Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Marguerite Duras et les Amériques
- Pages : 239 à 243
- Collection : Carrefour des lettres modernes, n° 16
Résumés
Laurent Camerini, « Avant-propos »
Cette introduction met en avant les enjeux d’une réflexion autour des relations possibles entre Marguerite Duras et les Amériques (influences sur l’imaginaire de l’auteur tant au niveau poétique qu’éthique voire politique, intertextualités, dialogues sur le plan cinématographique ou théâtral). Sont également présentées l’ensemble des contributions contenues dans le recueil.
Florence de Chalonge, « De quoi l’Amérique est-elle le nom chez Duras ? »
Dans l’œuvre de fiction de Marguerite Duras, les vocables relatifs à l’Amérique impliquent une quinzaine de titres pour cinquante occurrences environ qui concernent presque exclusivement l’Amérique du Nord. Ce sont les œuvres d’après-guerre qui accordent à ce nom d’Amérique la plus grande importance. Singulièrement, Le Marin de Gibraltar en propose un traitement original, bien qu’on y retrouve nombre des clichés à l’aide desquels l’Europe libérée désignait alors le continent américain.
Walter Romero, « “L’Amérique, on disait”. Emily L., límites del viaje y la escritura »
Il s’agit de repousser les limites du voyage et de l’écriture autour de l’évocation fantasmatique de l’Amérique dans Emily L. (1987) de Marguerite Duras. Si sa littérature encourage une herméneutique qui « se détache plus tard » dans la construction d’une topographie figurative particulière, Emily L., dans l’aporie qu’elle fonde sur l’énigme d’un poème « non achevé en ses centres », construit une poétique de l’écriture qui – entre chemin et graphème – pense l’Amérique comme un espace de l’improbable.
240Lucía Vogelfang, « Duras enAmérique. Deux scènes éditoriales »
Il est indéniable qu’en ce qui concerne Marguerite Duras, vie et œuvre s’entremêlent et construisent un personnage complexe et une figure d’autrice particulière. Il s’agit d’analyser deux « scènes éditoriales » afin de voir comment la posture de Duras s’est construite en Amérique et quelle position elle a occupée dans ce champ culturel. L’accent est mis sur deux éditions de l’œuvre durassienne, l’une provenant des États-Unis et l’autre d’Argentine.
Laurent Camerini, « Duras-Guevara ou l’utopie d’un “homme nouveau” »
En 1967, de nombreux intellectuels dont Marguerite Duras se rendent à Cuba à l’invitation de Fidel Castro. À la même époque commence à prendre forme le personnage d’Ernesto. En quoi ce séjour dans les Caraïbes a pu avoir un impact sur la création durassienne mais également au niveau d’une prise de position éthique qui s’affirmera progressivement, en lien étroit avec la notion d’identité ? Il s’agit également de voir quelles connaissances avait Duras de certains textes de Che Guevara.
Vincent Tasselli, « La destruction du capitalisme. Échos du séjour cubain de Marguerite Duras dans Yes, peut-être et Abahn Sabana Savid »
Les idéaux politiques de Marguerite Duras, portés par son adhésion au mouvement communiste, s’effondrent brutalement dans les années 1960. Les mensonges et les crimes du stalinisme viennent confirmer le désenchantement. Désormais, pour l’auteure, il faut tout détruire, communisme comme capitalisme, et surtout ne rien rebâtir à la place. Cette soif de destruction réclame le vide, le néant et l’absurde, et se retrouve notamment dans deux textes obscurs, Yes, peut-être et Abahn Sabana David.
Dominique Villeneuve, « “Les brothers et les sisters au Prisu”. Marguerite Duras et la cause noire américaine »
La récurrence de l’utilisation, par Marguerite Duras dans La Pluie d’Été, de l’expression les brothers et les sisters pourrait être considérée comme un intérêt de l’auteure pour le combat des Black Panthers. Cette étude tente de montrer que, plus que par des prises de position, son attachement à cette cause peut être prouvée par le regard particulier que Duras pose sur la condition humaine.
241Lauren Upadhyay, « “Écrire dans cette espèce de globalité”. Marguerite Duras à Montréal »
Dans Marguerite Duras à Montréal, alors que l’intervieweur cherche à parler de l’œuvre et à théoriser sur la création durassienne, l’auteure semble esquiver les questions posées afin de diriger la conversation sur des événements mondiaux et l’expérience de l’être humain face à l’injustice. Il s’agit ici de tracer le discours sur les événements de l’époque, et de démontrer le développement d’une notion d’écriture « globale ».
Maria Cristina Vianna Kuntz, « Duras et Lispector. Délaissements chez Lol et Laura »
Le Ravissement de Lol V. Stein (1964) présente des aspects de l’âme féminine que l’on trouve également chez certains personnages de Clarice Lispector. Hélène Cixous reconnaît des similitudes entre l’œuvre de Marguerite Duras et celle de Lispector. Dans ce travail, à partir d’une vision freudienne et lacanienne, il s’agit d’examiner la situation de surprise émerveillée, suivie de délaissement, dans lequel se trouvent Laura – le protagoniste du conte L’imitation de la rose – et Lol V. Stein.
Lorena Rojas, « La lengua exhausta. Apuntes sobre la traducción de Pizarnik y de Bignozzi de La Vie tranquille de M. Duras »
Sont analysées deux traductions de La Vie tranquille par les poétesses argentines, Alejandra Pizarnik et Juana Bignozzi, en partant de l’idée que ces traductions sont avant tout une opération de lecture, empreinte de thèmes présents dans les poétiques des deux auteures. Ces traductions sont analysées également en tant que dialogue entre trois femmes qui ont cherché à trouer le langage jusqu’à le disloquer, et ce afin de le réinventer et de mettre en scène l’abandon en tant que puissance narrative.
Facundo Martínez, « La construcción del cuerpo en Marguerite Duras. Puntos de apoyo en la teatralidad de Copi »
Chez Marguerite Duras ou Copi, les corps se désirent, se regardent, se fragmentent et construisent des identités nouvelles. Cet article analyse la construction du corps durassien, corps segmenté, lacéré par les inclémences du 242sexe et du mot dans L’homme assis dans le couloir et La Maladie de la mort, tout en essayant de mettre en avant les liens possibles avec la Eva Perón de Copi.
Yann Mével, « Réécriture et réinvention dans La Muerte de Marguerite Duras »
Dans la pièce d’Eduardo Pavlovsky, La Muerte de Marguerite Duras, multiples sont les échos au texte de Marguerite Duras Écrire, en particulier à l’épisode de la mouche. La transposition, entre comique et tragique, combine convergences et divergences, mais, dans la primauté qu’elle donne au poétique, tend à reconfigurer plusieurs motifs-clés dans l’œuvre de Duras, au-delà même d’Écrire : la solitude et la folie, la capacité d’étonnement et le désespoir, la sauvagerie du fou rire.
Virginie Podvin, « Marguerite Duras – Joseph Losey. Récit d’une rencontre manquée »
Des affinités particulières se dessinent entre Marguerite Duras et Joseph Losey ainsi qu’en témoigne leur échange épistolaire soutenu. De multiples propositions, de lui à elle, sont émises. Les projets prennent peu à peu corps, des noms d’actrices sont évoqués. Malgré cela, aucune collaboration ne verra le jour. Cette étude se propose d’éclairer – à la lecture de plusieurs lettres – les tenants et aboutissants de cette rencontre manquée.
Michelle Royer, « Marguerite Duras et Wanda (1970), le film miraculé de Barbara Loden »
Alors que peu de spectateurs avaient vu le film de Barbara Loden, Wanda, à sa sortie, Marguerite Duras fut immédiatement séduite par le film qu’elle voulait distribuer. C’est cependant bien plus tard que le filma été redécouvert en France (2004) et est devenu un véritable film culte. Cette étude montre l’influence de Duras sur la distribution de ce film nord-américain en France et met en évidence les liens qui unissent les films de Duras et celui de Loden tant du point de vue narratif que stylistique.
Françoise Barbé-Petit, « Apocalypse Now Redux, “On se croirait chez Marguerite Duras”. Conrad, Coppola, Duras »
Épris de littérature, Francis Ford Coppola offre avec son filmune mise en images de Heart of darkness de Joseph Conrad. Or, il semble impossible de 243commenter Apocalypse Now Redux sans inviter Marguerite Duras tant elle semble avoir été incorporée dans le corpus du cinéaste. En effet, tous deux partagent des interrogations communes : la question de l’Indochine, la conception de l’œuvre comme processus inachevable à jamais modifiable, la perception de la vie comme navigation vers le noir, la nuit et l’inconnu.
Eugénie Matthey-Jonais, « Imaginaires durassiens de l’écriture dans Les Marguerite(s) de Stéphanie Jasmin »
La pièce Les Marguerite(s), (Stéphanie Jasmin et Denis Marleau, Montréal, 2018) donne à voir des représentations de femmes transgressant, à travers l’histoire, les limites de l’espace qui leur est réservé, par leur écriture, leur pensée ou leur pouvoir politique. Le spectacle est construit autour de Marguerite Porete, auteure mystique du xive siècle, mais le personnage de Marguerite Duras apparaît, instillant dans la pièce un imaginaire durassien de l’écriture.
Angela Verdejo Navarro, Henrique Fontes, Rita Grillo, Laurent Camerini, « Mettre en scène Duras en Amérique latine. Entretiens »
Grâce à des entretiens avec des acteurs et des metteurs en scènes (Angela Verdejo, Henrique Fontes, Rita Grillo), il s’agit de cerner la perception et la réception de l’œuvre durassienne aujourd’hui en Amérique latine.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-13803-7
- EAN : 9782406138037
- ISSN : 2494-7520
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13803-7.p.0239
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 30/11/2022
- Langue : Français