![Nouveau Répertoire de mises en prose (suite). Récits brefs et autres genres (XIIIe-XVIe siècle) - Bible, Ancien Testament](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/MciMS09b.png)
Bible, Ancien Testament
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Nouveau Répertoire de mises en prose (suite). Récits brefs et autres genres (xiiie-xvie siècle)
- Author: Nobel (Pierre)
- Pages: 25 to 36
- Collection: Literary Texts of the Middle Ages, n° 75
- Series: Mises en prose, n° 11
Bible, Ancien Testament
(Pierre Nobel)
(A) la prose
– auteur : anonyme
– dédicataire : non mentionné
– datation : xive siècle
– quatre manuscrits (sigles attribués par Nobel 1996, repris par Boulton 2004) :
(1) Paris, BnF, fr. 9562 (F) (Gallica). Deuxième quart du xive siècle ; origine anglaise, d’après l’écriture, les enluminures et la langue (anglo-normand). Parchemin ; 244 f. ; 320 x 215 mm ; deux colonnes de 46 lignes chacune ; écriture anglicana formata, un peu plus récente que celle du ms H (n. 3 ci-dessous) ;titres courants en rouge, rubriques, initiales or et couleur, grandes initiales à vignettes et à ornements rouges et violets ; noms très effacés, difficilement lisibles figurant aux f. 1r, 129v et 156v.
Contenu :
– Prologue (version dérimée du Poème anglo-normand sur l’Ancien Testament) :
« Ci comence le prologe de la bible en franceis.
Al roi de glorie Dieu tut puissant, que sanz definement parmaint, soit honour et puissance. El noun del Piere et del Fitz et del Seint Espirit, trois persones en un soul Dieu, comence l’estorie de la bible qe l’om list en seinte esglise de an en an, translatee en françois hors de latin de la fesaunce seint <Jerome> [illisible à cause d’une tache] des vies des seintz patriarks <et prophetes> q’estoient el siecle einz que Diex fust neez. En lour persones fust Dieu figurez en seinte esglise si com moustré est as loialx de Jhesu Crist. Trestoutz noz ancestres estoient paens, si ne garderent lei qar ils ne savoient rienz de Dieu. Mais puis les uns espirez de la grace divine soi aperceurent que Dieu fust, pur quei il envoia entre eux ley par soun serf Moysen sur le mount Sinay. Et cils que la tindrent 26estoient puiz saufs al jour de la resureccion de Jhesu Christ et parvindrent a la joie de ciel ou ils sount en grant delitableté. Et les altres que guerpirent la ley remistrent en enfern et demorront elleoque en peines sanz definement.
Ci finist le prologe de la bible et comencent les chapitres del livere de Genesy » (f. 1ra).
– f. 1r-22r, table des rubriques :
incipit : « capitulum primum Coment Dieu al comencement trest ciel et terre, enfern, lumere et tenebres par dymenge » (f. 1r).
explicit : « Ci finissent les chapitres del livere de Apocalips » (f. 22r).
– f. 22v, quelques mots en latin, d’une écriture différente du texte et certainement postérieure, colonne de gauche : « fiat misericordia tua super nos quemadmodum Le creatour <…> » ; plus bas : « Al commencement crea Diu ciel et terre et l’abisme d’infern et lune » ; colonne de droite, « de Dieu c » ; au-dessous : « Amen Deo gracias ».
– f. 23r-139v, Livres bibliques en prose : Genèse, Exode, Nombres, Josué, Juges, Ruth, Quatre Livres des Rois, Jonas, Désolation de Jérusalem. Le premier feuillet manque : la Genèse commence au f. 23ra par « … entendi q’il fust dampnés pur son grant meffait et toutz ceux que de lui nastroient » (ce qui correspond aux v. 146 sqq. du Poème : « Dampné en fu Adam par cel mesfet,/ Si furent tuit que de lui sunt estret »). « Jonas » et « Désolation » livrent des récits qui sont partie intégrante du 4e Livre des Rois dans le Poème ; le prosateur les a distingués, au même titre que Genèse ou Exode.
– f. 140r-241v, mélange de différents Livres bibliques et de récits apocryphes : Miracles de Jésus Christ, Cène, Passion ; Passion de Joseph d’Arimathie ; Résurrection de Jésus Christ, Ascension, Pentecôte ; Paix de Joseph d’Arimathie ; Secrets de Jésus Christ ; Job, Judith, Tobie, Esther, Esdras, Maccabées ; Visions d’Isaïe ; Jérémie, Lamentations de Jérémie ; Ecclésiaste ; Sagesse ; Paraboles de Salomon ; Visions de Daniel ; Actes des Apôtres (appelés « Les faitz des apostles », f. 209r) ; Apocalypse.
Par rapport aux autres mss, il manque le Psautier et l’exposition du Pater Noster.
S. Berger 1884, La Bible française au moyen âge. Étude sur les plus anciennes versions de la Bible écrites en langue d’oïl, Paris, Imprimerie Nationale, p. 351-352
27J. Vising 1923, Anglo-Norman Language and Literature, London, Oxford University Press (p. 71, n. 352 : Vising confond ce texte avec la Bible anglo-normande)
F. Avril – P. Stirnemann 1987, Manuscrits enluminés d’origine insulaire, Paris, Bibliothèque nationale, p. 154, notice 191
Boulton 2004, p. 19-20
Translations médiévales : cinq siècles de traductions en français au Moyen Âge ( xi e - xv e siècles). Étude et répertoire 2011, sous la dir. de C. Galderisi, Turnhout, Brepols, 2/1, p. 134-135
Notices en ligne : Archives et Manuscrits ; Jonas
(2) Paris, BnF, fr. 6260 (G) (Gallica). xve siècle ; origine française. Parchemin ; 242 f. ; 360 x 270 mm ; 2 colonnes de 49 lignes chacune ; écriture bâtarde de petit format ; 51 miniatures (« extrêmement laides » selon Berger 1884, p. 350) : une miniature au début de chaque Livre biblique (au début de la Genèse miniature à 6 compartiments) ; initiales ornées au début des Livres ; lettres filigranées au début des chapitres.
Contenu :
– f. 1 et 2, vides ;
– Prologue :
Cy commence le prologue de la bible et la table des chappitres par ordre en la maniere qui s’en suit.
Au Roy de gloire, Dieu omipotent [sic] qui est sans fin et sans comancement, soit honneur et puissance. On nom du Pere et du Filz et du Saint Esperit, trois personnes en ung Dieu, ci commence l’istoire de la bible que l’on list en saincte esglie chun [sic] an, tanslatee de grec en latin et de latin en françois par saint Gregoire [sic] de la vie des sains patriarchez et prophectes qui estoient on monde avant que Dieu naisquist. Si fut Dieu figuré en leurs personnes en saincte esglie ainsi qu’il est moustré avant aux loyaulx chrestiens. Noz predecesseurs estoient paiens et ne gardoient point de loy car ilz ne savoient rien de Dieu. Mais puis que les ungs inspirez de la grace divine se aparceurent que Dieu estoit, il envoya entre eulx loy par son serviteur Moise sur le mont Sinay. Et ceulx qui la tindrent et garderent furent puis sauvez au jour de la resurrection Jhesu Crist et parvindrent a la joye du ciel en grant dillectation. Et les autres qui laisserent la loy demourerent en enfer et demoureront illec en peine perdurablement (f. 3r).
– f. 3r-24r, table ;
28incipit : « Cy commence le chappitre du livre de genesis, premier chappitre folio primes Comment Dieu au commencement fist ciel et terre, enfer lumieres et tenebres au jour du dimenche » (f. 3r).
explicit : « Comment ceulx qui corrompent ou forjurent ceste escripture sont excommeniez » (f. 24r).
– f. 24v-25v, blancs ; étiquette collée en face de 25v (écriture moderne) : « Dom Mabillon et dom Michel de l’abbaye de st germain m’ont dit que ce livre estoit du caractere de la fin du 13me siecle et que c’estoit un tiltre curieux pour prouver les versions en francois. Ce n’est pourtant pas une version litteralle, ce n’est qu’un abregé que quelque pers.a fait pour son usage ». Dans la marge on lit « 1690 ».
– f. 26r-127r, Bible : Genèse, Exode, Nombres, Josué, Juges, Ruth, 4 Livres des Rois, Jonas, La Désolation de Jérusalem.
– f. 127r-155v, Psautier ; incipit : « Cy commence le psaultier translaté en françoys selon l’esposicion du teuxte ».
– f. 156r, nouvelle histoire biblique (d’une autre main, selon Berger 1884, p. 351) ; incipit : « Comment Dieu crea ciel et terre et neuf ordres d’anges pour le servir et adorer […] Et premierement comment Lucifer et ses adherans tresbucherent en enffer ». Suivent : Les Miracles de Jésus Christ, Les Miracles de la Cène, une paraphrase du Notre Père ; Passion de Jésus-Christ par Nicodème ; Persécution de Joseph d’Arimathie ; Résurrection de Notre Seigneur, Ascension, Pentecôte ; Paix de Joseph d’Arimathie ; Secrets de Jésus Christ ; Livre de Véronique ; Livre du traité entre saint Pierre et Symon Mage ; Obit de Ponce Pilate ; Décollation des apôtres Pierre et Paul ; Obit de Néron ; Job ; extraits des prophètes ; Ecclésiaste ; Apocalypse. Explicit : « Ci finist le livre qui est appellé l’Appocalipce exponee Amen. Qui scribit scribat, semper cum domino vivat » (f. 242va).
L. Delisle 1876, Inventaire général et méthodique des manuscrits français de la Bibliothèque nationale, t. I, Théologie, Paris, Honoré Champion, p. 6
S. Berger 1884, La Bible française au moyen âge. Étude sur les plus anciennes versions de la Bible écrites en langue d’oïl, Paris, Imprimerie Nationale, p. 350-351
Boulton 2004, p. 20
Translations médiévales : cinq siècles de traductions en français au Moyen Âge ( xi e - xv e siècles). Étude et répertoire 2011, sous la dir. de C. Galderisi, Turnhout, Brepols, 2/1, p. 134-135
29Notices en ligne : Archives et Manuscrits ; Jonas
(3) London, BL, Add. 54325 (anc. Phillipps 3202) (H).Deuxième quart du xive siècle ; origine : Sud-Ouest de l’Angleterre (une note marginale sur le f. 1r, de la fin du xve siècle – « hopsom, betwyn Salt Eshe and Plomwourth xij mylez » – fait référence à Salt Ash, dans le comté de Cornouailles, et Plymouth, dans le comté du Devon). Vélin ; 571 feuillets ; 328 x 192 mm ; 2 colonnes, entre 33 et 36 lignes par colonne ; écriture : cursive anglaise ; grande initiale ornée, de 4 à 6 UR, en rouge et bleu au début de chaque Livre, lettrine d’une hauteur de 2 UR en rouge ou bleu à filigranes bleus ou rouges au début de chaque chapitre. Langue : anglo-normand. Des noms de personnes, non identifiées, des xvie et xviie siècles aux f. 570v et 571r.
Le ms a appartenu à Sir Gregory Osborne Page-Turner, 4e Baronnet de Battlesdon Park (comté de Bedfordshire), jusqu’en 1824, date à laquelle il fut acquis par Sir Thomas Phillipps. Il figurait dans sa collection avec le n. 3202. Mis en vente, avec une partie de cette dernière, le 28 novembre 1967, la BL a pu l’acquérir le 20 avril 1968 (cf. Nobel 1996, I, p. 21, note 37).
Contenu :
– f. 1r-30v, Prologue, table des rubriques (lacune de 6 f.) ;
– f. 31r-251r, Bible : Genèse, Exode, Nombres, Josué, Juges, Ruth, 4 Livres des Rois, Jonas, Désolation de Jérusalem ;
– suivent : Psautier ; textes du Nouveau Testament : Miracles de Jésus-Christ, Cène, une exposition du Pater Noster ; Passion ; Persécution de Joseph d’Arimathie ; Résurrection, Ascension, Pentecôte ; Paix de Joseph d’Arimathie ; Secrets de Jésus Christ ; dispute entre saint Pierre et Simon le Mage ; Mort de Pilate ; Décollation de saint Pierre et de saint Paul ; Mort de Néron ; puis Job, Judith, Tobie, Esther, Esdras, Maccabées, Isaïe, Jérémie, Ecclésiaste, Sapience, Proverbes, Daniel ; Actes des Apôtres (d’après la version de la Bible anglo-normande) ; Apocalypse.
Catalogus Librorum Manuscriptorum in Bibliotheca D. Thomas Phillipps Bart. A.D. 1837, p. 37 : 3202 Bible en Français, vellum, sæc. xiv (sous la rubrique Ex bibliotheca Battlesden, Olim Dom. Gregorii Page Turner, Baronetti)
Sotheby & Co., Bibliotheca Phillippica, New Series. Medieval Manuscripts, 303, Catalogue of forty-two Manuscripts of the 7th to the 17th century, 28 November 1967, lot 96, p. 45-47
Boulton 2004, p. 18-19 (erreur dans la cote : 54235 au lieu de 54325)
Translations médiévales : cinq siècles de traductions en français au Moyen Âge ( xi e - xv e siècles). Étude et répertoire 2011, sous la dir. de C. Galderisi, Turnhout, Brepols, 2/1, p. 134-135
Notices en ligne : Archives and Manuscripts ; Jonas (avec une erreur dans la cote [Add. MS 54235] qui figure aussi dans Boulton 2004, p. 18).
(4) Boston, BPL, De Ricci 76 (anciennement ms 1482) (I).Première moitié du xve siècle ; origine anglaise d’après la décoration et la langue (français légèrement teinté d’anglo-normand) ; vélin ;340 feuillets ; 196 x 135 mm ; 2 colonnes de 32 lignes chacune. Rubriques en rouge, initiales dorées (2 à 3 UR) sur fond bicolore, bleu et orange ou rouge et vert, bouts de ligne en or et bleu, pieds-de-mouche dorés ou bleus à l’intérieur du texte, capitales historiées avec des têtes de patriarches et de rois.
Contenu :
– Prologue : « Cy commence le prologue de la Bible en françoys. Au roy de gloire, Dieu tout puissant que sanz definement permaint, soit honneur et puissance. En non de Pere et del Fitz et de Saint Esperit, trois persones en un seul Dieu, commence l’ystoire de la bible que l’omme list en sainte eglise de an en an, translattee en franceis hors de latin de la faisance Saint Jerome… » (f. 1r).
– f. 2r-13r, tables de la Genèse à Ruth ;
– f. 13r-118r, Genèse, Exode, Nombres, Josué, Juges, Ruth ;
– f. 119r-119v, tables des 4 Livres des Rois, de Jonas et de la Désolation de Jérusalem ;
– f. 119v-333v, 4 Livres des Rois se terminant avec le règne de Jéroboam ; f. 334r-336v, Jonas ; f. 337r-340v, Désolation de Jérusalem. Le texte s’arrête au milieu de la colonne de gauche. Il manque donc toute la partie livrée par les 3 autres témoins.
Après avoir appartenu à Henry Hucks Gibbs, Lord Aldenham (1819-1907), homme d’affaires et bibliophile réputé qui avait constitué une remarquable bibliothèque, le ms fut acheté, en mars 1938, par la Public Library de Boston à E.P. Goldschmidt & Co., à Londres.
31M. Munsterberg 1939, « A Norman Manuscript of the Old Testament », in More books, The Bulletin of the Boston Public Library for January 1939, XIV, p. 21-22
S. deRicci 1962, Census of Medieval Manuscripts in the United States and Canada, Supplement, New-York, Kraus Reprint, p. 207a, n. 76
Boulton 2004, p. 20-21
Translations médiévales : cinq siècles de traductions en français au Moyen Âge ( xi e - xv e siècles). Étude et répertoire 2011, sous la dir. de C. Galderisi, Turnhout, Brepols, 2/1, p. 134-135
– organisation du texte
Les manuscrits commencent par le prologue dérimé du Poème, pour suivre le récit tel qu’il se présente dans ce dernier. Nous aurons une succession Genèse, Exode, Nombres, Josué, Juges, Ruth et Rois qui combinent le texte proprement dit des Rois et celui des Chroniques. Sont donc omis le Lévitique et le Deutéronome dont le traducteur justifiait l’absence : « As Ebreus voist qui la lei volt oir :/ Ne la puis dire kar jo n’ai leisir/ Ne il n’est profit, seignurs, ço m’est vis,/ Escrivere la lei as mescreanz chetifs » (ms E, v. 2432-2435). La division, dans le Poème, était indiquée dans le texte scripturaire même, à la fin, ou éventuellement au début, de chaque Livre : « Ore sumes venu tresqu’a la fin/ Del livre que l’em apele Genesim » (ms E, v. 1470-1471) ; « Ici finist, seignurs, le secund livre,/ Sanz bon luer ne voil avant dire » (fin de l’Exode, ms E, v. 2438-2439) ; « Ici finist le Livre Moysen/ A qui Deu donat vertu et sen » (fin des Nombres, ms E, v. 3302-3303) ; « Ore començum, seignurs, novel estoire/ De Josué… » (ms E, v. 3304-3305) ; « Ici finist le Livre Judicum,/ Brefment l’ai dit, si cum nus le lisum » (ms E, v. 5212-5213) ; « Ici comence, seignurs, le Livre Ruth,/ Il est petit, mes il ad mult pruth » (ms E, v. 5214-5215) ; « Ici finist, seignurs, le Livre Ruth,/ Ki ben l’entent il fet sun pruth » (ms E, v. 5374-5375) ; « Del veil estoire nus frum novel escrit,/ Del Livre Regum, ço est Livre des Reis,/ Solum latin e sulum franceis » (ms. E, v. 5377-5379) ; « Li secund livre, seignurs, est terminé/ Des reis ebreus qui sunt d’antiquité » (ms E, v. 12 259-12 260) ; « Li terz Livre des Reis veit cit finant » (ms E, v. 15 060).
La division est quelque peu différente dans la version en prose où l’Exode et les Nombres sont divisés en plusieurs parties et où apparaît un intitulé livres de Moisen : « Ci finist le livere de Genesis et comence le livere de Exode » 32(ms F, f. 34rb) ; « Ci finist le livere de Exode et comence le premer livere de Moisen » (suite de l’Exode, ms F, f. 35va) ; « Ci finist le premer livere de Moysen et comence le second livere de Moysen » (suite de l’Exode, ms F, f. 37rb) ; « Ci finist le second livere de Moisen et comence le tierz livere de Moisen » (Nombres, ms F, f. 42ra) ; « Ci finist le tier livere Moisen [sic] et comence le quart livere de Moysen » (Nombres, depuis l’épisode de la verge d’Aaron, ms F, f. 44va) ; « Ci finist le quart livere de Moysés et comence le quint livere de Moisen » (suite des Nombres, qui débute avec l’histoire de Balaam, ms F, f. 45vb) ; « Ci finist le quint livere de Moisen et comence le livere de Josué » (ms F, f. 49ra). Il en va de même des Rois : « Ci finist le livere de Ruth et comence la primere partie del primer livere des Rois » (Rois I, ms F, f. 63va) ; « Ci finist la primere partie del primer livere des Rois et comence la secounde partie del primer livere des Rois » (Rois II, ms F, f. 86ra) ; « Ci finist la secounde partie del primer livere des Rois et comence le secound livere des Rois » (fin de Rois II, ms F, f. 100ra) ; « Ci finist le secound livere des Rois et comence la primere partie del tierz livere des Rois » (Rois III, ms F, f. 106rb) ; « Ci finist la primere partie del tierz livere des Rois et comence la secounde partie del tierz livere des Rois » (fin de Rois III, depuis le règne de Roboam, ms F, f. 111ra) ; « Ci finist la secounde partie del tierz livere des Rois et comence le quart livere des Rois » (Rois IV, ms F, f. 123rb) ; « Ci finist le quart livere des Rois st comence le livere de Jonas le prophete » (ms F, f. 137rb). Jonas, qui figurait dans le Poème au sein du quatrième Livre des Rois – c’est la place qu’il occupe dans les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe – bénéficie du statut de Livre, tout comme la « Desolacioun de Jerusalem ». Cette division aura été annoncée dans la table des rubriques qui suit le prologue et reprise en tête de chaque partie sous forme de rubrique encadrée. Cette nouvelle capitulation de la prose n’est donc conforme ni à celle du Poème, ni à celle que l’on trouve dans les Bibles à partir du milieu du xiiie siècle.
Le texte dérimé conserve parfois encore certaines rimes du modèle : « Al tiertz jour qe est apellee mardy, voleit Dieu unqore oeverer plus avaunt et assembla les eawes, si les apella meer, comaundaunt a la terre engendrer et en soy multiplier ses engendrures. Lors comaunda il as preez reverdir et as herbes fructifier et germiner a totes maneres des medicines, les queux portent el secle lour fruitz mult diversement et tut ensement lour natures et lour semblaunces » (ms H, f. 31rb : les italiques signalent les mots rimes).
33(B) la source
La version première du Poème anglo-normand sur l’Ancien Testament a été écrite en décasyllabes, sous la forme qu’ils peuvent avoir en anglo-normand. Son auteur s’est inspiré de la Vulgate de Jérôme, mais aussi et surtout des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe, dans la traduction qu’avait procurée Cassiodore, au vie siècle. Le récit biblique couvre la Genèse, l’Exode, les Nombres, Josué, les Juges, Ruth, les 4 Livres des Rois dont le récit est mêlé à celui des Chroniques ; il manque le Lévitique et le Deutéronome. Le Poème s’arrête à la royauté d’Ezéchiaz sur le royaume de Juda (IV Rois, 18, et 2e Livre des Chroniques, chapitre xxxi) où il se termine brusquement. Tous les témoins sont anglo-normands, la plupart du xiiie siècle. L’œuvre elle-même a dû voir le jour aux environs de 1200, en Angleterre.
Pour le titre, voir : Meyer 1889, p. 73 ; Meyer 1891, p. 210 ; Bogaert 1991, p. 21 ; Nobel 1996, t. 1, p. 7 ; Dean – Boulton 1999, n. 462.
quatre manuscrits (pour une description détaillée de tous les témoins, fragments compris, on verra l’Introduction de Nobel 1996, p. 15-22) :
( 1) Paris, BnF, fr. 898 (A). Premier quart du xive siècle ; anglo-normand ; vélin, 218 f. ; 275 x 176 mm ; une colonne, 40 vers / page ; changement de main au f. 96r. Ne contient que le Poème : Genèse, Exode, Nombres, Josué, Juges, Ruth, 4 Livres des Rois.
(2) Paris, BnF, fr. 902 (B), f. 1r-96r. Milieu ou deuxième moitié du xiiie siècle ; origine anglaise ; anglo-normand. Parchemin ; 172 f. ; 235 x 165 mm ; foliation ancienne en lettres romaines ; 2 colonnes de 46 lignes chacune ; le f. 96v, sans doute resté en blanc, a été utilisé pour transcrire le récit, en prose latine, d’une vision qui a eu lieu en 1347, dans le couvent des cisterciens de Tripoli. Certains folios sont mutilés, les marges parfois coupées.
(3) Oxford, CCC, 36 (C). Deuxième moitié du xiiie siècle ; origine anglaise ; anglo-normand.Parchemin ; 158 f. ; 290 x 215 mm ; deux colonnes de 40 vers chacune ; initiales alternativement rouges et bleues. Le ms provient du couvent des chanoines augustiniens de Llanthony, dans le Gloucestershire ; il est entré à la bibliothèque du Corpus Christi College « ex dono magitri Henrici Parei, Art. Mag. exejusdem coll. socii, Julii 2. 1618 » (Catalogus 1852).
34(4) London, BL, Egerton 2710 (E). Première moitié du xiiie siècle, copié peut-être entre 1220 et 1240 ; origine anglaise ; anglo-normand. Parchemin ; 151 f. ; 265 x 180 mm ; 2 colonnes de 40 à 42 vers chacune ; grandes initiales alternativement en bleu et rouge. Sur le f. 1v, dessin du Christ en majesté à l’encre brune rehaussée de rouge ; dans la marge de droite, 7 vers ajoutés ; f. 35v, marge de gauche : dessin représentant le roi Saül. D’après une note au bas du f. 83v, le ms a été donné à des nonnes bénédictines du couvent de St. Mary de Pratis, à Derby (Derbyshire), au xve siècle. Acheté en 1889 par le British Museum avec l’argent du fonds Henry Egerton.
Le ms Manchester, J. Rylands UL, French MS 6, est une partie de E dont il a été détaché.
cinq fragments :
(1) New Haven (USA, CT), Yale UL, 395 (P, en ligne sur le site de la Beinecke Library) ; (2) Trier, StB, Fragmenten-Mappe VIII, Französische Fragmente Nr 5 (T) ; (3) Paris, BnF, n.a.fr. 5237 (D) ; (4) Lincoln, Lincolnshire A., Louth Grammar School E. 8 (l) ; (5) Malmesbury, Wiltshire, Parish Church, MS. 2 (i) (M)
La source directe de la prose est le ms London, BL, Egerton 2710 (E). Pour preuves : E est le seul à livrer le récit de l’enlèvement du prophète Élie (IV Rois, 2) qu’on lit en prose ; en E, la baleine vomit Jonas « el havene de Hoxenford » (ms B : « Puis le vomi el havene de Euxin fors » ; prose, ms F : « le vomist sein et halegres el havene de Exenfors » ; ms H : « le vomist sein e halegres el havene de Exenfors »). Le texte de E s’arrête, avant les autres témoins du Poème, à la royauté d’Achaz (IV Rois, 16) : c’est au même endroit que la version en prose suit une autre source que celle du Poème (cf. Nobel 1996, t. I, p. 194).
La situation, en F, est donc la suivante : dans le récit de la Désolation de Jérusalem le prosateur suit le Poème (texte de E) jusqu’au f. 139va, où commence la divergence par ces termes : « A cel contemple avint issint que le roi Rasen de Assir soi purpensa que le roi Azael, un de ses predessours, out en soun temps taunt de seignurie q’il mist Israel en graunt perdicioun » (f. 139rb-va). Le reste est différent de ce qu’on lit dans les autres témoins de la version en vers (mss A, B, C). Fin de la Désolation : « … mais [Herodes] failli apertement car en soun temps nasquit Jhesu Christ de la virgine seinte Marie, qe est roi sur rois et sire sur sires, le quel governe et maintient tutes choses solom 35sa beneite volunté » (f. 139vb). La phrase fait lien avec Les Miracles de Jésus Christ. Le prosateur a dû utiliser d’autres sources que le Poème en vers non encore identifiées.
La cause de la mise à mort d’Amasias, roi de Juda, « car il voloit depuceller totes les pucelles de sa terre et puis mettre les a lapidacioun com avoutiers, dount ses liges soi coroucerent et lui occire pur refrenir sa malice » (F, f. 137rb), ne figure ni dans les Antiquités de Josèphe, ni dans L’Historia Scolastica de Pierre le Mangeur.
édition
P. Nobel 1996, Poème anglo-normand sur l’Ancien Testament, 2 vol., Paris, Honoré Champion [textes de B et de E en regard]
(C) histoire de la prose
Aucune diffusion ultérieure.
(D) bibliographie
(1) éditions
Le texte est inédit. Édition partielle dans quatre mémoires de maîtrise présentés à l’Université des Sciences humaines de Strasbourg :
D. Gerner 1987, Le Livre de la Genèse, Édition critique du manuscrit 9562 de la BnF, avec l’appui des ms. BnF fr. 6260 et BL Add. 54325
Ph. Friedrich 1990, Édition critique du Livre de l’Exode au Livre de Josué, d’après le ms. Add. 54325 de la British Library, avec commentaires, notes et glossaire
A. Guignat 1994,Règnes de David et de Salomon, Édition et commentaire de la version dérimée du Poème anglo-normand sur l’Ancien Testament
H. Kriegel 1997, Premier Livre des Rois, Édition et commentaire de la version dérimée du Poème anglo-normand sur l’Ancien Testament
(2) bibliographie critique
S. Berger 1884, La Bible française au moyen âge. Étude sur les plus anciennes versions de la Bible écrites en langue d’oïl, Paris, Imprimerie Nationale
36J. Bonnard 1884, Les traductions de la Bible en vers français au moyen âge, Paris, Imprimerie Nationale, p. 92-104 (p. 103-104)
P. Meyer 1889, « Notice du ms. Egerton 2710 du Musée Britannique », in Bulletin de la SATF, 15, p. 72-97
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- CLIL theme: 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN: 978-2-406-15796-0
- EAN: 9782406157960
- ISSN: 2261-0804
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15796-0.p.0025
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-30-2024
- Language: French