’en apele l’ymage du monde qui est translatez de latin en roumanz contient .lx. chapitres et .xxviii. figures, sanz quoy li livres ne porroit estre legierement entenduz » (f. 2r).
incipit du texte : « Ci commence l’ymage du monde. Qui bien veult savoir et entendre cest livre pour savoir et pour aprendre comment il doit vivre et soi contenir en cest siecle dont il vaudra miex touz les jours 122de sa vie, si lise tout premierement et tout ordeneement, si qu’il ne lise riens avant, devant ce qu’il entendra bien ce qui est devant » (f. 4vb-5ra).
explicit : « Vous qui m’avez ci entendu, si priez au douz rois Jhesu Crist que il otroit et grace et gloire et bon memoire et entendement a celui qui cest livre escrit et qui le parfist jusques en la fin. Amen. Explicit » (f. 131vb).
L. Delisle 1907, Recherches sur la librairie de Charles V, Paris, Honoré Champion, II, n. 445, p. 76
M. Destombes 1964, Mappemondes A.D. 1200-1500. Catalogue préparé par la Commission des cartes anciennes de l’Union Géographique Internationale, Amsterdam, Israël, 45-28, p. 141
F. Avril – J. Lafaurie 1968, La Librairie de Charles V, Paris, Bibliothèque nationale, n. 155, p. 82-83
H. Wijsman 2010, Luxury Bound. Illustrated Manuscript Production and Noble and Princely Book Ownership in the Burgundian Netherlands (1400-1550), Turnhout, Brepols, p. 518, note 47
É. Dion 2018, Penser le monde en langue vulgaire et en images : enjeux sociaux et dimensions visuelles de la transmission du savoir dans l’Image du monde (xiiie-xve siècles), Thèse sous la dir. de I. Heullant-Donat et de S. Patzold, Université de Reims – Universität Tübingen, II, p. 835-837
Notices en ligne : Archives et Manuscrits ; Biblissima ; Jonas
(3) Paris, BnF, n.a.fr. 6883 (N, Gallica). Fin xiiie s. (très vraisemblablement le plus ancien témoin de la rédaction en prose). Parchemin ; 146 + 1 f. ; 290 x 205 mm ; 2 colonnes par page, de 30 lignes chacune ; foliotation tardive en chiffres arabes ; reliure en peau marbrée brune ; réclames au verso des f. 8, 15, 23, 31, 39, 47, 55, 63, 71, 79, 103, 119.
Beau « C » orné à fond bleu (7 UR) au début de la table des matières, laquelle est surmontée de trois miniatures (f. 1r) : inscrit dans un losange et entouré des quatre évangélistes représentés sous la forme allégorique du tétramorphe, le Créateur assis, bénissant de la main droite et la main gauche posée sur un œcumen en OT inversé ; une sphère noire ou bleue, cerclée d’orange sur fond bleu (la Terre ?) ; dans un décor monastique, un copiste tenant dans ses mains des instruments d’écriture. Les entrées de la table sont introduites par de grandes capitales : « L » (2 UR, avec 123alternance de rouge et de bleu pour les chapitres), « C » (3 UR, d’abord bleu puis rouge, pour les parties). Titre des chapitres rubriqué en rouge, chaque rubrique étant suivie d’une lettrine (3 UR), avec alternance rouge et bleu. Texte balisé de lettres rehaussées de rouge. 31 réserves destinées à recevoir des miniatures : une pour illustrer chacun des sept arts libéraux, deux pour le début des deuxième et troisième parties ; les 22 espaces restant se distribuent : 7 dans la première partie, 9 dans la deuxième, 6 dans la troisième.
Le texte de Gossuin (f. 1ra-68rb) est suivi des Moralitez des philosophes, en romanz, traduction du Moralium dogma philosophorum attribué à Guillaume de Conches, d’uncommentaire sur l’Apocalypse en français, puis d’une traduction française commentée de l’Apocalypse assortie d’un prologue de Gilbert de la Porrée.
incipit : « Cest livre de clergie que l’en apele l’ymage del monde, qui est translatez de latin en romanz, contient .lv. chapitres et .xxviii. figures, sanz quoi li livres ne pourroit estre legierement entenduz » (f. 1ra).
incipit du texte : « Ci commance l’ymage du monde. Qi bien veult savoir et entendre cest livre pour savoir et pour aprandre commant il doit vivre et soi contenir en cest sicle, dont il vaudra mieuz touz les jourz de sa vie, si lise tout premierement et tout ordeneement, si qu’il ne lise riens avant, devant ce qu’il entendra bien ce qui est devant » (f. 2va).
explicit : « Vos qui m’avez ci entendu, si priez au douz roi Jhesu Crist que il otroit et grace et gloire et bon memoire et entendement celui [sic] qui cest livre escrist et qui le parfist dusques en la fin. Amen » (f. 68rb).
M. Delisle – P. Meyer 1901, L’Apocalypse en français au xiiie siècle(Bibl. Nat. Fr. 403), Paris, Firmin Didot, p. CXI-CXII
R. K. Emmerson – S. Lewis 1985, « Census and Bibliography of Medieval Manuscripts Containing Apocalypse Illustrations, ca 800-1500 : II », in Traditio, 41, n. 112, p. 407
É. Dion 2018, Penser le monde en langue vulgaire et en images : enjeux sociaux et dimensions visuelles de la transmission du savoir dans l’Image du monde (xiiie-xve siècles), Thèse sous la dir. de I. Heullant-Donat et de S. Patzold, Université de Reims – Universität Tübingen, II, p. 838-839
Notices en ligne : Archives et manuscrits ; Jonas
124(4) Paris, B. Ste-Geneviève, 587 (G ; quelques reproductions dans ARCA). Début xive siècle. Parchemin ; 1 + 191 + 1 f. ; 370 x 265 mm et 370 x 250 mm ; pour l’Image du monde, 2 colonnes par page, 51 à 53 lignes chacune ; deux paginations modernes en chiffres arabes, la plus ancienne, barrée, ayant été remplacée par la plus récente lors de l’insertion de nouvelles pièces dans le recueil ; reliure en parchemin vert ; dans l’Image du monde,réclames au verso des f. 179 et 189 ; ancienne cote : H. f. in-fol. 5.
Grand « L » (4 UR) au début de la table des matières de l’Image du monde ; deux autres « L » de même facture, mais plus petits, annonçant le début des parties deux et trois. Titres des chapitres rubriqués en rouge ; au début de chaque chapitre, alternance de lettrines rouges et bleues (2 ou 3 UR). À l’intérieur des chapitres, lettres rehaussées de rouge.
28 figures tracées au compas, mais sans règle, à l’encre rouge et jaune ; la plupart sont légendées, mais certaines (fig. 2 et 3) n’ont pas été terminées.
Deux possibles notes de possession : dans une écriture du xviieou du xviiie siècle, mention d’un certain Fernault (f. 1) et d’un certain Chamlemys (f. 168). Le manuscrit appartenait déjà en 1753 aux collections de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (ex-libris au f. 2r).
Contenu : Gros et beau recueil enluminé constitué de 174 pièces : 155 articles traduits en français de l’Abbreviatio in gestis et miraculis sanctorum de Jean de Mailly, un traité de spiritualité, une version abrégée de l’Image du monde (f. 172ra-191vb).
Contrairement à ce qu’affirme Prior 1913 (p. 17), le texte de l’Image du monde n’est pas « très abrégé », les quelques passages supprimés par le copiste s’apparentant le plus souvent à des digressions. Si tous les chapitres de l’édition Prior, amputés ou non, se retrouvent bien ici, on constate néanmoins quelques erreurs ou confusions dans les intitulés, ainsi qu’un souci constant et beaucoup plus marqué que dans la version complète de récapituler, en début de chapitre et non plus à la fin, le contenu qui précède. Ce souci de didactisme apparaît également dans les apostrophes aux lecteurs (« Seignours et dames », f. 178va, 182vb, 184ra…) qui, absentes de la version de Gossuin, scandent le texte.
incipit : « Le livre de clergie, qui en romans est apelés l’Image dou monde, contient par tout .lv. chapitres et .xxvii. figures… » (f. 172ra).
125incipit du texte : « Ci commence l’image du monde. Qui voudra avoir bien l’entendement de cestui livre pour apprendre tel science par quoi il pora mener sa vie honestement, il doit entendre a ce qu’il lira et doit lire ordeneement ce qu’il lira et trouvera en cestui livre » (f. 172rb).
explicit : « Et que nos puissons avoir la joie de cele sainte gloire en la quele le Pere et le Filz et le Saint Esperit regnent et vivent sanz fin. Amen. Amen. Explicit liber Mapemonde » (f. 191vb).
Ch. Kohler 1893, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque Sainte-Geneviève,Paris, Plon – Nourrit, p. 303-306
P. Meyer 1901, « Le manuscrit 587 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève », in Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale et autres Bibliothèques, 36/2, p. 717-721
M. Destombes 1964, Mappemondes A.D. 1200-1500. Catalogue préparé par la Commission des cartes anciennes de l’Union Géographique Internationale, Amsterdam, Israël, 45-29, p. 142
Notices en ligne : Biblissima ; Calames ; Jonas
(5) Bruxelles, KBR, 9822 (C, Belgica). Inter 1460 et 1467 (le ms figure dans l’inventaire de la Bibliothèque des Ducs de bourgogne de 1467 : Falmagne – Van den Abeele 2016, 5.83). Flandre bourguignonne. Parchemin ; 2 + 47 f. ; 295 x 212 mm ; 2 colonnes par page, 37 à 44 lignes chacune ; foliotation moderne en chiffres arabes ; reliure moderne en peau de chamois violette ; réclames dont certaines sont très difficilement lisibles ; signatures.
Lettrine (4 UR), mi-rouge, mi-bleue et agrémentée d’un filigrane exécuté à la plume au début de la table des matières. Toutes les autres lettrines de la table et au début des chapitres sont rouges. Titres des chapitres rubriqués en rouge.
Miniatures réalisées sur des vignettes de papier de grandeur variable et collées, postérieurement à la confection du ms, à l’endroit qui leur avait été assigné par le copiste ; seule, la mappemonde finale (f. 46r) a été exécutée directement sur le parchemin (Bayot s. d., p. 118). Sur ces papillons de papier, on trouve les 28 figures habituelles, soigneusement tracées à la règle et au compas, peintes, avec toutes sortes de nuances de rouge, de bleu et d’or et portant, pour la plupart, les légendes attendues. 34 autres miniatures (+ 4 réserves restées vides), ce ms se différenciant 126d’une grande partie des autres copies de l’Image du monde « par son choix de reproduire l’iconographie de merveilles » (Schaack 1996, p. 187) : l’auteur (?) écrivant sous la dictée d’un clerc astronomien, f. 2r ; 7 miniatures illustrent les arts libéraux (grammaire, f. 10rb ; logique, f. 10va ; rhétorique, f. 10va ; arithmétique, f. 10vb ; géométrie, f. 11ra ; musique, f. 11rb ; astronomie, f. 11va) ; 21 miniatures illustrent les merveilles de l’Inde : 6 traitent des mœurs étranges des peuples de l’Inde (f. 18vb, 19ra, 19rb, 23va) ; 15 (+ les deux réserves aux f. 19va et 21vb) sont consacrées à quelques animaux fabuleux (f. 19va, 19vb, 20ra, 20rb, 20va, 20vb, 21va, 21vb, 22va, 23ra, 23rb) ; 7 se trouvent dans les chapitres sur l’Afrique et l’Europe (f. 26rb, 26va, 26vb), mais 2, dans le chapitre sur les oiseaux, manquent (f. 27r).
L’histoire de ce manuscrit est résumée dans Gaspar – Lyna, (1989, III/1, p. 351) : « Eu égard à son exécution négligée nous ne croyons pas qu’il ait été exécuté pour le duc de Bourgogne [= Philippe le Bon] bien que celui-ci le possédât dans sa bibliothèque. En effet, l’inventaire de 1467 le décrit en ces termes : ‘Ung autre livre en parchemin couvert de cuir rouge, intitulé au dehors : L’Ymage du monde en françois, comançant au second feuillet apres la table, qui le fist, et au dernier, endroit soy’ ». De 1794 à 1815, le ms fut transporté à Paris (« RF » rouge aux f. 2 et 48). Ce manuscrit, sans doute un présent fait à Philippe, vint s’ajouter aux quatre autres copies contenant l’Image du monde déjà présentes dans sa collection (Wijsman 2010, p. 245).
incipit : « Cy commencent les chapitres du rommant maistre Gosson qui est appellés l’ymaige du monde » (f. 2ra).
incipit du texte : « Cy commance l’ymaige du monde. Qui bien savoir et entendre cest <…> pour savoir et pour apprendre comment il doit vivre et soy contenir en se siecle dont il vauldra mieulx tous les jours de sa vie s’il le scet tout premierement et tout ordonneement » (f. 3ra).
explicit : « Vous qui m’avés cy entenduz, priés au doulz roy Jhesu Christ qu’il outroit et grace et gloire et bonne memoire et entendement a cellui qui ce livre escrist et qui le parfist jusques a la fin. Amen. Explicit le livre appellés l’imaige du monde, Dieu grace, Amen » (f. 48rb).
A. Bayot s. d., Catalogue des manuscrits français de la Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, p. 118
127M. Destombes 1964, Mappemondes A.D. 1200-1500. Catalogue préparé par la Commission des cartes anciennes de l’Union Géographique Internationale, Amsterdam, Israël, 46-2, p. 143
G. Dogaer – M. Debae 1967, La Librairie de Philippe le Bon : Exposition organisée à l’occasion du 500e anniversaire de la mort du duc, Bruxelles, Bibliothèque Albert Ier, n. 86, p. 66
R. Calcoen 1971, Inventaire des manuscrits scientifiques de la Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Centre national d’Histoire des Sciences, II, n. 256 + planches XXI-XXIII
I. Hottois 1982, L’iconographie musicale dans les manuscrits de la Bibliothèque royale Albert Ier : catalogue de l’exposition, Bruxelles, Bibliothèque royale Albert Ier, n. 101, p. 72
C. Gaspar – F. Lyna 1989, Les principaux manuscrits à peintures de la Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale Albert Ier, III/1, n. 334, p. 351-353 et III/2, p. 469-470
C. Pantens 1989, Manuscrits à peintures 1460-1486. Catalogue de l’exposition, Bruxelles, Bibliothèque royale Albert Ier, n. 29, p. 78-79
C. Schaack 1996, « Analyse de quelques aspects de l’image dans le manuscrit Bruxelles, B.R. 9822 du xve siècle. L’Image du monde de Gossuin de Metz », in Revue des archéologues et historiens d’art de Louvain, 29, p. 186-187 (présentation d’un mémoire de maîtrise soutenu à l’Université de Louvain-la-Neuve)
H. Wijsman 2010, Luxury Bound. Illustrated Manuscript Production and Noble and Princely Book Ownership in the Burgundian Netherlands (1400-1550), Turnhout, Brepols, p. 233, note 82 et p. 254, note 155
Falmagne – Van den Abeele 2016, 5.83
É. Dion 2018, Penser le monde en langue vulgaire et en images : enjeux sociaux et dimensions visuelles de la transmission du savoir dans l’Image du monde (xiiie-xve siècles), Thèse sous la dir. de I. Heullant-Donat et de S. Patzold, Université de Reims – Universität Tübingen, II, p. 826-828
Notices en ligne : Biblissima ; Jonas
(6) London, BL, Roy. 19-A-IX (R, numérisé sur le site de la BL). 1464. Bruges. Papier ; 3 + 152 + 1 f. ; 280 x 205 mm ; 24 longues lignes par page ; double foliotation (de la main du copiste, chiffres romains à l’encre rouge ; chiffres arabes à la mine de plomb à l’époque moderne) ; reliure 128datant de 1968 en cuir brun foncé et toile brun clair ; réclames au verso des f. 15, 27, 39, 51, 63, 75, 87, 99, 111, 123, 135.
Ms proche du BnF, fr. 574 (A), malgré des différences notables. Table des matières de facture assez simple : petite initiale à l’encre rouge au début de chaque chapitre, annonce du début et de la fin de chacune des parties rubriquée en rouge et centrée sur le feuillet. À l’intérieur du texte, titres des chapitres rubriqués. Aucune lettre historiée, mais de simples capitales rouges en début de chapitre (1 ou très exceptionnellement 2 UR). Très rares majuscules rouges en début de paragraphes (f. 44r, 45v, 48r, 49r, 49v, 50r, 98v, 102r) ; une seule lettre filigranée (au nom « Dieu ») au début du chapitre II de la première partie. Majuscules rehaussées de rouge à chaque début de phrase. Il s’agit d’un « manuscrit de la version en prose modernisée », la langue ayant été rajeunie (Dion 2018, I, p. 27 et II, p. 829).
Quatre enluminures (10 ou 11 UR) dont trois reprennent les scènes de 3 initiales historiées du ms BnF, fr. 574 (A) : à l’ouverture du prologue, un clerc lisant un ouvrage à ses disciples qui l’entourent (f. 4r) ; le Créateur assis entouré d’instruments astronomiques (motif absent du ms BnF, fr. 574, f. 5v) ; Dieu créant le monde (f. 8r) ; Dieu créateur d’Adam et Ève (f. 9r). Pas d’enluminures illustrant les arts libéraux. 28 figures, non légendées mais tracées avec soin à la règle et au compas et dans une gamme chromatique très proche de celle du ms BnF, fr. 574 ; la mappemonde finale, au f. 149r, en pleine page, reproduit fidèlement, quoique plus grossièrement, celle du ms BnF, fr. 574.
En dépit d’un programme iconographique très proche, les textes du Roy. 19-A-IX et du BnF, fr. 574 (A) présentent un grand nombre de variantes : titres différents (l’Ymage du monde devient, dans le ms Royal, le Miroir du monde, f. 1r), présence d’un « prologue declairant a qui ce volume appartient » (f. 4r) situé juste avant le prologue « traditionnel » (f. 4r-4v).
Commandité par Jean le Clerc, libraire à Bruges, ce ms a été copié sur le ms BnF, fr 574 (A) ; le copiste du Royal (ou son modèle ?) a confondu le duc Jean de Berry, possesseur du ms parisien, avec le commanditaire de l’ouvrage (f. 4r-v). Le manuscrit Royal entra dans les collections de John Theyer (bibliophile anglais du xviie siècle) qui le légua à son petit-fils Charles. Il passa ensuite à Robert Scott, libraire à Londres, avant d’être acheté, en 1678, par le roi Charles II. Ayant intégré la Old Royal Library, 129il fut, ainsi que tous les autres manuscrits royaux, remis en 1757 par George II au British Museum. Longtemps considéré comme celui qui a servi de base à la traduction de William Caxton, qui commet la même méprise sur le duc de Berry et qui reprend, outre le prologue caractéristique de ce codex, les erreurs et les omissions qui lui sont propres (Prior 1913, p. vii-viii), ce ms est également censé avoir appartenu (Blake 1967, p. 206), ou du moins avoir été confié (Copeland 1991, p. 36), au célèbre imprimeur anglais. Rien n’est cependant moins sûr, un certain nombre d’éléments permettant de remettre en question cette filiation.
incipit : « Cy commence la table des rubrices de ce present volume appellé le miroir du monde et premierement Prologue declairant a qui ce volume appartient. Apres contient la prologue du translateur la substance de ce present volume » (f. 1r).
Le texte est précédé de deux prologues :
– « Prologue declairant a qui ce volume appartient » (f. 4r-v ; édition dans Crotch 1928, p. 50-53) ;
– « Ci commence la prologue du translateur declairant la substance de ce present volume. Quiconques veult comprendre et entendre la substance de ce present volume pour especialment apprendre et savoir comment il doit vivre, soy conduire et gouverner en ceste vie mortelle et transitoire dont il porra de mieulx valoir tous les jours de sa vie… » (f. 4v-5r).
explicit : « … priant Dieu que tous ceulx qui le liront ou orront lire y puissent tellement prouffitez que ce soit au prouffit, honneur et santé de leurs corps et au salut de leurs ames. Amen. Explicit le miroir du monde » (f. 151r).
O. H. Prior 1913 (ed.), Caxton’s Mirrour of the World, London, English Text Society, p. vii-viii
G. F. Warner – J. P. Gilson 1921, Catalogue of Western Manuscripts in the Old Royal and Kings Collections in the British Museum, London, British Museum, II, p. 320
W. J. B. Crotch 1928, The Prologues and Epilogues of William Caxton, London, H. Milford, p. 50-53
M. Destombes 1964, Mappemondes A.D. 1200-1500. Catalogue préparé par la Commission des cartes anciennes de l’Union Géographique Internationale, Amsterdam, Israël, 46-8, p. 145
130N. F. Blake 1967, « The Mirror of the World and MS. Royal 19 A IX », in Notes and Queries, 14, p. 205-207
R. Copeland 1991, Rhetoric, Hermeneutics and Translation in the Middle Ages. Academic Traditions and Vernacular Texts, Cambridge, Cambridge University Press, p. 36
É. Dion 2018, Penser le monde en langue vulgaire et en images : enjeux sociaux et dimensions visuelles de la transmission du savoir dans l’Image du monde (xiiie-xve siècles), Thèse sous la dir. de I. Heullant-Donat et de S. Patzold, Université de Reims – Universität Tübingen, II, p. 829-830
(7) Baltimore, Walters Art Mus., W-199 (inconnu de Prior, en ligne). 20 février 1489. Bruges. Parchemin ; 3 + 136 + 3 f ; 279 x 213 mm ; 21 longues lignes par page ; double foliotation (la première, de la main du copiste, commence au premier prologue : tracée à l’encre rouge au milieu de la marge de tête du recto des feuillets, elle correspond à celle reportée dans la table des matières ; la seconde, en chiffres arabes à la mine de plomb dans le coin supérieur droit, est moderne) ; reliure en maroquin rouge (fin du xixe siècle ou début du xxe siècle) due à Léon Gruel ; réclames au verso des f. 34, 42, 50, 58, 74, 82, 90, 98, 114, 122.
Dans la table des matières, alternance d’initiales bleues et rouges pour chacun des chapitres (1 UR) et lettrines pour le premier prologue et le chapitre I de la deuxième partie (2 et 3 UR) ; la lettre qui suit chacune de ces lettrines est rehaussée de jaune. À l’intérieur du texte, titres de chapitres rubriqués. Après chaque rubrique, une initiale alternativement bleue et rouge (2, 3 ou 4 UR). Majuscules en début de phrase rehaussées de jaune. Grande initiale (6 UR) pour marquer le début de la deuxième partie.
Ms ayant de nombreuses affinités avec le ms Roy. 19-A-IX (R) : texte complet de la version en prose mais « modernisé » (Dion 1998, II, p. 823) ; programme iconographique très proche, même « prologue declairant a qui cest present volume appartient », à ceci près que Jean le Clerc, commanditaire du ms Royal, n’est plus mentionné. Néanmoins, la présence de légendes dans les figures (absentes du ms BL, Roy. 19-A-IX), ainsi que les miniatures illustrant les arts libéraux (également absente dans le ms de la BL), laissent à penser que le copiste a pris pour modèle un ms différent, peut-être le même que celui auquel ont eu recours le copiste du ms Royal et William Caxton.
131Enluminures en grisaille, dues sans doute à l’atelier de Guillaume Vrelant, actif à Bruges de 1454 à 1481. 11 miniatures (9 à 12 UR) rehaussées de rose pour les visages et les corps dénudés, de marron pour les cheveux, mais aussi de vert, de rouge ou d’or pour certains éléments du décor : à l’ouverture du premier prologue, un clerc lisant un ouvrage à 4 disciples qui l’entourent (f. 6r) ; le Créateur assis, entouré d’instruments astronomiques (f. 7v) ; Dieu assis, créant le monde (f. 9v) ; Dieu créant Adam et Ève (f. 10r) ; 7 autres miniatures illustrant, à la manière du ms BnF, fr. 574 (A), les arts libéraux (grammaire, f. 28r ; logique, f. 28v ; rhétorique, f. 29r ; arithmétique, f. 29v ; géométrie, f. 30r ; musique, f. 30v ; astronomie, f. 31v). 28 figures, légendées et tracées avec soin dans une gamme chromatique très proche de celle du ms de la BL (la mappemonde finale, f. 131r, est quasiment identique à celle du Royal).
Ce ms a appartenu jusqu’en 1894 à un collectionneur parisien inconnu, avant d’être acheté par Léon Gruel et Edmond Engelmann, célèbres relieurs parisiens, dont l’ex-libris est encore visible sur la garde supérieure. Entre 1900 et 1931, il entra dans les collections d’Henry Walters, qui le légua, en 1831, au Walters Art Museum.
incipit : « Chi commenche la table des rubrices de ce present volume appellé le miroir du monde » (f. 3r).
Le texte est précédé de deux prologues :
– « S’ensieut la prologue declairant a qui cest present volume appartient » (f. 5v-6v) ;
– « … chi commenche la prologue du translateur declairant la substanche de che present volume. Quiconques voeult comprendre et entendre la substance de ce present volume pour espetialment apprendre et savoir comment il doit vivre, soy conduire et gouverner en ceste vie mortelle et transitoire, dont il porra de mieulx valoir tous les jours de sa vie… » (f. 6v).
explicit : « Priant Dieu que tous ceulx qui le lyront ou orront lire y puissent tellement prouffiter que che soit au prouffit et sainté de leurs corps et au salut de leurs ames. Amen. Scriptum Anno domine incarnationis1489. 20 februarii » (f. 134r).
D. Miner 1949, Illuminated Books of the Middle Ages and Renaissance, Baltimore, The Walters Art Gallery, n. 134, p. 50
132S. De Ricci – W. J. Wilson 1961, Census of Medieval and Renaissance Manuscripts of the United States and Canada, New York, Kraus Reprint Corporation, n. 504
M. Destombes 1964, Mappemondes A.D. 1200-1500. Catalogue préparé par la Commission des cartes anciennes de l’Union Géographique Internationale, Amsterdam, Israël, 46-1, p. 143
D. Diringer 1967, The Illuminated Book : its History and Production, New York, Frederick A. Praeger, p. 458 et fig. VII-35b
L. M. C. Randall 1997, Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, II/2, Belgium, 1250-1530, Baltimore, John Hopkins University Press – Walters Art Gallery, notice 283, p. 438-447
T. Nevins 2002, « Image du monde », in Medieval Mastery. Book Illumination from Charlemagne to Charles the Bold / 800-1475, Turnhout, Brepols, n. 91, p. 324-325
É. Dion 2018, Penser le monde en langue vulgaire et en images : enjeux sociaux et dimensions visuelles de la transmission du savoir dans l’Image du monde (xiiie-xve siècles), Thèse sous la dir. de I. Heullant-Donat et de S. Patzold, Université de Reims – Universität Tübingen, II, p. 823-825
Notices en ligne : Biblissima ; Calames ; Jonas
(8) Ashburnham, Barrois 66 (T, localisation inconnue). Ms connu par les descriptions données par Holmes (1861, n. LXVI) et surtout par Prior (édition, p. 17) : « Le manuscrit Barrois 66 a été acheté par un M. Thomson à la vente de la Bibliothèque Ashburnham au mois de juin, 1901. C’est un manuscrit du xive siècle, sur vélin ; reliure verte en maroquin gaufré, 43 pages. L’Image du Monde occupe les fos 1 à 23. Le texte est abrégé. Le même volume contient : 1oParaphrase sur les 7 psaumes de pénitence ; 2oOratio ad B. Virginem ; 3oVitæ Sanctorum Patrum ». On apprend en outre dans le catalogue de vente The Ashburnham Library (1901, p. 132) que le ms était écrit en lettres gothiques, sur deux colonnes de 50 lignes chacune et qu’il contenait de nombreuses figures et des lettres ornées. Les textes qui figurent à la suite de l’Image du monde sont signalés comme étant d’une main différente. La reliure est l’œuvre de Thompson, qui exerça à Paris de 1842 à 1870. Le même catalogue cite aussi l’incipit (« Ci commence le livre de clergie qui en romans est appellé l’Image du monde ») et le début du prologue (« Qui vodra bien avoir l’entendimente 133de cestui livre il porra apprendre tel science por quoi il pora mener sa vie honestement »).
J. Holmes 1861, Catalogue of the Manuscripts at Ashburnham Place. Part the second comprising a Collection formed by Mons. J. Barrois, London, Ch. F. Hodgson, n. LXVI
L. Delisle 1866, Observations sur l’origine de plusieurs manuscrits de la collection de Monsieur Barrois, Paris, R. Lainé et J. Havard
L. Delisle 1888, Catalogue des manuscrits des fonds Libri et Barrois, Paris, Honoré Champion
L. Delisle 1899, « Vente de manuscrits du comte d’Ashburnham », in Journal des Savants, p. 317-337
The Ashburnham Library 1901 : Catalogue of the Portion of the Famous Collection of Manuscripts, the Property of the Rt. Hon. The Earl of Ashburnham, known as the Barrois Collection, London, Sotheby, Wilkinson & Hodge, p. 132, n. 358
H. Omont 1901, « Catalogue des manuscrits Ashburnham-Barrois récemment acquis par la Bibliothèque nationale », in Bibliothèque de l’École des chartes, 62, p. 555-610
H. Omont 1901, « Catalogue des manuscrits Ashburnham-Barrois récemment acquis par la Bibliothèque nationale (fin) », in Bibliothèque de l’École des chartes, 63, p. 10-68
R. Roden 1901, « Ashburnham Sale : The Barrois Manuscripts, the Last of the Earl’s Magnificients Acquisitions », in The New York Times, 29 June, p. 7
M. Destombes 1964, Mappemondes A.D. 1200-1500. Catalogue préparé par la Commission des cartes anciennes de l’Union Géographique Internationale, Amsterdam, Israël, 46A-27, p. 148
(9) Halle, ms Suchier (S, localisation inconnue). Ms du xiiie siècle, prêté par Hermann Suchier à Prior qui l’a transcrit. Description très succincte dans Prior p. 17 et p. 21 de son édition : « 105 feuillets, parchemin. L’Image du Monde occupe les fos 75 à 105. Elle est précédée d’une version du Livre du Sydrach ». Ms « fort abrégé », qui, étant « le plus ancien et le plus correct » des abrégés, « a dû avoir comme original une des premières copies complètes de la rédaction en prose ». Quant à son prologue, il « est entièrement original ». Aucune indication sur la présence de figures. Manuscrit et copie faite par Prior impossibles à localiser.
134M. Destombes 1964, Mappemondes A.D. 1200-1500. Catalogue préparé par la Commission des cartes anciennes de l’Union Géographique Internationale, Amsterdam, Israël, 46A-28, p. 148
– organisation du texte
La mise en prose, appelée selon les manuscrits Ymage du monde ou Miroir du monde, étant le résultat d’un simple travail de dérimage de la première version en vers, son organisation est en tous points conforme à celle de son modèle (même tripartition de la matière, même nombre de chapitres [55], présentés dans un ordre identique, « les quelque cinq mille lignes du texte [du manuscrit édité par Prior] correspond[a]nt aux 6586 vers de la première rédaction » (Connochie-Bourgne 1999, I, p. 41). L’Image du monde, désignée dès l’incipit comme un livre de clergie, commence par une table des matières qui signale la présence de 28 figures. Suivent un court prologue et les trois parties constitutives du traité, composées respectivement de 14, 19 et 22 chapitres, le dernier chapitre de la troisième partie étant une « recapitulation des choses devant dites ». L’auteur expose les éléments du savoir selon un ordre bien représenté dans la littérature didactique et qui consiste à aller « du Créateur aux créatures, pour retourner au Créateur » (Connochie-Bourgne 2013, p. 340), ce que Gossuin formule en ces termes : « Ci fenist l’ymage du monde qui commença a Dieu, et a Dieu prent fin » (éd. Prior, p. 203).
Prologue :
Qui bien veult savoir et entendre cest livre pour savoir et pour aprandre comment il doit vivre et soi contenir en cest sicle, dont il vaudra mieulz touz les jours de sa vie, si lise tout premierement et tout ordenéement, si qu’il ne lise riens avant, devant ce qu’il entendra bien ce qui est devant. Et ainsi porra il savoir et entendre cest livre. | Ore donques, qui veult entendre a cest commandement, il porra aprandre en cest livre grant partie de la faiture du monde, et comment il fu faiz par nature de Dieu et acompliz, et pour quoi il fu establiz ; dont il nous fist si trés grant bonté, li douz sires, que nous n’eüssiens riens esté neant plus que ce qui onques ne fu. | Si prions au commencement de cest livre a Dieu le pere tout poissant que il nous doint entendre tel bien et tel science aprendre et retenir qui nous maint et conduie en paradis, la ou il est, et que nous en puissons conquerre s’amour et sa grace. | Si commencerons tout avant du glorieus Dieu souverain et de sa puissance (éd. Prior, p. 59).
135Il est question, dans la première partie, de la toute-puissance de Dieu, des sept arts libéraux dont Gossuin retrace l’histoire, de la nature créée « premierement » par Dieu, de l’ordonnance du cosmos en sphères homocentriques et des quatre éléments, auxquels s’ajoute l’éther.
La deuxième partie est d’abord consacrée aux créatures – hommes, bêtes et plantes – qui peuplent la terre, divisée en trois zones (Asie, Europe et Afrique). Vient ensuite l’évocation de quelques phénomènes qui se produisent dans notre monde, puis celle de l’enfer, situé au centre de la terre, qui est quant à elle entourée d’éléments (eau, air, feu), minutieusement décrits. Enfin, après avoir présenté la disposition homocentrique des quatre éléments et tout en poursuivant son ascension, Gossuin en vient à traiter du « pur air » (l’éther), des sept planètes qui s’y tiennent et du firmament.
Dans la troisième partie, l’auteur conduit son lecteur du visible à la contemplation de l’invisible. Il termine d’abord la leçon d’astronomie commencée à la fin de la partie précédente, raconte l’histoire des sept arts sauvés du déluge par les philosophes anciens, lesquels n’ont rien à voir avec les contemporains de l’auteur qui sont l’objet d’une vive critique. Après cette longue digression, Gossuin en revient aux mesures cosmiques qui le conduisent à la description des signes du zodiaque, du firmament et de tout ce qui se trouve au-dessus, pour arriver au ciel empyrée où Dieu siège en majesté. C’est avec l’évocation du « celestiel paradis » que s’achève la pérégrination dans laquelle Gossuin a entraîné son lecteur, le dernier chapitre du traité présentant une récapitulation des chapitres précédents.
Une étude de l’organisation du texte ne saurait être complète sans la mention des 28 figures cosmographiques et géographiques qui structurent le traité et dont la plupart se retrouvent dans les encyclopédies latines et vernaculaires illustrées et qui sont en tous points identiques à celles de la première rédaction en vers. Pour une étude complète de ce programme iconographique pensé par Gossuin lui-même, on verra Connochie-Bourgne 1999, I, p. 356-392, et Dion 2018, p. 361-589. Première partie : fig. 1 (I,10) : les quatre éléments ; fig. 2 et 3 (I,11) : la terre ronde et le centre de gravité ; fig. 4 et 5 (I,11) : la terre percée (première expérience) ; fig. 6 et 7 (I,12) : la terre percée (deuxième 136expérience) ; fig. 8 (I,13) : la forme parfaite du cercle. Deuxième partie : fig. 9, 10 et 11 (II,1) : la pomme coupée en quartiers ; fig. 12, 13 et 14 (II,1) : les points cardinaux ; fig. 15 et 16 (II,1) : la tripartition des terres habitées ; fig. 17 (II,18) : les 6 sphères homocentriques (les 4 éléments, l’éther et le ciel étoilé) ; fig. 18 (II,18) : les 8 sphères homocentriques (la terre et les sphères des 7 planètes) ; fig. 19 (II,19) : les 9 sphères homocentriques (la terre, les sphères des 7 planètes et le firmament). Troisième partie : fig. 20, 21 et 22 (III,1) : le cône d’ombre ; fig. 23 et 24 (III,2) : le jour et la nuit ; fig. 25 (III,3) : les phases de la lune ; fig. 26 (III,3) : l’éclipse de lune ; fig. 27 (III,4) : l’éclipse de soleil ; fig. 28 (III,21) : la mappemonde cosmique.
(B) la source
Gossuin de Metz (pour une mise au point sur l’épineux problème de l’auteur : Connochie-Bourgne 1999, I, p. 61-88), Image du monde, milieu du xiiie siècle ; ca 6600 octosyllabes à rimes plates, répartis en 55 chapitres distribués en 3 parties et précédés d’une table des matières et de deux prologues à visée pédagogique. Un manuscrit réputé complet se doit de contenir les 28 figures annoncées dans la table des matières.
Texte contenu dans 71 ms au total, y compris les fragments et les mss perdus ou non localisés (mss inventoriés et étudiés par Connochie-Bourgne 1999, I, chap. 3, p. 90-283).
édition
C. Connochie-Bourgne 1999, L’Image du monde, une encyclopédie du xiiie siècle. Édition critique et commentaire de la première version, Thèse sous la dir. de C. Thomasset, Université de Paris-Sorbonne, 4 vol.
(C) histoire de la prose
L’Image du monde a connu un très grand succès. Certains passages ont été empruntés par les autres grands traités encyclopédiques des xiiie et xive siècles (Placides et Timeo, Livres dou Tresor de Brunet Latin, Livre de Sidrach…), sans qu’il soit possible de dire si les emprunts ont été faits à la première rédaction en vers ou à sa mise en prose.
137Huit éditions anciennes :
(1) [Paris, Antoine Caillaut, ca 1485-1491], in-4, 46 f. [New York, PML, ChL-1431A]
Un bois gravé, au verso de la page de titre : un saint docteur que deux clients viennent consulter (repr. dans H. W. Davies, Catalogue of a Collection of Early French Books in the Library of C. Fairfax Murray, London, Privately Printed, 1910, p. 287).
GW, 10962 ; ISTC, ii000020000 ; USTC, 70452 ; FVB, 30329 ; Bechtel 2010, I-2
F. R. Goff 1973, Incunabula in American Libraries. A Third Census of Fifteenth-Century Books Recorded in North American Collections, New York, Kraus Reprint, I-2
A. C. Klebs 1938, Incunabula scientifica et medica, Bruges, Imprimerie Sainte-Catherine, 530.1
(2) [Paris, Antoine Caillaut, ca 1491-1492], in-4, 48 f. [Paris, B. Mazarine, Inc 621-6 ; Oxford, Bodl. Libr., Douce 44 ou I-001]
GW, 10963 ; ISTC, ii00002500 ; USTC, 70453 ; FVB,30330 ; Bechtel 2010, I-3
R. Proctor 1898, An Index to the Early Printed Books in the British Museum from the Invention of Printing to the Year MD, with notes of those in the Bodleian Library, London, Kegan Paul, II, 7976
A. C. Klebs 1938, Incunabula scientifica et medica, Bruges, Imprimerie Sainte-Catherine, 530.2
D. Hillard 1989, Catalogues régionaux des incunables des bibliothèques publiques de France, VI (Bibliothèque Mazarine), Paris, Aux amateurs de livres, 1065
A. Coates, K. Jensen et al. 2005, A Catalogue of Books Printed in the Fifteenth Century now in the Bodleian Library, IV, Oxford, University Press, p. 1433
(3) Paris, [Jean Trepperel pour] Michel le Noir, [ca 1492-1498], in-4, 46 f. [London, BL, IA-40419]. Marque de Jean Trepperel sur la page de titre ; colophon au nom de Michel le Noir.
GW, 10964 ; ISTC, ii000030000 ; USTC, 70455 ; FVB,30332 ; Bechtel 2010, I-4
138J. G. T. Graesse 1863, Trésor des livres rares et précieux, Dresde, Rudolf Kuntze, IV, p. 236
R. Proctor 1898, An Index to the Early Printed Books in the British Museum from the Invention of Printing to the Year MD, with notes of those in the Bodleian Library, London, Kegan Paul, II, 8223
A. C. Klebs 1938, Incunabula scientifica et medica, Bruges, Imprimerie Sainte-Catherine, 530.3
Catalogue of Books Printed in the xv th Century now in the British Museum 1963,London, British Museum, VIII, p. 166 et 183
F. R. Goff 1973, Incunabula in American Libraries. A Third Census of Fifteenth-Century Books recorded in North American Collections, New York, Kraus Reprint, I-3
Contrairement à ce qu’affirment ISTC et USTC – sans doute sur la base de GW – et même Goff 1973 (p. 325),la PL de New York ne possède pas cette édition.
(4) Paris, Jean Trepperel, [ca 1493-1498], in-4, 46 f. [Paris, BnF, Rés. D-4722]. Marque de Jean Trepperel sur la page de titre.
GW, 10965 ; ISTC, ii00003500 ; USTC, 70454 ; CIBN,2/1, I-1, p. 59 ; FVB,30331 ; Bechtel 2010, I-5
J. G. T. Graesse 1863, Trésor des livres rares et précieux, Dresde, Rudolf Kuntze, IV, p. 236
(5) Paris, s. n., s. d., [ca 1520], in-4, 28 f. [Oxford, Bodl. Libr., Douce MM-483]
Deux bois gravés (sur la page de titre, 11 sphères homocentriques ; après le prologue, le Christ créateur de tous les êtres). Édition soignée : titres de chapitres rubriqués, initiales décorées et ornées.
USTC, 8293 ; FVB,30334
A. Neubauer 1876, « Les traductions hébraïques de L’Image du Monde », in Romania, 5, p. 131-134 [reproduction de la table des chapitres]
(6) Lyon, Olivier Arnoullet, [ca 1520-1530], in-16, 60 f. [Cleveland, PL, 032 Im12a] (en ligne)
Bois gravé sur la page de titre : figurant à lui seul l’univers, un cercle entouré de deux séraphins contient, dans sa partie inférieure, une 139représentation de la terre, et est surmonté d’un trône céleste sur lequel Dieu siège en majesté.
USTC, 76158 ; Baudrier, X, p. 44-45 ; von Gültlingen, III, n. 123, p. 224 ; FVB,30333 ; Bechtel 2010, I-7
(7) Paris, Alain Lotrian, [ca 1520-1535], in-4, 26 f. [London, BL, 568-e-16.(2.) ; Wolfenbüttel, HAB, H-T-81-4o Helmst. (2)]
Deux bois gravés : le même que celui de l’éd. (5) sur la page de titre ; marque d’Alain Lotrian au verso du dernier feuillet.
USTC, 55823 ; FVB,30336 ; Bechtel 2010, I-8
H. W. Davies 1910, Catalogue of a Collection of Early French Books in the Library of C. Fairfax Murray, London, Privately Printed, p. 288
(8) Paris, [veuve de ?] Jean Janot, [ca 1520 ?], in-4, 28 f. [New York, PL, KB-152]
Cinq bois gravés : sur la page de titre, même grosse sphère que dans les éd. (5) et (7), mais imprimée à l’envers ; 2 représentations de l’auteur au travail (reproductions dans Silvi 2017, p. 324-325) ; cour céleste (reproduction dans Silvi 2017, p. 326) ; au verso du dernier feuillet, marque de Jean Janot. Les catalogues hésitent quant à l’attribution de cette édition à ce dernier (mort en 1522) ou à sa veuve ; sans que cela constitue une preuve irréfutable, l’Image du monde n’est pas mentionnée dans l’inventaire dressé à sa mort (G. A. Runnalls, « La vie, la mort et les livres de l’imprimeur-libraire parisien Jean Janot d’après son inventaire après décès (17 février 1522 n.s.) », in Revue belge de philologie et d’histoire, 78, 2000, p. 842-850).
USTC, 32830 ; Moreau, III, 1522, n. 337 ; FVB,30333 ; Bechtel 2010, I-6
J. G. T. Graesse 1863, Trésor des livres rares et précieux, Dresde, Rudolf Kuntze, IV, p. 236
L’édition mentionnée dans USTC, 93700, sur la base de du Verdier 1585, p. 243 [Paris, Jean Trepperel, s. d., in-8 ; « No known Surviving Copy ») est sans doute une édition fantôme. Aucune trace non plus de l’éd. mentionnée par Graesse 1863, p. 236 : [s. l., s. d., in-4, 36 f., 34 lignes].
Les éditions donnent un texte abrégé impossible à rattacher à un des manuscrits connus. Contenu organisé en trois parties et en chapitres, 140avec beaucoup d’erreurs dans la répartition de la matière. Certains chapitres sont amputés de paragraphes entiers, cette tendance s’accentuant dans la troisième partie ; d’autres ont été l’objet d’un véritable travail de recomposition, sans que l’on puisse savoir qui est à l’origine de ces suppressions et de ces réécritures. Disparition du chapitre contenant la « recapitulation finale », des 28 figures et des expériences qui, nécessitant leur utilisation, ne peuvent être réalisées sans elles. Les éditions qui, à quelques petites variantes près, semblent présenter le même texte, peuvent être réparties en trois groupes (pour une description détaillée, cf. Silvi 2017, p. 293-328) : l’édition (1) qui ne mentionne pas le nom de Gossuin, ne contient que l’Image du monde et a pour titre « S’ensuit le livre de clergie nommé l’Ymage du monde translaté de latin en françois » ; les éditions (2) à (4), qui reprennent le titre de l’édition 1 et qui associent l’Image du monde à la Diète de salut de Pierre de Luxembourg, les deux textes étant matériellement présentés comme indépendants l’un de l’autre ; les éditions 5 à 8 qui intègrent à l’Image du monde une partie de la Diète de salut (de son début à la fin de son « prologue »), donnant ainsi l’illusion que les deux textes, présentés sous un même titre, ne font qu’un : « L’Image du monde. Contenant en soy tout le monde mis en trois parties | c’est assavoir Asie | Affricque et Europe | avec les pays provinces et citez | et les merveilleuses et diverses creatures qui sont dedans contenant en soy troys parties comme il appert cy aprés en la table de ce present livre ». Le paratexte des éditions fournit en outre un certain nombre d’éléments destinés à orienter la réception de l’œuvre : les éditions (1) à (4) sont présentées comme contenant un traité d’édification, alors que les éditions (5) à (8), qui mettent l’accent sur son contenu géographique, visent à privilégier une lecture plus « scientifique » (Silvi 2017, p. 299-312).
traductions anciennes
Deux manuscrits conservés à Florence – BN Centr., Fondo Naz., II-II-83, f. 164r-190v (en ligne : archive.org) et Conv. Sopp. G-2-1501 (f. 2r-22v) – contiennent des traductions en italien de la rédaction en prose : « l’un est une copie du xve siècle d’un texte traduit en 1380, l’autre date de la fin du xive siècle ou du tout début du xve siècle » (Connochie-Bourgne 1999, I, p. 262). Le ms Fondo Nazionale, qui mentionne explicitement la date de la traduction au f. 190v, contient 28 figures tracées à l’encre 141rouge. Le ms Conv. Sopp., d’aspect très simple, ne présente que 3 figures, tracées sans grand soin à l’encre.
Il existe également une traduction anglaise faite par William Caxton, commencée le 2 janvier 1480 et terminée le 8 mars de la même année. L’hypothèse selon laquelle cette traduction serait basée sur le ms de la BL (n. 6 ci-dessus), écrit en 1464 à Bruges, ville avec laquelle Caxton a entretenu des liens très forts (Jacquot 1956, p. 71-96), doit être remise en question, la découverte du ms de Baltimore (n. 7) laissant à penser que c’est un autre témoin, apparenté à ces deux codex mais aujourd’hui perdu, qui a été utilisé par l’imprimeur. Il ne fait en effet plus aucun doute que Caxton a dû consulter un autre manuscrit (venant compléter le ms Royal ou à la place de ce dernier mais appartenant à la même famille) qui lui aura donné l’idée d’illustrer par un bois gravé chacun des arts libéraux (le Royal étant dépourvu de ces miniatures), et qui lui aura également permis de légender ses figures, celles du Royal étant dépourvues de toute inscription. Le manuscrit de Baltimore, postérieur à l’édition de Caxton, a le mérite de prouver qu’au moins un autre manuscrit de la même famille a circulé, plus « complet » que celui de la BL, et que c’est dans ce (ou ces) manuscrit(s) que le copiste du Walters 199, comme Caxton avant lui, ont trouvé et les légendes et les enluminures absentes du Royal. Fait remarquable, la première édition de l’Image du monde en anglais est aussi le premier livre à avoir été imprimé Outre-Manche avec des illustrations. Cette traduction qui, en dépit de quelques adaptations au public anglais (Kuskin 2008, p. 311), reste très fidèle au texte français que Caxton avait sous les yeux, a été imprimée par Caxton à deux reprises :
– Mirrour of the World, [Westminster, William Caxton, 1481], 100 f.
– Myrrour of the World, [Westminster], William Caxton, [ca 1489-1490], 88 f. (les deux éditions sont numérisées sur le site Early English Books Online)
et a donné lieu à une troisième édition, qui introduit quelques altérations et additions :
– The Myrrour & dyscrypcyon of the worlde, [London], Laurence Andrewe, [1527 ?], 89 f. (en ligne EEBO)
O. H. Prior 1913, Caxton’s Mirrour of the World, London [transcription de la princeps]
142J. Jacquot 1956, « Les lettres françaises en Angleterre à la fin du xve siècle. Le rôle de Caxton et l’influence de la Cour de Bourgogne », in La Renaissance dans les Provinces du Nord (Picardie-Artois, Flandres-Brabant-Hainaut), Paris, CNRS, p. 71-96
W. Kuskin 2008, Symbolic Caxton. Literary Culture and Print Capitalism, Indiana, University of Notre Dame Press, p. 311
Une traduction en hébreu (Tzalmut ha-‘Olam = Image du monde), datée sans doute avant la première moitié du xvie siècle, présente un texte abrégé ; deux mss : Moscou, RGB, Günzburg 287 (26 f.) et Oxford, Bodl. Libr., Oppenheimer 579 (f. 33-48). Ces deux manuscrits présentent deux versions différentes d’une seule et même traduction ; les variantes entre leurs figures respectives prouvent que les copistes ont suivi des modèles iconographiques différents. Si l’hypothèse d’une traduction faite d’après un texte français déjà abrégé est privilégiée, il semble néanmoins exclu que cette traduction soit basée sur une des éditions de l’Image du monde (thèse soutenue par Neubauer mais contredite par la présence, dans les deux mss, d’un programme iconographique conforme à celui des mss français, ainsi que par la mention, dans les textes hébreux, de la date de 1245 et des récits d’expériences, autant d’éléments qui, non rapportés dans les éditions, ont forcément été empruntés à une version manuscrite). La traduction hébraïque n’étant « nullement littérale […], mais remaniée et adaptée au génie rabbinique » (Neubauer 1876, p. 135), il convient de parler de versions plutôt que de traductions.
La « traduction » hébraïque a, à son tour, donné lieu à plusieurs éditions, le texte du ms Günzburg, le moins interpolé des deux, étant celui qui se rapproche le plus de celui de l’editio princeps (Tzel ha-‘Olam, Amsterdam, s. n., 1733, numérisé sur le site de The Ohio State University), laquelle connut au moins 11 rééditions plus ou moins fidèles au xixe siècle (Elbaum 1971-1972, p. 162-168).
Le texte hébreu a de plus été traduit, et à son tour abrégé, en yidich – Sefer Yedi’at ‘Olam, Altona, [1718/19], avec une rééd. en 1728 (voir Neubauer 1876, p. 138-139), – et en tatar (le texte, diffusé sous le titre Tzel ha-‘olam et dont le traducteur est resté anonyme, est conservé dans un unique ms, daté de 1830 : New York, Jewish Theological Seminary, 3482).
A. Neubauer 1876, « Les traductions hébraïques de L’Image du Monde », in Romania, 5, p. 129-139
143M. Steinschneider 1893, Die hebraeischen Übersetzungen des Mittelalters und die Juden als Dolmetscher, Berlin, Kommissionsverlag des Bibliographischen Bureaus [repr. Graz, 1956], § 570, p. 950-951
J. Elbaum 1971-1972, « The Printed Editions of the Book Tzel ha-olam », in kirjath Sepher, 47, p. 162-168
(D) bibliographie
(1) éditions
O. H. Prior 1913, L’Image du monde de Maître Gossuin de Metz, rédaction en prose. Texte du manuscrit de la Bibliothèque Nationale, fonds français no 574, avec corrections d’après d’autres manuscrits, notes et introduction, Lausanne, Imprimeries Réunies
É. Dion 2018, Penser le monde en langue vulgaire et en images : enjeux sociaux et dimensions visuelles de la transmission du savoir dans l’Image du monde (xiiie-xve siècles), Thèse sous la dir. de I. Heullant-Donat et de S. Patzold, Université de Reims – Universität Tübingen, p. 907-909 [éd. des deux prologues, de la fin du chap. III, 22 et de l’épilogue du ms Walters 199, ms 7 ci-dessus]
(2) bibliographie critique
Pour les études antérieures à 2003, on se reportera à : C. Silvi 2003, « Les ‘petites encyclopédies’ du xiiie siècle en langue vulgaire. Bibliographie sélective (1980-2000) », in Le Moyen Âge, 109, p. 345-361
M. Evans 1978, « Allegorical Women and Practical Men : The Iconography of the Artes Reconsidered », in Medieval Women, Oxford, Basil Blackwell, p. 305-329 (p. 314-317)
C. Connochie-Bourgne 2003, « Images didactiques. Par le visible vers l’invisible », in Cahiers Diderot, 13, p. 117-134
S. Centili 2005, La tradition manuscrite de l’Image du monde. Fortune et diffusion d’une encyclopédie du xiiie siècle, Thèse sous la dir. de F. Vielliard, École nationale des chartes (Positions des thèses de l’École nationale des chartes, 2005, p. 31-37)
C. Connochie-Bourgne 2005, « L’exemple des peuples d’ailleurs », in En quêtes d’utopies, Paris, PUPS, p. 183-194
144C. Silvi 2005, « Les variations sur le nom dans la Mappemonde de Maître Gossuin de Metz », in Par les mots et les textes. Mélanges de langue, de littérature et d’histoire des sciences médiévales offerts à Claude Thomasset,Paris, PUPS, p. 679-691
C. Connochie-Bourgne 2006a, « Mise en récit et discours scientifique : les encyclopédies du xiiie siècle en langue vulgaire (Image du Monde, Livres dou Tresor, Livre de Sydrac, Placides et Timéo) », in L’Écriture du texte scientifique. Des origines de la langue française au xviiie siècle, Paris, PUPS, p. 117-131
C. Connochie-Bourgne 2006b, « Le pont de Virgile : une merveille technique », in Les ponts au Moyen Âge, Paris, PUPS, p. 49-64
C. Silvi 2006, « Le recours au grec dans les petites encyclopédies en français », in Connaissance Hellénique, 108, p. 68-80
G. Jostkleigrewe 2007, « L’espace entre tradition et innovation. La géographie symbolique du monde et son adaptation par Gossuin de Metz », in Construction de l’espace au Moyen Âge. Pratiques et représentations, Paris, Publications de la Sorbonne, p. 369-378
C. Silvi 2007, « Le traitement de la Grèce dans les ‘petites encyclopédies’ du xiiie siècle en français », in Orbis Terrarum,9, p. 193-206
S. Centili 2008, « L’Image du monde face à son public », in Transfert des savoirs au Moyen Âge. Wissenstransfer im Mittelalter, Heidelberg, Universitätsverlag Winter, p. 117-127
C. Connochie-Bourgne 2010, « Au temps des sommes, quelques recueils de textes didactiques », in Le recueil au Moyen Âge. Le Moyen Âge central, Turnhout, Brepols, p. 183-197
C. Silvi 2011, « Les figures de la réticence dans quelques textes de la littérature scientifique en langue vulgaire », in Cacher, se cacher au Moyen Âge,Paris, PUPS, p. 109-155
K. Brown 2013, « The Vernacular Universe : Gossuin de Metz’s Image du Monde, Translatio Studii and Vernacular Narrative », in Viator. Medieval and Renaissance Studies, 44, p. 138-158 (p. 155-156)
C. Connochie-Bourgne 2013, « Ordonner les éléments du savoir : l’exemple des premiers ‘livres de clergie’ en langue française (xiiie siècle) », in Encyclopédire. Formes de l’ambition encyclopédique dans l’Antiquité et au Moyen Âge, Turnhout, Brepols, p. 334-348
C. Silvi2013, « La voix de l’autre dans la construction du savoir (Placides et Timeo, Sydrac, L’Image du Monde, Li Livres du Tresor) : quelles 145stratégies discursives pour quels enjeux ? », in Encyclopédire. Formes de l’ambition encyclopédique dans l’Antiquité et au Moyen Âge, Turnhout, Brepols, p. 381-402
N.-A Virastau 2014, « Catalogue de connaissances et catalogue d’images dans la première encyclopédie vernaculaire », in Recension et réutilisation des savoirs et des savoir-faire culturels. Les catalogues de connaissances, Paris, L’Harmattan, p. 15-27
C. Silvi 2017,« La mise en recueil de l’Image du monde (rédaction en prose) dans les premiers imprimés : diffusion et réception d’un livre de clergie médiéval aux xveet xvie siècles », in Seizième Siècle, 13, p. 293-328
M. Chazan 2018, « Charlemagne dans L’Image du monde », in Charlemagne, les Carolingiens et Metz. Représentation, recomposition et instrumentalisation du passé du Moyen Âge au xxe siècle, Nancy, PUN-Éditions Universitaires de Lorraine, p. 83-94
É. Dion 2018, Penser le monde en langue vulgaire et en images : enjeux sociaux et dimensions visuelles de la transmission du savoir dans l’Image du monde (xiiie-xve siècles), Thèse sous la dir. de I. Heullant-Donat et de S. Patzold, Université de Reims – Universität Tübingen
P. Lambert 2019, « Le mouvement et le ravissement de tous les jours d’orient en occident ». Émergence d’un lexique d’astronomie au xive siècle, Thèse sous la dir. de J. Ducos, Paris, Sorbonne-Université, p. 87-115
A. Lamy 2019, « Defining Nature in Medieval and Cosmological Literature : The Founding Principle of Contradiction in the Cosmographia of Bernardus Silvestris, the Anonymous Placides et Timéo, and the Image du monde of Gossuin de Metz », in Journal of Medieval and Early Modern Studies, 49, p. 457-478
T. Le Gouge 2019, « Voir la terre. L’Image du monde de Gossuin de Metz », in Au prisme du manuscrit. Regards sur la littérature française du Moyen Âge (1300-1550), Turnhout, Brepols, p. 15-33
C. Silvi s.p.,« L’Image du monde qui ‘a Dieu commence, a Dieu prent fin’ : mise en scène de l’ordre du monde et de l’ordre du savoir dans un livre de clergie du xiiie siècle », in L’ordre du savoir, Genève, Droz
- CLIL theme: 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN: 978-2-406-15796-0
- EAN: 9782406157960
- ISSN: 2261-0804
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15796-0.p.0117
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-30-2024
- Language: French