Abstracts
- Publication type: Journal article
- Journal: LiCArC Littérature et culture arabes contemporaines, n° 3. Langages poétiques de G. Schehadé, à la page, à la scène, à l’écran
- Pages: 387 to 397
- Journal: Contemporary Arabic Literature and Culture
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Résumés/abstracts
Salah Stétié, « Schehadé, Georges (1910-1989) »
Écrivain d’Orient et d’Occident, longtemps établi à Beyrouth, Schehadé écrit une poésie qui repose sur le retour de quelques mots parmi les plus simples, désignant des réalités à la fois immédiates et éternelles. Elle propose une interpénétration entre le réel familier et une autre réalité. La mélancolie, constante, s’exprime sans pesanteur chez ce poète du désespoir serein. Dans son théâtre, qui repose sur une dramaturgie du rêve et du ravissement, la cocasserie, l’humour, la fantaisie s’expriment davantage.
A writer of East and West, long established at Beirut, Schehadé’s poetry is based on the recurrence of some of the simplest words which designate realities at once immediate and eternal. They offer an interpenetration of the familiar real and another reality. This poet of serene despair expresses a constant, but light, melancholy. In his theatre, which is based on a dramaturgy of dream and joy, the bizarre, the humorous, and the fantastic express themselves all the more.
Albert Dichy, « Georges Schehadé, portrait de profil »
Sous la forme d’une série d’entrées alphabétiques, cet article présente un choix de confidences que Georges Schehadé a faites dans la perspective d’un livre d’entretiens. Avec un souci constant de dépasser l’anecdote, les différents articles apportent des éclairages sur la relation de l’écrivain à certains de ses contemporains comme Jouve ou Breton, mais aussi sur la conception que Schehadé se faisait de la poésie et du théâtre.
Taking the form of a series of alphabetical entries, this article presents a selection of confidences that Georges Schehadé made with a book of interviews in mind. Constantly seeking to move beyond the anecdotal, the different articles illuminate the author’s relationship with some of his contemporaries, such as Jouve and Breton, but also Schehadé’s conception of poetry and theatre.
Michel Deguy, « Schehadé, la poésie »
Léger et aérien, le théâtre accomplit la poésie de Schehadé, en même temps qu’il se nourrit entièrement d’elle. Les poèmes relèvent de leur côté d’un art poétique, consistant à allier le rêve et la perception, à proposer un autrement dit du monde afin d’atteindre une justesse du percevoir. L’hypallage, la rupture syntaxique, par exemple, apparaissent comme des moyens de déformer la vision des choses afin de mieux les faire apparaître.
Light and airy, theatre completes Schehadé’s poetry while it is at the same time nourished by it. His poems, for their part, relate to an art which consists of connecting dream and perception, of proposing another form of world in order to attain a fairness of perception. For example, hypollage – syntactical rupture – appears as a means of deforming the vision of things so as to reveal them all the more clearly.
Jean-Yves Masson, « “Le Temps est innocent des choses”. Du refus de l’Histoire à l’espérance prophétique dans Les Poésies »
Les Poésies de Schehadé s’inscrivent dans un temps qui tourne le dos aux drames de l’histoire. Construites comme une succession d’éclairs enchaînés, de traits fulgurants, elles tendent à désigner la coexistence de tous les instants du temps. L’étude de l’usage des temps verbaux dans les différents recueils permet d’identifier un primat du présent, au point que ce dernier englobe aussi bien le passé que le futur.
Les Poésies by Schehadé are inscribed in a time which turns its back on the dramas of history. Constructed as a succession of interconnected illuminations and swift strokes, they indicate the coexistence of all moments of time. The study of the use of verb tenses in the different collections allows us to identity the primacy of the present to the extent that the latter encompasses the past as well as the future.
Emmanuel Rubio, « Ancrage poétique de Rodogune Sinne. “Quand je devins orphelin…” »
Cousin de quelques tentatives de poètes modernistes pour renouveler la prose narrative, Rodogune Sinne se tient en un lieu carrefour de l’œuvre de Schehadé. Ni strictement poème, ni strictement théâtre, mais nourrissant des affinités avec les deux versants majeurs de l’écriture de l’auteur, Rodogune Sinne en déploie les diverses virtualités. Schehadé y inscrit la merveille et sa
disparition, le travail du silence, la présence continue de l’humour. Monsieur Bob’le y est en germe.
Related to attempts by modernist poets to renew narrative prose, Rodogune Sinne forms something of a crossroads in Schehadé’s œuvre. Neither strictly poetic, nor strictly theatrical, but nourished by affinities with the two principal aspects of the author’s writing, Rodogune Sinne deploys diverse virtualities. Schehadé introduces the marvellous and its disappearance, the work of silence, and the continuous presence of humour, sowing the seeds for Monsieur Bob’le.
Maha Badr, « Pour une lecture du “Récit de l’an zéro” »
Dans Récit de l’an zéro, s’amorce le paradoxe d’une écriture allant d’une sémiotique d’un genre à temporalité, à un travail prémédité de soustraction à toute inscription dans un contexte temporel précis. Y existe une articulation entre la composante linguistique transversale (le récit), le mode poétique qui l’accueille et la théâtralité. La transgénéricité est en question dans le jeu de (re)présentation de la fable biblique de la naissance de Jésus, que Schehadé transgresse pour prophétiser une nouvelle histoire.
In Récit de l’an zéro, the paradox of a form of writing which moves from the semiotics of a temporal genre to a premeditated removal from any inscription within a precise temporal context begins. There is a hinge between the transversal linguistic component (the narrative), the poetic mode which welcomes it, and theatricality. Transgenerecity is in question in the game of (re)presenting the Biblical fable of the birth of Jesus that Schehadé transgresses so as to prophesise a new story.
Michel Corvin, « Schehadé, dramaturge de la pièce-itinéraire ou les voyages du poète »
L’apparente hétérogénéité du corpus des œuvres théâtrales de Schehadé se dissipe dès lors que l’on aperçoit la structure de la pièce-itinéraire, qui, à l’image de Peer Gynt d’Ibsen, met en scène le trajet d’un héros parmi une succession d’épreuves. Chez Schehadé, il s’agit presque toujours d’un départ et d’une arrivée. Le schéma est visible dans le parcours de Christopher, le héros du Voyage. Il est particulièrement riche dans Monsieur Bob’le et La Soirée des proverbes, où il résonne avec le symbolisme biblique.
The apparent heterogeneity of the corpus of Schehadé’s theatrical works disappears as soon as one perceives the structure of the itinerary-play which, in the image of Peer Gynt by Ibsen, dramatizes the journey of a hero faced with a succession of challenges. In the work of Schehadé, there is almost always a departure and an arrival. This structure is visible in the journey of Christopher, the hero of Voyage. It is particularly rich in Monsieur Bob’le and La Soirée des proverbes where it resonates with Biblical symbolism.
Marie-Claude Hubert, « Schehadé, un théâtre en liberté »
Partie prenante des avant-gardes théâtrales des années cinquante, Schehadé crée un univers dramatique où l’imaginaire est roi. Il met en scène le rêve (L’Emigré de Brisbane, Histoire de Vasco), l’irrationalité du fantasme (Monsieur Bob’le), le cauchemar (La Soirée des proverbes, Les Violettes). Usant d’effets de scènes liés à la pantomime, aux jeux d’ombres, à la musique, à l’irréalisme du geste, le théâtre de Schehadé montre l’envers de la réalité et explore le monde intérieur.
Involved with the theatrical avant-garde of the 1950s, Schehadé created a dramatic universe in which the imaginary is king. He stages the dream (L’Emigré de Brisbane, Histoire de Vasco), the irrationality of fantasy (Monsieur Bob’le), and the nightmare (La Soirée des proverbes, Les Violettes). Using stage effects linked to pantomime, shadow plays, music, and the unreality of the gesture, Schehadé’s theatre shows the other side of reality and explores the inner world.
Corinne Flicker, « Le théâtre de Schehadé. L’héritage surréaliste en question »
Bien que le genre dramatique ait été rejeté par les surréalistes, Breton admire la poésie de Monsieur Bob’le. L’interrogation des rapports du théâtre de Schehadé au surréalisme et l’étude des divers éléments d’une dramaturgie surréaliste, montrent qu’ils permettent de libérer le genre dramatique du poids des conventions et d’évaluer l’héritage de la « poésie de théâtre » que préconisait Cocteau. C’est le traitement de l’insolite et de sa fonction de révélation, qui rapproche le théâtre de Schehadé du surréalisme.
Although the theatrical genre was rejected by the Surrealists, Breton admired the poetry of Monsieur Bob’le. Interrogating the rapports between Schehadé’s theatre and Surrealism, and studying the diverse elements of Surrealist dramaturgy, shows that they allow the liberation of the theatrical genre from the weight of convention, and the evaluation of the “poetry of theatre” encouraged by Cocteau. It is the way of dealing with the unusual, and its revelatory function, which connects Schehadé’s theatre with Surrealism.
Florence Fix, « L’Habit fait le prince, les silences du théâtre »
Le projet de Schehadé d’une pantomime, L’Habit fait le prince, montée par Jean-Louis Barrault, n’aboutit jamais. Le texte mérite pourtant d’être lu pour sa subtile façon de transformer en parabole le drame social de Keller, Kleider machen Leute. Chez Schehadé, l’imaginaire mélodramatique et une douce ironie s’associent pour que le silence soit plein d’émotions et de révélations, alors que dans le texte original de Keller le silence était considéré comme une erreur irréparable.
Schehadé’s project for a pantomime, L’Habit fait le prince, put on by Jean-Louis Barrault, never came to fruition. The text deserves, however, to be read for the subtle way in which it transforms the social drama of Keller, Kleider machen Leute, into a parable. In the work of Schehadé, the melodramatic imaginary and gentle irony come together so that the silence is full of emotions and revelations, while in Keller’s original text silence was considered an irreparable error.
Sophie Gaillard, « Georges Schehadé au travail avec Jean-Louis Barrault »
Malgré une entente forte, la collaboration de Schehadé avec Barrault ne lui profite pas autant qu’à Paul Claudel. Si le contexte historique explique l’insuccès des pièces, l’équilibre d’un réalisme poétique est aussi difficile à maintenir sur scène. L’étude des manuscrits de scène témoigne cependant de l’apport du chef de troupe dans la genèse des textes : en invitant le dramaturge à rendre le plateau indispensable à la fabrique de son univers, Barrault a permis à la poésie de Schehadé d’être une poésie de théâtre.
Despite getting on very well together, Schehadé’s collaboration with Barrault was not as profitable for him as for Paul Claudel. If the historical context can explain the failure of the plays, the equilibrium of poetic realism was also difficult to maintain on stage. The study of the stage manuscripts testifies, however, to the input of the head of the troop in the genesis of the texts: by asking the playwright to make the set essential for the construction of his universe, Barrault allowed Schehadé’s poetry to be a poetry of theatre.
Benoît Barut, « Les didascalies de Schehadé. De l’orthodoxie au réenchantement »
Le théâtre de Schehadé présente des didascalies extraordinairement conformes. Recourant à un protocole en perte de vitesse au xxe siècle, le dramaturge fait la part belle aux formules et formats didascaliques hérités. S’en
dégage d’abord une subtile poésie du désuet. C’est ensuite un moyen d’activer à l’écrit la magie du cérémonial théâtral. Enfin se joue un réenchantement inattendu : les didascalies les plus rigides vont établir des passerelles entre les règnes et servir la vision syncrétique de Schehadé.
Schehadé’s theatre presents extraordinarily uniform stage directions. Turning to a form of protocol increasingly lost in the twentieth century, the playwright privileges inherited formulae and formats of stage direction. At first, a subtle poetry of the old-fashioned emerges from them. Next, they are a means of activating the magic of the theatrical ceremony in written form. Finally, we have an unexpected re-enchantment: the most rigid of stage directions build bridges between influences and serve Schehadé’s syncretic vision.
Laurence Denooz et Yannick Hoffert, « Goha, entre hybridité interculturelle et aventure poétique. Autour de Goha (1958), scénario et dialogues de Georges Schehadé, film de Jacques Baratier »
L’étude de Goha, premier film de la Tunisie indépendante et premier long métrage de Jacques Baratier, œuvre originale entre poésie, théâtre et production cinématographique, met en lumière le travail poétique et l’identité proprement arabe du film, fondés sur un double mélange d’imaginaire et de folie, d’intemporalité et de réalisme oriental.
Studying Goha, the first film from an independent Tunisia and the first long film by Jacques Baratier, an original work combining poetry, theatre, and cinematographic production, illuminates the poetic work and Arabic identity of the film, founded on a two-fold mixture of the imaginary and madness, timelessness and Eastern realism.
Christine Clara, « Étrange Monsieur Bob’le »
L’Œuvre dramatique de Schehadé se place sous le double signe de l’étrangeté et de la familiarité. Souvent rattaché au surréalisme, Schehadé construit un univers onirique où les normes sont écartées. Au travers des nombreuses occurrences de l’adjectif « étrange », l’auteur tente de renouveler le regard sur le monde, d’interroger les habitudes quotidiennes, de redéfinir la place de l’individu dans la société et de proposer à travers le personnage éponyme une échappatoire aux interrogations existentielles.
Schehadé’s Dramatic œuvre is devoted to both the strange and the familiar. Often connected with Surrealism, Schehadé builds a dream world where norms are abandoned. Through the numerous occurrences of the adjective “strange”, the author seeks to renew ways of looking at the world, interrogate daily habits, redefine the place of the individual in society, and propose, by way of the eponymous character, a way out of existential interrogations.
Danielle Baglione, « Monsieur Bob’le, une figure de l’exil »
Déjà cité dans L’Écolier sultan et Rodogune Sinne, le village de Paola Scala apparaît comme la capitale de l’univers schehadien, le lieu plein et édénique par excellence. Contraint de quitter Paola Scala dès le début de la pièce, Bob’le est une figure de l’exil. Les deux adresses du héros à la Vierge révèlent que l’exil de Bob’le n’est pourtant pas lié au village lui-même, qui n’est qu’une image mythique. Bob’le est une pure figure de l’exil, souffrant d’un mal inguérissable qui a pour nom la vie.
Already cited in L’Écolier sultan and Rodogune Sinne, the village of Paola Scala appears to be the capital of Schehadé’s universe, the Garden of Eden par excellence. Forced to leave Paola Scala at the beginning of the play, Bob’le is a figure of exile. The hero’s two addresses to the Virgin show that Bob’le’s exile is not, however, linked to the village itself, which is only a mythical image. Bob’le is a pure figure of exile, suffering from an incurable malady called life.
Nathalie Macé, « Les représentations énigmatiques du poète dans Monsieur Bob’le et La Soirée des proverbes »
Dans une atmosphère étrange, les poètes insolites, Monsieur Bob’le et Argengeorge, entreprennent une quête mystérieuse de la vérité et de l’innocence. La représentation de ces figures énigmatiques souligne le lien étroit entre poésie et théâtralité. Présente dans les deux pièces, la poésie est écrite ou orale, objet de citation, de récit et de discours, mais elle peut devenir aussi spectacle, tantôt théâtre d’ombres mystérieux, avec des jeux de scène spectaculaires, tantôt théâtre dramatique, voire tragique.
In a strange atmosphere, the unusual poets, Monsieur Bob’le and Argengeorge, undertake a mystical quest for truth and innocence. The representation of these enigmatic figures emphasises the fine line between poetry and theatricality. Present in two plays, poetry is both written and spoken, the object of quotations, tales, and discourses, but it
can also become a spectacle: sometimes a theatre of mysterious shadows with spectacular acting; sometimes dramatic, even tragic, theatre.
Philippe Lefebvre, « Jeux et enjeux du christianisme et de la poésie dans La Soirée des proverbes de Georges Schehadé »
Le langage religieux est disséminé partout dans le texte de La Soirée des proverbes, sans constituer de piste de sens immédiatement lisible. Au lecteur attentif aux signes et prêt à l’aventure de l’interprétation, il apparaît que la mort d’Argengeorge ne se réduit pas à un suicide motivé par l’amertume de l’existence, mais résonne avec la symbolique biblique de la crucifixion et de la résurrection. La poésie de Schehadé travaille à empêcher une lecture platement désespérée et évite d’imposer un sens chrétien.
Religious language is spread throughout the text of La Soirée des proverbes, but its meaning is not immediately discernible. To the reader attentive to signs and ready for the adventure of interpretation, the death of Argengeorge cannot be reduced to a suicide motivated by the bitterness of existence, but resonates with the Biblical symbolism of the crucifixion and resurrection. Schehadé’s poetry works to prevent a banally hopeless interpretation and avoids imposing a Christian meaning.
Jean-Louis Benoit, « À propos de la mise en scène de Monsieur Bob’le »
Cette contribution indique les grandes lignes de la mise en scène de Monsieur Bob’le que son auteur a dirigée en 1993 dans la salle du Vieux-Colombier (Comédie-Française). Conçu dans un esprit de naïveté qui dialogue avec Giotto autant qu’avec Bibi Fricotin ou Pim Pam Poum, l’espace propose, aux premier et deuxième actes, une chambre minuscule, lieu de rassemblement et de contact, par contraste avec l’immense chambre d’hôpital du troisième acte, lieu des adieux et de la présence agissante du temps.
This contribution provides an overview of the staging of Monsieur Bob’le when directed by the author in 1993 in the Vieux-Colombier theatre (Comédie-Française). Conceived in a spirit of naivety which dialogues with Giotto as much as with Bibi Fricotin or Pim Pam Poum, the space offers, in the first and second acts, a miniscule room, a place of coming together and contact, which contrasts with the immense hospital ward of the third act, a place of goodbyes and the active presence of time.
Talal Wehbe, « La traversée des jardins dans la poétique schehadienne »
L’examen des structures syntaxiques et rythmiques des vers et poèmes de « Jardin » dans Les Poésies révèle comment Schehadé applique son principe de prendre ses mots du langage quotidien. Il s’engage dans une initiation à l’approfondissement de l’existence, qui part du et aboutit au répertoire culturel, linguistique et mythologique. Dans ce mouvement, le quotidien rejoint le mythique et ces deux pôles sont enrichis par une vision poétique dont l’originalité est inscrite dans l’architecture linguistique des Poésies.
The examination of the syntactical and rhythmic structures of the verse and poems of “Jardin” in Les Poésies shows how Schehadé applies his principle of taking words from everyday language. He is engaged in an initiation into a deepening of existence, which emerges from and aims at the cultural, linguistic, and mythological repertoire. In this movement, the everyday joins the mythical, and these two poles are enriched by a poetic vision whose originality is inscribed in the linguistic architecture of the Poésies.
Françoise Bombard, « Présence de la nature dans Poésies II de Georges Schehadé »
Évoquer la présence de la nature dans Poésies II de George Schehadé, c’est d’abord soulever la question du pittoresque et de l’exotisme chez un poète qui tend à l’universel. La nature ne relève-t-elle pas davantage d’un imaginaire que d’une présence réelle ? En effet, la « dissolution du paysage » par le jeu des métamorphoses nous amène à considérer la nature moins comme matière de la poésie que comme matériau d’une écriture poétique, qui trouve là une des sources de ses plus fascinantes images.
To evoke the presence of nature in Poésies II by Georges Schehadé is first to raise the question of the picturesque and of exoticism in the work of a poet who tends towards the universal. Does nature relate more to the imaginary than to a real presence? In effect, through a game of metamorphoses the “dissolution of the landscape” leads us to consider nature less as the matter of poetry than the material of poetic writing, which finds in it one of the sources for its most fascinating images.
Samuel Martin, « Chasse et chasseurs chez Schehadé »
Tardive dans Les Poésies, la figure du chasseur connote le désordre et la mort, renforçant le ton déjà mélancolique des vers. Son rôle est plus développé dans le théâtre de Schehadé, en particulier dans La Soirée des Proverbes, dont
l’intrigue est déterminée par le chasseur Alexis. L’étude retrace une filiation entre Alexis et la figure du poète dépeinte dans l’œuvre de Supervielle. Le personnage le plus emblématique des écrits de Schehadé est Argengeorge, double aussi bien de l’oiseau que du chasseur.
Late in Les Poésies, the figure of the hunter connotes disorder and death, reinforcing the already melancholy tone of the verse. Its role is more developed in Schehadé’s theatre, in particular in Les Soirées des Proverbes, the plot of which is determined by the hunter Alexis. The study traces a filiation between Alexis and the figure of the poet depicted in the work of Supervielle. The most emblematic character in Schehadé’s writings is Argengeorge, a double of the bird as well as the hunter.
Gilles Ernst, « Pour le privilège de la mort »
Comme tout écrivain de la mort, Schehadé emprunte nécessairement un certain nombre d’éléments à l’iconographie traditionnelle. Mais il est surtout un dramaturge et un poète de l’innovation : la mort est chez lui, malgré son tragique jamais nié, un sourire, un rituel de fusion avec la nature et un adieu rêveur au monde. Trois aspects que sous-tendent à la fois une spiritualité orthodoxe constamment présente, d’où l’importance chez lui du rituel mortuaire et le recours tout aussi fréquent à l’image poétique.
Like anyone who writes on death, Schehadé necessarily borrows a number of elements from traditional iconography. But he is, above all, a playwright and a poet of innovation: despite the tragic aspect which he never denies, death is for him a smile, a ritual of fusion with nature and a dreamlike goodbye to the world. These are three aspects which, at the same time, underline the constant spiritual orthodoxy which explains the importance of the funeral ritual in his work, and the equally frequent recourse to the poetic image.
Bruno Tritsmans, « Le mage et ses fantômes. De Khalil Gibran à Georges Schehadé »
Le Prophète (1923) de Khalil Gibran est, on le sait, un livre-culte, auquel Schehadé s’est intéressé de près et qu’il a même, à deux reprises, commencé à traduire. Cette étude propose de retracer la présence en filigrane de la figure du prophète dans deux textes de Schehadé, Monsieur Bob’le (1951) et Poésies VII (1998), et le déplacement de cette figure du pouvoir énonciatif vers des formes fantomatiques, fragiles et évanescentes.
Le Prophète (1923) by Khalil Gibran is, as we know, a cult book, which Schehadé was deeply interested in, and which he twice began to translate. This study traces the implicit presence of the figure of the prophet in two texts by Schehadé, Monsieur Bob’le (1951) et Poésies VII (1998), and the movement of this figure of enunciative power towards ghostly, fragile, and evanescent forms.
Jean-Pierre Siméon, « “Nous retrouver dans le silence pour entendre une langue impossible”. Le théâtre, la poésie, Schehadé, entretien avec Jean-Pierre Siméon »
Cet article évoque les rapports de proximité et de tension qui se tissent entre théâtre et poésie. Le théâtre de poésie résulte d’une négociation entre la verticalité du poème et l’horizontalité du temps théâtral. Imprégné d’une culture d’Orient, Schehadé écrit naturellement un théâtre de poète qui assume sa dimension collective, initiatrice et lyrique. La tendance antipoétique qui a dominé le paysage culturel français a cependant rendu longtemps son théâtre inadmissible sur les scènes. Cela peut changer aujourd’hui.
This article evokes the rapports of proximity and tension between theatre and poetry. The theatre of poetry results from a negotiation between the verticality of the poem and the horizontality of theatrical time. Infused with the culture of the Orient, Schehadé naturally writes a poet’s theatre which assumes a collective, innovative, and lyrical dimension. The antipoetic tendency dominating the French cultural landscape meant his plays were not performed for a long time. Today, this may be changing.
- CLIL theme: 4033 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Langues étrangères
- ISBN: 978-2-8124-4823-2
- EAN: 9782812448232
- ISSN: 2426-8852
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-4823-2.p.0387
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-01-2015
- Periodicity: Annual
- Language: French