Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Minorités, migrations, mondialisation en Méditerranée. xive-xvie siècle
- Pages : 343 à 347
- Collection : Rencontres, n° 559
- Série : Civilisation médiévale, n° 50
Résumés
Annemarie Dinvaut, « Trois balises pour comprendre la Méditerranée du xive au xvie siècle. Histoire-monde, interlangue, interculture »
Penser la Méditerranée du xive au xvie siècle en termes d’espaces où se croisent des cultures différentes dans des logiques parfois brutales parfois intellectuelles parfois commerciales, permet de la penser selon les catégories modernes de l’entreculture et de l’intercompréhension et, par conséquent, de voir aussi ce rapport miroir que le présent entretient avec les identités passées.
Valentina Burgassi, « Malte, île au cœur de la Méditerranée et frange de la Renaissance. Architecture des Hospitaliers et migrations à La Valette »
Cette étude porte sur l’influence importante que l’architecture de la Renaissance a eu dans la conception de la nouvelle ville de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem. On se focalise sur les traités d’architecture de la National Library de Malte, présents dans le noyau originel de la bibliothèque conventuelle de La Valette et utilisés comme source d’inspiration par les ingénieurs militaires choisis par l’Ordre à la fin du Cinquecento.
Raphaël Tassin, « La Guerre et la Pierre. Usage et migration du trophée d’armes dans l’architecture du début de la Renaissance »
Les trophées d’armes à l’antique constituent un motif décoratif très prisé dans l’Italie de la fin du Quattrocento, où ils célébraient à la fois la culture et les exploits militaires des princes qui les faisaient représenter dans leurs demeures. Adoptés en France dès la charnière des xve et xvie siècle, les trophées s’y parent d’une signification nouvelle et deviennent un symbole d’appartenance à une aristocratie militaire désireuse d’afficher sa participation aux campagnes d’Italie.
344Elie Borza, « Circulation des savants, circulation des idées entre Florence et Rome au début du Cinquecento »
Dès le xive siècle, les connaissances encyclopédiques des savants grecs se sont répandues dans toute l’Europe. Leurs idées ont circulé à grande échelle, par exemple dans le cercle constitué autour du pape Léon X et de son Collège grec dans les années 1513-1521, avec des lettrés tels que Lazare de Baïf, Hernán Pérez de Oliva ou Alessandro Pazzi de’ Medici. À travers leurs œuvres, une nette filiation intellectuelle peut être mise en évidence, remontant à Théodore Gaza, Manuel Chrysoloras ou Marsile Ficin.
Geri Della Rocca de Candal, « The circulation of printed books among cultural minorities in the Ottoman Empire (1450-1600). An Overview »
Entre la fin du xve et le xvie siècle, si les communautés juives de l’Empire ottoman importaient des livres mais aussi imprimaient localement (comme le faisaient, dans une moindre mesure, les Serbes), les Grecs et les Arméniens dépendaient fortement, sinon exclusivement, des importations de Venise. Cet article contribue à la question très débattue de la réglementation ottomane sur l’impression, fournissant des preuves indirectes à l’appui de son existence.
Joana Barreto, « Ligador de libres. Point méthodologique sur la reliure mudéjar entre Aragon et Royaume de Naples au xve siècle »
La Renaissance est souvent décrite comme l’époque de la valorisation d’un art à l’antique et l’apparition de la notion de génie qui différencie la pratique artisanale de la pratique artistique. Tout ceci est remis en cause en analysant concrètement certaines industries du luxe, les conditions de leur pratique, leurs racines culturelles et géographiques, les schémas de leur diffusion à l’échelle européenne, les raisons de leur succès : c’est le cas ici avec l’étude de la reliure mudéjar dorée.
Jérémie Ferrer-Bartomeu, « Nations, confessions, professions. Les mondes de l’écrit politique au sein de la “république européenne des bureaux” à la fin du xvie siècle (France, Flandres, Angleterre) »
Les mondes sociaux des professionnels de l’écrit sont une minorité dans les sociétés politiques de la fin de la Renaissance. C’est ainsi que trois grands 345pôles identitaires se dégagent des dossiers de sources que nous mobilisons. De l’identité nationale, confessionnelle ou professionnelle, laquelle tient la première place dans la conduite et les stratégies déployées par les acteurs engagés dans une crise politique ?
Giovanni Ricci, « Habillés en Turcs, habillés en chrétiens. Les pièges de l’identité dans la Méditerranée “mondialisée”, xve-xviie siècles »
Cet essai étudie l’ambiguïté du lien entre l’habit et l’identité dans des sociétés qui misaient sur la valeur cognitive de l’extériorité, alors que la Méditerranée regorgeait de gens dont l’habillement, pour de différentes raisons, ne respectait pas leur appartenance d’origine. Ce phénomène pourrait avoir contribué à produire, avec le temps, un nouveau paradigme d’identité individuelle, moins superficiel et plus enraciné dans le profond.
Joël Elie Schnapp, « Turcs, islam et hérésie à la Renaissance »
Ce chapitre fait le lien entre la vision traditionnelle de l’islam comme hérésie et la perception européenne de la religion des Turcs. On retrouve en effet, dans la description de l’islam turc, la plupart des chefs d’accusation hérités de la conquête musulmane. On y trouve également des éléments nouveaux, qui proviennent cette fois de la tradition médiévale de lutte contre l’hérésie.
Pierre Savy, « Mobilité et appartenance dans l’histoire des Juifs d’Italie du Nord avant les ghettos »
Une réflexion sur les principaux aspects et tendances de la mobilité des Juifs d’Italie du Nord permet de rejeter la conception des Juifs comme individus « voués » à voyager et comme éternels étrangers. Avant l’âge des expulsions et des ghettos, les Juifs d’Italie étaient moins migrants et moins mobiles qu’ils ne le furent par la suite. Les Juifs étaient aussi, corrélativement, plus « italiens » qu’on ne le croit souvent, quoique clairement distincts de la composante chrétienne de la société.
346Bernard Urbani, « À la recherche d’une émigrée insolite. Barbara de Brandebourg, princesse et duchesse de Mantoue »
La Princesse de Mantoue roman de 2002 est une lecture de la Renaissance par une autrice corse fortement imprégnée de réflexions identitaires. En utilisant les notions fonctionnelles récentes d’émigration et d’intégration l’auteur montre en réalité à quel point ces phénomènes sont universels, transnationaux et permettent de lire les périodes anciennes à la lumière des concepts les plus récents.
Florence Bistagne, Liza Méry, « D’une majorité populaire à une minorité intellectuelle. Les métamorphoses de la langue de Plaute, du iie siècle av. J.-C. au xve siècle ap. J.-C. »
L’article expose en préambule les caractéristiques principales de la langue (le latin archaïque, oral et populaire) des comédies de Plaute, afin de montrer quel est le substrat que les auteurs du xve s. vont investir et transformer, et d’étudier la façon dont s’y nouent des liens multiples entre questions linguistiques et identitaires, rendant complexe la définition de la « majorité » et de la « minorité » linguistique et définissant le rôle des publics dans la réception des diverses langues.
Carole Boidin, Aurélien Robert, « De la défense de la langue arabe au salut des musulmans. Le relativisme linguistique et religieux de Galeotto Marzio da Narni (1425-1495) »
Cet article étudie les raisons philosophiques qui amènent Galeotto Marzio da Narni à promouvoir l’arabe comme langue scientifique, héritière des savoirs grecs et romains, dans une complémentarité des cultures. La diversité des langues et des croyances s’expliquerait en effet par la conjonction de phénomènes astraux, de particularités climatiques et de circonstances historiques. Ce relativisme l’amène à défendre des thèses radicales sur le salut des païens, des hérétiques et des infidèles.
Jean-Claude Ternaux, « Les Italiens dans la comédie humaniste. Pierre de Larivey, Le laquais (1579), François d’Amboise, Les neapolitaines (1584) »
Italophiles, Larivey et D’Amboise font immigrer des Italiens sur la scène française. Si, dans Le Laquais, il n’y a qu’Horatio, la comédie des Neapolitaines, 347avec la moitié des personnages venus de la Péninsule, leur offre une place de choix. Les deux comédies comportent bien quelques stéréotypes dévalorisants, mais elles les mettent à distance.
Olivier Pédeflous, « Rabelais homo trilinguis au carrefour méditerranéen. Quelques aperçus sur la circulation des langues et des textes »
Le présent article met en évidence l’usage du latin, du grec et de l’hébreu chez Rabelais dans la perspective de l’idéal du trilinguisme de la Renaissance. Il envisage également l’importance de l’usage des bibliothèques par Rabelais lorsqu’il se trouve en Italie dans l’entourage de prélats (Jean du Bellay, Guillaume Pellicier), au cœur de sociabilités savantes.
Émilie Picherot, « Les migrations des populations en Espagne et les études arabes au début du xvie siècle. Le témoignage de Nicolas Clénard »
Nicolas Clénard, helléniste flamand célèbre pour ses compétences linguistiques, décide de parcourir le Sud de l’Europe dans les années 1530 à la recherche d’un professeur sachant lui enseigner l’arabe. De Paris à Fès, il dresse dans sa correspondance le portrait de l’Europe arabophone rencontrant Morisques, esclaves et érudits et nous renseigne sur l’état de l’enseignement et de la diffusion de cette langue au début de la Renaissance française.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-14184-6
- EAN : 9782406141846
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14184-6.p.0343
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 07/12/2022
- Langue : Français