Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Plaisirs de l’Arsenal. Poésie, musique, danse et érudition au xviie et au xviiie siècle
- Pages : 735 à 742
- Collection : Rencontres, n° 369
- Série : Le Siècle classique, n° 12
Résumés
Anne Surgers, « Pourquoi danse-t-on ? Et pourquoi danse-t-on à l’Arsenal pendant les règnes d’Henri IV et Louis XIII ? »
L’étude proposée porte sur les lieux des fêtes à l’Arsenal au temps de Sully, leur apparat, leur fonction. Elle commence par une synthèse sur la disposition et le décor de l’Arsenal. On propose ensuite de replacer le temps des fêtes à l’Arsenal dans un cycle d’alternance de guerre et de recréation. La troisième partie conduit à envisager la grande salle de l’Arsenal comme l’un des éléments permettant la manifestation de la gloire royale et construisant l’allégorie de l’ordre du Monde.
Marie-Joëlle Louison-Lassablière, « Apologie ou condamnation. La polémique sur la danse de 1551 à 1661 »
La querelle sur la Danse (1551) suscite une controverse entre Protestants et Catholiques sur la pratique chorégraphique. Contempteurs et défenseurs se renvoient à l’envi les mêmes références pour justifier un parti pris et son contraire. Le xviie siècle oppose les Jésuites aux Jansénistes sur la place de la danse dans l’éducation. Mais avec la fondation de l’Académie royale de danse (1661) et la participation des nobles aux ballets de cour, Louis XIV fait éclore la belle danse qui préfigure la danse classique.
Georgie Durosoir, « “Le plaisant, le rare et le merveilleux”. Étudier la matière littéraire du ballet de cour »
La matière littéraire des ballets du premier xviie siècle se résume à des strophes de vers à lire et de vers à chanter auxquelles seule la danse apporte l’intelligibilité par la visualisation. Les épopées antiques et modernes fournissent, avec l’allégorisation de la famille royale, un schéma narratif. Ces textes libres et pittoresques constituent un vrai miroir de la société du temps.
736Fabien Cavaillé, « Du Louvre à l’Arsenal. La circulation des ballets dans la ville »
Cet article montre que la circulation des ballets entre la cour et l’Arsenal obéit à plusieurs stratégies qui sont autant liées à la condition aristocratique au début du xviie siècle qu’à la manifestation du pouvoir royal : stratégies d’alliance et de protection, de magnificence mais aussi de galanterie. Ces stratégies sont étudiées à partir des cas de Bassompierre, Sully et de Nemours qui ont contribué à faire de l’Arsenal un haut-lieu de la fête de cour.
Sophie Nawrocki, « “Quand le roy emmenoit luy mesme toute la noblesse à l’Arsenac chez Monsieur de Sully”. Ballets et réjouissances dans l’hôtel du grand maître sous le règne d’Henri IV »
Sous le règne d’Henri IV, Maximilien de Béthune ouvre les portes de l’Arsenal aux fêtes et réjouissances. Ballets, combats à la barrière et courses à la bague rythment la vie de l’hôtel du grand maître de l’artillerie comme les archives diplomatiques, les mémoires et les correspondances des contemporains en témoignent. Leur fréquence, leur organisation, le contexte de leur représentation donnent des éléments pour comprendre le fonctionnement de la cour et préciser la place de l’Arsenal comme lieu de pouvoir.
Marie-Claude Canova-Green, « Le ballet à l’Arsenal ou la magie du roi (1635-1636) »
L’Arsenal servit dans les années 1630 au maréchal de la Meilleraye à donner des ballets où le désir de se mettre soi-même avantageusement en scène le disputait à la nécessité d’exalter les hauts faits du monarque et de célébrer son pouvoir transformateur sur la nature et la société, à l’image du pouvoir illusionniste du machiniste. Au cœur des ballets était une réflexion sur la notion de merveille, à la fois miracle de l’action royale, magie du spectacle et mise au pas des spectateurs éblouis.
Marie-Françoise Christout, « Anatomie du ballet de cour ou La manière de composer et faire réussir les ballets. Danse et costumes »
Dans la genèse, l’évolution et la réussite du ballet de cour en France sous le règne des Valois et des Bourbons, danse et costumes jouent un rôle majeur. Fondé sur la quête et le décryptage des sources contemporaines, ce survol permet de faire revivre un univers fascinant par son faste mais aussi sa surprenante liberté. Des codes s’instaurent cependant. En préservant sa suggestive 737fantaisie et son élégance raffinée, cette typologie perdurera plus d’un siècle à la cour de Louis XIV et à l’Académie royale de musique.
Béatrice Massin, « La danse baroque. De la reconstitution à la création ou comment faire vivre un matériel historique »
La danse sous le règne de Louis XIV est bien connue. Elle y a joué un rôle politique important et c’est à la demande du roi qu’un système de notation très précis a été inventé, qui fournit aujourd’hui de nombreuses chorégraphies. En travaillant sur ces partitions, l’auteur de l’article a découvert une liberté nouvelle, le menant à la création de sa propre compagnie qui fait dialoguer danse baroque et danse contemporaine. Sans s’en éloigner, la danse baroque est au contraire questionnée pour en faire une danse vivante.
Christine Bayle, « Éclats de bal. Conférence-dansée »
À mi-chemin entre spectacle et conférence, cet article mêle textes et poèmes, ainsi que les résultats des recherches liées au manuscrit Instruction pour dancer les dances, dans une relation analogique avec l’événement fêté à l’Arsenal, le mariage de l’une des filles de Sully avec M. de Rohan (proche compagnon d’Henri IV). Il s’agit donc de restituer des danses de l’époque d’Henri IV décrites dans un manuscrit datant de 1610 environ, et de les mettre en pratique, avec l’aide notamment de Patrick Blanc, musicien.
Patrick Blanc, « Éclats de bal. Musiques pour un Ballet de l’Inconstance »
Ce travail, entrepris avec la chorégraphe Christine Bayle, à la demande de la bibliothèque de l’Arsenal sur le Ballet de l’Inconstance, ne vise ni à l’exhaustivité, ni à la reconstitution. Il s’est agi plutôt de replacer un moment spectaculaire dans son contexte poétique, festif et cérémoniel, d’en évoquer l’ambiance et la saveur en rassemblant les éléments connus ayant fourni la matière de ces festivités au temps d’Henri IV et de Sully.
Catherine Massip, « Un musicien aux ruelles. Michel Lambert (1610-1696) et ses poètes »
Michel Lambert est l’un des plus prolifiques compositeurs d’airs sérieux destinés aux ruelles. L’examen de sa production riche de près de 350 pièces, 738connue par trois livres d’airs (1660, 1689, après 1690) permet de mettre en évidence ses choix poétiques et d’identifier une partie des sources auxquelles il a puisé.
Thomas Leconte, « De l’air de cour à l’air sérieux. Le cas Antoine Boesset (1587-1643), “fantôme” des ruelles »
Dans la seconde moitié du xviie siècle, l’engouement pour les airs du « vieux Boesset » se manifeste dans les commentaires contemporains ainsi que par la réédition de textes de ses airs dans des anthologies littéraires. Si la réédition de 1685-1689 n’a fait subir aucune modification au corpus polyphonique, il n’en est pas de même dans les versions manuscrites, qui témoignent plus directement des pratiques du temps.
Delphine Denis, « Au cœur de l’esthétique galante. La notion de tempérament »
Opération visant à accorder des forces centrifuges, la notion de tempérament est examinée d’abord sous l’angle de la diversité dans les recueils collectifs, puis sous celui du prosimètre. Enfin, la recherche du juste tempérament se manifeste dans le principe de variation, au-delà de la simple variété.
Myriam Dufour-Maître, « Les Précieuses chansonnées »
Celles qu’on nomma « Précieuses » au xviie siècle furent amplement chansonnées, et l’étude des timbres sur lesquels on composa de nombreux vaudevilles contre elles est révélatrice des effets de sens qui étaient obtenus par l’usage de ces airs connus, contribuant à la dégradation sociale et morale du titre de « Précieuse ».
Jean-Noël Laurenti, « Bacilly écrivain »
L’écriture des Remarques curieuses sur l’Art de bien chanter de Bertrand de Bacilly semble marquée par une certaine tradition scolastique. Mais l’auteur a essayé de se dégager de la forme austère du traité en adaptant son discours à un public mondain, et témoigne d’une pratique d’interprétation de l’« air » qui resta vivace jusqu’à la fin du xviie siècle.
739Laurent Guillo, « De la gravure au trait de plume. L’illustration des recueils d’airs de cour du Corpus Horicke »
Le Corpus Horicke, un ensemble de dix-sept manuscrits musicaux calligraphiés par le maître écrivain bruxellois Balderic van Horicke (ca. 1595-1643), totalisant 363 pièces de musique, est illustré avec 192 traits de plume dont les deux tiers au moins sont inspirés par des gravures du temps.
Philippe Hourcade, « Divertissements chorégraphiques de la première moitié du xviiie siècle. Chez la duchesse du Maine »
La connaissance des divertissements chorégraphiques de la cour de Sceaux demeure lacunaire. Les deux recueils de 1718 et de 1725, les périodiques et les éditions du temps montrent que le personnel dansant de Sceaux fut avant tout professionnel et que la pantomime y voisina avec la danse noble.
Dominique Quéro, « Les théâtres de société de la duchesse du Maine »
Après les Grandes Nuits de Sceaux, la duchesse du Maine est encore partie prenante des deux accès de « fièvre abdéritaine » qui s’emparent de la société française, d’une part, au début des années 1730 – époque qui voit l’ouverture, en 1734, d’une salle de théâtre à l’Arsenal – et, d’autre part, à la fin des années 1740.
Jean-Pierre Babelon, « L’Arsenal au temps du duc et de la duchesse du Maine »
L’Arsenal dans lequel le duc et la duchesse du Maine fixèrent leur séjour parisien avait connu bien des transformations depuis la construction de l’enceinte de Paris bâtie sous Charles V. Les intrigues menées par le prince et la princesse conduisirent à les faire exiler loin du petit pavillon de la duchesse et des appartements du duc qui restèrent inachevés.
Catherine Cessac, « Plaisirs et déplaisirs de la duchesse du Maine à l’Arsenal »
À l’Arsenal, la duchesse du Maine possède deux appartements, un grand et un petit appelé aussi « petite maison », sans oublier un pavillon en bordure de la Seine. Elle y mène une intense activité mondaine et artistique, faisant de l’Arsenal l’un des théâtres de société les plus courus de Paris au cours de l’année 1734.
740Julie Faure, « Architectures et décors des théâtres de société au xviiie siècle »
Situés le plus souvent au cœur de grandes demeures privées, les salles de spectacle consacrées au théâtre de société témoignent de la vitalité de cet art. Si la plupart de ces salles ont aujourd’hui disparu, il en reste heureusement quelques témoignages écrits ou architecturaux, comme le théâtre de la reine Marie-Antoinette à Trianon.
Marianne de Meyenbourg, « Les bibliothèques du duc et de la duchesse du Maine »
Les bibliothèques du duc et de la duchesse du Maine, connues uniquement par leurs inventaires après décès, sont très conformes à ce que l’on attend d’une bibliothèque princière du xviiie siècle, avec pourtant quelques traits particuliers témoignant de leurs goûts personnels.
Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval, « Le théâtre de société à Paris dans la seconde moitié du xviiie siècle »
Véritable phénomène au xviiie siècle, la théâtromanie touche un grand nombre de groupes sociaux. La pratique est à comprendre comme l’ancêtre du théâtre amateur. L’œuvre de Paulmy, le Manuel des châteaux ou Lettres contenant des conseils pour former une bibliothèque romanesque, pour diriger une comédie de société, et pour diversifier les plaisirs d’un salon se situe dans ce contexte en plein épanouissement. L’engouement se prolonge avec des anthologies et des catalogues de pièces proposés à ces « sociétés d’amateurs ».
Valérie De Wispelaere et Thomas Vernet, « Les annotations du marquis de Paulmy sur le fonds “Musique” de sa bibliothèque »
Les notes laissées par le marquis de Paulmy, tant dans ses volumes qu’en marge de son Catalogue raisonné d’une grande bibliothèque, éclairent la nature du travail d’annotateur du marquis en même temps qu’elles aident à définir la place occupée par le « livre de musique » dans sa collection.
Dominique Quéro, « Paulmy auteur dramatique »
L’intérêt du marquis de Paulmy pour le théâtre ne se limita pas à la constitution d’une bibliothèque réunissant nombre d’œuvres dramatiques. 741Dès sa jeunesse, le collectionneur s’essaya à la composition de plusieurs pièces, parmi lesquelles le Prix de Cythère et les Antres de Trophonius peuvent lui être attribuées avec certitude.
Dominique Coq, « “Poésies anciennes en caractères gothiques”. Le Moyen Âge qu’aimait le duc de La Vallière »
Après Chastre de Cangé ou Guyon de Sardière, le duc de La Vallière porta un intérêt particulier à la littérature médiévale. Mais contrairement au marquis de Paulmy, ce sont principalement les « pièces gothiques », poésies ou pièces de théâtre en français d’une dizaine de pages environ qui retinrent son attention et qui furent préservées grâce à lui.
Danielle Muzerelle, « À la recherche du “bon vieux temps”. Le marquis de Paulmy et ses collections médiévales »
Les travaux du marquis de Paulmy et la constitution de sa bibliothèque médiévale, manuscrits et imprimés, témoignent d’une approche savante et d’une connaissance sûre de la littérature et de l’histoire médiévales, mises au service de son désir de vulgariser les « antiquités nationales », dans un esprit proche de celui de ses amis du Cabinet des chartes ou de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
Fanny Maillet, « Petites mains et grandes plumes. Le marquis de Paulmy face à ses collaborateurs »
L’examen des deux périodiques dans lesquels Paulmy s’attacha à partager ses trésors avec le public révèle, à la lumière des documents préparatoires, de la correspondance des contributeurs et de leurs papiers personnels, que la générosité du propriétaire fut aussi entachée par la possessivité, et son sens du partage contrôlé.
Maria Colombo-Timelli, « Le marquis de Paulmy lecteur des “romans” du xve siècle. Entre la Bibliothèque universelle des romans et les Mélanges tirés d’une grande bibliothèque »
Dans la BUR et dans les Mélanges, le marquis de Paulmy fait une large place à la littérature des xve et xvie siècles, en accompagnant ses « miniatures » de 742commentaires tirés des notes manuscrites qui se lisent toujours dans certains volumes conservés à l’Arsenal. Néanmoins, les deux collections se distinguent dans leur présentation : si la BUR opte pour une chronologie « historique », dans les Mélanges c’est l’ordre de parution des œuvres qui est adopté, dans le but d’offrir au public une « histoire de la lecture ».
Xavier Bisaro, « De la cathédrale au salon. Le médiévalisme musical à l’époque du marquis de Paulmy »
La redécouverte des chansons médiévales dans les années 1770, par le marquis de Paulmy et son entourage, est à la fois matière scientifique et prétexte à une (re)création. La « naïveté » de ces chansons, renvoyant à l’état naturel de la société aristocratique, s’inscrit dans le contexte de la crise de l’identité nobiliaire dans la France des Lumières.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-08139-5
- EAN : 9782406081395
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08139-5.p.0735
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 11/12/2018
- Langue : Français