![Les Usages politiques de l’insulte - Résumés](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/CepMS01b.png)
Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Usages politiques de l’insulte
- Pages : 293 à 297
- Collection : Rencontres, n° 625
- Série : Science politique, n° 10
RÉsumÉs
Cédric Passard, « Introduction. Le théâtre politique de l’insulte »
Omniprésente dans la vie politique, l’insulte a curieusement peu retenu l’attention des politistes, du moins dans l’espace francophone. Après avoir étudié les raisons de ce désintérêt, cette introduction entend montrer, en s’appuyant sur les travaux d’autres disciplines (sciences du langage et histoire notamment), que loin d’être un phénomène anecdotique, l’insulte met en jeu des questions politiques cruciales abordées dans les contributions réunies dans ce volume.
Béatrice Fracchiolla, « Pragmatique de l’insulte en politique. L’art d’accuser l’autre ou la performativité en perspective »
Cette contribution se situe au croisement des travaux sur la violence verbale et l’analyse de discours politique en sciences du langage, dans le champ de la pragmatique. La notion de performativité y est centrale. Au cœur de l’injure en politique se trouve le non-respect de la parole donnée, de la promesse faite non tenue, ainsi que le mensonge et les accusations ad hominem. La crise à l’égard du politique est ainsi à relier à une crise de la performativité du discours.
Olivier Beaud, « L’extrême droite “politique” poursuivie pour offense sous la présidence du général de Gaulle »
Ce chapitre dresse le tableau complet des procès pour offenses au président de la République intentées sous la présidence gaullienne aux personnalités politiques d’extrême droite. Ces personnes poursuivies, et pour la plupart toutes condamnées (à l’exception de Jean-Marie Le Pen), n’avaient pas de mandat parlementaire. Cet article jette un autre regard sur ces dirigeants, connus (Jean-Louis Tixier-Vignancour, Pierre Poujade) ou moins connus (Pierre Sidos) et témoigne de la haine qui les animait envers de Gaulle.
294Dorothée Reignier, « L’encadrement de l’insulte dans l’arène parlementaire au cours des 14e et 15e législatures (2012-2022) »
Les parlementaires, plus que tout autre citoyen, doivent voir leur liberté d’expression protégée. Toutefois, comme tous les citoyens, ils ne peuvent abuser de cette liberté et les règlements des assemblées offrent au Président les moyens de sanctionner les propos insultants. Toutefois, la difficulté de définir par avance l’insulte donne un pouvoir d’appréciation au Président qui peut questionner dans un univers dominé par le clivage politique.
Olivier Costa et Olivier Rozenberg, « L’insulte au Parlement européen, entre autorationalisation et turbulences interculturelles »
Les échanges d’insultes sont rares au Parlement européen. Le processus d’auto-rationalisation ayant présidé à la montée en puissance de l’institution touche en effet à l’ensemble des interactions entre parlementaires. Pourtant, comme dans toutes institutions parlementaires, l’insulte y reste possible. À travers l’analyse de certains épisodes médiatisés, la contribution met en avant des facteurs spécifiques au Parlement européen susceptibles de générer de la tension verbale.
Élodie Berthet, « De l’attaque ad hominem à l’insulte durant la campagne présidentielle française de 2017 sur Twitter »
Ce chapitre explore la place et la nature des attaques ad hominem, allant de la critique à l’insulte, entre les candidats à l’élection présidentielle de 2017 sur Twitter. Les résultats montrent que, bien que marginale, l’attaque ad hominem sert aux candidats à affirmer leur ethos en polarisant le débat autour de valeurs opposées. Une partie des attaques personnelles, et des rares insultes, porte la marque du populisme avec, aux extrêmes de l’échiquier politique, la remise en cause des élites.
Éric Marlière, « “Tous des fils de pute !” De l’usage de l’insulte en politique dans les halls de cité »
La question politique dans les « quartiers » est ambivalente en France. Nous avons observé des formes d’hostilité de la part des institutions envers les habitants des « quartiers » en raison des discriminations ethno-raciales et 295des déterminismes sociaux. Ses tensions se manifestent le plus souvent par des révoltes urbaines ou des formes d’« incivilités » dont l’insulte envers le personnel politique est sans aucun doute la manifestation la plus symptomatique.
Denis Saint-Amand, « Jupiter et les fainéants. L’invective dans les écrits contestataires des Gilets jaunes »
À l’aune d’écrits sauvages de la contestation, ce chapitre interroge les formes et enjeux de l’insulte au sein du mouvement des Gilets jaunes : on y observe comment elle sert la représentation d’une collectivité oppositionnelle fédérée, comment elle s’énonce en riposte aux saillies énoncées par le président Macron et comment elle est une réaction à la répression policière, tout en participant d’un ensemble de paroles vives fonctionnant à la fois comme défouloir et comme vecteur d’adhésion.
Samia Khichane, « Les voies/voix de l’injure dans le mouvement Hirak en Algérie »
Ce chapitre porte sur l’étude de l’injure politique en situation à travers les diverses « voix » (ou acteurs) et les différentes « voies » (ou supports et pratiques discursives) du mouvement « Hirak » en Algérie. Il montre comment, dans un pays où la contestation politique est fortement réprimée, cette parole permet aux opposants du système d’exercer leur pouvoir par le maniement de stratégies rhétoriques et pragmatiques.
Pierre Leroux, « Le “pauv’con”, les “sans-dents” et “ceux qui ne sont rien”. L’insulte comme construction politique collective »
Les trois derniers présidents sont les auteurs de formules auxquelles ils sont durablement associés : Nicolas Sarkozy avec « Casse-toi pauv’con », François Hollande et les « Sans-dents », Emmanuel Macron et « Ceux qui ne sont rien ». Notre analyse s’intéresse à la fabrication collective de l’insulte en tant que telle et aux niveaux de transgression mobilisés dans les exégèses politiques et médiatiques : l’atteinte portée au « peuple », l’insuffisante maîtrise du rôle et la manifestation d’un surmoi politique.
296Thomas Ehrhard et Marion Jacquet-Vaillant, « “Ancien monde”, est-ce une insulte politique ? Étude d’une adresse verbale dans le contexte électoral de 2017 en France »
Dans le contexte de la séquence électorale de 2017, l’expression « ancien monde » a été utilisée pour stigmatiser certains attributs (ancienneté en politique) et pratiques (professionnalisation…). Peut-on pour autant la considérer comme une insulte politique ? En étudiant sa réception et sa perception par les parlementaires, ce chapitre montre qu’elle est bien une insulte politique qui traduit des logiques collectives selon les groupes parlementaires en fonction de la proximité avec la majorité.
Alice Baudy, « La trajectoire publique de l’insulte aux harkis. Publicisation et traitement de l’insulte des années 2000 à 2019 »
Ce chapitre retrace la construction de l’insulte aux harkis en objet d’intervention publique. Un délit d’insulte aux harkis est créé en 2005, sous l’action de députés engagés pour la réhabilitation de l’héritage colonial. L’insulte fait également l’objet d’appropriations militantes, à travers une série d’actions en justice menées par des associations dans les années 2000. À la fin des années 2010, la lutte contre l’insulte prend la forme de politiques scolaires visant à réconcilier les mémoires.
Marion Jacquet-Vaillant, « “Quand je me fais traiter de nazi…” Réceptions de l’insulte en milieu militant. Le cas des militants de Génération identitaire »
Ce chapitre interroge la réception de l’insulte en milieu extrême droitier à partir du cas des militants de Génération identitaire. Par quoi se sentent-ils insultés et pourquoi ? Comment réagissent-ils aux insultes ? Le chapitre montre que l’insulte politique peut être saisie par ses effets, en ce qu’elle vise à stigmatiser l’individu, à travers ses opinions politiques. Si elle suscite des réactions variées, celles-ci sont toujours stratégiques et dépendent notamment de l’émetteur.
Bertrand Badie, « L’insulte dans l’intimité malheureuse des relations internationales »
L’insulte apparaît comme une figure classique des relations internationales issues des schémas westphaliens et de la légendaire image hobbesienne des 297« gladiateurs qui s’affrontent ». Il n’est pourtant pas certain que cette figure corresponde nécessairement à l’essence des relations internationales. Fort atténuée, voire absente dans un autrefois lointain, elle n’est pas forcément appelée à se confondre à tout jamais avec le jeu mondial.
Sylvie Strudel, « Pour ne pas conclure. L’insulte, entre mot-qui-tue et mot-qui-lie »
Les remarques conclusives pointent trois mérites majeurs de l’ouvrage. Il permet d’abord d’articuler un dialogue entre les dimensions langagières du politique et la place des émotions dans les arènes politiques. Ensuite, il illustre finement la formule de Laurence Rosier, pour qui « l’insulte n’est pas un mot de la langue, mais un mot du discours ». Enfin, il permet une lecture complexe de l’insulte, analysée à la fois comme violence verbale mais aussi comme ultime étape de la civilité.
- Thème CLIL : 3284 -- SCIENCES POLITIQUES -- Histoire des idées politiques
- ISBN : 978-2-406-17025-9
- EAN : 9782406170259
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-17025-9.p.0293
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 19/06/2024
- Langue : Français